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 Queen's writing

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Elizabeth A. McQueen
Sweet Little Nuisance
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Elizabeth A. McQueen

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MessageSujet: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeSam 3 Avr - 20:43

*fait timidement son entrée*
Je me permet donc d'inaugurer cette partie ^^". En dehors des rps, j'écris de temps en temps des nouvelles, dont je publierai quelques unes ici. N'hésitez pas à laisser vos avis (et même à être méchants...
Et oui c'est très niais, pardonnez moi u__u


Envoles toi.

Avec un sourire, Soledad ouvrit la fenêtre, plissant les yeux alors que les premiers rayons de soleil matinaux se déversèrent à travers la chambre. Cascade de lumière et de couleur. Air frais qui s’engouffre dans ses cheveux. La journée promettait d’être bonne. Et avec un nouveau sourire, elle se pencha vers l’extérieur, les bras tendus comme une offrande au ciel, les yeux levés vers l’horizon qui l’appelle.
Envoles toi, Soledad…

-Soledad dépêche toi, tu vas arriver en retard !

Voix de sa mère qui retentit soudainement, et la rappelle à ses obligations. Avec empressement, la fillette enfile ses vêtements, dévale les escaliers jusqu’à la cuisine, où elle engloutit rapidement son petit déjeuner, du bacon chaud et des œufs, oh quelle merveille, dépose un baiser sonore sur la joue de sa mère, oui moi aussi je t’aime mon ange, simple geste d’affection, qui veut pourtant dire tant de choses, juste un peu de chaleur humaine, un peu d’amour pour une petite fille, sac à dos qu’elle jette sur ses épaules, et c’est parti. Actions qui s’enchainent, c’est une vie à cent à l’heure. Prends garde à toi Soledad, à ce rythme tu pourrais bien décoller.
Oui, envoles-toi, Soledad…

Soledad. Solitude dans ta langue natale. Beau prénom plein de nostalgie. Mais tu n’es pas seule Soledad. Non, tu n’es plus seule, lorsque tu file à travers la route sur ta bicyclette, avec le vent qui fouette tes cheveux et ton visage, tes bourgeons de seins qui tressautent sous ton tee-shirt en coton, ton sourire qui vient saluer les automobilistes te doublant à toute allure, le soleil sur tes bras, et tu fonces, plus vite, toujours plus vite, prends garde à toi Soledad, oh mais tu n’as pas peur, petite fille rapide et insaisissable, aussi vive que le vent.
Envoles-toi, Soledad...

A l’école, tu te pavanes fièrement avec ton matériel scolaire tout neuf, tu ris dans la cour avec tes amies, la maîtresse te félicite de tes efforts, oh tu te sens forte, Soledad, si fière de toute cette matière avec laquelle tu nourris ton esprit, et tes cahiers se couvrent d’arabesques, de frises, de soleils, dessins d’enfants, innocence retrouvée, bonheur inespérée. Soledad, rieuse, libre et intrépide enfant, qui traverse la vie en un coup de vent, non vous ne m’attraperez pas, Soledad qui s’enfuit en riant lorsque les garçons tentent de soulever sa jupe, après leur avoir lancé un clin d’œil complice, intouchable fillette, qui leur glisse entre les doigts, aussi légère et frivole qu’un oiseau.
Envoles-toi, Soledad...

Avec un sourire émerveillé l’enfant plane à travers le ciel. C’est drôle, tout est si petit vu d’ici, si lointain, un monde vu de haut, une vie à l’envers, ivresse qui la saisit, elle se sent libre, légère, elle flotte, papillons qui virevoltent dans son ventre, rire d’enfant qui résonne à travers la voûte céleste. Tout semble si lointain qu’on ne dirait plus qu’un rêve. Qu’il est bon d’enfin oublier, s’échapper, et avec amusement elle détaille le paysage s’étendant à ses pieds, les arbres, les champs, les grands axes routiers, les maisons minuscules, c’est drôle, on dirait des boîtes entassées les unes à côté des autres, oh tu es si loin de tout cela Soledad, loin de la saleté, la pauvreté, la misère, de la solitude qui t’étreint, il y a tant de monde autour de toi, et pourtant tu es seule, si seule Soledad, les vois tu ces visages, tant de visages autour de toi, et ces voix familières qui résonnent, les entends tu qui t’appellent, Soledad, Soledad, Soledad…

-Soledad !

Et la main s’abat contre son visage avec violence, projetant sa tête contre l’angle du mur où elle était recroquevillée.

-Salope ! Qu’est ce que tu fous encore à rêvasser ! Bouge-toi, un client te demande !

Doucement elle ouvre ses yeux sombres et vides qu’elle pose en silence sur son père, avant de se lever, encore étourdie par le coup, d’épousseter sa mini jupe, et de s’avancer vers l’homme se tenant auprès de lui, dont le regard vicieux détaille déjà ses frêles jambes.
Et tout à l’heure, quand les mains de son client se baladeront sur son corps, quand celui-ci entrera en elle, elle fermera les yeux et pensera à ces autres enfants, dont lui a un jour parlé un touriste, qui vivent si loin, par delà les mers.
Libres.
Envoles-toi, Soledad…

Coup de foudre

Je marchais, les mains profondément enfoncées dans les poches trouées de mon manteau, le menton rentré dans mon écharpe dévorée par les mites, luttant contre les courants d’air glacés qui s’infiltraient sous mes vêtements, sans même savoir où j’allais. Je me sentais las, si las, c’était comme un énorme trou dans ma poitrine, une bouche noire et béante, qui me dévorait de l’intérieur. Lassitude. Néant. Comme si plus rien n’avait d’importance. Bousculé par quelques passants pressés qui ne me prêtèrent à peine attention, subitement, je m’arrêtais net, mût par une sorte d’instinct que je ne saurai expliquer, et me retournai. Et je la vis. Debout, face à moi. Souriant. Fasciné je la fixai, troublé, ne pouvant détacher mon regard de ses yeux d’améthyste, et c’était si étrange, une nouvelle sensation qui naissait en moi, comme si tout mon être s’était soudainement lié à cette inconnue. Ses longs cheveux bouclés, sa robe légère, ses lèvres rosées qui esquissèrent un léger sourire en ma direction, tout en elle me fascina soudainement, alors que je la fixai, ébahi. Comme si une lumière venait soudainement d’apparaître parmi cette masse d’inconnus, plus ternes les uns que les autres.
Telle un ange tombé du ciel.
Et le cœur battant la chamade, les joues brûlantes, comme si un brasier immense s’était soudain allumé en moi, je me détournai, honteux, et à l’intérieur ça palpitait, battait, et plus rien n’avait d’importance, ni le vent glacé contre ma peau, ni les gerçures sur mes mains, ni la faim qui me tordait le ventre, il n’y avait plus que ce regard, ce sourire, et mon cœur qui cognait douloureusement dans ma poitrine. Je me sentais glacé, brûlant, tremblant, extasié. Trop troublé et honteux pour réagir, je me détournais rapidement et m’enfuis à pas vifs, la tête baissée, alors qu’elle me regarda partir, avec un air mi sérieux, mi amusé, un sourire au coin de ses lèvres rosées.

***

Plusieurs jours ont passé depuis celui de notre rencontre. Je marchais de nouveau à travers le froid, mes chaussures crissant sur la neige grisâtre des trottoirs. Cela faisait plusieurs jours que j’empruntais un détour, qui m’obligeait à passer par des rues étroites et mal dégagées, n’osant revenir au lieu où sa route et la mienne s’était croisées, devant cette boutique d’antiquités. Et pourtant, j’avais beau y faire, toutes mes pensées ne faisaient que revenir vers elle. Ses lèvres fines et rosées. Ses cheveux soyeux et brillants. Son teint de porcelaine. Elle était devenue mon obsession, l’ange de mes nuits, qui me hantait jusque dans mes rêves, ses sourires, sa présence, son contact, oh, pouvoir la toucher, lui parler, juste une fois… Oui, il fallait tant que je la revois. Et saisissant mon courage à deux mains, mût par une ardeur désespéré, je revins sur mes pas, et retournais sur le lieu tant craint, de notre rencontre, le cœur battant. Et soudain, une angoisse nouvelle m’étreignit. Et si… et si elle n’était plus là ? Et si… elle était partie… à jamais ? Terrifié, j’accélérai le pas. Non, non, je ne pourrais le supporter ! Il fallait que je la revoie ! D’un pas vif, je déboulai le long du trottoir, et arrivai devant la boutique. Et soudain, l’angoisse terrible qui me tordait les entrailles s’envola, et fit place à un soulagement et une joie immense. Elle était bien là de nouveau, au même endroit que la dernière fois. Rapidement, les joues brûlantes je murmurai un salut hésitant, quand subitement, ô merveille, contre toute attente, son visage poupin s’illumina d’un léger sourire, alors qu’elle me rendit mon salut par un signe de tête. Troublé et réjouit, je baissé les yeux, et m’apprêta à repartir, quand soudain, quelque chose m’arrêta. Non, je ne pouvais pas partir ainsi. Il me fallait être rassuré, tenter ma chance, même si cela était vain, la supplier, pour que juste une fois encore… Hésitant, je revins sur mes pas, et lui demanda doucement, toujours les yeux baissés.

-Dîtes… pourrais je… pourrais je vous… revoir ?

Il y eut un silence durant quelques secondes, où l’on n’entendit que le souffle du vent glacé qui parcourait les trottoirs déserts, quelques secondes qui me semblèrent une éternité, atroce attente interminable, quelques secondes, au bout desquelles elle prononça d’un murmure, audible à mes oreilles seules.

-Oui.

Ivre de joie, je la remerciai vivement et partit.

***
Je l’ai revue. Au fil des semaines, nos rencontres se sont multipliées, toujours au même endroit. Quelques instants de bonheur, petites coupures à travers ma vie monotone, auxquelles je m’accrochais avec l’énergie désespérée d’un naufragé. Tout en elle, m’attirait irrésistiblement, et je ne pouvais m’empêcher de la regarder, tiraillé entre le respect, et un désir fou. Oui, pour la première fois, j’étais amoureux. Passionnément amoureux. Elle était la seule à m’accepter, à me comprendre, me sourire, à ne pas m’affliger des regards mêlés de pitié et de dégoût. Nous avions l’habitude de nous tenir là, à parler, jamais d’elle, toujours de moi, certes elle n’était pas très bavarde, mais j’aimais ses silences, tout comme le reste de son être. D’autres fois nous restions simplement là, à nous admirer mutuellement, profitant de la présence de l’autre. Nous nous donnions rendez-vous tous les jours, à notre point de rencontre habituel, et je n’aurai raté une de ses réunions pour rien au monde. Enfin j’avais trouvé une raison de subsister, enfin, alors que le froid et la faim me tiraillaient, je pouvais m’accrocher à son image qui brûlait en mon esprit, mon unique flamme à travers ses nuits d’hiver glaciales. Même si je n’en avais pas encore les moyens, bientôt, je lui avais promis, je me débrouillerai, j’aurai assez d’argent, et je l’emmènerai, afin que nous nous installions ensembles, quelque part. Loin. Oui, nous nous aimions.

***
Le corps tremblant, j’avançais avec difficulté, mes chaussures percées crissant sur la neige du bitume, mal dégagé. Une tempête faisait rage, et autour de moi les flocons tournoyaient, si bien que j’avais du mal à voir plus loin que le bout de mon nez. Et pourtant, je continuais ma marche pénible, le dos courbé. Il me fallait aller la retrouver. Malgré les caprices du temps, il m’était impossible de sauter ne serait ce qu’une de nos rencontre. Au bout de quelques minutes je finis par arriver à notre lieu de rendez vous habituel, et soulagé, tiraillé par une joie impatiente, j’accélérai le pas, quand subitement, je m’arrêtai, tiraillé entre la surprise et l’horreur.
Vide.
Elle n’était pas là.
Terrifié, je regardai autour de moi, appelai, non c’était tout simplement impossible, elle ne pouvait avoir disparu, elle ne m’aurait jamais abandonné, non, c’était impossible, non, non, non… Et à l’intérieur de moi, tout se déchainait, mon cœur cognait à m’en arracher la poitrine, et la même idée douloureuse, résonnait en une insupportable litanie à travers mon crâne, alors que je me pris la tête à deux mains, horrifié.
Disparue, disparue, disparue…
Partie.
Et je m’effondrai, avec un hurlement d’horreur bestial.

***
- Salauds, laissez moi sortir !! RENDEZ LA MOI, JE VOUS DIS !!!

Avec des vociférations de rage, mes poings s’abattent violemment contre la porte capitonnée. Les monstres, oui tout cela c’est de leur faute, ces salopards, qui jaloux de notre amour, l’ont enlevée, avant de m’enfermer ici. Oh, j’ai si mal, si mal, j’étouffe entre ses quatre murs, sortir il me faut sortir, mon amour, elle est seule, je dois la retrouver, mon amour, j’ai mal, si mal, les monstres, comment ont-ils pût, j’ai tout perdu, merde, merde…

***
Avec un soupir, l’infirmière jeta un coup d’œil, à la porte de la chambre 509, d’où de nouveaux cris résonnaient. Avec un regard désolé, elle se tourna vers sa collègue.

-Le pauvre homme, tout de même. Un mendiant qu’on a ramassé tout près d’ici, la nuit dernière, qui se roulait à terre, l’écume aux lèvres, vociférant des paroles incompréhensibles. Comme quoi l’errance, la solitude…ça pardonne pas.

-Oh, t’en fais pas pour lui, va, les fous ça se ramasse à la pelle, à chaque coin de rue de nos jours. Viens plutôt avec moi, il faut que je te montre le superbe cadeau d’anniversaire que j’ai trouvé pour ma fille, hier, chez un antiquaire, juste à côté. Une poupée de porcelaine, absolument superbe, je suis sûre qu’elle va a-do-rer…
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Elizabeth A. McQueen
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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeSam 3 Avr - 20:44

Silence. Doucement le vent soulève ses mèches châtain, tandis que penché par-dessus la rambarde de pierre, son regard se perd dans la contemplation du ruisseau. Sensation de calme apaisante, tandis que les eaux miroitantes se reflètent dans son regard, que tout son corps se gorge de la lumière s’épanouissant autour de lui. Bercé par le doux bruissement des eaux du ruisseau coulant sous ses pieds il pense à Elie. Elie. Etrange gamine aussi vive et insaisissable que l’eau qui coule entre ses doigts, un coup de vent à travers les ramures des arbres, un éclat de rire qui s’enfuit, un oiseau aux ailes brisées que jamais, jamais, il ne tiendra au creux de sa paume. Et soudain, quelques vers d’une comptine d’enfance lui reviennent en mémoire, tandis qu’il fredonne, toujours perdu dans sa contemplation.
Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive…


Elie, belle Elie aux cheveux de feu et au prénom chantonnant, dont mes lèvres savoureux chaque syllabe, Elie, petite si fière, quand seras tu mienne ? Et elle court sans cesse Elie, elle passe en un coup de vent, elle se dérobe à ses caresses avec un éclat de rire, juste une gamine insouciante aux désirs à demi dévoilés, lorsque ses doigts d’enfant glissent dans ses mèches brunes, lorsque ses lèvres rosées se posent sur sa joue y déposant un baiser sonore, lorsque ses doigts enlacent les siens, caresses chastes d’une femme-enfant, perdue dans un monde qui n’appartient qu’à elle seule, Elie, Elie, quand accepteras tu de grandir ? Ne vois tu pas comme je t’aime, comme il se brise peu à peu, ce cœur avec lequel tu joue insouciamment, Elie, Elie, arrêtera tu un seul instant ta folle course, Elie, Elie, quand accepteras tu de m’aimer ? Oh Elie elle est belle, quand elle rit, quand elle mélange les couleurs des jours, Elie c’est un sourire qui ne s’efface jamais, c’est un arc en ciel qui s’enfuit, c’est une douce fleur au parfum oublié, Elie qu’il aime tant, elle et son regard, ses lèvres qui se dérobent, ses mots taquins qui font mal, Elie c’est une gamine égoïste qui le frappe de ses paroles, le nargue de ce corps qu’elle dérobe à son désir. Elie, mon ange, ma plus belle création, quand seras tu donc mienne ?
Elle court comme un ruisseau, que les enfants poursuivent…


Mais non, Elie elle se dérobe, elle court sans cesse, et rit, rit, se moque de tout, chamboule les convenances, bouscule les petits vieux et leurs cabas, rit au nez des couples enlacés, chipe leurs sucettes aux enfants, Elie qui s’échappe sans cesse, Elie qui ne saura jamais l’aimer, ni le tirer de sa solitude, parce qu’Elie, elle aime ailleurs, il le voit dans son regard, dans les sourires qu’elle lui offre, pour Elie tout cela n’est qu’un jeu de plus. Et il la jalouse tant celle qu’elle aime si passionnément, Elie, mon arc en ciel chromatique, mon oiseau déchu, ma petite flamme, qui brûle en un éclair, jusqu’à ce consumer jusqu’à la moelle, Elie qui veut tout saisir d’une étreinte, tout vivre à l’instant, avant la chute, oh je sais bien qu’elle est la seule à mériter tout amour. Jusqu’à la dérision, jusqu’à la folie. Petite Elie amoureuse de la Vie.
Courez, courez, vite si vous le pouvez…


Mais qu’importe, il a tant besoin d’elle, et tant pis pour la douleur, pour les déceptions qu’elle lui offre, juste de l’eau qui glisse entre ses doigts, Elie c’est son plus beau rêve, son utopie à travers sa solitude, chimère caressante et insaisissable.

