SURNOM : Davidson ÂGE : 19 ans, lolz ANNÉE : Huitième ANNÉE D'ARRIVÉE : Sixième CLASSE : Random babe

« — Insiste pas sale gosse, je goûterai pas à ton rôti de bœuf. — T’es franchement chiante avec ton délire de régime végétarien, Harley. — Hé, boy, est-ce que je critique le fait que tu te masturbes tous les soirs devant une pauvre nana qui s’est faite blanchir l’anus à dix-sept ans et qui se fait sauter par cinq mecs dans un garage ? Est-ce que je critique le fait que tu passes tes journées à geeker sur world of warcraft en pétant et rotant comme un homme des cavernes qui découvre qu’il pouvait pisser debout et manger tout en se grattant les couilles ? Est-ce que je critique le fait que tu bouffes des betteraves et du kiri au petit déjeuner et parfois même à quatre heures du matin -tu crois que je t’entends pas ? t’es aussi discret qu’un mammouth andropause- ? Non. Alors fais de même et nous ne serons que joie et amour dans cette maison. — Je … — Tu te tais. Et ne soupire pas, je suis en pleine concentration. — Concentration pour ? Rouler ton spliff ? Fais pas genre t’as pas l’habitude. — T’as raison, c’est juste que tu m’énerves à soupirer bruyamment. — Sinon, au pire, tu peux te casser et aller fumer ailleurs hein. — Arrête de soupirer ! T’es vraiment chiant aujourd’hui qu’est ce que t’as ? T’as tes règles ? T’es constipé ? … T’ES AMOUREUX ? … Non. Si t’étais amoureux, au contraire, tu serais très gentil et aimable et tu aurais des cœurs à la places des yeux. On me l’a fait pas à moi. D’ailleurs méfie toi des filles, ce sont des êtres imprévisibles et mystérieux … — … Pourquoi tu me dis ça d’une voix de Barman ? — J’sais pas, je trouvais ça cool, ce petit côté underground dans les caves. — … Bref. En parlant de filles, j’ai une question. — Passe moi le briquet à ta gauche tu seras mignon. — C’est à propos de Merry … — Qui ? — Merry ! Tu sais la nana dont je te parle depuis deux semaines. — Ah, oui. — Alors voilà, euh, tu crois que … j’ai une chance ? — Une chance de quoi ? — Ben … de sortir avec elle. — Avec qui ? — Mais avec Merry putain ! Tu le fais exprès ou quoi ? — Ah. — Tu … vois de qui je parle ? — Non. — C’est la meilleure amie de Liz Watner. — Liz qui ? — … Oh et puis merde, je me demande pourquoi c’est à toi que je parle de ça. — Bon. Attends, donne moi quelques secondes. Inspire, expire. Concentre toi Harley. Pff. C’est bon ma poule, parle moi de Merry, promis je t’écoute et j’évite de te cracher la fumée de mon pétard à la tronche. C’est qui, elle vit où ? Elle est brune, rousse, blonde ? Elle est mignonne ? Elle a des gros seins ? Elle fait du cheval ? Est-ce qu’elle est riche au moins ? Elle suit quoi comme cours ? Elle a ses règles en fin ou en début de mois ? Est-ce qu’elle est vierge ? Elle a des taches de rousseur ? Les yeux bleus ou marrons ? J’espère pour toi que c’est un bon coup. Ses parents sont croyants ? Assez stricts ? Ou elle peut faire la fête jusqu’au bout de la nuit ? Elle est déjà allée à des concerts ? D’ailleurs, elle est plutôt rap ou pop ? Tu te contentes de la scruter et de l’espionner ou tu as déjà osé l’approcher voire lui parler ? Essaye de savoir si elle a un grand frère qui serait susceptible de te casser la gueule. Sait-on jamais. — Mais tu la connais ! Elle partage tes cours d’histoire et elle fait du base-ball avec toi. T’es sûre que tu vois pas de qui je parle ? J’sais pas comment te la décrire moi. Elle a. Euh, elle a de longs cheveux blonds et un corps de rêve. — Oh ! Elle traîne pas avec Liz ? — Ben … si. — Ah ! Bah oui je vois qui c’est, évidemment ! — Mieux vaut tard que jamais … Alors ? J’ai une chance ? — Aucune. Elle est lesbienne et je me la suis tapée le week-end dernier. »

