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 Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! »

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Aelys E. O'Brien
ADMIN | Give me the chocolate and nobody gets hurt.
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Aelys E. O'Brien

Messages : 2670
Date d'inscription : 07/08/2009
Age : 31


It's a kind of magic.
Age du personnage : 17 ans.
Nationalité: Irlandaise.
Relationship:

Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » Vide
MessageSujet: Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! »   Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » Icon_minitimeDim 7 Mar - 1:15

Merci de ne pas prendre en compte les fautes, il est minuit et je suis fatiguée é__è

« Hope you guess my name. »
« Just call me Lys, please. Or Bonnie. »
Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » 0059
Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » 0060
    • Surnom : Bonnie. Vous vous doutez bien que son surnom n'a rien a voir avec sa personnalité. Il provient de Bonnie Parker, la célèbre criminelle américaine au coté de Clyde Barrow. Pour elle, Bonnie est son second prénom. D'ailleurs, les gens qui ne l'appellent pas Bonnie préfèrent Lys, Aelili, Lili, lylys, Ael', Ailes lisses et bien d'autre encore... Rarement Aelys. Jamais en fait.
    • Age : 17 ans.
    • Année : Sixième année.
    • Année d'arrivée : Dès 12 ans, à sa première année.
    • Classe : Spéciaux. Chez les illuminés, ceux qui passent leur temps à ne rien faire, que personne ne comprend, qui se foutent de tout... En somme, elle a parfaitement sa place dans cette classe.

« Oh, my Candy Lady. »
« Your lips it's like a bird.
How wild is the strawberry,
That substitutes your tongue. »

Je suis une gamine. Une vraie. Vous savez, celle que vous repérez toujours à des kilomètres à la ronde par son rire sucrée et l'odeur de confiserie qu'elle dégage. Celle qui saute sur tout le monde, celle qui n'a pas peur d'entrer dans n'importe quel groupe, celle qui préfère les bonbons au sexe, celle qui rit de tout, celle qui n'en fait qu'à sa tête, celle qui boude dans son coin, celle qui parait encore naïve. Oui, une véritable enfant. J'aime cette apparence candide et fragile, prompte à se briser d'un instant à l'autre. Cela donne envie aux gens de me protéger et de me câliner. Car oui, je suis une petite fille pourrie gâtée. Quitte à être une gamine, autant le faire comme il le faut. Je veux être prise sur les genoux, que quelqu'un me caresse les cheveux, recevoir des sucreries à foison, qu'on me chuchote des mots adorables au creux de l'oreille. Sans aucunes arrières pensées. Je trouve cela tellement candide. Mais pour eux. Moi ? Oh, non, bien sur que non je ne suis pas une vraie gamine. La preuve, je sais parfaitement que ces pauvres dupes sont beaucoup trop naïfs. Vous croyez vraiment qu'à 17 ans je suis encore une gosse ? Laissez moi rire. Je me plais juste à tromper mon monde avec un resplendissant sourire d'ange sur le visage. Clyde préfère le sourire sarcastique que peu de gens comprennent réellement et les paroles à double sens, pour mieux jeter ensuite. Moi je me fous ouvertement d'eux avec une bouille d'adorable gamine et préfère les laisser se bercer d'illusions. Impossible de passer à coté de mes commentaires acides donnés avec une saveur chocolat. Des remarques puériles, certes, mais remplies de petits commentaires que je pense réellement. J'aime être embêtante, c'est un passion. Titiller votre patience jusqu'à vous faire exploser de colère, voila mon trip. Mais les gens mettent cela sur le compte de mon égocentrisme de petite fille surprotégée et n'y croient qu'à moitié. C'est beau cette naïveté je trouve. Je les aime bien, ces personnes qui pensent encore que je suis au stade de faire des bisous sur la joue en rougissant. C'est mignon. Je préfère les laisser penser ce qu'ils veulent, le résultat est en général assez drôle. S'ils savaient à quel point ils me sont indifférents. Ils ne me font ni chaud ni froid. En réalité, je me fiche bien d'eux. Je les aime comme des petits animaux. Ils me câlinent, me cajolent, me consolent en quémandant des ronronnements. Finalement, les rôles sont inversés. Ils pensent que je suis un chaton à protéger du monde. Je pense qu'ils sont des niais beaucoup trop dupes à berner d'illusions.

N'allez pas croire que je suis totalement hypocrite. D'ailleurs, je ne le suis pas. Je dis ce que je pense à haute voix, ce sont les autres qui l'interprètent différemment. Mais je sais aussi aimer, réellement, sincèrement. C'est juste que toute ma sincérité est déjà occupée par quelqu'un. Et jamais je ne partagerai cette sincérité avec d'autres. J'ai une famille, une vraie. La classe des SPE est la seule à avoir un tel esprit ; Nous sommes tous bien différents, avons nos vices les plus pervers les uns que les autres, nos secrets indécents, nos mœurs honteux et nos caractères versatiles, mais nous nous aimons. D'une façon bien particulière, certes. Pas aussi franches que les PHY, pas aussi froids que les PSY, pas aussi orgueilleux que les ELEM. Nous sommes la représentation d'une étrange famille ; un petit groupe de quelques personnes bien disparates et pourtant très proches. Nous inversons et changeons les rôles au gré de nos envies et de nos humeurs, mais nous sommes toujours la pour les autres. Ce sont mes frères, mes fils, mes pères. Malgré ce que je peux leur dire, ce que je peux leur faire, ce que je peux penser, ils connaissent le véritable fond de ma pensée. Nous sommes la bande d'emmerdeurs qui se plait à se ficher de tout. Après tout, à quoi bon tenter de raisonner les ELEM ? A quoi bon décoincer les PSY ? A quoi bon être un bon élève ? Nos Dons suffiront à faire quelque chose de notre vie. Alors nous préférons nous amuser et se moquer. C'est fun, vous devriez essayer. Et de toute façon, tant que je suis avec Clyde, tout me va.

Mon Clyde. Pensez-vous que je puisse me décrire sans parler de lui ? Bien évidemment que non. Il fait parti intégrante de moi. Vivre sans lui serait comme me demander de vivre sans en avoir l'envie. Il n'y aurait plus aucune logique dans mon existence.
Oubliez toutes ces ridicules amourettes d'adolescents pré-pubères qui termineront dans des larmes bien vite séchées. Oubliez tous ces grotesques couples qui s'intoxiquent de paroles fausses qu'ils oublieront au moment même ou elles sortiront de leur bouche. Oubliez ces jeunes mariées aux rires dérisoires qui finiront par se disputer devant un juge. Clyde et moi ne sommes pas de cette trempe la. Clyde et moi sommes l'incarnation de l'union parfaite. Celle qu'il est normalement impossible de trouver. Les humains sont toujours à la recherche de leurs âme sœur, de l'amour parfait, de la perle rare, etc... Bref, d'une connerie illusoire. Mais dans leur quête, ils finissent par abandonner et se consolent avec le simili le plus proche de leur joli rêve tout rose. On se réconforte comme on peux. Et moi ca me fait bien rire. Ces foutaises qu'on enfoncent dans le crane de ces petits filles sont une image qui les fait rêver étant enfant et finit par se briser à l'adolescence, quand elles comprennent que jamais elle ne le trouveront, leur prince charmant. Alors je ris. Je ris à en perdre haleine. Je leur ris au nez. Car moi je l'ai trouvé mon prince charmant. Et je n'ai pas eu besoin de l'attendre, ou même de dégoter une pale copie de la perfection. Oh non. Mon prince charmant à moi a la classe. C'est un sale type comme on en fait plus. Un connard fini qui vous ferrait enterrer vivant si cela pouvait lui rapporter quelque chose. Une enflure qui jette les gens une fois qu'il s'est bien moqué d'eux. Absolument charmant, je vous assure. Je crois que c'est pour ca que je l'adore autant. Fuck, il va encore avoir la grosse tête.

Il est drôle de constater comme je change de personnalité avec lui. Mais je pense que c'est faux. Je ne change pas de caractère, vous êtes juste jaloux parce qu'il n'y a qu'avec lui que je suis comme ca. Douce, aimante, maternelle. Je ne suis plus Aelys. Je suis Bonnie. Avec Clyde. Mon Clyde. Et que l'une de vous s'approche mesdemoiselles, et je vous promets qu'il n'y aura plus de jamais de charmants sourires sur votre visage.