-Encore en train de rêvasser ?

Une voix bien familière tandis qu’il se retourne, et la voilà devant lui, petite Elie si jolie, qui le toise de ses grands yeux rieurs. Et toujours ces mots qu’elle lui offre comme un salut, comme un rituel entre eux, où tourbillonnent les non-dits, et les désirs à peine voilés.

-Je suis content de te voir…

Un triste sourire sur les lèvres de son aimée, tandis qu’un éclat de rire qui n’est pas le sien résonne, non le rire d’Elie est aussi doux que le gazouillement d’un oiseau, tandis que celui-ci est dur, moqueur, presque cruel. Se retournant, il aperçoit soudainement un groupe d’enfants sur le trottoir d’en face, qui rient grassement, tandis que l’un d’eux lance :

-Regardez, voilà qu’il parle encore tout seul ! Hé Monsieur le barge, vous êtes pas un peu grand pour avoir des amis imaginaires ?

Et tandis qu’ils partent en se tenant les côtes, il se retourne vers Elie, s’apprêtant à lui dire de ne pas se soucier de cet incident, ne prends pas garde à eux Elie, nous on a pas besoin de leur regards, on a pas besoin de leur affection, que m’importe leurs mots et leurs moqueries, puisque tu es là, seule lumière à travers ma solitude, Elie, ma douce Elie, la seule, l’unique, qu’ai-je besoin d’eux qui ne peuvent me comprendre ? Mais les mots n’ont pas le temps de sortir, ses yeux n’ont pas le temps de plonger encore une fois dans les pupilles tant aimées, seul remède à sa solitude, et tant pis pour la folie qui l’anime, car… Plus rien. Juste un carré de bitume qui le fixe avec indifférence.
Il fallait s’y attendre.
Jamais, jamais vous ne la rattraperez…







Dernière édition par Elizabeth A. McQueen le Jeu 26 Aoû - 16:39, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeSam 3 Avr - 20:44

Captive. Ce mot résonne doucement à tes oreilles, tandis que tes yeux se perdent dans le lointain. Captive. Captive. Ce mot qui te déchire de l’intérieur, qui te tient en vie, ton unique vérité et ton plus beau mensonge, captive, captive. Captive, tandis que tes yeux se perdent dans le lointain du port, dans les voiles qui disparaissent au fond de l’horizon, dans les cris des marins, les bruits moteurs, les grincements de machines, dans la fadeur du bitume, où est passé le sable qui brûlait ta peau, où sont passées les grains écorchant tes paumes, et les bracelets sur tes chevilles, et le crépitement du feu, lorsque tu dansais au son des tams-tams ? Captive. Toujours ce mot en toi, éternelle et lancinante litanie. Il n’y a plus que cela de vrai, de fort, et au bord du quai, le vent soulève les bords de ta robe, le tissu léger s’envole, tandis que ton cœur enchaîné à cette terre froide et grise, se fissure peu à peu, et que le poison de l’indifférence se déverse dans tes veines, captive, captive, où est passée la flamme qui animait ton âme ?

Envolée la chaleur qui te tenait en vie, ici tout est gris et froid, les gens se regardent sans se voir, non les gens ne te voient pas, lorsque ton regard se perd au loin, lorsque tes cheveux d’ébènes flottent au vent, lorsque tu danses silencieusement dans le tourbillon de ta robe, lorsque tu cours sur la plage, mais ici le sable est dur, le sable est froid, tout comme le cœur de ceux qui t’entourent. Belle prisonnière où est passé ta chaleur, la brûlure du soleil sur ta peau, les tuniques colorées oscillant sur tes hanches, où est passée ta lumière, où sont passées tes ailes, tes doigts écorchés ramassant le bois, les fruits poisseux dégoulinant sur tes paumes, les grains doux, amers et colorés, qui glissent contre le palais, avant de descendre dans la gorge, où est passée ta chaleur ?

Envolée, elle aussi, dans la valse des souvenirs, captive, et c’est tout cela qu’il te reste, ce mot auquel tu t’accroche, et que tu rejette, captive, captive, où sont passés tes rêves ? Oui, ils étaient beaux tes songes, lorsque les pieds dans l’eau tes yeux se tournaient vers la mer, ta peau tannée brûlée par le soleil, ton regard tourné vers ces nouveaux horizons, ce monde inconnu et merveilleux, dont on te racontait les merveilles, ces contes auxquels tu croyais, le soir au coin du feu, les belles femmes à la peau pâle, les boutiques brillantes, les voitures rutilantes, les maisons de pierre immenses. Petite fille aventureuse, qui rêvait d’ailleurs, non tu ne te retourne pas, tu n’entends pas leurs voix qui t’appellent tandis que tu grimpes sur le bateau, non, tu ne les écoutes pas, tu rêves des voitures et du rouge sur les visages des femmes.

Et à présent… où sont passés tes rêves ? Englués sous une couche de misère et d’incompréhension, tandis que tes pieds nus ne foulent plus le sable, et que tes chaussures écorchées traînent sur le bitume souillé, au rythme de tes jambes maigres, oh vois le, il est beau ton rêve, et de nouveau ce mot, captive, captive de cette vie, de cette illusion que tu t’étais crée.

Il n’y a plus de rêve, juste le goût amer de la déception dans sa bouche, juste la fadeur du bitume dans son regard, enterrée dans les cendres de ce cœur qui ne brûle plus, dans des rêves de chaleur et d’exotisme, tandis que de nouveau elle rêve d’ailleurs, la petite clandestine dont les yeux se perdent au bord du quai.

Captive.


Dernière édition par Elizabeth A. McQueen le Jeu 26 Aoû - 16:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeMer 21 Juil - 21:04

(la première phrase est de Musset)



Pour le bal qu’on prépare, plus d’une qui se pare, met devant son miroir le masque noir. Masques de chair, masques de sang, mensonges qui collent à la peau, tandis que le crayon affine leur lèvres sanglantes qui susurrent doucement des paroles caressantes a l’oreille, trace des ombres imaginaires autour des yeux qui papillonnent, les joyaux qui s’affichent, reliure dorée dont elles se recouvrent, tandis que les peaux se dénudent sous les décolletés et les tissus légers, plus d’une qui se pare, sourires mensongers, la mascarade peut commencer. Carnaval de folie, bal de mensonges, et elle sourit devant son miroir, comme tant d’autres, admirant le velours noir sur son visage, car ce soir, entre les corps tourbillonnant, elle ne sera que cela, son plus beau mensonge et son unique vérité. Juste une image. Impression qui colle à la peau, qu’il est beau son loup noir, celui que les autres n’osent afficher, mais cachent derrière les sourires qui tordent leurs lèvres carmines.
Oui ce soir elle se faufilera entre les corps en sueur, au milieu de la débauche et des trahison, de cette mascarade minutieusement réglée, se déhanchera au son de la musique, enfermée dans cette routine, dans le jeu des apparences, bal, tout n’est que gestes et déhanchement sans sens, où les corps se frôlent, se touchent, se palpent, sans jamais parvenir à se saisir, tout est faux et artificiel.
Alors elle sourit. Pauvre pantin sans coeur.

***
Personne ne lui jette un regard tandis qu’elle pénètre dans la boite bondée, qu’elle se jette en travers de la foule et de la musique qui lui déchire les tympans, et sa chevelure qui s’agite a son passage, les mêmes sourires, les mêmes gestes, les mêmes regards tentateurs et provoquants, le même bonheur chimérique dans ce monde de débauche, tandis que les corps se cognent, que les aiguilles, vendeuses de rêves brises se plantent discrètement dans les veines, que l’alcool coule a flot, l’inonde, la brule, et boire pour oublier le poids des mensonges, des sourires qu’elle leur offre, du vice auquel elle offre son corps en pâture dans l’espoir vain d’échapper a un quotidien dont elle ne veut plus, de retrouver la flamme de son regard, ce soir elle sera libre et fière, comme elle l’a toujours rêve d’être, seule sous son masque noir, et son corps qui tourbillonne et défie la foule, ce soir elle sera libre, libre d’afficher ses mensonges au grand jour, de leur cracher son mépris au visage, et elle rie, rie, tandis que les gorgées d’ivresse coulent dans sa gorge, elle est libre, libre de ses étreintes, de ses bras qui l’enserraient et l’étouffaient, oui il est parti, ce soir sera la dernière, plus jamais il ne la dévorera, comme il en détruit tant d’autres, prisonnières de leur masque noir. Elle est libre et fière, elle a renoncé à cet amour qui la détruisait a petit feu, à cette obsession qui la poussait sans cesse dans ses bras, tandis qu’il arrachait sa chair, des pans de vie par lambeaux, passion déchirante et meurtrière, mais les masques collent à la peau. Les pulsions aussi.

Non, ce soir tout est terminé, elle sera libre et fière de nouveau, tu vois mon amour, je peux très bien me passer de toi, et elle rie de plus en plus fort, toute entière a l’ivresse qui la submerge, tandis que ses bras l’enlacent, le beau bien aimé inconnu qui se trouve a coté d’elle, que ses lèvres se collent aux siennes. Et embrasse moi, saisis moi à même la foule, à moi la folie, à moi l’ivresse, ce soir sera la dernière, tu vois mon amour, je peux très bien me passer de toi. Et elle rie tandis qu’il la soulève et l’emporte hors du club, et l’air froid mord soudainement ses jambes nues, mais qu’importe, elle rie, elle rie, tandis qu’il l’allonge sur la banquette de la voiture, tu vois mon amour, je peux très bien me passer de toi, plus jamais tu ne me détruira, et tant pis si je plonge a nouveau dans cette mascarade viciée, dans ce pêché de chair qui ne veut rien dire, je m’échappe de ton emprise mon amour, plus jamais tu ne me détruira…

Et elle rie, rie, sans même voir son visage, tandis que les bretelles de sa robe glissent, tout est programmé, terminé d’avance, mais qu’importe, elle ferme les yeux, rie, elle ne veut pas voir son visage, oublier le fait qu’elle ne passe que d’un poison, d’un plaisir à un autre, tandis qu’elle s’offre aux bras de son étranger, qui lui fera l’amour sans prendre la peine de lui demander son nom, juste un visage, juste un masque de plus, danse macabre qui la détruit, mon amour reviens j’ai tant besoin de toi, des rêves que tu me vends, de ces chimères qui me détruisent, mon amour, j’ai tant besoin de tes mensonges…

Et les mains qui se palpent, et leurs corps enchainés, les cris de plaisir, tout est faux, jeu destructeur, tandis que leurs cris de jouissance résonnent, et s’abandonner toute entière a ses pulsions animales, pour oublier le mal en elle que rien ne comblera jamais, tout n’est que mensonges, et jouir encore, entrechoquer leurs corps en sueur, pulsions animales, destructrices, prends moi toute entière, laisse moi oublier. Mais l’oubli n’est qu’une illusion parmi tant d’autres, et elle a beau jouer les fières, les indomptables, gémir cambrée au dessus de lui, son corps en pâture comme la pire des catins, juste une misérable fille des rues, et l’extase qui s’efface, il n’y a plus rien, et le vide dans son corps, et l’appel criant dans tout son corps, mon amour j’ai tant besoin de toi, détruis moi, enchaine moi, ne m’abandonne plus jamais, mon amour j’ai tant besoin de toi…

Combien de temps à présent mon amour? Des heures qui lui semblent a présent des jours, des semaines, des mois, tandis que tout son corps crie a l’agonie, mon amour reviens j’ai tant besoin de toi, et déchirer les apparences qui la recouvrent à mains nues, et tant pis pour le mal qui la ronge, elle a tant besoin de lui, de ses bras qui la déchirent…

Douleur, manque atroce, tandis que son corps dénudé se tord sur le siège, se recroqueville sur elle même, et disparue la flamme maquillée de son regard, juste une poupée brisée, une catin déflorée, mon amour j’ai tant besoin de toi, pauvre gamine, tu gis plus bas que terre, tantôt enchainée à des paradis artificiels, ou à un quotidien qui te dévore. Oh, elle est belle ta liberté, tandis que tu te penche sur le siège en cuir, laissant s’échapper la bile amère dans ta gorge, juste une catin, les étreintes ne veulent rien dire, lui tout autant qu’un autre, contre et dans ton corps, sans pourtant qu’aucun ne te possède, jamais tu ne leur appartiendra, ne pourra leur appartenir, toi tout comme une autre, juste un visage interchangeable, et le velours doucereux et brûlant du vice contre ton visage, lui seul a su te prendre toute entière, jusqu’aux tréfonds de ton âme, lui que tu as chassé avec l’énergie du désespoir, lui que tu appelles a présent, telle un animal blessé, mais même les bêtes valent mieux que toi, tandis qu’il jette ton corps encore à moitie dénudé et tremblant sur le trottoir, en te vociférant des insultes. Mais rien n’a plus d’importance, pas même le froid qui s’empare de toi, la morsure du bitume sur ta peau, et les larmes brûlantes sous tes paupières, mon amour pardonne moi, reviens j’ai tant besoin de toi. Et à présent tu le vois, mieux que jamais, ce masque sombre sur ton visage, tandis que les eaux boueuses du caniveau te renvoient ton reflet défoncé, déchiré, rien qu’une image, couleur de mort, couleur du vice, auquel tu restera enchainée a jamais, et mourir à petit feu, parce que tu en voulais plus, soulever les voiles devant ton regard, échapper à ce misérable bonheur dans lequel elle se vautrait comme tout les autres, les sourires, les murmures, les corps sur la piste de dance, orgasme et puis c’est la fin, la décadence, les gosses et les rêves de villa sur la Cote d’Azur, et feindre de jouer le rôle dans lequel on l’avait confinée, devenir ce pantin que la société voulait qu’elle soit, mais elle à osé ouvrir les yeux, sans pouvoir autant se débarrasser de la criante vérité, et toutes les femmes qui se parent, mettant le soir leur masque noir…

-T’as pas l’air en bon état chérie. Un petit remontant, ca te dirait?

Etonnés, ses yeux vides se lèvent vers lui, tandis qu’un pli cruel se forme au coin de sa bouche, qu’il aille au diable comme tout les autres, elle n'en peut plus, quand soudain, elle la voit.
L’aiguille dans sa main.
Et lui arracher des mains, s’injecter le plaisir mortel dans ses veines avec l’énergie du désespoir, mon amour tu es revenu, prends moi toute entière, mon amour, plus jamais je ne te quitterai…
Et les masques qui collent à la peau.




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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeVen 23 Juil - 0:54

Texte écrit pour un concours ayant pour thème "le cinéma." Sachant que ni les dialogues ni la première personne ne sont mon fort je m'excuse de la qualité de ce qui va suivre é.è
Et on vénère Baudelaire pour le titre.


Paradis artificiels.


Juste une journée de plus qui se termine, juste un nouveau jour sans sens, vingt quatre nouvelles heures sans importance, où les gestes routiniers s’enchaînent, distribution de sourires, de poignées de mains faussement amicales, de mensonges qui coulent entre les paroles, tout ces « bonjour », « comment vas-tu », « Bien et toi ? », tant de mots vidés de leur substance, tant de conventions auxquelles il faut se plier, juste une mascarade de plus, tandis qu’avec un soupir je me trouve une place libre dans la salle bondée, besoin de me détendre, d’oublier le temps d’une poignée d’heures le quotidien qui m’enchaîne.

