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 Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être

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Luce Dell'Elce
Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être Rangelem
Luce Dell'Elce

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Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être Vide
MessageSujet: Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être   Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être Icon_minitimeDim 27 Juin - 3:49




surnom : Rose. Parce que c'est ainsi qu'elle s'appelle, c'est ainsi qu'elle se présente. Perpétuel mensonge qui n'en est pas vraiment un, mais qui ne disparaît pas. Rose, c'est plus accessible que Luce, c'est plus paradoxal, c'est plus moqueur, c'est plus... tout. Alors ce sera Rose ou rien.
âge : Quinze ans
année : Quatrième.
année d'arrivée : Quatrième. Elle est arrivée il y a quelques semaines après un court séjour à Aurore.
classe : Elémentaire.


“i tuoi sogni sono oggi esigui”
.
“tes rêves sont aujourd’hui exigus”
Lorenzo Calogero





Les arbres ont pas mal de branches basses par-ici. J'en attrape une, je tire avec mon bras et je commence l'escalade. Plus l'arbre a de branches, plus c'est facile. Le but, aller le plus haut possible et ne regarder en bas qu'une fois arrivé au point culminant. Mon corps est léger, mes bras sont habitués à le tirer vers le haut. Et une fois que je suis aussi haute que possible, je regarde de haut ce décor dans lequel j'évolue.
Aisling.
C'est un endroit plus farfelu qu'autorisé.
C'aurait pu être n'importe quel autre endroit.
Grouillant d'humains, grouillant de merdes.
Je ne suis pas du genre à éviter cette merde nauséabonde. Non, je suis plutôt du genre à traîner dans les parages et à sentir toutes ses effluves. Et m'en servir pour vomir ma rage venimeuse.
Pathétique, n'est-ce pas ?

¤¤¤


Rose, c'est cette petite, là, au visage terne mais dur, avec ses lèvres pincées et ses yeux revolver. Heureusement qu'elle n'a pas le pouvoir de tuer par le regard. Car si tel était le cas, Aisling ne serait qu'un amoncellement de bâtisses désaffectées. Si tel était le cas, Rose errerait dans le monde à la recherche d'une vie à laquelle mettre fin. Pour mettre fin à l'espèce humaine, elle serait prête à vagabonder toute sa vie et tuer du regard tout bipède ressemblant de près ou de loin à un être humain. Quel beau sacrifice au service de la terre ! Il n'y a pas grand chose de plus écologique, sachant que les cadavres se recyclent très bien eux-même.
Rose, c'est cette petite, là. Enfin, petite... Elle est plus grande que les petits fripons des premières années, mais plus petites que beaucoup de monde, à commencer par ceux de son âge. Du haut de son mètre cinquante, elle a peu pour faire peur. On a même tendance à l'oublier. Dans la foule elle se noie, quand celle-ci s'excite et se resserre, Rose peut trépasser, poussée, bousculée, ignorée. Mais elle tient debout, en silence, et se contente de donner un coup de pied dans le tibia du responsable de la bousculade de trop. Et lui s'occupe de pousser le monde en grognant, cherchant des yeux le connard qui a osé le frapper. Mais les gens le regardent tous d'un air incompris. Et Rose est déjà loin. Etre petit n'a pas que des défauts, n'est-ce pas ? Elle peut se perdre dans la foule et être perdue de tous, en particulier de celui qui veut sa peau. Elle se noie encore dans la foule, dans la ville, personne ne la voit mais elle voit tout le monde qui l'entoure et continue de vivre de cette vie dont elle se nourrit. Elle dévore les rires et se délecte des larmes, en silence. Cette vie délicieuse, elle la prend aux autres qui la produisent pour elle. Et la foule est le meilleur repas qui soit. Impossible d'être affamée.
A Aisling, ce sera le hall, le réfectoire aux heures de pointes, les boîtes le soir.

¤¤¤


De là-haut, je me sens si forte, je me sens si grande ! Je pourrais tous vous écraser, vous piétiner, vous retirer la vie et la garder pour moi, dans mon cœur creux.
Mais tout ce dont je suis capable de faire, c'est me frotter au vent et à ses bourrasques. Lécher la pluie et me moquer du ciel qui pleure. Capturer la lumière et aspirer les rayons du soleil. Le meilleur moyen d'aspirer sa vie à lui, c'est de se vêtir de noir. Voilà pourquoi j'aborde tous les jours des vêtements noirs ténébreux, parfois – et seulement parfois – accompagnés du col dépassant d'une chemise blanche. D'autres fois, je prends un haut qui laissera tout mon dos découvert, sur lequel le soleil pourra cogner. Ouais, vas-y, brûle ma peau terne ! Tsss, t'es un con le soleil. Ma peau n'est pas pâle par nature. Petite, j'étais mate, mon teint était lumineux. Maintenant, j'ai choisi d'être pâle, d'être blanche au maximum, voilà pourquoi je sors peu, et surtout pas quand il fait beau.
Pour cette raison, Aisling est cool. En plein cœur d'Irlande et de sa météo instable.

¤¤¤


Rose, c'est cette petite, là, au caractère trempé dans l'acier chauffé à rouge. A chaque personne qui l'aborde, elle répond par réplique rageuses, un venin plein de haine et de rage. Des mots familiers et offensifs, son but est d'attirer votre propre haine. Ça ne marche pas, elle vous crache dessus. Et pas seulement à vos pieds. Si elle était plus grande, elle cracherait au visage de chacun d'entre vous. Elle se contente de salir votre chemise préférée, et ça lui plait déjà. Vous, par contre, vous aimez beaucoup moins cette réaction. Elle a eu devant elle toutes sortes de réactions, de la réplique acide au coup de poing sur le nez, en faisant un détour par les larmes et les sourires faux. Elle a tout reçu et ça n'a rien changé à son comportement.
Rose, c'est cette petite, là, qui n'aime personne et hait tout le monde. Plus on tente de créer une relation avec elle, plus elle rejette, cassant les fils avant même qu'ils soient liés, les brûlants, jetant les cendres à la poubelle. Rose vous hait tous autant que vous êtes, elle vous méprise. Tous, tous, vous êtes des horreurs, vous êtes l'erreur de la nature. Alors quand elle vous parle, c'est toujours avec rage. Une rage explosive ou contrôlée, mais une rage tout de même, et bien présente. Et cette rage comme un virus la ronge de l'intérieur comme le ferait un acide, laissant un goût amer dans sa bouche. Rose n'arrive plus à aimer, ni même à apprécier quiconque, comment peut-on apprécier « ces merdeux » ? Pour elle, c'est impossible, et plus elle le pense, plus elle vous hait, plus l'amour s'éloigne d'elle. Rose ne vit que par la rage. Et si sa rage la quittait, Rose ne serait plus Rose, elle cesserait d'exister, elle cesserait d'être, sans plus d'essence pour vivre.

¤¤¤


Non seulement je suis petite, mais en plus je suis infirme. Et personne n'en prend compte, parce que personne ne le voit. Bah ouais, l'infirmité est à l'intérieur de la tête, la source étant la déficience d'un nerf, un seul et misérable nerf. Et le pire dans tout ça, c'est que ça ne change rien par rapport à ce que j'aurais pu être aux yeux des autres. Pour eux, je ne suis pas infirme, alors que je le suis, pour de vrai. Je le sens, merde, je le vis tous les jours ! Et quand ils me sautent dessus par le côté alors que, dans le bruit général, impossible de les entendre. Alors que, à cause de mon œil borgne, je ne les ai pas vus.
Ouais, je ne vois d'un œil et que d'un seul. L'autre, il est là pour rien. Strictement rien. Non, non, il n'a pas du tout perdu la moindre couleur, au contraire il est aussi vif que l'autre. Il me pompe un peu de vie pour nourrir la vivacité de sa couleur alors qu'il ne sert strictement à rien ce con d'œil ! Il mériterait que je le crève ! J'y pense, des fois, à me planter un couteau dans l'œil, le maudissant à ma façon d'être là sans être utile.
Et c'est chaud de remplir la fonction de deux yeux avec un œil. Le monde est d'un plat désespérant, mais il faut prendre tout ce qu'il donne avec un seul œil. C'est pour cette raison que j'ai toujours des cachets sur moi. Des cachets à gober un peu comme le fait un docteur misanthrope que je prendrais un immense plaisir à mépriser s'il n'était pas qu'un minable personnage.
Suis-je misanthrope moi aussi ?

