born on a different cloud Δ rhéda

Messages : 198 Date d'inscription : 07/01/2012 Age : 30

Nous sommes juste les singes, qui sont tombés des arbres

Autant elle pouvait se montrer dynamique et apparaître à n’importe quelle occasion, autant Vodka avait des passages à vide. La fainéantise primaire qui resurgit, le besoin de rester isolée le temps de respirer, les nuits à arpenter les couloirs quand le sommeil fait défaut encore et encore. La demoiselle avait freiné dernièrement sur les soirées, et même si c’en étonnait toujours certains, voire tout le monde à vrai dire, c’était un comportement normal de sa part. Elle n’était pas une pile électrique inépuisable. Elle était humaine, et comme toute personne normalement constituée, se lassait parfois de certaines choses. Tout comme elle venait à en manquer d’autres. En l’occurrence, la musique. Entre les moments de sa nuit où son cerveau s’activait toujours trop, les moments passés avec Malik dans toutes ses tentatives d’en profiter à fond, les soirées et les accès de flemmardise absolue, Vodka en était venue à délaisser ses instruments.

Elle avait beau avoir un piano et une batterie dans sa chambre, quand d’autres avaient des trucs encore plus incongrus dans les leurs, elle n’avait guère la possibilité d’en profiter souvent étant donné qu’on venait souvent tambouriner contre sa porte sous prétexte qu’elle faisait un boucan d’enfer. Guère utile. Aujourd’hui, elle s’était montrée compatissante et avait décidé que, de toute manière, elle ne se priverait pas d’une bonne dose de mélodie en toute sobriété. Vodka traversa le rez-de-chaussée et se pointa sans ménagement à la salle de concert, de musique tout court, qui se trouvait être vide en cette période creuse de la journée. À peine le cul assis devant le piano présent dans un coin, qu’un mouvement l’attire du coin de l’œil.

Rhéda.
Grimace.

Messages : 93 Date d'inscription : 14/02/2012 Age : 29

Déclaration, de guerre.

Journée de soleil, le chant des oiseaux au milieu d’une après midi bordée du vent frais de la douce saison.

Rhéda déboula dans la salle de concert, visiblement légèrement au taquet. Un portable dans la main et collé à l’oreille, une partition enroulée dans l’autre, il avait quitté la pièce trois minutes auparavant. Elle était alors totalement vide.

- Non, c’est mort. » Temps de silence, l’argumentation était rude à l’autre bout du fil. « Que ça lui plaise ou non c’est la même. Écoute, je veux bien être sympa cinq minutes, je veux bien me mettre à sa disposition, mais dis moi honnêtement… Il faut qu’il arrête de me prendre pour un con. » Nouvelle tentative du téléphone pour défendre sa cause. « Tant pis, alors. Je peux faire autrement, et je n’ai pas l’intention de me prendre la tête avec ce type. » Grésillement. « Ho, vraiment ? Parfait. Dis lui d’aller se faire foutre, et qu’il peut se carrer son arrangement là où je pense. » Rhéda raccrocha avec brutalité. « Putain, je suis pas le saint hôpital des connards de mon fion-sur-orge ! Qu’il aille se faire mettre ! » Le reste ressembla vaguement à un chapelet de jurons en Algérien, du genre bien senti.

Presque rageur, il ramassa la première guitare sèche qu’il trouva en ouvrant le placard et se posa lourdement sur n’importe quel siège, le dos tournée à la superbe rousse dont il n’avait pas noté la présence. Tremblant, il plaqua quelques accords en respirant profondément. Il lui arrivait rarement de s’emporter, il détestait ça. Au moment où il commençait enfin à se détendre, à chantonner avec un demi sourire « Suddenly I see, Why the hell… » Un accord monstrueux, plaqué comme une brute sur un piano torturé le sorti de sa torpeur. Il sursauta violement, se leva d’un bond et fit face à Vodka.

Ho non.

- ……… Ho, non. » Fébrile, il chercha les amis dont elle était toujours entourée et reporta son regard sur elle, suspicieux. « …. Tes… Larbins, ne sont pas avec toi… » Constata t-il, méfiant.

