✂ Surnom : Celui-don-on-ne-prononce-pas-le-nom, Le-prof-terrifiant.
✂ Age : 24 printemps.
✂ Profession : Professeur de Mathématiques
✂ Ancienneté : 12 ans, il y est entré à 12 ans.
✂ Situation Amoureuse : Célibataire.
✂ Classe d'origine: PHY (vraiment tout sauf PSY) .

Bonjour à tous ! L’enquête exclusive qui parait ce mois dans votre journal préféré, le Aisling News concerne l’un de nos professeurs doté d’une solide réputation. Moi, votre bien aimé reporter, ai bravé les tempêtes et les nombreux obstacles se dressant sur ma route pour tenter d’en apprendre plus sur le mystérieux Aedan O’Kent, professeur de mathématiques. Pour ce faire, j’ai interviewé plusieurs personnes dont la retranscription fidèle des propos suit ce petit message d’introduction. Que se cache-t-il donc derrière le visage de ce brun ténébreux ?

Bonjour Richard ! Tout d’abord, il m’a été rapporté que vous et Aedan O’Kent étiez camarades à Aisling, est-ce vrai ? Vous souvenez vous d’une première rencontre ?

Aedan et moi sommes de la même année. On était aussi dans la classe des PHY, donc on partageait la quasi-totalité des cours. J’avoue pour la première rencontre que je m’en souviens pas très bien. Je sais juste que c’était un gamin qui n’aimait pas parler, avec vachement de calme, et une attitude un peu blasée. Au début, on n’aimait pas trop ça, parce qu’on y voyait un côté très hautain. Après on a compris que c’est juste qu’il était timide, alors on l’a bien intégré ! Mais j’avoue que je me suis toujours demandé pourquoi il était chez nous, et pas chez les PSY. Surement à cause de ses dons hors pairs en sport, j’imagine.

Ah, c’est donc un fait avéré que M. O’Kent était déjà excellent en sport à son entrée à Aisling ?

A ça, n’importe qui ayant été à Aisling en même temps que moi pourra vous le confirmer ! C’était un génie du ballon, quand il a débarqué. Il était aussi très bon en athlétisme et il s’est réellement perfectionné dans le 200m et le lancer de javelot pendant qu’il était élève. Les gens disaient pour rire qu’il s’agissait de son défouloir, quand il était énervé mais que ça ne voulait pas sortir. Après, je suis incapable de vous dire contre quoi il pouvait s’énerver.

Et donc, vous n’avez jamais vu des excès de colère de sa part ?

Ah si ! Ca a surgi vers la 5ème année environ. Un jour, il a pété un câble, tout simplement. Il s‘est mis à jurer en hurlant, à raconter des trucs bizarres, il a balancé trois chaises par la fenêtre, puis il est parti. Au début, on trouvait ça bizarre, mais c’est devenu une habitude. Les gens disaient que c’était parce qu’il ne pouvait pas contenir toute la consternation qu’il éprouvait à notre égard. J’crois qu’on l’a un peu traumatisé en fait. Enfin, je vous mets en garde, ses crises sont vraiment inattendues, et quand elles arrivent, vaut mieux se planquer sous la table.

Merci du conseil ! Et merci de nous avoir consacré un peu de temps pour répondre à nos questions. A présent, je vais interroger une élève avec M. O’Kent comme professeur et qui souhaiterait rester anonyme. Bonjour Mademoiselle !

B-Bonjour.

Pas la peine d’être si timide et hésitante, aucune information ne sera divulguée sur votre identité. Vous êtes donc une élève de M. O’Kent n’est-ce pas ? Que pensez-vous de lui en tant que professeur ?