¤¤¤


Rose, c'est cette petite, là, qui ne tient pas vraiment en place. Non, elle se sautillera pas dans tous les sens, ne se sentira pas mal quand il faudra qu'elle tienne en place. Elle ne supporte juste pas de ne rien faire. C'est pourquoi on la voit souvent en action, en train de faire des allers-retours en roller en glissant une ou deux figures, ou tout simplement en train de grignoter de la réglisse, sa sucrerie favorite. Et si elle ne grossit pas, c'est uniquement grâce à son défaut d'être incapable flemmarder sans vite s'impatienter et sentir la tension monter, lui obstruer la gorge, puis exploser. Il faut donc qu'elle soit en action quasi-permanente, et ce qui en est devenu quasiment une angoisse agite ses nuits. Rose est donc obligée bien souvent d'avaler des médicaments, sinon elle ne fermera pas ou quasiment pas l'œil de toute la nuit.
Les cours ne l'insupportent pas à condition que le professeur ne tourne pas inutilement autour du pot quand il s'agit de répondre à une question. Les cours ne l'insupportent pas à condition qu'elle n'ait pas l'intention de perdre son temps. Elle semble anormalement... docile avec l'enseignement, répondant sagement quand elle est interrogée, ne se faisant pas remarquer. Le professeur est un outil d'apprentissage, rien de plus. Cependant, si cet outil n'est pas optimal, elle a tendance à s'agacer, perdre patience. Comme quelqu'un qui déteste que son ordinateur rame ou que son taille-crayon bousille les mines de crayon au lieu de les tailler. Cela arrive à Rose avec le professeur. Quand celui-ci perd du temps avec des futilités, elle s'agace. Si celui-ci ne l'aime pas et ose s'en prendre à elle de façon injuste à ses yeux, elle réagit au quart de tour, capable de s'engueuler avec l'enseignant et même de quitter la pièce en claquant la porte aussi fort qu'elle le peut. Quand elle sent la moindre hostilité à son égard, la guerre peut être déclarée vite, très vite.

¤¤¤


Les gens me font chier. Parce qu'ils le font volontairement, en y prenant régulièrement du plaisir, alors les gens sont vraiment vraiment cons. A Aisling, on me pose encore des fois des questions à propos de mon gants. Pourquoi tu portes toujours un gant à la main gauche alors qu'on est en plein été ? C'est la question qui m'insupporte. La question que je ne veux pas entendre. A chacun qui me la pose, j'ai envie de lui arracher la main. Sauvagement, avec un couteau, de la trancher sans délicatesse, en une multitude de coups, de tordre son poignet, et de tirer sur ce truc ensanglanté. Et de faire gicler le sang qui coule encore sur sa face décomposée en faisant voler sa main coupée devant son nez. Mais de la reculer ensuite, de la mettre hors de sa portée alors qu'il veut la reprendre. Puis de sortir un briquet, de l'allumer, d'approcher la flamme de cette main. Et de regarder ses yeux écarquillés, emplis de souffrance, alors que la main brûle, qu'une odeur nauséabonde emplit ses narines. Enfin, de sourire en montrant toutes mes dents, et de lui dire : « Voilà pourquoi. »

¤¤¤


Rose, c'est cette petite là, qui se présente toujours par « Rose » et rien d'autre. Certains ont bien cru que c'était son prénom, jusqu'à ce que les enseignants les démentissent pendant l'appel en début de cours. Et c'est à ses moments-là que la rattrapent ses origines, alors qu'elle se débrouille pour que tout le monde parle d'elle en tant que Rose. Rose, tout un nom délicat pour désigner cette rage. Et on a bien envie de continuer à l'appeler ainsi pourtant, lui faire porter ce paradoxe ambulant qu'elle a elle-même imposé par l'apparence pour le moins inhabituel de ses yeux (ou son œil, quand l'autre est caché). Devinez donc la couleur qu'abordent ses iris, couleur jurant avec tout en elle, de ses vêtements à son caractère. Rose, elle est agressive, violente, n'hésitant pas à cogner ceux qui la dérangent, se fichant éperdument de finir à l'infirmerie le nez – ou une autre partie de l'anatomie – cassé et douloureux. Le sang, elle aime le voir et l'imaginer. Alors quand il faut cesser un peu d'être terre-à-terre, c'est pour rêver de carnage et d'enfer, de balles et de lames.

¤¤¤


Tu finiras dépossédé de ton identité, retourné à ton état initial d'être sans existence, et tu finiras dépecé, brûlé, enterré en enfer.

J'aime quand je vous hais.


“corpo fatto a pezzi volto umano”
.
“corps mis en pièces regard humain"
Laura Pugno


don : Contrôle et génération de l'encre.

en détail : Rose aurait largement aimé avoir un pouvoir offensif. Dangereux. Explosif, même. Bref, un don qui enlèverait toute volonté aux gens de venir l'embêter. Alors le contrôle de l'encre... « Truc de fillette ! » L'encre faisant immanquablement penser aux livres et aux images, le contrôler serait donc les modifier, le générer serait écrire ou dessiner sans aucun autre matériel qu'un support fait pour.
Il se trouve que le contrôle de l'encre ne se résume pas à ça. Ce n'est pas en gâchant des livres ou des feuilles sorties de l'imprimante que Rose a laissé son pouvoir s'éveiller, mais en exploser une cartouche d'encre dans sa main. Chacun possédant des stylos dans ses trousses, elle peut les exploser en augmentant brutalement la pression de l'encre. L'effet est encore meilleur quand dans la trousse dort une réserve d'encre. Et comme l'encre est difficile à nettoyer...
L'encre étant composé de nombreux colorants d'origine diverses, Rose pourra même la changer de couleur.
Enfin, Rose peut générer de l'encre. Et tout de suite, ce pouvoir devient moins enfantin. Envoyer l'équivalent d'une bonne canette sur la figure de quelqu'un, rendant au passage ses vêtements bons pour l'abandon et abîmant même ses petites yeux précieux, ou encore créer une vague d'encre, exactement comme si c'était de l'eau. Noyer quelqu'un dans l'encre ou même en générer directement dans sa bouche lorsqu'elle s'ouvre dans un grand bâillement ou un éclat de rire effronté... Mais l'encre, ce n'est pas de l'eau. L'encre industriel est empli de composants nuisibles pour la santé, et en avaler une grande quantité est dangereux pour la santé... Et puis l'encre a un goût affreux.

maitrise : Ce que Rose préfère, c'est transformer les sacs de ses camarades en réservoirs dégoulinant d'encre. Ou jeter des cartouches d'encre et les exploser juste lorsqu'elles s'apprêtent à toucher leur cible. Efficacité garantie. Il arrive aussi, mais en général sous le coup de la colère, que de l'encre apparaisse de nul part en gicle partout comme si une poignée de cartouches avaient explosé. Plus contraignant encore, elle fait parfois exploser ses stylos sous le coup de la colère, et c'est elle qui est toute couverte.
Elle peut aussi transformer une image par une autre, beaucoup plus simple voire rudimentaire dans certains cas, c'est pourquoi elle suit les cours de dessin avec assiduité. Et quand il s'agit de mots... Elle a du mal. S'il s'agit d'écrire en gros, il n'y a pas de problème, son écriture reste encore légèrement maladroite mais est parfaitement lisible. Mais si vous souhaitez la taille de police d'un livre, vous n'obtiendrez pas grand chose... A moins que vous pensiez bien sûr à un album pour enfants. Rose manque en précision dans ce domaine là (alors qu'elle vise très bien quand elle fait apparaître de l'encre sans faire attention), et c'est avec l'expérience qu'elle y arrivera.
Imaginez qu'elle puisse faire apparaître un tsunami noir... Et bien, elle ne peut pas. Elle en rêve, la Luce, elle en rêve ! Tout ce qu'elle peut faire apparaître au maximum, c'est l'équivalent d'une cannette, à peu près... Son record, du moins, c'est une cannette quasiment remplie ! Rien de bien impressionnant donc. Mais suffisant pour gâcher la tenue complète d'une personne si c'est à essayer sur une cible.

