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 Des mondes en vrac qui te soufflent des mots...

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Des mondes en vrac qui te soufflent des mots... Vide
MessageSujet: Des mondes en vrac qui te soufflent des mots...   Des mondes en vrac qui te soufflent des mots... Icon_minitimeLun 30 Juil - 13:34

Alors voilà, je me sentais obligé de laisser ma trace sur ce forum, comme une limace qui abandonne une traînée de bave dans son sillage. /O/ Pour cela, je crée en ce jour ( je suis solennel, remarquez ) un sujet afin de vous exposer tout un tas de textes louches qui datent plus ou moins. Tous des One-shot, parce-que je trop nul pour écrire des fics à chapitres. Very Happy
Comme il faut bien commencer par quelque chose, je vous envoie un texte humoristique écrit pour un petit concours, sur un site. Le thème était le suivant : écrire la mésaventure d'un marquis qui se faisait attaquer par son voisin. Il avait le choix entre se battre ou fuir vers les collines.
Voyez donc par vous même quelle solution j'ai choisi Very Happy..... ( Note : ça fait un bail maintenant que j'ai écris ce texte, deux ans environ, et je n'ai pas pour habitude de corriger mes anciens textes..... Il y'a donc des fautes d'orthographe et des tournures bizarres, ce genre de chose ; désolé d'avance. )

Le marquis souffla bruyamment, suffocant sous la masse des manteaux de fourrure qui l'entourait. Quelle idée avait-il eue de se cacher dans le stock de fourrures pour l'hiver ! Il faisait si chaud ! Certes, toutes étaient exquises, mais le bal de Noël n'aurait peut-être pas lieu cette année. Ernog gémit en pensant qu'il n'aurait pas sa dose de marrons glacés. Ce constat l'emplissant de fureur, il décolla ses petites mains boudinées de ses hanches suantes, et entrouvrit la porte de l'armoire. Les rustres du comte Klauss n'étaient toujours pas là. Bien. Le marquis se releva en soufflant, ses dix mèches survivantes plaquées sur le front, et sortit à grande peine, et renfort de jurons distingués.

-Quelle horrible journée ! Oh, bouse de bouse !
Certes, ce n'était pas vraiment adapté à la situation présente. Mais un noble devait rester correct en toutes circonstances, aussi dramatiques soient elles. Fier de ne pas avoir succombé au langage cru des culs terreux, Ernog se mit à courir dans le couloir. Il lui vint à l'esprit, que partir sans même manger serait peu judicieux : le temps de s'éloigner de cette région, il allait avoir faim. Son ventre gras poussa un soupir de soulagement quand cette pensée vint à l'esprit du marquis. Il se dirigea vers les cuisines en soufflant comme un bœuf, et se déchargea avec regret de son haut. Ses bourrelets retombèrent mollement en un amas de chair flasque, vers son entrejambe, mais il continua son chemin. La chaleur le frappa d'un seul coup, et le gras marquis tourna sa tête vers une fenêtre : dehors, les maisons brûlaient. Sûrement avec leurs occupants. Les larmes lui vinrent aux yeux, en pensant aux récoltes gâchées, et il souffla bruyamment. Tant de nourriture brulée pour rien ! Vraiment, la guerre n'était qu'un grand gâchis. Des images de champs brûlants à l'esprit, Ernog se remit à "courir" vers la cuisine. Finalement, il s'arrêta, pantelant, devant les portes de la pièce sainte de son manoir.
Le noble eut un sourire malgré la situation, et pénétra dans sa salle favorite, en exhalant un soupir satisfaction. Il se dirigea vers un placard, et l'ouvrit à la volée. Là ! Ah, oui, du jambon. Il tendit son bras, mais réalisa que celui ci était trop court. Le marquis, affolé par la perspective que son en-cas puisse lui échapper, se tourna avec une rapidité surprenante pour son poids, et chercha une chaise des yeux. Finalement, il ne trouva qu'un tabouret. C'était toujours cela de pris.