Il est très…spécial. Il donne de très bonnes explications en cours, avec des exemples pertinents. Le problème, c’est qu’il nous donne énormément de travail à faire le soir, et c’est souvent impossible de pouvoir tout réussir. En plus il nous appelle par des surnoms étranges, quand il ne se souvient pas de nos noms. Il est très strict aussi, et déteste le bruit. Quand il arrive en classe, tout le monde s’arrête de parler d’un coup ! J’avoue qu’il ne sourit presque jamais. En fait, il a l’air tout le temps de mauvaise humeur, mais ça lui rajoute un petit côté mystérieux que ne nous déplait pas *rires*. Et puis, il parait qu’il a eu une période métal dans sa jeunesse, et qu’il a des tatouages sur le corps.

Je vois. Et avez-vous déjà été victime d’un de ses excès de colère ?

Quand on a eu M. O’Kent comme professeur, on l’a forcément vu…comme ça. Et ça arrive vraiment souvent. Il suffit que quelqu’un n’ait pas fait tous ses devoirs, ou que la classe ait raté une interrogation pour qu’il se mette à fracasser sa chaise par terre. Quand des élèves parlent, il leur balance des craies et leur ordonne de faire des pompes devant toute la classe. Il a déjà jeté son livre à la figure de mon voisin ! Du coup on essaie de bien s’améliorer au fur et à mesure de l’année pour qu’il s’énerve moins. Et ça marche ! Mais il est vraiment terrifiant, il en impose ! On a l’impression que c’est exclusivement dans ces moments-là qu’il ressent des émotions, à part quand il joue au foot avec les élèves. Il est tellement beau d’ailleurs *air rêveur* euh enfin excusez-moi ce n’est pas ce que je voulais dire.

De ce que j’ai cru comprendre donc, la gente féminine du lycée est assez attirée par lui ?

Oui, mais on a peu d’espoirs. Vous savez, il y a pas mal de rumeurs qui circulent dans l’établissement sur la relation qu’il entretient avec M. Locklear, le professeur de sport… On pense qu’ils sortent ensemble. C’est vrai, après tout, M. O’Kent est un athlète très performant, c’est étrange qu’il ait décidé de devenir professeur de mathématiques, et qu’il ait laissé ce poste à… Enfin à M. Locklear quoi. Donc il se pourrait bien qu’il y ait quelque chose entre ces deux-là. Nos meilleures agents sont sur le coup pour découvrir tout ça *regard déterminé et enflammé *

…Oui… Je vois. Merci pour votre témoignage ! Et enfin, je vous demande d’accueillir un membre de dernière année et capitaine du club d’athlétisme, Ethan. Bien, donc, que pensez-vous de M. O’Kent ?

Je me demande juste comment quelqu’un d’aussi doué au foot et au 200m a pu choisir d’enseigner une matière aussi pourrie que les maths. En plus tout le monde sait qu’il déteste ça. Il se venge juste sur les PHY parce qu’ils l’ont traumatisé pendant les huit années qu’il a passé ici. Après, il nous est d’une très grande aide dans le club, il donne des conseils aux élèves. Oh, ses méthodes ne diffèrent pas de celles qu’il a en cours, mais au moins on voit du progrès ! Il est très déterminé et concentré dans tout ce qu’il entreprend, et ne va pas lâcher l’affaire. Mais bon, vous imaginez le paradoxe. C’est un ancien PHY qui est prof de maths quoi. C’est aussi délirant que si on avait un ex-ELEM comme prof de sport !... Oui bon j’ai rien dit. Enfin, si ça peut vous rassurer, il blaire pas ces coincés de PSY non plus. Il blaire pas grand monde en fait, il a toujours l’air ronchon.

Et comment voyez –vous les rapports qu’il entretient avec les élèves ? Est-ce qu’ils l’aiment plutôt bien ?

*rires* M. O’Kent n’a aucune éthique en tant que prof. Il a déjà dû se taper quelques élèves, ce serait bien son genre. Il n’entre pas ce genre de considération en compte. Je sais que pas mal de filles viennent s’installer discrètement dans les gradins quand il y a un match de foot, ou un tournoi d’athlétisme organisé, et il se serait pas du type à refuser des avances si la meuf est pas dégueu. Après, je ne prends pas débat sur les rumeurs qui courent sur lui et M. Locklear, mais ça me semble un peu étrange. Je pense que les élèves le respectent, mais je sais pas du tout s’ils peuvent réellement l’apprécier. En tout cas, tout le monde dit qu’il est frigide, mais c’est faux. Je l’ai déjà vu sourire pendant qu’il supervisait l’équipe de foot du lycée lors d’une rencontre inter-lycée, ou quand il voyait ses élèves courir à l’épreuve du 200m. Il était juste fier d’eux, et ça se voyait. Après, c’est clair qu’il va pas le hurler sur les toits. Faut juste savoir lire entre les lignes.

