« Arrête de sauter partout Solweig! » Un rire retentit , rapidement emporté par le vent glacial du pays Nordique dans lequel ils se trouvaient. Un rire cristallin, frais, plein d'une joie propre aux enfants. « Mais maman, j'aime pas rester assise! » Assise dans un arbre aux feuilles inexistantes, la fillette sourit à la femme en dessous, qui la regardait de ses yeux bleus. Soudainement, son portable sonna, indiquant qu'elle avait reçu un SMS. Elle le lu rapidement et leva de nouveau les yeux vers sa fille. « Allez viens chérie, papa nous cherche! On mange!» L'enfant sauta dans les bras de sa mère, qui eu un instant le souffle coupé. « Ah bah dis-donc! Faut arrêter le Fårikål!» La petite la tapa de toutes ses forces, qui n'étaient pas très développée. Son jeune âge la cause. « Mamaaan! T'es méchaaante! » . Mais sans lui faire la tête, elle déposa un baiser sur sa joue, puis se releva afin de retourner chez elle.

Elle se relève, un sourire aux lèvres. «So', tu viens? » Elle scrute l'horizon un instant, cette mer glacée qui est son paysage de tous les jours. Cet endroit magnifique, devant lequel les touristes s'extasient, où ils prennent des photos des baleines et des phoques. Pour elle, c'est un endroit normal, ni beau ni moche, juste un endroit pour se retrouver entre potes, pour décuver. Ses cheveux sont emportés par l'air glacial. Ils sont roses fluo cette fois-ci. Une bouteille de Jack's Daniel à la main, elle regarde ainsi ce paysage féerique. « Bon Solweig, tu fous quoi là?! Alan et Sofia nous attend pour entrer en boîte! » Elle semble tirée de ses pensées. Elle tourne alors la tête et sourit de toutes ses dents « Yes, j'arrive! » Elle court rejoindre son ami. Elle l'adorait celui-là. Toujours prêt à s'éclater, tout le temps de son côté... Il ne critiquait pas ses choix. C'était sûrement le seul. Elle monta alors sur son dos. Il vacilla un instant, menaçant de tomber puis se stabilisa. « Allez! Hu dadaaaa! » . Il éclata alors de rire. « Mais t'as quel âge Solweig?! » Evidemment, c'était une question purement rhétorique, il n'attendait pas de réponse de la part de la jeune fille. D'ailleurs, celle-ci lui tapa les fesses pour qu'il avance. Ce qu'il fit durant quelques minutes. Au bout d'un moment, il s'arrêta, épuisé. La damoiselle en profita alors pour lui demander « Tu viens samedi hein? Tu me lâches pas hein? » . Le jeune homme sourit. « Et je louperais l'occasion de détruire un champs entier d'endives? Jamais de la vie! » Solweig sourit et lui sauta dessus pour le prendre dans ses bras. « T'es super Adrian! » . Ils se relevèrent pour aller en boîte, en silence. Celui-ci fut rompu par Solweig, qui enthousiaste, dit avec un grand sourire: « En fait, je t'ai pas dit! Je me suis battue avant-hier! »  Le jeune homme poussa un soupir. Comment pouvait-elle être si joyeuse de s'être bagarrée?! « Rohlala, j'y crois pas So'! Je crois que tu me battras un de ces quatres! » « Héhé, peut-être bien! » . Ils rigolèrent ensemble, sachant pertinemment que cela était impossible.
Ils arrivèrent enfin au lieu de rendez-vous. Leurs deux amis étaient là. La fille sauta dans les bras de son amie. Elle se firent un «tcheck'» qui dura bien deux bonnes minutes, si long, si compliqué et si inutile que n'importe quelle personne normale n'aurait même pas prit la peine de l'inventer. Enfin bon, fallait dire que leur muscle cérébral n'était pas le plus développé. Ils préparèrent le plan pour ce soir. Ce n'était pas grand chose: Danse, alcool, weed, drague, et plus si affinités. Leur programme de presque tous les soirs, sauf quand ils étaient sur leurs consoles.