elle & les ELEM : Ma classe. Tout le monde la déteste, cette classe. Mais en fait, elle n'est pas si mauvaise que ça. Oui, excluons Stone et ses remarques acerbes, McQueen est son comportement de princesse gâtée. Les autres sont plus ou moins supportables.
elle & les SPE : Je ne comprends pas pourquoi ma classe méprise celle-là à ce point. Aelys est soulante, Adriel est un salaud, Sarhaan a un caractère de merde – un peu comme moi – mais sinon ? Supportables, tout simplement. En général bien moins hautains que les Elem en prime. Mais, disons que ce n'est pas vraiment avec eux que je vais traîner pour me ressourcer. Ouais, mais je squatte Sandy quelquefois pour une petite raison particulière...
elle & les PHY : Ha ha ha ! Eloignez-moi ces puces sur patte avant que je pète un plomb. « Luceeette ! ». Au secours. Laissez-moi pleurer, quoi. Ils sont, mais ils sont CHIANTS ! Bon, ok, ils ne le sont pas tous. D'autant qu'eux ont de l'énergie à revendre, alors il m'arrive de trainer avec ceux que je supporte. Avec les autres, je joue des poings ou des mots méchants pour les plus immatures.
elle & les PSY : Autant il y a des Phy chiants, autant il y a des Psy effrontés. Je sais pas ce qu'ils ont, certains, mais ils s'emmerdent tellement que me voir sortir de mes gonds, ça les occupe. Fais gaffe, Lag, si tu touches à ma mémoire, toi t'en souviendras toujours. Et va voir ailleurs si j'y suis avec ton « chef » comme tu le dis si bien ! Bon, à part eux et d'autres du même genre, ça va, ils sont supportables.
elle & les autres : Rose hait le monde entier. Voilà, ça s'est fait. Donc impossible d'espérer d'elle une amitié avec des sourires à offrir, des potins à échanger, des blagues à envoyer, et des câlins à partager. Parfaitement, les câlins sont prohibés sous peine de mort immédiate. Mais comme Rose ne peut pas vous tuer vous, elle s'en prendra à une partie de votre corps en particulier. Ou à votre porte-bonheur si vous l'avez sur vous. Au revoir pendentifs, montres et bracelets, adieu porte-clefs et autre grigris précieux.
Appelez-là Luce en marquant un son [s], et vous vous attirerez ses foudres. C'est ['luʧe] (Loutché) ou rien du tout. Sortez des Lucette et compagnies, et là vous ne serez jamais amie avec elle (comme si vous aviez une chance avant). Quand on ne sait pas, on suit la règle imposée : « Appelez-moi Rose. ». Elle a aussi tendance à reprendre les professeurs quand ils font l'appel, eux qui ne savent pas prononcer correctement le c italien quand il se situe devant un e ou un i. C'est donc toute la prononciation de son nom qui est transformée. Voilà pour le détail hors sujet. Retenez-le et ce sera déjà un point de marqué avec elle. Enfin, disons que ça vous donne la possibilité de ne pas vous attirer ses foudres. Mais tout est relatif.


âge : Théoriquement avancé.
sexe : Voir ci-dessus.
avatar : Black Matagi (Black Rock Shooter) de Huke et toutes les images qui me plairont et pouvant donner à un avatar correspondant au personnage.
comment avez-vous connu le forum ? La toute première rencontre a eu lieu grâce à un partenariat.
pourquoi vous êtes-vous inscrit ? Parce que, parce que, parce que.
autre chose ? Niente.


Dernière édition par Luce Dell'Elce le Mer 1 Aoû - 22:01, édité 12 fois
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MessageSujet: Re: Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être   Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être Icon_minitimeDim 27 Juin - 12:49

Je prends !

Cependant, de part ma myopie, pourrais-tu user d'une taille d'écriture plus visible ? é__é
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MessageSujet: Re: Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être   Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être Icon_minitimeDim 27 Juin - 13:08

Oh ! Pardon, j'ignorais que c'était si petit... J'agrandis donc légèrement et en profite pour assombrir un peu le gris. Et je ferai en sorte de ne pas insérer de phrases en italique illisibles avec la police choisie... Mais au fait, la voyez-vous correctement ? Je ne me souviens même plus si c'est une police pré-installée ou dénichée sur le net >.<

Si le problème subsiste, je prends une autre police plus sûre.

Edit : Voilà, il me semble que c'est lisible à présent.
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MessageSujet: Re: Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être   Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être Icon_minitimeDim 4 Juil - 18:32

PSY ou ELEM Luce sera.

Et entre le contrôle de l'encre ou la psychométrie tu choisiras~
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MessageSujet: Re: Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être   Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être Icon_minitimeMar 6 Juil - 3:37

“e come segni, incisi su pietra, di una storia”
.
“et comme des signes, gravés sur pierre, d’une histoire"
Gherardo Bertolotti


I.
.

« Quelle est la chose qu'on reçoit sans remercier,
Dont on jouit sans savoir comment,
Que l'on donne aux autres tout en la gardant
Et que l'on perd sans s'en apercevoir ? »

— Je sais pas... L'amour ?
— Non. Parce que tu le sens, quand tu n'aimes plus. Tu le sens au plus profond de ton être
— Alors les mots ? Je veux dire, les mots que je dis. Je te les dis, je te les donne. Mais je les garde aussi pour moi, les mots, pour pouvoir les donner encore.
— C'est très beau ce que tu dis. Mais non, car encore une fois, si tu perds les mots, tu le sais. C'est frustrant ou angoissant de perdre les mots, alors si tu réagis, c'est que tu t'en aperçois.
— Ah ! Y avait une énigme avec « rien » comme réponse ! C'est la même réponse, là aussi ?
— Non. Car perdre rien, c'est ne pas perdre. C'est donc paradoxal.
— Paradoxal ? Ca veut dire quoi ?
— Ca n'a pas de sens tant c'est contradictoire. Ca veut deux choses complètement opposées, si bien que ça devient absurde, impossible et dénué de sens.
— Ca ne veut plus rien dire parce que ça veut dire deux choses contraires ?
— Oui. Mais les gens utilisent aussi ce mot pour quelque chose qui est contraire à ce qu'ils pensent eux.
— Ca devient compliqué !
— Tu as raison, ma petite.
— Tu sais Mamma, heureusement que l'amour, c'est pas la réponse à ton énigme.
— Pourquoi donc mon enfant ?
— Parce que ça veut dire que si je t'aime plus, je m'en aperçois même pas. Ca veut dire que je te regarde plus comme ma Mamma mais comme une dame comme les autres, et sans m'en apercevoir. C'est triste.
— Tu as raison
— Mais sinon... Tu peux me donner un indice pour ton énigme ? Elle est dure quand même !
— Juste un, alors. Tous ceux qui t'entourent, tous tes petits camarades, les inconnus que tu voient chaque jours, et même toi, tout le monde possède cette chose. Où, devrais-je dire, est possédée par cette chose.
— Hum... Tout le monde l'a, et même moi... Qu'est-ce que j'ai que je peux être sûre que tout le monde en a... Des jouets ?
— Garde en tête l'énigme, ne l'efface pas au profit de ton indice. Mets-les ensemble, fais les danser ensemble.
— Ah... Hum... Mais, Mamma, est-ce que... est-ce que les gens morts ils l'ont aussi, cette chose ? Parce que les mots, ils m'entourent pas... Ils sont sous mes pieds. Et encore, il faut que j'aille dans le cimetière avec toi pour les avoir sous les pieds, pendant que toi tu vas remplacer les fleurs fanées de grand-père par des fleurs toutes belles et colorées.
— Non, en effet. Les morts ne la possèdent plus.
— Ils ne la possèdent plus... Est-ce que ça veut dire qu'ils la possédaient, avant, quand ils étaient vivants ?
— Oui, ma fille, ils possédaient cette chose quand ils étaient vivants.
— Alors je crois que j'ai trouvé.
— Va, dis-moi ta réponse.
— C'est la vie, Mamma. Parce que moi, je t'ai remercié pour pleins de choses mais pas pour m'avoir fait naître, et je suis sûre que c'est comme ça pour tout le monde, parce que la vie, c'est normal pour tout le monde. C'est la mort qui n'est pas normale, parce qu'elle fait mal. Et tous les jours, je suis en vie, tous les jours, mon cœur il bat ; et je sais pas comment il fait, je sais seulement comment il peut s'arrêter. La vie, tu me l'as donnée, mais toi tu es encore là, tu vis encore. Je suis très contente, d'ailleurs, que ce soit comme ça. Et la vie, on la perd sans vraiment s'en apercevoir. Comme grand-père. Il est mort sans s'en apercevoir. Pouf ! Comme ça. Assis sur le canapé, alors qu'il disait qu'il était juste fatigué. Et parce que la vie, tout le monde l'a, sauf ceux qui sont morts. Alors oui, je pense que ça marche.
C'est la vie, Mamma.
— Tu as trouvé, mon enfant.
— T'as vu ? Tu es fière, hein ? Hein Mamma que tu es fière ?
— Oui je suis très fière de toi. Ce n'était pas une énigme très facile. Viens, on va manger des bonbons.
— Chouette !