Vous semblez assez proche de lui, alors que pensez-vous de son attitude avec son frère ? Est-ce qu’il le favorise ?

*rougit* Je ne suis pas spécialement proche de lui hein. Mais pour en revenir à Angel, je pense pas qu’il le favorise. Il n’en a pas l’air en tout cas. Faut dire, son frère est vachement flippant, on dirait un taré quoi. M. O’Kent a du mal à le gérer tout en restant objectif, et ça doit le peser. Si ça se trouve, c’est pour ça aussi qu’il passe toutes ses colères sur nous, c’est parce qu’il peut pas les passer sur son frangin. Enfin, ils n’ont pas l’air très proches, on ne les voit presque jamais ensemble. Et quand ils se croisent, ils semblent s’ignorer royalement. Il est dit qu’on l’aurait déjà vu le trainer en cours par la peau du cul, mais je n’attache pas trop d’importance à ça. Enfin, on dirait pas vraiment qu’ils sont frères tant ils sont différents !

Une dernière question ! Confirmez-vous la présence de tatouages sur son corps ? Enfin, vous avez bien du être dans les douches en même temps, non ?

*vire complètement cramoisi et tousse* Euh oui une fois, mais de là à scruter mon entraineur sous la douche. Enfin oui si vous voulez savoir, il en a sur tout le dos et le bras droit. Mais j’sais pas à quoi ils ressemblent.

Je vois, je vois. Hé bien merci pour tout ! Voilà, c’est ainsi que la rubrique se clôt, j’espère que vous avez pu en apprendre plus sur ce mystérieux et colérique professeur. A la semaine prochaine pour une nouvelle enquête !

✎ Don : Le Virus G.
✎ En détail : "Un zombie, ou zombi, est un mort-vivant, notamment dans la mythologie Vaudou et les mondes imaginaires." (Wikipédia)
Ce pouvoir permet à Aedan de transformer tout ce qui est organique en zombie. De la simple plante à l'être humain, chaque être vivant peut se retrouver flétri et décomposé, revêtu d'une couleur cendre et verdâtre, ralenti dans ses mouvements, et possédant un aspect franchement peu ragoûtant. Dans la théorie, il suffit que les doigts d'Aedan entrent en contact avec la surface directe -l'écorce, la peau- pour qu'il y ait transformation.
✎ Maitrise : Il est impossible de donner un pourcentage de maitrise, car il existe divers aspects de sa pouvoir. Aedan n'a jamais tenté de transformer d'humains. A vrai dire, son pouvoir le dérangeait à l'origine. Puis, il a compris que ce n'était que pour un laps de temps limité. Le plus l'objet est gros, le moins de temps la transformation dure. Après 12 ans d'entrainement, Aedan peut transformer ce qu'il veut quand il le souhaite. La transformation va de quelques jours pour une plante ou un petit animal à une dizaine d'heures pour un immense arbre. Cependant, le port du bracelet de protection rester obligatoire car il pourrait parfois déclencher son pouvoir sans le vouloir, au contact de quelque chose. De plus, le bracelet empêche aussi son don d'être irréversible.
✎ Lui & les ELEM : Les gens qu'Aedan n'a jamais approché en 8 ans. Il se fiche de cette histoire de guerre de classes, mais la plupart des ELEM sont des gens sans intérêt, qui, à l'image de leur reine, se mettraient à pleurer si on tâchait leurs vêtements de boue pendant un match de foot. Mais certaines filles sont pas moches. Il aime bien leur infliger la punition des pompes devant la classe entière, et des devoirs supplémentaires les privant de sorties.
✎ Lui & les SPE : Les gens à qui ils balancent des craies pour les réveiller, parce qu'ils sont dans la lune. Tous à regarder par la fenêtre ou à dessiner sur leurs cahiers sans porter attention aux cours. Ils y arrivent plutôt bien pourtant. Paradoxalement, ça a l'air d'être la classe qui le craint le plus. Quand il était élève, c'étaient des élèves sympa et pas prises de tête.
✎ Lui et les PHY : Haha. Les PHY, c'est les tables et les chaises qui passent par la fenêtre, les interrogations surprise à la pelle, les montagnes de devoirs obligatoires -qu'ils ne font jamais quand même-, les livres qui volent à travers la pièce, les récrés et pause déjeuners supprimées. Il s'amuse bien avec les PHY en fait, par pur vengeance, mais aussi parce que secrètement il s'est attaché à eux, et souhaite les voir réussir dans sa matière. Et ça marche plutôt bien comme méthode.
✎ Lui et les PSY : Ses meilleurs élèves, sans aucun doute. Les plus assidus chez eux autant qu'en cours, attentifs et avec de bons résultats. C'est presque pas drôle. Leur punition, quand il y en a, ce sont les tours de stade. Il trouve qu'ils font pas assez de sport, et passe son temps à leur dire que ce sont de chiffes molles et des coincés, et qu'il faut aussi se muscler un peu. Peine perdue.