Lumière tamisées, fauteuil dont les bras moelleux m’accueillent, immense écran blanc, vendeur de rêve et d’illusions, tout un monde qui s’ouvre à moi tandis que je m’assois, oublier ce visage qui flotte parmi une masse anonyme, boire les paroles des personnages qui ne semblent s’adresser qu’à moi, plonger au fond de leur regard, de cette mascarade qu’ils nous vendent, et l’espoir fou, un instant, d’oublier les lumières qui se rallument, le générique signant la fin d’un songe, des papillons dans le ventre, des pensées qui se figent. Des rêves à portée de main et pourtant si lointains. Mais qu’importe la fin, tandis que les premières images s’affichent, porteuses d’oubli et de détente, et c’est un nouveau voyage qui commence, tandis que les yeux fixés sur l’écran, je fais à peine attention à la jeune fille venant de s’asseoir à côté de moi.
***


Avec un soupir, je lance un énième coup d’œil à ma montre, afin de constater avec horreur que la première heure est à peine écoulée. Co… comment ai-je pu payer pour une daube pareille ? L’intrigue est incohérente, le jeu des acteurs inexistants, les actions plus prévisibles les unes que les autres, où sont-elles dont les larmes refoulées qui se libèrent enfin, où est passé l’excitation qui retourne les entrailles, les rires qui plient la salle en deux, où est-il donc ce monde miroitant que les journaux avaient semblé me promettre ? Agacé je me lève donc, frustré d’avoir perdu mon temps, dans ce monde où tout est minuté, où la moindre de nos pensées nous est dictée par avance, et voilà qu’il me rattrape ce réel que je méprise tant. Je me lève donc, me préparant à sortir, quand…

Etrange pouvoir que celui du regard. Celui qui saisit, transforme le flot de lumière tourbillonnant qui nous assaillit sans cesse, celui qui ment sans cesse, aux autres et à lui-même. Et ce regard que je croise sans même que celui-ci ne me voit, cette pupille dans l’obscurité qui fige soudainement le court du temps, coup de foudre, non, rien à voir avec leurs rêves à l’eau de rose, non, fascination, tandis que mes yeux détaillent les siens, toujours fixés sur les images défilant devant nous, captivés, entraînés, et le coin de sa lèvre qui tremble au rythme de celle de l’héroïne, ses larmes qui coulent, accompagnant les siennes, scène pathétique, sur-jouée, et pourtant la voilà, entièrement plongée dans ce mélodrame, sans même remarquer mes yeux interrogateurs qui la fixent.
Jamais je n’ai vu autant de passion dans un regard.
***


-Le film t’as plut ?

Regard interrogateur tandis qu’elle se tourne vers moi et qu’autour de nous les autres se lèvent au rythme du générique qui résonne, juste un réveil de plus, un rêve qui se meurt et s’efface au petit jour, quelques images dont ils discuteront avec une émotion feinte, avant d’oublier. Et nous voilà donc, tandis qu’elle me détaille étonnée, et je maudis ces mots sans sens que je lui offre alors que tant de paroles souhaiteraient surgir de mes lèvres, cette heure que j’ai passé fut la plus fascinante de ma vie, explique moi comment tu fais, raconte moi ce que tu as vu, laisse moi, moi aussi entrer dans ce regard, d’où te viens donc cette intensité, tu me fascine, je veux tout connaître de toi…

-Fascinant, n’êtes vous pas d’accord ?

Et ces mots qui me frappent, coup douloureux que ce sourire glacé qu’elle m’offre, que ce vouvoiement dénué de toute sympathie malgré la chaleur de sa voix, comme un avertissement que je feins d’ignorer, alors que je réplique :

-Oui… absolument… vous… avez-vous un téléphone portable ? Nous pourrions nous donner rendez vous pour en discuter quelque part ?

Juste une rencontre, juste un visage de plus, dont j’aurai su saisir les reproches, et pourtant je ne peux m’en empêcher, obsession trop forte qui m’anime, comme quelque chose à quoi m’accrocher, comme une raison enfin, de…
De vivre.
Et mes yeux qui s’écarquillent, tandis que contre toute attente elle griffonne quelques chiffres sur un morceau de papier qu’elle me tend.

-J’attend cela avec impatience.

Peut être un menteur sait-il en déceler un autre. Peut être est cette lueur dans son regard. Ou encore cette voix dans ma tête qui me susurre de m’en aller, d’oublier cette rencontre, de la reléguer au rang des anecdotes à raconter lors des soirées bien arrosées entre amis. De jeter ce papier que je saisis avec un sourire, tandis qu’elle me tourne le dos et s’en va, et que tout s’enclenche peu à peu.
Obsession grandissante au fond de moi.
***


-Et si vous me parliez de vous ?

-Je pensais que vous souhaitiez discuter du film…

-Oui… mais j’avoue que vous… vous m’intéressez plus que celui-ci.

-Que voulez vous savoir ?

-Je… ce que vous faîtes dans la vie par exemple ?

-Etudiante en faculté de médecine.


Regard dénué d’expression qu’elle me lance et que je ne comprends pas, où est t’elle donc passée cette flamme qui brûlait dans ses pupilles, tandis qu’une vive frustration me saisit, et toujours ces règles qui nous entravent, ce cercle que j’aimerai tant briser sans en avoir le courage, conscient du ridicule et du vide de cette conversation mondaine.

-Oh je vois ! Sauver des vies doit sans doute vous passionnez alors !
Grand éclat de rire de l’intéressée, tandis que mes yeux s’écarquillent, mais que veut-elle donc, à me cracher ainsi son mépris au visage, à se moquer de tout, se contentant de répondre évasivement à mes questions sans même prendre la peine de me les retourner, mais que veut-elle donc réellement ? Et tandis que je serre les dents en maudissant ma faiblesse, elle finit par se reprendre pour répondre d’un ton moqueur.

-Ah, c’est donc ce que vous pensez ? Vous croyez donc qu’on peut juger ainsi une personne, à sa couverture. Non, voyez vous, puisque vous me semblez si curieux, depuis que mon père dût abandonner ses propres études faute de moyens, celui-ci est persuadé que prêter le serment d’Hippocrate serait la meilleure chose qui puisse m’arriver, et menace de me couper les maigres vivres qu’il me provide en cas de refus de ma part. Pour mon bien, voyez-vous. A présent, mes soupçons ayant été confirmés, je vais me lever, m’en aller, tout en vous demandant d’oublier cette rencontre et de ne plus chercher à me revoir, c’est compris ?

-Attendez… que… que voulez vous dire ?

-Ecoutez, si vous souhaitiez connaître mes mensurations, vous auriez pu le demander immédiatement, vous auriez perdu moins de temps. Quand à moi je voulais simplement prendre la peine de voir si il y en avait au moins un d’entre vous un peu moins prévisible que les autres, cependant vous ne faîtes aucunement exception à la règle. A présent, adieu…

-Attendez… le film !

-Par…pardon ?

- Par… parlez-moi du film. S’il vous plaît.

-Pourquoi ?


Et soudainement, tandis que ses yeux interloqués se posent sur moi, il me semble y décerner un changement, aussi infime soit-il. Comme une pointe de… curiosité. Et je n’ai plus rien à perdre, alors quitte à partir avec le souvenir cuisant de mon humiliation, et le sourire sarcastique et amer de cette jeune femme qui me taraude l’esprit, autant tenter le tout pour le tout, chasser ces convenances dont elle se moque d’un revers de main, fierté, cynisme que je ne peux m’empêcher d’admirer. Et plonger à travers ses pupilles à la recherche de ce regard qui hante mon esprit.

-Depuis que je vous ai vue dans cette salle de cinéma, je, je… il y avait quelque chose dans votre regard, quelque chose de fort, de différent, comme un éclat que je ne peux pas m’ôter de l’esprit, vous sembliez si passionnée, si transportée par lle film, que j’en suis venu à me demander si nous regardions les mêmes images. Depuis… j’ai besoin de comprendre. Racontez-moi. Racontez-moi… ce que vous voyez…
Nouveau regard interloqué. Long silence qui s’installe soudainement entre nous, quelques secondes où ses yeux fixent les miens, qui me semblent une éternité.

-Vous tenez vraiment à le savoir. Non, non… vous allez le regretter…

-S’il vous plaît…


Et soudain, elle se rassoit avec un soupir, et je comprends avec jubilation que la victoire est mienne. Et peu à peu les paroles glissent hors du seuil de ses lèvres, d’abord timides et murmurées, plus de plus en vives, exaltés, tandis que fasciné je bois les mots qu’elle m’offre, ces mots qu’elle libère sans doute pour la première fois, émotions au parfum doux comme un secret, tandis que tout s’efface ne laissant place qu’à cette voix porteuse de rêve, qui pose peu à peu les premiers chainons reliant mon cœur au sien.
Et il n’y a plus de retour en arrière.
***


Et les rencontres se succèdent, et les mots s’échangent, discutions effrénées où la lumière tant recherchée de son regard se réveille enfin, tandis qu’elle me parle de ses expériences cinématographique, de la joie que celles-ci lui procurent, et que je bois ses paroles, affolé et enivré par tant de passion, sans voir, sans comprendre, aveuglé par ma fascination. Et il n’y a plus rien, si ce n’est ces sourires qu’elle m’offre, tandis qu’à travers ses mots elle replonge à travers les histoires, et les émotions qui repassent sur son visage, et oubliés le dégoût, la lassitude d’un morne quotidien, et peu m’importe le reste, les regards amusés et inquiets de mes amis, mes économies qui maigrissent peu à peu, rongée par les nombreux tickets que je m’offre, tant qu’elle continuera à poser de tels yeux sur moi.
Qu’ai-je besoin de ce plus que de cet univers qu’elle m’offre ?
***


-Allô ?

-C’est encore moi.

-Encore ? C’est la troisième fois cette semaine !

-Je suis désolée.

-Je, mes économies sont elles aussi en train de se faire la malle, tu sais. Tu n’es pourtant pas déjà allée voir tout les films qui passent en ce moment ?

-Je t’en prie…


Et il y a quelque chose dans cette voix, comme une note brisée qui résonne à travers l’obscurité de ma chambre, un éclat suppliant, humilié, tandis que poussant un soupir, je finis par répondre.

-Attend moi… j’arrive. Allons le voir ensemble ton film.

Et l’obsession qui s’installe peu à peu.
***


-Je t’en supplie… ce sera la dernière fois… promis…

-Puisque je te dis que je n’ai plus rien ! Je ne sais même pas comment je pourrais atteindre la fin du mois !

-Menteur !
hurle-t-elle, la bouche à présent tordue en un rictus enragé. Avoue plutôt que tu préfère tout garder pour toi ! Avoue que toi non plus tu ne peux pas t’en passer !

-Je… je ne vois pas de quoi te parle…

-Oh, et je t’avais prévenu pourtant… Je t’avais prévenu… et pourtant… mais regarde toi, regarde toi, donc !
La lèvre tremblante, elle recule vers la porte, tandis que sa voix se fait de plus en plus faible, éclat qui se brise peu à peu, et qu’effrayé par la démence qui l’anime je ne cherche pas à la retenir, tentant de ne pas saisir le sens de ses paroles. Mais tu verras, cela te détruira peu à peu toi aussi, perdu, trop loin, il est trop tard à présent, je t’avais prévenu…

Et elle sortit en claquant violemment la porte.
Après m’être dirigé d’un pas lent vers la salle de bain, je contemplais mon visage dans le miroir, passant une main sur ma barbe de trois jours, sur mes joues amaigries, mes yeux creux et cernés, comme un reflet qui n’est plus le mien, juste un fantôme. L’ombre d’un autre.

***


Et les jours passent. Les jours, les misérables poignées d’heures où tout se succède, juste un flot d’évènements vidés de leur substance, et ce dégoût qui me saisit jusqu’au fond de mon être face à la fadeur des jours, aux conversations trop anodines où chacun feint d’écouter l’autre, et s’arrêter aux apparences sans même chercher à se connaître, vivre à demi mots, et ce dégoût qui me tord les entrailles, oh je les méprise tant, et je n’ai plus que cela , les images de l’écran blanc qui se succèdent, comme une vie en plus beau, et dans l’obscurité de la salle, lorsque les lumières s’éteignent et que le rideau se lève enfin, la voilà la liberté, celle de vivre enfin, de m’identifier à chaque visage projeté, de vibrer des mêmes émotions, peu importe lesquelles, et le temps de quelques heures frôler enfin du bout des doigt une autre vie, la flamme de mon regard brillant de la même intensité que celle qui m’avait un jour fasciné. Sans voir l’obsession qui s’installe peu à peu, les factures qui s’accumulent, les regards inquiets des amis, oubliés depuis longtemps, et l’ombre du miroir.
Sans voir l’obsession qui me dévore peu à peu.
Non, seule une sensation compte.
Comme une impression… d’exister.
***


-Le film t’a plut ?

Voix féminine qui résonne à côté de moi, tandis que mon regard étonné se pose sur elle. Et cette fascination innocente que je reconnais immédiatement, tandis que je me souviens, mon regard croisant le sien, ses mots qui m’enivrent, sa lente destruction qui court à présent dans mes veines, son besoin incessant d’argent, parce qu’une fois passé le seuil de ce monde dont elle m’a ouvert les portes il n’y a plus de retour en arrière, et l’obsession qui s’infiltre peu à peu, les yeux qui se fixent à l’écran, une illusion dans laquelle elle m’a fait plonger tout entier afin de maintenir la sienne, oui, elle avait besoin de moi, des mots qu’elle m’a offert afin de maintenir ce rêve pour lequel elle avait arraché son visage à mains nues, devenant tour à tour les personnages dansant devant ses yeux, plongeant dans les décors en cartons-pâtes, le temps d’un oubli, échappatoire à une vie qu’elle méprisait tout autant que moi.
Oui, elle m’avait bien eu.

Et à présent il n’y a plus d’échappatoire, obsession qui m’anime et me dévore, tandis qu’un instant je ne peux retenir une pointe de culpabilité à l’idée de ce que je m’apprête à faire. Mais il est trop tard pour reculer, passion qu’il faut partager, prends garde à toi petite, elle aussi te dévorera, tandis que tu te gorgeras de mes mots, me permettant à moi aussi, de revivre par mes paroles, les moments passionnés que le paradis cinématographique m’offre.
Et plonger à tout jamais dans ces rêves artificiels.

-Fascinant, n’es tu pas d’accord ?


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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeSam 24 Juil - 20:02

Et du bout de mes doigts je caresse son visage enfantin, explorant doucement ses joues creusées, ses paupières humides, les cernes sous ses yeux, ses lèvres pâles, qu’il serre obstinément, comme une réponse à mes éternelles interrogations, et son regard froid qui me fixe, les mots qui refusent de sortir, qu’il retient ardemment au creux de ses lèvres, tout comme ce sourire que je cherche désespérément, tandis que mes doigts tâtent ses lèvres pâles et tuméfiées, mon ange, mon amour, qui t’as donc fait cela, dis le moi, je t’en prie. Souris moi, parle moi, je t’en prie, dis moi, dis moi, pourquoi tant de froideur sur ton visage mon ange, si tu savais comme je t’aime, comme je le hais, de toute mon âme, de tout mon être, celui qui t’as volé ton sourire, dis moi, dis moi mon amour, raconte moi les cicatrices, les bleus qui parsèment ton corps, dis moi, dis moi, si tu savais comme je brûle de rage, et je le haïs autant que je t’aime, dis moi, dis moi, qui t’as arraché ton sourire, a piétiné la lumière de ton regard, qui t’as arraché hors de mes bras. Enivre moi de tes paroles comme je te berce des miennes, lorsque je te prends dans mes bras, baigne tes plaies de mes larmes, te promets que tout iras bien, bientôt tout sera finit mon ange, je te le promets, dis moi simplement, dis moi qui t’as fait cela. Dis moi. Que je le tue.
Que je le détruise de mes mains comme tu me blesse de ton silence.


[…]


-Tu ne m’aime donc plus ?!

Et les mots fatidiques qui résonnent, les mots qu’elle martèle avec rage, le frappant de chaque syllabe, de chaque lettre, les mots douloureux qui déchirent, les mots tant répétés qu’ils ne veulent plus rien dire, tandis qu’il se recroqueville paniqué, que des déflagrations de douleur le submergent et que sa vue se brouille.