« It's a kind of magic. »
« Is this just fantasy, Caught in a landslide ? »


    • Don : Maitrise du temps.
    • En détail : Ce don est une malédiction. Il vous gâche la vie, vous rendant incohérent et perturbant votre esprit. Chronos est vil. Chronos est impassible. Impitoyable comme une horloge, il met à rude épreuve votre endurance, pour une victoire inéluctable. Oui, le temps prend sous son aile ces rares personnes possédant le Don de jouer avec lui, mais finit par les briser un jour ou l'autre. Dans le cas d'Aelys, Chronos ne fait que s'amuser. Il lui laisse le temps à court terme sous son emprise, mais son domaine le plus vaste lui sert de terrain de jeu avec elle. Bonnie a donc le pouvoir de revenir dans le passé, stopper le temps, et même se rendre dans le futur. Il y évidemment plusieurs limites à son Don ; Elle ne possède que le Don du temps, elle atterrira donc toujours, quelque soit l'époque, au lieu précis ou elle est partie. En Irlande la plupart du temps, donc. Et généralement, s'aventurer dans le futur est au dessus de ses forces.
    Ce qu'elle ne dira pas, c'est que son Don commence à sérieusement la rendre folle. Bien qu'on pourrait penser que cela lui confère une connaissance en Histoire assez vaste, il n'en ait rien ; Elle divague totalement quand on commence à lui parler de repères temporels... Parfois, elle oublie même dans quelle siècle elle se trouve. Chronos se joue d'elle, et il n'est pas prêt de s'arrêter, bien au contraire.
    • Maitrise : Bonnie peut sans problème s'amuser à remonter le temps, l'arrêter ou même l'avancer de quelques secondes. Sur le court terme, elle n'a plus vraiment de problème. D'ailleurs, surprendre ses interlocuteurs en disparaissant d'un coup et réapparaissant dans leur dos est un de ses passe-temps préférés. Même si elle ne peut pas stopper le temps plus de quelques secondes. Apparemment, cette compétence relève d'une quelconque faculté qu'elle n'a pas, et le temps finit souvent par reprendre son cours au bout d'une vingtaine de seconde au grand maximum. Cela fait quelques temps qu'elle arrive, après s'être concentrée d'une manière rare, à atterrir au moment ou elle le souhaite dans le passé. Bien sur, il n'est pas rare qu'elle tombe au V° siècle au lieu du XV... Elle a généralement moins de mal à revenir dans le présent que d'en partir. Et ne pensez pas que Bonnie connait le futur comme sa poche : C'est généralement le voyage qui lui cause le plus de soucis. De plus, elle n'aime pas se risquer à aller plusieurs années en avant, de peur de voir quelque chose qu'il aurait mieux valu rester inconnu... Bien qu'elle est sensée porter un bracelet de protection, il lui arrive, sans qu'elle y fasse attention, de se laisser emporter par son Don et d'atterrir soudainement dans une autre époque. Dans ces moment la, elle tombe le plus souvent entre cinq et dix ans en arrière. Parfois plus. Et elle pourra vous le dire ; c'est franchement chiant. Imaginez bien ; Lys rêvasse en cours, pense à autre chose, et Chronos décide d'en profiter et de bouleverser sa journée en l'envoyant quelques années en arrière. Banal. Dans ces moments la, il lui est plus difficile revenir dans le présent, et il n'est pas impossible qu'elle mettre plus d'une journée à revenir. Une journée pour elle, mais dans le présent, elle peut très bien revenir quelques secondes après être parti ou une semaine. Génial. Un point positif tout de même ; Grâce à son Don, elle peut donner des détails sur certaines parties de l'Histoire. Elle pourrait par exemple écrire un roman sur le traitement des étrangers apparus mystérieusement dans l'Irlande médiéval, ou les rumeurs qui couraient dans le comté de Cork sur Diarmait MacMurrough en 1165. Bref, d'une inutilité navrante.
    • Lui & les ELEM : Une classe à martyriser. Si la plupart se croit supérieur, il faut bien que quelqu'un leur mette du plomb dans la tête, non ? Et surtout cette idiote de McQueen, pour qu'elle arrête de tourner autour de Clyde. Non mais. Il y a toutefois des exceptions ; Bonnie a pressenti Sixtine comme particulière, et n'a eu aucun mal à lui sauter dessus à son arrivée.
    • Lui & les SPE : Une grande histoire d'amour. Avec eux, elle peut laisser libre cours à son cynisme. Sans pour autant abandonner les cajoleries de gamines. Peu de personnes dans cette classe, et tant mieux selon elle. L'esprit des SPE est particulièrement détendu et confiant, et un petit groupe est le meilleur moyen pour garder ce sentiment d'intimité entre eux.
    • Lui et les PHY : Ses chouchous, ceux avec qui elle passe le plus de temps après les SPE. Ils ne se prennent pas la tête, sont solidaires et bon enfants. Et ils organisent des fêtes merveilleuses. Que demander de plus ?
    • Lui et les PSY : En vérité, elle se fiche un peu d'eux, tout comme eux se fichent des SPE. Mis à part Sully, elle les trouve vraiment trop coincés et froids. Pas de câlins ? Très peu pour elle.


« Bonnie. »
« Supersonic overdrive. »
Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » Firecatgraphics_asu24
    • Age : 17 ans.
    • Sexe : Seulement avec Clyde
    • Avatar : Asuka Langley, de Neon Genesis Evangelion.
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    • Pourquoi vous êtes-vous inscrit ? 8DD
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Aelys E. O'Brien
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Aelys E. O'Brien

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Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » Vide
MessageSujet: Re: Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! »   Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » Icon_minitimeVen 9 Juil - 19:23

« The past is gone in the night, like dusk to dawn. »
« Vous avez lu l'histoire de Jesse James ?
Comment il vécut, comment il est mort. Ça vous a plus, hein ?
Vous en d'mandez encore.
Et bien, écoutez l'histoire, de Bonnie and Clyde. »
Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » Bonnie1r

- C’est qui ?

Cédric se retourna vers la nouvelle. Celle-ci était assise à califourchon sur une branche d’arbre, le regard rivé sur la maison la plus proche. Non, en fait, sur le petit garçon assis devant. Le fils Buckley avait le regard vide, fixé sur la bande de gamin jouant non loin du jardin familial. S’il avait du le décrire, Cédric aurait utilisé un seul et unique mot : chiant. Bien qu’il ne lui avait jamais parlé, tout le quartier s’accordait à dire que la famille Buckley était chiante. BCBG, moralistes et culs bénis, voila comment les gosses du voisinage les décrivaient. Leurs regards seuls donnaient déjà tous les mots clés sur leur compte.

-Ah, lui. C’est Buckley. Un catho pur et dur.
- Il ne joue pas avec les autres ?
- Tss, il est bien au dessus de ca ! Monsieur ne joue pas avec le petit peuple, il risquerait d’être corrompu !


Bien que Cédric n’ait aucune idée de ce que voulait dire corrompu, il ne faisait que répéter les paroles de la mère de famille en accentuant l’accent méprisant de celle-ci. Et puis corrompu, ca sonnait bien. Le mot allait peut être impressionner la nouvelle.

-Il est toujours dans son coin alors.
-Ouais. Pourquoi ? Il t’intéresse ?
-Oui.


La franchise de la réponse désarçonna le garçon. Il s’attendait plutôt à une vive désapprobation et des cris d’indignation.

-T’es bizarre O’Brien.


Loin d’écouter religieusement les élocutions de Cédric, la tête rousse fronça les sourcils. Elle venait d’arriver dans le quartier, et les enfants de son âge avaient pratiquement tous été ravis d’accepter un nouveau membre à leur gang de vauriens. Comme il disait « plus on est, mieux les adultes nous craignent ! » L’imagination enfantine est très fertile, pardonnez les. C’était donc avec grand plaisir que Aelys O’Brien, fraichement débarquée de Dublin, pratiquait la guerre contre le clan du quartier voisin en se taillant une réputation de petite fille à problèmes. Mais à 8 ans, on est fière d’être reconnue du voisinage, peu importe comment. Surtout si cela embête les parents. Alors la perspective d’aller envers et contre tous, Aelys adorait. Et puis ce Buckley avait quelque chose de très intriguant. Impossible de mettre le nom dessus, mais ce garçon produisait sur elle une étrange impression de magnétisme insistant, comme s’il la guettait en permanence et que cette surveillance, loin d’être insupportable pour elle, la rassurait. Alors, un beau jour ou sa détermination semblait être poussée à son paroxysme, la rousse prit son courage à deux mains, et décida d’aller le voir. Bien qu’âgée de huit petites années, sa lucidité lui soufflait qu’il allait très surement lui lancer un regard méprisant et ne s’attarderait surement pas à lui répondre. Mais bon. L’espoir faisait vivre.