J’ai bien vu qu’il avait avalé de travers. Ce qu’il a dit ensuite -une sorte de long et poignant monologue où il escomptait s’exiler en Papouasie pour élever des pingouins homosexuels-, je ne m’en souviens plus dans les moindres détails. Juste qu’il était, disons, triste, dégoûté, déçu, et plein d’autres adjectifs pathétiques, d’apprendre que la fille qu’il convoitait depuis deux mois soit lesbienne, et qu’en plus de ça, qu’elle soit sortie le temps d’une nuit, avec moi. La vie est dure pour les puceaux, je sais. Moi aussi j’ai connu le désespoir et la rage d’un plan cul envolé vers d’autres cieux. Mais relativisons : La Havane est remplie de belles filles qui n’attendent rien d’autre que quelqu’un qui aura l’expérience et le fric nécessaire pour les emmener au septième ciel ! … Ouais on appelle ça des prostituées et mon frère ne possède aucune expérience en matière de sexe étant donné que la seule dite expérience qu’il connaisse est celle de ses jeux vidéos, qu’il appelle l’xp. Ouais moi non plus j’ai pas trop saisi. Bref, concernant le fric, faudrait déjà qu’il ait le courage d’aller voir l’épicier du coin pour lui bégayer autre chose que « E-e-e-e-excusez moi … Je. Je voudrais… Tr-tr-ava-travailler iiedjkqjhjtoeihjhgsafh. » et partir, rouge de honte geeker pendant cinq jours de suite sur son ordinateur. Mais malgré tout, je ne perds pas espoir ! Un soir il rencontrera une gentille touriste qui aura un peu trop bu, du moins assez bu pour qu’elle ne remarque pas sa dent de lait de devant qui ne veut toujours pas tomber et son caleçon star wars porté à l’envers. Pitié petit jésus, faîtes que mon frère trouve une fille propre, histoire qu’elle le force à prendre une douche au moins une fois tous les trois jours -oui je ne suis pas assez stupide pour oser supplier qu’il prenne une douche une fois par jour, ce serait vraiment trop lui demander-, pitié !

Je soupire en refermant la loque qui me sert de journal intime. Je suis dans un état, comment dire, très proche du coma. Cependant j’avoue que c’est bandant ces moment ou je suis la plus créative sûrement. Dans ce cas la j’augmente le volume, me rallume un spliff et fume. Mais là, prostrée à la fenêtre de ma chambre, je commence à m’emmerder sévère. Il est bien loin le temps où un simple bâton de bois réussissait à m’occuper toute l’après-midi. Limite je devrais faire comme les ours en hiver : hiberner. Mais en été. Je jette un coup d'œil au canapé et à la masse informe étendue dessus qui me sert de copine depuis bientôt deux mois. Celle-là bat tous les records. Elle arrive à supporter ma gracieuse personne ainsi que mon comportement nymphomane et à survivre dans ma maison où cohabitent également cinq autres personnes dont ma mère et quatre frères et sœurs. Et ça fait deux mois. Chapeau melon moi j’dis. La plupart des meufs que je rencontre ne sont que des plans d’un soir qui sont oubliés le lendemain matin et celles qui ont essayés de rester avec moi m’ont, hélas, vite énervées. Je n’arrive plus à me caser de toute façon. Je n’arrive même plus à être fidèle. Même avec cette belle européenne endormie sur le canapé. What's wrong with me ? Ça doit être parce que je vais bientôt avoir mes règles. Ou alors qu’un truc énorme va arriver. Genre euh. J’vais gagner au loto ! Ouais non, c’est foireux, j’y joue pas. Ou alors je sais ! Je vais rencontrer complètement par hasard, dans la rue, un grand styliste du style Jean Paul Gaultier ou mieux ! Christian Audigier ! qui va me proposer de poser pour sa nouvelle collection ! Aw, trop bien. Je pourrai prendre toutes les fringues Ed Hardy que je veux, mate la classe. Surtout les casquettes, ah leurs casquettes ! Je mouille rien que d’y penser.
Et soudainement, comme prise d’un élan immense de motivation, je me propulse au milieu de ma chambre et entame un solo minable de lindyhop dance en chantonnant. Ah, la vie, la vraie ! ELVIS JE T’AIME. Shakira aussi. C’est le THC qui commence à monter lolz.

▬ Euh, Harley. T’es en train de nous refaire un remake de la danse préhistorique en Afrique ?