¤¤¤


La meilleure façon d'instruire un enfant, c'est de lui parler. Quand une mère parle avec son enfant, elle l'aide à grandir et lui offre découverte sur découverte, stimulant son intelligence, stimulant son imagination.
Luce avait avec sa mère une relation exclusive. Elles se parlaient régulièrement le jour et chaque soir partageaient un livre. Mais il n'était pas toujours nécessaire d'attendre ce livre pour que Luce puisse entendre une histoire. Sa mère était une très bonne conteuse, ses mots étaient doux et magnifiques, si bien qu'ils la transportaient dans des mondes merveilleux. Luce était la principessa, et sa mère la dea. Ensemble, elles se nourrissaient d'amour et de bien-être, si bien que l'absence d'un père ne fut presque jamais vraiment pesante pour la petite Luce qui préférait rêver d'un prince charmant plutôt que d'un roi ou d'un dieu autoritaire. Sa mère était écrivain et ses livres lui permettaient une hygiène de vie aisée. Elle laissait à sa fille de tant à autre le soin de choisir une nouvelle robe de principessa lorsqu'elles faisaient les courses. Mais la mère de Luce n'avait pas une santé de fer. Souffrant d'hypotension et de migraines, elle fut diagnostiquée comme étant épileptique lorsque Luce eut huit ans. Commença alors le traitement lourd qui la fatigua considérablement. Elle vendit moins de livres, raconta moins d'histoire avec Luce et passa plus de temps dans son lit à dormir à points fermés.
D'autant que Luce n'était pas une bien gentille principessa. Elle aimait sa mère qui la chérissait, mais elle ne s'entendait pas bien avec ses camarades. Quand ils se moquaient de ses robes légères, elle réagissait vivement en criant et, rapidement, en venait aux mains et aux larmes. Elle tira les cheveux des petites filles et donna des coups de pieds aux garçons. Cela ne fit que s'aggraver lorsque sa mère fut diagnostiquée épileptique et, rapidement, elle s'attira les foudres des professeurs qui convoquèrent sa mère. Celle-ci se présenta sous une mine fatiguée mais aborda un regard doux et un ton calme pendant toute l'entrevue, s'excusant au nom de son enfant qui attendait penaude dans le couloir. Lorsque tous ressortirent une demi-heure plus tard, tous fixèrent Luce d'un regard inquisiteur. Celle-ci affronta d'abord le directeur et son maître du regard, puis rencontra celui de sa mère. Un regard déçu. Très déçu. Et ô combien fatigué. Luce baissa les yeux. Sa mère lui saisit fermement la main. Elles sortirent de l'école sans un mot.

— Mamma, j'ai entendu un bruit... Mamma ? … Mamma !

Sa mère, auparavant si sereine, avait peur à présent. Peur de ce mal qui s'abattait sur elle. Le traitement diminuait la fréquence des crises, mais il arrivait une fois ou deux dans l'année ou il était inefficace, en général lorsque sa fatigue devenait trop lourde, lorsque Luce à l'école était trop violente, lorsque l'angoisse de ne plus pouvoir vivre de ses livres se faisait intense. Alors elle tombait brutalement sur le sol et était prise de violentes convulsions. Luce n'avait pas le temps de se précipiter sur elle et de lui mettre un foulard dans la bouche que la langue de sa mère devenait mortifiée. Et Luce était incapable d'éviter les chutes violentes de sa mère, son petit corps trop léger pour étouffer les convulsions. Alors elle composait le numéro des urgences, ce numéro gravé dans sa mémoire, et les secours sautaient dans leur véhicule pour venir à toute vitesse. Mais le temps qu'ils arrivent, la crise était déjà terminée, et la mère de Luce était assise sur une chaise, couverte d'une couverture et serrant dans ses mains tremblantes une tasse de chocolat chaud préparée par les soins de sa petite fille qui restait avec elle et tentait en vain de dissiper l'angoisse crevant les yeux de sa Mamma. On l'emmenait passer un scanner et un électroencéphalogramme pour vérifier qu'elle ne souffrait pas de traumatisme crânien dû à sa chute, on la gardait une nuit car on la jugeait trop angoissée pour partir, et un taxi spécialisé dans les transports médicaux la ramenait le lendemain chez elle car elle n'avait personne pour l'amener. Elle payait la nounou dépêchée d'urgence la veille et tentait de reprendre sa vie normale, ce qui prenait plusieurs jours.
Mais elle avait peur la pauvre femme. Peur parce qu'elle ne se souvenait d'aucune de ses crises. Peur parce qu'elle ne les voyait jamais arriver, ou bien les voyait trop tard. Peur parce qu'elle ne contrôlait plus aucune parcelle de son cerveau donc aucune de son corps lorsque ces crises survenaient. C'était comme si son âme s'éteignait, laissant son corps cogner et son cerveau brûler, puis se rallumait faiblement lorsque la crise se terminait. Elle avait peur de ses morts courtes. Ce dont elle avait peur aussi, c'étaient les conséquences possibles de ses crises. Et si l'une d'elle survenait alors qu'elle s'adonnait à une activité risquée quand elle n'était pas contrôlée ? Par exemple, et si elle faisait une crise au volant de sa voiture ? Elle avait peur, très peur de se faire mal elle, mais aussi de faire de grave dégâts autour d'elle à cause de quelque chose dont elle était à peine consciente. Ces troubles de mémoire qui accompagnaient ses crises l'angoissaient, elle tentait de faire le fil des événements mais se trompait toujours, s'embrouillait, et sa fille, sa petite Luce si courageuse, s'occupait de l'éclairer.

Mais ça ne pouvait continuer ainsi, Luce était jeune et sa mère sombrait dans la dépression. Bientôt, on se demanda vite s'il ne serait pas préférable de retirer Luce de sa mère, mais les événements se chargèrent de répondre à la question, quand sa mère fit une mauvaise chute et se brisa la nuque sur le coup. On décréta l'accident et on n'alla pas chercher plus loin la cause de l'accident, on ne sut donc jamais si une crise d'épilepsie était ou pas la source de cette chute. On se concentra davantage, cependant, sur l'absence de la petite fille qui n'avait laissé aucune trace autres que des larmes sur sa mère.

II.
.

— Luce, elle fait peur tu trouves pas ?
— Loutché ? C'est à qui ce nom débile ?
— Mais tu vois pas ? C'est la nouvelle, là, celle qui parle à personne et regarde comme si elle allait te sauter dessus.
— Ah oui ! Celle qui a toujours un gant à la main gauche !
— Ouais ! Il paraît même qu'elle dort avec !
— Attention ! Elle arrive...
Elles plongent dans un lourd silence tandis que la petite fille au visage fermé passe devant elles.

Cela dure depuis une semaine. Une semaine durant laquelle la petite Luce ne s'adresse à aucun de ses petits camarades qui continuent de parler d'elle. Très vite, ils ne prennent même plus la peine d'attendre qu'elle tourne le dos. C'est qu'elle est mystérieuse, Luce. Elle en jette en plus. L'atmosphère refroidit tout de suite d'un cran quand elle arrive.
Luce, c'est la gamine italienne qui vient d'arriver. Les adultes ont dit qu'elle comprenait le français mais tant qu'elle ne dira pas un mot en présence des enfants, tous garderont ce doute.
Luce, c'est la gamine en noir qui vient d'arriver. Non, elle n'a pas la classe comme certains gothiques, elle est juste habillée en noir. Jupe noire, veste noire, tee-shirt noir. Elle suit toujours le même schéma chaque jour et garde toujours cette expression fermée. Sauf quand elle lève les yeux vers quelqu'un. Si elle avait le pouvoir de tuer avec les yeux, beaucoup de monde serait mort dans ce foyer. Chacun qui a croisé son regard se serait dissous sur le champ. Même si elle ne traine pas beaucoup là où il y a du monde, presque tout le monde la connait maintenant. Et ceux qui n'ont pas encore retenu son nom ne tarderont pas.

Parce que dans son gant se cache sûrement quelque chose. Sinon, elle ne le garderait pas alors qu'il fait trente degrés dehors et pas beaucoup moins à l'intérieur. Quelqu'un, un garçon d'un ou deux ans de plus qu'elle, a visiblement décidé d'en avoir le cœur net. Le voilà qu'il lui attrape le bras au détour d'un couloir et lui arrache son gant. Il n'a pas le temps d'être surpris. Il n'a pas le temps d'être horrifié. Mais tandis qu'il hurle et finit par terre à genoux, les organes génitaux en feu, les autres enfants ont le loisir de contempler cette... cette main ? Mais cette peau, c'est quoi cette peau ? Elle a l'air toute granuleuse ! Luce remet son gant et jette un regard assassin à toute l'assemblée. Elle se tourne alors vers le garçon qui pleure à genoux, replié sur lui, et lui assène un coup de pied plus méprisant que violent au moment où une voix d'homme retentit.
— Luce !
Elle tourne son regard furieux vers celui qui a parlé. On l'appelle Paul, c'est un des nombreux adultes en charge de ce foyer et de sa bonne discipline. C'est un jeune homme qui ne doit pas avoir la trentaine et tout le monde l'aime bien quand il est de bonne humeur. Ce qui n'est pas ou plus le cas à présent. Il passe à côté de Luce et se penche vers le garçon et l'interroge brièvement. Peut-il se lever seul ? Il l'aide à se relever et demande à un jeune de l'emmener à l'infirmerie. Le blessé marche avec précaution et s'éloigne, épaulé par son ami. Quand Paul se tourne vers Luce, il voit qu'elle a tourné les talons et qu'elle commence déjà à s'en aller.
— Luce ! Reviens ici ! Tout de suite !
Mais Luce ne réagit pas et continue de s'éloigner. Paul la rattrape, mécontent. Par l'épaule il la retourne puis lui attrape le bras.
— Luce, quand je t'appelle, tu viens ! Et ne me regarde pas comme ça ! Je vais t'emmener vite fait chez le directeur, qu'il te rappelle le règlement !
Elle tente de résister quand il la tire par le bras.

