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 A handshake of carbon monoxyde ▬ Silas

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Leif Karlstrøm
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Leif Karlstrøm

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MessageSujet: A handshake of carbon monoxyde ▬ Silas   A handshake of carbon monoxyde ▬ Silas Icon_minitimeJeu 30 Juin - 1:23

*
    bla

A heart that's full up like a landfill
A job that slowly kills you
Bruises that won't heal



La première fois que Leif fume une cigarette – à dix-huit ans tout frais, il n'est jamais trop tard pour les conneries – c'est tiré des lèvres d'une tiers personne. Si elle a le goût de ces mêmes lèvres, ça il n'en sait rien, peut-être bien, mais si c'est le cas, il aimerait savoir pourquoi la bâtonnet serait si amer, quand, buvant ses paroles entre deux gorgées de bière, il les avait plutôt goûtées comme acides. Amer, il s'y attendait ceci dit, donc ça ne le surprend pas. Il était allé cherché cette amertume pour remplacer celle qu'il connaissait en permanence, qui fait grincer ses dents. Il est trois heures du matin, Leif cherche une merde capable de pouvoir remplacer celle dans laquelle il s'est mis. Sûr qu'une malheureuse clope ne suffira pas, mais il fallait un début à tout quand on envoyait foutre en l'air des principes.

Pour ça, tout le monde savait qu'il n'y avait pas meilleur conseiller que Silas, le type qui avait écouté son silence épisodiquement ponctué de conversation de politesse, le genre de trucs à les faire gerber. Le brun n'avait pas encore assez bu pour lui raconter toute sa vie, les deux s'en passeraient de toutes façons très bien. Sa vie, aussi pourrie soit-elle, ne pouvait pas encore assez l'être au goût de ce gars-là, tant qu'il n'y avait pas mis son grain de sel, sa propre petite touche, celle qui te ferait toucher à ce qu'était vraiment le fond. Ah oui, ça il savait faire, Silas, il savait bien faire couler les gens. Il aurait pu s'imprimer un petit millier de cartes comme ça, canson blanc, classe, dorures en police taille 11, je vous détruis sur rendez-vous. Il y avait toujours des gens pour payer ce genre de conneries malgré tout, Carroll ne faisait que leur subvenir en soi, ils étaient censés savoir les risques qu'ils prenaient en venant le voir, en signant silencieusement un contrat. Pas qu'avec lui, mais avec toute sa clique, son coffre à jouets qu'il prenait davantage plaisir à partager qu'à consommer, et qu'on acceptait pas si naïvement. Silas, c'était l'avertissement à la con sur les paquets de cigarettes qui te parlait de ton impuissance, de ta mort et de celle de ton entourage. Silas, c'était cet alliage de goudron, de carbone, de plomb, de mercure et d'une tonne de noms secrets avec ce qu'il fallait d'additifs pour te faire revenir.

De nos jours, quand tu fumes ta première cigarette, c'est pas par naïveté, pas ignorance de ce qu'elle peut contenir. Quand tu venais voir ce garçon-là, tu n'ignorais pas non plus que sa bonne gueule était un bon emballage pour un produit qui t'attaquerait directement. Le marketing c'est important. Leif, dans son habituel état d'esprit, celui qui s'attachait à ne voir que de l'égo chez l'homme pour en être composé autant qu'il y avait de tabac dans ces petites conneries, avait toujours vu dans cette attitude illogique une envie de bravade. Encore. Jusqu'à ce qu'il l'expérience cette nuit-là, l'idée de vouloir se foutre en l'air par principe n'était qu'une excuse, le genre de phrase toute faite que l'on sortait pour camoufler notre amour-propre dévorant. On est jamais près à se foutre en l'air, au moment de sauter, il faut toujours qu'on se rattrape à ce qui passe, et qu'on sauve les meubles. C'était le dernier instinct restant qui pouvait prédominer chez l'homme, l'amour de sa petite gueule, si possible avant celle des autres. C'était plus que de la survie.
Pourtant ce soir, en regardant les nuages de fumée s'évaporer sur un fond noir, le psychique se disait qu'il fallait bien un début à tout quand on voulait changer les habitudes. Alors quand on foulait cracher sur toutes celles d'une civilisation entière, dix-huit ans ce n'était pas trop tôt, et il aurait bien besoin de l'aide de quelqu'un. Quelqu'un qui adorerait voir une telle conscience péricliter.
Pas de temps à perdre, après tout, Leif avait un certain retard à rattraper, dans sa manie du contrôle.