Tout commença un certain 25 juin 1996. Vous vous en doutez sûrement, c'est le jour de sa naissance. Un jour comme les autres, un jour où tant d'autres bébés naissaient dans le monde. Mais bon, parmi tous ces bébés, lequel pouvait se vanter du fait que plus tard, il allait découvrir qu'il avait un don lui permettant de devenir élastique? Personne d'autres, à part Solweig, vous l'aurez sûrement compris. Mais peut-être était-ce du au fait que son père avait lui même un don? Oh, pas très grand, pas très évolué. Probablement une espèce de « reste», un petit quelque chose qu'il avait reçu de ses ancêtres, probablement. Mais son don n'a aucun rapport avec celui de sa fille unique. Car il contrôlait le feu. Évidemment, rien d'important, je vous l'ai déjà dis avant, juste de quoi mettre feu à une petite allumette, allumer un pétard... Il ne pouvait pas envoyer de boules de feu ou même faire de son corps une torche! Et puis, c'est pas comme s'il l'avait voulu. Le père de Solweig avait toujours souhaité une vie tranquille, contrairement à ce qu'il avait eu durant sa jeunesse à lui. Mais je ne vais pas rentrer dans les détails.
Mais quand sa fille, son premier enfant est né, Alheb Hansen ne pu s'empêcher d'utiliser son don, un don qui n'avait pas servi depuis des années. Rassemblant des dizaines de pétards et de feux d'artifices, l'homme les avait disposé dans un parc, que l'on pouvait voir de la fenêtre de la salle dans laquelle accouchait sa femme, Olga Hansen. Quand celle-ci enfanta sa fille, son homme mit feu aux pétards. On ne sut jamais comment il s'était débrouillé pour le savoir, alors qu'il était dans le parc. C'est donc ainsi que des feux d'artifices multicolores embellirent la naissance de Solweig. Sans compter le fait que son père fut arrêté un peu plus tard, allumer des feux d'artifices ainsi étant totalement interdit.

Les années passèrent, Solweig grandit, rejointe par quatre petits frères: Aksel, Odd, Aaron et Teodor. Autant dire qu'elle n'a pas grandit en tant que vrai petite fille, étant plutôt du genre garçon manqué. Sa vie était normale. Jusqu'à ses onze ans en tout cas.
C'était un jour d'été, plutôt ensoleillé. Ses parents les avaient tous les cinq emmenés dans un fjord, un endroit magnifique, où l'on pouvait voyait des baleines, des phoques et toutes sortes d'animaux marins qui, à cette époque, émerveillaient encore la jeune fille. Aksel et elle jouaient au loup, les trois autres ayant abandonné, au profit d'une tasse de chocolat. Solweig était le loup. Son petit frère faisait tout pour ne pas être attrapé, et, la distançant de quelques mètres, jetait parfois quelques regards derrière lui afin de voir à quelle distance elle était. Et il a regardé. Il n'aurait pas du. Il était arrivé sur le bord de la falaise, et le sol disparaissait à cet endroit. L'endroit même où il se trouvait. L'endroit même où il tomba. Une chute normalement mortelle, mais à laquelle il survécu. Comment? Grâce à Solweig. Car ce fut à ce moment là que son don choisit d'apparaître. Le voyant disparaître de son champs de vision, la fillette hurla et se précipita sur le bord de celle-ci. Inconsciemment, elle tendit son bras. Normalement, cela n'aurait rien du faire, son frère aurait du être condamné. Mais ça n'est pas arrivé. Elle a fait quelque chose. Enfin, son corps a fait quelque chose. Son petit bras blanc s'est étiré, étiré, jusqu'à trouver le corps de l'enfant qui hurlait, hurlait à réveiller les morts. Il ne comprit pas tout de suite que sa chute avait été stoppée. Il ouvrit ses yeux jusque là fermés et leva les yeux, en prenant conscience qu'il aurait du depuis longtemps toucher l'eau glacée. Il baissa les yeux. En fait, il était tête en bas. Ah. Bon. Il n'était qu'à une trentaine de centimètres de l'eau. Il leva ensuite les yeux. Et vit sa sœur lui faire coucou, de sa main disponible. Il hurla durant trois secondes, plus de choc que de peur. Puis il lui demanda de le ramener sur la falaise. Et c'est à cet instant que Solweig réalisa qu'elle ne réussissait pas à « rembobiner » son bras. De peur, elle appela ses parents. Hurla leurs noms à s'en déchirer les cordes vocales. Ils arrivèrent, affolés. Bien évidemment, ils ne purent retenir un hoquet de stupéfaction quand ils virent le bras de leur fille de cette taille. Mais ce n'était pas tout, et leur attention fut rapidement attirée par leur fils, en bas, la tête vers le vide. Ils eurent un hoquet d'horreur mais le remontèrent tant bien que mal, le bras de la fillette -leur fillette- s'étalant de plus en plus sur l'herbe verte et humide, alors qu'elle retenait des sanglots en le voyant ainsi, des questions se bousculant dans sa tête. Était-elle un monstre? Son bras allait-il redevenir normal? Était-ce un rêve? Et surtout, ses parents l'aimeraient-ils encore, si elle restait ainsi toute sa vie? Après s'être assurés que leurs fils allaient bien, ils s'occupèrent du cas de Solweig. Comment allaient-ils faire pour elle? Bon, tout d'abord, revenir chez eux. Portant et pliant le bras trop long, ils rentrèrent dans leur maison, s'assurant que personne ne les avait vu.