La campagne irlandaise profonde. Vous me direz, déjà que c’est pas bien peuplé et urbanisé, avec une population de moutons supérieur au nombre d’habitants, c’est dur de se représenter le rural profond de la terre gaëlique. Pourtant il se trouve qu’elle existe, effectivement. Diverses personnes ayant vécu dans ces contrées reculées peuvent en témoigner, comme un certain professeur de mathématiques qui s’est vite exilé de sa terre de naissance.

Aedan est né d’un père fermier, qui s’était marié environ deux ans auparavant avec une des jeunes filles aux cheveux roux ondulés du hameau perdu dans une région favorable à l’agriculture, où poussait une grande partie des pommes de terre, élément clé de la gastronomie irlandaise. Bien que peu riches, ils avaient décidé rapidement qu’ils voudraient un enfant, qui serait le début d’une longue série de gamins, parce qu’ils en voulaient une tripotée. Aedan était donc l’ainé. Dès sa naissance, il ressemblait comme deux gouttes d’eau à son géniteur, avec sa touffe de cheveux noirs de jais sur la tête et ses yeux dorés. Dorés oui, comparables aux améthystes d’Elizabeth Taylor. Et même à sa naissance, il plissait déjà les yeux d’un air mécontent.

Aedan était doué d’une bonne constitution physique, venant surement de la famille de son père, famille de fermiers et hommes endurcis par les conditions difficiles du métier. Petit déjà, il s’amusait avec les autres gamins du village en pratiquant le rugby, le football et la course. C’était le meilleur dans tous les domaines sportifs, et un atout remarquable pour ceux qui l’avaient dans leur équipe. Il faut avouer qu’Aedan était compétitif et n’aimait pas perdre. Il affichait toujours un air blasé, parlait peu, restait en dehors des histoires, et affichait une sorte de désinvolture. Cependant, quand il s’agissait de sport, il se mettait à hurler contre ses coéquipiers, s’enflammait pour un rien, et faisait preuve d’une détermination qu’on aurait jamais pu soupçonné en voyant ce petit être regarder le monde comme s’il lui était transparent.