-Tu ne m’aime donc plus ?!

Et toujours les mots, les mêmes mots, éternelles boucle, douloureuse litanie, et il aimerait tant lui dire, lui hurler son amour, la supplier d’arrêter, tandis qu’autour de lui tout se mélange, et un seul mot dans son corps et dans sa tête, douleur, douleur, et tout son être qui hurle en silence, recrachant par tout ses pores cet amour qu’il aurait voulut lui offrir, qu’elle n’a su voir, ni saisir, que lui ne la quittera jamais, que lui ne l’aurait pas abandonnée, tantôt perle de son cœur, tantôt fruit de sa souillure, enfant porté au côté de son corps brisé, abandonné trop vite au mains d’un amant aux paroles menteuses, juste un jouet au gré de ses humeurs, tantôt idolâtré, tantôt haït de tout son être, seul reflet de l’être aimé disparu, lui rappelant à la fois son amour et sa déception.

-Toi aussi tu m’abandonnera ? Tu me quittera tout comme ton père ?!

Nouveaux coups qui s’abattent, tandis qu’elle décharge sur lui un accès de rage et de désespoir, juste des nouvelles marques sur son corps, un nouveau rituel qui s’entame, la même ronde macabre dont ils sont tout deux prisonniers, et les coups qui pleuvent, pleuvent… Et pourtant elle revient toujours, la chaleur salvatrice, ses larmes sur ses plaies, comme si c’était trop, trop d’amour et de haine qui ne peuvent coexister dans un seul corps, et l’oubli qui résonne entre ses bras chauds, et comment croire en tes mots maman, comment comprendre ton amour névrosé qui me détruit à petit feu et dont je ne peux me défaire ? Et les coups qui s’abattent, la vue qui se brouille, les pensées qui se mélangent, « toi aussi tu ne m’aime donc plus ?! », et le goût ferreux qui envahit sa bouche, tandis qu’il ses dents s’enfoncent toujours plus loin dans sa lèvre, afin de sceller celle ci, attendant le moment de la libération, où les mains qui le frappent se feront de nouveau caressantes.
Les mots ne veulent rien dire.
Ne reste que le silence.


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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeJeu 26 Aoû - 16:39



Attente

Silence. Le regard tourné vers la fenêtre, elle attend, laissant s’égrener les secondes, les minutes, et les poignées de vie vides de sens qui s’écoulent, le soleil brillant à l’extérieur, les cris des enfants, quel beau temps pour une célébration semble lui murmurer la nature ironique. Et attendre toujours en silence, sans espoir, non ils ne viendront pas, il y a tant de choses à faire par une belle journée ensoleillée, tant de bonheurs à saisir, à quoi bon perdre ce temps qui s’enfuit si vite, même les excuses feintes au téléphone semblaient être de trop. Oh, c’est si gênant la solitude des autres, une écharde de trop dans notre petite vie rangée.

-De toute manière elle oubliera vite, mais tu sais bien, sa tête qui flanche, oh ne m’ennuie pas avec tes reproches chéri…

Alors, elle attend. Sans trop savoir pourquoi. Comme pour combler de vide, pour ne pas encore mettre de mots sur ce mal douloureux qui la guette à chaque pas, l’observe à la dérobée, entre les tapotements de ses pantoufles sur le sol, derrière les sourires sur les papiers glacés des photos, tant de pantins sans vie dont elle s’entoure, dans l’espoir de rafler une goutte de chaleur entre les poses feintes, un bout de vie, d’autrefois, s’accrocher à ces visages comme à une bouée de sauvetage, pour oublier la mémoire qui se détériore, destruction du corps et de l’esprit, et cette peur sans cesse de n’être plus rien, rien qu’une chair informe maintenue en vie au rythme des perfusions, tandis que tout s’enfuit, les visages aimés, les souvenirs heureux, bientôt il lui prendront tout…

-Tout de même, ce n’est pas n’importe quel jour, on aurait put faire un effort…

Oh, comme ils doivent l’attendre avec impatience l’échéance tant retardée. Alors ils pourront dire, tout en essuyant leurs yeux faussement larmoyants fasse à la pierre froide, tout juste une corvée de plus, à quel point ils l’aimaient, vanter sa forme, elle n’est jamais partie de chez elle, vous savez, redistribuant ainsi tout l’amour qu’il n’avait pas pris la peine de lui tendre, trop de temps à attendre, à les faire espérer un quelconque profit, avarice qui perce à travers leurs yeux tandis qu’ils lui vantent sa bonne santé. Un soupir, tandis que lasse, elle se détourne de sa contemplation et s’assoit. Elle est si fatiguée. De se silence sans cesse dans son corps et dans sa tête, les maux qui se passent de mots, les vides douloureux qui se creusent, tandis que le regard tourné vers un avenir hypothétique, sans forme, sans espoir, à quoi bon tout cela, elle attend.

-Oh vraiment ! L’anniversaire de ta mère ! Faire deux heures de route pour m’asseoir en face de cette pauvre femme à l’entendre parler du bon temps, tout en nous suppliant des yeux de rester encore un peu, de repasser, si encore elle avait accepté la maison de retraite ! Et ce restaurant que tu m’avais promis ? J’en ai marre de la vieille, est-elle donc plus importante que moi ? Mais qu’attend-elle pour crever à la fin !

Et doucement, son visage, gravé par les ans, la solitude, et les larmes ayant trop coulé à la disparition de chaque proche, pourquoi sont-ils tous partis avant moi, s’approche du gâteau qu’elle avait acheté pour l’occasion, fixe un instant l’unique flamme vacillante, bientôt, bientôt le grand repos, enfin, je suis si fatiguée tu sais Arnold, mon amour, me vois tu à cet instant, tandis que tout mon être crie le manque, trop longtemps enduré ? Un dernier souffle, comme un soupir, tandis que s’éteint la légère flamme. Si seulement celle de son cœur pouvait faire de même, tandis qu’elle se murmure, comme pour mettre un doigt sur son mal, comme pour l’appeler encore une fois, l’a-t-elle donc oubliée, l’ultime Dame, celle qui mettraient un terme au silence, l’avait-elle oubliée, trop occupée à faucher les âmes trop pressées, jeunesse tourbillonnante, impatiente, motards sans casques, junkies dans les toilettes, victimes immolées à coups de pieds et de poings, tant de drames qui se nouent, si bien que l’on oublie ceux qui se meurent en silence, attendant une échéance qui se tarde, appelant égoïstement celle tant rejetée qui les terrifiait tous, et qu’ils n’osaient laisser venir à eux.
Centenaire, vraiment. Mais que faisait-elle, la Mort ?



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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeJeu 26 Aoû - 17:01

J'ai tout lu et j'adore ton style d'écriture. Il est WHOUAH. *_*
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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeDim 29 Aoû - 3:36

    Je confirme I love you
    Tu écris toujours aussi bien Sheina *_____*

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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeDim 29 Aoû - 17:13

*Calînne Adri' et Abyss*

(Et je m'excuse de la niaiserie de ce qui suit... é.è)


-Ce que j’ai à te dire n’est pas facile…

Silence. Ses yeux qui tentent de se détourner de mes pupilles, la fixant sans concession, attendant la vérité blessante, qu’elle s’apprête à me lancer à la figure, tout pour que cesse cette note d’appréhension au fond de ma gorge, tout plutôt que ce doute qui me taillade, mais qu’attend tu donc, frappe moi, blesse moi des tes mots meurtriers que je ne veux pas entendre, relâche les, laisse les me mordre, lacérer mon cœur, chasse cette angoisse qui bouillonne au fond de moi, donne moi une raison de souffrir. Je ne suis pas faible tu sais, lui-même le disait, tu es forte mon amour, bien trop forte, quand te laisseras tu enfin aller, quand cesseras tu de te dresser envers et contre tout ? Et ses lèvres mordillant les miennes, sa voix qui résonne encore, quand te laisseras tu enfin saisir, quand accepteras tu d’être mienne, de courir après du vent, sois mienne, aime moi comme je t’aime, à la vie, à la mort… Et un sourire qui le blesse, et toi, quand cesseras tu de courir après les filles de rues, à trouver refuge au creux des reins des catins trop fardées ? Et toutes ses nuits à me rendre folle, à me jeter dans les bras du premier homme venu, pour oublier, pour te faire souffrir comme je souffre, te décrire le contact de leurs peaux contre la mienne, les chairs qui se frottent, se tannent, se fondent, et tant pis pour l’amour, moi je ne veux que la liberté, à la vie, à la mort, ne disais tu pas ?
Alors pourquoi es tu parti ?

-… n’ont rien pu faire, trop forte hémorragie interne, il était déjà trop tard. La chute, tu comprends.

Silence. Vérité crue, amère, dure, acide, qui se passe de mots. Elan de rage qui me traverse, imbécile, pourquoi, pourquoi, pourquoi, où est-elle donc passée cette liberté à laquelle tu tenais tant, imbécile, pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Oh cruel amour, cruel orgueil qui nous montait l’un contre l’autre, et se fuir sans cesse pour mieux se retrouver, se frapper tour à tour avant de panser nos plaies communes, ta peau battante contre la mienne, cris de plaisir et de douleur mêlés, moi toi il te faillait toujours plus, à la vie à la mort disais tu pourtant, toi et moi à jamais, alors pourquoi ? Pourquoi me frapper plus fort encore, vouloir gagner cette guerre puérile par ce dernier coup que tu me porte, me prouver que tu étais capable de tout pour moi, de me blesser le plus fort, imbécile, imbécile…

-… une lettre dans sa chambre. Explique les raisons de son… suicide.

Imbécile, imbécile, imbécile. A quoi bon tout cela et me faire espérer une traite enfin, une promesse de bonheur au goût inespéré, tout pour lutter contre la solitude qui m’assaille, contre le manque de toi dans mon cœur, et me jeter de nouveaux dans cette passion ridicule, dans ces bras que tu m’avais tendus, je suis revenu mon amour, à présent toi et moi, à la vie à la mort, promesses jamais tenues, nouveaux mensonges, en lesquels j’avais crus, lorsqu’hier je t’avais ouvert ma porte, accueilli au creux de mes bras sans me soucier des conséquences, et tant pis pour les coups portés, pour ta disparition, ta longue absence, tu avais toujours voulut tout avoir, tout saisir d’un revers de main, la liberté et l’amour fou, sans se soucier des cœurs brisés à ton passage. Et devenir le monde à mes yeux, m’aimer à la folie, m’offrir tout de toi, tout de toi, tout de moi, tout, tu entends. Devenir le monde à mes yeux. Afin de mieux le briser.

-… il l’avait tu comprends. Il y dit préférer se donner la mort lui-même plutôt que de laisser la maladie le faucher. Le SIDA je veux dire…

Et je comprends.
Peau contre peau.
Tout de toi, tout de moi.
On ne s’était pas protégés.

Une nuit, une dernière. Revenir après des mois de silence, me saisir à bras le corps, toute entière, profiter de ma faiblesse, de mon abandon, lier mon corps au tien, tout de toi, tout de moi, à la vie, à la mort, sceller de ce contact nos deux destins et m’emporter jusqu’à la tombe. Le salaud. Il m’avait bien eue.
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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeDim 5 Sep - 21:14

Faut croire que je suis dans une période particulièrement niaise. Et morbide. éAè
Et je vous laisse deviner qui est le personnage principal~

Douceur factice.

Elle est douce la plume entre ses doigts. Blancheur immaculée, pureté intouchée au creux de sa paume, tandis qu’il la regarde, ses yeux posés sur elle, comme de peur de la voir s’envoler, n’osant cependant serrer sa main sur elle, de crainte de détruire son trésor. Levant les yeux vers le ciel, il se demande quel oiseau a bien pu la perdre, vers quels contrées, quels horizons s’envolait-il ? Peut être qu’à force de patience, lui aussi pourra amasser toutes les plumes qu’il lui faut, se constituer ses propres ailes, celles qui lui permettraient de monter haut, haut dans le ciel, jusqu’à ce les passants, les maisons, les arbres, rétrécissent à en devenir méconnaissables, encore plus petits que ceux qu’il voit lorsqu’il penche sa tête par la fenêtre du premier étage.

Oh bel oiseau de passage, pourrait un jour m’en aller comme toi ?
Mais il y a maman. Maman qu’il aime tant et qu’il ne peut abandonner. Maman, tantôt belle et caressante comme le fin duvet entre ses doigts, tantôt dure, cruelle, tandis qu’elle le frappe de ses mots, des mots rugueux, qui écorchent la bouche et le cœur, des mots qui font mal « tu me tue, tu me tue », répète t’elle alors, « mais pourquoi t’ai-je donc fait venir au monde ? » « Tu me tue » hurle t’elle, tandis que sa main s’abat sur son visage, tu me tue, toi produit de mes fautes et de mon pêché, tu me tue lorsque mes yeux se posent sur toi et que j’y retrouve son visage, mais quelle conne ai-je été, comment ai-je put croire à ses promesses, et le voilà qui s’enfuit, le salaud, oh le salaud… Me laissant seule avec toi, toi produit de ma chair et de mon sang, tandis que j’oscille entre amour et haine.

Et pourtant il s’accroche, encore et encore, à l’amour de sa mère, à sa chaleur lorsqu’elle le prend dans ses bras, moi je te trouve belle maman, moi je t’aime, moi je t’aime fort, bien trop fort, encore plus que les tartines de Nutella, que les petites voitures rouges aux carrosseries rutilantes, que les autocollants que le maître distribue, que les billes froides, brillantes et colorées que je fais glisser entre mes doigts, que les dessins animés du samedi matin, que les chocolats de la dame d’en face, que le sourire de la petite voisine. Que les plumes d’oiseau.
Plus fort que tout.

Pauvre enfant attristé, qui s’accroche à ses illusions, maman m’aime, elle ne m’abandonnera jamais n’est ce pas, maman à qui je pardonne sans cesse, maman dont les mots et les mains font mal, lorsqu’elle me griffe le visage, lorsqu’elle me crie des mots que je ne comprends pas , être impur, pêché, souillure, des mots qui s’échappent de ses lèvres, chassent la chaleur de ses bras, prennent toute la place, des mots effrayants, douloureux, des mots de grands. Et qu’il aimerait tant les effacer les mots cruels qu’elle entonne. L’inonder de son amour à lui, lui offrir sa chaleur, guérir ses blessures qu’il ne peut comprendre, qu’il ne peut saisir, pas de véritables plaies, de ces écorchures sanguinolentes qui parsèment les genoux et les coudes après les courses poursuites en vélo, les batailles dans la boue, non, des fourbes, des insaisissables, de celles qui se terrent bien profond dans le cœur et n’en ressortent plus, de celles qui pompent la chaleur, durcissent les mots, font couler les larmes le soir.
De celles qui détruisent tout.
De celles qu’on ne peut guérir.
Et cette peur sans cesse, à l’intérieur de lui.
Mais maman ne partiras pas… n’est ce pas ?

Et que j’aimerais tant trouver les mots pour te faire sourire et effacer à jamais ses larmes qui creusent ses joues de sillons humides, cernent ses grands yeux vides, maman, maman, où est passée ta chaleur, où est passé ton amour ? Maman où vas-tu lorsque tu t’absente, des minutes, des heures, solitude insoutenable, tandis qu’il attend au pied de la porte et que les secondes s’égrènent, longues, bien trop longues. Et toujours cet espoir, idiot, futile, cet espoir d’enfant naïf de la voir réapparaître dans l’encoignure de la porte prêt à le prendre dans ses bras et à le bercer comme autrefois, c’est finit mon ange, c’est finit… Oh il s’en souvient encore, de ce jour où il avait attendu, attendu. Le silence pour seule réponse à ses larmes et à ses interrogations muettes. Et soudain, au beau milieu de la nuit, la porte s’était ouverte brusquement, des bruits de pas saccadés parvenus à ses oreilles, tandis que des bras l’avaient saisis, et l’avaient serrés forts, forts, forts, pardon, mon ange, pardon, plus jamais je ne t’oublierais, pardonne moi, oh pardonne moi… Et enfouissant son visage poupin dans son cou il s’était laissé allé, le corps secoué de longs sanglots, maman qui m’aime et me rejette, me soutiens et me détruit, maman que j’aime tant, et que j’aimerai alléger ta peine, maman qui pleure à cause de moi.
A cause de moi.
Tout cela à cause de moi.

