Et alors, il s'est passé quelque chose.

JE ME SUIS LAISSE ALLER DANS UN TOTAL OUBLI DE MOI-MEME
ENVAHI PAR LA NUIT LE SILENCE ET LA PLENITUDE.
J'AVAIS TROUVE LA LIBERTE. PERDRE TOUT ESPOIR, C'ETAIT ÇA LA LIBERTE.

C'est moche, un camion. Parfois, c'est à croire que les producteurs de camions veulent bien se défouler, et exposer des trucs hyper laids à la face du monde entier. Bien fait pour le monde entier. Je sais que mamma aurait râlé. « Nikola voyons il ne faut pas dire ça. On ne critique pas, ça ne se fait pas. » Mamma trouvait toujours que plein de choses ne se faisaient pas, mais mamma n'est plus là. C'est drôle de se dire que je suis majeur maintenant. Et vous voyez, je fais un bien drôle d'adulte, à penser à ma mère, là, maintenant. De toute façon, l'âge adulte, c'est des conneries. Déjà, je vois pas, pourquoi du jour au lendemain, comme ça, parce que tu te lèves et qu'on balance une incrémentation à ton âge, tu deviendrais mature et responsable. Franchement. Et après, les gens ils te disent, t'es adulte maintenant, bienvenue dans le monde des grands. Y a aucun avantage à ça. Payer des impôts, travailler, dépenser à la fin du mois tout son salaire dans le loyer d'un appartement minable, aller en taule si tu fais une connerie, voter pour le politicien le moins pire. Non, sérieux, non. Rien à faire de votre monde des grands, là, laissez moi tranquille. En plus, les seuls trucs bien, que t'as officiellement le droit de faire, tu le faisais déjà. Boire, t'acheter des clopes, ramener ton cul en boîte, mater des pornos. Je dis pas que c'est bien, mais, franchement. Même les statistiques qu'on t'apprend dans ton bahut qui tombe en ruines peuvent te dire que la proportion de jeunes qui font pas ça, elle est super faible. Alors, moi je dis qu'on devrait pouvoir faire un référendum sur grandir ou non. Je dirais non. Et puis tant qu'à faire, faites une loi pour interdire les camions, quoi.

Ma mère, elle aurait voulu que je sois un gentil petit garçon, qui colle son pif à la vitre pendant les trajets de voiture, et qui bave quand il voit un poids-lourd vert et jaune passer au milieu de tous ces automobilistes qui se font autant chier que lui. J'ai jamais été ce petit garçon, et maintenant c'est trop tard pour le devenir. Sinon, mon père, lui aussi, forcément, il avait un avis sur la chose. Il aurait voulu que je sois un gros dur - du style à notre époque, l'agressivité c'est une qualité - et puis en même temps que je sois intelligent. Alors, papa, maman, désolé. Je suis pas un gentil petit garçon, pas un gros dur, et pas un intello. Je suis juste moi, un ado normal. Un peu chiant, râleur, déprimé. Qui boit, qui fume, qui danse toute la nuit et qui rentre chez lui bourré. Qui se pose des questions métaphysiques sur l'énergie demandée pour produire assez d'hormones pour lever son derrière de son lit. Je mate des disneys et des films d'horreur, je suis un peu nostalgique. Je chiale pas, je me colle devant mon pc et je vois plus le temps passer. Je grommelle, et je vais en cours que quand ça me chante. Désolé, j'aurai bien aimé être doué, mais franchement on peut pas tout avoir. Moi forcément j'ai eu un don, enfin c'est plutôt une malédiction, ça t'oblige à te ramener aux leçons, et si tu viens pas, bah c'est le bracelet qu'on t'attache au poignet, qui te fout la migraine. Et t'as plus qu'à passer tes journées à dormir avec la télé allumée, et un bras qui pend vers le sol, style amorphe.

