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 Who will fight and who will fall ▬ Sandy

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Leif Karlstrøm
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Leif Karlstrøm

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Who will fight and who will fall ▬ Sandy Vide
MessageSujet: Who will fight and who will fall ▬ Sandy   Who will fight and who will fall ▬ Sandy Icon_minitimeSam 3 Déc - 23:14

Univers alternatif que les puristes curieux finiront par reconnaître.





« WE CAN SPEND OUR ALL LIVES LETTING THE WORLD
TELL US WHO WE ARE
OR WE CAN DECIDE FOR OURSELVES »




La cigarette éteinte balance d'un côté à l'autre de ses lèvres, puis dans un élan suicidaire humide, choit une énième fois sur l'asphalte. Qu'importe les graviers et autres saloperies, Leif fait claquer sa langue, agacé, avec l'idée que mâchonner un cure-dent aurait tout autant d'allure, souffle dessus, et la repose à sa place.
Il y a certaines choses que vous ne savez pas à propos de Leif.
Ou de ce Leif-là, en tout cas. Celui qui galvaudait dans les rues d'une banlieue d'Angleterre avec des airs de caïds raté sous son blouson à fourrure, en espérant qu'on ne remarque pas sa carrure de brindille qui, elle, demeurait ; avec une clope au bec, l'ultime, celle qu'on ne fume pas. La dernière d'un paquet vide. Toujours un crève-la-faim, à piquer deux livres dès qu'il le pouvait pour pouvoir tout reverser au jour le jour dans sa dose de nicotine comme s'il n'y avait pas plus important dans sa minable vie que la plus minable des drogues.
C'était le cas.
Leif Karlstrøm, pourtant, un pied devant l'autre dans une ruelle de banlieue anglaise, n'était pour autant pas si loin de celui que l'on avait pu connaître dans d'autres circonstances. L'allure se taille, mais l'égo reste, c'est déjà ça. Dans son jean trop grand il reste les même gênes qu'un petit coq, les mêmes chromosomes potentiels à l'équation chimique pour vous recréer la même qualité pourrie qu'on vous servait en Irlande. La base était la même. Ce qui avait brisé le moule, cette fois-là, c'était juste l'histoire.

Dans cette histoire-là, il avait été le même gamin bringuebalé contre les casiers de son lycée, la même demie-portion invisible, coupe ratée et Eastpack aux bretelles remontés. Des lacets faits. Un vrai looser de première, mais pas un à binocles non plus, pas un assez geek pour avoir des confrères ou assez utile pour faire tes maths non. Mais un looser quand même, le genre de type invisible pourtant pas si minoritaire, qu'aspire qu'à un chemin sans trop de casse, parce qu'il n'a pas la gueule à rêver mieux. Qu'est-ce qu'il s'était fait chier dans cette banlieue, lycée craignos à la peuplade en melting pot de pourris, sous les projos des néons blafards. Rien de théâtral ; il était un personnage secondaire.
Ce qui l'avait sauvé pourtant dans une autre vie à ce moment-là, c'était bien la gravité qui lui avait filé un coup de pouce, avec l'arrivée de son don, un petit cachet en guise de paperasse et c'était parti pour une terre nouvelle où il aurait laissé son pitoyable lui derrière. Sans un regard, sans un geste qui n'évoqua pas celui que l'on pouvait donner en voiture à un conducteur grillant la priorité. Niet, nada regret. Seulement, ici, la terre promise n'était que foutaise, et parmi les pubs pour les barbecue de Somerfield, rien ne lui avait permis de changer pour devenir enfin quelqu'un, ou quelque chose. Il avait donc grandi comme ça, sans intérêt, dans une vie sans intérêt. Jusqu'à dix-neuf ans, toujours dans les pénates de sa mère, qui elle restait intemporellement la même dépressive oppressive qu'elle aurait pu être ailleurs.