▬ En fait c'est moyen. Je suis sûr tu dois te taper les dents jaunes, fais voir ?


Ben tiens oui, regarde moi Silas, fais moi peur avec un vrai sourire, de toutes tes dents. C'était trop tôt pour qu'il le lui montre, Carroll devait être du genre à ne sourire que devant les morceaux d'un homme. Ou à sourire que si tu voulais bien être gentil aussi et daigner faire la chose courte, pour partir gentiment avec ce qu'il cachait dans les poches de son froc. Peut-être.
Pour le coup, Leif fantasmait sur cet échange en soi, ce leur relation et d'entente à deux balles, cet amitié à usage unique comme disait l'autre ; la vérité, c'était que s'il arrivait quelque chose, celui qui vous fournit aurait pu vous faire des sourires à en faire pâlir ces conneries de brochure d'assurance qu'il détalerait sans demander son reste. Avant que vous ayez touché le sol. Et tout le monde le savait, même si on se le cachait, dans la bête idée d'un soutien, d'une compréhension. Mais pas ce soir, non, pas ce soir. Leif ne souhaitait pas savoir comment pouvait se passer une soirée avec Silas, ça non, mais il ne souhaitait certainement pas gémir sur sa vie de merde auprès de celui qui écoutait les pires aberrations du bon peuple.
Il avait toujours valu mieux que ça, après tout, n'est-ce pas ?

Le brun retira la cigarette pour la coincer entre les lèvres de son possesseur, sans même un vrai regard avant de retirer son t-shirt qu'il posa sur son épaule. Tant de conneries qu'il aurait voulu oublier ce soir-là, des mots de Discord sur le panneau d'affichage aux quatre lignes de mensonge qu'il s'était enfilé quelques nuits plus tôt, doux mensonge qui finissait par lui faire défaut, et irriter ses veines au passage de son sang vide d'intérêt. On en était arrivé à ce point fatidique, celui où, quand on aime l'ironie, on fixe l'eau chlorée en se demandant si oui ou non on devait replonger.
Silas devait bien se foutre, se contre-foutre de ses histoires avec Discord. Mais Leif avait l'intime conviction qu'il devait bien avoir un avis tu sur le deuxième.
S'il voulait savoir lequel, il n'en était pas certain – si toutefois quelqu'un comme lui était capable de lui dire la vérité. Ce qu'il attendait de lui ce soir alors, si ce n'était ni pour lui en parler, ni pour l'écouter ? La réponse n'avait pas plus de sens. Il n'était jamais qu'ici depuis quelques heures avec la pire personne pour son état, à tirer sur ses précieuses clopes en espérant remplacer ce goût dégueulasse par un autre. En espérant être capable d'abandonner le moindre de ses principes s'il pouvait se sentir plus léger. C'était tout.

▬ Change moi les idées. Ne me déçois pas, sois inventif s'il-te plait ? "Je ne suis pas n'importe qui." Bingo, première erreur.

On ne guérit le mal que par le mal.




I'll take a quiet life,
A handshake of carbon monoxide


[right]Au moment où j'ai fini d'écrire ce truc, tu te déconnectes de msn. Mon deuxième nom est synchro. Joyeux anniversaire, tepu. C'est. C'est pas super mais je n'aurais pas pu le poster aujourd'hui sinon ;; JE SUIS TOUJOURS UNE TEPU QUI OFFRE RIEN ?
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Silas A. Carroll
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MessageSujet: Re: A handshake of carbon monoxyde ▬ Silas   A handshake of carbon monoxyde ▬ Silas Icon_minitimeMer 18 Jan - 16:13

A handshake of carbon monoxyde ▬ Silas Tumblr12

Satellite ecstasy,

SOMNIFÈRES SUR MON ESPRIT.


    Dieu est un putain de jaloux.