Le courage. Ouais, c’est ca ouais. Être courageuse. Mais quand deux yeux verts que vous avez tant admirés de loin vous fixent soudainement, attendant vos premières paroles pour que le verdict tombe, le courage s’est fait la malle. Sans que vous puissiez le retenir dans sa fuite. Aelys l’aurait bien insulté, cette saleté de lâcheur. C’est fou ce qu’un simple regard pouvait faire sur elle. Ca ne lui était jamais arrivé pourtant. Mis à part les prunelles de son père, personne n’avait su avoir une telle emprise sur elle en un seul coup d’œil. Décidément, ce Buckley était bien étrange.

Un sourire. Les mains dans le dos pour faire petit fille sage. Et beaucoup d’espoir. Voila ses seuls armes face à lui, ce petit garçon qui la désarçonne beaucoup plus qu’elle n’oserait le dire. Pourtant, elle se penche vers lui, et lui demande aussi clairement que possible s’il voudrait bien venir jouer avec elle. Monter dans l’arbre, le QG. Jouer au ballon avec lui et son chien. Enfin, ou juste rester avec lui. Et lui parler. S’il te plait ? Elle tend sa main. Et soudainement, elle voit son visage s’éclaircir. Et elle réalise que si pour les autres c’est un gosse tout à fait banal, qui s’habille un peu trop comme papa et maman, Clyde Buckley est beau. Que son sourire vaut tous les jeux du monde. Et que, bordel, c’est égoïste, mais elle ne le veut que pour elle. Et il prend sa main.

Et la, c’est le drame.


« Once upon a past. »
.


Clyde se réveillait dans une chambre d'hôpital. Aelys se réveillait chez elle. Les Buckley étaient soulagés du réveil de leur fils. Les O'Brien ne remarquèrent pas le réveil de leur fille. Clyde aurait voulu que ces inconnus s'en aillent. Aelys aurait voulu que ses parents restent à son chevet. La mémoire de Clyde était en miette. Celle d'Aelys fourmillait de souvenirs d'époques révolues. Dans les deux cas, leurs esprits étaient bien plus qu'embrouillés. Le métro parisien à ses heures de pointe. Un magasin de fringues branchés un jour de soldes envahi par une horde de femmes déchainées. Beyrouth un magnifique jour d'été, surpeuplé de touriste. Bref, vous avez saisi l'idée.

Des voix confuses parvenaient à la rouquine par l'entrebâillement de sa porte de chambre. Elle reconnut ses parents, mais aussi une sonorité inconnu.

-... Par réflexe de défense, le Don s'est enclenché.
- Comment ca, de défense ? Il l'a attaqué ?
- Pas exactement. Il semblerait qu'il ait un Don de copie.
- Et Aelys ?
- On ne sait pas très bien. Téléportation, invisibilité, ou fantôme peut être. Tout ce qu'on sait, c'est qu'elle a disparu quelques minutes après le contact.


Aelys avait une vision bien différente des choses. Pour elle, il ne s'était pas passé quelques minutes, oh non. Après avoir pris la main de Clyde, la rouquine avait eu l'impression que le bâton de la bergère de Toy Story l'avait attrapé autour du ventre et tirait en arrière sur des kilomètres. Pas très sympathique. Et puis tout d'un coup, tout s'était arrêté. Elle s'était retrouvée à terre, au même endroit. Comme s'il ne s'était rien passé. A un détail près. Elle était passée d'un bel après-midi d'été à une matinée glaciale d'hiver. La température ne pouvait pas être plus révélatrice. Et le vent glacial confirma cette pensée. Oh, elle n'était pas restée très longtemps. Juste une dizaine de minutes. Mais assez pour remarquer qu'elle se trouvait dans son quartier sans l'être vraiment. Les maisons étaient la, toutes bien alignées, le gazon fraichement tondu. Oui. Mais non. Il manquait les vélos contre le mur. Il manquait le 4x4 des Smith devant leur garage. Il manquait le carreau cassé des McKinley. Et il manquait tout simplement les gamins du quartier. Okay. Calme, du calme. Tu parles. Il s'était barré avec le courage, ces lâcheurs.

- Tu es perdu ma petite ?

Un vieux monsieur, l'air aimable mais morose, la regardait gentiment, attendant surement une réponse. Lui qui habitait le quartier depuis cinq ans, il n'avait jamais vu cette tête rousse jouer dans les parages. Et pourtant, elle était seule, peu vêtue pour une matinée aussi glaciale et semblait savoir ou elle se trouvait.

- Je... Non. Oui. Je sais pas.
-Hum, pas très clair comme réponse. En tout cas, tu va prendre froid à rester ici sans t'habiller. Tu veux que je te raccompagne ?


La perspective qu'un inconnu complet à l'air maussade la raccompagne à la porte de chez elle qui se trouvait à 10 mètres la fit tiquer. Ce type était louche. Il apparaissait comme une fleur, et proposait à une petite fille de la reconduire chez elle. Vous avez dit suspect ?

-Non merci. J’habite juste la, à la maison aux carreaux… cassés d’ailleurs.
Finit-elle lentement, certaines qu’ils étaient en parfait état quand elle était sortie jouer dehors.
-C’est une blague ? Réagit soudainement l’homme. Qu’essaies-tu de faire ?
-Pardon ?
-Cette maison que tu désignes. C’est la mienne.


Bien. De mieux en mieux même. Aelys venait de déménager, certes. Mais elle se souvenait tout de même que cette maison la était la sienne depuis quelques jours. Alzheimer pour le vieux, peut être. C’est ce qui paraissait le plus probable. Pardonnez cette soudaine brutalité dans les pensées et paroles d’Aelys, mais l’expérience actuelle était assez… perturbante.

-Vous déraillez ! S’écria-t-elle en reculant. J’habite ici depuis jeudi !
-C’est toi qui déraille ma petite. Je ne sais pas à quoi tu joues, mais ceci est la maison de la famille Petterson depuis cinq ans déjà.
-Petterson ? Mais enfin, le seul Petterson qui y vivait s’est suicidé l’année dernière ! La dame de l’agence nous l’a dit avant de l’acheter !


Ce fut à l’homme de reculer de quelques pas. Comment cette gamine qu’il connaissait depuis quelques secondes maintenant pouvait-elle savoir qu’il avait de fâcheuses tendances à penser au suicide ? Et pourquoi utilisait-elle le passé ? Elle l’enterait déjà ! Mais il n’eut pas le temps de lui demander d’autres explications ; un POP ! se fit entendre et… plus rien. La rouquine avait disparu comme elle était arrivée.
Le retour de la bergère. En se retrouvant une nouvelle fois à terre en atterrissant (atterrissant était le mot le plus proche pour décrire cet espèce de voyage entre… quoi et quoi d’ailleurs ?) sur le sol, Aelys se dit que non, vraiment, jamais son estomac ne supporterait un voyage de plus. Elle perdit connaissance sur cette pensée.

En se réveillant donc, elle apprit par une conversation écoutée à la porte que tout cela était du à son Don. Avant d’aller plus loin, laissez-moi-vous dire que le mot Don n’était pas inconnu à Aelys. Loin de la. Ses deux parents en possédaient, et pas n’importe lesquelles. Des Dons Élémentaires. Youhou, vive l’ambiance à la maison. Ours polaire, où te caches-tu par ce froid glacial tout droit venu de Sibérie ? Parce que papa et maman O’Brien étaient les clichés type de la classe, ceux qui avaient forgé une jolie réputation aux couleurs du groupe flamboyant. Quoique, monsieur O’Brien s’était calmé en passant le cap de la vingtaine, et paraissait plus prompt à la paix que sa femme. Elle par contre, aurait facilement fait concurrence à Queen dans ses heures de gloire.