Il était le même qu'ailleurs, mais cette fois-ci, son don s'était bien foutu de sa gueule en arrivant pas deus ex machina, mais plutôt bien en rade, à sa majorité, et par une sale journée de tempête. Trois nuages noirs, un éclair de dingue, et le voilà capable de faire léviter quidam. Fort utile, mais moyen sur un CV ; cela ne le sortait malgré tout pas de sa vie de merde. Ni lui ni les autres victimes ne partageaient les critères requis pour être un foutu super-héros.

Trois impasses plus loin et le voilà arrivé à destination, la petite baraque pas trop vilaine pour la situation, derrière un mur de briques une petite cour qui récoltait les cendres échouées depuis sa chambre, et du lierre grimpant qui se faisait vieux. Qu'est-ce qu'il s'en fout ; quand on a sa réputation, c'est pas comme si avoir un appartement était une priorité, dans l'idée même où il aurait des moyens. Il jeta la seule bretelle restante de son sac sur son épaule, retira sa cigarette pour la coincer derrière son oreille, et son sourire crétin pouvait bien vous dire que, quelque part, il restait bien le même. Leif était toujours le même abruti demandeur d'attention, mais cette fois-ci sans audience ; ses nombreuses frasques lui avaient au moins permis de le rendre moins transparent, mais il ne gagnait pas en intérêt. Il était, correctement parlant, un raté parmi tant d'autres.
Le brun poussa la porte d'entrée et la referma du pied, regrettant tout aussitôt son geste qui lui empêcha une entrée discrète. Cette dernière fut aussitôt remarquée par sa mère, le genre de petite femme bien en chaire, pas bien coquette mais attendrissante.
Dans la limite du possible.

▬ Leif, tu es rentré ?

Le garçon leva les yeux au ciel, tout en sachant qu'emprunter les escaliers serait impossible sans quelques réponses obligatoires.

▬ Il semblerait, fit-il avec un regard sur ce qu'elle pouvait préparer pour le repas.
▬ Comment étaient les travaux d'intérêts généraux ?
▬ Comme des travaux d'intérêts, maman.

Every son raised by a single mom is pretty much born married.
Elle lui claqua la main lorsqu'il essaya de piquer un échantillon quelconque de la salade en pleine confection.
Les travaux d'intérêts généraux, autant en parler. Dans leur petite commune pleine d'adolescents et jeunes adultes peu fréquentables, non seulement il était difficile de retrouver sa voiture intacte lorsque vous la parquiez n'importe où, mais qui plus est, le centre communautaire du coin était loin de n'être ouvert que pour l'installation d'une crèche misérable à la période de Noël. Tout au long de l'année, elle accueillait des meutes de jeunes vandales aux fautes diverses et variées, en pleine réinsertion dans la société sans passer par la case prison pour morveux – ce dont Leif ne voyait pas l'intérêt, puisque son casier demeurait tout de même aussi vierge que cette pute de Reeta, mais qu'en prison, il n'aurait pas à ramasser les emballages de capotes dans les parcs. Car oui, Leif y était abonné. Cette simple pensée d'être un habitué lui était suffisante pour penser qu'il était à chaque fois le petite chef du groupe, qui se contentait simplement de l'ignorer, de l'insulter, ou de lui balancer un des emballages précédemment cités.

▬ Ne touche pas à ça, c'est pour tout à l'heure. Et je vous ai préparé de quoi grignoter en haut.
▬ Vous ?
▬ Oh, oui, Sandy est dans ta chambre. Et qu'est-ce qu'elle est maigre, comme toujours, je me suis dit qu'elle devait avoir faim, tu devrais faire un peu attention à elle, Leif !