Les années ont passé. On peut se dire que les parents avaient perdu leur envie d’une tripotée de gamins. Aedan n’était pourtant pas du genre chiant. Calme, ne se plaignant quasiment jamais, il aidait volontiers son père au travail de la ferme. Entre eux, ils se disaient qu’il manquait un peu d’humanité, mais que c’était surement du au peu d’activités. Il devait s’ennuyer le pauvre. Alors ils lui donnèrent un petit frère, quand il eut entre six et sept ans. Un bébé roux comme sa génitrice, aux airs attendrissants. Aedan l’aimait beaucoup, ses yeux s’adoucissaient quand le bambin entrait dans son champ de vision. Il en était fier de son frère. Il se voyait déjà le défendre corps et âme contre les plus vieux qui viendraient l’embêter, lui montrer comment jouer au foot, le former à être le meilleur en sport. Sauf que son frère, il était pas comme ça.
Finalement, Aedan l’a peu connu, Angel, car il est parti à douze ans. Mais déjà à 5 ans, il allait le réveiller la nuit pour lui montrer les animaux qu’il avait attrapé et qu’il torturait, en riant. Il lui avait bien dit d’arrêter, que c’était dangereux de se balader la nuit dehors, et qu’il ne fallait pas faire ça aux animaux. Pour lui prouver, il avait voulu prendre cette minuscule gerbille enfermée dans un bocal pour la remettre dans la nature. Mais à son contact, sa peau s’était ripée, puis avait lentement commencé à se décomposer. Ses yeux s’étaient illuminés d’une lueur rougeâtre, et elle marchait de manière hachée, comme un zombie. Ils avaient décidé de garder ça pour eux. Mais cela n’avait pas convaincu Angel d’arrêter ses expériences.

Le lendemain, les parents reçurent une lettre expliquant la situation d’Aedan sur l’utilisation de son pouvoir. Les deux enfants durent donc s’expliquer sur les faits de la nuit précédente, se prenant au passage une chasse pour leurs escapades nocturnes. Le père était bien embêté de laisser son fils partir, car il lui était d’une aide précieuse pour les récoltes, mais il décida que c’était mieux pour lui. Aedan n’avait pas vraiment d’avis sur la question. Ce qui le choquait, même s’il ne le montrait pas, était qu’il avait été précisé sur la lettre qu’en raison de la puissance de son pouvoir, il se devait de porter un bracelet de protection. Quelque part, ça le soulageait : Il n’avait pas osé toucher son frère depuis.

A son arrivée à Aisling, le brun ne comprit pas réellement l’intérêt des « classes », ni en quoi ça consistait. Il s’était retrouvé en « PHY », mais cela ne lui évoquait rien de transcendant. Ici, les élèves semblaient être les mêmes que les enfants de son village, mis à part qu’ils venaient de pays différents, et qu’ils avaient des dons. Quelques jours avant la rentrée, il découvrit l’existence des clubs sportifs, et s’inscrit directement à celui de football et d’athlétisme –n’ayant jamais éprouvé un amour profond envers le rugby, même s’il ne rechignait pas à y jouer-. Puis, le jour de la rentrée vint enfin, et il pénétra dans sa classe, pour y trouver un bordel immonde. Des gens de son âge qui se balançaient des chaises en riant, qui hurlaient, avec des animaux présents aussi. La foire totale, qui ne s’arrêta pas malgré l’arrivée du professeur. Mais où est-ce qu’il avait atterri putain ?

Ce fut la consternation totale pendant cinq ans. Cinq ans où il s’était construit une belle réputation, dont il ne voulait pas vraiment. Ses exploits en football et en athlétisme avaient vite fait le tour du lycée, ainsi que de nombreuses interrogations sur sa place chez les « PHY ». Les gens qui croisaient Aedan dans les couloirs le voyaient calme, voire même complètement blasé, et tout le monde savait qu’il était du genre peu causant, avec les sourcils froncés et un air de profond ennui sur le visage. En plus, il excellait en maths et en physique-chimie. Les PHY, têtus comme des mules, continuaient de lui parler d’un air enjoué en pensant que c’était leur pote. Il ne leur répondait pas vraiment. Et toutes les interrogations cessèrent quand il commença à se montrer colérique. On comprit alors que c’était la bonne classe.