Je parle pas beaucoup parce que je vois pas à quoi ça servirait que j'ouvre ma grande gueule, de toute façon t'es dans un monde où la devise c'est cause toujours tu m'intéresses. Pourtant dans ma tête c'est l'agitation, un truc de fou, ça se bouscule au balcon. Je suis un peu conscient, parfois peut-être un peu trop, et c'est pour ça que mon cerveau se déconnecte parfois. Franchement c'est un flemmard celui-là, et il me lâche toujours au mauvais moment. Du style, pendant un devoir de maths, ou bien en train d'essayer de stabiliser mon plateau de la cantine. Ça fait de moi quelqu'un de maladroit, faut croire. Sinon pour le commun des mortels, je suis un mec souriant, qui sort parfois des vannes trop fun, parfois je suis un mec agréable à côtoyer parce que je laisse le silence passer, ou alors je suis un ouf qui reste dans son coin. C'est toujours drôle, ce que les gens pensent de toi. Moi je sais que ce sourire, c'est juste la seule réussite de ma mère, le seul trait d'esprit que se permet ma tête vide avant de jouer les abonnés absents. Que ce sourire tout le monde l'interprète à sa façon, mais qu'en fait il veut juste rien dire.

J'aime pas les gens. C'est un peu comme des camions, sauf que eux en plus ils peuvent se reproduire entre eux. Le pire, c'est les petits gosses soûlants qui comprennent pas que tu veux pas d'eux. Mais c'est pas grave, je souris quand même. Au fond ils n'ont aucune importance, parce que rien n'a d'importance. Je sais pas, je crois que je suis une coquille vide, et en plus je suis inutile à la société. Mais, franchement, avouez que la société aussi, elle est inutile. Ce qui est drôle, c'est que là je pousse mes gueulantes, alors qu'au début je parlais juste d'un camion moche. Ça aussi c'est dans la nature, je dérive. En fait, j'aurais très bien pu être un bateau, ou juste une vague. J'aurai peut-être rendu quelqu'un heureux, au moins comme ça. Ouais, alors je disais, j'aime pas les gens. En fait c'est pas tout à fait vrai. Un truc que j'aime bien chez les gens, c'est qu'ils te jugent. Je sais, dis comme ça c'est bizarre, mais en fait c'est toujours drôle de voir l'impression qu'on donne aux personnes qui passent. Moi, pour commencer, je suis né roux. Et ça aide pas trop. Je suis né débile, aussi, né antisocial. Rien de tout ça n'aide. Et en plus j'ai grandi en Serbie. Enfin, je les collectionne en fait. C'est drôle, en fait si Dieu existe, il donne tous les malheurs aux mêmes personnes. En fait, ça va, toute ma famille est en bonne santé, sur ça j'ai pas à me plaindre. Mais sinon, un autre truc, comme si ça suffisait pas qu'on me traite de puceau roux et de communiste, et ben ma mère a décidé que j'étais juif. Franchement, ça craint. Elle aurait pu penser à mon avenir, même si ok mon avenir c'est juste pas grand chose. Bon en attendant, je vois pas le problème que les gens ont avec ça. C'est encore cool, comme religion. De toute façon, je m'en fous, celui qui ose dire quelque chose contre, il se prend mes arguments et une bonne tarte dans la tronche. On touche pas à ma religion, et d'ailleurs on touche pas à ma mère non plus, putain.

J'allais dire, sinon, que je suis un mec transparent, même pas passionné. Mais en fait, c'est pas tellement vrai. Je suis transparent, oui, ok, mais je suis quand même un peu passionné. Enfin, après, ça dépend du point de vue, quoi. Je joue de la basse. Je sais que beaucoup de gens ont un problème avec ça - et un problème en général - mais franchement, j'ai deux arguments à leur retourner. De un, la basse, ça sert pas à rien, de deux, si on admet que ça sert à rien, moi aussi, alors ma basse et moi on s'entend bien. Sinon, je joue au basket aussi. Je suis assez bon, mais je reste quand même sur la touche, parce que personne me veut dans son équipe, vous voyez. Le seul truc chiant, avec le basket, c'est que je dois enlever mes binocles, et je vois que dalle. Mais mon père m'envoie des lentilles, parfois, pas les légumes, hein, celles de contact, mais je les oublie. Enfin, franchement, j'ai plus envie de vous parler de moi, là, mais j'ai pas encore fait le tour, donc je continue quoi. Bah, en fait. Je suis un mec complètement bourré de toc. Après, je vais pas tous vous les citer, ça serait trop long. Mais en général, ça se remarque, hein. J'ai des tic aussi, d'ailleurs, mais disons que ça va ensemble, quoi. Oh et je suis transparent mais pas invisible, hein, je voulais juste dire. Parce que quand même, je suis roux, je suis Serbe, je suis juif, je suis abstrait, je fais des vannes, je souris, et je porte un ouchanka. Et je déteste les camions.