Ernog s'approcha, et se saisit de l'objet qui l'aiderait à attraper sa collation, en bénissant les cuisiniers d'avoir fui sans penser à prendre avec eux le jambon. Bah, quelle bande d'idiots. Le visage rougi par l'effort, de devoir porter le tabouret sur dix mètres de distance, le marquis s'autorisa une minute de pause, avant de monter dessus. De suite, il se pencha, les yeux exorbités, la bave aux lèvres, et le souffle coupé par la pression du bois contre son ventre. Sa main toucha le saint jambon.....Et la porte s'ouvrit, laissant entrer des braillements de soldats, et de cris étouffés poussés dans le lointain. Le noble paniqua, et saisit le jambon en vitesse, en entendant une exclamation de surprise. Dans sa précipitation, il tomba en arrière, et atterrit sur le dos, une flèche sifflant au dessus de sa tête. Il poussa un gémissement, et dans un mouvement pachydermique, rampa derrière un plan de travail, dans une protestation du sol, et de son pantalon qui se déchira. L'urine qui mouillait exclusivement son caleçon jusqu'à maintenant, se répandit sur le carrelage. Un nouveau mugissement, et un ordre aboyé lui apprirent que les soldats étaient encore dans la cuisine. Par un miracle des plus inattendus, de ceux qui laisseraient même une personne ouverte d’esprit pantoise, Ernog se releva en vitesse, et saisit un couteau à pain, son jambon collé contre sa poitrine.

N'approchez pas, vils félons, ou je vous passerai sur le fils de ce... couteau !
Même si sa voix n'avait pas été exceptionnellement aiguë, et tremblotante, la vision d'un noble gras serrant un jambon contre lui, un couteau à pain brandi devant lui, n'aurait sûrement pas impressionné les vétérans. Sciés par cette vision grotesque, ils éclatèrent de rire à l'unisson. Les nerfs du marquis interprétèrent mal les gestes, et il balança son arme de fortune. Deuxième miracle. Le couteau se planta dans une gorge, et un rire se mua en gargouillis. Décidément, Ernog aimait la cuisine, et elle le lui rendait bien. Sûrement diffusait-il des bonnes ondes, ou avait il un bon karma ? Quoi qu'il en soit, cinq secondes passèrent avant que les compagnons du soldat touché ne remarquent que leur confrère mourrait. Ce fut le fracas du corps enrubanné de métal qui les firent sortir de leur fou rire. Le marquis s'était déjà éclipsé. Les vétérans jurèrent, achevèrent l'agonisant, et se précipitèrent en trombe dans le couloir par lequel le noble était arrivé. Le sujet de leur fureur se releva, tremblant. En réalité, il s'était juste rebaissé derrière le plan de travail en s'attendant à des représailles. Mais visiblement, les soldats avaient jugés bon de croire qu'il avait été assez courageux, pour tenter de fuir en risquant de se faire attraper. Grosse erreur de leur part. Il se dirigea vers la porte, sans reprendre le couteau à pain, mais le jambon toujours en main. Le noble avait des priorités biens définies.....Il sortit dehors, et se remit à courir, malgré la chaleur suffocante.

Bourrelets tressautant au vent, mains boudinées agitées de droite à gauche, un jambon fermement tenu entre des doigts cylindriques aux ongles manucurés, le marquis entreprit une course sans grâce ; vision absurde dans un enfer de flammes. Courant au hasard, il passa devant une bonne dizaine de foyers d'où s'échappaient des cris. Mais il n'avait pas le temps de les aider. Pour garder bonne conscience, il souhaita tout de même bonne chance à une famille qui hurlait le nom de leur enfant resté prisonnier des flammes. Finalement, au gré des ruelles, il réussit à tourner magistralement en rond, pour revenir devant son manoir. Avec toutes ces habitations en feu, retrouver la sortie de la ville n'était pas bien aisé.....Soit. Ernog fit son possible pour ne pas se faire remarquer, rasant les murs en soufflant aussi fort que le vent s'engouffrant dans une vieille maison. En déployant tous ces efforts (aussi dérisoires et pathétiques étaient-ils) à rester discret, le gras noble réussit à passer devant son manoir, désormais lui aussi en flammes. Essayant de ne pas penser à toutes les réserves de viande qui avaient dû bruler avec ses autres possessions de moindre importance, le marquis fit une croix sur les lamentations, et se précipita vers les collines qui bordaient son cher manoir aujourd'hui en train de se consumer. Rouge comme jamais, soufflant du nez, des oreilles, et de la bouche, en courant d'une manière désordonnée et ridicule, il s'approchait des collines avec une rapidité hésitante entre la marche et le trot. Rien de très glorieux donc. Il arrêta finalement de trotter au bout de quelque minutes, et marcha définitivement.....Jusqu'à un camp ennemi.
