Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 je trouve que madame est servie

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
▬▬▬▬▬▬▬
Tristan A. Lysander
je trouve que madame est servie Rangadulte
Tristan A. Lysander

Messages : 57
Date d'inscription : 11/08/2012
Age : 31


It's a kind of magic.
Age du personnage : trente-quatre ans
Nationalité: russe
Relationship:

je trouve que madame est servie Vide
MessageSujet: je trouve que madame est servie   je trouve que madame est servie Icon_minitimeMer 5 Sep - 3:53



je trouve que madame est servie FqZ6X
« Madame rêve d'atomiseurs et de cylindres si longs qu'ils sont les seuls qui la remplissent de bonheur. Madame rêve d'artifices, des formes oblongues et de totems qui la punissent, rêve d'archipels, de vagues perpétuelles, sismiques et sensuelles. D'un amour qui la flingue, d'une fusée qui l'épingle, au ciel, au ciel. On est loin des amours de loin, on est loin des amours de loin, on est loin. Madame rêve ad libitum comme si c'était tout comme dans les prières qui emprisonnent et vous libèrent. Madame rêve d'apesanteur, des heures des heures de voltige à plusieurs, rêve de fougères, de foudres et de guerres à faire et à refaire. Madame rêve au ciel, au ciel.»

Madame est de circonstance


je trouve que madame est servie Fz5rg
nom complet : tristan alevtina moskovski lysander
surnom : madame
âge : trente-quatre ans
date de naissance : vingt-et-un novembre
lieu de naissance : moscou, russie
nationalité : russe, origines anglaises ( arrière-grand-père originaire de Liverpool )
domicile : dublin, irlande
scolarité faite à : Iiadviga
ancienne classe : physique
profession : professeur de russe
ancienneté : neuf ans
situation amoureuse : divorcée
enfants à charge : deux

noms des enfants : nikolaï t. lysander (14) & miloslava o'greaney (12)


Vous, Madame,
donnez-moi tout ce que vous pleurez
vos seize ans, vos pêchés, vos désirs cachés


Il y avait quelque chose d'impérial dans la démarche de Tristan. Peut-être était-ce dû à sa tête fièrement relevée qui semblait défier le monde entier, son pas assuré qui fouettait le sol carrelé comme un éclair furieux, ses yeux bleus cernés d'un noir intense qui vous fixaient froidement et ne cillaient pas, ou encore à son dos tenu droit, libéré de tout fardeau. Sa bouche rouge sang élargie par un minuscule sourire de convenance semblait vous assommer, victorieuse, d'un « poussez-vous de mon chemin, misérable larve, j'ai de grandes choses à faire moi ». Madame puait la classe, peut-être, du haut de ses escarpins Louboutin noirs douze centimètres, enveloppée dans son tailleur Chanel chiné dans une friperie de luxe sur la côte méditérannéènne lors d'un été brûlant, mais elle transpirait surtout l'orgueil, ce maudit artifice, cette parure des riches bienheureux qu'elle revêtait tous les matins et qu'elle s'évertuait à étaler sous tous les yeux des malheureux. En même temps qu'elle fendait la masse épaisse d'élèves bourdonnante et puante, Madame aimait se rappeler que c'étaient bien de véritables perles qui ornaient son cou, qu'elle hériterait un jour du manoir russe de son enfance et qu'elle avait encore de belles choses devant elle. Elle bouscula volontairement Richard Strummer et renversa son café au lait sur lui avant de pénétrer dans son bureau : « vous me gêniez, Miranda ! » ponctua-t-elle sèchement ses vagues excuses.
Madame, vous étiez rarement aimable.