Quelques jours plus tard, la taille du bras de la fillette n'avait diminué que de quelques centimètres, malgré tous ses efforts. Et la famille Hansen reçut la visite d'un homme. Il fit retrouver à la taille normale le bras de Solweig puis demanda à rester en tête à tête avec les parents de la fillette. Ils acceptèrent. Les trois personnes ne ressortirent qu'une heure plus tard. L'homme était aussi imperturbable que lorsqu'il était arrivé. Sa mère avait les yeux rougit par les pleurs et son père portait un masque de neutralité absolue. Il posa ses yeux sur sa fille et se baissa pour être à sa hauteur.
-Solweig, fais tes valises. Tu pars pour Oslo.
L'enfant ne comprenait pas. Pourquoi devait-elle partir là-bas?!
-Vous...vous venez avec moi hein? Vous me laissez pas toute seule?
-Désolé chérie. Mais il faut que tu apprennes à maîtriser ton pouvoir. Ça reste la meilleure chose à faire, pour ne pas que ça recommence.
-Mais... papa! Vous pouvez pas faire ça! Je suis votre fille, vous pouvez pas m'abandonner comme ça!
La petite s'affolait. Elle était sur le point d'éclater en sanglots, même si elle se retenait. Elle ne voulait pas avoir l'air faible devant cet inconnu. Elle tourna la tête vers sa mère.
-Je vais pas partir, pas vrai maman?
-Je...
-Ne rend pas les choses plus difficiles que ça ne l'est Solweig! Tu y vas, c'est tout! Tu n'as pas le choix, c'est pour ton bien!
Le départ fut difficile. Les frères de l'enfant menacèrent de faire une grève de la faim, de fuguer, de devenir des délinquants si leur sœur chérie partait. Mais l'autorité de leur père eut raison d'eux et ils laissèrent partir leur sœur, lui promettant de lui écrire souvent. Elle voulait, en partant, ne pas accorder un regard à son père. Mais elle ne put s'empêcher de lui sauter dessus pour lui faire un énorme câlin juste après en avoir fait un à son père. Puis elle monta dans la voiture. Et elle partit pour Oslo.

Les années passèrent et Solweig changea. D'enfant gentille et sage, elle devint une adolescente rebelle et cancre. La cause? Probablement l'éloignement avec sa famille, les rencontres tellement rares avec celle-ci, son entourage... et peut-être aussi une espèce de vengeance envers son père, pour lui montrer ce qu'elle était devenue à cause de lui. Et durant cinq ans, ce fut pour elle une vie de rêve. Du moins, d'un certain point de vue. Elle faisait ce qu'elle voulait, détruisait et vandalisait les salles de classe, buvait, faisait des nuits blanches et frappait les élèves qui ne lui plaisaient pas. Ce n'était pas un bon rythme de vie, ça, c'était sûr. Et d'ailleurs, cela cessa vers le milieu de sa cinquième année. Le directeur avait prit sa retraite. Il était vrai qu'à 78 ans, c'était dur de gérer la bande de Solweig. Et le nouveau directeur avait décidé qu'il devait mettre un terme à cette bande et créer une nouvelle ère à Oslo. Et vira Solweig et ses amis, les séparant dans le monde entier. Et Solweig se retrouva à Aisling. L'école était géante, au moins trois fois plus grande qu'Oslo. Mais même avec ça, elle détestait cet endroit. Car ce n'était pas chez elle.