Le marquis poussa un gémissement, et entreprit de rebrousser chemin. Haletant, la langue sèche et pendante, le teint cramoisi, Ernog mit un pied devant l'autre avec difficulté, un point de côté douloureux lui coupant le souffle, et des crampes le faisant marcher au ralenti. Ce qui étant donnée sa vitesse de pointe, relevait de l'avancée d'un escargot. Un escargot obèse et particulièrement lent qui s'évertuait à échapper à une bande de soldats enragés qui avaient pour but premier de l'empaler sur leurs épées et de servir ses brochettes aux rats dans les caniveaux de sa ville. Ça lui rappelait une recette avec des rats.....Une sauce au maïs avec des épices. Un délice.
Alors qu'il en était à saliver dans le vide en fixant la nuit, sans se rendre compte qu'il s'était arrêté, l'alerte fut sonnée et les soldats sortirent au galop de leur camp. Bien que tardivement, le marquis réalisa qu'il était repéré. Le noble recommença donc vainement à courir, son jambon fermement serré contre la poitrine.
Visiblement, les collines ne l'appréciaient pas autant que sa chère et défunte cuisine. Le terrain en pente décida de le trahir, et Ernog trébucha. Sa graisse racla le sol mais son jambon ne lui échappa pas. Finalement, une roche dépassant de la terre arrêta sa chute. Le fait qu'il soit soudain collé et exposé depuis le haut d'une colline aida grandement l'ennemi. Son poids joua un rôle décisif dans sa mort. En effet, il le rendait difficilement ratable, même pour le plus incompétent des archers. Les flèches le transpercèrent. Les soldats s'y reprirent à plusieurs fois, dubitatifs : peut-être les pointes ne traversaient-elles pas le gras de leur cible ? Finalement, une trentaine de projectiles enfoncés dans le ventre, un autre dans l'œil, avant de mourir, Ernog eut un regret.
Il n'avait pas eu le temps de manger son jambon. Quel gâchis.
Puis la mort l'emporta, où que soit l'enfer, ou le pays des cuisines, le marquis y atterrit sûrement.




( Tant qu'on y est, en voici un deuxième ; encore pour un concours. Thème : rencontre d'un humain et d'un animal. Il fallait écrire du point de vue de ce dernier. J'ai eu beaucoup de mal, parce-que c'était la première fois que je m'essayais à ça ; ce fut aussi la dernière jusqu'à maintenant. )



Je somnole, morose, couché sur la pierre brulante. Je sens ses reliefs coupants contre ma peau, mais je n’ais pas la motivation de me lever. Dans le ciel, le soleil est haut, à son zénith, et ses rayons ardents tombent dans mon enclot comme pour m’y enfermer de manière plus désagréable encore. Comme si les barreaux et la paroi artificielle ne suffisaient pas ! Je suis bien assez mal. Gardé prisonnier pour le plaisir de quelques humains bruyants. Si bruyants, tellement bruyants… Ils ne savent pas communiquer, ils hurlent constamment. Dans ma savane d’Afrique, ils n’auraient aucune chance. Petits mammifères geignards et sans force, si faibles, si lents. Quelques foulées exquises pour les attraper dans ma gueule. Broyer leurs os minuscules, mâchonner leur chair abondante. Il faut réguler leur nombre… Si je n’étais pas en cage, leur ville serait ma savane. Pauvres petits humains. Dans ma savane, ils n’auraient aucune chance. Dans ma savane, je serais le roi. Leur seigneur, leur bourreau. Ils le savent, alors ils se moquent, ils rient de moi depuis leur place surélevée… Ils me retiennent par dépit, par vengeance, pour croire qu’ils pourraient quelque contre mes griffes et mes crocs. Petits humains envieux, petits humains cauteleux.
Je reste couché depuis la pierre, les yeux levés sur eux. Ils défilent, s’extasient, rient. Moi, je ne peux qu’observer, silencieux, immobile. Je sens mes muscles qui n’attendent qu’une traction, mes pattes que je sais puissantes, ma gorge qui voudrait s’emplir d’un nouveau rugissement. Je sens la force de mon corps, je connais le rasoir de mes griffes. Je sais que je les impressionne ; j’ai fier allure. Je suis massif, doré, sauvage. Je suis un fauve, le roi de la faune. Ma crinière se déploie en couronne, pour leur signifier ma suprématie. Je suis un lion. Celui de ce lieu, de cette foire qui porte le nom de « zoo ». Un zoo. Ainsi se nome mon royaume. Le royaume de Zoo. Mais je ne puis quitter mon palais. Je suis le roi de l’illusion. Ils ne veulent pas reconnaître la légitimité de ma domination sur eux. Les hommes me parquent et me volent ce territoire qui m’appartient… Après m’avoir arraché aux vastes savanes. Mes savanes.