Dans le bureau du directeur, Luce n'a dit qu'une phrase. Une seule. Le directeur l'a bien entendue et a répliqué comme il se doit, par plusieurs phrases, de nombreuses phrases, que Luce n'a pas écoutées. Elle n'a rien retenu, elle se fiche bien de ce qu'il peut dire ce directeur. Elle se fiche bien de ce qu'il peut lui arriver si elle continue comme ça. De toute façon, ce qu'elle a dit est clair comme de l'eau de roche.
Elle les hait.

¤¤¤


Pour la deuxième fois, Luce ne fêta pas son anniversaire. La première fois, le personnel du foyer avait voulu lui faire une surprise, mais ils avaient abandonné lorsqu'il s'était avéré que seule une infime pincée d'élèves avaient voulu les aider (pas autant par volonté que par punition pour une quelconque bêtise).
Tous les ans étaient organisées des voyages scolaires, un pour chaque niveau. Selon le voyage, il pouvait concerner tous les élèves du niveau (le collège étant petit) ou une seule classe. Cette année, la classe de Luce eut droit à une sortie de quatre jours pour Venice. Contente fut-elle lorsqu'elle sut qu'elle retournerait en Italie, d'autant qu'elle gardait une très bon souvenir de Venice, l'ayant déjà visitée avec sa mère. Venice, c'était l'occasion de retrouver un peu de lumière.

Ciao Luce !
Luce se retourna brusquement, la main sur son sac à bandoulière, lorsqu'elle entendit cette voix s'adresser à elle dans sa langue maternelle. Elle croisa le regard d'un adolescent plus grand qu'elle d'une bonne tête et demie, à la peau légèrement halée et aux yeux noirs à la chaleur familière.
— Teseo !
— Ah ! Tu te souviens !
— Comment ne pas t'oublier, Teseo ! Nous étions meilleurs amis à l'école avant que tu partes au collège.
Teseo perdit quelque peu son sourire, son regard devint interrogatif.
— Et... Tu ne te rappelles pas après ?
— Après ? Quoi ?
— Mais tu ne peux pas avoir oublié ! C'est pas le genre de chose qu'on oublie !
Teseo ne comprenait pas. Il ne comprenait pas comment Luce aurait pu oublier une telle chose. Lorsque que sa mère était morte, lorsque Alessio l'avait pris sous son aile et que... Teseo regarda la main gantée de Luce. Elle ne pouvait pas avoir oublié. C'était impossible, impossible !
— Bon, c'est pas tout Teseo, mais je suis en voyage scolaire, là. Et ma classe est en train de s'en aller.
— Tu... tu sais à quel hôtel tu es, non ?
— Je te signale qu'à treize ans, on a pas le droit de s'échapper du groupe, même pour revenir avant le soir, dans une ville telle que Venise. Quand j'aurai ton âge, peut-être. En attendant, je dois y aller.
— Toujours aussi cassante, hein ?
— Fiche-moi la paix.
Il voulut lui prendre la main non gantée mais elle fit un écart et lui jeta un regard agacé avant de se détourner de lui et de courir vers un petit groupe de jeunes qui rentrait dans un vaporito*, encadré par des adultes qui les comptaient. Teseo vit l'un d'eux la réprimander, elle se contenta de l'ignorer et de rentrer sans adresser la parole à quiconque.

Luce ne revit plus Teseo les jours suivants, et ça ne la dérangea pas plus que cela. Il ne lui manquait pas. Tous les amis qui avaient pris la peine de la supporter lorsqu'elle était petite l'avaient sûrement oubliée depuis le temps. Toute sa petite enfance l'avait quittée. Venise n'était pas une façon de se noyer dans le passé, mais seulement de se détendre, et d'entendre le chant des italiens qui l'entouraient. Elle croisait aussi de nombreux touristes, les visages asiatiques étaient même plutôt courants ici. Elle prenait le plus de plaisir possible à ce voyage, restant à l'écart du groupe malgré la désapprobation des adultes qui l'encadraient. Elle ne faisait l'effort de les supporter qu'à l'hôtel, puisqu'elle partageait sa chambre avec trois autres élèves, chose à laquelle elle était habituée au foyer. On la laissa à peu près tranquille de plus, puisque tous savaient de quoi elle était capable. Elle avait bien failli rendre stérile un garçon après tout.
Le quatrième jour, il fallut remballer les valises. La perspective de retourner en France ne l'enthousiasmait pas. La France, elle n'en avait pour l'instant que des mauvais souvenirs. De la France elle ne connaissait que son foyer et son collège. Les gens se moquaient toujours de son accent italien lorsqu'elle parlait, et certains enseignants étaient pointilleux sur son langage tandis que d'autres essayaient de l'aider. Ils la prenaient à la fin du cours et lui posaient des questions d'un air inquiet, souhaitant la voir sourire, souhaitant la voir rire avec ses petits camarades au lieu de rester seule au milieu de tous ces gens qui avaient fini par s'habituer à sa présence silencieuse et l'ignoraient superbement. Elle préférait s'attirer le mépris de ces enseignants-là qui ne souhaitaient « que ton bien », les rabrouant d'un ton sec et sortant en claquant la porte.
Ce qu'elle détestait leur prétention ! Ils disaient que la vie était bonne à être croquée à pleines dents. Ils disaient qu'il y avait toute sorte de moyen pour la croquer de cette façon, et qu'ils pouvaient l'aider. L'aider ? La bonne blague ! A chaque dégueulasse qui crachait son chewing-gum en l'air, à chaque abrutit qui bousculait le petit d'à côté, à chaque lâche qui sabotait le cartable de son ennemi, à chaque pipelette qui chuchotait dans le dos de sa soi-disant « meilleure amie » ; Luce sentait son mépris monter d'un cran, et d'un autre, et encore d'un autre, et elle haïssait tous ces gens qui se foutaient bien de sa gueule dans son dos par crainte de se recevoir un coup dans les parties sensibles. Et à chaque fois qu'elle allumait la télévision, elle ne voyait que des attentats, des meurtres, des catastrophes naturelles, avec des morts à la clef. Quand un homme tuait sa femme sous les yeux de ses enfants, pour les tuer à leur tour, et se suicider pour clore le massacre, on rangeait proprement cette annonce dans les faits divers. Où va le monde ? Où allons-nous ? Mensonge, manipulation, égoïsme, meurtre, c'est là qu'on va, et derrière bientôt il n'y aura plus rien. Luce détestait avoir ce genre de pensées. Elle n'avait qu'une envie, exploser la gueule de chacun de ces connards d'humains ! Leur retirer tout signe d'identité, en les rendant méconnaissable pour les autres et pour eux-même et ainsi leur arracher tout signe d'existence. Alors elle broyait le noir, évitant à tout prix de se souvenir qu'elle aussi était un être humain plus pathétique que la plupart d'entre eux, leur reprochant mille et une fautes mais ne faisant pas mieux, et s'enfonçant encore dans le pathétique en se blessant elle-même par ces pensées.
Minables, minables, minables !
— Meeeerde ! Ma trousse est pleine d'encre !
Luce jeta un coup d'œil vers sa camarade de chambre qui sortait une trousse majoritairement teinte en bleue. Ses copines se regroupèrent vers elle.
— Merde alors !
— Putain, ça a pas loupé !
— Vas-y, ouvre pour voir quel est le stylo qui fuit.
Luce esquissa un sourire moqueur, le regard empli de haine, et regarda la fille ouvrir sa trousse sous le regard curieux de ses amies. Elle entra la main dans la trousse et n'eut pas à chercher longtemps avant de sortir un morceau de stylo plume. Elle fronça les sourcils, fouilla à nouveau, ressortit une demi-plume en acier.
— Je rêve où mon plume a explosé ?
— Comment ça se fait ?
Et elle sortait les morceaux, un à un, en se posant des questions avec ses amies, tandis que Luce les fixait d'un air moqueur. Regarder le malheur des autres, voilà ce qui lui plaisait.