En général, les mecs et les meufs pensent aussi que je suis un type fidèle, et c'est pas faux, enfin le truc c'est que je m'accroche pas tant que ça aux gens du coup je peux pas m'en décrocher, tu vois. Ou alors, pas à longue durée. Je sais pas, là, je pense à ma mère. Quand j'étais petit, elle voulait que je sois sage. Et moi je jouais à des jeux vidéos. Et je joue encore à Portal. C'est jouissif, ce jeu, putain, vous imaginez pas, ouvrir des portails, le bonheur quoi. J'aime ça, comme on dit, là, sur ce site pourri. N'empêche qu'elle aurait mieux fait de me laisser loin des consoles que mon frère laissait traîner quoi. Ça fait une drôle d'éducation. Même, les gosses, à la maternelle et tout, ça fait une drôle d'éducation. Parce que, quand à trois ans tu te fais traiter de voleur, et qu'à dix huit ans, on te traite encore, ça éduque vachement quoi. Un peu trop rêveur aussi, style. Je m'aime, ou pas vraiment. Je me déteste pas non plus, j'ai mes complexes comme tout le monde, mais rien de faramineux, quoi.

Et puis je tire sur ma clope, je mange un truc kasher, je passe une main dans mes cheveux roux, je jure en Serbe. Et puis je souris. Même à toi le camion là-bas.

Well, it's ever so funny.

CAUSE I DON'T THINK YOU'RE SPECIAL, I DON'T THINK YOU'RE COOL.

Don ★ Portal.
En détail ★ En gros, il s'agit de créer des labyrinthes dans l'espace. Par exemple, Nikola, si ça lui chante, peut relier l'entrée de la piscine avec la porte du bureau de la directrice. Et alors, l'école devient une gigantesque course d'orientation. En créant une boucle, vous voilà bloqué soudain dans la section nord du couloir. Mince alors. Au pire, il pourrait créer un portail entre la cour et un camion de ravitaillement. Mais heureusement pour vous, il a autre chose à faire que de vous enfermer dans un poids-lourd - la torture !
Maitrise ★ Nikola aime beaucoup son don. Sauf qu'il ne s'applique pas particulièrement, et s'entraîne un peu quand ça lui chante. Depuis qu'il est arrivé à Aisling après avoir transformé Iagdavia en véritable enfer, il a fait des progrès mais il continue quand même à créer des portails sans faire attention, même si ça se fait plus rare avec ses dix huit ans. Le problème, en fait, ça reste encore de les fermer. Donc, son poignet est orné d'un bracelet de protection, avec toutes les migraines et les effets de seconds associés, évidemment. De toute façon, même s'il avait maîtrisé à merveille son don, il aurait du porter un bracelet. Oh, et. Ne vous étonnez pas de le trouver paumé, c'est juste que tout ça, ça bousille un peu sa perception de l'espace.

Nikola et les autres ★ A tous il leur sourit, de la même manière. Au final il ne les déteste pas, il ne les aime pas non plus. C'est juste que rien n'a vraiment d'importance.

Nikola et les élémentaires ☆ Depuis qu'il a relié leur château avec les cachots, il les évite un peu. Et il continue de leur sourire, pourtant. C'est plutôt eux qui lui en veulent. Ils ont un ego un peu trop grand.
Nikola et les physiques ☆ Depuis qu'il a lié leur jungle et le bateau pirate, parfois on vient lui demander de faire un portail pour s'éclipser faire une fête, ou quelque chose comme ça. Et il continue de leur sourire. Ils sont amusants ; pourtant un peu trop gosses sur les bords.
Nikola et les psychiques ☆ Depuis que. Non, en fait rien. Il leur sourit, mais il les évite ; trop intelligents.
Nikola et les adultes ☆ Il a quelques petits problèmes avec Aliénor depuis qu'on l'a mis à contribution pour relier son bureau et les toilettes. Les autres adultes le connaissent vaguement, des jours où il vient.
Nikola et les spéciaux ☆ Il leur sourit. A choisir, s'il devait être un peu attaché à quelqu'un, c'est à eux. Il sera toujours là pour les aider à mettre le boxon en transformant l'école en dédale. A bon entendeur !

