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 Moi je vais comme un assassin en campagne • Karlstrøm.

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Adriel Stratford
Moi je vais comme un assassin en campagne • Karlstrøm. Rangspepa
Adriel Stratford

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MessageSujet: Moi je vais comme un assassin en campagne • Karlstrøm.   Moi je vais comme un assassin en campagne • Karlstrøm. Icon_minitimeMar 11 Oct - 11:43



dans les villes, dans les campagnes
moi je vais comme un assassin en campagne.

Il avait envie d'une cigarette.
Une putain de clope, et vite.

Adriel ouvre les paupières. Il rejette les draps, et se redresse d'un bond. À tâtons, les mains précipitées, tremblantes, animées de la frénésie du manque, il effleure, cherche, bouscule. T'es où saloperie ? T'ES OÙ PUTAIN ? Il jure, crie, enrage. Des objets se renversent, tombent, craquent, s'écrasent. Son château, sa Byzance, son éden, tout semble exploser sous l'enclume de sa haine. Et, soudain, il sent sous ses doigts la fraicheur rassurante du métal. Sa rage retombe presque d'un coup, comme elle est venue ; il lâche un soupir léger, soulagé, et s'empare du briquet. Encore frémissant, il se laisse tomber, et s'effondre à même le parquet. Du bout du pouce, il rabat le capuchon. Une étincelle. Le zippo s'embrase. Adriel approche la flamme fuligineuse de son visage, et enflamme l'embout de la gitane blottie entre ses lèvres.
Il tire une bouffée.
Aussitôt, le goût insipide du tabac empâte sa langue, puis son palais. Ce goût de mort délicieuse, insolente. Il ne tousse même plus, trop familier, mais accueille la sensation comme une vieille amie. Il se délecte du goût de cendre comme des restes d'un diner fin. Le cadavre de son dernier mégot git dans le cendrier, la fumée pestilentielle imbibe encore ses vêtements de la veille, et pourtant, tabac lui a manqué, désespérément. Cette morsure pernicieuse qui lui encrasse les bronches, mortifie son haleine, lui bouffe le peu de vie qui lui reste. Cette saloperie qu'il aime tant.
Et il sourit.

Ses gitanes, les seules putains qui ne l'aient jamais déçu.

Et c'est ce même geste, encore et encore.
Alterner clopes et filles. Ce même rituel qui s'enchaîne. Pathétique.

Il renverse la tête en arrière, ferme les yeux. Et deux visages se dessinent dans ses pensées. Alors Adriel grogne, secoue la tête, dans un caprice puéril de les faire disparaître.

Bonnie et sa beauté. Bonnie et son indifférence. Bonnie et l'incident.
Clyde et sa chute. Clyde et le bastingage. Clyde et la clairière.
Bonnie et Clyde. Clyde et Bonnie.
Putain. Il n'a même pas envie d'y penser.
Il chasse une bouffée de fumée vers le plafond, comme il effacerait ce sentiment troublant d'être inutile, répudié, comme il gommerait la pétulance de leur amour d'écoliers. Mais la fumée est toujours là, Bonnie et Clyde aussi. Ensemble.

Et Adriel éclate d'un rire sans joie. C'est bien risible tout ça.
Il passe une main dans ses cheveux, puis se caresse doucement la nuque.

Et dans le silence des dortoirs endormis, il entend un grincement qui déchire le calme apparent. Il tend l'oreille, fronce les sourcils. C'est sûrement Lag qui rentre, défoncé, d'un énième voyage psychédélique avec Sandy. Adriel se relève, enfile un tee-shirt, glisse dans un jean, et accoure jusqu'à la porte de sa chambre. Il appuie sur la poignée, entrouvre le battant. Il plisse les yeux, et tente de reconnaître les traits de Nearheart dans la silhouette floue, masculine qu'il aperçoit.

Et enfin, il réalise.

