Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €

Partagez | 
 

 [ f a i l u r e ] • Robin

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
▬▬▬▬▬▬▬
Weather Time
[ f a i l u r e ] • Robin Rangelem
Weather Time

Messages : 908
Date d'inscription : 16/03/2011
Age : 32


It's a kind of magic.
Age du personnage : 16 ans
Nationalité: Anglaise
Relationship:

[ f a i l u r e ] • Robin Vide
MessageSujet: [ f a i l u r e ] • Robin   [ f a i l u r e ] • Robin Icon_minitimeMar 17 Mai - 2:12


• Tout seul dans mon placard • Les yeux cernés de noir • A l'abri des regards •
Je défie le hasard • Dans ce monde qui n'a ni queue ni tête • Je n'en fais qu'à ma tête


[ f a i l u r e ] • Robin 353192suicideftsuicideba594big2
[ f a i l u r e ]


[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Elle ne sait plus. Quand tout a commencé. Quand elle a dévissé le bouchon. Quand elle a porté le goulot à ses lèvres. Pour la première fois. Elle ne sait pas quand tout a commencé. Elle ne sait plus quand elle a dévissé le bouchon. Elle n'est même pas sûre d'avoir porté le goulot à ses lèvres. Et pourtant...

[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Elle s'essuie d'un revers de manche. Tout à la fois. Ses yeux qui pleurent. Son nez qui coule. La salive au coin de ses lèvres. L'alcool sur son menton. Elle frotte son visage d'un mouvement dépourvu de toute classe. Toute sa contenance s'est envolée avec le contenu de la bouteille. Elle est en bouteille et l'alcool occupe sa carcasse. Échange de bons procédés. A travers la bouteille, elle se voit. Le verre déforme sa face défaite et révèle son âme torve par sa courbure disgracieuse. Elle n'a jamais été plus laide. Elle n'a jamais paru incarner autant son dedans.

[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Son dos glisse encore le long du mur. Ses jambes se relâchent et ses genoux écartés viennent s'entrechoquer. Son coccyx est meurtrit par cette position inconfortable. Elle ne songerait pourtant pas à se redresser. Elle est trop occupée à s'acharner sur les rubans qui retiennent ses cheveux. A quoi bon. Elle n'a déjà plus l'air de rien. Les mèches rousses retombent lourdement sur son visage humide, s'imprégnant de tout ce qui s'y trouve. Son dos glisse encore et sa tête heurte le mur. Elle crie entre ses larmes. Elle déchire encore son gosier brulant et jette au loin la bouteille vide qui explose contre un mur.

[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5C'était peut-être bien sa bouteille à la mer. Il restait à peine assez d'alcool là-dedans pour envoyer un quelconque message, mais suffisamment pour que le message soit clair. Les éclats de verre les plus virulents sont revenus vers elle. Un autre message ? Un message de la bouteille à Weather : « Je ne serai pas ton pigeon, dis leur toi-même. » Elle en prend un avec précaution. Sa prise est trop faible, le morceau retombe. Elle le scrute, toujours avachie. Plus ou moins cinq centimètres de long. C'est une bonne longueur. Juste assez pour être utile. Elle reporte son regard sur ses mains gantées. Elle quitte les gants, les pause à côté. Tout près. Comme pour se rassurer. Elle lorgne sur ses bandages. Seuls de longs doigts aux ongles effilés dépassent du coton blanc. Blanc comme sa peau. Ses mains-là ne voient jamais le soleil. Lentement, elle entreprend de retirer un bandage, puis l'autre. Son âme torturée s'affiche juste là, face à elle. Sur leurs paumes et sur leurs dos. Des mains qui ont survécu à une guerre. Une guerre contre la vie. Mais la hache vient d'être déterrée. Les éclats de verre sont venus la provoquer. Elle n'y est pour rien, après tout. Rien n'est de sa faute. Rien de tout ça. Elle n'a jamais rien demandé. Ni de vivre, ni d'arriver jusque là. Assurément, l'erreur se trouve à l'origine. Elle n'aurait jamais dû venir au monde. Jamais...

[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Les cicatrices blanchâtres sillonnent une vallée de bosses de tailles diverses et variées. On dirait comme deux petites maquettes de relief montagneux. Recto verso. Avec des différences d'altitude et de teinte. Certaines montagnes ont été creusées et font maintenant comme des cratères. Comme des puits asséchés. On sent que la douleur était plus vive là que n'importe où ailleurs. On perçoit l'acharnement. On imagine le sang. Le blanc critique des cicatrices fait paraître la peau autour plus chaude. C'était plus beau avec du rouge, si vous aviez vu ! Tel un volcan expulsant rageusement sa lave, le puis de chair creusé jusque sous la verrue transpercée semblait intarissable. Tout sortait par là. La colère. La douleur. L'incompréhension. L'abandon... Car cette entité qui crachait malgré elle du rouge à n'en plus finir lui tenait compagnie. Pleurait pour elle. Compatissait. L'espace d'un instant, c'était la chose qu'elle aimait le plus au monde. Ce bout de chair suintant à la manière d'une purge. Il n'y avait plus de Dieu. Il n'y avait plus personne. Même plus elle. Elle tenait toute entière dans le morceau de viande irradiant de tout ce qu'elle attendait le plus d'elle-même : une libération plaintive, une pénible agonie, une lueur vacillante. Elle rêvait qu'on souffle sa flamme, encore et encore. Mais rien ne soufflait assez fort. La flamme était entretenue et grandissait. Absolument insupportable. Elle mourrait bien de frustration. Il faut bien crever de quelque chose...