Messages : 198 Date d'inscription : 07/01/2012 Age : 30

Nous sommes juste les singes, qui sont tombés des arbres

Rhéda aussi bruyant, incroyable. Visiblement, le jeune homme que Vodka avait toujours connu silencieux et refusant de se faire remarquer, entretenait en cet instant un bordel incroyable qui résonnait dans la pièce au préalable vide. Jamais elle ne l’avait entendu aligner autant de mots en si peu de temps et, surtout, pas sur un ton aussi remonté. Un sourire se glissa à la commissure de ses lèvres, ce qui ne lui avait jamais fait défaut, mais le cœur n’y était pas vraiment. Rhéda l’amusait sur le coup mais, franchement, sa présence l’agaçait. Par principe et pas complexe envers elle-même, Vodka ne composait jamais devant quelqu’un. Autant jouer de la batterie n’était pas dérangeant, autant pour le piano elle préférait être seule. D’autant plus que, depuis le temps qu’elle s’en était privée, elle était exaspérée qu’un élément extérieur vienne encore chambouler ses envies. Ainsi, pour noter son désaccord et parce que la présence de Rhéda, qui ne l’avait même pas remarqué, l’agaçait, elle tapa rageusement sur une touche de son piano, laissant échappé la gravité de son son. Réaction immédiate de l’adolescent.

« Oh, si. » réponse laconique expresse, sur un fond de soupir. La remarque qui suivit lui déplut fortement. Elle n’avait jamais considéré ses amis d’une telle façon. « Déjà, quand on est poli, on dit bonjour. » Voix sèche, mais il ne s’était guère montré très accueillant. Elle pivota sur son siège pour lui faire face, tout en faisant craquer la jointure de ses doigts par simple réflexe. « Ton silence n’est pas avec toi. » Vodka avait fait exprès de reprendre les termes du jeune homme, tout en lui reprochant le boucan qu’il avait osé commettre.

Finalement, l’expression de son visage encore indécise entre l’agacement et l’amusement, tomba blasée. « T’as des ennuis ? » Contraste avec les paroles vociférées cinq secondes plus tôt en omettant sa conversation au téléphone. Il lui était dorénavant impossible de faire abstraction de cette présence humaine.

Messages : 93 Date d'inscription : 14/02/2012 Age : 29

Déclaration, de guerre.

Rien de nouveau sous le soleil, Vodka avait toujours ce petit sourire que Rhéda jugeait profondément insupportable. Elle semblait se moquer de la terre entière absolument constamment. Et ça avait le don de mettre Rhéda profondément mal à l’aise. D’autant plus mal à l’aise que la demoiselle venait d’avoir le privilège de le voir presque normal. C’est à dire naturel. C’est à dire comme il n’était presque jamais, excepté sur scène. Il s’était laissé aller parce qu’il était au téléphone, ignorant qu’elle se trouvait dans la salle, ce qu’il se reprochait déjà fortement : jamais ô grand jamais il ne faisait ce genre d’erreur habituellement. Omettre la présence de quelqu’un, bon sang. Sa paranoïa lui flanqua un violent coup sur la nuque.

- Je ne dis pas « bonjour » à quelqu’un qui s’amuse au détriment des autres. » Ton sec, glacial. A nouveau, elle pouvait se sentir honorée de tous ces mots qu’il prenait la peine de lui donner. Mais Rhéda était sur les nerfs et faisait directement allusion à un épisode conséquent de leur vie commune. En d’autres termes, il avait des comptes à régler. Il la fixa, presque méchamment. « Il arrive. » Notons que la fréquence de son débit était déjà passée de cinquante pour cent à deux pour cent. Ces derniers temps, les autres avaient la fâcheuse tendance à la surprendre dans des situations où il devait être seul. Entre Korai et Vodka, super ambiance. Il haussa les épaules en se détournant. « Non. » Mensonge. Il n’avait pas le droit de mentir. Il ne savait pas mentir. « Rien qui te regarde. » Sa pensée traduite dans la vérité la plus pure. Lentement, il posa les yeux sur le piano, puis sur la jeune femme. Il appuya l’intensité de son geste, fixa longuement Vodka et lâcha sur un ton pressent : « Tu allais jouer. Alors joue. » Sous entendu, ne fait pas attention à moi. Quoi que, peut être était il curieux de voir ce que cette fille était capable de faire avec un instrument qu’elle semblait s’approprier. Lui qui ne la jugeait bonne qu’à chopiner…