-Ah, la voila !


L’homme inconnu l’avait repéré. Les trois regards se tournèrent vers elle dans un accord presque parfait.

-Alors, ou étais-tu durant ces quelques minutes ? Demanda presque agressivement sa mère, se fichant apparemment pas mal de savoir si elle allait mieux pour se lever.
-Je… Dans le quartier. Il faisait froid. Avec un homme qui prétendait s’appeler Peterson. Et habiter ici. Mais je lui ai dit que le seul Peterson qui habitait ici est mort cet hiver. Il ne m’a pas cru. Ou est le fils Buckley ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

On ne répondit pas à ses questions. L’homme se pencha simplement sur son bloque note.

-Contrôle du temps, donc. Ça faisait longtemps. La lettre d’Aisling ne devrait pas tarder. Pensez à acheter un bracelet le plus rapidement possible pour ne plus que certains accidents ne se reproduisent.


Il salua ses parents et sortit comme si tout ce qui s’était passé était tout à fait banal. Les O'Brien échangèrent un regard qui ne plut absolument pas à Aelys. Mais sur le coup, une seule pensée la préoccupait.

-Je crois que je vais vomir.




Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » Bonniefiche2


- Chambre 206. On y est.

Aelys jeta un regard implorant à son père. Qui se préoccupait apparemment plus de savoir quand il allait pouvoir repartir de là que du regard suppliant de sa fille. Il lui tourna le dos sans une once de remords et partit en quête d’un endroit acceptable où tuer les prochaines minutes. Le message était on ne peut plus clair ; Tu m’as forcé à t’accompagner ici, ce qui est déjà inadmissible en soit, alors n’espère quand même pas mon soutien plus longtemps, surtout face à des gens que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam.
Merci papa. Moi aussi j’en ferai autant pour toi.

La gamine serra les dents. Elle allait devoir franchir cette porte seule. Ne pas savoir ce qui l’attendait après avoir posé la main sur la clenche la terrorisait. Sur le coup, l’irrésistible envie de tourner les talons et rentrer chez elle, entre ce père glacial et cette mère insensible à souhait, quitte à se faire foudroyer du regard par Ethan O’Brien pour l’avoir forcé à l’emmener ici pour rien et recevoir une remarque acide de la part d’Ethel O’Bien lui parut soudainement la meilleure idée qu’elle eut aujourd’hui. La fuite, toujours la fuite. Après tout, elle ne s’était jamais targuée d’être courageuse, au contraire. Tant que l’on pouvait éviter les problèmes, autant décamper et laisser cela à d’autre. Alors pourquoi s’acharner à affronter cette épreuve qui s’annonçait particulièrement éprouvante ?
A cause de lui. A cause de ses yeux. A cause de son regard. Son putain de regard inquisiteur. Non mais, attendez, il y avait quelque chose qui clochait tout de même. Elle le connaissait depuis quoi ? Une semaine ? Elle lui avait parlé dix secondes peut être. Et tendu la main une seule fois. Une action fatale, d’ailleurs. Alors qu’elle se perdait dans les tréfonds du passé, lui s’était soudainement écroulé par terre. A ce qu’on lui avait dit. En tout logique, c’était sa faute. Ne lui demandez pas pourquoi ni comment, Aelys n’en savait fichtrement rien. A cause de son Don, parait-il. Elle n’avait pourtant pas un Don offensif, au contraire ! Et pourtant, c’était bel et bien de sa faute. Si Clyde Buckley s’était retrouvé cloué sur un lit d’hôpital, ses parents éplorés à son chevet, c’était parce qu’Aelys O’Brien l’avait corrompu. En l’espace d’une seconde, son contact impur l’avait envoyé à l’hosto plus rapidement que si une voiture l’avait renversé. Joli coup, Aelys, bravo ! Et tu comptes faire quoi, maintenant ? Entrer dans la chambre et lui demander pardon ? Qu’est-ce que ca pourrait bien lui foutre, sérieusement ? On ne te laissera plus l’approcher quoi que tu fasses. C’est foutu dans tous les cas. Et tu es toujours derrière cette porte ?

-Aelys, ouvre cette porte et finissons-en.

Quand le père parle, on exécute. Réflexe enfantin mais terriblement ancré en elle. Alors même si la rouquine n’avait plus aucunes envies d’ouvrir cette foutue porte, même si elle savait qu’elle ferrait mieux de rebrousser chemin tant que cela était encore possible, le regard glacial de son père dans son dos la forcait à poser la main sur la clenche et entrer.

Il était la. Étendu dans un lit immaculé. Il dormait apparemment. Ses parents étaient bien sur à son chevet, chuchotant entre eux des paroles qu’Aelys ne pouvait pas entendre. Mais leurs froncements de sourcils et leurs fronts plissés parlaient pour eux. Durant quelques secondes, rien ne se passa. Personne ne remarqua la présence de la démone ayant pervertie le fils adoré. Le silence de la pièce fit office de calme avant la tempête. Et le regard maternel se leva alors vers la rouquine. Le brusque changement de tempérament distinguable dans les prunelles de Rose-Mary Buckley fut aussi violent pour Aelys que si elle lui avait jeté l’eau d’un vase à la figure, pour ensuite briser l’objet à ses pieds.

-Que fait cette démone ici ?

Elle tremblait. Mais pas de peur. De rage seulement. Son mari se leva en posant la main sur son épaule, dans le vain espoir de la calmer.

-Que fait-elle ici ? Répéta-t-elle en se relevant d’un bond sec. Sa voix montait dans les aigus sans qu’elle n’y puisse rien.
-Sortez. Marcus était le pragmatisme né. Malgré son ton cassant, il ne laissait rien transparaitre de ses sentiments.

-Je…
- VA-T’EN, SORS D’ICI !


La demande était on ne peut plus clair. Pourtant, Aelys était incapable de bouger. Certes, énerver une mère dans un état proche de la démence qui plus est plus chrétienne tu meurs, n’était pas une bonne idée, loin de la. Mais elle n’était quand même pas venue jusqu’ici pour rien ! Elle n’avait pas trainé son père à l’hôpital, subissant un silence glacial et pesant durant tout le trajet juste pour entendre des cris et repartir sans demander son reste ! Quoique, le regard de Rose-Mary à cet instant aurait pu convaincre n’importe quel bulldog enragé de passer son chemin. On ne contrôle plus son corps dans ce genre de moment. Lorsque vos pieds reculent par pur reflexe, on ne réfléchit pas à savoir si ca valait le coup ou pas.

Alors ce serait comme ca. Passer à l’hôpital en coup de vent, provoquer des hurlements rageurs pour repartir sans même savoir ce qu’il avait et pourquoi ses parents lui en voulaient tellement. Repartir avec la certitude que plus jamais elle ne reverrait Clyde Buckley. Repartir avec la certitude d’avoir raté quelque chose d’important.
Alors ce serait comme ca.

-Mais qu’est-ce que vous faites ?

La voix fit tout cesser. Rose-Mary s’arrêta immédiatement de hurler. Marcus stoppa ses tentatives désespérés pour calmer sa femme. Aelys, qui avait tourné le dos à la scène, pivota lentement la tête pour poser son regard sur Clyde. Celui-ci s’était réveillé (les cris, évidement,) et regardait la scène, un air abasourdi collé au visage par ce qu’il voyait.

-Aelys ?

Il se souvenait de son prénom. Il l’appelait même. Que... Que devait-elle faire, la ? Aller vers lui et se faire bouffer par sa mère en passant ou tenir un peu plus à la vie et prendre ses jambes à son cou ?

-Ne la regarde pas mon ange, ne la regarde pas !


Mary-Rose s’était jetée sur son fils telle une furie sur sa proie, comptant sur son corps pour faire rempart entre lui et la démone de gamine qui l’avait contaminé. Tout n’était peut être pas perdu, peut être, oui peut être qu’il n’y avait qu’a recommencer ! Il réapprendrait tout, ce serait juste plus long, il serait de nouveau parfait, il…

- Poussez-vous ! Mais qu’est-ce que vous me voulez à la fin ? Je ne sais même pas qui vous êtes ! S’écria Clyde en repoussant violemment Rose-Mary.