Luce tirait son sac à roulettes par la poignée, mêlée dans le groupe d'élèves qui se dirigeait vers le vaporito* qui la guiderait au nord de Venise, là où le bus les attendait. Regardant droit devant elle, elle écoutait les conversations de ses camarades de classe, se nourrissant sans le savoir de leurs mots, se soulant de leur voix et du bruit de leurs valises et sacs à roulettes. De loin, elle vit un adolescent au regard familier lui faire signe. Elle se déporta alors du groupe tandis qu'il la rejoignait en courant. Elle s'arrêta, laissant les derniers la dépasser et s'éloigner lentement. Teseo s'arrêta à sa hauteur.
— Hey ! Ca te dirait de rencontrer Alessio maintenant ? Il est arrivé à Venise hier soir.
— Quoi ? Mais je dois partir !
— T'es vraiment obligée de suivre ces petits Français ? Alors qu'il y a un gars qui te connait qui t'attend ?
— Parce que ton Alessio me connait ? Dis-moi aussi que je suis censée le connaître tant que tu y es.
— Mais c'est ça, en plus ! Si tu restes, il t'hébergera.
Luce se figea sous le poids de l'absurdité que venait de sortir son ami d'enfance.
— Si tu restes, tu pourras vivre chez lui. Si tu restes, tu pourras vivre en Italie. Il habite au nord-ouest à une soixantaine de kilomètres de Venise. Tu pourras retourner à Venise. Et... et on pourra se voir.
— Mais t'es vraiment con, toi !
— Mais non ! Ce serait génial !
— Teseo, t'oublies qu'il existe quelque chose en France comme ici qu'on appelle « Loi ». Par conséquent, tu ne sembles pas imaginer ce que veut dire ta proposition. Tu veux que je fugues, c'est ça ? Que je devienne recherchée par la police française et italienne ? Que je sois... que je sois hors-la-loi ?
— Hé ! Hé ! Doucement, là. Je te propose seulement de quitter cette vie qui semble t'emmerder profond avec tes petits Français pour retrouver ton vrai pays et des gens de ta vraie vie. Mais si c'est moins important qu'être « hors-la-loi » comme tu dis, tu peux te casser avec tes Français et m'abandonner. Mais fais gaffe, parce que j'ai pas l'intention de laisser tomber.
— Ah ouais ? Qu'est-ce t'as gros con ? Fais pas ton passionnel, ok ? J'ai pas envie d'avoir des problèmes. Et maintenant, dégage, j'ai déjà assez perdu de temps.
— A-Attends ! Luce... Luce, merde ! Tu t'es jamais demandée pourquoi t'avais pas été rapatriée en Italie ?
— Vas te faire foutre, Teseo ! Ca fait quatre ans qu'on s'est pas vus, ok ? Tu m'intéresses plus. Alors je te conseille vivement de me rayer de ton existence. Je t'ai déjà rayé de la mienne.

¤¤¤


— Mais je l'emmerde, cette école pour magiciens ! J'ai PAS de pouvoir, vous m'entendez ? Pas un seul !
— Luce, s'il te plaît, écoute-moi juste un instant. Cette lettre...
— Mais je les encule avec leur lettre ! Ils ont fait une erreur ! Une putain d'erreur ! Je suis pas DIFFERENTE ! Je suis un être humain, un connard d'être humain ! Et rien que ça, c'est déjà assez chiant à supporter, alors si en plus je dois me coltiner un pouvoir et aller dans une école de timbrés pour soi-disant le contrôler...
— Luce...
— Mais arrêtez ! Vous voyez pas que toute cette conversation est inutile ? J'ai rien pour y aller à cette école, n'essayez pas de me faire croire le contraire. Il est hors de question qu'on me foute là-bas.
— LUCE, TU VAS M'ECOUTER !
— … Non. Je me casse.

¤¤¤


Pronto ?
— Teseo ? C'est... C'est Luce... Teseo ? … Teseo, t'es là ?
— Luce ? Oui, oui je suis là. Comment tu vas ?
— Teseo, je... je veux partir.
— Hein ? Tu veux partir ?
— Ouais. Quitter cet endroit de merde. Ils veulent m'envoyer dans un endroit bizarre... Aurore qu'ils appellent ça. Je sais que là-bas, je pourrai aller nul part.
— Ah bon ? Pourquoi ils veulent t'envoyer là-bas ?
— Je sais pas... Ils doivent en avoir marre de moi... Mais ils ont inventé l'excuse la plus bidon qui soit.
— Vas-y, dis.
— Ils disent qu'Aurore est une école pour les gens qui possèdent un don. Un pouvoir. De la magie, quoi.
— C'est n'importe quoi !
— Ouais, je trouve aussi. En attendant, ils veulent vraiment m'y envoyer. Ils prévoient ça pour septembre prochain. Dans trois mois. En plus, je suis censée porter un pendentif en attendant.
— Ils sont cons !
— Ouais. Alors, ta proposition tient toujours ?
— Bien sûr ! Alessio le fera, j'en suis sûr. Donne-moi l'adresse de ton foyer, quand même. Pour le reste, on s'en chargera.
— T'es sûr ? Tu veux pas que je me débrouille déjà pour m'approcher un peu ?
— Non, non. On s'occupe de tout. Faudra juste que tu nous attendes à ton foyer. Dans un mois à peu près, on sera là. Quand on t'appellera, faudra que tu prépares tes affaires et que tu suives nos instructions. Pour le moment, donne juste l'adresse.

¤¤¤


Je préfère me jeter dans la gueule du loup de mon grès plutôt que de me laisser docilement emprisonner dans un asile de timbrés.

III.
.


Luce courait dans les rues. Elle courait le plus vite possible, sans faire attention à ses jambes qui fatiguaient, à son souffle qui devenait de plus en plus effréné. Elle courait, haletante, dans les rues exiguës de la ville qu'elle connaissait par cœur. Elle arriva à un cul-de-sac mais put passer le mur grâce aux poubelles et sauter souplement de l'autre côté. Ses chevilles râlèrent un peu mais se turent vite tandis qu'elle reprenait sa course en soufflant. Une rue, deux rues. Elle cherchait du monde, inlassablement du monde, mais il n'y avait personne ici la nuit. Elle était seule, seule contre sa fatigue qui risquait d'un instant à l'autre de l'écraser de tout son poids auquel son corps menu ne résisterait pas. Elle tourna, tourna encore, fit des détours, arriva dans une rue en travaux. Elle bondit sur le tractopelle, grimpa sur la cabine et sauta par-dessous le trou qui se présentait derrière. Mais ses jambes l'abandonnèrent dans le saut, et elle ne put atterrir de l'autre côté. Elle amortit sa chute dans le trou du mieux qu'elle put, ses chevilles hurlèrent. Elle se laissa tomber en avant sur la pente abrupte, et tenta y enfonça les doigts tandis qu'elle glissait vers le bas du trou. Sa glissade ralentit puis s'arrêta lorsque son pied heurta une irrégularité. Une douleur irradia sa cheville, lui arrachant un cri de douleur qui résonna dans la rue. Le silence alors reprit ses droits, seulement coupé par la respiration épuisée de Luce qui tentait de reprendre son souffle et de ne pas succomber à la douleur de ses chevilles. Une ombre passa au-dessus d'elle et une silhouette atterrit au bord du trou, du côté où elle aurait dû atterrir elle-même après son saut. La silhouette se tourna vers elle. Son visage masqué par une cagoule reflétait à lui seul la menace source de cette course poursuite. L'homme sortit un couteau et prit un malin plaisir à le changer de main avant de ricaner. Luce montra des dents, étouffant un grognement comme une louve qui sait sa fin proche mais ne perd pas contenance. Le couteau siffla dans les airs et atterrit à quelques centimètres de la main gauche.
— T'as perdu, Luce.
— La ferme !
— Comme toujours, t'as pas écouté tes jambes. Ca t'a coûté la vie.
— LA FERME !
L'homme ricana et retira sa cagoule. Même dans le noir, Luce aperçut le sourire qui étirait sa longue bouche aux lèvres fines. Une bouche qui, grande ouverte, était capable d'engloutir une quantité effarante de nourriture. Ou de mordre profondément. L'homme descendit avec précaution jusqu'à Luce et l'aida à grimper en lui imposant un sourire railleurs à chaque fois que ses chevilles la faisaient grimacer. Elle n'eut d'autre choix de se donner entièrement à lui. Une fois sortie, il passa un bras dans son dos, un autre derrière ses genoux, et la porta à l'horizontale à la façon d'un prince charmant. Devant l'air ruminant de Luce, il étira davantage son sourire.
— Ca fait quoi d'être à ma merci, principessa ?
— Ta gueule.
— Hola ! Voilà une principessa bien peu polie.
— Alessio, c'est quoi que tu comprends pas dans « Ta gueule » ? le « Ta » ou le « Gueule » ? Ou peut-être le sens que prend la phrase quand on combine les deux ?
— Ma bella principessa, tu devrais éviter ton comportement effronté. Tu sais que tout cela peut mal finir ? N'oublie pas que tu es à ma merci, d'autant plus que tu ne peux plus marcher.
— Connard !
— Mais oui, ma bella.