Coupable d’exister. Amère ironie.

Et pourtant qu’aurait-il put lui offrir de plus si ce n’était cela, des petits bouts de vie, des petits bouts de tout, des fleurs séchées, des pétales de roses, une bille douce et brillante aux reflets irisés, un papier de couleur, une poupée éventrée aux cheveux soyeux, qu’il trouvait belle, aussi belle que toi maman ! Tant d’objets, de petits cadeaux qu’il lui apportait, dans l’espoir de voir à nouveau naître un sourire à la commissure de ses lèvres, tant d’offrandes teintées de son amour débordant, à défaut de ne savoir offrir d’avantage, de n’avoir les mots qui sauraient la sauver.
Mais pouvait-on en demander autant d’un enfant ?Cadeaux qu’elle accepte tantôt avec un sourire attendri, ou rejette avec agacement, quand cesseras tu de me ramener toutes les cochonneries que tu ramasses ! Mais regarde toi, tu es tout sale ! Mais bon sang, quand grandiras-tu, tu me tu! Et toujours ces mêmes mots cruels qui planaient comme une menace.
Tu me tue.
Tu me tue.


Elle est douce la plume entre ses doigts. D’une blancheur immaculée, si douce aux regards, aussi duveteuse que les longs nuages qui s’étirent dans le ciel et qu’il se plaît si souvent à contempler. D’une douceur agréable, caressante, tout comme l’amour que maman daigne parfois lui offrir. Douceur, apaisante, dont il s’enivre, aussi chaude que la vie, que l’amour dans lequel il se noie, à coups de bribes récoltées ça et là, la chaleur de maman, les sourires des passants qui s’exclament sur « ce joli petit garçon », leurs mains dans ses cheveux, et qu’il est heureux l’enfant, source de tant d’attention, de tant de chaleur, tandis que les yeux brillants il complimente la dame sur sa coiffure, sur la couleur de sa robe, oh que vous êtes jolie Madame, disait-il encore il y a un instant, lorsqu’ils revenait du parc avec maman, oh que j’aime l’affection que vous m’offrez. Maman elle, n’aime pas cela. Il le voit à ses sourcils froncés, lorsqu’il revient penaud vers elle, il sent la colère bouillonnante au coin de ses lèvres, cette rage qu’elle tente de contenir, avant que celle-ci ne la dévore, l’envahisse, et que ses mains s’abattront sur lui. Un regard de dégoût qu’elle lui lance au pas de la porte, un regard qui le fige sur place, des pupilles noires, dures, froides, plantées sur lui, et qu’il fixe paralysé, tandis qu’elle murmure un « petite pute » entre ses dents, encore des mots qu’il ne comprend pas, d’un ton cruel, qui frappe, tandis qu’elle entre, le laissant seul au dehors. Et qu’il aimerait tant se précipiter à l’intérieur, s’accrocher à elle, la supplier de lui pardonner, je ne le referai plus maman, promis, promis, ne m’en veux pas maman, je t’en prie, je t’aime tant… Mais il n’en a pas le courage.
Tu me tue.

Et soudain, tandis qu’il caresse la plume du bout des doigts, un sourire vient illuminer son visage. La plume, bien sûr ! Voilà qui pourrait rendre maman heureuse ! Voilà qui rachètera son pardon ! Et tant pis pour ces belles ailes blanches qu’il désirait tant. Il donnerait tout pour le sourire de maman.
Tu me tue.

Doucement, timidement, il pousse la porte non verrouillée, et s’introduit doucement dans la maison, tandis qu’il appelle d’une voix faible, « maman, maman », pas trop fort, de peur de la fâcher à nouveau. Mais seul le silence répond à ses appels. Un silence troublant, oppressant. D’un pas inquiet il traverse le salon vide, tandis qu’il appelle toujours, de plus en plus fort, « Maman, maman », et son cœur qui tambourine, ses jambes tremblotantes, « Maman, où est tu maman ? », ses pas qui claquent contre le carrelage, tandis qu’il se précipite vers la chambre. Et se fige soudainement. Un hoquet, tandis que sa main se desserre, et que la plume fripée, tourbillonne dans l’air avant de venir mourir contre le sol froid. Et les interrogations mêlées, la nausée, l’horreur, ne laissant place qu’à une seule question.

Maman…pourquoi te balance tu au bout d’une corde ?

Et les mêmes mots qui reviennent, cruelle, cruelle litanie.
Tu me tue.


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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeMer 22 Sep - 2:31

A demi mots.

    -J’en ai marre à la fin ! Est-ce que tu ne pourrais pas faire un effort ? Et moi dans tout ça ? Je croyais que tu m’aimais !

    -Je t’avais prévenue, tu le sais. Je suis ainsi, je n’y peux rien.

    -Sans cesse, sans cesse ! Parce que c’est trop pour toi de vouloir croire au bonheur ? De me faire, ne serais ce qu’un commentaire positif. Ne sortir ton fichu nez de cette fange dans laquelle tu te complais ! Mais regarde-toi ! Indifférent à tout ! C’est finit, je n’en peux plus ! C’est finit, tu entends finit ! Et moi qui croyais… qui avais osé espérer quelque chose de toi… Et dire que je te trouvais charmant !

    -Original, tu veux plutôt dire. Délicieusement exotique. Heureuse de l’étrange animal que tu avais sous ta coupe. L’exposant comme un montreur d’ours à la foire.

    -Et… et t’y voilà encore ! Tu vois, sans cesse ! Mais regarde-nous ! Me voilà…à … à pleurer comme une conne devant toi. Et… c’est tout ce que ça te fais !

    -Je répète. Je t’avais prévenu. Tu savais parfaitement dans quoi tu t’engageais. Libre à toi de te leurrer ensuite. Pour ma part, je ne continuerais pas plus longtemps cette discussion stérile.


Un cri outré, tandis que le dos tourné, il peut entendre le martèlement de ses pas rageurs contre le carrelage. Une porte qui s’ouvre et claque violemment. C’est finit. Soupir.

Elle le savait pourtant. Comme toutes les autres. Propre de l’homme de se croire unique, capable de défier une réalité contre laquelle tous se cognaient. Elle avait crut pouvoir supporter cela, le changer même. Et il l’avait accepté, dans ses bras, entre ses draps, leurs doigts liés, ses lèvres contre les siennes, une place chez lui et dans son cœur, parce que lui aussi un instant, avait crut qu’elle serait différente, spéciale, plus compréhensive, tandis qu’il lui avait murmuré des mots doux, fait tourbillonner son corps de petite fille, conté des rêves le soir blottis sur le canapé, de ceux en lesquels il croyait encore les premiers jours, grisé par une nouvelle rencontre. Charmantes, l’avaient-elles toutes trouvée. Jusqu’à ce que la déception vienne. Celle qui laissait peu à peu apparaître les petits riens qui ruinaient tout, les cheveux dans l’évier, les claquements de langue entre deux bouchées, le dentifrice troué, les chaussettes qui trainent, les chipoteries sur le prix des conserves, le rire qui vire jaune, et l’amertume qui se déverse, tout ses détails qui grossissent, grossissent, jusqu’à prendre toute la place. Jusqu’à ce que les compliments fassent place aux reproches. Jusqu’à dévorer l’amour. Encore une fois.
Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.
Temps de partir. Et de recommencer. Inlassable boucle.
Il lui avait dit pourtant. Elle s’en était moquée. Triste humanité à se bercer de leurres.

« Moi je suis ainsi vois tu. Cynique désabusé, je croque les mauvaises nouvelles aussi aisément que mes céréales du petit déjeuner. Je m’empiffre de petits riens qui finissent par m’emplir, je plonge mes yeux dans la fange jusqu’à ne voir que celle-ci, je balaye le monde d’un revers de main, je ne crois ni à la fidélité, ni aux rêves, à la maison sur la Côte d’Azur ou à la famille idyllique qu’il faudrait avoir, un garçon et une fille, aux visages rieurs et rebondis, aux adorables boucles blondes, des gosses bruyants, baveurs, de ceux qui dévorent l’amour en aspirant toute l’affection ambiante vers eux. Au fil des jours je te trouverai moins belle, mon étreinte qui t’enserrait se relâchera. Moi je ne le vois que le sale, je m’enivre de cette beauté crasseuse, je la fais mienne, je la laisse m’emplir, jusqu’à occulter tout le reste. Et tu n’y pourras rien… »
… parce que c’est la seule chose qui me rende vivant.
Qui me permette d’exister.

Parce qu’il n’y a rien d’autre. Parce qu’il refuse de s’illusionner, tel qu’ils le font tous. Parce qu’il dénigre leur hypocrisie, leurs rêves, oh combien doux, tout aussi menteurs. Parce qu’il préfère voir, tout voir, quitte à plonger toujours plus profondément dans cette corruption dans laquelle il se complaît. Tout plutôt que de se mentir.

Mais la vérité était un lourd fardeau à supporter. Il en avait fait les frais. Incapable de retenir qui que ce soit, toutes bien trop piquées à vif par son regard assassin sur le monde et sur elles. Sans comprendre, que cette réalité toute crue qu’il leur offrait, n’était autre qu’un gage d’amour. Sa sincérité offerte en pâture sur l’autel de leur dégoût. Qu’il l’avait crue, elle comme les autres, capable de comprendre cela. Qu’il avait besoin d’elle, de son regard désillusionné pour supporter le sien. Mais les mots étaient inutiles. Les mots étaient menteurs par essence. Rien n’importait. Elle était partie. Douleur, de plus en plus frêle, à chaque séparation, tandis que les déceptions s’accumulent, et qu’il a été bête, qu’importe s’il ne reste rien à croire, relève toi soldat, seul, tu es seul avec tes mots trop durs, mais que t’importe. Tout plutôt que de te mentir.
Et tout recommencer.
Avec ce vide et ce dégoût qui te tiraillent.

De longues minutes s’écoulent dans le vide de l’appartement, dévasté de sa présence, tout est finit, tout est à reconstruire de nouveau, mais peu lui importe, toujours ce même schéma qui le dévore, et ses yeux grands ouverts fixés droit devant lui qu’il refuse de baisser, et peu lui importe le reste, tout voir, démonter peu à peu les mensonges soigneusement construits dans lesquels ils ont été bercé, amours de contes de fées, réussite professionnelle, paradis, salvation de l’âme, générosité, douceur, et tant d’autres réalités factices dans lesquels ils se noient. Pour ne pas voir la crasse, la corruption, l’avidité, la cruauté, l’égoïsme qui pousse les couples à s’échanger des promesses d’éternité, où l’amour finit par se consumer. Foutaises que tout cela.

Traversant soudainement la pièce vide, il saisit son manteau, et sort rapidement. Besoin de prendre l’air, de sortir de ce lieu encore trop empreint de sa présence. Deuil symbolique d’un amour déjà bel et bien perdu.

[…]

D’un pas vif il déambule le long du trottoir, profitant de l’air frais venant caresser son visage et s’engouffrant dans ses poumons, l’air qui saisit et qui brûle de l’intérieur, sensation revigorante, apaisante, tandis que celui-ci se mêle à la chaleur des derniers rayons du jour contre son visage dénudé. La tête haute il marche les mains dans les poches, s’amusant à fixer dans les yeux les quelques passants pressés qu’il croise, et leur opposer mon regard franc, direct, bien trop direct, comme une intrusion, une attaque, et rire en silence de leurs yeux qui se baissent, du rythme de leurs pas qui s’accélère, fuyez donc lâches que vous êtes, échappez vous de cette réalité bien trop gênante, de cet inconnu dont vous refusez d’admettre l’existence, et ils déambulent, le nez plongé dans leur existence, leurs propres problèmes, être humain sans cesse tourné vers lui-même, où sont-elles donc passées ses belles images dont ils s’abreuvent ? Un sourire. Rien n’a changé.

Soudainement, un bruit de querelle attire son attention. Levant les yeux il aperçoit de l’autre côté de la rue, un homme, le visage crispé par la rage, des traits serrés et durs qui s’entrechoquent, des lèvres qui semblent proférer des injures à voix basse de peur d’être entendu, sa main accrochée au bras d’une frêle jeune fille qu’il semble vouloir entraîner avec lui. Un soupir, à quoi bon, une mioche en fugue accostée par un pervers, une catin peut être, et de nouveau les yeux qui se baissent, les pas qui s’accélère, un soupir, à quoi bon, se donner bonne conscience, s’en vanter auprès des amis qu’il n’a plus, en retirer quelques bleus et côtes fêlées, une inconnue, à quoi bon…

Quand son regard croise le sien.
Il s’arrête. Frisonne.
Des yeux vides.
Des yeux creusés.
Dénués de vie.
Deux immenses trous au milieu de ce visage.

Pas des yeux implorants. Non. Des yeux résignés. Des yeux conscients de leur sort, de leur réalité, malgré ce corps qui se débat encore, tandis qu’elle tente en vain de résister à la main de l’homme qui l’entraîne. Et il ne sait ce qu’il lui prend, tandis qu’il les accoste à pas vif, une rage sourde qui bouillonne en lui contre ce regard qui cède, qui accepte, un besoin impérieux de briser le cours des évènements, tandis que ses larges enjambées l’emmènent vite à la hauteur de l’étrange couple, et que sa main vient soudainement se poser sur celle de l’homme, avant que celui-ci n’aie le temps de réagir.

-Je crois que mademoiselle ne désire point votre compagnie.

Vouvoiement, politesse excessive qu’il brandit sans se départir de son sourire. Comme une provocation.
Eclatant d’un rire bruyant, l’homme s’exclame.

-C’est ma fille ! Alors dégage le merdeux !

-Oui vous avez l’âge d’être son père, cela nous l’avions bien compris. Si vous pouviez nous faire l’honneur de dégager à présent…

-Tu cherches les emmerdes, petit ?!

Et sans se soucier des menaces de l’homme, des yeux étonnés de la petite, à présent posés sur lui, de l’attroupement qui commence à se former, ou des conséquences de ses actes, il l’empoigne par le col, et prononce d’un ton froid, ses yeux fixés dans les siens :

-Maintenant…

Pas du courage, ou de la générosité, ou tant d’autres rebus humains que lui pour sa part ne prétend avoir au fond du cœur. Un simple besoin de perdition. Inconscience qui l’anime.

-Bah, prends la, puisqu’elle t’intéresse tant, cette… pute !

Dernier mot méprisant qu’il jette avant de se dégager d’un geste brusque, de tourner le dos et de partir d’un pas vif, tandis que l’attroupement autour d’eux commence à se défaire, déçu, pas de violence, pas de spectacle à critiquer hypocritement en se plaignant de l’insécurité qui règne, alors que tous en redemandent, tous croquent ce mal qui les entoure à pleines dents, poussant des exclamations d’horreur devant les faits divers, le sang au grand écran, se régalant de récits sanguinolents de crime, fascination morbide pour le mal qu’ils rejettent, et oh qu’ils les méprise tant, tandis que lui préfère ouvrir les yeux, conscient de cette attirance sombre qui l’anime, et qu’il ne cherche à cacher. Plus jamais de mensonges.

Un soupir, tandis que ses yeux se posent sur ceux de la jeune fille, levés vers lui. Etrange enfant à la peau pâle, et à la crinière brune échevelée, qui le fixe de ses pupilles bleutés, un sourire timide aux lèvres.

-Tu pourrais me remercier…

Etrange regard qui celui qu’elle pose sur lui à cet instant, chargé d’impuissance ces deux iris qui fixent les siens, trop fort, bien trop fort, tandis que sa bouche, aux lèvres tremblantes, s’entrouvre, puis se ferme.
Ne brasse que du vide.
Ses yeux s’écarquillent sous l’effet de l’étonnement.

-Tu… tu es muette ?

Et il ne sait que répondre face à ce silence. Est-il seulement capable d’imaginer ce que cela doit être, cette impuissance, ce vide au fond de la gorge où les mots s’accumulent et restent bien coincés jusqu’à prendre toute la place, qui raclent, déchirent de l’intérieur, et les lettres qui se tordent, les syllabes qui griffent à défaut de pouvoir s’envoler, peut-il s’imaginer cela, cette incapacité à partager, à ne serait ce que murmurer les paroles tant attendues, à ne pouvoir dire « merci », « je t’aime », tant de mots inutiles, méprisables et qui pourtant réchauffent, et il frisonne, sensation étrange de compassion face à cette enfant, dont le regard seul hurle tout ce qu’elle ne peut pas dire.

