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Messages : 160 Date d'inscription : 05/07/2011 Age : 35
| Sujet: Big girl do cry... [Sheva] Dim 25 Aoû - 22:28 | |
| Tu n'es pas allée en cours, aujourd'hui, Sine. Ceux-ci sont terminés, et on ne t'a pas vue dans un seul. La plupart se sont certainement dit que tu es malade, ou trop crevée après t'être envoyée en l'air toute la nuit. Que tu as choppé un truc à force de coucher avec n'importe qui, ou que tu es restée pour continuer toute la journée. Ils l'ont sans doute pensé, et ils sont tous cons. De toute façon, tu t'en fout. Ce jour est un jour très particulier, pour toi. Un jour que tu n'oublie pas, mais que tu détestes malgré tout, sans pouvoir te forcer à l'oublier. Aujourd'hui, c'est le jour anniversaire de la mort de tes parents.
Aujourd'hui, tu as eut du mal à ne serait-ce que sortir de ton lit pour attraper cette boîte, si précieuse, rangée au fond de tes affaires. Cette boîte que personne n'a le droit de toucher, pas même Sheva, alors que tu lui passerais n'importe quoi pour peu qu'elle te sourit. Parce que dedans se trouve des souvenirs heureux d'une époque révolue depuis longtemps. Dedans se trouvent une montre cassée et un collier à l'attaque brisée.
La première appartenait à ton père, et est bloquée sur l'heure fatidique. 11h27. L'heure où un chauffard a percuté la voiture de la famille MacFarlane. L'heure où cet inconscient a détruit la vie heureuse d'une petite fille. Tout ça pour ne jamais rien dire, rien faire. Il n'a même pas cherché à savoir si les gens dans cette voiture avaient survécu, il n'a jamais cherché à te retrouver, seule survivante de l'accident qu'il avait causé, il n'a jamais cherché à s'excuser. Il avait sûrement appelé son assurance, fait remplacer sa voiture, et oublié ce qui s'était produit. Il avait continué sa vie, retrouvé sa femme, ses enfants, sans même se soucier qu'il venait de détruire une autre famille comme la sienne.
La seconde était le collier que portait ta mère ce même jour. Il y avait même un peu de sang incrusté dans les gravures. Tu n'as jamais voulu le nettoyer, comme si ce peu de sang, appartenait probablement en partie à chacun de tes parents, les gardait en vie, encore un peu, quelque part. Ce joli médaillon, ouvert, laisse apparaître deux petites photos, de ton père et de ta mère. Tu te rappelles encore, plus vivement qu'avant, même, le jour où ton père t'a emmenée avec lui dans une bijouterie, et t'as demandé de choisir le collier que tu trouvais le plus joli. C'était un cadeau d'anniversaire de mariage. Il s'était basé sur ton choix, avait fait mettre les photos, puis l'avait offert à Lillias. Elle avait toujours chérit ce collier.
Mais cette boîte contient d'autres choses. Beaucoup de photos, toutes celles que tu as pu récupérer. Il y a une photo de tes parents, beaucoup plus jeunes que dans tes souvenirs, alors qu'ils sortaient ensemble. Puis une autre de leur mariage, où ton père a toute la classe que l'on peut désirer dans son costume, tandis que ta mère resplendit de la plus pure beauté dans sa robe blanche. Puis en vient une autre, pendant la grossesse de ta mère, un peu maladroitement prise par un appareil à retardement mal maîtrisé, mais qui a su immortaliser la joie de ton père, la main posé sur le ventre de sa femme. Et il y en a encore une, de vous trois cette fois, alors que tu étais encore petite, tenant les mains de tes parents, tous trois souriants. Et il y en a encore beaucoup d'autres, diverses et variées, de vous trois, ou de toi et d'un de tes parents. Toutes ces photos te paraissent décrire une époque si lointaine, si étrange. Si injustement lointaine...
Tu sens un picotement dans ton nez, et tu te remets à pleurer. Tout le monde te prend pour une tête brûlée, une caractérielle, une fille forte, un garçon manqué. Et pourtant, tu as passé toute ta journée à pleurer. Tu n'as même pas eut assez de force pour ouvrir les rideaux, ni pour t'habiller. Tu es restée toute la journée dans la pénombre, la tête basse, à fixer les souvenirs d'une vie brisée qui t'a été retirée.
Les quelques larmes se transforment en sanglots, et un gémissement de douleur s'échappe. Et tu te mets à pleurer. Tu pleures comme n'importe quelle fille qui souffre de la disparition de ses parents, qui chérit leur souvenir tout en haïssant la douleur qu'ils te causent. Tu voudrais ne plus souffrir... Mais cela voudrait dire oublier, les oublier, et tu t'y refuses. Jamais tu ne les oublieras, tu ne veux pas. Rien que l'idée te fait peur, plus que n'importe quoi d'autre. Alors tu restes là, assise par terre, devant tes souvenirs brisés, pleurant comme si tu n'étais pas cette Sine forte, mais une fille perdue, déprimée, écorchée vive par cet événement, souffrant d'une plaie morale destinée à se rouvrir chaque année à la même date. Et le pire est que, depuis deux ans maintenant, tu ne peux pas aller te recueillir sur leur tombe. Cela te fait souffrir d'autant plus, même si tu n'as jamais fait qu'y perdre toute force dans les jambes, tomber à genoux, et pleurer au milieu du cimetière. Au moins, l'un de tes frères adoptifs n'est pas là pour te dire « Mais oublies-les, putain ! Tu t'es fout d'eux, c'est nous ta famille maintenant, pas eux ! ».
Jamais tu ne pourras les oublier. Et tu as l'impression que jamais tu ne pourras cesser de pleurer...
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