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voilààà, je. j'espère que ça te va, c'est assez chelou ( autant pour moi question réponse courte aussi, en fait, j'ai pas fait exprès mais c'est long au final DD8 ) et que tu aimes ne serait qu'un petit peu ? poke-moi pour me dire, dfghdfghj ;; LOVE SUR TOI
that's me in the corner, that's me in the spotlight ; i'm losing my religion.
Ce soir n'était qu'un soir semblable à tous les autres.
C'est ce dont tu aimerais te persuader, April. Alors qu'aujourd'hui, pour la première fois depuis des mois, ta main a ébouriffé la tignasse brune d'un crève-la-faim minable au sourire aussi beau que sa présence près de toi fut évanescente. Brève comme un éclair, un trait de lumière meutrier.
Tu ne peux pas faire semblant alors que tu viens à peine de retrouver le goût de ses lèvres. Et l'intensité douloureuse de vos étreintes passées revient te hanter, encore comme toujours, mais aujourd'hui, elle a la fraîcheur d'une plaie à vif. Qui n'avait, de toute manière, jamais complètement cicatrisée.
Tu te souviens d'avoir fait quelques efforts pour que pâlissent tes paupières rougies, de t'être occupée de toi avec un soin tout particulier, masquant traces de nervosité, qu'elle se fassent ombres bleutées des paupières ou doigts écorchés, avec une détermination mécanique. Constater qu'il était à ce point facile de se retrouver une apparence normale, de se redonner une illusoire constance, ça t'avait peut-être tiré un faible sourire. Quelque part, tu aurais aimé le voir remarquer que quelque chose n'allait pas.
Tout se déroulait selon tes aspirations premières, et, ne sachant s'il fallait s'en réjouir ou non, tu te limitais à un sentiment étourdissant de vide.
And I don't know if I can do it. oh no, I've said too much ? i haven't said enough ?
Ensuite, tu te retrouvais là, sans trop savoir pourquoi. Sur un bateau qui n'en avait jamais été vraiment un, d'après toi, pour la simple et bonne raison que ses passagers ne se rendait nulle part. Une embarcation qui n'était destinée à aucune destination, reléguée au vulgaire rang de dortoirs communs, à quai, ce n'était qu'une triste dépouille. Elle aurait dû voguer sur l'une de mers du globe, étourdir les hommes de la puissance océanes qu'ils défiaient. Elle devrait affronter les tempêtes, essuyer les embruns, ratisser des lieux improbables et franchir des golfs exotiques.
Tu l'aurais accompagnée. Dans son sillage, tu aurais, t'élançant vers l'inconnu aux formes bigarrées, largué tes tourments. Il suffisait que tu appelles tes parents, leur lâche deux ou trois longues plaintes, pour quitter cet endroit, et le laisser derrière à jamais.
Idiote, tu ne fuiras pas. C'était sa façon à lui de résoudre l'équation, non la tienne. Tu t'y refuses. Ton semblant de vanité intacte t'interdis d'avoir recourt à un tel échappatoire. Que reste-il ?
Tu songes à faire demi-tour, à avaler quelques somnifères, t'en tenir-là pour la journée. La mascarade finira bientôt ; il s'agit de reprendre des forces pour le dénouement. Vouloir que ça s'arrête, vite, vite, sans avoir hâte de clore tout cela, c'était aussi paradoxal que ton errance à la recherche d'un improbable repos.
Ça ne fait rien. Tu n'as pas grand chose d'autre à tenter, alors, tu te résous à marcher lentement sous le bleu d'un ciel de fin d'après-midi, que tu interroges d'un regard fatigué, avant de supplier Morphée d'accepter de te rendre visite. Demain tout ira bien, c'est juste un petit peu de lassitude passagère, laisse-toi aller. Il est vain d'y prêter une importance démesurée. Ne songes plus, surtout, à l'étendue de ta propre insignifiance.
Tu accroches du regard une fine silhouette, penchée au dessus des vagues. Son prénom te monte au lèvres, joli et coloré comme la teneur d'autres rivages. Zora. Une personne qui a ce petit quelque chose qui te donne à penser que, comme toi, elle se sait être un bateau cloué au port tandis qu'un vent d'aventure, de mystère, porte l'âme au devant. Tu te demande si elle fait partie de ceux qui modèlent des contrées inconnues et fascinantes en eux-même, détournant le regard de l'infinie déception que sont les faits. Les faits, vos amarres à toutes les deux.
