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 alright — wolle

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Ludvik A. Haraldson
alright — wolle Rangpsy
Ludvik A. Haraldson

Messages : 256
Date d'inscription : 18/06/2011
Age : 29


It's a kind of magic.
Age du personnage : 17
Nationalité: Islandaise
Relationship:

alright — wolle Vide
MessageSujet: alright — wolle   alright — wolle Icon_minitimeMar 4 Fév - 1:51







Le polaroid tombe dans les gravats.

— Elle est floue.

Il laisse tomber le papier zinc cramé. Ce n’est pas grave.


Il sent des odeurs de fantômes. Il sent ce qui a été. Le passé est accroché à chaque table et les restes du temps ont moisi sur les fenêtres.

Il sent quelque chose d’oublié. Il sent les souvenirs languides qui demeurent. Ils sont inertes, plats comme des limandes, il s’étalent paresseusement à terre, et leur moitié de coeur bat encore.

Il sent ce qui aurait pu être.

Il sent tous ces avortements et ces non-dits dans ces poitrines inhabitées. Il sent le frémissement des langues. Il sent l’absence et la bêtise. Il sent la fuite et le renoncement, il sent tout ce qui n’a pas été fait, il le sent sous sa main, et la colère avec son cul plus bas que terre ne peut même plus se hisser sur ses jambes pour gémir.

Il sent ce qui n’a jamais été. Il sent cette école dynamitée. Il sent les petits boutons sur la peau académique. La torpeur et la paresse, la gangrène de la récré, la vérole et les fêtes qui ne se sont jamais terminées. Il sent les cadavres de ceux qui ne sont même pas morts, il sent ceux qui ne sont plus en vie mais ne le savent pas encore. Il sent le rance et les cris. Les bêtes torves qui hennissent dans son ventre. Et puis au plus profond de ses fêlures, il se sent lui.

Lamentable. Il pense. Il faudrait que je vous crache à la gueule. Il pense.
Il faudrait que je vous vomisse au visage. Il pense. Les tempes, je vous les trancherai. Il faudrait que je vous éviscère. Ce que je sais que je sens et ce que je sais que je sens, ça me file la gerbe. Il pense.

— Ça te file pas la gerbe, Wolle ?

Une fille distinguée comme Wolle n’a pas la gerbe. Une fille comme miss Pixie n’a pas ce genre de pensées. Une fille comme mademoiselle Klar n’a pas ces dispositions.

Une luciole s’écrase sur les derniers instants de cette école. Bientôt les éclats descendront sur la cour. Bientôt cette Aisling aux intestins de feu se retournera comme une crêpe de sang.

Ludvik posa le jerrican d’essence,
les murs lambrissés se laissaient pourrir. Il y avait des mouches qui se posaient dans ses cheveux et le lustre parfait des mèches filandreuses était plus noir que le noir, plus nuit que la nuit visqueuse. Il appuya son pied sur le goulot brillant.

Il y aurait des cendres et pas de cris,  et un vent inutile pour porter cette fournaise vers des martyrs invisibles. Il y aurait le froufrou des flammes, il y aurait le brasier lent. Quand la flambée atteindrait les entrailles, il entendrait probablement le craquement des pièces, les salles qui s’ouvriront en deux et s’effondreront.

Ça pue !
Ici ça pue le bûcher d’avance. Ce qui va brûler et qui ne mérite, en somme, que ça.
Non, moins que ça.

Quelque chose va se briser. Dans un corps peut-être. Peut-être le tien. Ne t’inquiète pas, tu as deux cent six os et plusieurs mètres d’intestins.

Il continue de répandre les litres dans l'escalier. Le kérosène salue les marches en passant.

Il sourit grand. Il prend la main de Juvénile.

Cette fois n’est pas du vice. C’est la justice. Cette force inarrêtable qui rencontre un objet inamovible.

Il fait quelque pas et ouvre les bras. Le deuxième bidon qu'il portait tombe et se vide. Le fleuve court, court l’escalier du hall.

Le sale regard de Ludvik serpente jusqu’au bout de la rampe. Il se sent complet, et se sent méchant, et se sent heureux de mettre à sac ce qui fut son royaume.

Il prit son briquet, un vieux briquet en plastique, un vieux briquet bic ;

Il prit son briquet et comme une pierre qu’on jette à a face du monde,
Il le lança

— On se tire.

Il attrapa Wolle avec ses mains puis ses bras puis ses épaules ; les épaules d’un type qui pouvait porter le poids de la terre, le poids du monde, les épaules d’un type qui n'allaient se briser face à rien ni personne, les épaules d'une type qui croit en ses idées merdiques ; les épaules d’un type.

Il la prit contre son torse comme prince soulève princesse.

L’alarme incendie criait.

Il courut non pas dans la direction opposée, mais au milieu des flammes.
Il sauta la rampe et sauta dans les marches, droit jusqu'au brasier. Il était pieds nus.

Avant de se suicider il faut toujours retirer ses chaussures, parce que rien ne pue plus que le caoutchouc brûlé.

— Si on crève, un ricanement alors qu’il plongeaient, que cette école brûle !!!

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alright — wolle

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