Il y avait quelque chose d'amer et de dur dans les volutes de fumée bleue qui s'échappaient de sa cigarette, des caprices de diva ravalés, des silhouettes de Marylin et autres Lili Marleen torturées, découpées, brûlées à l'acide. Elle avait cette habitude de fumer une cigarette appuyée contre la fenêtre de son bureau, bercée par les rires cristallins des enfants s'élevant dans les airs, tapie comme la maladie insidieuse dans l'ombre sibylline des rideaux en velours rouge. Sa longue cigarette blanche tordue entre ses longs doigts bagués d'or et d'argent glissait entre ses lèvres rouges comme le venin qu'elle crachait face aux outrages, aux touristes allemands en chaussettes et sandales sur la plage, aux jeunes qui ne savaient plus vivre, aux photographies jaunies qui suintaient l'oubli, aux cheveux trop colorés, à sa jeunesse avortée. Ses gestes nerveux trahissaient l'impassibilité marmoréenne de son expression, ses yeux agités traduisaient les torrents de fureur et de frustration qui se déversaient dans le creux de ses reins, toujours. Tristan était nervosité, Tristan était hystérie. Un paquet de nerfs à vif dont chaque incision dans la chair sanglante était fatale, irréversible. Elle était femme du froid au sang bouillant, une Marlène-Marilyn forgée dans l'acier brûlant et sa voix à l'accent fort avait des affreux airs de Goulag. Admettre que Tristan était une mégère acariâtre, aigrie et tyrannique n'était qu'un axiome de plus dans les descriptions vulgaires et insolentes qui se murmuraient dans la cours de récréation, étouffées par l'écho des longs monologues de la dame de fer. Alors que ses yeux s’agrippaient aux silhouettes de nymphettes et d'adonis aux bonheurs simples, Tristan rêvait à une mer de saphirs à l'écume de diamants, au luxe qu'elle se promettait et qu'elle se contenterait à jamais d'effleurer du bout des cils, aux grands incendies qui brûleraient tous ces cafards rampants dont faisait parti son ex-mari et qui pullulaient comme de la mauvaise herbe sur Terre, aux sourires des gens trop heureux qu'elle se ferait un plaisir de faner, à la jeunesse éternelle qui n'existait pas, à ses enfants qui un jour auront les yeux amers pareils aux siens, au parfum fleuri que portait sa mère, à la vieille Cadillac rouge que son père lui avait légué. Sa rage avait un affreux goût de nostalgie, de bonheur enfoui.
Madame, l'éclat des rires et des amours vous plaisait autant que celui des bijoux.

Il y avait quelque chose de rigoureux dans l'apparence de Tristan. Dans un geste lent, elle tapota le cul de sa cigarette et fit tomber les cendres grises à même le sol, madone gracile et lascive. Il y avait de la grâce travaillée, et un trop plein d'artifices. Peut-être parfois s'accordait-on à dire que Tristan avait des airs vulgaires de Norma Jeane Baker dans son pantalon cintré à la taille et sa chemise blanche nouée, de Marlène Dietrich dans sa beauté froide et travaillée, ces idoles maudites à qui elle vouait un culte insensé depuis son adolescence bien révolue et tentait d'effleurer la perfection physique. Mais de ces grandes dames, elle n'avait retenu que le sens esthétique : une fois les vêtements tombés sur le parquet, la face démaquillée, elle retrouvait son visage aux traits durs et carrés, son corps aux formes ingrates et aux vergetures disgracieuses. Deux grossesses, ça ne pardonne pas, se rappela-t-elle en tâtant sa cuisse un peu grasse, son ventre mou et ses seins pendants. Oh, que ce deux derniers ne se transforment pas en gants de toilette, priait-elle tous les soirs allongée dans ses draps de soie. La plus grande peur de Tristan, c'était bien de finir avec la même tête de pruneau ratatiné et sec de sa mère et mal-aimée de ses enfants. Elle était une acharnée de l'apparence, une extrémiste de l'esthétique, le moindre faux-pli dans son brushing dérapait en crise de larmes et une malheureuse tâche d'encre sur son chemisier blanc l'aurait obligé à prendre congé pour trois jours. Elle n'avait beau avoir que trente-quatre ans, elle se sentait déjà vieille et fripée. Les petites rides qui commençaient à fleurir au coin de ses grands yeux bleus qui n'avaient plus rien de ceux d'une biche ne la poussaient guère à penser le contraire. Et voilà que ça se tartinait de crème tous les matins, toutes les nuits pour mieux combler les rides au coin de ses lèvres, les pattes d'oie au coin de ses yeux, les vergetures sur ses cuisses ; ces fissures ingrates qui craquelaient sa peau blanche. Son reflet dans la glace lui apparaissait comme une défaite, elle ne voulait pas finir comme ça. Elle tira les rideaux et effaça les rires des enfants.
Madame, face à Chronos, vous laissiez rouler sur vos joues fardées des larmes d'enfant.