Une seule femelle pour me contenter, comme si je ne valais pas mieux. Ne suis-je pas digne de tout un harem ? Mes héritiers seraient aussi puissants que moi. J’ai bien assez de force pour engrosser toute les femelles qu’on me présentera ! Mais non, ils ne me présentent que celle-ci, que j’ai déjà saillit tant de fois, depuis tant d’années. Je suis las de ma vie. Ce n’est qu’une routine insupportable. Une existence insupportable. Les petits humains, mes petits sujets, se donnent même le droit de me nourrir. Je ne chasse plus. Je suis comme un chat de salon, un petit minet ; non pire. Un gros matou, gras et inoffensif. Un félin de seconde zone. Voilà à quoi ils me réduisent, ces petits humains. Je les maudits.
Mes yeux coulissent sur la rangée qu’ils forment. Ils me regardent tous. Qu’ils sont bruyants, qu’ils sont laids. Tous des brindilles- ou d’informes masse de chair sans muscles. Ils me dégoutent. Leurs dos droits, leurs mains aux doigts si longs, leurs épaules étriqués, leurs cous fins… Si j’en poussais un par terre, il se casserait. Aucun n’a la carrure d’un roi, mais ils se donnent le droit de nous imposer leur joug. Petits humains présomptueux. Que vous êtes laids.
J’observe la foule, je bats de la queue. Fouette l’air, fouette l’atmosphère brulante. Elle remue comme prise dans une mélasse ardente, infinie, qui aurait envahit chaque parcelle de vide de ce monde si vaste. Je suis las, si las ; combien d’autres seigneurs parqués à travers cet univers d’humains ? Combien de rois nourris par des petits singes blafards ? Je remue la queue, et la foule attend, attend, attend… Puis poursuit son chemin. D’autres viennent. D’autres partent. Je suis une attraction. Un roi devenu bouffon.
Les hommes passent, disparaissent, reviennent. Leurs progénitures m’observent avec crainte et respect. Eux, ils savent : ils sont jeunes, et leur instinct n’est pas encore brouillé par un orgueil d’adulte. Les petits humains me regardent comme tous devraient le faire. Comme un roi. Pas comme un bouffon. Dans leur esprit qui s’éveille, je ne suis pas un vieux lion couché dans une cage… Je suis un être puissant et magnifique, un fauve à la fourbure doré qui s’enflamme sous le soleil. Mais cela ne durera pas, non. Ils vont oublier. Et apprendre. Apprendre qu’un lion n’est rien de plus qu’un seigneur déchu. Que je suis emprisonné par leur race… Par leur ingéniosité de petits singes brailleurs.
J’aime les enfants. De tous les humains, ce sont les seuls qui me respectent encore. Ils feraient de bons sujets, et des proies faciles. Ils sont flasques, empâtés, si niais ! Des petites jambes, un visage qui s’éclaire à chaque découverte, et des grands yeux qui ne voient jamais les choses au bon moment… Et pourtant, je les aime. Ils sont faibles et geignards, mais il y’a quelque chose de beau en eux. Une force étrange. Un charme que je ne saurais expliquer. Peut être cette notion stupide… L’innocence ? La candeur ? Je n’y ais jamais crus. A l’instant même de sa naissance, un corps a besoin de nourriture. Il doit avaler la viande d’un autre corps pour subsister, sans quoi, il meurt. Nos fibres sont imprégnées du meurtre et de la chasse. Cela vibre en nous, quoi qu’en dise les hommes ! Chaque parcelle de leur peau a été celle d’un autre un jour. Leur corps présent appartient à la vie passée Un enfant n’a jamais été innocent. Tout en lui est issue de la mort, qui a servit à former ce qu’il est. Et c’est bien ainsi. Pourquoi chercher une autre vérité ? Les humains se mentent toujours. Ils veulent imposer au monde des choses qui n’existent pas. Des principes rassurants, étriqués. Même si ils dominent ce monde, ils n’en sont pas moins ignorants et stupides au fond d’eux même. Ils n’ont rien appris de la nature, rien retenu de la force de leurs ancêtres, rien gardé de leur vie saine. Non. Les humains sont un insupportable paradoxe. Des contradictions qui s’entrecroisent pour former une logique qui n’appartient qu’a eux, des modes de pensées complexes qui n’aboutissent à rien, une histoire incohérente… Ils aiment faire du bruit ; « rire », communiquer. Ils aiment la peur et la tristesse. Ils sont si éloignés de la nature première de tout être, qu’ils cherchent même à se stimuler par la diffusion d’images parlantes, et par cette activité étrange, incompréhensible ; l’immobilisation du corps pour la concentration du regard, sur une étrange créature de leur invention, qui raconte des histoires. D’une forme singulière, régulière, sentant l’encre et le pétrole… Une créature faîte d’arbres compressés et de liquide figé. Ils la nomment « livre », cette forme de vie artificielle créer de toute pièce, cette chimère qu’ils observent pendant parfois des heures ! Les hommes sont fous.