People should be able to say how they feel.

HOW THEY REALLY FEEL, NOT, YOU KNOW,
SOME WORDS THAT SOME STRANGERS PUT IN THEIR MOUTHS.

Paraît que notre histoire commence un peu avant notre histoire, un peu quand nos parents se rencontrent, un truc comme ça. Je vais pas vous mentir, c'est un truc que j'ai entendu à la télé, dans un de ces navets romantiques fanés. Un machin approchant. Je vois pas pourquoi les producteurs nous cassent les pieds avec ça, et puis même. Se cassent les pieds avec ça. Alors je regardais la télé, en fond sonore, comme on fait tous dans ma génération, et attention, on m'a déjà dit que c'était pas bon pour l'environnement, tout ça. Honnêtement, je m'en fiche. C'est pas parce que moi, maintenant, je vais éteindre que ça va changer quelque chose, parce que, y a tellement de gens qui allument, sérieux. J'aurai très bien pu dire que c'était quelqu'un de très proche, style mon meilleur pote, qui me l'avait confié dans un doux murmure, sauf que non. A l'époque, de toute façon, ce que j'avais de plus proche d'un meilleur ami, c'était un abruti. Moi, je crois pas à ce truc, je crois juste que c'est une de ces salades niaises qui formatent les gens sans qu'ils s'en rendent compte. Bref. Toujours est-il que je vais quand même vous parler de mes parents, parce que mon histoire, vous voyez, elle est pas particulièrement palpitante, alors qu'est-ce que je pourrais vous raconter d'autre ? Mes premières dents, et comment j'ai fait chier ma mère en braillant ? La première fois que j'ai utilisé un couteau, et comment mon frère s'est foutu de ma gueule ? Comment je pissais dans ma culotte, et puis je mouillais mon lit ? Comment je me rétamais en patins à roulette, et la première fois que j'ai pété une corde de basse ? Les concours de gros mots à la maternelle ? Les torgnoles psychologiques que je prenais pendant les récrés, et puis la guerre ? Franchement, non. On s'en fout, quoi.

♣♣

Ouais, je suis né pendant la guerre. Respect, hein ? Bon, je t'en parle après, t'inquiète pas. On avait dit, mes parents. Mes parents, ils se sont rencontrés à l'époque où la Serbie, c'était encore la Yougoslavie, et puis le nationalisme prenait le pouvoir. Enfin je dis ça, moi, mais je m'en branle un peu de la politique. C'est juste que ma mère, quand elle m'a raconté ça, parce que j'étais devenu trop grand pour les contes sagement allongé dans le lit, bah elle me l'a dit comme ça, presque texto. C'était pas glorieux glorieux à l'époque, ils étaient genre petits étudiants style paysans, et puis de toute façon, à l'époque le communisme c'était en vogue, alors tout le monde était paysan. Ouais, je sais pas, j'ai pas compris non plus, mais bon. Je suis un peu débile, de toute façon. Alors, passons les détails historiques, de toute façon, ça n'a rien changé. A l'époque, ma mère était une de ces filles niaises qui croyaient à l'amour au premier regard. Mon père aussi, en fait. Enfin, sauf que c'était pas une fille, quoi. Bon, sérieux, pour ça je les trouve abrutis, mais comme c'est mes parents, je suis obligé de les absoudre. Ça craint. Toujours est-il qu'ils ont fait des choses pas très chrétiennes, et puis, magie magie, mon frère était là. On est une bande d'idiots dans la famille, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise. Evidemment, c'était un accident, mais ils étaient contents. Et puis, ils se sont installés ensemble. Forcément, quatre ans plus tard, c'était encore pire, hein. Alors que leur pays était en guerre, ils avaient que ça à faire que de baiser. Et après, moi, je suis censé être un petit sain. Mais oui. Pour ça, ils repasseront. Sauf que moi, mon pays, il est pas en guerre. C'est comme ça que je suis né, un premier avril, en plein milieu des guerres civiles. Ma vie, déjà à la base, était destinée à être une grosse blague, vous voyez. Je le savais. C'est l'ironie tragique, et franchement. Merde.