─ Tu vois l'horizon ?April s'est assise en silence.
Ils sont là, pourtant, ses mots, ses maux. Dans sa bouche, où ils traînent un goût de métal, sur sa langue, où ils pourrissent en aval. Dans sa tête, qu'ils emplissent. Ils sont partout, Zora.
Peu importe que vous ne vous connaissiez pas ; tes mots à toi peuvent apaiser les siens. C'est aussi simple que cela dans l'esprit d'April.
─ Non, trop de nuages. Et toi ? Un court silence plana, puis elle souffla :
Tu voudrais arriver à le discerner ? Un autre.
On peut l'imaginer ensemble.Raconte-moi. Ce à quoi rêvent les étoiles comme toi, du haut de la voûte céleste qui te déleste de tout le reste.
Emmène-moi. Loin, là où on ne nous trouvera pas, à moins que l'on ne l'accepte, pour un instant seulement, un moment qu'on étirera en mille ans.
Sauve-moi, Zora, s'il te plaît, ne serait-ce qu'un peu. Du mieux que tu le peux ; si tant est que quelqu'un le puisse, ou le veuille, elle aimerait que ce soit toi. Parce que tu es là, à portée de main, simplement, et qu'elle ne réfléchit pas plus profondément que cela. C'est une sorte de désir infecte dont on n'ignore pas l'existence. Un de ceux qui tirent et tirent vers le moindre espoir que l'on entrevoit, rendu immédiatement avide par la promesse de délivrance, aussi fugace soit-elle.
La souffrance rend aveugle. Si d'aventure elle se risquait avec toi à dépasser les nuages pour apercevoir ce qu'il y a au-delà, Zora pourrait aller là d'où on ne revient pas, y perdre un morceau supplémentaire de ce qu'elle a égaré, déjà, de nombreuses fois, par petits bouts ; sa réalité. Et le regretter. Mais cela, tu ne t'en souçie à peine, n'est-ce pas ? Il y avait vos deux mondes, et surtout, toi à la frontière du sien. Toi, l'âme hurlante, la frénésie de l'appel au secours, tu deviens à la fois le marin en péril et la bouteille, les sirènes résolues et le navire qui chavire. Elle déchire, l'aveugle justice, quand c'est ton corps qu'elle choisit pour réceptacle.
T'iras jusqu'au bout, de toute façon. T'es là pourquoi, pour obtenir quoi ? Quelques minutes d'oubli ? Tu devrais en connaître le prix. Tant qu'à redouter l'inévitable retour sur Terre, tant qu'à faire fit de lui à cause d'une nécessité destructrice, autant se droguer, non ? Quoique. La drogue, au sens propre du terme, était une option dangereuse, bien qu'elle est pour avantage de ne détraquer que toi. T'es assez déboussolée pour pouvoir te retrouver dépendante en claquement de doigts. Tu n'en avais toujours pris, les rares fois où tu avais osé, qu'en étant au mieux de ta forme. Cette fois, il ne fallait pas. En plus d'être accro, si tu allais faire un tour du côté de Silas et t'injectais dose sur dose, tu risquais d'enchaîner les bad trips. C'aurait été con. Trop con. T'aurais pu, même, t'imagine, finit par faire des bêtises plus considérables que celles que tu accomplissais présentement, ce qui, en plus d'être ridicule, atteignait des summums d'inconscience. Hein, franchement.
Voilà, tu vois Zora, elle a besoin de toi, de tous les pâles éclats qui peuvent en naître. Elle les absorbera, en créature affamée de tout ce qui est susceptible de la soulager. C'est une solution infiniment plus raisonnable, à ses yeux ; elle en devient presque innocente. Tu seras la seule à trinquer, au final. Celle à abandonner la pureté de son petit univers entretenu avec tant de soi et d'attention aux mains souillées et fébriles d'une vague connaissance. Elle ne réalise pas. Elle n'a rien contre toi, tu sais, elle n'attend que ce que tu daigneras lui offrir.
Pourtant, tu devrais la laisser se noyer dans les remous de son désarroi.
Ce serait mieux comme ça.
that was just a dream, just a dream, just a dream.