Mais ils sont les nouveaux maîtres de ce monde. Ils nous asservissent… Même moi. Un roi. Comment tout cela finira t’il ? Un monde gouverné par des fous est voué à disparaitre. Sa perdition a déjà commencé ; et je ne peux pas même me battre. Je suis fatigué… Si fatigué. Je n’ai plus la force dont je me vante. Je ne peux plus me targuer d’être un chasseur. Quel roi fais-je donc ? Je suis misérable…
Et ce soleil qi frappe, dont les rayons incandescents, pareilles à des lignes de fer brulants viennent s’écraser sur ma peau… Je suis transpercé, mis à terre. Ma queue cesse de battre, mon souffle ralentit. Je sens mes paupières lourdes qui se ferment, la noirceur du sommeil qui s’empare de ma vision. Mon cœur prend graduellement un rythme indolent, et je sais que je vais m’endormir. Devant tout les petits singes. Cette pensée me traverse, et…
… Je me réveille. Ma peau est moins chaude. Un petit vent frais souffle sur mon corps. J’ouvre les yeux, constatant que le soleil a baisé. Ce n’est pas encore la nuit, ou même le crépuscule, mais le ciel est moins clair. Une grisaille lourde l’emplit ; non. Il n’en est pas emplit, il est cette grisaille. Je le sens presque, alourdis, qui penche vers le sol, se bombe vers la terre. En levant les yeux, j’ai l’impression de fixer un plafond prêt à s’écrouler.
Etrangement, moi, roi du soleil et des vastes savanes… Je me plais sous ce ciel lesté de plomb. Mais il y’a une raison à cette sympathie nouvelle envers l’orage : il fait fuir les hommes. Déjà, mon royaume de Zoo ne résonne plus que d’échos. La pluie m’apporte la paix. Les prémices d’un reposant silence s’installent, doucement, sagement, et je savoure déjà la nuit à venir. Pitoyable. A-t’on déjà vu un roi régner le soir ?
Je relève la tête, et porte un regard satisfait vers la haute corniche, celle qui surplombe mon « enclot », ma salle royale. Derrière les barreaux, une seule présence : une jeune humaine. Je la fixe, attendant son départ. Ses yeux plongent dans les miens. Et c’est comme si le monde ne se résumait plus qu’à son seul visage.
Elle est glabre, blafarde… Non. Opaline et crémeuse. Sa chevelure d’ébène retombe dans son dos, cascade bouclée, liquide, dont les reflets gris semblent glisser comme des ombres pâles à la surface d’une eau huileuse. Ses traits délicats irradient d’une lumière indépendante, qui s’échappe de chacune des courbes aériennes dessinant son visage. Jamais je n’avais trouvé une humaine attirante. Mais de son être, se dégage une sensualité impérieuse, irrésistible. Ses lèvres pleines s’entrouvrent, et alors que je ne sais habituellement pas nommer les grimaces simiesques, celle-ci porte un nom précis. Surprise. Surprise dans l’incarnat de ses lèvres, surprise dans ses joues relevées, surprise dans ses sourcilles qui se haussent. Et dans ses prunelles bleues de nuit, une ronde d’éclats outremers se perdent dans une lueur qui les noient soudain. Ressent-elle aussi cette attirance qui ne souffre pas de différence ? Je me relève, me dresse sur mes pattes. Quelque chose tremble dans mon cœur. Cela remonte dans ma poitrine, s’élève dans ma gorge. Je me sens vibrer. Une énergie crépitant emplit ma gueule- puis s’en échappe. Le silence est déchiré par un grondement puissant, un rugissement qui se propage dans l’air en le laissant affolé. Le vent même en reste ébranlé. Le tonnerre né de ma poitrine s’étend jusqu’aux limites du monde.