Le voilà, le coryphée des psychiques. Leif dans toute sa grâce de jeune vierge mortifiée. Dans la pénombre, Adriel ne peut distinguer qu'un visage émacié, un tas de chair maigre, un teint trop hâlé. Il ne peut que deviner les restes d'une peau tannée, brûlée de soleil, les morsures de la fatigue, de la faim aussi, très sûrement. Un sourire perfide s'étire sur les lèvres parfaites d'Adriel. Comme une fringale d'immondices. Une punition à la démesure de leur bassesse.
Il sort de sa chambre, et s'adosse à l'embrasure de sa porte, bras croisés sur la poitrine.

Oh tiens tiens, un revenant.

Il chuchote, sa voix est douce, presque sensuelle, mais brûlante d'ironie. Le sarcasme est mordant, ses prunelles aussi.

Monsieur nous fait l'honneur de sa présence.

Seule lueur dans l'obscurité : les braises incandescentes de sa cigarette. Alors qu'il lui balance ses inepties à la gueule, il jubile. Crève Leif. Souffre, ramasse pour les autres. Paye pour leurs conneries. Au fond, Cavil n'est qu'un exécutoire. L'instrument d'Adriel pour libérer une haine mal contenue, et exorciser ses démons. Et Stratford sera celui de Leif.

T'aurais mieux fait de rester dans ta petite tribu pygmée, t'sais. C'est pas comme si tu nous avais manqué. Hum. En fait, c'était même carrément mieux sans toi.

Et il sourit.

Elle était là, sous ses airs de crapule exquise, majestueuse et enivrante : l'ivresse merveilleuse de foutre la merde dans la vie des autres.
Cracher sur autrui plutôt que de pleurer sur soi-même. Oh c'est beau ça, Stratford.

Cette sensation factice de puissance, alors qu'il ne vaut pas plus que celui qu'il humilie. Lui qui pleure ses amours perdues, et ses amitiés gâchées. Lui qui tente en vain de tromper sa plus fidèle maîtresse, sa femme, sa vie, sa putain.

La Solitude.

et je taille au couteau des sourires
sur les joues des princesses.



hs : c'est nul et court. trop court.
pardonne-moi, je ferai mieux au prochain, promiis. ;;


Dernière édition par Adriel Stratford le Jeu 13 Sep - 22:08, édité 5 fois
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Leif Karlstrøm
MODO | You seem unhappy. I like that.
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MessageSujet: Re: Moi je vais comme un assassin en campagne • Karlstrøm.   Moi je vais comme un assassin en campagne • Karlstrøm. Icon_minitimeDim 16 Oct - 1:37





Pour l'ensemble des gens d'Aisling, Leif aurait encore pu prolonger son séjour sur son île déserte que personne n'y aurait vu la différence ; la semaine qui avait suivi son retour, personne ne l'avait vu. Ou bien les quelques personnes qu'il avait croisées dans le couloir, étaient passée par quelques modifications de vision octroyées par le jeune homme dont il empruntait la chambre pour une durée indéterminée. C'était tout ce qu'il avait pu lui demander. Tout ce qu'il était capable de faire. Il avait à faire face à son retour à de nouveaux problèmes, et à certains autres qui n'avaient fait que s'envenimer pendant qu'il avait le dos tourné. Il n'avait pas eu le choix que de demander l'aide de Nearheart, quand il aurait préféré le laisser à sa place au souvenir de leurs récentes péripéties ; oui, il l'aurait laissé à sa place, et au lieu de ça, il se retrouvait à errer entre ses quatre murs, au milieu de ses affaires, et pour la plupart des gens sensés, c'était réellement chercher les ennuis que de se réfugier ici. Armé de silence, donc, Leif s'efforçait de reporter ce problème un peu plus tard dans la liste : il aurait bien à faire dans un futur proche.