Mais ce dernier avait déjà déguerpi de la cuisine au milieu de la phrase, à quatre à quatre dans l'escalier. Quand il ouvrit la porte, en effet, la jeune fille squattait sur son lit sans doutes à l'attendre. Sa seule réaction fut de fermer derrière lui et de jeter son sac dans un coin.
C'est vrai qu'elle était maigre, Sandy, mais qu'est-ce qu'on y pouvait ; depuis les années où elle venait là, entre le bordel chez elle entre dope et crève entre autres, sa mère avait beau la gaver et la couver, on ne lui faisait pas prendre un kilo. On ne décollait pas Sandy de ses vieux démons, ses poteaux pas réglo, qu'importe qu'on soit son meilleur ami depuis un bail maintenant, depuis au moins assez longtemps pour se connaître mieux que personne, pouvoir dormir à deux dans un lit simple sans avoir le barreau, ce genre de choses. C'était l'amitié par excellence, ça, pour Leif, et c'était plutôt pas mal jusque là.
Mais bien sûr, soyez copain comme cochon avec Svensson et attendez vous à être embarqué dans les affaires qui lui tenaient à cœur.

▬ Qu'est-ce'tu fais là ? T'entres par l'entrée maintenant, tu grimpes plus direct par ma fenêtre ?

Y'avait même eu des fois, comme ça, où elle se ramenait à trois heures du matin en tapotant à son carreau, avec son air de rien du tout, à le virer à moitié pour qu'elle lui fasse de la place, et elle disait rien ; pas un mot sur ses ennuis ou son état avant le matin. C'était pas comme si cependant ça trompait qui que ce soit, comme elle tremblait comme une conne.
Souvent, Leif pensait que quand son amie faisait ça, c'est qu'elle devait vraiment penser que c'était improbable que, par exemple, il réussisse à ramener une putain de fille un soir dans ce même lit. Pute.
Mais n'importe quelle fille n'aurait de toutes façons pu valoir Sandy, peut-être que ça aussi elle le savait.

▬ Et j'ai plus de clope aussi, et plus une thune. Il te reste l'un ou l'autre ? Faudrait qu'on retourne vider un tabac un de ces quatre. Mon tour cette fois, c'est plus classe avec mon don, toi c'est juste chiqué.

Ce n'était pas comme s'ils risquaient quelque chose, de toutes façons, à part renfiler ces combinaisons oranges qui moulaient pas comme il faut, même s'il était déjà allé pour moins que ça – si on pouvait considérer que rendre ses tripes sur un agent de la paix était un moindre crime comparé à débarrasser un marchand de ses stocks. Ça, c'était bien la preuve que mélanger Leif aux affaires de Sandy, couramment des trucs comme un vulgaire spliff, ne faisait que donner un résultat relativement dégueulasse. À ne plus refaire.
D'autant qu'ils avaient déjà bien assez à gérer avec leurs propres merdes.

Le truc de Sandy, c'était le temps. Voilà, les pouvoirs du groupe entier s'étaient manifestés avant lui, et des trucs de boloss de la copie de don au contrôle des souvenirs, et lui s'était attendu au meilleur pour la fin, un truc qui en jetait comme l'immortalité, mais qu'à cela tienne, il pouvait juste amener la télécommande à l'autre bout de la pièce. Karma de merde.
Et puis comme ils n'étaient pas les gens les plus doués de la planète, il avait fallu que ça foire, aussi, à un moment ou à un autre. Du jour au lendemain, tu te retrouves avec un surveillant mort sur les bras, et personne avec le super-pouvoir de faire disparaître des trucs super lourds. Le crâne fendu et qui pisse partout sur le carrelage. Une vraie journée pourrie comme on en fait plus.

À partir du moment où tu as enterré un corps, je peux te dire que tu deviens parano.
Leif était doué pour jouer à celui qui le vivait bien pour autant. Il avait toujours été plutôt à l'aise pour ce qui était de se foutre des problèmes de tout le monde, à commencer par les siens, et à voir les yeux bleus qui fixaient ses genoux, il allait encore devoir faire des miracles.
Mais de toutes façons, ils risquaient d'avoir du mal à faire pire que leur score actuel.

▬ Enfin. Crache le morceau.

