Il fait nuit et toi, mon p'tit Orwy, t'en es pas un grand fan. Il faut dire que lorsque tombe le voile du soir, c'est les démons et les vilains qui règnent dans les plaines de ton imagination complètement baisée. Soyons franc, tu ne serais pas vraiment surpris de croiser un dragon et toute une armée de chevalier noir dans le coin, là, tout de suite. Quoi que ce genre de délire, c'est ce que tu aimes bien fantasmer lorsque t'es prisonnier du rôle que tu aimes te donner. Mais ce soir, toi, Orwenn, celui qu'on surnomme le chevalier, l'elfe, le cinglé et bien d'autres choses, t'es loin de toutes tes fantaisies habituelles. T'as même l'air d'un autre homme sans ton sourire bienveillant et ta tenue tout droit sortie du seigneur des anneaux. On peut même dire que t'es assez intimidant avec le visage que tu tires en ce moment. C'est assez rare pour que tous les élèves te connaissant au moins de réputation se retournent sur ton passage, se demandant si c'est bien toi qui déambule dans les couloirs.

- Bien... Où est-ce qu'elle se planque, cette idiote de pieuvre... TOI, LÀ!!!! Le chevalier pointe du doigt un type qui a l'air fort surpris par cet Orwenne faisant preuve d'une autorité inhabituelle. Tu sais où se cache Camélia ? Cheveux verts, seins énormes ? Elle harcèle tout le temps l'autre rouquemoute amorphe servant de préfet aux Phy ? Oui ? Non ? Accouches.
- Je.. Euh... Elle.. Je l'ai vu traîner l'étage au-dessus, je crois...
- ... C'est noté, tu peux disposer.

Cette information en poche, tu prends l'escalier sans plus attendre afin de rejoindre l'étage en question, sans même prêté attention aux peintures murales prenant vie. C'est que depuis le temps, tu étais habitué à voir tout ce beau monde prendre vie, alors être surpris par ça n'était pas d'actualité. Il serait exact de dire qu'au vu de ton passif à Aisling, il en faudrait maintenant beaucoup pour t'étonner. Même voir un centaure se taper une licorne n'aurait que peu d'impact sur un mec comme toi. C'est dire !

* Qu'est-ce que tu peux bien faire dans le coin ? Tu défonces des mannequins dans le défouloir avec tes tentacules ? Tu te consoles dans les chiottes en écartant les cuisses pour te faire défourailler par un déchet traînant par là ? Non mais allez, montre-toi, j'en ai ma claque de jouer à cache-cache ! *

On t'a connu moins ronchon, chevalier. Franchement, ça te va pas de froncer les sourcils comme ça. D'ailleurs, te voir vêtu avec la tenue réglementaire de l'établissement fait un choc. C'est un peu comme imaginer Severus Snape en tutu rose, c'est dur de s'y faire. M'enfin, on est pas là pour parler fringues, pas vrai mon p'tit soleil ? Reprenons donc. Ouvrant une à une les portes en espérant tomber sur la jolie jeune femme aux obus plus que plaisant à regarder, tu dois te rendre à l'évidence: cette saloperie n'est pas ici. La logique voulant que si elle était redescendue, tu l'aurais croisé, elle ne peut donc que se trouver encore plus haut dans l'immeuble. La situation commence peu à peu à t'exaspérer, mais t'as pas trop le choix, c'est l'étage suivant ou rien. Par chance, celui-ci est justement le dernier, tu ne devrais donc pas la rater.

- Bon... Par là !

Tu décides sans trop savoir sur quoi tu te baser pour miser d'office sur le grenier, qu'importe, tu fonces tête lapremière. C'était certainement ton instinct, comme qui dirait. Au pire, si jamais c'était faux, tu finiras bien par la débusquer dans la salle des souvenirs. Pour quoi en étais-tu aussi sûr ? Tout simplement car la logique veut que si elle traîne dans le coin, c'est obligatoirement pour faire sa chieuse d'emo nostalgique au cœur en brisé. Élémentaire mon cher Watson. Du moins t'en es quasi persuadé. Bref, t'ouvres la porte, tu te dis que quand même, c'est un sacré bordel ici et tu tombes finalement sur elle. Elle est de dos à regarder tu ne sais quoi, il est donc difficile de voir dans quel état elle est. Tu souhaites juste que c'est pas le mode larmes de crocodile et morve qui dégouline, car soyons franc, même sur une jolie fille, c'est laid. Et t'as un minimum de goût lorsque tu sélectionnes la princesse en détresse que tu dois secourir.

- C'est donc ici que tu te planquais, "Rocket" ? Qu'importe, je veux des explications sur ton dernier délire en date. Tout de suite.

Le brave chevalier tapote du pied, histoire de faire comprendre que merde à la fin, il en a sa claque de toutes ces conneries. À croire que c'est à LUI, le type se baladant avec une épée, un bouclier et une tenue de bretteur, de remplir le rôle du mec sérieux qui se doit tout arranger ! On en est là, ouais. C'est du grand n'importe quoi.

- Je sais pas si tu réalises, mais avec vos conneries là, moi, j'ai marché dans toute - TOUTE !!! - cette foutue école sans mon équipement habituel ! C'est comme si Adriel sortait sans sa queue ! Tu te rends compte à quel point c'est le bordel ?!

Bref, on peut le dire mon p'tit Or, t'en as ras l'cul de ces histoires.