Il y avait quelque chose de grotesque dans Tristan. Un mélange ridicule de désespoir et de désespérant qui esquissait parfois sur les lèvres de ses enfants et de ses amis un sourire compatissant. Peut-être était ce dû à ses monologues accompagnés de raisonnements sans queue ni tête, à sa haine viscérale du prénom Richard, à son habitude de noyer son spleen dans les verres de whisky le vendredi soir, à son entêtement stupide, à sa manie de ranger tous ses livres par ordre alphabétique, à ses complexes de femelle, à ses inquiétudes de mère, à son attitude théâtrale et grandiloquente. Parfois, Tristan se disait qu'elle allait devenir vieille et folle, celle que ses enfants ne viennent plus voir et qui tous les dimanche prépare des gâteaux pour ses petits-enfants qui ne viendront jamais. Peut-être qu'on fond de Tristan crépitait encore l'âme humaine, peut-être qu'il y avait quelque chose d'attendrissant dans ses entreprises teintées d'excès et de maniaqueries ennuyantes. Elle-même ne savait pas trop s'il lui restait quelque chose de doux et de plaisant, si elle arrivait encore à caresser correctement les joues fragiles de ses enfants, si son temps n'avait pas été passé en accéléré. Elle y pensait souvent, le soir, quand elle rentrait chez elle, emmitouflée dans son manteau en fausse fourrure et dans ses tourments de vieille fille avant l'âge. Et puis elle finissait par oublier ces derniers, grommelait contre les cacas de pigeons sur la carrosserie de sa voiture et jetait son mégot encore brûlant sur les élèves qui passaient par là, un rire tonitruant en travers de la gorge. Elle écrasa sa cigarette dans le cendrier noir et frappa violemment le mur. « Miranda, éteignez votre musique, vous brouillez mon épanouissement spirituel ! je vous jure que si vous continuez, je brûle votre perfecto de plouc ! » elle soupira et se laissa tomber sur son fauteuil. Nikolaï venait d'entrer dans son bureau, s'insinuant doucement dans le sillage de sa mère. Tristan sourit et glissa sa grande main dans la masse folle et épaisse de ses cheveux blancs. C'était comme avoir un diamant brut qui palpitait entre ses phalanges.
Madame, vous aviez de dur que les mots, pas le coeur.


Non Madame, non madame,
je n'ai pas perdu votre chat.


don : méduse
en détail : Selon la mythologie grecque, Méduse est une des trois Gorgones, fille de Phorcys et Céto. Violée par Poséidon dans un temple dédié à Athéna, elle est punie par cette dernière qui la transforme en une horrible créature; ses cheveux deviennent serpents siffleurs et son regard pétrifie quiconque le croise. Si Madame n'a pas, dieu merci, hérité des caractère physiques de cette chère Méduse, elle en a retiré la superbe capacité à changer en statue ceux qui croisent son regard marmoréen. Ceci dit, ce don ne comprend pas le processus inverse; Tristan ne peut pas redonner vie aux gens qu'elle a pétrifié.
maîtrise : totale. Et a tendance à en abuser. DONC T'ES GENTIL MAIS T'ARRÊTES DE FAIRE L’HÉLICOPTÈRE AVEC TA BITE DANS LES COULOIRS OU TU POURRAS PLUS REMUER TON ZBOUB.
Madame & ses élèves : le prochain béotien qui répond à toutes les questions par pénis, je lui fais avaler par le rectum le code pénal russe.
Madame & ses collègues : qui est le bougre de fesse-Matthieu qui a encore fini le café et oublié d'en refaire ?

On rêve et on est seul, madame
on a du déjà vous le dire.


Oh everything has gone wrong,
I left you at the gold motel, selling junk at the carousel
that bound you down.

Elle était Lolita.
Un amalgame corrosif de bombe nucléaire et de fébrilité chienne, une enfant terrible des années soixante-dix qui dans le cœur crépitait le feu des jeunes affamés de transcendance et de trip vaudou, grisés par les souvenirs des années soixante qu’ils n’avaient pas vu vivre si ce n’est qu’à travers l’écran noir de leur télévision technicolor. Une petite fille bêcheuse aux ambitions titanesques et despotiques, et avec la rage de vivre qui brûlait dans les entrailles, une féroce bête condensée dans un mètre soixante-sept de volupté rigide. C’était en dix-neuf cent quatre-vingt dix-huit. Elle avait vingt-ans, ses parents l’avaient foutue dehors, elle ne pouvait compter que sûr elle-même et les quelques kopecks qu’elle avait ramassée de son boulot de serveuse. Ses amis étaient des pseudos artistes engagés, son fiancé Richard un petit jeune à la chevelure d’éventail perdu dans les plaines vertes d’Irlande, qu’elle avait rencontré trois ans auparavant lors d’un échange scolaire. Ce jour là plus que jamais, Tristan s’était sentie seule au monde.
Comme si le cocon qu’elle avait tissé à la seule force de ses poignets fins s’effondrait sur elle dans un bruit caverneux.

L’aube timide habillait doucement d’une lueur rosâtre les murs de la pièce. Elle avait attendu toute la nuit qu’il rentre, assise à même le sol entre les chevalets miteux et les portraits difformes qui se gaussaient d’un sourire moqueur. Le studio muté en atelier prenait de terribles airs de huit-clos oppressant, comme si d’un coup de baguette on l’avait propulsé dans une des pièces de Beckett. Ou était son Clov, que faisait-il, pourquoi ne venait-il pas regarder comment le monde était dehors à sa place ? Le sien n’allait pas tarder à exploser. Où étais-tu, Clov ?
La porte d’entrée s’ouvrit dans un grincement désagréable qui fit tressaillir son cœur. Ce n’était ni Clov, ni Richard. C’était Konstantin, Konstantin et ses cheveux blonds, Konstantin et sa gueule de cow-boy qu'aurait perdu son meilleur cheval. Le désespoir dans lequel elle s’était complaint toute la nuit fut remplacé par une rage démente. Ses doigts tapaient nerveusement le sol.