Messages : 198 Date d'inscription : 07/01/2012 Age : 30

Nous sommes juste les singes, qui sont tombés des arbres

Ôter le sourire des lèvres de Vodka était difficile, qu’importait ce que cette esquisse signifiait, elle était souvent présente. Quand elle ne vous jetait pas son désintéressement le plus total à la figure, c’était son arrogance. Et dire qu’elle était encore vivante. La rousse jugea du regard Rhéda, qui semblait définitivement remonter contre une chose qu’elle ignorait, ce qui lui donnait la peine de répondre à ses remarques. Il semblerait qu’il n’est pas oublié la fameuse passée qu’ils avaient passé ensemble, avec Teo, ou elle avait joué avec leurs limites. Gentiment. À ses yeux, rien de particulier, une fin de soirée dans le néant et un mal de crâne au lendemain. Mais Rhéda, lui, ne semblait pas avoir accepté la situation dans laquelle elle l’avait mis. Peu importe. Elle haussa les épaules.

Vodka se racla la gorge alors que le jeune homme dévisageait le piano, puis sa personne, d’un air insistant. « Tu allais jouer. Alors joue. » Un petit ricanement lui échappa, depuis quand était-elle obéissante ? « Non. » D’abord, il était là, représentant un bipède humanoïde entre ces murs, par conséquent elle ne pouvait pas jouer. D’une part, parce qu’elle n’était pas la fidèle personne pour suivre des propos, et d’autres part parce qu’elle complexait. Chose rare, et incroyable chez elle. Ensuite, elle ne pouvait tout simplement pas accorder cette victoire à Rhéda alors qu’il avait brisé sa bulle avant même qu’elle n’éclose.

Ramenant ses jambes vers elle, Vodka s’assit ainsi en tailleur, prouvant son magnifique sens de l’équilibre sur un maigre tabouret. Bras relâchés sur ses jambes, elle désigna du menton la guitare que tenait Rhéda. « Qu’est-ce que tu chantais ? » Silence. « Attends, t’étais bien en train de chanter tout à l'heure ? » La demoiselle écarquilla légèrement les yeux sur la révélation, prenant conscience de l’acte commis par Rhéda. Ce qui suivit n’était plus une remarque à elle-même qu’à l’intention de quelqu’un. « Sans déconner. »

Messages : 93 Date d'inscription : 14/02/2012 Age : 29

Déclaration, de guerre.

Bien sur. Quelle naïveté de la part de Rhéda d’imaginer une seule seconde que la demoiselle se plierai à sa volonté. D’autant plus qu’en fait de volonté, il ne s’agissait que d’une manière très détournée de lui signifier qu’elle pouvait continuer à vivre comme elle l’entendait sans lui prêter attention. C’était toujours la solution favorite de Rhéda.

C’était sans compter sur le tempérament si imprévisible de Vodka. Il aurait dû se douter que son orgueil lui interdirait foncièrement de jouer alors qu’il lui « proposait de le faire ». Soit, alors restons en là, allait lâcher le garçon avec un haussement d’épaule indifférent, lorsque la jolie rousse l’interpella avec fort peu de dignité. Une remarque qui se voulait à la base sympathique. Il savait qu’elle ne pouvait pas s’empêcher d’engager la discussion avec les autres, comme si c’était un devoir de les faire se sociabiliser. Ses réactions s’accordaient avec son besoin constant de le traîner ici et là pour lui faire rencontrer des gens. Alors qu’eux même ne se connaissaient même pas.

Rhéda n’avait jamais compris. Est ce qu’au fond cette fille l’aimait bien ? Ou alors quoi ? S’agissait-il seulement d’un genre de torture psychologique ? Certainement. Il voulait lui extorquer quelque chose et préparait le terrain avec toute la fourberie dont elle était capable. Cela ne l’étonnait guère. Il est bien connu que les femmes sont des êtres fertiles dans le vice.

Rhéda ne savait pas quoi répondre. Il sentait qu’il devait répondre. Pour échapper au courroux de la belle, qui avait tendance à mettre des taquets quand on l’ignorait. Il savait d’instinct que lui tourner le dos avec dédain était le meilleur moyens de se la coltiner toute l’après midi, par pure vengeance. Elle était le genre de personne à faire des crasses pour corriger quelqu’un qui lui aurait manqué de respect sans que personne ne se doute que c’était elle. Atrocement fourbe.