Pour l'heure il cogitait, lorsqu'il n'était pas en train de se répéter que merde, merde, merde, comment il avait pu atterrir dans un tel bordel. Des réflexions brumeuses, entre le caractère immaculé du plafond, le teint blafard des draps, cette literie au senteurs d'eau de Cologne Burberry, qui pour l'instant contrastent bien avec l'aura de sa propre peau. Ces draps-là sont surtout le linceul d'un corps adolescent se laissant pourrir. Mais on s'habituait très facilement à l'enfermement lorsque l'on avait été forcé dehors pendant des jours.
Near n'était pas là, apparemment, ce soir, où qu'il soit, il lui laissait la possibilité d'investir le matelas au lieu de siéger celui au sol, sans avoir à feindre d'être endormi lorsqu'il sentait un regard posé sur lui. Le sien apathique s'égara sur tous ces effets qui ne lui appartenaient pas. Un Macbook déchargé dans un coin, des chemises et autres défroques en pagaille, puis un paquet de Winston qui trônait sur la table de nuit, à côté des Fleurs du Mal sur lequel il s'arrêta à peine – il aurait peut-être du, pour la surprise qu'il y trouverait dedans. La simple idée de vouloir piocher dans le paquet le ramena à celle de Carroll, sa conclusion logique fut qu'il avait vraiment besoin de baiser, là, bientôt. Et une fille. Pour oublier tous ces connards qui le gangrenaient. À quoi rêvent les hommes en retour d'exil.

Néanmoins, se redressant avec une raideur dans la nuque, douce et amère fatigue de ne rien faire, sa deuxième conclusion fut que ça ne risquait pas d'arriver présentement. Il n'était absolument pas prêt pour un come back, fut-il déjà moral, mais aussi physique à en témoigner l'odeur qui imprégnait son t-shirt quand il y fourra son nez. Renfermé n°5. Tout dans le moindre de ses nerfs et neurones lui clamaient de faire grâce et bien vouloir aller s'aérer. Conneries. Il lui sembla qu'aussi bien son corps que son esprit étaient grinçants.
Mais il se leva, héroïquement, petit con rachitique plus si pâle, laissant à sa place le paquet qui n'aurait rien arrangé à la flagrance plus si fraîche de son palais. Il avait urgemment besoin d'une douche. Ses mains noueuses fouillèrent avec dédain dans le tas d'affaire, bien trop odorantes quoi qu'accommodantes, et sans gêne aucune il alla s'enquérir du placard pour en tirer une chemise. Trop grande, bleu, rien de qui ne lui allait, mais rien dont il ne s'inquiéta lorsqu'il quitta le huis clos avec la fripe sur l'épaule.

Déambulant dans les couloirs heureusement vide, il débarqua donc dans les salles de bains froides, choisit une cabine, et à première vue prévit d'éventuellement se laisser noyer par les flots d'eau tiède, happé par le bruit sourd en fond de la tuyauterie. Il aurait fallu qu'il soit de constitution plus sanguine, là où il se contente dans son irascibilité quand il devrait être en effervescence. État pitoyable et stagnant, inutile à pester sur sa vie de merde, trop faible, trop lui peut-être pour avoir la force d'âme de se tirer de la situation à la vigueur de ses deux bras. Ses épaules tombantes étaient loin d'imposer une quelconque impression récemment, et lorsqu'il avait toujours fait avec sa carrure, en poussant la porte de la douche pour s'apercevoir ruisselant dans le miroir qui lui faisait face, il n'aurait pas dit non à quelque chair en sus, muscles bien placés. Deux semaines à la dur et il en était nûment creusé. Foutre bleu. Il en dissimula toute cette misère qu'il finirait par rattraper dans la chemise propre et trop grande qu'il ne boutonna pas, n'ayant pas dans l'intention de prolonger son errance nocturne a de-là de son retour dans le couloir.

Il en était presque arrivé à un point où le karma sévère ne le surprenait plus. Un couloir vide, un étage peu peuplé, une heure avancée dans la nuit aurait du lui garantir un retour sauf dans ses quartiers.

Quand le timbre doucereux de sa voix siffle dans ses oreilles, une sueur froide suivit le sillon qu'une goutte errante traça en tombant de son cou le long de sa colonne vertébrale.

▬ Oh tiens tiens, un revenant.