♣♣

S'il y avait un seul truc qu'il fallait que je raconte entre ma naissance, et le jour où je me suis cassé de la maison pour la Russie, bah je viens de le choisir. C'était le jour de ma circoncision. Voilà, vous savez tout, passons au jour de mes treize ans. Non, je rigole. Bon, je vais vous faire un peu de contexte, sinon vous allez être un peu paumés. Moi, j'étais un gosse complètement crétin. D'ailleurs, ça s'est pas franchement arrangé à l'adolescence. Oui, bon. En fait, je croyais, un peu comme tous les gosses, ces putain de cons, que mes parents c'étaient des héros. Quoique, à huit ans, peut-être que je commençais déjà à devenir un mec désillusionné. J'étais précoce dans ma connerie. Parce qu'en fait, ils étaient pas si héroïques que ça. Mon père trimait dur, pour un salaire de rien, et nous, on mangeait du chou. C'était ma mère qui cuisinait, et c'était le seul moment où elle me collait pas au derrière. Mon frère, lui, elle le laissait déjà indépendant, et puis il préparait sa Bar mitzvah. Le chanceux. Enfin, je dis ça, mais ma mère, je dois lui reconnaître des belles valeurs que je me trimballe maintenant. J'avais pas une très belle éducation, pas de bonnes notes à l'école, pas de bonnes fréquentations. Je décevais mes parents, ouais mais bon. Tant pis. Franchement, un jour, faudra que je leur dise que je suis désolé. Désolé d'exister. Au début, ils me voulaient pas, en plus. Je suis une sale blague, un cadeau empoisonné. Et à l'époque, j'étais un putain de verre de ciguë, qu'avait passé sa matinée à jouer à Half-life. C'est drôle, parce que mon frère avait toujours des jeux-vidéo. Je me demande comment il les payait. Bof. D'ailleurs, il s'est bien foutu de ma gueule quand mamma a dit qu'on filait direction l'hôpital.

▬ Ahaha le petit qui va se faire couper un morceau ! Fais gaffe, pas qu'on te rate, hein !
▬ ...
▬ Je sais qu'à l'école on dit que t'es un voleur, bah je vais finir par y croire si tu continues à me piquer mes jeux.
▬ C'est pas comme si tu t'en servais.

Mon frère était un mec super sympa. Moi, j'étais follement éloquent. Entre nous deux, forcément, c'était l'amour fou.

♣♣

Et puis, j'ai pris la main de mamma. Direction l'anesthésie. Mon premier contact avec une vraie médecine, en fait. Dit comme ça c'est bizarre. Ça fait genre que je vivais au Moyen-Age. Mais là, historiquement, on sortait du Moyen-Age, en fait. Et on sortait de la guerre aussi. Et puis ma mère m'a mis une chapka sur la tête. Je crois que ça c'était vraiment le début de la fin.

♣♣

Après, il reste plus grand chose à raconter. De toute façon j'ai jamais eu une vie passionnante. J'ai grandi comme ça, de traviole, un peu par ci, un peu par là. C'est moche. Le truc d'après, forcément, c'était la découverte de mon Don. Putain, Dieu, sur ce coup-là, t'as bien merdé. Forcément, fallait que tu fasses ça pendant que je t'honorais. Nan, franchement. Tout le monde cette semaine-là s'était ligué pour me casser ce que je pense, de toute façon. Ça faisait un an qu'on la préparait, cette Bar mitzvah, et ma mère m'a quand même réveillé un jour à minuit pour me mettre en forme. Ouais, en forme, bien sûr. C'est clair que conduire l'office avec les yeux qui papillonnent, c'est magique. Ouais. Même mon frère, il allait sur ses dix-sept ans, et il en avait pas fini avec sa crise d'adolescence. Bon de toute façon, ma destinée était tracée à la naissance. Bon, revenons en à mon Don. Ma malédiction. Bon, on va dire juste mon Don, c'est plus simple. En plus, au fond je l'aime bien quoi. Même si parfois, non. Quelques jours plus tard. Je lisais la section hebdomadaire de la Torah, comme ça, tranquillement. Je respecte ma religion, oui. Mais j'avais quand même envie de me barrer. De me distraire, je sais pas. Et là, magie magie. Génial, n'est-ce pas, l'intervention astrale ? Et bah, moi j'avais fraîchement treize ans, on était tous là, on marchait vers la synagogue. Bon vous suivez toujours ? Et après je sais pas, un truc bizarre. Juste les gens comme ça, on est passés par la porte, et on s'est retrouvés dans un champ quelques mètres plus loin. C'était la première fois que j'ouvrais un portail. Et c'était jouissif, putain, bien plus que ce truc que j'avais dû apprendre par coeur. J'ai juste genre vu mon père qui tenait ma mère qui était dans les vaps. Et après, je me suis évanoui.