    Un envieux. Un mec assis sur son gros nuage tout blanc qui regarde le monde derrière ses lunettes carrées avec un air sévère. Dieu c’est ce type qui te dit de ne pas baiser la femme d’un autre, de ne pas voler ton prochain, de ne pas le tuer, mais qui s’en fout si tu ne respectes pas ses principes. Dieu est un minable.
    Et lui, lui il regarde le résultat de sa création. La conséquence de cet énorme échec divin. Cette sacralisation du vice et de la satiété, combinaison de merde au milieu d’un monde qui pourrit. Il regarde Leif. Il regarde cette eau chlorée qui le nargue avec passion. Il regarde ces morceaux de nicotine qu’il s’enfile par intermittence, encrassant ses poumons jusque-là dénués de péchés. Il lui en aura pas fallu beaucoup. A peine le temps de quelques mots jetés au hasard sur un papier, à peine le temps de la connerie humaine. On l’aurait cru invincible, Leif. On l’aurait cru parfait, irréprochable, suintant par tous les pores de sa peau l’aura du type qui bénéficiera d’un avenir sans failles. Silas l’avait espéré. Il l’avait espéré, comme on prie pour son salut. Mais Leif sombrait. Comme tous les autres. Il n’était pas fait de roc. Il n’était pas inaltérable. Et ses faiblesses, étalées sur quelques lignes incertaines, étaient venues s’agripper à lui, éveillant les moindres de ses maux.

    Et Discord est un putain de connard.

    La clope suspendue au coin de sa bouche, ses mains se glissent sur son épaule pour venir y appuyer son menton. Il est tout près de lui. Assez près pour sentir les prémisses de la décadence. Encore trop éloigné pour y voir la fin. S’il avait été un mec bien, il lui aurait dit qu’il était con. Que les pastiches dorés qu’il distribuait ne lui apporteraient rien. Qu’il en redemanderait jusqu’à ce que ses veines soient pleines d’un liquide étranger. Qu’il s’acharnerait tant que son corps n’en serait pas rempli. Que, finalement, ce ne serait plus pour oublier. Que ce ne serait plus pour s’évader. Ce sera juste pour ne pas avoir mal, Leif. Mais il n’avait rien du mec bien qui dispense la bonne parole. Il était le contrôleur de ce bus pernicieux. Dans ces mots, il n’y voyait que le bénéfice. Et tant pis pour l’affection ou pour l’amitié. Tant pis pour son envie de voir Leif loin de cette réalité étiolée. Au moins pourra-t-il dire qu’il était là au commencement. Peut-être pourra-t-il dire aussi qu’il était là pour la fin.
    Parce que Silas c’est l’amertume. Silas c’est le mec qui base sa vie sur la descente de la société, sur les vieux rabougris qui rêvent de prendre la première catin qui passe, et sur ces mêmes catins qui ont besoin d’un calmant pour avaler tout cet attirail gâté par le temps. Silas c’est un rien du tout perdu dans l’immensité qui tente de se faire du pognon sur le dos des autres. Silas c’est ce pauvre type qui, de temps en temps, accuse le poids de la culpabilité qui s’appuie sur sa colonne vertébrale jusqu’à ce qu’elle craque. Et cet horrible craquement le rappelle du dédale de ses songes.

    Leif, Leif, Leif. C’est un nom qui l’obsède. Un peu. C’est un nom qui le ronge. Beaucoup. Pourquoi, Leif ? Il aurait aimé lui hurlé que ça n’avait pas d’importance. Que Discord n’était rien qu’une loque, un pauvre mec à la tronche dépareillée qui se cachait derrière des chatons ensanglantés et des phrases désordonnées. Il aurait voulu lui dire d’oublier Nearheart, d’oublier tous les autres, de ne pas se laisser aller. Il lui aurait crié d’être parfait. Parfait comme il l’avait souhaité. Parfait comme il le rêvait. De toutes ses forces. De toute son âme. Et ça lui déchirait le cœur. Et ça lui trouait le ventre.
    Mais l’attrait du péché le bloque. C’est une barrière qui se dresse. Un obstacle qu’il ne peut pas surmonter. Qu’il ne veut pas surmonter. Il n’y a que l’argent qui soit vrai. Il ne lui fera pas de coups bas. Pas d’entourloupes. L’argent était palpable. Tangible. L’argent, l’argent, et encore l’argent. Alors oui, tant pis. Alors oui, tant mieux.
    Il savait qu’un jour ça le boufferait. Mais jusque-là, pardonnez-lui cet attrait impossible.

    ▬ Pas jaune, Leif. Gris. Gris cendre. Bientôt t’auras les mêmes, t’en fais pas.