Ou comment casser mon groove. Je me retourne vers la belle créature échouée sur le canapé et lui décroche ma plus belle grimace -j’aurai du dire sourire, mais elle m’a pourrie mon groove, oubliez pas. Qu’est ce qu’elle y connaît, elle, en danse, cette bouffonne ? Elle pouvait pas continuer de comater en silence ? Je bougonne un truc incompréhensible que même moi j’ai pas compris et je saute sur elle, tel un prédateur en manque de chair fraiche -ce que je dois être, au fond.

▬ De quoi je me mêle mademoiselle-je-squatte-chez-ma-magnifique-copine-depuis-maintenant, pfiou, je-ne-compte-plus-les-jours. Tu reproches quelque chose à mon déhanché ?
▬ Non, non, très sexy le déhanché, a-t-elle répondue en me lançant un sourire espiègle.

Argh, mais ce sourire quoi.
… La suite sera interdite aux mineurs.

Je m'épile à pile ou face,
C'est à genoux devant ma glace.

▬ Charlie, je vais te dire quelque chose d’important pour moi. Un truc que j’ai jamais dit à qui que ce soit. Le genre de truc que tu gardes secret par honte, lâcheté, ou par constipation. Je vais te dire un truc avec toute la franchise dont je suis capable.

La dénommée Charlie se redresse, le regard éclairé et curieux, empli d’un intérêt non-feint devant mon air sérieux et mon ton grave. Elle penche son visage vers moi, impatiente d’en savoir plus, elle est pendue à mes lèvres et je retiens tant bien que mal un sourire de satisfaction. Surtout, rester sérieux, c’est capital ma petite, respire, inspire. Je toussote, comme un dictateur qui s’éclaircit la gorge à l’approche imminente de son discours capitaliste devant une foule de fidèles sujets. Ciel, quel suspens insoutenable, je sais. J’ai du être politicienne dans une autre vie. Ou un poney.

▬ Eh bien en fait … Je. C’est dur à dire tu sais … Je voulais te l’avouer depuis longtemps mais je ne trouvais jamais les mots. Les bons. Promets-moi de ne pas m’en vouloir.
▬ Je te le promets.
▬ D’accord, alors, voilà. En réalité. Je. Je ne suis pas celle que tu crois que je suis.
▬ … Hein ?

Qu’est-ce que j’aurais donné pour être dans sa tête en ce moment et entendre ses pensées. Imagine elle croit que je suis en fait un terroriste qui va faire sauter la maison. Ou un membre de la scientologie. Ou Batman. Ou un poney ! Malgré tout, garde à l’esprit une chose Harley : ne rigole surtout pas, ne rigole pas. Pitié, retiens toi. Tu peux le faire baby. Encore quelques secondes et tu pourras laisser tomber ce côté emo et enfant battue pour retrouver son comportement de people star of ze world. Tu peux le faire !

▬ Oui, en fait je. Je suis. JE SUIS DARK VADOR ET JE VIENS DE LA PLANETE VULCAIN. HAHAHAHA. DEGAINE TON SABRE LASER PETIT JEDI ET VIENS TE BATTRE.

I've just seen a face,
I can't forget the time or place where we just met.

L’élément déclencheur de ma vie. Le début de toute mon histoire, a été ma rencontre avec la plus jolie fille de La Havane. Celle qui faisait tomber les cœurs un à un. Les garçons rampaient à ses pieds, les filles aussi, sûrement, en cachette, rêvaient de pouvoir l’approcher et d’être son amie et plus si affinités, et inutile de se voiler la face : j’en faisais partie.
Sûrement que je devais avoir quinze ans à l’époque. Sûrement. J’étais la gamine innocente aux yeux curieux qui passait ses soirées à imaginer des plans diaboliques et machiavéliques pour pouvoir entrer en boite de nuit, faisant la liste des manières les plus plausibles pour piquer des fringues qui fassent prostituée à sa mère sans que celle-ci le remarque, puis pour faire le mur sans être repérée, et enfin pour être autorisée à entrer dans ce lieu si convoité sans avoir à montrer sa carte d’identité. La vie était dur les amis, tout ce qui m’attirait m’était interdit – les discothèques, l’alcool, les cigarettes, les talons et les amis louches qui avaient des tronches soit de putes, soit de défoncés –, alors imaginez ma frustration d’adolescente.