Qu'un pauvre mec mal foutu, avec un pouvoir de branleur. Rien d'un foutu super-héros.
Mais ça espérait encore pouvoir sauver les jeunes filles, les pauvres junkies des mauvais quartiers.




*citations de Choke, de Chuck Palahniuk
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Sandy V. Svensson
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MessageSujet: Re: Who will fight and who will fall ▬ Sandy   Who will fight and who will fall ▬ Sandy Icon_minitimeMar 7 Aoû - 2:12

Who will fight and who will fall ▬ Sandy Leifsa11
Aujourd’hui, je ne me suis pas réveillée chez moi.
L’odeur de pain grillé me prenait au nez, me sautait aux yeux, en l’espace de quelques secondes après mon réveil, j’avais déjà envie de vomir. Les relents — toujours les mêmes ; ceux de la veille qui brunissaient mes organes, l’alcool, la drogue, je chante encore la même chanson alors que vous connaissez le refrain —, les arrières révélations de la soirée tapaient aux portes de ma conscience ; l’odeur d’un petit-déjeuner ne remplissait d’épouvante : je n’étais pas chez moi. Comment aurait-il pu en être autrement ? Comment ma mère aurait-elle pu se lever du piteux divan sans se casser une jambe en trois pas record, elle a la sale habitude de n’être qu’un déchet à peine vivant, se contentant d’agoniser attendant on ne sait quoi pendant que l’héroïne lui bouffait ses dernières miettes d’humanité, celles qui la déterminent comme étant humaine ; non-pas une mère, ah ça jamais, simplement quelqu’un. C’est déjà bien.
En bref, si j’étais sûre de ne pas être chez moi, j’étais, à l’inverse, à dix milles lieux de savoir chez qui j’étais actuellement en train d’avaler le vomi dans ma gorge qui mourrait d’envie de s’étendre sur les draps. Je n’étais même pas en état de m’inquiéter — la vie que je menais m’avait déjà offert des aventures dramatiquement plus inquiétantes.

▬ Ah, réveillée ? Super, je t’apporte un café.

C’était une fille, c’était Rita Lisbeth, c’était quelqu’un de sympa avant qu’elle commence la coke ; depuis, elle est devenue la petite pute du quartier, parait qu’elle est restée perchée après un sacré trip mais je m’en fous, elle a toujours été tranquille avec moi et ça se confirmait encore aujourd’hui.

▬ Bon écoute, elle me tend un bol de café, un bol rempli à ras bord, je dois vraiment avoir une sale gueule. Je veux pas t’emmerder dès le matin, mais ma chérie, t’es vraiment dans la merde.

Je sais pas trop quoi répondre, alors je réponds pas. Dans la merde, j’y suis depuis trois ans, du coup, je sais pas trop ce qu’elle veut dire par là ; dans ma tête, je m’imagine plein de scénarios dégueulasses et généralement, c’est souvent pas loin de la vérité.

▬ J’ai pas trop compris le délire et t’as pas l’air de bien saisir toi non plus alors je vais être claire. Tu dois pas mal de fric à Berwald. Et quand je dis pas mal, ça veut dire assez pour qu’il ai envie de te chercher toute la nuit en gueulant dans les rues qu’il aura ton petit cul si tu lui craches pas ce que tu lui dois.

Je suis en train de me noyer dans mon café. Je crois que je vais vraiment vomir. Les souvenirs de la veille se frayent un mince chemin, juste assez étroit pour que j’aperçoive la réelle merde dans laquelle je me suis mise. Berwald est un très bon dealeur, il est cher, il est pas commode, mais il vend toujours de la qualité et quand on sait le manier, il peut être généreux. Évidemment moi, je ne sais pas le manier, il m’a jamais aimé, j’ai jamais réussi à le cerner, c’est limite s’il me fait pas un peu flipper. Je revois sa gueule de la semaine dernière, la petite discussion qu’on a eu, celle où il m’annonçait ma dette et le nombre de jours que j’avais pour lui vomir le fric jusqu’au dernier centime. Je suppose que la date limite c’était hier soir. Je suppose que Rita suppose bien quand elle me dit que je suis vraiment dans la merde. J’ai envie de cracher ma vie dans son putain de bol de café.