    Et il lui sourit de toutes ses dents. Ni jaune, ni gris, ni même blanc. C’est quoi le prix d’un sourire ? Un sourire c’était un quart de gramme. Un demi-gramme. Peut-être plus. Une pilule irisée. L’autre verdâtre se serait sûrement amusé à les rendre roses pour casser l’air qu’il se donnait lorsqu’il marchandait.
    Il attrape la clope pour la déposer dans la bouche de Leif.

    ▬ Tu veux quoi ? Tu veux oublier ? Tu veux tout lâcher ? Tu sais, ça ne te sauvera pas. Ça ne te rendra pas ce que tu crois avoir perdu.

    Ça ne sauve jamais personne. Ça pourrit. Ça étreint dans des bras léthargiques et flasques. Ça enfonce les yeux dans les orbites. Ça fond la chair. Ça dissout les muscles. Ça rend la peau blanchâtre. Ça ronge de l’intérieur. Et ça n’apporte aucun réconfort. Aucun salut. Aucune certitude. Ça relèguera tout le reste loin du nerf central, au bord de la mémoire. Au bord du monde. Au bord du vide. C’était la vérité qui faisait mal. C’était une chute sans fin. C’était Sandy. C’était tous ces gens qui se pressaient en rampant, dévorant leurs illusions pour oublier la douleur, pour oublier leurs pupilles détruites.
    Ça ne t’offrira rien.
    Mais tu t’en fous, Silas. Tu t’en fous. Tu t’en persuades. Tu te l’assènes. Tu te l’enfonces au milieu de tes cellules nerveuses. Tu t’en fous. Leif sombrera comme tous les autres. Parce que le bonheur est dégueulasse. Parce que c’est ça, ta réalité. Ton univers où tout bascule et se disloque. Leif n’est qu’une nouvelle poupée de plus. Une marionnette qui brisera ses fils, qui s’arrachera les yeux, qui étirera peu à peu chacun de ses muscles jusqu’à ce qu’ils cèdent, jusqu’au moment où tout se cassera.

    ▬ C’est gratuit au début.

    Et tu récupères la clope pour glisser une pilule colorée entre ses lèvres. Tu le fais monter dans le bus avec les désenchantés. Avec ceux qui croyaient, ceux qui espéraient, ceux qui priaient.

    ▬ Avale.

    Il lui sourit toujours. Il y avait les relents insipides de l’engeance du mal entre ses doigts qu’il délaissait dans sa bouche. Il y avait toutes ces générations avortées, ces générations ratées, qui se précipitaient pour accueillir leur nouveau locataire. C’était la drogue. La drogue à l’état pur, brut et corrosif. C’était la drogue qui rongeait. C’était la nouvelle épouse de Leif. Sa nouvelle amante. Silas s’en assurerait. Il s’agripperait à lui pour le faire plonger avec tous les autres. Juste un coup de plus pour l’enfoncer. Une descente rapide. Chute vertigineuse. Ce que certains mettent des années à atteindre, il l’y emmènerait en quelques mois.
    Tu me supplieras de t’achever, Leif. De te tuer ou de t’en donner encore pour dissiper la douleur. Ils sont tous comme ça. Tous les mêmes. Des moutons à l’affût de leur berger qui se pressent, qui se bousculent, qui se défigurent pour quelques grammes, quelques gouttes distillées de leur solution miracle.
    Est-ce que tu voudras en finir, à la fin ?

    Il approche ses lèvres de sa joue pour y déposer un baiser. C’était juste dommage. Il n’y avait rien à dire. Il n’y a jamais rien à dire quand on parle d’héroïne, de cocaïne, ou même de MDMA. Sa main se glisse dans son dos. Il force sur son bras. Et il appuie. Doucement. Plus fort. Il le balance à l’eau.
    Noie-toi, Leif. Crève maintenant, ça vaudra mieux que la souffrance du plus tard qui te guettera à chaque seconde, qui attendra le moindre relâchement. Crève. Juste comme ça. Tant que t’as encore un semblant de raison.

    ▬ Ça te coûtera cher. J’espère que t’as assez pour une vie entière.

    Assez pour une éternité.

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Leif Karlstrøm
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MessageSujet: Re: A handshake of carbon monoxyde ▬ Silas   A handshake of carbon monoxyde ▬ Silas Icon_minitimeSam 18 Aoû - 22:11

J'adore répondre de la merde aux gens pas là c'est ma passion.