Cette fille s’appelle Prudence. Son nom de famille, je ne l’ai jamais su, et puis on s’en fout. Quoiqu’un psychologue me dirait sûrement que cette petite et insignifiante chose expliquerait très bien la relation étrange et violente que j’ai vécu avec cette folle. Côtoyer Prudence ça voulait dire faire la fête non-stop. C’était une vie basée sur la débauche, l’alcool, la musique, le bruit, les virées nocturnes, les afters, les open-bar, les invitations et les coups d’un soir. Mais ça, c’est après. Parce qu’il faut d’abord que je la rencontre cette Prudence. A quinze ans, elle m’apparaissait comme un fantasme, un but à atteindre, je pensais tout le temps à elle, je rêvais d’elle, je ne parlais que d’elle. Et puis un jour, comme dans les histoires d’amour de Disney, je l’ai rencontrée, un soir hasardeux. Je sais plus trop ce qui s’est passé pour que je me retrouve face à elle. Sûrement que les gens avec qui je trainais ce soir-là la connaissait, et ça a suffi pour que je passe le reste de la soirée avec cette bombe. La tronche que je devais tirer. Pire qu’un poney quoi. Si on avait été dans un dessin-animé, la bave me coulerait sûrement des lèvres et des cœurs battraient à la place de mes yeux. J’étais incapable de regarder autre chose que son visage, son corps. J’étais incapable d’écouter autre chose que sa voix, son rire. Le monde tout autour de moi aurait très bien pu s’effondrer sans que je m’en aperçoive. Ah, les amours de jeunesse, c’est pire qu’être aveugle. On devient un poney muet et paraplégique. Mais on le vit assez bien.

▬ Hé, t’as du feu ?

J’avais commencé la cigarette un an auparavant par souci d’esthétique et par désir de rébellion envers mes parents non-fumeurs. Et puis en soirée, je trouvais que ça faisait classe de sortir fumer sa clope, surtout que Prudence le faisait, elle. Je vous l’ai dit, je n’avais qu’une envie : être une fille de la nuit, et pour ça, j’aurais été capable de construire la statue de la liberté version playmobile – vachement crédible comme exemple, je sais – et l’offrir en offrande à Prudence.
Mais voilà, pendant la soirée où nos deux bandes d’amis étaient réunis, par une fois son regard s’est posé sur moi, pas une fois elle m’a parlée, pas une fois. Alors j’ai décidé de bousculer un peu le destin, parce que j’allais pas laisser passer une telle occasion.

▬ Mh ? Oui, tiens voilà.

Pendant que j’allumais ma Philip Morris, elle m’a observée, j’ai enfin senti son regard sur moi. Retenant avec peine un frisson, je lui ai rendu son feu, avec un air d’autoroute qui me collait à la peau depuis le début de la soirée.

▬ T’es jeune. T’as quel âge ? Quinze ans non ? Pas plus de seize en tous les cas. Tes parents ne s’inquiètent pas de te savoir dans la rue à cette heure-là ?

Elle se moquait, la bitch. Malgré tout, elle avait tout à fait raison, évidemment. J’étais une gamine ordinaire qui avait menti à ses parents en disant qu’elle dormait chez une amie, ce qui était totalement faux puisque j’allais sûrement passer ma nuit dans un bar à boire et à fumer, en regardant le monde du haut de mes talons, un sourire sardonique collé aux lèvres. Haha, je m’aime. Bref. Nous disions. Prudence. Bitch. Voilà. J’quitte l’imparfait et les temps du passé pour me mettre au présent, ça fait genre on est encore plus dans le feu de l’action.
Haussant les sourcils, je détache ma cigarette de mes lèvres, laissant échapper un long trait de fumée, comme classe je sais, entraînement quotidien requis. Et je ne réponds pas. Je fais ma gamine mystérieuse, comme ça, ça m’évite de dire un truc stupide. Donc Prudence se prend un vent. Mais elle enchaine.

▬ Tu t’appelles ?
▬ Harley.

Elle sourit. Argh, c’qu’elle est belle, c’est pas possible d’être si belle, j’vais flancher, faut qu’elle arrête de me regarder comme ça. Si j’avais été un mec, j’aurais peut-être eu la trique. Mais dieu soit loué, je ne suis pas un mec, merci papa et maman, enfin surtout papa, bref on s’en fout.

▬ Prudence.

Et à partir de là, mes chéris.
La vraie vie a commencé.

Oh daddy, dear, you know you still number one,
But girls, just wanna have fun.