▬ Bien reçu, mais faut que je me casse, je vais gerber mes tripes d’une seconde à l’autre si tu parles encore de Berwald, de fric, ou si je bois encore une sale goutte de ce café.

Je prends mon sac posé au pied du lit et je me tire.
Je connais la route par coeur, pour aller chez Leif. De l’appartement de ma mère, je mets trois chansons de Hoodie Allen, je connais le raccourci qui passe par le jardin de monsieur Clarkson, le chemin, je pourrai le faire les yeux fermés, et je crois qu’à chaque fois que je pense ça, je souris comme si j’avais encore quatorze ans et que j’avais encore jamais touché à la drogue. Ah... avant, on savait rire !
Je sonne à la porte, c’est madame qui ouvre, qui me sourit, qui est contente de me voir, qui me demande si je vais bien, qui me dit que Leif n’est pas encore là mais qu’évidemment je pouvais monter dans sa chambre, c’est madame qui me dit qu’elle me prépare quelque chose à manger et que oui, elle insiste. Madame n’arrête pas de sourire, on dirait que ça lui fait vraiment plaisir de me voir, elle me glisse un petit « Tu as encore maigri non ? » ; madame croit simplement que je suis sujette à quelques troubles de l’alimentation.
« Il ne va pas tarder, monte donc ! » qu’elle répète.

Un escalier et quelques pas plus tard et me voilà dans la pièce où l’odeur rassurante et réconfortante de l’habitude me calme immédiatement. Les années que j’ai passé dans cette petite chambre en bordel me réchauffent le moral et je me dis que je pourrai rester là pendant des mois à simplement regarder des films, s’endormir devant, se réveiller pour le générique, rire de la connerie de la chose, manger des saloperies, fumer et cendrer dans un cendrier improvisé ; simplement Leif et moi. Évidemment, c’est impossible car dans l’équation ne figure pas l’essence qui régit à présent mon existence ; si l’héroïne ne fait pas parti du dessin, il est impossible qu’il prenne vie ailleurs que dans mes rêves.

« Faudrait qu'on retourne vider un tabac un de ces quatre. Mon tour cette fois, c'est plus classe avec mon don, toi c'est juste chiqué. »
Pendant que je rêvassais, Leif était rentré. Il avait ce quelque chose que je n’expliquerai jamais. Peut-être que depuis le temps qui se comptait en de nombreuses années, à force de rêver à deux, je voyais dans ses yeux foncés quelqu’un que je ne pourrai jamais partager. Faut dire qu’enterrer son surveillant d’intérêts généraux a ce quelque chose d’irrésistiblement morbide qui a fait que les choses ont pas mal évolués ; depuis, c’est pas de la police dont on se méfie mais bien du monde entier.

▬ J’suis tellement dans la merde que c’pas un tabac qu’il faudrait vider mais plutôt une banque.

Je lui lance une cigarette tandis que je me redresse, et alors qu’il s’assoit, j’entoure ses épaules de mes bras ; j’avais envie de pleurer — j’ai toujours envie de pleurer —, là, comme ça, lui pourrir son t-shirt de Gorillaz de mes misérables larmes qui puaient la drogue, l'irresponsabilité, la maladie et d’autres immondices qui planaient sur ma vie. Je me demande parfois pourquoi il reste là, à me réconforter des fois, à m’écouter souvent, à me chuchoter des choses qu’on ne dit pas.

▬ Bordel c’est bon, de toute façon j’arrête cette saloperie. J’en ai ras la queue de tout ça, ce matin je me suis encore réveillée chez une junkie, sans déconner Leif, si tu savais comme j’ai voulu me réveiller dans ton lit.