Valentina va venir me chercher.
Quoi ?
J’ai dit, Valentina va venir me chercher elle se leva lentement d’ici vingt minutes, je pense.
J’avais compris, merci. Ce n’est pas le moment de faire dans l’ironie. Tu pars ? Comme ça ? Sans qu’on en discute tout les deux ?
Au début, je voulais partir sans rien te dire elle fit une pause tu pues l’alcool, ça me donne la nausée.

Elle parlait comme si rien n’avait d’importance, et pourtant ses doigts trituraient nerveusement les pans de sa robe à franges. De la suite, Tristan ne se souvient pas, si ce n’est que de la cacophonie véhémente que leurs cris insurgés jouaient et de la danse violente de leurs gestes tapageurs. Elle était partie en claquant la porte, son sac en toile au bout des mains, le sourire de Konstantin sur le pallier. Elle avait marché quelques minutes sur le trottoir, les idées noires, la colère anthracite, le visage blanc avant de s’arrêter au côté d’une cabriolet Chevrolet rose bubble-gum conduit par une blonde plantureuse à la large bouche sanguine vêtue de léopard et de bijoux en toc de la tête aux pieds. Elle semblait tout droit sortir d’un roman-photo des années quatre-vingt.

L’emprise de Konstantin sur ses poignets avait laissé une marque rouge. Valentina jaugea Tristan.

Laisse moi deviner. Kiki de Montparnasse ?
Tu devines bien.

Elle avait coupé ses épaisse boucles blondes la veille. C’était une habitude qu’elle avait depuis toujours, découper ses mèches, les recolorer, décamper à coup d’acide la surface lisse de son existence. Quand ses parents l’avait mise à la porte, ses cheveux étaient platine. Tristan sauta par-dessus la portière de la Chevrolet cabriolet rose de Valentina dont le moteur rugissait comme un animal sauvage. Elle aimait le ronronnement bestial de la machine qui avait bercé tant de nuits d’ivresse et de virées sauvages dans la grande Russie. La belle plante claqua une bise sur la joue de Tristan et s’empressa d’allumer une cigarette, histoire d’occuper sa bouche qui gerbait des inepties salasses, rapport à sa nuit torride passé chez Piotr. Tristan ne connaissait pas Piotr, et elle s’en fichait, elle écoutait silencieusement la jolie blonde à ses côtés, le cœur ailleurs, quand Valentina eut un soudain hoquet de surprise.

Oh, pardon. Valentina jeta sa cigarette par-dessus la portière et remonta ses lunettes de soleil oversized du bout de l’index. Un sourire goguenard se dessina sur sa grande bouche rouge. C’est vrai que t’es en cloque elle ne put réprimer un rire.

Elle regarda son ventre et dans les plis de sa chair, elle y vit la fin du monde.
Elle aurait voulu rester Lolita, perdue à jamais entre les toiles oniriques de Konstantin, menée aux portes des landes brumeuses par les odeurs âcres de gouache et d’acrylique. Elle aurait voulu rester Lolita et continuer à jamais de ne se soucier de rien si ce n’était que des lendemains radieux. Dans son sac en toile tenaient ses haillons, cette nuit maudite et licencieuse où elle avait commis le pire impair, sa rage d’adolescent vindicatif et sa jeunesse bafouée. Quelle merde, mes enfants murmura-t-elle à elle-même, et peut-être un peu au petit habitant qui s’installait lentement sous son nombril.

Je me demande ce que va dire ton fiancé.

Elle eut envie de pleurer et de tondre le brushing façon Farrah Fawcett de Valentina.

I'm sorry, so sorry that I was such a fool, I didn't know love could be so cruel.
You tell me mistakes are part of being young,
but that don't right the wrong that's been done

Richard O’Greaney ne savait pas dire non aux femmes.
Ce n’était pas de sa faute, qui était-il pour dire non à ses terribles sirènes ? Personne. Il n’avait pas la ruse d’Ulysse le divin, quand elles le regardaient avec leurs grands yeux de biches papillonnant. C’était une terrible faiblesse qu’il avait du mal à assumer et qui lui créait tout un tas de problèmes dépassant parfois les limites du rationnel. Au fond, il était un peu idiot.