-Soit, c’est donc ici que l’on se quitte…

Et le voilà qui perd contenance, qui tente de remplir les trous, lui qui pourtant abhorre tant les phrases inutiles, celles qui allègent la conscience et parasitent les silences, et il devrait partir à cet instant, lui tourner le dos et l’oublier, l’effacer d’une existence où elle n’a jamais eu de place, juste un visage parmi tant d’autres, avec ou sans ses mots, et pourtant quelque chose l’en empêche, un vague malaise face à ce cœur mutilé, à cet être sans voix. Sensation étrange. Curiosité morbide qui le saisit et qu’il ne faut rejeter.
Plus jamais de mensonges.

Dur travail que l’éradication d’illusion. Que cet effort de franchise qu’il exerce sur lui-même et les autres depuis tant d’années à présent, celui qui le pousse à mettre briser les images soigneusement montées, les idées reçues, à préférer les mots durs aux compliments si doux, mais oh combien faux. Les mots vrais, ceux qu’il faut rattraper sans cesse, trop directs, que tous cherchent à fuir, s’écartant de son sillage et de cette réalité qu’ils ne veulent pas voir. Celle qui le pousse chaque jour un peu plus vers l’amère solitude dévorante. Plus de mensonges. Accepter la laideur. Triste idéal brisé.

Et il l’accueillera donc au sein de lui-même cette attirance, celle qui le pousse vers les yeux de cette étrange jeune fille où se bousculent les paroles qu’elle n’a pas. Soupir, tandis qu’elle ne bouge toujours pas. Saisissant sa main, il se met donc en marche l’entraînant dans son sillage, pas besoin de mots pour se comprendre, pour rendre plus réelle une vérité dont ils reconnaissent tout deux l’existence. Une marche à pas vifs le long du gris des bitumes, tandis qu’il finit par lâcher d’un ton neutre.

-Soit. Tu resteras chez moi quelques temps.

Le silence est un être difficile à dompter.

[…]

-Il y a une serviette et des vieux vêtements à moi pour te changer dans la salle de bain…

Ces mots prononcés, il s’assoit, cloitré dans son silence. Il ne sait ce qui l’a vraiment poussé à accueillir cette inconnue, cette enfant chez lui. Présence éphémère et frêle, qui vient combler le vide, habituellement noyé dans le corps des amantes. Etrange gamine silencieuse qui n’a pipé mot durant le trajet, se contentant de le fixer de ses prunelles azurs, où les mots, les pensées se mélangent. Remerciement ou reproche ? Il ne savait même plus.

Et le regard tourné vers la fenêtre et les lumières de la ville qui s’éveillent, points rouges, orangés et ors qui viennent éclairer le crépuscule, et masquent la lueur des étoiles, monde battant, dur, froid, artificiel, où se noient tant de cœurs, il se demande, mais que faisait-elle donc là cette enfant incapable de raconter son histoire, que faisait-elle seule dans le sillage d’un homme lubrique ? Avait-elle fugué, se condamnant à la débauche plutôt que de retourner vers un habitat hostile la tête basse et les joues rougies par la honte, consciente de sa faiblesse et de sa vulnérabilité ? Préférant souiller son corps, vendre ses dernières parcelles d’enfance et de pureté, se plonger dans la fange et la corruption plutôt que de ravaler sa fierté ? Luttant pour préserver les apparences, tandis que son cœur s’offrait à l’inévitable… Sourde rage qui l’anime soudainement contre ce souci des apparences. Et pourtant… les choses auraient-elles été mieux autrement ? Petite fille livrée aux mains d’un homme au fond d’une ruelle obscure, plutôt qu’au milieu de la vapeur brûlante de sa salle de bain. Fallait-il tout accepter… par principe ?
De telles choses que la générosité n’existent pas.

Et il s’y accroche, par principe, pour ne pas se perdre dans le flot de ses pensées qui vacillent. Triste société à s’entre dévorer, à se blesser mutuellement, à se jeter des maux et des mots à la figure, et à ignorer le mal d’autrui, petite écharde de trop dans notre vie parfaite, tache sur le tableau idyllique qu’il fallait à tout prix masquer. A défaut de pouvoir effacer. L’homme était ainsi. Lui de même. Mais ne se le cachait pas.
Aurait-il dut tout de même accepter cela ?

La porte qui s’ouvre, tandis qu’une frêle tête humide émerge, vient mettre fin à sa réflexion.
Se levant il se dirige jusqu’au coin cuisine, avant de revenir et de lui tendre le sandwich qu’il a préparé. Et toujours ce regard posé sur lui en silence. Toujours ce vague malaise qui le saisit face au trop plein de silence. Petite fille pleine de vide au corps flottant des ses vêtements trop larges. Il pousse un soupir, puis désigne le canapé d’un geste.

-Tu dormiras ici, ce soir. Et ne proteste pas, ici c’est chez moi, c’est donc moi qui fixe les règles.

De telles choses que la générosité n’existent pas.
Juste des conventions fixées, masquées sous de beaux noms. Comme pour se donner bonne conscience.
Mais… pouvait-il en être sûr ?
[…]

Il fait sombre dans la chambre, obscurité angoissante étendant son voile au dessus de lui, comme pour le dévorer. Sensation de crainte qui l’émerge du fond de ses entrailles. Boule dans sa gorge qui bloque ses cris de peurs. Le noir. Dévorant. Sur lui. Qui le submerge. Prêt à l’engloutir.
Phobie nocturne d’enfant.

N’y tenant plus il bondit hors de ses draps, se précipite vers le couloir et son rais de lumière salvateur. Traverse le couloir vide. Elle, oui, elle pourra le sauver ! Elle et ses bras qui le serrent, fort, si fort que les ténèbres fuient face à la chaleur de leur étreinte. Celle contre qui il se blottit la nuit, remplaçant l’absence d’un père qu’il n’a jamais connut. Elle qui l’aimera toujours. Elle lui a promis.
Doucement, il pousse la porte de la chambre maternelle, prêt à se précipiter contre elle. Quand…

-Ma… maman qu’est ce que tu fais ?

… pourquoi n’est tu pas seule ?
Et ravaler les larmes qui se bousculent sous ses paupières et l’horreur acide qui lui tord le ventre.
Elle avait pourtant promis…
Il ne comprend pas.
Tout n’est donc que… mensonges ?

[…]

Un sursaut, tandis qu’il s’éveille soudainement, le corps en sueur, les membres tremblants, dans la pénombre de sa chambre. Un rêve. Encore un. De ceux qui s’accrochent, souvenirs cruels qui reviennent sans cesse, et sa catin de mère dans les bras d’un autre, tout n’est que mensonges, l’amour n’est qu’une façade. Rien ne vaut la peine d’être crut. Soudain, quelque chose vient saisir sa chemise, tandis qu’il se jette en arrière, manquant de tomber du lit sous l’effet de la surprise. Yeux qui se baissent. S’écarquillent. Contre lui, son corps fin, ses yeux mis clos, masqués par sa tignasse brune, et sa main tremblante qui s’accroche, s’accroche… Gêné il regarde cette présence accrochée à la sienne comme à une bouée de sauvetage, sans savoir que faire, légèrement amusé par tant d’effronterie. Ou de sincérité.

Peut être est ce pour cela que doucement ses bras viennent enserrer son corps maigre, comme pour la retenir, petit oiseau où sont passées tes ailes brûlées, brisées, où sont passés tes mots, pourquoi ces tremblements, ces creux dans ta chair osseuse, tandis que mes mains te saisissent, fort, fort, fort, ta tête au creux de ma poitrine, et par cette étreinte c’est le petit garçon en moi que j’enserre, pansant toutes les plaies ouvertes au fond de moi.
Et toi, quel vide, quelles douleurs tes yeux clos masquent t’ils ?
Mens-tu toi aussi ?

[…]
-Tiens…

Etonnement, tandis que qu’elle refuse d’un large signe de tête le carnet et le stylo qu’il lui tend. Tout deux assis dans la cuisine, l’un face à l’autre, visages étrangement sereins. Comme reposés. Rien n’a été dit quand aux évènements de la nuit. Et il sourit, tandis qu’il comprend, et met de côté le moyen de communication qu’il avait voulut lui offrir. Entre eux se sera le silence. Eternel. Consentant. Celui que tous cherchent à fuir, et qu’il laisse s’installer peu à peu dans le vide de la cuisine. Calme apaisant qui se passe de mots inutiles. Incapable de mentir.

Et il sait qu’il ne devrait pas. S’attacher peu à peu à cette présence éphémère qu’il finira par détruire de son regard cruel. Jusqu’à ce que le charme se brise. Jusqu’à la déception. Il sait qu’il ne devrait pas.

-Tu as quelque part où aller ?

Nouveau déni silencieux. Soupir. Il sait qu’il ne devrait pas. Chose inutile que tout cela.
Et pourtant…
Soupir.

-Soit. Demain nous irons t’acheter quelques vêtements.
[…]
C’est un regard qui s’imprime au fond de la rétine. C’est une routine qui s’installe. C’est un sourire qui reste. Ce sont des moments de vie glanés, illusoire, trompeurs, oh combien doux. C’est s’habituer peu à peu à cette frêle présence. Sa présence. Ses regards qu’il ne sait toujours comprendre, les mots qu’elle refuse, qu’elle ne peut pas dire. C’est tout abandonner sur un coup de tête, vivre pour un avenir qui ne viendra pas. C’est l’accepter. C’est aimer chacun de ses sourires, de ses silences qui agrandissent le vide. L’accueillir en son cœur, au risque d’être déçu, s’ouvrir, dénudé, vulnérable face à la déception qui viendra inévitablement le frapper. Mais il s’en moque. C’est accepter tout cela, les flots d’amour et le risque.

Tendresse chaste, et son corps serré contre le siens dans la chaleur des draps, ses lèvres sur son front, il l’aime comme une petite fille, il l’aime jusqu’à la perdition, c’est un rayon de soleil brisé, un oiseau sans voix, sans voix, c’est un être fragile à protéger, à prendre sous sans aile. C’est un être qui n’a pas de mots. C’est un être qui ne ment pas.
Le seul qu’il ait jamais connut.

Et les jours s’écoulent, des poignées de vie et de douceur qui filent entre les doigts, saisies à la va vite. Il sait que bientôt tout cela lui sera retiré. Il sait que tout cela se terminera, lorsqu’il lui fait la lecture, donnant vie aux paroles qu’elle ne peut prononcer, lorsqu’ils marchent ensemble, le regard tourné vers la vie, en silence, et c’est un regard qui s’adoucit peu à peu dompté par le sien, lorsqu’ils s’endorment tout les deux, il a tout plaqué, travail, cours, connaissances, ils sont seuls tout les temps, le temps que ça durera.
Peu importe le reste.
[…]

-Tu ne pourras pas rester éternellement.

Ca y est, les mots sont lancés. Assis face à elle, il lui faut briser le silence, donner forme à cette vérité menaçante qui flotte, étendant peu à peu autour d’eux son emprise informe.

-Ca ne peut pas durer.

Et il faudrait lui faire mal, la blesser de ses paroles, la traiter de gamine, pour la faire fuir, la frapper droit au cœur, faire couler ses larmes, l’inonder de sa cruauté. Pour mieux la laisser partir. Pour mieux l’oublier. Prendre la faute sur lui, quitte à passer pour le pire des salauds. La quitter, la faire fuir pour préserver intact les souvenirs partagés. Pour ne pas que revienne la déception. Il le sait. Il lui faut mettre fin à cela. Avant que tout ne se termine.

Mettre une fin à l’inévitable. Ou au contraire, la saisir, tout de suite, maintenant, d’une étreinte si forte qu’elle la briserait comme un fétu de paille, brisés, en miettes, les os qui décharnent son frêle corps, la saisir comme pour mieux la retenir, oublier ses principes, les regards du monde qui indubitablement finiront par se tourner vers lui, on ne cache pas la présence d’une adolescente dans son appartement éternellement, peut être la croient t’ils enfuie, séquestrée, et se dresser face à leur hypocrisie, prêt à prendre sur lui les reproches qu’ils ne manqueront de lui apposer. La protéger. La faire sienne. Se blottir dans les extrêmes.
Mais cela, il ne peut. Il a beau être franc, il n’est qu’humain. Lâche. Illusoire. Il n’est qu’humain.

Il faut…

-Il faut que tu partes.

Et ses yeux d’enfants s’écarquillent, et encore une fois il se demande, quel âge peut elle donc avoir cette enfant, qui le fixe de son regard supplicié, désespéré, quatorze, quinze ans, comment les jours ont-ils put marquer tant d’émotions dans un regard, mais que cache t’elle donc derrière sa bouche qui se tord, mais que cherche t’elle donc à fuir, quelle vérité cruelle au creux de ce visage de porcelaine, tandis qu’elle se lève, en silence. Mais pas vers la sortie. Vers sa chambre. Claquement de porte.
[…]

-Ne me rend pas les choses plus difficiles…

Sa voix est froide tandis que la porte s’entrouvre. Pour ne pas laisser s’échapper les supplications, ridicules, inutiles, les ne me fait pas cela je t’en prie, ne me fais pas cela… Ne t’accroche pas, ne me laisse pas te blesser pour ne pas avoir à changer d’avis. Car la vie est ainsi. Vérité indéniable qu’il a appris à accepter. Pas elle. Et ses yeux s’écarquillent, tandis qu’il la voit, allongée sur le lit, ses yeux fixés sur lui, pas des yeux d’enfant, non, des yeux durs, des yeux qui en ont trop vus, une vérité pour ce cœur ne voulant grandir, où se mêlent dureté et supplication.

Entièrement nue.
Et il ne peut détacher son regard d’elle, de son corps décharné, déchiré, corps d’enfant frêle à la peau diaphane, aux hanches saillantes, chair inexistante qui la recouvre, parsemé de cicatrices, anciennes traces de bleus, de griffures, de coups qui s’effacent. Et il sait qu’il devrait feindre la pudeur, détourner les yeux de ce corps de vestale mis en pâture sur l’autel de son désir, mais il ne peut pas. Pas de mensonges. Vérité dérangeante qu’il faut affronter sans fléchir. Un silence qui plane, tandis qu’ils se fixent, liés dans la perdition se lisant à travers leurs regards. Quand soudain…
… sa voix retentit.

Voix de petite fille enrouée, dure, raclée. Voix trop habituée au joug du silence. Voix qui cherchent les mots, les syllabes, les lettres perdues, comme pour leur redonner forme. Deux mots.

- Aime-moi…

Yeux écarquillés. Cœur qui tambourine. Trop fort. Bien trop fort.
Dégoût qui le submerge.
Menteuse.
Menteuse.
Menteuse.

Tous pareils. Comme les autres. Elle avait mentit. Lui masquant ses mots, sa réalité, ses véritables désirs. Menteuse. Et tout se mélange, le vrai du faux, les moments partagés, tout s’effondre, il est trop tard, rage sourde qui tambourine, menteuse, menteuse, quels autres réalités factices avait-il crut ? N’avait-elle vraiment nulle part où aller ?
L’homme dont il l’avait libéré était-il vraiment un pervers ?
Et les paroles de celui-ci lui reviennent.
Je suis son père.
Que voulait-elle réellement ?
Et surtout… dans quelle merde s’était-il fourré ?

Et ne reste qu’un seul mot, cruel, qui tambourine, tambourine, cogne, détruisant tout sur son passage. Menteuse. Menteuse.

- Va-t’en…

Plus de trace de douceur dans son regard ou dans son cœur. Va t’en qu’il répète, la fixant de ses yeux brûlants, va t’en répète-il de nouveau, va t’en hurle t’il à présent, tandis qu’elle se redresse, désemparée. Terrifiée. Mais il n’en a cure. Va t’en hurle t’il de nouveau, va t’en, hors d’ici, hors de ma vue, menteuse, menteuse, menteuse, va t’en, tandis qu’elle se précipite sur ses vêtements, va t’en tandis qu’elle court, ses pieds nus sur le carrelage, passe le pas de la porte, son corps un instant au niveau du sien, ses lèvres serrées, serrés, moue de douleur et de déni, va t’en, tandis que ses larmes coulent, que la porte d’entrée s’ouvre et claque, petite fille nue sur le palier, ses oripeaux à la main. Va-t’en. Tout est finit. De nouveau. Il en est ainsi, il le sait.
Alors pourquoi ces larmes qui coulent et viennent se joindre aux traces de celles de l’enfant envolée, brisée ?
[…]

Les minutes passent. Le silence s’installe et vient combler son dégoût. Les pensées tourbillonnent au sein du vide qui l’habite. Culpabilité qui vient, doucement, sûrement, le ronger. Certes, elle avait mentit, hurle la rage dévorante crissant au fond de ses entrailles.