Aelys n’y comprenait plus rien. Il s’était souvenu d’elle, la gamine qu’il avait à peine rencontré l’espace de quelques secondes, et semblait ne même pas reconnaître ses propres parents. Le regard furieux qu’il lançait à sa mère choqua autant cette dernière qu’Aelys. Ses yeux parlaient pour lui. Clyde Buckley n’avait aucunes idées de qui étaient ces deux adultes auprès de lui. Tout ce qu’il voyait, c’était qu’ils l’empêchaient de voir et parler à la rouquine. Et ca, ca ne lui plaisait pas. Qu’était-il arrivé pour que l’on en arrive à une telle situation ? Ou était le petit garçon bien élevé, celui qui acquiesçait à chaque directive de sa mère, s’habillait toujours convenablement, parlait avec une courtoisie étudiée aux vieilles dames ? Ou ?

-Qu’est-ce que… Qu’est-ce qui s’est passé ?

La question était idiote. Aelys était la quand l’accident s’était passé. Et pourtant elle n’avait aucunes idées de ce qui avait poussé à une pareille extrémité. Mais qui allait lui répondre ?

-Il a tout oublié.

Marcus était calme. Presque serein. Comme si tout n’était qu’un mauvais rêve, et que bientôt, oui bientôt, il allait se réveiller et tout rentrerait dans l’ordre.

-Il ne sait pas ou il est. Il ne sait pas ou il habite. Il ne sait pas qui nous sommes. Il ne connaît que son nom. Et toi.

Que répondre à ca ? Que dire lorsqu’aucunes paroles ne pourront changer quoique ce soit ? A quoi serviraient des excuses quand des parents vous haïssent déjà pour avoir volé leur fils en l’ayant simplement effleuré ? Que faire ? Absolument rien. Et ca, même une gamine de 8 ans pouvait le savoir. Il ne restait que la fuite, cette vieille amie trop longtemps reniée et oubliée.
On recule. On tourne les talons. On claque la porte. Et on appuie son dos contre elle car notre corps ne supporte plus notre corps. Et on glisse. Lentement. Inexorablement. Et on touche le sol. Et on pleure. Pour laisser couler des larmes d’enfant coupable. Qui ne disparaitront pas avant longtemps.



Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » Bonniefiche

Ailsing, 2010, bateau des SPE.

S’il y avait bien quelque chose que Bonnie détestait chez Clyde, c’était sa capacité infaillible à détecter le moindre de ses mensonges. Et pourtant, Dieu seul sait que l’idée même de mentir effrontément au brun la révulsait. Aelys dupait, abusait, leurrait les gens, certes. Mais toujours en étant franche. Il lui arrivait bien sur d’omettre quelques détails importants parfois, mais jamais d’énoncer quelque chose de tout à fait faux et erroné. Savoir manier différentes tournures de phrases, voila la clé de la sincérité.
Mais comme avec beaucoup de ses principes, tout cela ne marchait pas avec Clyde. Surtout quand son foutu regard inquisiteur était rivé sur elle et qu’il avait prit bien soin de bloquer toutes tentatives possibles de fuite. Maudit soit Buckley.

-Bonnie. Arrête de détourner les yeux et regarde-moi.
-Mais je te regarde !
-Mise à part si mes yeux sont soudainement tombés au niveau de mes épaules, non, tu ne me regardes pas.
-Je peux descendre plus bas si tu veux, moi ca ne me dérange pas.
-Aelys…


Et merde. Voila, c’était foutu. Elle allait tout lui dire et assister à la décomposition de son visage, la mort d’Adriel dans d’atroces souffrances suivit de près par le suicide de Clyde, si ce dernier ne la tuait pas avant. On sous-estimait beaucoup les limites (si limites existaient) de la possessivité de Clyde avec Bonnie. Il ne devait y avoir qu’Aelys pour savoir de quoi le brun était capable quand le désespoir le submergeait. Et encore heureux, car les autres prendraient surement peur en découvrant cette partie de son caractère. Et Bonnie, pourquoi ne fuyait-elle pas ? Ba. Tant que c’était Clyde, tout était acceptable, n’est-ce pas ?

-Mais tu vas encore te fâcher, me faire tes yeux de chien abandonné sur le bord de la route pour que je n’ai plus que cette image en tête quand tu me planteras là en colère, et que je m’en veuille assez longtemps pour que –un bruit de porte qui s’ouvre se fit entendre au fond de la salle- tu aies pitié de moi et me pardonnes seulement si j’accepte de porter les…
-Stop stop stop !
–la porte se referma brusquement- Je ne veux pas en entendre plus, interrompit une voix venant de derrière l’entrée,je suis juste venu chercher Buckley puisqu’il semble oublier qu’on l’attend à la bibliothèque pour le dossier de Géo à rendre lundi. Lâche ta copine une seconde, vous recommencerez vos… Enfin, ce que vous faites, après.

Clyde eut à peine le temps de soupirer de désespoir que Bonnie en avait déjà profité pour s’échapper et fuir hors de la pièce.

-Je n’en ai pas fini avec toi Bonnie ! Je veux te voir ce soir pour finir cette discussion !
-Pas ce soir Clyde-chéri,
répliqua gaiment la concernée, j’ai ma retenue ne l’oublie pas !

Pas besoin de voir sa tête pour comprendre qu’il était en train de ruminer sur sa malchance éternelle.
L’épreuve était repoussée à plus tard. Adriel pouvait la remercier, il venait de gagner quelques jours de vie de vie en plus. D’ailleurs, comment allait-elle avouer à Clyde que le blond (qu’il détestait ou appréciait, elle n’arrivait toujours pas à savoir,) et elle s’éclipsaient parfois pour aller découvrir Rome à l’apogée de son empire, Parie en pleine révolution ou encore Moscou pendant l’invasion napoléonienne ?
Le monde entier et son Histoire à portée de main. Le monde entier comme terrain de jeu et de découverte.
Bien sur, tous les deux se rappelaient très bien les nombreux ratés qu’ils avaient du essuyer,comme l’arrivée en Sibérie, (surement leur plus grande erreur de trajectoire qu’ils avaient commis jusqu’à aujourd’hui) la course poursuite dans les rues d’une cité perse pour Aelys (Adriel disparaissait toujours au moment ou l’on avait besoin de son Don,) ou encore l’emprisonnement des deux comparses pour cause de sorcellerie (être rousse au temps de la chasse aux sorcières et parler de remonter le temps à voix haute n’était pas la meilleure solution pour éviter les embrouilles…) Mais à force de se rendre aux quatre coins du globe à des siècles différents, l’habitude prenait le dessus et les bourdes finissaient par disparaître au fur et à mesure.
Et Aelys devait reconnaître qu’Adriel n’était pas un partenaire si désagréable que ca pour ces escapades temporelles. Bien sur, il râlait, pestait, critiquait contre tout et rien, (quand on connaissait le vrai Adriel, on regrettait parfois amèrement le coté doux et souriant) mais une fois sa mauvaise humeur habituelle surmontée, Bonnie s’était très vite attachée à ses ronchonnements. Et lui à ses gamineries et ses lubies d’enfant gâté. Chacun d’eux avait apporté leur lot de problème à leurs voyages et ils revenaient souvent éreintés, exténués par leurs péripéties, mais heureux. Oui, même quand le philtre de traduction s’épuisait, même lorsque le Don de Bonnie ne déniait plus les ramener à leur époque avant plusieurs jours, même si les atterrissages étaient la plupart du temps douloureux, même si le trajet en lui-même donner une envie de vomir irrépressible, ils étaient enchantés. Comme des gosses qu’on ramène chez eux le soir, après une journée à Disneyland.

Leur premier voyage ensemble était arrivé presque par hasard.
Ils étaient seuls tous les deux, se rendant à leurs cours d’Histoire sur Henry VIII et ses six femmes, (ce qui valait à Adriel nombre de comparaisons sournoises servies avec sarcasme par Bonnie & Clyde) lorsque le blond avait émis l’idée de rencontrer les sujets en question en chair et en os, grâce au Don de Bonnie.
Aelys s’en rappelait comme si c’était hier.



« Flashback. »
.



Aisling, 2007, couloir du premier étage.