Tristan qu’il pensait sirène se trouvait être un lamantin disgracieux. Quand il la vit dans le hall d’arrivée de l’aéroport de Dublin, emmitouflée dans son manteau en fourrure, sa valise rouge aux pieds et un poupon dans les bras, il crut d’abord à une mauvaise blague, crédule. Il avait un sourire bête, les sourcils froncés, un peu confus. La scène lui apparaissait comme un mauvais rêve : sa fiancée, une valise et un bébé, il y avait quelque chose de trop, leurs retrouvailles idylliques avaient quelque chose de cauchemardesque. Tristan ne bougeait pas, et l’évidence le frappa comme une balle de revolver. Son sourire s’étiolait peu à peu, en même temps que le visage de Tristan s’aggravait. Son visage se tordit en une grimace abominée.

Il eut un mouvement de recul, prêt à s’enfuir et abandonner la femme qui l’avait cocufié, cette traîtresse. Diverses envies se confrontaient en lui : un désir terrible de passer à tabac ce visage fardé mêlé à celui d’oublier toute cette histoire, de récupérer la bague qu’il lui avait offerte et d’aller chanter la sérénade sous d’autres fenêtres, ou de passer des nuits sans fin à arpenter les bars et vomir sa peine, son cœur meurtri, derrière les poubelles.

Pardon, pardon, pardon, pardon elle fendit en larmes et en excuses, pardonne-moi, s’il te plaît, pardon, pardon, pardon et elle ne finissait plus de sangloter et de s’excuser, serrant le bambin contre sa poitrine.

C’était la première fois qu’il voyait Tristan pleurer. Il avait eu beau assister à ses colères véhémentes, ses coups de gueule mémorables, il avait beau connaître par cœur les déliés de son corps et les ourlets de ses humeurs, les larmes noires de khôl de sa fiancée le coupait dans son délit de fuite. Il ne sut pas quoi faire, ses yeux suivant la danse saccadée des épaules tremblantes de Tristan. Alors comme il ne savait pas quoi faire, il s’approcha doucement, les bras ballants, hébété devant ce spectacle. Elle n’osait pas le regarder, et lui non plus. Dans les quelques centimètres qui les séparaient, les questions sans réponse se bousculaient. Il avala difficilement sa salive.

Ri-Rita Hayworth ? il bégayait un peu.
Oui. elle renifla.
C'est très moche... murmura-t-il.

Elle leva son regard céruléen vers lui, papillonna des yeux, et se laissa aller à un sourire triste, les joues sillonnées de noir. Il passa sa main dans les méandres rousses et soyeuses de sa chevelure, puis son bras autour de ses épaules tremblantes et déposa un baiser tendre, un peu amer, sur ses tempes.
Il n’avait jamais su dire non aux femmes.

Tonight you're mine completely
you give you love so sweetly, tonight the light of love is in your eyes
but will you love me tomorrow?


Sa fierté avait été mise à mal, ses espoirs annihilés. Reconquérir Richard n’avait pas été une mince affaire, dieu comme elle avait bataillé pour obtenir ce foutu pardon ! Comme le lavement de ses pêchés lui avait semblé si long à venir, elle avait pris vingt ans tout d’un coup, après avoir si souvent courbé le dos sous les injures et les coups. Et son père qui lui disait qu’elle l’avait bien cherché, sa mère qui se répandait en pleurs, ses frères qui lui promettaient d’aller lui casser la gueule, à ce con qui l’avait mise en cloque, à cet idiot qui l’abandonnait, à l’autre bout du fil, à l’autre bout du monde. Il n’y avait que dans les yeux de Nikolaï où elle trouvait rédemption. Ce n’était pas la faute à Richard, ce n’était pas la faute à Konstantin. Si fautifs il y avait, c’était bien elle, et la faim licencieuse qui s’était allumée dans le creux de ses reins quand elle avait jeté ses prunelles noires dans l’océan bleu des yeux de Konstantin. Ô ! Comme elle avait tant pleuré de soirs dans sa chambre d’hôtel, sa dignité échouée aux pieds du lit, comme elle avait tant prié Richard de la récupérer, s’accrochant à ses vêtements comme une enfant désespérée, comme son reflet dans la glace lui paraissait si misérable quand elle se levait chaque matin, épuisée et meurtrie. Cette première année passée à Dublin, quel malheureux souvenir. Pourtant, jamais elle ne s’en plaignit. Pourtant, jamais elle n’aima moins Nikolaï. Pourtant, son corps fragilisé retrouva sa place dans les bras de Richard. Quelle bataille, mes enfants, il en aura fallu du temps, presqu’un an.