A handshake of carbon monoxyde ▬ Silas Scaled.php?server=837&filename=tumblrlqaa4qsjtw1qebpwm
This time I’ll let you come along
Cause you know just what to do
This time I’ll let you come along
Cause I need somebody new



Leif tombe en arrière, il le sait, se sent aspiré, et bien que son regarde soutienne toujours celui de l'autre, comme par un fil, la pression dans son dos le mènera inexorablement à sa chute. Pourtant, l'espace d'un instant, il aurait juré que Silas aurait pu lui tendre la main.
Entre sa langue et son palais, la pilule demeure immobile et fade, bien à l'abri sur ses papilles désechées. Lui n'ose pas ouvrir la bouche, n'ose pas bouger, pas plus quand son corps pénètre la surface comme au ralenti, pour se figer dans l'eau ; quelque part autour de lui quelque chose se terre dans le temps et l'atmosphère immobiles, au milieu d’innombrables petites bulles d'air anonymes qui gagnent la surface, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une. Plus une seule. Leif contient tout, clôt fermement ses lèvres, ses yeux, n'ose pas même expirer pour écouter le silence endormi et sourd de l'eau. Cela semble durer une éternité avant qu'il ne remonte malgré lui, droit comme un i, les membres raides et les bras en croix, à se laisser flotter sur l'onde encore un peu agitée.

N'ouvre pas encore les yeux tu sais, c'est un peu trop tôt.
Le tissu de son pantalon, imbibé d'eau et de chlore lui colle à la peau comme un deuxième épiderme, bientôt ses pores abandonnent, lui donnant la sensation de flotter comme nu à la surface. Mais rien d'autre, rien que le clapotis qui pénètre ses tympans, et puis son corps qu'il laisse tanguer au milieu de la piscine. Sa tête qu'il laisse dériver un peu, juste un peu plus longtemps. Et puis enfin, il déglutit, et comme pour énoncer sa sentence, la voix de Silas le rappelle à l'ordre. Silas, c'est vrai. Silas est là. Silas qui tire la gueule en le regardant, mais qui cache sa bouille derrière son attitude de faux gangster, derrière sa clope qui n'est plus qu'un mégot. C'est définitif, Leif est comme empreint d'une passion pour les fumeurs.
Le silence se brise à peine lorsque le brun entame quelques brasses pour rejoindre le bord et son ami qui le regarde – son ami qui n'est plus, parce que maintenant c'est son dealer, maintenant il obéit, et c'est le première fois que Leif se sent presque amer à une telle pensée. Faut toujours ça, qu'il foire tout ce qu'il touche ; qu'il torde et déforme, pour voir un peu le résultat, pour un peu de nouveauté. Bientôt, il n'aura plus un seul ami à les exploiter, à les manipuler, à les baiser dans tous les sens.
Un frisson remonte dans sa nuque trempée et il plonge un peu ses épaules dans l'eau.

▬ Me laisse pas seul.

Son ton lui demande simplement de le rejoindre, ses yeux lui demandent de comprendre. Et de ne pas le laisser seul, non. Jamais. Mais il serait là, Daisy serait toujours là maintenant tant qu'il aurait de quoi lui graisser la patte, quoi de mieux en matière de relation durable.
Leif s'approche comme il peut du garçon debout sur le rebord puis ses mains viennent s'agripper doucement aux passants de son jean, et ses iris encore sobres fixent la figure qui le domine et à qui il sourit. Après quoi il tire. Le bruit des deux corps qui tombent et retombent dans l'eau sonnent comme une cymbale. Quelque part avec l'écho de son rire qui s'élève.
La cigarette morte noyée remonte à la surface avant son possesseur, et le brun la passe de nouveau entre ses lèvres, l'air plus malin que jamais.

▬ Le sort des autres, ce sera pas ça ma vie. Je suis spécial tu le sais pas vrai ?