Si l'idée de passer son chemin en homme avisé lui avait frôlé l'esprit, cette voix si particulière se rapportait à une personne, et cette personne à un don contre lequel il avait toutes les chances de paraître ridicule.
Ce n'est pas pour autant que Leif se retourna aussitôt, contractant juste ses doigts contre ses affaires, sous l'emprise soudaine d'un stress inexpliqué.

▬ Monsieur nous fait l'honneur de sa présence.

Ton pernicieux et persifleur, de la puanteur égocentrique en mélodie, du Stratford à l'état pur et sauvage. Tout ce qu'il ne fallait pas pour améliorer son humeur ; lentement, le brun se retourna et le toisa avec dans le coin des yeux un tant soit peu trop d'exaspération pour feindre le détachement le plus total. Ce n'était pas ce soir qu'il pourrait faire quoi à Adriel qu'il était inintéressant. Juste tout à fait indésirable.

▬ Stratford. Tout à fait la personne que je ne voulais pas voir.

Au milieu de la pénombre régnante se dégagent les quelques poussières incandescentes de sa cigarette, et leur senteur qui revient, avec l'envie de la lui dérober, y goûter malgré tout, et de la reposer entre ses lèvres toujours prête à lui cracher des ignominies. Ou bien lui écraser doucement son petit bâtonnet mortel au coin de sa bonne gueule.

Alors forcément, il reste là, à le dévisager comme si le voir recracher ce carbone dansant était la chose la plus passionnante qui fut.

▬ T'aurais mieux fait de rester dans ta petite tribu pygmée, t'sais. C'est pas comme si tu nous avais manqué. Hum. En fait, c'était même carrément mieux sans toi.

Comme il était charmant dans ces temps de crises de pouvoir éprouver un sentiment réciproque. Qu'Arsenic se rassure, s'il avait été à la place de Leif à ce moment précis, et dans le même état, ce dernier ne se serait pas fait prier pour l'envoyer six pieds sous terre. Mais couramment, il y avait tellement de points sur lequel l'attaquer que ça en devenait pitoyablement facile.
Qu'Adriel se sente aussi puissant qu'il le voulait, s'il voulait compenser quoi que ce soit en s'attaquant à lui ; lui avait de la ressource le concernant.

Le regard fermé, il exécuta les quelques pas qui le séparaient du blond qui se tenait nonchalamment à l'embrasure de sa porte. Contrairement à l'essentiel de la population qui franchissait cette dernière, il se jura bien vite de ne pas être là pour courber l'échine un seul instant devant le regard supérieur de ce petit con, qu'importe leurs tailles, qu'importe leurs réputation, qu'importe le petit mot que tout le monde avait sur les lèvres depuis son retour.
Adriel ne restait qu'un connard dans le domaine du praticable.

Ses doigts fins et cagneux remontèrent jusqu'à son visage et s'emparèrent de sa gitane. Chacune de ses saloperies avait le goût d'un de ces garçons-là, fut-il Lag, Carroll, ou Stratford.

▬ Et que je vous foute la paix ? Ne t'y crois pas trop.

Une mince volutre grisâtre glisse entre ses dents, pour aller virevolter au nez de son interlocuteur. Quel gâchis, eux qui avaient tant à se dire, ayant indirectement tant partagé, quand Adriel faisait valser puis déchanter les filles anonymes et que lui ouvrait généreusement les bras pour les consoler, quand ils regardaient tous les deux dans le même sens et avec la même amertume quand Bonnie et Clyde passaient dans le champ de vision, récemment. L'idée pouvait bien faire gerber ce richard, mais ils se ressemblaient plus qu'il ne voudrait jamais l'admettre.

▬ Pourquoi un tel accueil, d'ailleurs, je t'ai volé ton quatre-heures ? Un petit quelque chose te tracasse mon petit Arsenic, tu veux en parler ?