Je reste dressé, fière, la gueule ouverte, fixant l’humaine dont le visage a été repeint par un ébahissement magnifique. Je lui ais fais l’honneur d’une reine. J’ai grondé de toute mon âme pour elle. Mais à l’instant même, je le regrette. Oui… Comment pourrait-elle comprendre ? Son instinct de singe brise le charme. Cela n’a duré qu’un instant. Un regard, et le roulement du tonnerre dans ma gorge. Elle s’échappe, poussant ce triste hurlement, fade, éolien, qui disparait déjà, à peine éclot dans sa bouche qu’il est mort dans la seconde. Je suis debout, fixant ce vide qui me parait d’une étrange profondeur. Sans elle, il me semble que l’air est soudain devenu creux.
Les ventres gonflés des nuages se déchirent. La pluie s’abat sur mon royaume. Imprègne mon pelage. Zoo est trempé par l’orage, qui rugit dans le ciel gris. Il rivalise avec mon grondement, m’aplatit, me hurle son mépris : sa force est autrement plus impressionnante que la mienne.
Je suis un roi oppressé.
Et je suis seul.
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Des mondes en vrac qui te soufflent des mots... Vide
MessageSujet: Re: Des mondes en vrac qui te soufflent des mots...   Des mondes en vrac qui te soufflent des mots... Icon_minitimeLun 30 Juil - 17:28

Tient, pour aujourd'hui je rajoute à ce sujet trois petits textes. ( Des trucs glauques et déprimants, parce-que j'adooooore ça. /O/ )
Trois one-shot encore une fois, mais ceux là écrit pour la plaisir, sur un coup de tête, un idée..... Comme la plupart de mes textes en fait. Le premier est le plus vieux de ces trois textes. Il doit dater de quelques mois, je sais pas, cinq ou six peut être.

L'embrun glaciale que crachaient les vagues attaquait son visage.
Elle hurlait, perchée sur son rocher, ses poumons en feu, les yeux luisants de larmes factices qui avaient roulées depuis son front ; l'air salé dévorait sa peau et ses prunelles. Le vent qui la fouettait jetait de l'acide sur son corps nu. Sa gorge n'était plus qu'un couloir étriqué en proie aux flammes immortelles de l'iode. Il chevauchait les bourrasques, habitant de l'air du large, peuple du feu issu de l'eau glacial. Et elle était sa proie. Le vent la rongeait.
Son beau visage commençait juste à fondre. C'était un énorme gâchis : elle était la plus réussite de toute, l’apogée d'un art. C'était la première glace parfaite à laquelle on avait insufflée la vie ; la première œuvre d'art vivante créer par l'homme. Ou du moins... La première qui réagissait comme un être doué de raison. Alors pourquoi l'avait on abandonnée ici ? Au loin, la plage était couverte d'humains à l'affût. Ils l'observaient qui mourrait. Voyeurs... Ils ne faisaient rien de plus que la regarder. Elle hurlait pour qu'ils viennent l'aider.
Elle ne pouvait pas nager jusqu'à la plage. L'eau salée aurait fait fondre son corps avant qu'elle n'ait pu la rejoindre, ou même esquisser plus de trois brasses. Ce rocher était son seul espoir de survivre... Et sa prison. Les vents marins l'agressaient. Ses joues se creusaient, redevenaient pur liquide alors que ses yeux humains la brûlait. On lui avait accorder la vue de ses créateurs. On lui avait donné la parole.
Mais tout cela ne lui servait à rien. Elle allait mourir.
Le vent lui souffla sur la poitrine, avide, et s'en saisit comme les mains d'un soudard. Fonte. Ses seins glissèrent le long de son torse humide et allèrent se briser sur le sol dans un tintement de verre mélodieux. Un bruit qui n'avait pas sa place ici.