♣♣

▬ Mais papa, pourquoi c'est lui qui a un Don, et pas moi ?
▬ On t'a déjà dit que c'est pas grave, parce que toi tu réussis.
▬ ...
▬ Mais pa-
▬ Lui, il a quand même gâché sa Bar mitzvah, ET FRANCHEMENT C'EST INADMISSIBLE !
▬ J'y peux rien, moi.
▬ Calmez-vous ! Ici, ils disent qu'il va pouvoir aller dans une école pour les gens comme ça, en septembre.

N'empêche que, pendant cinq mois, j'ai porté un bracelet de protection, moi. Et j'étais un gosse roux avec un Don, mais qui ne pouvait pas l'utiliser. Ma vie craint depuis les origines, je l'avais dit. Sinon, j'étais devenu officiellement Serbe aussi, c'est pas terrible, ça ? Franchement. Ces andouilles de dirigeants s'étaient enfin décidés à remettre un peu d'ordre dans leur pays, là. Bref. Juste quand moi je devais partir, franchement ! C'est comme ça qu'à treize ans et cinq mois, je me suis retrouvé dans un train pour la Russie. Iadviga qu'ils appellent ça.

▬ Surtout mon chéri tu fais attention.

♣♣

A Iadviga, ils sont un peu. Psychologiquement dérangés. Le mot clé étant un peu. Bon. Une année sous le signe du camion, parce que juste le jour où je me suis décidé à retirer mon bracelet, parce qu'on me laissait me démerder, bah ça a un peu mis le bordel. Le mot clé, aussi ici, c'est un peu. Comment dire. J'ai transformé l'école en dédale, involontairement, je précise bien. Et après je suis tombé dans les pommes, comme c'est drôle. Je crois que j'ai presque battu le record d'heures de sommeil à la suite. Raté de peu, zut quoi. Et quand je me suis réveillé. Vous allez me dire, dans une école normale, ils m'auraient viré. Non là ils se sont contentés de me rendre la vie un peu plus dure. Sauf que ma mère, à la maison, bah elle s'affolait. Du coup, quand je suis rentré pour l'été, je savais que je reviendrais plus. C'est pas grave, au pire. C'est cette année là qu'on m'a offert Portal. Là dedans, je peux faire comme dans la vraie vie. Sauf que dans le jeu, les portails, je peux les fermer.

♣♣

Cette année-là, on m'a aussi offert Aisling, et le bateau pirate des spéciaux. J'aime pas les gens, mais franchement. Eux. Je les aime bien. Oui, bon, voilà, vous êtes contents ? Ah, et, ne dites pas que je vous ai dit ça sur Iadviga, hein.

♣♣

Vous voyez, j'aime pas les histoires. Ça sert à rien. Franchement, qu'est-ce qu'on en retient ? Que dalle. Les histoires, c'est comme les camions, sauf en moins moche, quand même.

I want to be forever young.

SO MANY DREAMS ARE SWINGING OUT OF BLUE.
WE'LL LET THEM COME TRUE.

Pseudo ☆ ... haha.
Age ☆ orz mais je sais pas, je crois que c'est mon bday à la fin du mois.
Sexe ☆ je nie, je suis pure chaste et innocente d'abord.
Avatar ☆ le dernier maître de l'air. Kyle Broflovski de South Park.
Comment avez vous connu le forum ☆ ça faisait un peu aisling is watching u.
Pensez vous demander un parrain ou une marraine ☆ boom boom baby.
Autre chose ☆ il me fallait un técé roux désolée je suis faible. mais c'est pour leur bien pour qu'ils puissent dominer le monde ! au pire donnez moi un don pourri qui sert à rien, bbs.