Un jour, il en avait eu marre. Un jour parmi tant d’autres, pendant sa cinquième année, où ils faisaient le bordel dans la classe. Puis d’un coup, Aedan s’était levé, et avait commencé à hurler. Un silence de mort était tombé, tandis qu’il balançait sa chaise par la fenêtre, puis sa table en maudissant tous les PHY sur Terre. Et quand il eut terminé, il y eut un blanc. Avant que tout le monde ne se mette à hurler de joie en se disant que c’était bien un des leurs, finalement, qu’ils n’avaient pas raté son éducation quoi. Aedan avait rarement été aussi consterné dans sa vie, mais il n’avait plus la force de leur hurler après. Il s’y était habitué, à cette ambiance.

Les trois années suivantes furent pour le moins…animées. Le brun se fit plus… social, si on peut employer ce terme. Il sortait parfois le soir pour aller boire, et gagnait toujours au jeu de celui qui tiendrait le plus longtemps. Sa culture musicale s’agrandit considérablement, et il eut particulièrement une période métal où il se fit faire des tatouages sur le dos et le bras droit. En classe, il était devenu plus colérique. Au lieu d’être constamment consterné par tant d’idiotie, il s’énervait presque à chaque fois. A pat jeter un froid quelques instants, cela n’avait pas grand effet. Il s’était mis à adopter cette technique auprès des jeunes recrues du club d’athlétisme qu’il coachait, et les progrès s’étaient rapidement faits sentir. Comme quoi, rien ne vaut un bon coup de gueulante.

Angel avait débarqué pendant cette période. Oh, ils s’étaient bien vus pendant ces années, quand il y avait les vacances, mais c’était bref. Ils n’étaient pas très proches. Angel avait aussi une belle réputation dès son arrivée, mais beaucoup moins belle que celle de son grand frère, qui était la cible de nombreuses filles cherchant à attirer son attention. Quand ils se croisaient dans les couloirs, ils s’adressaient à peine un bonjour. Les gens n’avaient pas cru à leur lien de parenté au début, mais ne posaient pas de questions sur leur étrange relation à Aedan. C’était évident que cette situation ne lui convenait pas, le blessait, et qu’il ne souhaitait pas en parler.

Des rumeurs avaient commencé à se propager à sa 8ème et dernière année, sur une certaine relation qu’il semblait entretenir avec un type qu’il n’avait d’ailleurs jamais vu. Un ELEM. Il n’avait pas approché les ELEM pendant 8 ans, il n’allait pas commencer maintenant. Bref, il était passé au-dessus de ça, et avait préféré se concentrer sur son avenir. Il avait réussi à bien développer son pouvoir mais ne le maitrisait pas complètement. De toute façon, c’était trop dangereux, le port du bracelet restait donc obligatoire. Il était peu tenté par le travail de la terre, car il savait que le sport lui manquerait énormément, mais il ne se voyait pas se lancer dans une carrière sportive. En fait, il voulait rester ici. Les PHY l’avaient complètement traumatisé. Ils allaient allègrement le payer. Au début, l’idée du professeur de sport lui traversa l’esprit. Mais c’était une matière où il était facile d’être bon, donc il n’y avait pas vraiment d’intérêt à l’enseigner. Et puis, il paraissait que c’était déjà pris, par une personne dont le nom lui paraissait étrangement familier, comme quelqu’un dont on lui aurait déjà parlé. Finalement, il se souvint des mathématiques, cette matière que sa classe avait tant haïe, et dans laquelle il excellait. C’était une bonne idée ça. Une très bonne idée. Alors il décida de postuler comme professeur de mathématiques, et fut approuvé. Sa vengeance allait enfin pouvoir commencer.

Et, tandis qu’il faisait allègrement plus ample connaissance avec le professeur de sport qui semblait au passage le harceler sexuellement, Aedan entama son travail en tant que M. O’Kent, professeur ô combien traumatisant dont les crises de colère provoquaient une tension tout au long des cours. Car chacun attendait le moment où il allait jeter un cahier à travers la classe, et leur hurlait de sortir une feuille pour une interro sur un chapitre qu’ils n’avaient pas encore vu.

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