Je n’ai envie de rien, je ne sais pas quoi faire, je ne veux pas dormir, je ne veux pas rester éveillée. Je n’ai pas faim. Je ne veux pas être seule, je ne veux voir personne. J’ai l’impression d’être en sursis. Je suis juste complètement défoncée. J’entends la voix de Prudence qui m’appelle, qui murmure mon prénom doucereusement. Je ne veux pas répondre parce que je ne veux pas parler. Ni même lever les yeux vers son beau visage. Laissez-moi sombrer. La descente sera douloureuse, ça se sent. J’ai envie de vomir. Pourquoi tu me tends un verre connard ? Vodka orange ? Bon, d’accord. J’ai envie de danser. Il faut que je me lève, mes jambes sont toutes engourdies, depuis combien de temps je suis assise là à fumer ? La piste m’appelle. Et j’obéis. La chaleur des corps qui bougent autour de moi me fait rêver, j’adore ces lumières, ces contacts, ces bruits et ces odeurs. Les gens qui se collent contre moi pour danser, calquer nos mouvements ensemble, c’est l’intimité exquise de deux inconnus se déhanchant ensemble sur la piste de danse. La musique emplit mes oreilles, le mieux c’est encore de fermer les yeux et de se laisser faire par la foule, changer d’inconnu, en trouver un autre. Tenir sa nuque, danser contre son corps, se laisser de nouveau emportée. Un perpétuel recommencement qui durait toute la soirée. J’offrais toutes mes nuits au DJ qui faisait vrombir mon cœur au rythme de la musique que crachaient les enceintes. J’ai oublié mon prénom, j’ai perdu mon identité, lorsque le son m’emporte, je suis comme amnésique. Au matin, je me réveillais avec une fille dans les bras, et j’aimais ça. Sûrement qu’au cours de la nuit, l’intimité s’est resserrée jusqu’à ce qu’on se retrouve dans un lit. Ça me plaisait, et ça me plait toujours. Comme au matin de Noël, on trouve un cadeau au pied du sapin. Là c’était plutôt au pieu. Impossible de retenir un sourire, on réveillait la belle et la jeune inconnue me racontait alors la soirée que j’avais au fil des verres et des joints, peu à peu oublié. Je ne dégageais jamais ces filles hors de mon lit, et elles ne me dégageaient jamais non-plus. Après tout, nous avions partagé toute une nuit de sexe dans un lit, alors pourquoi pas aussi le matin ? Je n’ai rien d’une salope qui, après avoir sauté hors du lit, en oubliait jusqu’au visage de la demoiselle. Je n’en voyais pas l’intérêt parce que ces filles, je les revoyais la nuit suivante, au milieu de la foule, collées au corps d’une autre fille. Le même cinéma chaque soir. On se côtoyait toutes.

* * *

▬ Je suis gay.
▬ Comment ça tu es gay ?
▬ Je suis lesbienne. Je suis homosexuelle. J’aime les filles. J’aime le corps des filles. J’aime le sexe avec une fille. Ou plusieurs. Enfin bref, je suis gay.
▬ Mais genre gay comme Tracy Chapman ?
▬ Putain t’es con.

Mon frère a été le premier à savoir pour mon homosexualité. Pensant qu’on était seuls – les autres frères et sœurs étant à l’école, lolilol –, j’en ai profité pour lui faire mon coming out en direct live de la cuisine. Ce que je n’avais pas prévu par contre, c’est que ma mère était en fait dans la salle à manger, assoupie sur le canapé, et qu’elle avait tout entendu. Le fail de ma life. J’en ris encore, sérieusement, moi qui voulait faire dans la discrétion du style un beau matin, ma mère entre dans ma chambre et me voit avec une fille nue avec moi dans le lit. Là ça aurait été classe comme coming out. Mais non, elle a pourri mon groove. Elle l’a appris au milieu de la vaisselle pas faite et devant mon frère qui engloutissait comme un ogre son déjeuner, et moi encore défoncée. La vie est une puuuuuute.
Alors que mes autres frères et sœurs et également mon père, ont plus ou moins bien acceptés mon homosexualité, ma mère quant à elle, ne m’a pas adressée la parole pendant au moins trois semaines et quatre jours, excepté lors d’un matin de mai fleuri – wtf, je sais –, où j’ai reçu ma lettre pour l’école des gens bizarres qui ont un don bizarre. Mon petit frère était trop fan, il m’avait rebaptisé Wolverine au plus grand damne de ma mère – bah oui c’est un mec Wolverine, ça rajoute une couche sur le fait que j’baise des filles. J’adore ce gosse. Bref. Adieu Prudence, adieu mes salopes, adieu ma petite maman, adieu everybody, je m’en vais shaker mon ass dans un coin paumé en priant pour qu’il y ait des jolies filles.