-Non.
-Mais regarde : Tu nous emmènes quelques siècles en arrière (Henry VIII, c’est quand déjà ? XVI° siècle ?) et moi je m’occupe de nous conduire en Angleterre. Aucuns problèmes en vue. Alors ?
-Non.
-Lys, je te jure, Il n’y a pas de…
-Non.
-Si c’est à cause de Buckley, on peut…
-Non.
- Même si on se loupe, ce n’est pas…
-Non.
-Tu aimes Buckley ?
-Non.


Sourire goguenard. Zut, elle s’était fait avoir. Mais elle ne lui accorda pas un regard. Ses yeux restaient obstinément rivés droit devant elle.
Jamais Adriel ne l’avait vu si catégorique. Ce refus acharné cachait quelque chose. Avait-elle honte de son Don ou de sa maitrise ? Avait-elle peur d’échouer ? Pourtant, Aelys était la première à s’amuser à disparaître et réapparaitre dans le dos des gens en riant. Alors pourquoi ?
Il fallut moins de trois secondes à Arsenic pour attraper Bonnie, la bloquer contre un mur et empêcher le moindre de ses mouvements. Sous l’effet de surprise, la victime ne se débattit même pas quand il ôta son bracelet de protection dans un geste rapide.
Il fallait croire que Chronos était fourbe. Et ironique.
Ce n’est pas parce qu’on enlève son bracelet de protection que ce genre de Don s’enclenche immédiatement. On peut comprendre que celui de Penelope par exemple, s’active immédiatement, comme beaucoup de Don physique, mais pour les autres, cela restait rare. Avec un minimum de maitrise, on peut contenir le pouvoir un laps de temps plutôt long. Mais apparemment, le temps se fichait bien de tout ca. Et de quelle époque avait-elle pensé dernièrement, hum ? Bingo. Adriel était un enfoiré de veinard.

Irlande, 1546. Soit un an avant la mort d’Henry VIII.

Les murs colorés remplaçaient par une vaste prairie verdoyante. L’odeur de brulé (Sixtine avait traversé le couloir peu avant dans un état d’énervement assez incontrôlable) venait d’être balayée par une bourrasque d’air frais, et le brouhaha lointain si caractéristique d’Aisling laissait maintenant place à un silence presque absolu, seulement entrecoupé par les mugissements du vent.

-Je ne me plaindrai plus jamais des désagréments la téléportation,
grogna Adriel en tombant à genoux, la j’ai juste envie de rendre mon petit-déjeuner… Bonnie ? Appela-t-il en voyant que la rouquine ne prêtait pas du tout attention à lui, hé, Bonnie,tu m’entends ? M’en veux pas, je ne pensais pas que ca se décl…
-Bien sur que je te t’en veux bougre d’imbécile !
Hurla soudainement la rouquine en le foudroyant du regard, je t’interdis de refaire ca Stratford, tu m’entends ? Jamais. On n’a même pas de philtre de traduction, on est en uniforme, et je ne sais même pas si mon Don daignera nous ramener à notre époque avant une semaine ! J’espère que tu es fière de toi crétin. Parce que le XVI° siècle, tu vas en bouffer jusqu’à ce qu’on rentre. Ce qui est d’une imprécision totale.

D’un geste vif, elle reprit son bracelet de protection de ses mains avant de le passer rapidement à son poignet, rageuse.
Du plus loin qu’Adriel s’en rappelait, jamais Bonnie ne l’avait appelé par son nom de famille. Même à leur première rencontre, elle l’avait tout de suite nommé par son prénom. Ce qui devait signifier que la rousse était vraiment en colère. Sur le coup, son ton méprisant lui rappela la façon qu’avait Buckley de lui parler parfois. A force de se côtoyer, il avait du déteindre sur elle.
Mais le fait était la, Aelys était dans une colère noire. Contre Adriel surtout, mais aussi contre elle même. Durant tout le temps ou elle était à Aisling, elle avait toujours fait attention à ne toucher personne, et encore moins Clyde, quand elle ôtait son bracelet de protection. Il y avait toujours cette peur viscérale qui surgissait de sa mémoire, lui rappelant une certaine après-midi ensoleillé ou son Don s’était enclenché pour la première fois, dévastant la mémoire d’un chérubin innocent. Alors elle s’était promis que jamais, jamais ceci ne devait se reproduire. Qu’elle devait garder son Don pour elle, et ne plus approcher personne tant qu’il n’était pas scellé par cet insupportable bracelet, même si cela lui coutait de tomber de fatigue en pleine journée.
Et si, et si cela avait recommencé ? Et si Adriel avait perdu la mémoire, comme Clyde ? Qu’aurait-elle fait, qu’aurait-elle dit à ses parents cette fois-ci ? « Veuillez m’excuser, je ne sais même pas me contrôler, votre fils ne sait plus du tout qui vous êtes, et il n’a plus aucun souvenir. Non non, même pas du diner d’hier. Une coquille vide, voila. Have fun. »

- Lys ?

L’interpelée devait tirer une expression assez représentative de ses pensées, car Adriel semblait presque… inquiet pour elle. Et sa bêtise lui revint en pleine figure lorsqu’elle vit le regard clair du blond. Il ne pouvait pas y avoir d’accident. Pas avec Adriel. Le problème venait en partie de son Don, certes, mais aussi de celui de Clyde. La copie de Chronos. Tss. Ce dernier était bien trop égoïste pour autoriser une pale réplique de son pouvoir. Alors il avait puni l’impudent qui avait osé vouloir le dupliquer. Voila pourquoi Clyde avait perdu la mémoire. C’était la punition de Chronos, le prix à payer pour lui avoir tenu tête.
Mais en aucun cas il n’y avait de problème avec Adriel. Le voyage-ci le prouvait.
Alors pourquoi se priverait-il de l’accompagner ?


« On finira trempés. Mouillés jusqu'au cou. »
.



Aisling, 2010, salle de colle.


Adriel se retrouva soudainement entre ses cuisses et la table sur laquelle elle était assise jusqu’ici. L’espace d’un instinct, Aelys lui enviât la maitrise son Don. Alors qu’elle avait déjà du mal à tomber au siècle qu’elle désirait, lui faisait preuve d’une précision impressionnante. Cette chance.
La rouquine ne fit aucun commentaire quand le coureur de jupon enfouit son nez dans son cou gracile et l’embrassa chastement, l’enlaçant subtilement par la même occasion. Le blond se mêlait au roux avec délicatesse, de vagues caresses laissant deviner une tendresse non feinte. Aucun doute que l’âme d’un certain brun se serait déjà envolée loin de cette scène d’une horreur impardonnable s’il en avait été spectateur. Mais Bonnie tenait trop à la vie de son cher et tendre pour autoriser des cajoleries de ce genre devant son vertueux regard. Adriel le savait pertinemment, il pouvait l’étreindre et l’embrasser aussi passionnément qu’il voulait tant que Clyde n’était pas la pour assister à une telle trahison, (après tout, Bonnie était une enfant à chouchouter, elle avait toujours revendiqué son coté gamine en mal d’amour et de câlinerie,) mais si, par une envie soudaine et suicidaire, il se risquait au même numéro de charme devant les yeux ombrageux de Buckley, il serait repoussé subtilement mais fermement par l’affable rouquine avant que celle-ci n’aille quémander les mêmes attentions à son brun adoré, qu’elle accepterait cette fois-ci avec un empressement badin (alors que celui-ci renverrait surement un sourire victorieux à son concurrent tout en se perdant dans une crinière rousse)

- … C’est ici pour la retenue ?
-Oui, c'est là ! Salut Eris !

Bonnie ne la connaissait pas très bien, mais pour avoir discuté deux ou trois fois ensemble, celle-ci considéré comme normal de l’appeler par son prénom et de lui parler aussi familièrement que si elle la connaissait depuis toujours. Aelys, ou mademoiselle « tout le monde il est mon ami ».