Il devait se sentir bien seul par ailleurs pour se précipiter à la rencontre du premier passant lambda dans le couloir.
Leif craignait bien peu d'avoir à jouer avec le feu comme il le faisait, lui qui avait si peu à perdre ; et malgré ce qu'Adriel pensait avoir du céder, il se raccrochait encore tant bien que mal à quelques espoirs qui ne faisait que l'handicaper pour renaître une bonne fois pour toutes. Ce putain de fils de bourgeois n'avait aucune idée de la précarité quelle qu'elle fut. Mais s'il voulait jouer à ça, il voulait bien lui faire goûter à ce sentiment de toucher le fond ; c'était d'une amertume qu'un fumeur tel qu'Arsenic ne pouvait qu'apprécier, dans cette désinvolte recherche de la décadence. Leif était prêt à troquer l'arôme de ses gitanes contre celui de la perte de soi qui inondait son palais, si d'aventure il s'y tentait.



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Adriel Stratford
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MessageSujet: Re: Moi je vais comme un assassin en campagne • Karlstrøm.   Moi je vais comme un assassin en campagne • Karlstrøm. Icon_minitimeMer 7 Déc - 16:36



Lonely is the night when you find yourself alone
Your demons come to light and your mind is not your own.

Il y a une drôle d'odeur dans l'air.
Quelque chose d'obscur, de difficile à définir. Un parfum étrange, entêtant qui se dégage dans le couloir. Ses sourcils se froncent. Ses narines frémissent. Tout est confus. Il ne se souvient plus très bien ; après toutes ces nuits blanches, tout s'emballe et se mélange. Ce n'est pas seulement un relent de cigarette, ou cette odeur douceâtre de lessive bon marché. Non. Il plisse le front, secoue la tête. Non. C'est autre chose. Et soudain, il sait. C'est Leif. Ce n'est pas seulement les effluves humides qui s'évaporent alors qu'il passe la main dans ses cheveux mouillés, ou l'arôme masculin, artificiel de son eau de toilette. C'est Leif. Toute sa bassesse, ses conneries. Toute son horreur.

L'espace d'un instant, il manque de regretter son audace. Agresser un Leif qui a foulé l'Enfer, injurier un homme qui n'a plus rien, c'est insensé. Comme signer pour un suicide, acquiescer pour sa mise à mort. Mais les mots persifleurs ont jailli avant qu'il n'ait pu les retenir. Tant pis. La tentation était trop dense. Adriel étrangle le vague remord qui germe sous sa peau. Ce Leif tout à sa merci ; cet être rachitique qui a perdu toute sa superbe, ce corps efflanqué, cette mine apeurée qui ramassait les filles anguleuses et fanées qui sanglotaient sur le pas de sa porte. Adriel lève les yeux, accroche ceux de Leif. Cet être rachitique qui s'est tapé Queen ; Ce connard qui se pavanait au bras d'April.
Adriel frémit. La rage tressaute sous sa poitrine.

Ils se dévisagent un instant. Leif. Leif. Leif. Il y a quelque chose chez lui qui agace, un je-ne-sais-quoi qui donne la gerbe, par tout ce qu'il existe en lui d'égoïste ou de corrompu. Comme une impression de déjà-vu. Comme si ce sourire carnassier qu'il distingue à peine était trop familier. La même démence, la même essence. Un haut le cœur le prend aux tripes quand il réalise. Le parfum capiteux, pernicieux, qui sature l'atmosphère, ce savant mélange de rage, de vengeance, ou de cauchemar. C'est le tien aussi Arsenic. Vous n'êtes pas si différents, Adriel.
Une nouvelle bouffée de haine.

Un vague regret soudain, alors que la tignasse de jais s'approche, et susurre quelque sarcasme moqueur, sous un rictus acerbe. Et il y a ces doigts trop fins qui montent jusqu'à ses lèvres, lui dérobent le précieux bâtonnet, pour le glisser jusqu'aux siennes. Salaud. Adriel retient un frisson. Il ne répond pas, pas de suite. Les coins de sa bouche tressaillent sous un vicieux sourire. Au-delà de cette prétention, il y a quelque chose. Qu'est-ce qui ne va pas Liffy ? On sait bien que la meilleure défense est l'attaque.

Pourquoi un tel accueil, d'ailleurs, je t'ai volé ton quatre-heures ? Un petit quelque chose te tracasse mon petit Arsenic, tu veux en parler ?
Revoir ta sale gueule, voilà ce qui me tracasse.