Ce fut presque naturellement que Tristan retrouva dans son sac à main les clés de l’appartement de Richard, que sa place dans le lit conjugal s’empreignit de son odeur, que sa brosse à dent rejoignit celle de Richard au-dessus du lavabo. Ces petites choses de la vie avaient un goût d’accomplissement ultime, et la peau de Richard sous ses lèvres délicieusement sucré. Ce qu’elle avait attendu pendant plus de quatre ans lui était enfin accordé. On ne parla jamais de Konstantin. Etonnement, Richard s’accoutuma à Nikolaï, et s’il avait refusé reconnaître l’enfant, il s’imposait brillamment comme figure paternelle. Ce trio sur qui personne n’aurait parié et qui connut des débuts catastrophiques prenait doucement des airs de famille heureuse et unie.

A vingt-deux ans, Richard et Tristan se marièrent, et madame O’Greaney prit un plaisir non-dissimulé à brandir fièrement son annulaire bagué d’or sous les yeux médusés de ses frères, qui avaient estimé dans leur adolescence que Tristan finirait vieille fille et dévorée par ses seize chats sous les yeux vitreux de ses précédents compagnons poilus et empaillés.
Tout allait bien.

Je veux un enfant.
Tristan finit d'emmitoufler Nikolaï dans une serviette de bain et se retourna vers son mari, perplexe.
Richard, mon chéri. Je suis désolée de te l’apprendre ainsi, mais tu es un homme. Tu ne peux pas porter d’enfant.

Sa première maternité lui avait laissé comme un goût amer dans la bouche. Elle avait mis quatorze heures à extirper la tête de Nikolaï de son vagin, supplié un nombre incalculable de fois la sage-femme de l’achever, et elle eut plus l’impression d’accoucher d’une remorque que d’un être humain. Et pourtant, un an plus tard, Tristan mit au monde Miloslava O’Greaney et se jura de ne plus jamais laisser son mari la toucher s’il voulait conserver ses bijoux de famille intacts. Tristan n’était pas une mère exemplaire, Richard était un père un peu trop laxiste, Nikolaï un enfant aux manières capricieuses et Miloslava une gamine silencieuse et secrète. Dans ce microcosme original tenait un équilibre, certes fragile, mais efficace qui faisait que, oui, tout allait bien et que les crises n’étaient le lendemain plus qu’un souvenir brumeux porté aux portes de l’oubli.

Les années passaient, bon gré mal gré, sans que personne ne puisse rien y faire ; Richard s’empâtait, Tristan vieillissait, les enfants grandissaient. Leur bonheur qu’ils avaient si durement construit s’embourbait dans une torpeur ennuyante et mortelle. C’est le temps qui roule et qui assassine les étincelles dans les yeux des gens. A trente-deux ans, Tristan cherchait dans ses albums de famille ce qui lui avait plu chez Richard.
Richard ne cherchait même plus.

Richard… elle secoua son épaule Richard ! va te mettre au lit, tu es tout tordu sur le canapé.
Fous moi la paix, Tristan. son haleine puait le mauvais rhum.
Comme tu veux...

En quittant à contre-coeur son mari ce soir là, au lieu d'aller se coucher dans le lit conjugal, elle se lova dans celui de son fils et serra l'enfant contre elle, étouffant dans la masse épaisse de ses cheveux blonds ses pleurs d'épouse délaissée.

Ca ne l’étonna même pas quand elle découvrit quelques matins plus tard une note accrochée sur la porte de son réfrigérateur. Elle reconnut l’écriture pâteuse de Richard, entre les lignes son malaise et sa lassitude. Elle le relut plusieurs fois, calmement, s’imprégnant des quatre malheureux mots gribouillés. Tristan, c’était bien elle oui, je te quitte, c’était bien la fin, surtout. L’absence des enfants anoblissait le silence en tant que maître odieux et despotique des lieux, seul le bruit du frigo brouillait la tension sibylline qui suintait des murs.
Comme le bruit du frigo lui devint vite insupportable, elle le détruisit à coup d’extincteur. Quand les enfants rentrèrent, leur mère avait fait du salon un champ de bataille parsemé d’éclats de porcelaine et de verre, un tableau vivant de sa colère démente. Quelques jours plus tard, les O’Greaney entamèrent les procédures de divorce.

Elle apprit plus tard que Richard l’avait quittée pour une autre, une certaine petite blonde, Clara, vingt-cinq et qui suivait depuis quelques années les cours de yoga de Richard. S’ils avaient au début convenu que tout se passerait à l’amiable, ce divorce prit très vite des allures de Troisième Guerre mondiale, remettant au goût du jour les sujets qu’ils avaient volontairement passé sous silence. Tout l’amour qu’elle portait pour Richard s’était muté en une haine farouche, entendre sa voix cogner contre ses tympans marquait ses nerfs fragiles d’une entaille profonde. Elle s’agitait comme un serpent, déversant ses mots comme du venin fielleux. Il la voulait chienne galleuse, elle ne le priverait pas de ce plaisir.

