Encore une belle journée ! Erick avait aidé une grand-mère a retrouvée son chemin, il avait donné de l'argent à un homme dans le besoin, débusquer un chaton d'un arbre, et même résolu un problème de voisinage dans le calme et la compréhension totale. Enfin, cela était certainement le cas dans une autre dimension, car vous vous doutez bien que l'électromorphe n'agirait jamais ainsi, sauf si une personne possédant un don pouvant modifier sa personnalité vient s'en mêler. En fait, actuellement, il avait tout juste répondu par un long silence à la vieille dame demandant son chemin, il avait par la suite dit au clochard qu'il devrait penser à se pendre plutôt que polluer l'atmosphère, et il avait laissé le chat se démerder tout seul. Pour ce qui est de résoudre un problème mettant en scène plusieurs personnes, il n'avait pour le moment pas eu l'occasion de donner des coups de poings à l'arrière goût d'électricité.

Belle journée, mon cul, dirait-il dans une grâce lui étant propre. Comment cette journée pourrait-elle être belle ? Peu convaincant en effet que le grand blond puisse trouver quelque chose de positif à une foule de niaiseux se promenant main dans la main, crachant leur bonheur dans la face de ceux occupé à penser autrement. Déjà qu'en temps normal, ce genre de blaireaux lui sortaient par les trous de nez, que dire quand ça en devient une épidémie ? Le simple fait de se trouver dans un périmètre blindé d'heureux abrutis lui donnait envie de rendre ses tripes. Qu'on arrête cette stupide mascarade, que diable !

Rabat-joie de Français. Regardez-le faire la moue alors que, chose rare, il faisait beau. On est en Irlande, alors vraiment, il valait mieux ne profiter. Mais non, pour une fois qu'il ne risquait pas de se retrouver trempé sous la pluie, monsieur préférait dégager autant de chaleur qu'un iceberg à la recherche de son Titanic. C'est donc en bon iceberg que Velmur se traça un chemin dans la foule, bousculant sans ménagement ceux se dressant sur son chemin. Notons par ailleurs que, si d'habitude, on venait vous dire de vous excuser quand vous agissez ainsi, ce n'était pas le cas avec l'élémentaire, sa mine fermée, sa fière carrure et son regard assassin vous disant clairement qu'il ne valait mieux pas faire d'histoire. M'est avis qu'avec une carrure de crevette, l'effet aurait été beaucoup moins frappant.

Erick réfléchissait, du moins, il essayait. Le problème, c'est qu'il n'avait rien en tête pour s'occuper l'esprit. Ou peut-être ne voulait-il pas penser à quoi que ce soit ? Du moins, pas à quelque chose qui pourrait lui faire réaliser quelque chose d'important ? Allez savoir, je ne suis pas dans sa tête. En attendant, autant faire le bulldozer, autant bousculer tout ces imbéciles heureux, ce n'est pas comme s'il était réputé pour être discret. Pourtant, ça lui ferait certainement du bien, de devenir par moment invisible, de ne pas avoir à être sur ses gardes. Plus que son tempérament violent, peut-être était-ce pour répondre à ce besoin inconscient, qu'il avait hérité du don de devenir la foudre elle-même ? Enfin, si on lui disait ça, il rétorquerait certainement que c'est idiot, que se transformer en air serait bien plus efficace. Il n'aurait pas tort. La différence devait se trouver dans le fait que l'air n'est pas menaçant, qu'on en a l'habitude, alors que l'électricité, elle, est dangereuse et n'est pas là pour nous faire du bien. Là encore, on part peut-être un peu loin. Après tout, peut-être ne possédait-il ce don que pour être le plus bourrin possible ?

Ou alors est-ce la un subtil mélange ? Un ensemble de ces possibilités ? Chaque don correspond à son détenteur, on pourrait donc parler longtemps de la signification de celui-ci sur le doté. Erick, pour sa part, n'avait jamais vraiment réfléchit sur le sujet. Il avait un pouvoir, voilà tout, pour quoi se compliquer à chercher plus loin ? Avec ce don, il peut paralyser les gens ? Alors tant mieux, autant le faire. Se déplacer extrêmement vite ? Profitons-en là encore. Il ne voyait que le côté pratique de l'électromorphie, peut-être était-ce pour cela qu'il en avait une bonne maîtrise. Dans tous les cas, Il ne serait jamais assez patient pour faire un parallèle avec lui-même.