Anpagué se sentit violée. Elle se replia sur le rocher, cachant son corps béant sous une vaine étreinte. Ses bras coulaient le long de ses genoux rongés. Elle n'avait presque plus de pieds. Ses orteils formaient déjà une flaque d'eau claire, et l'écume projetée hors de la mer par la cavalcade des vagues retombait sur tout son corps. Ses épaules étaient creusées par le sel, et son dos ruisselait de sa propre chair glacée. Quant à ses doigts trop fragiles, elle les sentaient près à craquer au moindre geste. Ses dernières minutes en ce monde n'étaient plus qu'une agonie indolore et horrifiante. Les humains, sur la plage, l'observaient avec ce qui semblait être une grande excitation.
Elle aurait voulu pleurer, mais on ne l'avait pas doté ni de larmes, ni de sang. Elle aurait voulu fermer les yeux, mais on ne lui avait pas fait don de paupières. Elle pouvait juste attendre que ne cesse son existence.
Son nez la prévint qu'il allait la quitter d'une petite glissade jusque sur ses lèvres froides. Elle souffla pour qu'il tombe plus vite, et il dégringola la pente de son visage, oscilla un instant sur la pointe de son menton, puis alla s'écraser entre ce qui restait de ses pieds. A quoi bon le retenir ? C'était fini de toute manière. Elle ne pouvait plus rien faire. Juste cesser de crier et se replier, pour leur ôter le plaisir d'observer son agonie. Il ne verrait rien, juste un morceau de glace qui fondait ; mais aucun corps beau et fragile qui se faisait liquide sous le vent. Car c'était ce qu'elle était à leurs yeux : un beau corps de glace qui allait disparaître. La poésie cruelle de sa mort était un enchantement du regard. Alors, forcément... Cela faisait un bon spectacle.
Ses lèvres finirent de disparaître, ne laissant sur ce qui avait été son visage, qu'une fente mince et vide. Elle n'avait plus de dents depuis longtemps. Elles avaient coulées dans sa gorge et fondues dans sa poitrine.
C'était là qu'allaient glisser ses yeux.
Autour d'eux, ne restait rien de la glace rongée par le sel. Ils tombèrent dans son corps creux, et s'écrasèrent tout au fond de ce qui avait été son bassin. Ils voyaient encore. Le ciel... Il était clair et bleu. Les monceaux de son corps scintillaient dans la lumière du jour, comme des icebergs dentelés. Elle n'avait jamais vu quelque chose d'aussi beau. Son corps était une merveille.
Alors, une vague plus haute que les autres surgit de l'océan. Elle s'arracha à sa masse corrosive, muraille liquide emplit de sel. Les yeux d'Anpagué fixèrent cette mort grandiose. L'écume acide avait une certaine beauté, et tout cette eau d'un bleu profond lui inspirait tout à la fois la crainte et le respect.
La mort n'était pas si laide.
Elle s’abattit sur le rocher et l’engloutit... Son corps dansa un instant dans le chaos de l'océan, tourbillonnant au milieu de cette eau mortelle. Puis il se dissout.
Et ses yeux, telle deux perles de nacre rehaussées de saphirs, se posèrent sur le sable et cessèrent de voir.



Arraché à la glaise et la chair, cette vie de mort vagit une vague complainte de douleur. Un premier souffle pour ravager ses poumons et brûler sa gorge. Une entité qui s'engouffre entre ses lèvres molles et le fait expirer en cet instant de souffrance. Première seconde en ce monde, première douleur pour le faire crier. Il hurle comme tant d'autres avant lui, vulgaire, gesticulant de son corps flasque qui ne peut que vainement trembloter. Ses bras boudinés et rosâtres brassent un vide moite qui le viole, brusque son être empâté par neuf mois à végéter en l'antre obscure d'une mère. Il menace de glisser entre les doigts qui le serrent, de s’épandre en leurs creux et de combler les sillons de ces paumes vétéranes. Cent ou plus ont déjà frétiller au bout de ces bras tendus. Autant qui remuent aujourd'hui dans d'autres mains vieillies par la lourdeur d'une vie nouvelle. Ce poids si vain. Cette vie qui vient saisir sa part d'air et d'espace sans conscience de rien. Le monde la soumet, dompte son arrogance d'exister. Une respiration pour mater cette misérable créature à la la face rougeote. Et pourtant, elle s'y accrochera fermement... Ne voudra plus cesser de respirer désormais. Tout sera fait pour empêcher la mort de s'emparer de l’horripilante chose neuve. Sa vierge fragilité n'attend que d'être brisée par un amour unilatéral. Ce prochain Raphaël rejoindra bientôt le rang des suicidés. Son pauvre corps éclaté contre un goudron noirâtre, labouré par des os ravageurs de son être propre. Tel est son destin. Tel est le sort partagé par un petit Simon qui s'endort sous son couvercle de verre. Et Samantha, qui ne naîtra que deux ans plus tard, emportée par l'ombre d'un homme, un agent de la mort qui semble ange tout en étant démon. Des masques. De la souffrance. Un amour qui rimera trop tôt avec mort. A l'adolescence fauché, plus de souffle prolongé pour ces enfants du malheur. Car le vie est injuste.