Quand il lui annonça vouloir la garde exclusive de Miloslava, Tristan bouillonna, et tiqua, bien malgré elle. Sa colère retomba tout d’un coup, laissant place à un vaste ahurissement.

Mais. Et Nikolaï ? ce n’est pas tant qu’elle souhaitait qu’il lui arrache son fils, l’exclusion de Nikolaï lui semblait suspecte.
Ah, ton espèce de petit bâtard là ? Non merci, garde-le, c’est ton fils, pas le mien.

Si la main de Nikolaï qui serrait si fort la sienne ne l’avait pas retenue, elle aurait figé sur place son mari. A la place, elle le chassa de chez elle en lui jetant des assiettes dessus et en l’insultant de tous les noms possibles et inimaginables. Quand il fut enfin parti, elle s’accroupit en face de son fils et caressa ses joues encore rondes et un peu rouges. Mon petit, mon petit elle disait doucement, il ne pense pas ce qu’il dit, elle continuait. Bien sûr que Richard ne le pensait pas, elle en était certaine, c’était la colère, cette salope vicieuse qui avait craché ces mots à sa place. Pourtant, quand elle plongea son regard dans celui de Nikolaï, malgé ses mots quise voulaient rassurant, elle sut que quelque chose s’était brisé, que le cœur si fragile de cet enfant avait été une victime collatérale de plus dans cette guerre de grandes personnes irresponsables et submergées par le dégoût de l’autre.

Quelques jours plus tard, Gordieï, frère ainé de Tristan et avocat, débarqua en trombes à Dublin.

Vraiment pourrie, ta déco, Tristania. Bien souvent on oubliait que le véritable nom de Tristan était Tristania, faute à ces dyslexiques débiles chargés des registres de naissance. C’est quoi cette statue à l’effigie de ton mari ? Non pardon, ex-mari.
Ce n’est pas une statue.
Ça, ça va nous créer des emmerdes pour le procès. Ne lui envoie pas de chat mort.
Trop tard.
Merde. Oh, en parlant de caca, Mavra a accouché, ça y est, le petit cinquième est arrivé. C’était la première naissance à laquelle j’assistais.
Et alors, c’était comment ?
Tu savais qu’il arrivait à certaines femmes de déféquer lors de l’accouchement ?
Je vois.

Quand le procès se termina et que madame O’Greaney redevint Mademoiselle Lysander, la rage accumulée tout au long de ces procédures laissa place à un infini vide. Tristan passait des jours entiers prostrés sur son canapé en cuir, à fixer l’écran noir de sa télévision en fumant de longues cigarettes. Miloslava venait de temps en temps ramener sa mère à la réalité, Nikolaï la questionnait.

Tu vas bien, maman ?
Oui. Ne t’inquiète pas.

Il n’y avait pas de mots pour la douleur qui lui ébranlait le cœur. Dans son encéphale aseptisé, les maux se tordaient. Bientôt ses nuits ne devinrent qu'insomnies salasses qu'elle tentait vainement de noyer dans les vapeurs de spiritueux dégueulasses.
The sun on the meadow is summery warm, the stag in the forest runs free
But gathered together to greet the storm
Tomorrow belongs to me
Elle a le syndrome maniaco-dépressif tatoué partout sous sa peau, tapi sous les robes en dentelle et les nylons charmants, la maniaquerie jusqu’aux bouts des ongles ; griffes acérées qui déchirent le voile opaque de ses nuits brouillons, la dépression dans un rictus amer ; craquelure ingrate qui fissure les masques jolis. A trente-quatre ans, Tristan se dit qu’elle finira comme sa mère ; obèse, moche et poilue. Ca la désespère. C’en est maladif, cette impression d’avoir raté la vie, d’avoir vécu trop de choses, d’avoir vu son temps défilé en accéléré sous ses yeux. Tout est passé trop vite. Où va la vie, quand on est passé à côté ? Se perd-t-elle aussi dans les effluves de whisky ? Disparait-elle avec ces inconnus dans la rue ? S’éteint-elle avec les hérissons qu’on écrase sur les autoroutes ?

Et puis ces jeunes qui veulent vivre, tout trop vite, et qui finissent la tête dans le caniveau, le cul tourné vers les étoiles.
Petits cons.

Comme toujours, Madame contemple les enfants qui jouent dans la cours, une cigarette au coin de la bouche. La porte grince, Nikolaï vient faire sa ronde, elle le salue d’un vague mouvement de la main. Tout lui semble si lointain ; les rires des bambins, le parfum juvénile de Nikolaï, la douceur des boucles blondes de Miloslava, les volutes de fumée bleues qui dansent sous ses yeux.

Je trouve que cette statue ressemble à Stratford. C’est nouveau ?
Ce n’est pas une statue elle grince entre ses dents.