L’arrivée d’Eris dissipa l’atmosphère caressante qui régnait dans la pièce plus rapidement qu’une bourrasque glaciale ne l’aurait fait. Adriel jeta un regard lourd de reproche à Bonnie, que celle-ci prit comme une nouvelle passe de sa mauvaise humeur quotidienne. Quoi, elle n’avait plus droit de dire bonjour aux gens tant que monsieur était dans la même pièce maintenant ? Oh, Adriel. Quel égocentrisme. D’ailleurs, le blond était déjà en train de reluquer la nouvelle arrivée, qui semblait être à son gout au vu de l’air satisfait qui se dessinait lentement sur son visage. Vraiment, Adriel Stratford ne changerait jamais. Il allait surement se téléporter d’une seconde à l’autre pour tourner autour de sa future proie, un charmant mais hypocrite sourire accroché aux lèvres. Mais déjà, Aelys ne s’en préoccupait plus.
Son bracelet la démangeait. Ca lui arrivait parfois, après un long moment sans l’avoir enlevé, en plus de lui donner l’irrépressible envie d’aller rejoindre Lily dans son antre pour dormir jusqu’à ce qu’on vienne la chercher. Il finissait par irriter son poignet. Mieux valait l’enlever pendant quelques minutes le temps que la sensation désagréable disparaisse. Et c’est ce que la spéciale fit. Au même moment que le blond sur qui elle était assise jusqu’à maintenant n’active son Don.
Rappel pour plus tard : Ne jamais activer trois Dons instables dans la même pièce.

Encore cette foutue bergère. On ne se doutait pas, mais Toy Story avait des ressources de violence insoupçonnables. Surtout qu’elle était déchainée cette fois-ci.

Ce n’était pas comme d’habitude. C’était plus agressif, plus brutal que les autres voyages. Un vacarme soudain vint agresser leurs oreilles, alors que leurs corps se faisaient bringuebaler de tout coté telles de simples poupées de chiffon, et ce, durant plusieurs secondes qui leur parurent des heures. Les trois élèves n’avaient absolument rien à envier à la chute d’Alice dans le terrier du lapin.
Puis ce fut l’atterrissage. Ou la chute plutôt. Ils s’écrasèrent au sol avec la même brutalité que le reste du périple. Les fesses en garderont un souvenir longtemps. Tous les trois se relevèrent péniblement, se préparant surement à affronter un souvenir quelconque pour Eris, une nouvelle époque pour Bonnie, et un lieu lambda pour Adriel. Mais aucun ne pensait à une combinaison des trois. Ce fut Bonnie, surprise de ne pas tomber dans une version plus ancienne d’Aisling ou une prairie verdoyante interminable comme toujours habituellement, qui s’exclama en première.

-Q-Que c'est-il passé ? Où sommes-nous ?
- ... Je crois que nous sommes... dans un souvenir. Mais j'ignore lequel.


Si l’experte en la matière l’affirmait, elle ne pouvait que la croire.
Eris et Adriel semblaient aussi sonnés qu’elle. Au moins un point positif ici, elle n’était pas seule.

-M-Maman ? Qu… Qu’est-ce tu fais ?

Une petite voix enfantine, légère et tremblante.
Les trois adolescents se retournent et observent la charmante tête blonde qui semble terrorisé par ce qu’elle voit. Une femme, un homme, dans un lit. Pris sur le fait. Il n’y a pas à aller chercher plus loin.
Et deux jeunes filles se sentent soudainement extrêmement gênées. Elles envoient un regard timide vers ce qu’elles ont deviné être la même personne avec quelques années en plus que le gamin. Adriel n’est plus Adriel. Adriel n’est plus qu’horreur. Et Adriel a bien raison. Car Adriel a droit à une seconde représentation de ce qu’il aurait préféré oublier à jamais.

La scène se déroula sans que personne ne puisse rien y faire. Adriel n’avait fait absolument aucun commentaire. Il était planté par terre, incapable de bouger ne serait-ce qu’un orteil. Son visage était aussi livide que celui d’un malade souffrant depuis trop longtemps. Pourtant, son regard ne se détachait pas de l’affligeant spectacle qui se déroulait une nouvelle fois sous ses yeux, comme s’il devait subir ca une fois encore, comme si son devoir consistait à contempler ses parents se déchirer.

Au hurlement de trop, Aelys se décida d’arracher son regard des Stratford et de se tourner vers Eris.

-Eris, fais quelque chose, merde,
chuchota-t-elle hargneusement, on ne peut pas rester la, j’ai l’impression qu’Adriel va défaillir d’une seconde à l’autre.
-On ne peut rien faire. Lorsqu’un souvenir s’impose à toi, tu ne décides pas de quand il s’arrêtera. Je n’avais encore jamais vécu un souvenir aussi… vivant, je suppose que nos Dons combinés ont quelque chose à voir la dedans. Et comme je suppose que vos propres Dons sont difficilement contrôlables,
–la rousse lui jeta un regard désolé- on n’a aucunes chances de faire cesser ca.
-Alors quoi, tout ce qu’on a attendre c’est de voir le pire souvenir d’Adriel en croisant les bras ?
-Je suis aussi peinée que toi de dire ca, mais oui. Et…


La jeune fille hésita à finir sa phrase. Pendant ce temps, Adriel avait toujours le regard braqué sur une énième dispute de ses parents. Il n’avait pas prêté une once d’attention aux chuchotements de ses comparses à quelques mètres de lui.

-Et quoi ?
-Peut être que… Enfin nous sommes trois. Si tu veux mon avis, Adriel n’est que le premier.


Aelys se sentit blêmir.
Et la bergère revint à la charge.

L’air aseptisé. Les murs immaculés. Cet espace hors du temps. L’impression de ne pas être à sa place. Cette bouffée d’angoisse qui remonte dans la gorge brusquement. Trop blanc.

-Oh non. Non non non non non.

Il était la. Toujours endormi dans ce lit impeccablement blanc. Trop blanc.
Ses parents encadraient inlassablement son lit. Taches de couleurs salissant l’immaculé de la pièce.

Un pas en arrière. Puis un autre. Trop blanc.

-Non non non. Je veux pas. Je veux pas. Non.

Gamine pathétique.
Elle refuse, recule.
L’enfant qui ressurgit en elle veut se terrer quelque part, n’importe où tant que son regard ne se pose pas sur la scène. Trop blanc.
Pas encore. S’il vous plait, pas encore.

-Arrêtez ca.

Murmure inaudible. Trop. Blanc.

-Arrêtez ca. ARRETEZ CA ! ERIS FAIS QUELQUE CHOSE !

Elle hurle avant qu’il ne soit trop tard. Glapit comme un animal traqué qui voit son heure arriver. Attrape son amie par la chemise avec un effroi non contenu.

-FAIS. QUELQUE CHOSE. ARRETE CA.

Elle devient folle. Secoue la jeune fille avec force. Sans que celle-ci ne puisse rien faire.

-Que fait cette démone ici ?

Et tout s’arrête.
L’engrenage est en route. La représentation a commencé. Personne ne peut plus stopper ca. Alors elle se tait. Et assiste au spectacle. Une nouvelle fois.



Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » Derneir


-Tout va bien Bonnie ?


Non ca va pas, mais tu crois vraiment que je vais te dire la vérité et venir pleurer sur ton épaule ? A part si tu t’appelles Belial, y’a peu de chance.
J’esquisse un mignon sourire. Comme je sais si bien le faire. Je tripote une mèche de mes cheveux.