¤¤¤


C'était Teseo qui lui avait proposé cette nouvelle vie, sans jamais lui dire à quoi elle ressemblerait. Et Luce n'était pas idiote à ce point pour ne pas comprendre que cette proposition complètement tordue cachait quelque chose. Mais tout plutôt que d'aller à Aurore. Et c'était pour cette raison qu'elle passait ses jours avec Alessio, un jeune homme de vingt-six ans à la peau étrangement pâle pour un italien qui en aurait fait craquer plus d'une. Alessio ressemblait à un prince charmant. Pâle, les cheveux blond foncé mi-longs, les yeux noisette et le corps athlétique. Alessio était un beau gosse, un vrai comme on les aime. Le seul défaut était cette cicatrice qui striait son sourcil gauche jusqu'au coin de l'œil, lui donnant une apparence plus sauvage. Quiconque tombait entre ses filets n'en ressortait plus.
Alessio avait une vision du monde plus extrémiste encore que celle de Luce. Chaque centimètre carré de la rue était pour lui semé d'embuches. On ne pouvait faire confiance à personne autre qu'à soi-même, et il le répétait à Luce chaque jour. Elle entendait de lui qu'elle n'était qu'une gamine non seulement effrontée mais incapable de se défendre physiquement. Et s'il semblait prendre son premier défaut pour une qualité, il était prêt à supprimer la seconde.
— Luce. A chaque instant tu peux être observée. A chaque instant, les flics te cherchent partout, en France, en Italie et même ailleurs puisque tu as disparu il y a près d'un an et demi. La vie n'est pas un cadeau, Luce. C'est une épreuve. Une épreuve à subir, une épreuve à souffrir. Si tu veux être libre, tu dois souffrir. Tu dois souffrir, Luce. Tu dois souffrir.
Tels étaient ses maîtres mots. Et à presque quinze ans, Luce est encore une adolescente misérable, incapable de résister à ces mots pareils à des coûts de couteaux.

Quand on est plongé dans un flots de questions, comment ne pas être écrasé par de tels mots ? Pourquoi suis-je là, en vie, alors que la mort m'attend quoi que je fasse ? Pourquoi suis-je née, moi, et pas une autre ? Pourquoi la vie a-t-elle décidé de faire de moi quelqu'un de différent ? Car je suis différente, je le sais, je le sens. Je suis différente des autres de mon âge. Je ne joue pas avec des potes dans un terrain vague, je ne joue pas aux jeux vidéos, la technologie ne m'intéresse pas, l'amitié m'indiffère et même me dégoûte. Pourquoi cela ? Pourquoi moi ? J'ai l'impression d'être un être venu d'ailleurs pour observer ce monde, et m'en nourrir, et m'en écarter. Pourquoi tant de différence ? Suis-je donc originale là où tous se ressemblent dans cette société ?
Et les questions fusaient, encore et toujours, alimentées par le discours d'Alessio qui sonnait comme une vérité absolue, confirmant de nombreuses idées qui avaient traversé maintes fois l'esprit de Luce lorsqu'elle était dépendante de ce foyer dans le sud de la France où elle a toutefois eu l'occasion de perfectionner un français maladroit transmis par sa mère pour des raisons obscures. C'est peut-être la seule chose qu'elle a tiré de son séjour forcé en France. La seule.

Les journées étaient fatigantes. Alors que nombres de jeunes se couchaient à dix heures, onze heures, minuit, parfois plus tard encore pendant les vacances, elle se couchait à neuf heures presque tapantes et fermait les yeux aussitôt, exténuée mais jamais sûre de faire une nuit complète sans être réveillée par Alessio. Elle passait ses journées à courir, grimper aux murs, bondir. Son petit corps menu avait beaucoup souffert de cette fatigue au début, ses pieds avaient connu maintes ampoules et ses mains maintes éraflures. Mais cette vie au cœur de la ville mais coupée de ses mœurs les plus courantes et les plus profondes ne déplaisait pas à Luce qui n'avait le temps de s'ennuyer. Cela ressemblait à un rêve étrange, ni agréable ni vraiment désagréable non plus, même si Alessio lui menait la vie dure, vraiment dure parfois. Luce avait tout ressenti pour lui. La haine, le mépris, le dédain, mais aussi la pitié, la compassion. Elle s'était d'abord arrêtée à son attitude vis-à-vis d'elle, prisonnière de sa paranoïa. Puis elle avait regardé ses yeux, elle les avait sondé comme elle avait lentement pris l'habitude avec lui de sonder le regard des passants occupés, et elle avait entraperçu un peu de passé, un passé tout sauf joyeux. Alessio était un passionné, Alessio était un fou. Jouant le rôle du maître, Luce avait embauché celui de l'élève par pression, par dépit, puis par goût. Elle ne saurait décrire ce qu'elle ressentait vraiment pour lui, elle ne saurait y mettre un mot. Alessio était ce fou qui avait su la saisir sans douceur mais avec une précision sans faille pile là où il fallait.

Il fallut un mot, un seul, de la part de Teseo, qui venait régulièrement inviter Luce à passer du temps avec elle lorsqu'elle était libre, pour sortir momentanément Luce de ce rêve étrange dans lequel elle s'était laissée emporter. Et Luce se rappela alors l'intense réflexion qui l'avait travaillée en France, lorsqu'elle avait murement réfléchi sur sa décision.
Aurore n'était qu'un prétexte. Un mensonge, offert si généreusement par le directeur de son foyer.
Et grâce à Alessio, Luce avait maintenant les moyens de mettre en exécution ce plan à peine ébauché lorsqu'elle avait appelé Teseo ce jour-là, l'émotion contrôlant sa voix avec perfection.
« La perfection n'existe pas. Elle ne peut qu'être imitée. »

¤¤¤


— T'aurais pu me donner rendez-vous ailleurs que sur une route abandonnée près d'un terrain vague, quand même !
— Désolée... C'est là qu'on s'est rencontrés, tu sais, quand on était gosses...
— Ah...
— Tu t'en souviens vraiment pas, hein ?
J'ai répondu par un silence évident. Lui était gêné. Je sentais bien que c'était dur pour lui. C'est comme si une partie de moi était morte. Et avec, une partie de lui. Une partie de nous.
C'est donc sur cette route que nous nous étions rencontrés quand nous étions petits. Ah l'époque, ce terrain vague était un champ, et je n'avais d'autre but que le dégrader. Mais il m'avait interpellée et arrêtée dès qu'il avait compris mes intentions et m'avait menacée d'aller le dire au propriétaire. C'est comme ça que nous avions commencé à dialoguer et que notre amitié était née. Voilà.
Tous les jours, il me parlait d'une scène, d'un souvenir de ces temps anciens. Et il me prenait la main, toujours la droite parce qu'elle ne portait pas de gant. Ce jour-là cependant, mes deux mains étaient gantée.
— Ca fait bizarre, quand même, de sentir ce gant séparer nos mains... T'es sûre que tu veux vraiment pas me dire pourquoi...?
— Non, le coupai-je.
— C'est que j'aimerais bien, moi !
Tout ce qu'il savait, c'était que je le portais pour la même raison que je portais l'autre tous les jours. En gros, il ne savait rien. Juste un mensonge, un autre.
Nous nous sommes introduits dans le terrain vague. Au bout de quelques dizaines de mètres, il s'est arrêté, j'ai fait de même. Nous nous sommes regardés, face à face. Il a serré ma main, me fixant avec des yeux brillants. Je l'ai regardé se pincer les lèvres et s'approcher de moi, raide et anxieux. D'un sourire et d'un regard chaleureux je l'ai encouragé. Je me suis même légèrement approchée moi aussi et ai lâché sa main qui a voulu se poser sur ma hanche. Il a encore diminué le court espace nous séparant et a fermé les yeux alors que ses lèvres ont rencontré les miennes. Il a presque aussitôt ouvert la bouche et sa langue a demandé à passer mes barrières.
On dirait un film à l'eau de rose pour jeune.
Répugnant.
Ce qui l'excitait sûrement, c'était l'idée qu'on s'embrasse, qu'on s'enlace passionnément et, qui sait, qu'on aille peut-être même plus loin. Il a deux ans de plus que moi après tout.
Moi ce qui m'excite, c'est le souvenir sanguinolent que j'ai gardé de ce jour-là. Quand je lui ai légèrement planté la pointe de mon couteau dans le ventre. Quand il a reculé vivement en portant une main sur sa plaie peu profonde. Quand il a regardé sa main imbibée de sang puis a levé les yeux vers mon visage. Vers mon sourire.
J'ai fait un pas en avant, il en a fait un en arrière, encore troublé et de plus en plus effrayé.
— Luce... Qu'est-ce que tu fais ?
J'ai bondis aussi fort que me le permettaient mes jambes. Il a essayé de fuir mais je l'ai vivement attrapé par derrière. Mon couteau est allé lui trancher délicatement la gorge, noyant son cri terrifié. Collée derrière sa grande carrure, j'ai laissé le sang gicler devant lui. Quand je l'ai lâché, il est tombé à terre, misérable.
Je le haïssais. De tout mon être. Lui et tous les gens comme lui qui semblaient si innocents derrière leur hypocrisie. Mais ce jour-là sonne pour moi comme une revanche envers tous ces enflures qui grouillent sur Terre. Je vous ai eu, salauds !
Et de cet artifice j'allais mettre feu. Et y laisser ma signature.