Car le monde les tuera.
Mais pour le moment, ce n'est qu'une porcelaine écarlate, que l'on pose délicatement dans son coffret de soie. Il rejoint un lit à la dentelle industrielle, à l'abris sous la tiède couverture du verre conforme, lisse et protecteur.
Dors bien mon petit, être de vie né de la mort, ô nourrisson à la peau si douce dont la tendre chair est issue de cadavres. Rêve de la mort qui t'as formée, rêve de la nuit de laquelle tu as surgit... Demain est un jour nouveau. Un autre combat.
Bonne nuit.



L'éclat brisé de la vie. Radiance ternie qui se répand sur la Terre, rampe sur le sol. Une lumière grise parcourt les allées obscures, noyées par l'ombre de grandes tours. Béton qui enténèbre cette ville d'étincelles mourantes. Une foule s'amasse et tournoie vainement sur les trottoirs goudronneux. Des braises qui parsèment ce grand foyer souffreteux. Autant de cendres rougeoyantes, valsant, se confondant en une foule de lueurs falotes. Dans des antres blafardes, quelques-une crachotent d'autres étincelles, d'autres parcelles d'un feu qui s'éteint. L'incendie se meurt, tout est consumé. Il ne reste que ces flammèches qui vacillent, alors même que le vent essoufflé ne les attise plus. Elles s'accrochent à ce qui n'a pas été brûlé. Pas encore. Des brandons illuminent la nuit, perdus au milieu de braises spectrales. Mais elles savent que ce n'est pas réel, que leur espérance est une doucereuse illusion. Un mensonge sucré qui séquestre leur raison. L'étouffe. La foule est une flamme démente qui s'éteint dans les rues, une nuée délétère vouée à se perdre au milieu d'un vaste vide. Elle veut remplir un espace destiné à rester vide. Sa masse grouillante roule comme une vague de braise vers l'océan. Un abysse de noirceur glaciale, une plaie guerrière d''encre profonde et dévorante de l'univers. Guerrière de son siège sur cette sphère de plomb, qui s'enfonce en le spatial abîme de ses tréfonds gelés. Entrailles de ce gouffre qui redéfinit la mort, qui donne un sens nouveau à l'hiver. L'hiver du vide, l'hiver perpétuelle qui se masse aux lisière de la chaleur évanescente d'une fragile planète. Lézardée de gouffres, de gerçures poussiéreuses. Cette lumière fracturée pleut dans les rides de la Terre éreintée. Un orage de cendres et d'étincelles se dépose en tapis crépitants dans les sillons du monde. Les villes s'écroulent en soulevant la poussière des choses brûlées et mortes. Des choses anciennes ravagées par l'incendie fait braises. Car tout n'est plus qu'agonie, les spectres se réveillent pour railler la vie décadente.
Bientôt les flammes cessent de mettre bas. Les étincelles ne naissent plus en leur sein. Trop terne, la lumière grise s'éteint dans la cendre froide. Alors ne restent que des décombres et le fantôme d'un incendie, qui sans même une lueur pour témoigner de sa faim passée, ne peut compter que sur la poussière des choses. Sa seule mémoire.
Alors que la sphère tombe, que la Terre se creuse. Le vide si profond engloutit cette orbe desséchée. Il gèle la poussière et se moque des cendres inertes. Les pierres éclatent dans la banquise ultime, les montagnes s'écroulent et dispersent leurs éclats à travers le monde mort. Son océan est une pluie glaciale. Les continents rendus givre par l'ombre s’émiettent et dispersent en flocon gris à travers l'univers. Une grêle terne s'immobilisent dans le ventre de l'espace. Dispersée... Immobile... La Terre n'est plus.
La vie n'est plus.
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Des mondes en vrac qui te soufflent des mots...

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