Peut-être qu’il n’est pas trop tard, après tout.
Elle doit encore ressortir les photographies jaunies de Nikolaï à six ans, cul nul sur la plage, pour ses dix-huit ans.


Moi lorsque j'ai connu Clyde, autrefois
c'était un gars loyal, honnête et droit


âge : 19 ans
sexe : comme Long Dong Silver
avatar : cornelia li britannia •• code geass
Comment avez-vous connu le forum ? : tc de mohsen ljubomir & reeta l. mattiesko coucou !!!
Pourquoi vous êtes-vous inscrit ? : parce qu'il y a de la drogue et des putes pas chères.
Pensez-vous demander un parrain/une marraine ? oui et d'ailleurs je voudrai qu'elle me fasse la même robe que cendrillon quoi.
Autre chose ? : le retour de Tristan, parce que JE SUIS FAIBLE et que Scarlett a dit QUE JE POUVAIS et que ça manque de milfs A GROS NICHONS et GROS BOULES par ici hé !!!






Dernière édition par Tristan A. Lysander le Dim 30 Déc - 4:48, édité 41 fois
Revenir en haut Aller en bas
▬▬▬▬▬▬▬
Pavel Němec
MODO | I wrote this for you.
MODO | I wrote this for you.
Pavel Němec

Messages : 1280
Date d'inscription : 12/03/2011
Age : 27


It's a kind of magic.
Age du personnage : 16 ans.
Nationalité: Tchèque.
Relationship:

je trouve que madame est servie Vide
MessageSujet: Re: je trouve que madame est servie   je trouve que madame est servie Icon_minitimeMer 5 Sep - 16:22

hihihi ♥.
Tu peux évidemment reprendre méduse, on te l'avait gardé.
Revenir en haut Aller en bas
▬▬▬▬▬▬▬
Pavel Němec
MODO | I wrote this for you.
MODO | I wrote this for you.
Pavel Němec

Messages : 1280
Date d'inscription : 12/03/2011
Age : 27


It's a kind of magic.
Age du personnage : 16 ans.
Nationalité: Tchèque.
Relationship:

je trouve que madame est servie Vide
MessageSujet: Re: je trouve que madame est servie   je trouve que madame est servie Icon_minitimeMar 18 Sep - 17:58

Des nouvelles ? Poke nous sous 7 jours ♥. (on peut mettre en attente si tu veux)
Revenir en haut Aller en bas
▬▬▬▬▬▬▬
Tristan A. Lysander
je trouve que madame est servie Rangadulte
Tristan A. Lysander

Messages : 57
Date d'inscription : 11/08/2012
Age : 31


It's a kind of magic.
Age du personnage : trente-quatre ans
Nationalité: russe
Relationship:

je trouve que madame est servie Vide
MessageSujet: Re: je trouve que madame est servie   je trouve que madame est servie Icon_minitimeMer 19 Sep - 11:17

je suis vivaaaante, et effectivement, serait-il possible de mettre la fiche en attente ? ( reprise des cours, blah, connexion foireuse, blah )
le love sur toi Craze ♥ ( aah, merci pour le don de méduse ♥ )
Revenir en haut Aller en bas
▬▬▬▬▬▬▬
Tristan A. Lysander
je trouve que madame est servie Rangadulte
Tristan A. Lysander

Messages : 57
Date d'inscription : 11/08/2012
Age : 31


It's a kind of magic.
Age du personnage : trente-quatre ans
Nationalité: russe
Relationship:

je trouve que madame est servie Vide
MessageSujet: Re: je trouve que madame est servie   je trouve que madame est servie Icon_minitimeMar 25 Sep - 22:16

et voilà, fiche terminée !
Revenir en haut Aller en bas
▬▬▬▬▬▬▬
Pavel Němec
MODO | I wrote this for you.
MODO | I wrote this for you.
Pavel Němec

Messages : 1280
Date d'inscription : 12/03/2011
Age : 27


It's a kind of magic.
Age du personnage : 16 ans.
Nationalité: Tchèque.
Relationship:

je trouve que madame est servie Vide
MessageSujet: Re: je trouve que madame est servie   je trouve que madame est servie Icon_minitimeMer 26 Sep - 13:58

Je valide, évidemment. Tu gères tellement pfft. /o/ Tout plein de lovesur toi.
Revenir en haut Aller en bas
▬▬▬▬▬▬▬
Contenu sponsorisé



je trouve que madame est servie Vide
MessageSujet: Re: je trouve que madame est servie   je trouve que madame est servie Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

je trouve que madame est servie

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: « CAP OU PAS CAP ? :: « Que la partie commence. :: « Bienvenue à Aisling.-
Créer un forum | ©phpBB | Forum gratuit d'entraide | Signaler un abus | Forum gratuit