Un simulacre de sourire.

Mais Stratford a peur du noir, tu sais Karlstrom. De cette chambre vide, glacée, de ces draps nus et gelés. Il a peur de ce que la nuit et ses sbires lui rapportent dans les plis de leur pénombre. Il a peur de Clyde, il a peur d'Aelys, de leurs souvenirs. Alors, supporter ton minois terreux pour échapper à ses chimères, ça vaut bien le coup, tu ne crois pas Leif ?

Et ta bouche lui expire ce néant grisâtre au visage. Pendant une seconde, le monde s'estompe.

Il ne tique pas tandis que la fumée opaque lui obstrue la vue. Ses iris se verrouillent aux siennes, sans jamais ciller. Puis, sa mâchoire se serre, ses phalanges se referment sur sa paume moite ; son poing le démange. Il sent son sang filer, ses dents grincer. L'odeur est trop forte. L'air est vicié. Comme pollué, par ce visage, ce rictus, ces deux prunelles. Une vieille envie de lui cracher à la gueule. Lui faire ravaler sa suffisance, Ils se dévisagent encore un moment. Il est bien conscient que c'est à lui de relever. Que Leif attend bien sagement la contre-attaque, ravi de sa grotesque petite parade. Arsenic s'humecte les lèvres du bout de la langue. Tu ne seras pas déçu, Karlstrom.

Tu sais que, pendant tes petites vacances, ce cher Discord est venu dire bonjour ?

Il se tait une seconde, savourant le léger suspense. Il ne veut pas manquer une miette de sa réaction, il veut déguster chaque parcelle de terreur qui se dessinera sur son visage, chaque petite ride de surprise, chaque soupir de stupeur. Il veut entendre son cœur frémir, vaciller, et s'arrêter.

Il a fait des révélations très intéressantes. Il y a un court silence. J'ai entendu dire que tu n'avais pas d'amis.

Il grimace un sourire.

Pauvre petit Leif, personne ne l'aime.

Ta tapette de Lag, ma chère cousine, et ta compile de concubines ne t'ont pas donné assez d'amour ? Oh comme c'est touchant. On en pleurerait presque.
Adriel égraine un petit rire. Puis il l'agrippe par le col, l'attire à lui. Ses lèvres frôlent le lobe de son oreille, son nez taquine quelques mèches humides.

Et tu sais pourquoi ? Parce que personne ne voudrait d'un connard comme toi.

Sa voix s'éteint dans un murmure. Il rit. Il sent son souffle chaud contre sa joue. Il se recule, à peine. Et se souvient que ses mains sont cramponnées au pan de sa chemise. Il tressaille, effleure la peau de son cou du bout des doigts. Une maigre caresse, alors que sa haine le démange. Puis, Adriel relève la tête, le contemple. Alors, il détend son étreinte, et le relâche.

Lonely, lonely, lonely. your spirit's sinkin' down
You find you're not the only stranger in this town .





Dernière édition par Adriel Stratford le Jeu 13 Sep - 22:08, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Moi je vais comme un assassin en campagne • Karlstrøm.   Moi je vais comme un assassin en campagne • Karlstrøm. Icon_minitimeMer 14 Mar - 15:10

Pardon je pique temporairement ton code D:



The world is out, you're doin' wrong
gonna lock you up before too long
your lying eyes gonna take you right