Mais… ensuite ?
Pourquoi avoir pris la peine de cacher les mots qu’elle avait ?
Peu importe, elle a mentit.
Les mots sont ce qu’il y a de plus menteur…
Elle cachait ses mots.
Elle cachait ses mots.

Et soudain la révélation lui parvient, tandis qu’il se précipite à la porte, dévale les escaliers, vite, vite, avant qu’il ne soit trop tard, petite fille fondue dans la foule, perdue à jamais, vite, vite, elle n’avait pas mentit, elle avait caché ses mots pour toutes ces paroles qu’elle ne parvenait pas à dire, pour toutes ces vérités qui s’échappaient de son corps entier, elle n’avait pas mentit, elle avait inhibé la source de ses mensonges, elle n’avait pas mentit, vite, vite…

Ses mots, les seuls, les vrais, les sincères avaient été tout ce qu’elle avait put lui offrir.
Et il se souvient, du dégoût de l’homme, de ses mots cruels, quelle petite fille ne fuirait pas un père ainsi, quelle réalité tragique cachait cette histoire que personne n’a jamais su comprendre.
Lui le premier.
Vite, vite, hurlent ses pas sur le carrelage, vite, vite, hurlent ses mains poussant la lourde porte de l’immeuble.
Mais qu’est ce hurlement de pneus qu’il entend ?
[…]


Et c’est le silence. L’immense, le dévorant. Le vrai. Celui qui se passe de mots.
Ce sont ses membres figés. Ce sont ses yeux fixés droit devant lui sur cette réalité qu’il ne veut pas voir.
C’est le murmure de la foule effarée. C’est une nausée qui saisit tout son être. C’est un hurlement qui n’a pas besoin de sortir. C’est un cri qu’ils n’entendront pas.
C’est son corps sur le bitume.
Désarticulé. Brisé.
C’est une poupée de chiffon en morceaux.

Et il n’a besoin d’aller plus loin, de secouer ce corps jusqu’à l’agonie dans l’espoir d’en soutirer un souffle de vie. Il sait déjà. Une si frêle petite fille.

Et il n’a de peine à imaginer la scène, l’enfant, ses vêtements à la main, maintenant épars sur la route, sa course, ses pieds nus écorchés, sanguinolents, sur la cruauté du bitume, la voiture, une course, un choc et c’est l’envolée, petit oiseau sans ailes, le ciel t’aura tuée. Petit oiseau sans voix, la chute t’aura brisée. Ne reste que ton visage d’enfant, teinté de striures carmines, comme endormi, intouché, petit oiseau si pur même dans sa douleur, même dans sa souillure, même dans son corps tordu. Et ses dernières paroles lui reviennent tel un poignard s’enfonçant toujours plus loin dans la plaie.
Aime-moi.

Catin, catin, aurait-il envie de hurler. Briser la foule d’un revers de bras et hurler cet unique mot, catin, catin, pourquoi t’immoler pour un amour impossible ? Pourquoi me faire cela ?

-Hey… mais c’est la mal baisée !

Surpris, ses yeux se lèvent, avant de se poser sur les deux hommes, les yeux fixés sur le cadavre comme sur un spectacle de foire, au milieu des murmures d’horreur. Hypocrite humanité déchue.

-La quoi… ?

-Mais oui, tu sais, je t’en avais parlé, un véritable bon coup celle là ! Toujours à traîner seule dans le coin, à te fixer avec ses yeux de biches, aime moi disait-elle d’une voix implorante, et il te suffisait de l’entraîner où tu voulais, gratuite en plus de cela ! Ca faisait un bout de temps que je me l’étais plus sautée, je me demandais ce qu’elle était devenue… Pas vraiment bien foutue, mais sacré bon coup, c’est dommage !


Et ils partirent, éclatant d’un rire gras.

Et debout sur le trottoir, il comprend enfin, tandis que l’horreur et la douleur font place à une rage sourde. Contre le monde. Contre lui-même. Quel con. Quel con. Il aurait dut comprendre. Cette vérité qu’elle hurlait par tous ses pores. Aime-moi. Son unique réalité. Petite fille enfuie à travers les rues, catin juvénile prête à s’offrir pour une caresse, pour une promesse, pour un espoir d’amour, croyant pouvoir trouver celui-ci entre le corps des hommes. Triste placebo. Ou peut être ne savait-elle aimer autrement. S’offrant naïvement à lui dans l’espoir de le retenir encore.
Et il avait tout brisé.

Et la vérité se dévoile, celle toujours présente qu’il n’avait simplement sut saisir. Petite fille qui n’avait pas les mots. Qui ne savait aimer, dire les paroles qui l’aideraient à saisir un cœur, qui, consciente de ses faiblesses, avait préféré se taire. Petite fille naïve, à la chair souillé et au cœur intouché qui n’avait que son corps à offrir. Que son corps pour aimer.
Petite fille sans histoire. Petite fille brisée.

Un dernier regard pour ce corps désarticulé qui n’approchera pas, étendu au beau milieu de la route, au milieu des badauds et des sirènes hurlantes de l’ambulance. Il ne veut en voir plus. Conserver en lui l’image intouchée de cette enfant anonyme, bientôt perdue dans les rumeurs des badauds, hypocrites à se rassasier du spectacle de la douleur d’un autre. Mais lui saura. Lui conservera ce secret, ces désirs qu’il a sans doute été le seul à percer. Lui s’accrochera à cette image que les ans et l’oubli rongeront peu à peu. Un dernier regard tandis que d’un geste, il se frappe légèrement la poitrine, semblant lui dire, moi je t’aimerais, moi je te protégerai, moi je te garderais juste là.
Les mots sont inutiles.

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Queen's writing Vide
MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeMer 22 Sep - 11:39

Je me permet de commenter D:

J'ai beaucoup aimé, non seulement c'était joliment écrit, mais l'histoire était intéressante, ce n'était pas qu'une succession de mots. J'ai déjà lu une nouvelle sur ce thème là, plus ou moins, mais je l'avais un peu moins appréciée. C'est pas le genre de thème qui m'attire particulièrement, mais comme tu l'as traité avec brio, je tiens à te le dire ^^
Le seul reproche que j'aurais à faire, c'est les petites fautes de conjugaisons qui peuvent gênent la lecture (" c'est finit " notamment ), enfin un petit détail quoi.

Bref voilà, bonne continuation à toi <3
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Queen's writing Vide
MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeJeu 23 Sep - 23:09

Merci beaucoup pour ce commentaire =) Je. Je suis flattée >////<
C'est vrai que j'ai un peu de mal avec les participes passés >.< D'ailleurs en relisant, ta remarque m'a permi d'en corriger pas mal, je t'en suis donc très reconnaissante. x,)
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Elizabeth A. McQueen
Sweet Little Nuisance
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Queen's writing Vide
MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeSam 23 Avr - 0:45

Et un remontage de topic. /o\
Bon euh. C'est pas vraiment alle comme je voulais pour le coup. C'est trop niais, degoulinant de mauvais bons sentiments, j'ai peur que ce soit trop alourdit d'images, la fin claque moins que j'aurais espere, et bref. Je vous laisse juger apres. *s'enterre*

    Je crois que j’ai un paquebot dans le cœur.
    Je crois qu’il flotte, doucement, comme une ombre un peu morte sur l’océan des sentiments que je n’ai pas écoulés. Je crois qu’il tangue, un peu, parfois, à demi-mots, entre les cris aigres de quelques mouettes égarées et les rayons d’un soleil noir qui plus rien ne chauffe. Je caresse sa carcasse de ferraille que bientôt les embruns rouilleront d’un revers de doigt, j’appelle un courant qui ne viendra pas, moi j’ai pas de marées à l’âme, moi j’ai pas de vent dans les voiles.
    Je crois que j’ai un paquebot dans le cœur.
    Un navire qui n’a jamais vogué.

    […]

    Froncement de sourcils tandis que mes doigts tremblants tachent de diriger le tube de rouge, alors que celui-ci achève de déposer une timide couche carmine sur mes lèvres. Bouche en cœur, appendices qui se replient, se frottent, et mon regard face au miroir qui se cambre. Face à moi un visage un peu pale, un faciès vaguement étonné qui se fixe comme pour mieux se reconnaitre, faut dire que je me perds entre les courbes nouvelles de mes cils, entre mon rose aux joues et mes paupières alourdies d’ombres, je sais plus vraiment pourquoi j’ai tracé tout cela, ne reste que ma peau qui hurle, mes pupilles qui se noient dans les couleurs trop criardes dans leur lâche pâleur. Cocotte me murmure tendrement la glace, est ce ainsi que l’on t’aimera tendre idiote ? Comme l’ombre d’une catin, le soupçon d’un soir d’amour, d’un désir qui ne naitra pas. Oh, ma putain des réverbères éteints ce n’est pas toi qu’aujourd’hui encore l’on remarquera, oh ma tapine, remballe tes grimaces et tes sanglots non éclot, range ta mascarade, raccroche tes artifices, ce n’est pas demain la veille que l’on te verra. Sourire pourtant, tandis que sortant de la salle de bain, je traverse le hall, et me dirige vers la porte.
    Mer d’huile.
    […]

    -Vous êtes belle.

    Les mots claquent comme une lame qui se brise.
    Assise sur mon banc, je n’ose presque lever les yeux, clore par un lever de paupière ce zeste de charme non entamé. Mes doigts timides s’emmêlent, s’accrochant l’un à l’autre, tristes naufragés sur leur radeau de chair. Et les courants qui m’emportent.

    -Vous … vous trouvez ?
    -Evidemment. Votre rouge a débordé d’ailleurs, c’est la première fois je suppose ? Vous savez à quoi vous me faites penser, avec votre rose encore un peu trop longue pour la saison, vos ballerines neuves qui viennent sans doute de sortir du placard pour la première fois ? A une fleur à peine éclose. Une beauté un peu inavouée qui ne demande qu’à croitre. Ne manque qu’un petit coup de … pouce.


    Et sa voix qui court, et ma machinerie qui surchauffe. Remballe tes rêves petite fille, ceux là ne sont pas pour toi.

    -Je …
    -Vous rougissez, j’ai touché juste il me semble. Mais excusez moi j’ai dut vous paraitre bien direct ! Je suis photographe, alors au fil des ans, on prend le coup d’œil vous savez …
    -Vous leur …


    Mes yeux se lèvent enfin, plongeant dans l’écume glacée des siens. Pupilles qui me toise avec douceur, sourire un peu condensant, chaleureux pourtant.

    -Vous leur … dites toutes cela aussi … à toutes les autres ?

    Remballe tes rêves, petite fille.
    Tu perds pied pourtant.

    Un silence, un regard interrogateur. Sourire de nouveau.

    -Evidemment que non, je ne suis pas un don Juan éperdu comme vous semblez le croire.

    Sa main glisse vers sa poche, en tire un rectangle de carton qu’il me tend.

    -J’aimerais beaucoup vous voir poser devant mon objectif un de ces jours. N’hésitez pas, tout ce qu’il vous manque c’est un soupçon de confiance en vous.

    Sourire tendre, tandis qu’il se penche vers moi, et des marées d’espoirs vains, moi j’ai le cœur en chaloupe, et ses lèvres qui murmurent.

    -Je sais reconnaitre une beauté lorsque j’en vois une.

    Avant de se retourner et de partir, me laissant pantoise sur mon banc.
    Vaguelettes.

    […]

    -Je peux vous tutoyer ?
    -Allez-y.
    -Tu as été superbe.
    -Vous … tu … trouves ?
    -Evidemment. Ce fut un plaisir de travailler avec toi. Contrairement à beaucoup, tu ne cherches pas à séduire l’objectif. Tu te contentes d’être toi-même, malgré une légère part de réticences qu’il te reste à vaincre.


    Son bras glisse par-dessus la table, venant remplacer une mèche folle derrière mon oreille, oiseau de mer égaré entre les marées d’écumes. Et plonger dans les profondeurs de ses pupilles tandis qu’il murmure, un doigt contre ma joue rougissante.

    -Je sens déjà un pétale croitre, je crois.

    Je me lève.

    -Je. Je dois filer. Merci pour le thé.
    -Tu reviendras ma douce ? Il faudra au moins que je te montre les clichés, une fois triés.


    Et je crois que, quand je me suis retournée, avec mon cœur battant la chamade et mes vagues qui faisaient des roulades, ça a fait une trainée de bonheur éclaboussée, une trainée de joie rougeoyante sur les crêtes, et je crois que j’ai sourit, sourit face à ses mots chimères, ces mots trop attendus pour en être vrais, et je crois qu’au dessus d’un océan un soleil s’est allumé, je sais plus vraiment, ça poussait depuis trop longtemps, alors j’ai ouvert les écoutilles toutes grandes, ça a pris toute la place, ça a tout inondé. Et j’ai sourit. Murmuré.

    -Oui.

    Premiers remous.

    […]

    Je crois que j’ai toujours pensé cela. Que je n’en demandais pas plus.
    Je crois que j’ai toujours désiré cela, blottie dans la douce idée que lorsqu’on avait plus rien à attendre, que seule cette catin de solitude refroidissait les draps de sa présence, chaque mot, chaque geste, aussi frêle soit-il était un présent d’une force inespérée. Qu’il me suffisait de cela, d’une gouttelette, d’une éclaboussure, d’une de celles que les autres ramassent en flots moutonnants, d’un éclat de rien, d’une brise contre ma ferraille pour que celle-ci reluise, et qu’importe que l’on m’aime à demi-mots, à gestes déjà consumés, tant pis pour les tempêtes qui font danser les navires, moi je voulais juste tanguer doucement, tant que l’on m’aime, tant que l’on m’aime …

    Alors ça à tout envahit. Ca a débarqué comme un vent du Nord que seuls les sifflements des vagues annoncent, ça a cogné contre la coque, s’est infiltré dans la cale, a afflué jusqu’à la proue, débordé par-dessus le bastingage, ses mots doux, ses sourires, ses « tu es belle » par dizaines, ça allait venait entre ses lèvres, délicieuse litanie dont le gout semble se perdre, et nos rires qui résonnent lorsque nos voix s’entremêlent, et mon âme qui s’emballe lorsque je croise son regard sous ma fenêtre, ramasse le bouquet au pas de ma porte, et les petites attentions jamais espérées, remballe tes songes gamine, tout cela n’est que mot d’amour tant jetés qu’ils ne veulent plus rien dire.
    Et mon navire qui tangue pourtant.
    Embruns salés.
    […]

    -Je suis heureux de te voir.

    Je n’ai le temps de sourire, que déjà je m’envole.
    Je ris, tandis qu’il me fait tourner, je crois que ça a un vague gout de bonheur, de ce gout pâteux et informe qui prends à la gorge, moi j’ai la joie-vertige, moi j’ai l’euphorie-mal de mer. Elle tourbillonne pourtant, oh mon extase. S’il savait comme j’aime ses mots.

    -Tu m’as manqué.
    -Toi de même ma belle.


    Autrefois j’aurais vomis ses mots là par-dessus la rambarde. Autrefois j’aurais crié au mensonge, aux bouchées de rien, et pourtant mes yeux se ferment, remballe tes rêves petite fille, et pourtant mes paupières se baissent, je crois que le bonheur donne des ailes, et ses paroles qui dansent, dont je ne saisis plus le sens, qu’importe, tant qu’il reste avec moi, tant qu’il reste avec moi.
    Tant qu’il ne reste qu’avec moi.

    Le reste, je ne m’en souviens plus. Ne reste que mes pupilles au fond des siennes, « il faut que je t’avoues quelque chose » avait-il murmuré, ne reste que le silence, et les mots qui s’abattent, telle une lame sur un récif.

    -Je t’aime.