Et puis c'est pas grave si son sourire joue les déments. C'est juste la pilule, cette petite pastille qui commence à danser et qu'il cherche à faire taire par coup de conscience. Comme s'il pouvait le cacher. Comme s'il pouvait le cacher à Silas.
Parce que la vérité et Silas le sait, plutôt Silas devrait le savoir s'il veut encore s'en cacher, c'est qu'il est bien comme tout le monde, et que tout seul il finira encore pire qu'eux. Il n'est qu'une putain de figure anonyme, comme une de ces gouttes d'eau qui glisse le long du coup de son ami. Il commence d'en haut, toujours d'en haut, et puis tombe, dégringole parmi tant d'autres, à des vitesses variées, par des chemins toujours plus aléatoires et tourbillonants, il choit comme toutes ces petites choses humides et sans intérêt, parfois ralentit sa course jusqu'à en rencontrer une autre ; la toucher ; alors ils s'absorbent, alors ces gouttes-là ne deviennent qu'une et reprennent la route en espérant arriver à la fin ; en espérant vaincre l'eau stagnante. Ne pas s'évaporer. Pourrir.
Sans les autres, Leif n'arriverait pas jusqu'au bout, quoi qui l'attende là-bas.

Dans la nuit, l'eau réverbère la lumière sur le visage de Silas, et lui frissonne bêtement, l'air frais écorchant ses épaules nues et exposées. Quelque part, il ne pouvait pas vraiment le quitter des yeux. Il aurait voulu que Silas le suive, comme on tomberait avec quelqu'un à s'en tremper les os. Il aurait pu être une de ces forces à absorber, et la question fugace de quel goût il pourrait bien avoir l'effleura. Pourtant il n'arriverait toujours pas à le saisir ; on ne saisit pas la fumée. On ne touche pas à ces atomes libres et rares. Ces petits cons à l'adaptation incroyable, qui à eux seuls te font pourrir toutes les cellules.
Silas devait avoir le goût doucereux quoiqu'amer de la fin. Le genre de choses auxquelles Leif avait toujours eu du mal à résister. Le brun nage vers lui comme si le courant l'y avait attiré, comme naturellement, sans se soucier de perdre progressivement pied.

▬ Et si j'en prends encore c'est mon problème. Je sais où ça ira. Ça me va.

Sa voix se veut ferme mais sa tête commence une première fois à tanguer, et il s'accroche un instant aux épaules de l'autre dans la recherche illusoire d'un équilibre, qui ne les enfonce qu'un peu plus profondément dans l'eau. Leurs silhouettes déformées sous l'onde et la lumière outrageante des spots qui s'y trouvent le hantent. Leif cligne des yeux, une fois, deux fois.
Et puis après quoi ? Après il verrait trouble, ou il verrait flou, après il contrôlerait peu ses mouvements, tituberait dans l'eau s'il pouvait, peut-être même coulerait et ça serait pour le mieux. Ça lui éviterait d'en sortir et de continuer, de reprendre, chaque jour y penser peut-être, chaque jour en reprendre même. Sans ça, il rirait comme des ongles sur un tableau, ce rire de coquille vide et pleine de manque ; il allait perdre, c'était sûr, il se croirait en contrôle et puis vacillerait sans même s'en rendre compte puis il reviendrait la queue entre les jambes, en suppliant, en rampant s'il en fallait. Il serait une figure maigre, l'ombre d'une ombre, dans l'expectative, un corps gaspillé et demandeur, juste des nerfs sans peau, fatigué, privé de sommeil et dépressif jusqu'au prochain passage du marchand de sable et sa recette chimique. Sédatifs, somnifères et benzodiazépines en voie lactée. Quelques grains psychotropes et hypnotiques dans la trachée.

Et cela, dans le flou confortable de son esprit, parut pendant un instant lui convenir.
L'espace d'un instant, Leif fut juste conforté par l'idée que quelque chose l'attendait, comme un gamin dont la vie était régie par l'arrivée d'un camion de glace chaque jeudi et qui attendait son glas sur le pas de sa baraque. La fin que pouvait lui offrir Daisy, parce qu'elle existait, était comme déjà suffisante ; elle prenait le pas sur la peur de l'immobile, la peur de ne rencontrer personne d'autre sur son passage qui l'amènerait jusqu'au bout, comme ces conneries de gouttes contre une vitre.

Il n'y avait pour l'instant que la présence de Silas sur son chemin. Pour ce que cela vallait, il s'accrocha à lui comme un homme fou sur son radeau, dans l'attente que les vagues l'engloutissent.




I want some sun
I need some action, man
I want some recreation


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A handshake of carbon monoxyde ▬ Silas

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