Leif n'avait jamais compris l'engouement de toutes les pucelles du bâtiment pour quelqu'un comme Stratford. Ce cliché vivant, bien trop absolu pour être convaincant ou pour ne pas élever le moindre soupçon, avec ses parfaites dents trop blanches, ses cheveux trop blonds, sa carrure trop irréprochable. Personne ne pouvait avoir ingénument toutes ces bonnes manières, toute cette complexion et perfection dans l'attitude sans qu'il ne soit en quelque cas souillé par une chose sans nom, ou sans que ses yeux ambres ne mentent une seule seconde. Leif le savait très bien, tout ça. Il jouait cette partition avec un peu moins de brio depuis quelques années, mais assez pour avoir eu ses moments de gloire à son tour. Il en savait les failles et les faiblesses, sans s'être intéressé à ce que pourrait être celles d'Adriel. Mais c'était une autre histoire.
Ce qui intriguait réellement, c'était le succès qu'il avait toujours rencontré et rencontrait toujours. Ce genre de personnage parfait et parfaitement ennuyeux, sans aucune bavure à son col bien ajusté, peut-être répondait-il bien au rôle de prince charmant pour toutes ces pauvres brebis, mais pour lui, jamais rien ne l'avait plus écœuré. Même le fidèle brun qui passait pour son meilleur ami avait au moins l'avantage d'avoir quelque brisures apparentes, un cynisme sifflant, et de la prétention qui fut bien placée. Nulle doute qu'aujourd'hui, le spectacle que lui proposait Arsenic était bien plus attrayant.

C'était comme si son aura était différent, si pesant entre eux deux seuls ; rien d'une chaleur artificielle qu'il offrait à toutes ces filles dans la chambre voisine ne lui parvenait à travers la maigre distance qui les séparait – une chaleur véritable comme il en connaissait peu lui même, comme un bouillonnement contenu qu'il aurait tant voulu sentir exploser contre lui. Par lui. Et ces deux yeux-là sont vrais, ses deux pupilles n’énoncent que la vérité la plus viscérale, et malgré tout, c'est un sentiment presque excitant. Leif en était arrivé à aimer cette tension-là, un peu dangereuse quoi que pas assez risquée encore, et les tempêtes que lui assènent ces deux billes d'ambre sont d'une distraction la plus délicieuse. Pourtant, Arsenic brise leur petit jeu à peine entamé, là, si proche de lui, et lui n'a qu'à l'admettre, il a bien l'art et la manière pour le faire.

▬ Tu sais que, pendant tes petites vacances, ce cher Discord est venu dire bonjour ?

Et, sans le vouloir, sans même s'en apercevoir, son sourire glisse et se défait tout doucement de son visage. Jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un fantôme. Mais une esquisse bien présente, comme si jamais elle n'avait pu être anéantie entièrement. Pourtant il est déjà trop tard. Lui si près, lui si insistant, il n'a pu que le constater. Quelque chose clame en lui, étouffé par les vacarmes de son égo face à quelqu'un comme Stratford, qu'il devrait être sage, et faire un pas de côté, cesser de laisser les preuves de sa déroute l'accabler ; que sa pomme d'Adams a un rebond, tout comme cet organe auquel on ne croit pas chez lui en manque bien deux. Ou trois.
Mais c'est trop bien demandé. Il était là, ancré au sol, le sang palpitant dans son trajet, comme hypnotisé par ce que ces lèvres-là pourraient bien encore laisser échapper.

▬ Il a fait des révélations très intéressantes. J'ai entendu dire que tu n'avais pas d'amis. Pauvre petit Leif, personne ne l'aime.

C'était la première fois depuis son retour qu'il affrontait la réalité. Comme si les lettres imprimées, noir sur blanc dans son esprit, étaient lus d'une voix grave, dans un écho absorbant et se réverbérant dans chacun de ses recoins. Il a comme froid tout à coup, mais plus aucun frisson ne passe.
Comme celles-là, à qui on retirait les draps au petit matin, si brusquement qu'elles en titubaient jusqu'à la porte. Il n'avait jamais été question de jeu entre eux. Juste de destruction. Pourtant ça y ressemble, oh oui, c'est tout à fait ça, lorsque l'on renvoie le compliment à l'autre, on rit même lorsque l'on prend et que l'on retire, lorsque la lame glacée traverse son cœur avant que la chaleur, sans préavis revienne l'inonder. Soudainement, ce n'est plus un jeu. Adriel est trop proche, trop présent, il est là contre sa joue et dans son oreille, comme si à travers la pulsation persistante de ses tympans, les mots tranchants avaient pu prendre le risque de ne pas l'atteindre. C'est humide et chaud contre le cartilage. Il n'échappera pas à la suite.