Je renifle un coup, j’ai l’impression de taper de la coke.
« Passe moi un mouchoir, j’ai de la morve qui coule. »


Dernière édition par Sandy V. Svensson le Sam 23 Fév - 19:52, édité 1 fois
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Leif Karlstrøm
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MessageSujet: Re: Who will fight and who will fall ▬ Sandy   Who will fight and who will fall ▬ Sandy Icon_minitimeMer 19 Déc - 20:07



Who will fight and who will fall ▬ Sandy Leifsandy
« OH C'EST TRÈS CON DE PARTIR SANS RIEN SUR LE DOS
JUSTE QUELQUES CAUCHEMARS, DU GIN ET MES CLOPES AU HASARD
TRAINE DANS LE MÉTRO, SANS CESSE DÉFONCÉE, ELLE M'APPELLE ROMÉO





▬ Bordel c’est bon, de toute façon j’arrête cette saloperie. J’en ai ras la queue de tout ça, ce matin je me suis encore réveillée chez une junkie, sans déconner Leif, si tu savais comme j’ai voulu me réveiller dans ton lit.

Ta gueule Sandy.
Une bonne fois pour toutes, la ferme.
Il n'y avait juste rien d'autre à répondre à ces conneries-là, ces saloperies au goût réchauffé auxquelles elle croyait pourtant à chaque fois, auxquelles elle avait envie de croire, dans ces moments de descente. La première fois bien sûr, il l'avait cru ; la première fois, quand les premières secousses du manque avaient ébranlé son corps, quand son corps même ressemblait encore à quelque chose. Il l'avait cru parce qu'il ne savait pas, parce que ça paraissait normal. On ne pouvait pas choisir de continuer à endurer un truc aussi pourri. La fois suivante aussi, celle-ci n'avait pas d'importance, elle ressemblait à l'autre. À la troisième, l'argent avait commencé à se faire rare, la promesse ne pouvait que se réaliser par manque d'alternative.
À l'époque encore, Leif sous-estimait les ressources insoupçonnées d'un toxico.

À partir de là, il avait arrêté de compter, même d'y croire. C'était quelque chose en Sandy qui ne cessait de répéter ce mantra, quelque chose qui ne s'adressait même pas à lui au fond. L'écouter, ç'aurait été laisser l'espoir le bouffer peu à peu, alors il avait laissé cette chose anonyme non seulement détruire un peu sa meilleure amie mais le priver de la confiance qu'il pouvait lui portait.

Alors oui, ta gueule Sandy. Parce qu'il n'a plus quinze ans et qu'il ne te croit plus. C'est pas des mots sans fond qui lui rendront le sommeil qu'il a perdu pendant les nuits où tu te perds. Ne parle plus de ces heures-là et de ces matins vides parce qu'ils les vit d'un bout à l'autre, pas comme toi qui goûte au bonheur éphémère de l'absence d'esprit. Du trip pur et simple.
Leif mit quelques secondes à assimiler l'étreinte avant de passer un bras dans son dos, un autre amenant sa main à l'arrière des cheveux châtains – sa main y reste un quart de seconde avant de préférer se placer en sécurité sur son épaule. Il fallait qu'il lui dise, cette vérité-là. Il fallait qu'il crache ces mots, ils sortent déjà seuls de lui comme un alien, bientôt ils lui déchireraient l'estomac. Il ouvre la bouche.

▬ Je sais. Je sais.

Heureusement pour Sandy que son meilleur ami est un con dépourvu de parties masculines. « Heureusement ». Ça lui permet de vivre sa vie sans avoir quelqu'un qui aurait assez de couilles pour la secouer, pour la sauver réellement, pour lui dire ses vraies raisons ; pour risquer de la perdre, juste pour son bien. Parce que la vérité, c'est que la flippe annihile toute tentative du brun d'essayer de bien faire. Mais elle n'est pas mieux parfois, Sandy, et elle n'en saura jamais rien. Elle a d'autre à faire de sa vie que de remarquer ce qui se trame dans la vie et dans le cœur malingre d'un gamin qu'elle a connu et qui ne fait rien d'autre que sa vie qu’additionner les travaux d'intérêt communautaires. Celui à qui elle raconte tout, le grand débile au FRIENDZONE à l'indélébile sur le front.