¤¤¤


Quinze ans. Un grand âge. L'âge où on quitte le collège pour commencer le lycée. L'âge où on entame la seconde partie des études secondaires, la seconde partie de l'adolescence.
Quinze ans. Pour Luce, c'est l'âge de la raison. Lorsqu'elle réalise qu'elle ne peut plus vivre recluse plus longtemps malgré la présence protectrice d'un fou. Elle a prévenu Alessio de ses intentions. Alessio l'a frappée. Plus fort que jamais il ne l'avait fait. Luce a encaissé sans se plaindre, seulement en criant, réflexe misérable de l'être humain qui a besoin d'expier ses souffrances immédiates par un acte de faiblesse. Il lui donne coups de poings, de pieds et même de bible et lui menace de lui brûler son autre main. Mais la porte s'est fracassée, des hommes en uniforme sont entrés nombreux dans la maison, pistolets tendus par deux bras, clamant leur refrain digne d'une série policière américaine, mais dans cette langue chantante qu'est l'Italien. Ils ont passé les menottes à Alessio et pris Luce à demi-consciente par le bras. Elle est partie en ambulance et elle est à présent à l'hôpital, sous le regard bienveillant d'une infirmière qui la regarde pleurer à chaudes larmes et tente de la réconforter de quelques mots doux. Luce appelle sa mère, mais sa mère est morte il y a longtemps. Et toute cette souffrance enfermée au plus profond de son cœur, ce deuil arraché par les événements, voilà que tout s'éveille tel un volcan, et que tout explose. Luce pleure, Luce délire, Luce vacille. Elle demande sa mère, elle demande Teseo, elle demande Alessio. Personne ne peut venir, elle reste seule, juste seule dans cet hôpital italien. Un psychiatre arrive et n'a pas besoin de lui poser beaucoup de questions pour l'entendre sortir des phrases sans aucun sens. Son amour pour Mamma, son amour pour Teseo, son amour pour Alessio. Elle a subi un choc la pauvre petite, on va la garder ici quelque temps et tenter de la dépêtrer de son syndrome de Stockholm.

Elle ressort un mois plus tard et Aurore l'a retrouvée. La voici qui retourne en France, ce pays plein d'amertume. Voici une nouvelle élève à Aurore. Quinze ans bien dépassés mais pourtant pas grande du tout, mince et finement musclée, dotée d'un corps élancé peu féminin en réalité. Seins discrets, jambes plutôt longues par rapport au corps. Visage où la douceur féminine est difficile à trouver pour ceux qui l'imaginent, où deux yeux d'un rose tirant sur le violet pâle attirent l'attention des regards curieux. Cheveux noirs, qui poussent, qui poussent autant qu'ils le peuvent, pour aller le plus bas possible, mais qui subissent le passage du ciseaux dès qu'elle dépassent de trop les épaules pour retrouver leur allure fouillis sur un crâne rond. Silhouette petite, vêtue de noir hiver comme été, qui se mélange à la foule française pour lui en soutirer sa vie avec son plus complice consentement.

IV.
.


— Miss Lusse, s'il vous plaît...
— Voilà déjà où ça bloque. Vous, les Français, n'êtes même pas capable de vous accommoder d'un putain de prénom italien. Alors appelez-moi Rose, ok ? R.O.S.E.
— Miss Rose, si cela vous plaît tant, vous savez pertinemment pourquoi vous êtes ici, dans ce bureau, n'est-ce pas ?
— Ouais. En fait, je sais pertinemment pourquoi je suis à Aurore. Parce que le contrôle de l'encre, ça en jette. Et qu'il y a un papier qui dit que je suis sous la responsabilité d'un putain de foyer français.
— Votre langage, mademoiselle.
— Ouais, ouais ! C'est vous qui devriez arrêter de parler comme vous le faîtes. La renaissance, c'est fini, vous savez ? Maintenant, on en est au monde moderne, avec les jeux vidéos, les PC, la consommation de masse.
— Mademoiselle Lusse... !
— ROSE putain ! R.O.S.E. ! Vous êtes sourde ou conne ?
— Rose ! A présent, vous allez m'écouter attentivement. Ici n'est guère un bâtiment ouvert aux racailles et autres sots qui ne savent parler que par la violence, ce qui donne à cette convocation une importance capitale. Rose, vous êtes sur le point d'être transférée, et je vous ai donné par cette entrevue une chance, une seule, de rester à Aurore.
— Allez-y, donnez-moi votre chance pleine de bonté !
— Arrêtez de me couper de cette façon insolente, Rose. Je vous donne une chance de rester parce que vous êtes une bonne élève, Rose. Vous travaillez sérieusement et de façon assidue, vous montrez de la volonté à vous améliorer dans la maîtrise de votre don et pourriez être une élève tout à fait parfaite si vous changiez votre comportement agressif et violent envers votre entourage, camarades comme membres du personnel qui vous éduque. Ce n'est pas ainsi que vous vous ferez respecter, Rose. Ce n'est pas ainsi qu'on vous acceptera, qu'on l'on verra en vous une personne agréable à côtoyer. Alors dites-moi pourquoi, malgré toutes nos recommandations et avertissements, vous persistez à vous tenir odieusement ?
— Vous tenez tellement à savoir pourquoi, hein ? Parce que vous ne méritez que ça, vous tous. Vous vous croyez l'élite, hein ? Vous êtes français, vous êtes parfaits. Sachez d'abord que la perfection, ça n'existe pas. On ne peut pas l'atteindre, on ne peut que l'imiter. Et vous faîtes que ça, imiter la perfection avec vos allures classiques. Superficielle est cette école. Et la seule qualité que j'en tire, c'est que c'est à l'image de la race humain que vous représentez. Tous, vous êtes superficiels. Beaucoup d'entre vous n'assumez pas ce défaut, et ceux qui l'assument n'en sont que plus exécrables. Et maintenant, permettez-moi d'employer mes mots, mon langage qui me sied tant, madame. Vous êtes des raclures. Des enflures. Des cons. Et je pourrais vous insulter encore, en français, en italien et même en anglais, parce que vous ne valez pas la peine qu'on vous respecte, tous autant que vous êtes. Allez vous faire foutre avec votre bonne réputation, j'enverrai mes nouveaux profs se faire enculer lorsque vous m'aurez transférée dans votre « école de seconde zone ». Et maintenant, ciao ! Je ne supporte plus de vous entendre amocher mon prénom qui est tout ce qu'il me reste de ma mère.

¤¤¤


Moi qui enculais mentalement la technologie avec leurs fils... Je me surprends à me coller devant un jeu, un seul jeu idiot qui... Je sais pas, il m'accroche. Je sais pas comment ça se fait, il n'empêche que quand je prends les manettes et que je dégomme tout ce qui roule en me délectant de les voir voler dans les airs, je me dis qu'il y a vraiment quelque chose qui cloche, là. Non mais franchement, ce jeu en plus ! Y a plein de jeux qui me correspondent mieux. Des jeux de guerre, des jeux de tueries, et même un jeu où tu peux bondir sur les toits de la Venise de la renaissance en tuant les gardes et en volant le pognon des passants. Mais il a fallut que je flashe sur CE jeu, quoi ! Y a vraiment quelque chose qui tourne pas rond, chez moi.
Genre, pour jouer à Mario-Kart avec cette camée de Sandy. Et même pour y rester collée quelquefois durant mes insomnies et y jouer en ligne afin d'augmenter mes points. Mais pour le moment, c'est pas gagné...


* Les véhicules à roues munis de moteurs étant interdits dans presque tout Venise, des bateaux sur les canaux jouent le rôle de bus.


Dernière édition par Luce Dell'Elce le Dim 18 Juil - 18:32, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être   Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être Icon_minitimeMar 6 Juil - 3:39

Les fiches coupées j'exècre. Mais le choix je n'ai point.
Choisi est le don, écrite est l'histoire. Et longue, très longue elle est.
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MessageSujet: Re: Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être   Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être Icon_minitimeVen 9 Juil - 2:27

Plus c'est long, plus c'est bon.
Je te valide avec plaisir parce que Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être 794695
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MessageSujet: Re: Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être   Luce Dell'Elce ~ Rose sans l'être Icon_minitime

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