    Le reste je ne m’en souviens plus. Ne reste que mes bras qui l’enlacent, ne restent que mes yeux qui dégoulinent, ça a emplit la machinerie, bouché les cheminées, inondé les écoutilles, trop plein d’amour, inespéré, inespéré, et mes bras qui s’accrochent, et mes bras qui hurlent des mots qui poissent, mon chéri, mon amour, dis moi, dis moi, dis moi, emplit moi de cet amour qui dégouline par tout tes pores, de tes mots qui contaminent, oh dis moi, dis moi, dis moi.

    -Tu resteras avec moi ?

    Rien qu’avec moi ?

    -Evidemment.

    Je chavire.

    […]

    Avis de tempête.
    Orage dans ma tête, amour mal de mer au bord des lèvres, je sais pas ce qui me retient de fuir, d’hurler peut être, comme pour couvrir le rugissement des vagues qui se déchainent, les cris de l’équipage déserté, panique à bord, les espoirs et les illusions d’abord. Je sais pas ce qui me retiens de tout balancer, de gerber ces moignons de sentiments fanés, je sais pas ce qui me retiens de tomber, alors que mes yeux vos fixent, tes lèvres qui effleurent les siennes sur le pas de ta porte, ta main sur ses hanches, ses mains qui farfouillent ta chevelure. Vos visages qui se détachent. Ton regard qui croise le mien.

    Sans un mot je me retourne. Avant de partir en courant, je ne veux pas de tes cris, de tes excuses bafouillées, de tes « ma chérie » si clichés, triste romance que les flots emportent. Remballe tes rêves petite fille, au fond t’en étais qu’une de plus entre les courants.
    Je sombre.
    […]

    -Non, ne dis rien. Tu es désolé, c’est cela ?
    -Je t’aime.


    Silence, les mots s’écrasent contre la proue, et mes yeux s’écarquillent. Je sais pas pourquoi je t’ai laissé entrer, avec ce flot d’excuses toutes prêtes que je te croyais voir porter. Je ne sais pas pourquoi, je t’ai ouvert ouvert ainsi la porte, comme peut être dans l’espoir de ne que mieux pouvoir te repousser, pointer d’un doigt railleur ta mauvaise foi, te cracher tes chimères au visage, comme pour oublier le sel que j’ai tatoué au cœur. Me voila bien prise au dépourvu pourtant.

    « Je t’aime » répète t’il doucement, alors que ses doigts viennent caresser ma chevelure, « je t’aime, je t’aime » et chaque syllabe m’immole, et chaque mot me tue, et pour l’autre il n’y a plus de place, et mes rouleaux se font raz-de-marée, « je t’aime, je t’aime », oh par pitié, tais toi. « Je t’aime », et les larmes qui perlent au coin des mes yeux, « je t’aime », et c’est l’inondation sur mes joues, « je t’aime », et mon corps sanglotant qui se blottit contre le tien, « je t’aime », et ses larmes là sonnent comme un pardon. « Je t’aime », et je comprends, chez lui ya trop de place, ça s’échappe par tout ses pores, trop d’amour a donner, trop d’amour que je n’ai su recevoir, moi j’avais pas assez de place, il a fallut d’autres bras, d’autres mots à murmurer, trop à donner, trop à donner.

    Et mes bras qui agrippent sa chemise, que mes larmes trempent.
    Une dans la centaine. Qu’importe.
    Chaloupe à la mer.
    […]

    -Dis mon amour …

    Occupée à picorer des épinards dans mon assiette, je pose mes couverts.

    -Oui ?
    -J’ai. J’ai une question à te poser …


    Silence tandis qu’il farfouille dans sa poche, regard étonné tandis que j’attends sans comprendre, je suis un brin fatiguée, avec le champagne qui coule entre mes veines, le velours de ma robe qui me gratte, et les lumières trop vives du restaurant ; silence, attente, et soudain un écrin noir qu’il ouvre, et c’est la chute, je crois que tout chavire tandis que les larmes se précipitent au bord de mes paupières, boursouflure, feu d’artifice de bonheur, ressort tes rêves petite fille, hurle qu’importe aux autres, tu seras la seule, l’unique, ressort tes rêves petite fille, lui ne scintillera que pour toi, et les « oui » qui se précipitent par milliers au bord de mes lèvres, et …

    -Tu crois … tu crois qu’elle lui plaira ?

    Naufrage.
    Ne reste plus rien que le silence, les regards sans gêne des autres clients, tandis que la gifle retentit, magistrale, tonitruante, que je me lève, me dirige vers la porte dans un claquement de talons, sans regarder en arrière.
    Moi je crois que j’ai un paquebot dans le cœur.
    Un paquebot qui a trop navigué.
    Touché-coulé.



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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeVen 2 Mar - 15:36

(bon il était censé y avoir une histoire mais ça a finit par devenir un espèce de bordel exhutoiresque sans doute incompréhensible, je me félicite xD Enfin bref pardon pour les fautes et l'émotivité, le personnage reste fictif hein)

T'y as encore pensé hier soir parait-il.
Parait que le silence t'as encore entendu chialer, que t'as éclaboussé les murs de ta peine sans en tâcher les oreillers au passage. Paraît que là, entre les draps, et la douceur rêche de la couverture, t'as encore oublié d'oublier, quand t'as dégouliné que d'un oeil, de ces douleurs que l'on retient sans jamais libérer, paraît que t'as encore refusé, paraît que t'as encore reculé, piétiné, à croire que c'était ainsi, dès que les lumières s'éteignaient comme une malédiction, l'impossibilité de se noyer encore dans les pixels tourbillonnants de la merde prête à dégurgiter sous laquelle on vous noie, la vie en technicolor sous papier cellophane, c'est qu'on est toujours plus heureux oui, plus heureux, devant les sourires des publicités, à se dire que la vie ne tenait pas à grand chose; oui peut être était ce ainsi qu'il aurait fallu vivre, le porte monnaie à bout de bras, des relevés bancaires greffés dans le cerveau, du nucléaire en crève le coeur, pour oublier que justement c'bien ton coeur que t'as là crevé, quand tu te souviens de ses sourires, t'étais qu'un pas dans la file d'attente, c'est nouveau c'est beau l'amour prêt à l'emploi tout aussi vite consommé, et soudain résonnent les sirènes de la dernière danse, et toi là, dans l'ambulance que tu ne faucheras pas, tu te demandes encore, putain mais putain, comment en est-on arrivé là?
T'as encore pas assez pleuré, hier soir paraît-il.
Tu vois, même tes peines tu les foires.

(....)

T'as encore demandé cette nuit parait-il.
Dis, tu fous quoi? Dis pourquoi tu tangues, pourquoi tu ris aux larmes, pourquoi tu pleures de rire, mais toujours et encore jaune? Dis pourquoi tu flanches, pourquoi tu brises, pourquoi tu cognes, pourquoi ne relèves tu pas la tête? La vue est bien plus belle du rebord du cinquième étage que la tête dans les cuvettes. Non, ne réponds pas, redresse moi plutôt cette bouche enfantine qui se tord; t'as toujours su déglinguer tout sens du romanesque. C'est que t'es pas grand chose, quand tu traînes dans les rues vides, de toute manière c'est que des fantômes qu'on y croise, et nos âmes à travers les murs, et au diable le reste. Alors c'est pas grand chose, quand tu traînes ton bleu en musique sur le gris écorné des trottoirs, un peu plus et tu te croirais Werther sans souffrances, Lamartine au bord de son lac, Verlaine aimant Rimbaud, et l'père Hugo à l'aube réunis. C'est beau le triste sale, le triste vague, c'est plus propre, carré, rangé, moins encombrant, plus pratique en somme, ça s'étale les soirs de gris et d'alcool et se replie au lever du jour, ça se porte au fond des poches et du coeur comme d'autres y fourrent leurs mouchoirs, jusqu'au jour où on en rira lors des dîners entre amis, jusqu'à en oublier qu'entre deux sourires Colgate et le décolleté de La Laitière, c'est la laideur anorexique, explosée, sanguinolente, mutilée, du monde qui s'étale en flash info', pause entre l'apéritif et les amuses-gueules, qu'entre les vies sans existence que l'on étale, et les mots qu'on ne dit pas, personne ne parle à personne, personne ne vois personne, c'est que des mots images des sourds vers les aveugles, et au final, ne reste qu'un toi que tu ne peux saisir.
T'es même pas une croûte sur l'immense plaie tuméfiée du monde.

(...)
T'y as encore crut ce matin parait-il.
Tu t'es levée, avec tes espoirs en passagers clandestins dans les soutes de ton coeur tambourinant, t'as nié encore, creusé, piétiné, biaisé, la vie au bord des paupières, et la sincérité en te brûlant la langue, t'as dit que c'était pas grave, qu'aujourd'hui et demain encore, il était peut être temps de, oh comme un blasphème, oh ... de vivre. Et là, entre le silences et les mots quand même déversés tu t'es dit qu'un sourire valait quand même un peu peut être, que l'existence, oh l'existence, n'était peut être que des cela, des petits bouts volés, grappillés, mendiés, mais des petits bouts quand même. Alors, alors, entre tes erreurs et tes lendemains qui poussent la chansonnette, étalant une couche de rouge sur tes lèvres avides d'illusions, tu t'es dis qu'au final qu'importe, peut être valait-il mieux cela, accepter ces petits bouts, ces kits à vivre sans cesse à reconstruire, quitte à ne pas mentir, quitte à en souffrir, dans cette fierté intègre et ridicule des paupière que tu refuses de clore. Peut être restait-il quand même quelque chose.

(...)
T'es encore tombée l'autre jour parait-il.
Parait qu'à force de te souvenir t'en avais finit par oublier. Encore. Parait que t'as soupiré encore, en silence, dis au revoir sans adieu à tout ce qui défilait, dans la case présent comme nostalgie. Les choses en seraient bien trop simples sinon.
Tu sais, je sais que t'aurais aimé être autrement. Pouvoir jouer les figures élégamment imaginées tandis que tu te serais allumée une clope au balcon, rejetant par la fumée, les fissures que tu devines à présent trop bien, celles du temps où tu ne savais pas voir. Mais qu'importe, tout cela, qu'importe, et te voilà encore, avec tes ridicules en points d'interrogations, à te dire que qu'importe, qu'importe. Au diable Baudelaire et ses tirades, ce n'était pas le Temps qui bouffait tout, piétinait, Chronos cruel et intransigeant, les tendresses comme les beautés, le bonheur comme les instants partagés, ou tout ce pèle-mêle ramassé à la pelle du coeur, dénudé jusqu'à la moelle, jusqu'à ce que ne reste plus que la carcasse vide de. L'illusion. Non, Chronos n'avait pas à plaider coupable. Tout cela, on s'en chargeait déjà assez bien pour lui.
Alors dans un rien n'est grave, tu renonces un instant à pleurer.
Qu'il y a t'il à la télé ce soir?
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MessageSujet: Re: Queen's writing   Queen's writing Icon_minitimeVen 30 Nov - 0:09

Que faire quand on est malade comme un vieux chien et doit vite finir son devoir pourrave d'espagnol pour aller dodo? ECRIRE UNE NOUVELLE SOUS ACIDE EVIDEMMENT. Bref, en gros c'est pour un concours autour du thème noir (mais je crois que moi être hors sujet un peu lul xD) mais tant pis. C'est très décousu, je sais pas si on captera grand chose mais euh. Enjoy? (oupas xD)


    Vous savez quoi ? Elle a claqué.
    Comme ça, sans un bruit, avec cette impudeur sourde des gens qui partent trop vite. Sans un souffle, sans un cri, dans la mélodie suintante d’un bip qui s’étire entre quelques avalanches de tubes et de draps à la blancheur devenue douteuse. Faut dire qu’après tout ce temps, y’avait plus vraiment quelqu’un pour penser à les changer.
    A vrai dire, pour le coup, elle nous avait tous laissés sur le cul.

    Elle avait toujours été comme ça de toute manière. A refuser de se plier, de baisser les draps, de faire comme tout le monde et d’attendre qu’on lui laisse le droit de crever en somme. Parce qu’elle était comme ça, bête dans ses plus belles dérisions, un peu drôle à en pleurer lorsqu’elle renversait les verres, retournait les cadres, changeait les objets de place, les vases, les bols, les entonnoirs, les chaussures, les chaises, les livres, elle était comme ça, à passer comme un coup de vent, à tout chavirer sur son passage. Et cela jusqu’au fond des cœurs.

    (…)

      -Dis, tu m’aimes ?
      -Evidemment. Et toi, tu m’aimes ?
      -Oh, ne soit pas vulgaire.


    Elle avait de ces rires, qui claquaient au visage et écorchaient les murs. De ces yeux de nuit qui papillonnent quand son âme dit déjà non, de ces bouches qui murmurent des mots qu’il ne faudrait qu’hurler. C’est peut-être ça qui nous a tout de suite attirés vers elle. Ce désespoir sourd dans le moindre de ces gestes, celui des damnés de l’existence, les vrais. Ceux conscient de chaque souffle, de chaque battement de cœur comme un crissement d’os, comme un pas consumé vers une fin inévitable, lorsque dans ses folies nocturnes elle rayait les mots des livres d’un trait de noir d’encre, un par un, comme pour dire éternellement non.
    Et derrière ses beaux yeux sombres, dansaient les silences les plus insanes.

    (…)

      -Tu ne la mérites pas.
      -C’est faux.
      -Vraiment ? Qu’est ce qui te fait croire que tu as plus besoin d’elle que moi ?
      -Justement, je n’en ai pas besoin. Et c’est bien là le plus cadeau que je puisse lui faire.


    Quand la nouvelle a claqué, nous nous sommes regardés pour la première fois.
    Ou plutôt, vus.

    Dans les méandres de mes fantasmes, il avait toujours pourtant été là. Se faisant l’ombre de ses cils lorsque mes lèvres mordaient les siennes, le venin de ses paroles lorsqu’elle disait à lui seul des « je t’aime » éphémères, caressant sa nuque de sa bouche pendant l’amour, lorsqu’en silence nous soupirions sous nom à l’unisson, dans cette haine que je ne lui ai jamais offerte, vautrée dans le confort de mon indifférence crasse, il n’y avait rien de pire selon elle, regarde-moi, regarde-moi hurlait-elle sans cesse, et moi je pensais à ses baisers, à ses mains sur le corps de l’autre, à son rire brisé en mille éclats de voix durant nos faces à faces triangulaires, regarde-moi, regarde-moi , et moi je détournais, je détournais les yeux . Pourtant, à cet instant, il me semblait soudainement qu’il n’avait jamais existé.

      -Vous êtes de la famille ?


    Il nous suffit d’un regard croisé sur son corps inconscient pour saisir la gravité de la situation. Et soudain le temps figé de nos nuits recula d’un pas.

    (…)

    Alors elle était partie.
    Chevauchant jusqu’à l’extase ses plus belles ironies, un simple bip qui s’allonge alors que face au médecin la famille se cambre, piétine, rechigne, non nous ne voulons pas la débrancher, nous voulons espérer encore, nous sommes prêts à subir cela, nous ….
    Elle avait toujours eu le sens du mélodrame.

    (…)

    Murmure.
    J’ai toujours aimé les enterrements ensoleillés. La pluie n’était que d’un triste des plus vulgaires, de ces scénarios dramatiques au chagrin en pièce montée, comme autant de pleureuses parées derrière le voile des grandes larmes sorties pour l’occasion.
    Murmures.
    Sa main serrant la mienne jusqu’à l’étouffement je me suis avancée.

    Regards choqués à présent alors que nous continuons notre procession, et soudain la nausée est montée comme une gifle, cruelle envie de leur arracher leur hypocrisie de circonstance, leur lambeaux de désespoir pendouillant en costards noirs sur les corps amaigris de son amour, qui étaient-ils pour oser la laisser partir sans l’avoir jamais connue, qui étaient-ils pour lui cracher leur condescendance de bas étage, qui étaient-ils ?

    Alors, nous nous avançons. Unis dans cet unique cri qui ressurgi, tache saillante au milieu du cortège d’encre, provocation désuète, dérisoire, criante. Jamais n’avions nous été aussi sincères.
    Et dans ma robe jaune poussin, dans son costard bleu ciel, dans cette vie éclatante que nous sommes au sein de leur armée de croquemorts, dans cette sincérité que nous leur gerbons cordialement à la gueule comme un dernier cri d’adieu, je souris.
    C’est ce qu’elle aurait voulu.
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