▬ Et tu sais pourquoi ? Parce que personne ne voudrait d'un connard comme toi.

La sentence tombe lourdement, faisant comme écho à une précédente. Bientôt un rire la ponctue. Puis le contact de ses doigts, électrisant, brûlant, répugnant. Et le vil s'éloigne. Comme si tout ça était déjà fini au jeu de quelques tirades seulement. La cigarette est retombée au sol pendant le contact mais une fumée nébuleuse et provocante s'en échappe encore dansante entre leurs deux présence.

Dans l'instant qui suivit, le talon de son pied venait en écraser les cendres brûlantes ; plus de tout ça, et plus de trop peu, assez d'Adriel et pas assez d'Arsenic, trop de petit jeu. Il suffit d'un pas à Leif pour réduire la nouvelle distance qui les sépare, et il retrouve l’éminence de son visage comme éloigné depuis trop longtemps, avec un certain plaisir. Il avait bien envie à son tour de murmurer un secret dans le creux de son oreille. De son cou.
Son sourire à quelques centimètres de celui du blond s'étire avec un amusement abstrait, comme par plaisir lascif. Son visage s'incline au rythme de ses mots.

▬ Je me demande ce que les donzelles trouvent à la version édulcorée que tu leur donnes... cette version de toi est bien plus –

Il ne finit pas sa phrase. On ne saurait jamais. Se contentant seulement de mordre discrètement le coin de sa lèvre, avec un regard général pour son vis-à-vis, et tout ce qu'il représentait. Parfaitement tout.

▬ Tu as bien appris tes leçons, mon petit, maintenant, dis moi. Qu'est-ce que tu peux faire contre moi ?

Et puis c'est la fin de tous ces contacts vaporeux, comme une fumée de gitane sur la peau. Il y avait quelque chose en lui qui voulait se heurter à quelque chose de concret d'Arsenic, de faire l'expérience de sa résistance physique. Ce n'était pas assez, plus assez. Leif profita juste de la distance du blond par rapport au mur pour l'y pousser, tout en sachant qu'il serait risible d'essayer de l'y tenir par les épaules depuis ses maigres bras, sa main s'accrocha à sa mâchoire ; même s'il l'avait voulu, son regard n'aurait pu se déverrouiller du sien à ce moment. Les deux émettent un léger bruit sourd contre le mur.

▬ Être aimé, qui ne le veut pas, après tout, ici hein ? On ferait rien sans l'amour et l'admiration, on existerait plus. Elle serait quoi Lys à ton avis ? Elle voulait quoi Queen tu penses ? Et toi qui ramasse les filles à la pelle, hein ?

Son autre main, posé contre l'abdomen dur émet comme une pression.

▬ Tu feras quoi quand la seule que tu veux voudra pas de celui que tu es vraiment ?

Lui-même s'était bien posé cette question-là, après tout. Qui voudrait de Leif, du vrai et entier, quand lui-même le connaissait si peu, habitué à répondre aux attentes de tous. Il l'avait peut-être découvert, une fois, avec celle-là, celle qui l'avait envoyée ici. Celle qu'il avait frappée pour la première fois.
Putain qu'il détestait Aelys peut-être autant que ce type-là qu'il avait découvert. Ce déchet-là qui écoutait ses impulsions, et finalement, au bout du compte, se rabaissait peut-être au même niveau que cet autre connard. Oh oui Adriel, vous vous ressembliez plus qu'aucun de vous ne l'aurait voulu, cette pensée était à gerber. Et dans cette histoire, à force de jouer sur les deux terrains, et toi à force d'osciller entre l'ami et l'égoïste, qui étaient les plus grands perdants ? Ce n'était plus assez. Plus assez. Les trois derniers mots se détachent minutieusement.

▬ Dans l'histoire t'es comme moi Stratford. Tout aussi misérable.

Toi et moi on ne recherche pas plus l'amour que l’absolution. La reconnaissance et l'obsession.

And to me that's really true, and my friend you have seen nothin'
just wait 'til I get through.


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