En bonne incarnation de l'impatience, son pas se fit de plus en plus pressant, il ne savait pas où ils allaient l'emmener, mais il s'adapterait bien... Contrairement à ces jolies damoiselles, qui n'avaient pas l'air ce qu'il se passe quand l'ouragan Velmur les bouscule sans ménagement, les faisant tomber de leurs 10 centimètres de talons aiguilles. Pas un seul regard ni une once d'excuse ne vinrent se mêler à la marche impitoyable du lion. Le problème, quand on se comporte ainsi, c'est qu'on en attire. Les problèmes, donc, prenaient la forme de trois garçons voulant faire les beaux. Feindre de venger les femelles pour plus vite forniquer avec, un grand classique, se dit l’élémentaire.

Pas de chance pour eux, il n'était pas d'humeur. Pas même à les passer à tabac. Non, Erick devint juste l'élément lui étant lié, et foudroya les jeunes gens sans plus de cérémonie. Il disparu comme il était venu, et on pouvait alors se demander s'il était vraiment sur place il y a seulement quelques secondes auparavant. Sous sa forme de simple fil électrique, le jeune homme, sur un coup de tête, se décida à atterrir dans les jardins, sans vraiment se soucier de l'endroit où déposer son arrière train. C'est dans les buissons qu'il reprit sa forme initiale et se redressa. Soudain, une voix à la sonorité aussi enjouée qu'une porte de prison vint lui claquer dans les oreilles.

- Tu serais pas Velmur ?

Se retournant machinalement, Erick déposa son regard bleu sur l'étrange garçon aux longs cheveux noirs. Son esprit mis en route sa mémoire, afin de retrouver l'identité du dit chevelu.

- Tu serais pas venu t'emmerder aussi ?

Hum... Il ne se souvenait pas connaître cet énergumène. Tout du moins, il n'avait pas souvenir de lui avoir collé son poing en travers les gencives. Lienart n'avait à vrai dire jamais fait l'effort de retenir les visages ou les noms, surtout pas de psychiques, qui étaient pour la plupart bien trop barbant à son goût. Ne trouvant donc pas un nom à replacer sur ce sombre minois après plus d'une vingtaine de secondes, Erick, dans son incroyable sens du sociable, se contenta de soulever un sourcils, lâcher un soupir inaudible, croiser les talons, et reprendre son chemin, offrant à l'inconnu un vent magistral, dans la plus pure tradition des enfoirés de première catégorie.

Après quelques pas, il se tourna à nouveau en direction de celui qui venait de lui adresser la parole. Il n'avait toujours pas le nom du garçon en tête, mais il avait néanmoins retrouver à qui appartenait cette tronche de cake: " le mec qui a le don de maudire autrui ". Si vous vous demandez, oui, Erick a plus tendance à retenir à quel visage correspond quel don plutôt que les noms, histoire de savoir si la personne en face a de quoi offrir du challenge durant une joute improvisée, ou si ça se terminerait trop rapidement pour y trouver du plaisir. C'est avec son tact légendaire que monsieur crinière blonde s'exprima.

- Je ne sais pas si tu as remarqué, mais tu ne colles pas avec le décor.
Il illustra ses propos en hochant la tête vers un énième groupe de jeunes insouciants.

- Cela dit, je ne suis pas fait non plus pour ce paysage. Les mains se trouvant dorénavant dans ses poches, l'élémentaire bailla lentement, afin d'ajouter sur le ton de la conversation: Je suppose que faire en sorte que le décor te sied plus ne te tente pas plus que ça ?

Un dernier coup d'oeil en direction de Ludvik, et ensuite, il se déciderait sur ce qu'il allait bien pouvoir faire de sa journée.