-Ca irait moins bien si j’avais la même tête que toi ♥


Surpris mais pas outré.
Il va encore mettre ca sur le fait que je suis une petite fille gâtée qui n’a pas aucunes notions de tact. Ceci amplifié par une mauvaise humeur passagère. Puis oublier et revenir pour une câlinerie. Gentil crétin.
J’en envie de pleurer. De faire ma niaise à sangloter dans un coin. De jouer ces victimes romantiques esseulées qui se lamentent de leurs sorts pour que le prince charmant de leur plus beau rêve accoure à leur rescousse et vienne les consoler par d’admirables promesses d’amour sempiternel.
Mais je ne veux personne pour me consoler, personne pour m’enlacer, me parler gentiment, personne pour me chuchoter des mots de réconfort comme à une enfant triste. Je ne suis pas un chaton à dorloter. Je ne suis pas une enfant que tout le monde prend sur ses genoux et a qui on offre ses bonbons. Je ne suis pas un ange au sourire rieur et à la gaité éternelle. J’aurai aimé m’en persuader. Mais c’est faux. C’est moi la dernière des hypocrites.
Quand j’y repense, je suis une lamentable égoïste hypocrite. C’est pathétique.
J’aurai tellement voulu qu’il me fuit. Tout aurait été tellement plus simple s’il m’avait détesté. Ou même ne serait-ce qu’ignoré. Mais c’était apparemment bien trop demander.
Je le revois encore passer la tête par ma fenêtre, une semaine après la scène de l’hôpital. Sur le coup, j’étais persuadée qu’il venait pour m’insulter et me faire prendre conscience de ce que j’avais provoqué. Mais je l’acceptais. Il pouvait me battre et m’injurier autant qu’il le voulait, je ne l’avais pas volé. Au lieu de hurlements et de coups, j’eus droit à un timide bonjour et une esquisse de sourire. J’ai bien cru qu’il se fichait de moi. J’ai été sur mes gardes plusieurs semaines avant de me relâcher. Tellement persuadée qu’il m’en voulait à mort et qu’il comptait se venger dès que j’aurai le dos tourné que je lui prêtais une attention toute particulière dès qu’il s’approchait de moi.
Mais au final, j’ai bien du reconnaître que ce n’était pas pour me punir ou quoi que ce soit qui s’en rapprochait. C’était parce qu’il… m’appréciait ? Cette possibilité me rendait malade. Comment pouvait-il ne pas me haïr alors que j’avais gâché sa vie aussi facilement qu’un coup de vent balaye un tas de paperasse ? Ca me tuait.
Au début il voyait bien que son comportement me perturbait. Alors il essayait de minimiser les dégâts en me racontant que de toute façon ses parents le détestaient, qu’il ne s’entendait plus avec eux et qu’il se demandait encore comment il avait pu vivre sous leurs directives futiles. Ca ne faisait qu’empirer mon état d’esprit. Alors il s’est tu et n’a plus jamais parlé d’eux durant quatre ans. Juste de vagues allusions. Mais cela me suffisait à me rendre infiniment coupable. Pourtant, il faisait tout son possible pour me faire oublier cette première rencontre. Jamais les voisins n’ont été si surpris de voir Buckley s’amuser et rire avec eux. Dur à accepter pour commencer, il s’est parfaitement intégré au groupe d’enfants du quartier par la suite. J’étais en même temps heureuse et jalouse de ces moments. Il se construisait une nouvelle personnalité, plus avenante et plus amicale. J’adorais le voir jouer et plaisanter. J’adorais le voir enchanté. Comme si de simples sourires pouvaient lui faire oublier sa famille. Mais mon égoïsme prenait rapidement le dessus et jalousait les personnes avec qui il passait du temps. Oui, après tout ca, j’avais encore le culot de le vouloir à moi seule. Je ne sais pas ce qui me rendait le plus malade ; le fait d’avoir réduit en charpies sa vie d’antan ou cette possessivité profonde et violente qui me poussait à ne vouloir que lui pour moi seule, alors que j’en avais moins droit que quiconque.

Et puis il y eut Aisling. Je redoutais cette nouvelle épreuve qui pouvait d’un instant à l’autre me l’arracher aussi facilement que je m’étais attachée à lui. Mais je n’avais pas le droit d’avoir mon mot à dire. Alors je me bâtis une nouvelle personnalité. Je me replongeais avec délice dans une candeur enfantine qui me servait de bouclier contre la peur de le perdre. Je souriais, je riais, je tournoyais autour des gens avec un parfum sucré, digne représentante de la gamine que tout le monde prend sur ses genoux et câline comme un petit animal de compagnie affectueux. Je blessais parfois avec une franchise non feinte et un charmant sourire que l’on mettait sur le compte de mon manque de délicatesse enfantine, que l’on finissait toujours par pardonner car au fond, ces traits malicieux et cette bouille d’ange aime tout le monde, n’est-ce pas ?
Mais je constatais rapidement que tous ses bras tendus et ses sourires attrayants en retour ne me faisaient rien. Absolument rien. J’aimais les cajoleries et les câlineries, je ne refusais jamais un geste tendre ou un chaste baiser. Mais les seuls gestes que j’attendais toujours avec impatiente, les seuls que je quémandais presque timidement, les seuls dont le refus m’aurait blessé étaient les siens. J’adorais quand ses bras se refermaient sur ma taille en m’empêchant d’aller solliciter la tendresse d’un autre et que son regard se voilait d’une jalousie ombrageuse. J’aimais sa possessivité. Même débordante. Cette exclusivité étouffante m’allait à ravir, et la perspective de passer des journées entières avec lui me comblait par dessus-tout. Ensemble, nous sommes différents. Nous n’avons pas de réels masques en public, juste ces comportements préconçus pour la société. Comme tout le monde je suppose. Mais entre nous, à quoi bon tenir nos rôles ? Nous nous connaissons trop bien pour jouer au même jeu qu’avec les autres.
Qu’est-ce que les autres ? Cet amas de personne qu’on ne distingue plus, ces visages qu’on finira par oublier au profit d’un nouveau, ces noms dont on ne se souviendra plus dans quelques années, ces façons d’être que l’on côtoie sans réel envie. Nous n’avons pas besoin des autres. Du moins, pas quand ce qu’on a déjà nous suffit. Lui m’a toujours suffit. Sa manière d’être, ses expressions, ses gestes, ses mimiques, son visage, son regard m’ont toujours suffit. Qu’allais-je faire avec les attentions des autres ? Je n’en ai cure. Je ne veux que lui. Égoïstement.

Il a très vite su décrypter mon caractère. C’est parfois affolant de voir à quel point il connaît la moindre de mes réactions et de mes manières. Impossible de lui mentir, impossible de lui cacher quoique ce soit. Et c’est ca qui m’inquiète. Qu’il prenne connaissance de mes petites excursions dans le temps avec Adriel le blesserait. Il serait affecté et contrarié de mon silence sur cela durant tout ce temps. Mais comment lui dire que s’il décidait de nous accompagner, je serai parfaitement incapable de ne serait-ce que le frôler en ayant retiré mon bracelet de protection ? Il comprendrait ce que j’ai en tête aussi facilement que si c’était inscrit sur mon front.
Mais qu’il découvre qu’Adriel et Eris connaissent maintenant ce qui le rend aussi paradoxal dans sa façon d’être, je ne pourrais surement pas l’accepter. Le fait est que ma possessivité prendrait le dessus. Son comportement changerait avec eux, comme s’ils avaient percé la bulle protectrice qui nous sépare des autres. Et ca, je ne le permettrai pas. Je le veux à moi seule. Égoïstement.

Il ne me parlait que très peu de ses parents depuis son entrée à Aisling. Tout ce que je savais, c’était qu’ils l’avaient chassé de chez eux. Assez violemment pour qu’il n’ose m’en dire plus. Je ne sais pas ce qui est le pire. Ses mots brefs et concis qui m’enfoncent un pieu dans la poitrine ou ses silences lourds de sens qui me tordent le ventre. Parfois, je me blottis contre lui assez fort pour espérer lui faire oublier tout ca. Pour espérer que ma seule présence lui suffit. Narcissiquement.

J’ai envie de pleurer. De faire ma niaise à sangloter dans un coin. De jouer ces victimes romantiques esseulées qui se lamentent de leurs sorts parce que je sais que mon prince charmant de mes plus beaux rêves accourra à ma rescousse et viendra me consoler par d’admirables promesses d’amour sempiternel. Qu’il ne voie plus que moi me ravit. Qu’il n’ait plus que moi me ravit. Parce que j’en arrive à être heureuse d’avoir détruit sa vie. Pitoyablement.


Dernière édition par Aelys E. O'Brien le Mer 11 Aoû - 15:45, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! »   Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » Icon_minitimeVen 9 Juil - 19:24

FICHE TERMINÉE.

Si, je vous jure. I DID IT.
Je suis vannée la, donc j'éditerai plus tard pour les couleurs des dialogues =v=
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MessageSujet: Re: Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! »   Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » Icon_minitimeVen 9 Juil - 20:41

Je.
J'ai bugué. Un peu comme Clyde devant Aelys en sous vêtement .
je sais même pas quoi dire, mais je valide, comme tu t'en doute.
Ca valait l'attente.
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MessageSujet: Re: Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! »   Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! » Icon_minitime

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Bonnie • « Oh, did I hurt your feelings ? Good ! »

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