La jeune fille en passait du temps, ici, pourtant. Dès qu'elle en ressentait le besoin, elle savait qu'elle pourrait trouver un havre, aux odeurs de mec et un peu renfermées presque inchangées par les années, si ce n'est pour l'ajout de tabac froid sur les tissus. Elle pourrait le trouver à zoner la plupart du temps entre quatre murs, l'interrompre dans ses sessions de série ou de pornos, il tirerait la gueule mais serait au rendez-vous.
S'il ne changerait pour rien au monde avec elle, Leif trouvait sa vie affreusement fade au milieu de ses posters et fringues en boule, à vivre au dessus de sa mère. Normal que Sandy ne soit plus vraiment autant avec lui, même quand elle passe du temps à squatter son lit. Il sentait qu'elle n'était pas vraiment là.

Il détestait les mecs (et les filles, parfois) avec qui elle traînait. Ces types lui donnaient ce qu'elle voulait, jamais ce dont elle avait besoin – il avait envie de se rire à la gueule, avec ce genre de réflexion de super-héros : parce que lui, poids plume, charisme limité et bac mention u tried y pouvait le faire ? Il les laissait l'entraîner nuit après nuit après nuit dans des choses qui le dépassaient.
Oui voilà, on pouvait se l'avouer entre nous. Encore plus flippant que de parler à Sandy : essayer de s'imaginer ce qui se passait pour elle dès que la nuit pointait à la fenêtre à laquelle il fumait comme un vieil adolescent.

Quand la gamine se mit à morver sur ses épaules, Leif la repoussa sur le lit sans trop de délicatesse – ça aurait été trop pour lui, très honnêtement. La prendre dans ses bras plus longtemps. Au final, la délicatesse, il essayait de ne pas la faire durer longtemps, comme si cela pouvait lui donner l'idée qu'il lui restait quelque part dans son attitude pitoyable une portion de couilles. L'idée elle-même était tout à fait ridicule, tout à fait masculine. Il lui tendit un mouchoir avant de se laisser tomber sur sa chaise de bureau pour la considérer.

▬ Ça va mieux ? Allez, dis moi tout, c'est bon. Qui est mort cette fois ?

Au point où il en était, il était collé à cette maigrichonne démolie pour encore des années, inutile de le cacher ou de lui faire croire qu'il ne l'aiderait pas quitte à en perdre un bras. Sandy avait peut-être de la merde dans les yeux pour certaines choses, elle savait au moins remarquer l'évidence. Leif était ce grand frère flanqué à ses côtés. S'il enfilait déjà la combinaison orange plus que de mesure, il suffisait que la fille se fasse prendre pour possession pour qu'il pisse contre la première voiture de police histoire de l'accompagner. Oh une fois là-bas il ne payait pas de mine, draguait les nouvelles venues et lui jetait vaguement des regards et des tapes dans le dos le matin, l'honneur était sauf.
L'honneur, l'ego, on se rattrapait à ce qu'on pouvait. Mais s'il pouvait se servir de son don pour envoyer un parpaing à la gueule d'un des types qui lui avait volé sa meilleure amie, il ne pouvait se priver des petits plaisirs de la vie que lui permettait pour une fois son nouveau don.



«C'EST PAS PARCE QUE J'SUIS JEUNE QU'J'PEUX PAS LEUR FAIRE LA PEAU
DANS CE MONDE JE M'ENNUIE MOI JE T'AI DANS LA PEAU
COMME UNE HÉROÏNE QU'ON CHÉRIT UN PEU TROP»


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MessageSujet: Re: Who will fight and who will fall ▬ Sandy   Who will fight and who will fall ▬ Sandy Icon_minitime

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