- … Quel sens de l’observation… » Marrant, c’était bien la première fois de sa vie que Rhéda se sentait obligé de lâcher quelques mots pour économiser son énergie. Cela lui semblait légèrement paradoxal. « Je ne vois pas ce qu'il y a de si surprenant... Tu allais bien jouer du piano. »

Non, non Rhéda, il ne fallait pas renchérir.

Messages : 198 Date d'inscription : 07/01/2012 Age : 30

Nous sommes juste les singes, qui sont tombés des arbres

Si elle en venait à se demander pourquoi Rhéda l’intriguait tant – car elle ne s’était jamais réellement posée la question pour l’instant ; pourquoi se donnait-elle du mal à faire un pas vers lui quand il faisait tout pour en faire un en arrière, ce serait très certainement pour sa propre sensation de solitude qui l’opprimait depuis sa jeunesse. À ses yeux, le jeune homme faisait parti de ces individus qui se poussaient naturellement à l’anonymat, fuyant la populace pour se replier sur eux-mêmes. Elle avait envie de l’en sortir, sans vraiment savoir pourquoi. Après tout, ils n’avaient rien en commun. De leurs origines à leurs habitudes, en passant par leur façon de penser, il était clair qu’elle passait pour une débauchée à côté de son image de calme impassible. Et, pourtant. Pourtant Vodka se disait qu’il y avait cet isolement qui pouvait les lier. Elle-même n’était pourtant jamais seule, ne serait-ce que pour avoir Malik à ses côtés. Seulement elle ne se leurrait pas, si elle ne le ressentait pas directement, c’était là, bien enfoui.

Or, il fallait croire qu’avec Rhéda, ils avaient plus de points communs qu’elle ne l’aurait pensé. « … Quel sens de l’observation… » Froncement de sourcils. « Je ne vois pas ce qu'il y a de si surprenant... Tu allais bien jouer du piano. » On ne pouvait pas faire plus réaliste. « Pas faux. » admit la rousse. Elle ne devrait pas en être étonnée, après tout, Rhéda n’était-il justement pas connu comme the musicien dans cette école de déjantés ? « J’allais, en effet. Comme tu l’as si bien remarqué, c’est du passé. » Elle ne pouvait pas. Jouer devant lui, c’était inenvisageable. Pas comme ça. Vodka esquissa un sourire un coin, elle n’en avait pas encore fini avec lui. « Vas-y, joue un morceau. Et chante. Épate-moi, tiens. » Un petit défi, mais pour le plaisir. « Hm, et si tu veux je ferais la même chose en retour. » Sans chanter ; elle n’était même pas sûre de savoir le faire avec justesse.

Messages : 93 Date d'inscription : 14/02/2012 Age : 29

Déclaration, de guerre.

Une grande question de son existence. Un incompris dans le flot de sa pensée. Une conjecture sans raisonnement qui en venait toujours à la même conclusion. Rhéda attirait les gens malgré lui quant il ne désirait rien d’autre qu’on lui ficha la paix. Il n’y pouvait rien, c’était comme ça, mais malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à l’accepter.

Certes, il avait du charisme et du talent, il était plutôt beau garçon, exotique par dessus le marché dans ce pays d’Irlande et sentait bon le soleil maghrébin. Il avait l’accent, il avait le talent, il avait une voix d’or. Et il espérait depuis toujours que son regard, si noir, si antipathique, si misanthrope, suffirait à le protéger en contrebalançant ce trop pleins de qualités qu’on lui avait donné à la naissance et dont il n’avait que faire. Au fond, c’était du gâchis. Il n’avait l’usage que de la musique, pourquoi lui avoir donné tant de choses alors qu’il ne voulait pas attirer l’attention ?

Ses problèmes et son histoire étaient peut être la réponse.

- … Est ce que tu es toujours comme ça ? » Interrogea t-il subitement en fixant la rouquine de son air impérieux. « Est ce que tu demandes toujours quelque chose en contrepartie ? Tu ne fais rien gratuitement ? »
ça sonnait comme un reproche et l’amer souvenir d’un paris. Le mot défi dans la bouche de Vodka ne lui disait rien qui vaille.