She was a young girl in pursuit of glory and fame.
She would do anything she could to feel the flame.

▬ Franchement. Franchement, non mais franchement.
▬ Quoi ?
▬ QU’EST-CE QUE JE FOUS ICI PUTAIN ?
▬ T’es nouvelle c’est ça ?
▬ Sans blague putain, t’en a vu beaucoup des blacks dans cette école de fou irlandaise ?
▬ Bah … Ouais. Y en a une autre.
▬ Sérieux ? La pauvre, elle doit être désemparée devant toute cette … chose là, dehors.
▬ La neige.
▬ Oui, si tu veux.
▬ Je pense qu’elle a eu le temps de s’habituer, elle est là depuis pas mal de temps.
▬ Oh putain la défaite. Elle survit ?
▬ Je sais pas, je l’approche pas.
▬ Ah ouais pourquoi ? T’ES RACISTE C’EST ÇA ? Oh, regarde ! Une rousse ! C’est la première fois que j’en vois une.
▬ …
▬ Ça va, me regarde pas comme ça sale raciste, tu veux un coup de boule ?
▬ Tu viens d’où ?
▬ Cuba.
▬ Y avait pas une école pour dons là-bas ?
▬ Ben si. Mais je me suis faite virée.
▬ J’peux te demander pourquoi ?
▬ Tu peux.
▬ …
▬ … Quoi ?
▬ Bah pourquoi ?
▬ Parce que mon comportement a été jugé trop … Trop contraire au règlement. HAN LA VACHE, UNE DEUXIÈME ROUSSE. En plus elle, elle est plutôt bonne.
▬ Tu mates son cul là ou je rêve ?
▬ Pourquoi il a les cheveux blancs lui ?
▬ Nearheart ? J’sais pas, effet de mode ?
▬ Et elle, elle a les cheveux roses. Wtf. Où est-ce que je suis tombée sérieux ? Défilé annuel des couleurs les plus improbables d’Irlande c’est ça. Doux Jésus, sauvez-moi, je veux pas finir avec les cheveux verts. Ou pire : roux. Quoique les rousses ici sont plutôt pas mal. Sauf elle là. Putain y en a partout, c’est une invasion chez vous ! C’est une prof la belle blonde là ? Elle est mignonne, tu crois qu’elle baise pour un tic-tac ? Hé, mate le géant qui a l’air super énervé! Il est trop classe avec ses lunettes de soleil ! … Eh, pourquoi il prend le canapé comme si ça pesait deux grammes ? … Et pourquoi il jette le canapé contre le mec au manteau de fourrure là ? Et pourquoi il l’insulte ? … Votre pays est bizarre. On dirait un autre monde. Chez nous les canapés ils sont lourds et les gars ne portent pas de manteau. Encore moins en fourrure. Je veux sortir d’ici, pitié, laissez moi retourner à La Havane, je vous en priiiiie. Je serai une fille respectable, j'arrêterais d'engraisser les américains, j'arrêterais le sexe sans intérêt et les drogues chimiques ! Je deviendrais bio et équilibrée : j'me mettrais à l'herbe ! Ah ben non, ça c’est fait. Bref, qu’est-ce que je disais ? Ah oui ! Y a des boites sympas ici ?

ÂGE : Marijuana illégale. SEXE : Avec les filles. AVATAR : Random black girl ; parfois Robin de One Piece COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ? Han ! Un donuts qui parle ! POURQUOI VOUS ÊTES-VOUS INSCRIT ? Parce que je suis votre pire cauchemar. AUTRE CHOSE ? Je suis faible mais bon, à force vous le savez hein.

(Je compatis, j'en ai souffert aussi au début.)
Je choisis Griffes rétractiles ! HARLEY IZ A BEAST, lolz.

Ça arrive /o/ (ne perdons pas espoir.)

La fiche sera finie normalement demain. /o/

Édit : Voilàààà. Désolée pour l'attente, fouettez moi, je vous autorise. D8 Et j'espère que tout est ok ;;

Citation :

Chez nous les canapés ils sont lourds et les gars ne portent pas de manteau. Encore moins en fourrure.

Citation :

Doux Jésus, sauvez-moi, je veux pas finir avec les cheveux verts.