[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Mais aujourd'hui, en ce jour aléatoire où le nectar floutait la date du calendrier, les cicatrices affichaient leur face morne et sèche. La peau rêche, épaisse, craquelée par endroit, paradait de part et d'autre de ses mains affreusement mutilées, plus proches des serres rugueuses d'un oiseau de proie que de véritables extrémités humaines. On y percevait une telle prétention... « J'ai vécu, moi. » scandait-elle. Cette peau blanche. Ce cuir opaque. Cette croute impassible. Une bonne correction, voilà tout ce qu'elle méritait. Weather tandis une main décidée et s'empara du morceau de verre.

[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Mais en chemin, sa volonté mute. Une nouvelle idée germe dans son esprit enivré. Et si on visait... juste un peu plus bas ? Le poignet. Là, c'est plus important. Là, il y a vraiment quelque chose. Quelque chose à faire disparaître. Elle se redresse. Lève haut la main. Le verre fend l'air... et s'arrête. C'est moins facile, à cet endroit, n'est-ce pas ? On sait ce qu'il y a là-dessous, on sait ce qui s'y trouve. La chasse d'eau de l'âme. Tu tires pour aussitôt dire bonjour à la plomberie. Car non, toi tu ne monteras pas au paradis. Toi, tu descends... Les suicidés ne retrouvent pas Dieu. Dante leur réserve un sort tout particulièrement infâme. Mais qu'est-ce qu'ils en savent, hein, au fond, lui et Virgile ? Elle verra bien une fois qu'elle y sera... Nouveau mouvement. Nouvel arrêt. Alors, on est trop lâche ? Tu es sûre ? Tu en as envie pourtant. Weather Ô Weather. C'est là toute ta détermination ? Des larmes et de mauvaises intentions ? Voyons. Tu vaux mieux que ça. Même toi tu le sais. Tu l'as toujours su. Tu n'es pas destinée à subir, Weather, mais à imposer. N'aie donc pas si peur de prendre ta vie en main ! Lève le bras plus haut et abats le couperet. Vas-y. J'attends. Allons. On se dépêche ! Tu trembles, maintenant... ? On ne peut vraiment rien te confier, Weather. Tu es décidément tout à fait navrante. Irrécupérable. Ne m'appelle plus pour rien. Invoque moi quand tu seras vraiment décidée. Je repars pour cette fois, Weather, mais la prochaine, tu ne t'en tireras pas aussi bien. Méfies toi, Weather Ô Weather, je ne suis jamais bien loin...

[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Elle lance son arme. L'objet va ricocher sur le mur, renvoyé plus loin. Et Weather pleure. Weather pleure comme jamais dans sa vie. Elle ne sait toujours pas contre quoi elle se débat. L'ombre s'estompe. Weather pleure plus fort. Elle tape des poings sur ses cuisses. Se laisse lourdement retomber contre le mur. Son dos craque, mais elle ne crie pas. Elle ne crie plus. Elle arrête de pleurer. Ses yeux brûlent, elle les frotte machinalement et le sommeil arrive, comme par magie. Par excès d'alcool, surtout. Sa tête bascule sur son épaule, ses mains découvertes glissent de ses cuisses sur le sol. Les doigts se relâchent, s'écartent. Ses paumes meurtries regardent vers le ciel. Implorent. Ni aura-t-il donc personne pour répondre à leur appel silencieux ? Un gémissement sort de la bouche entrouverte. Avant de s'abandonner au sommeil, Weather pense à ses gants, gisant à côté d'elle. Tanpis. Elle oublie enfin la guerre et imagine ses mains blanches, fines, à la peau veloutée.

[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Elle sombre.




Tour à tour on me chasse • De vos fréquentations • Je n'admets qu'on menace
Mes résolutions • Je me fous bien des qu'en dira-t-on • Je suis caméléon
Prenez garde à mes soldats de plomb • C'est eux qui vous tueront
<< Failure >> : échec.
nom
1. échec
2. défaillance
3. incapacité
4. faillite
5. insuccès
6. raté
7. impuissance
8. fiasco
9. faible
10. dérangement
11. avortement
12. fatigue
13. lâchage


Dernière édition par Weather Time le Jeu 23 Fév - 2:29, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
▬▬▬▬▬▬▬
Robin De Luca
[ f a i l u r e ] • Robin Rangpsy
Robin De Luca

Messages : 39
Date d'inscription : 18/04/2011
Age : 31


[ f a i l u r e ] • Robin Vide
MessageSujet: Re: [ f a i l u r e ] • Robin   [ f a i l u r e ] • Robin Icon_minitimeJeu 25 Aoû - 18:40


Entends-tu les pierres lancées sur le verre ?

Ouvre la fenêtre
Et regarde le ciel
Elle s'y laisse tomber
Juste en fermant les yeux
Balancement léger
Qui la retient de s'envoler?
Elle ne sait pas
Dans son ventre l'espace
A formé comme un creux

Ferme la fenêtre
S'allonge sur le sol
Le visage écrasé
Sur le marbre gelé

Comme pour anesthésier
La pensée

Tout se met à tourner
Son esprit son corps
Dedans comme au dehors...

Juste En Fermant Les Yeux - RoBERT



Grandiose. Casque sur les oreilles, elle fait quelques pas dans le parc sans faire attention au chant des oiseaux. Elle n'entend que la musique qui résonne dans ses oreilles, cette musique qui gagne en puissance jusqu'à son cœur. Langoureuse mais puissante, et elle monte, doucement mais sûrement, elle monte, elle monte. Et l'enfant veut monter avec elle, elle veut monter, encore, monter, voler. Elle lève les bras, les yeux mi-clos. Mais les cordes se taisent. On n'entend plus que les vents et une corde perdue au milieu, qui lentement répète son rythme. Et le violon revient, dansant, chantant, volant, petite mélodie devenant grande, puissante avec l'orchestre, et elle monte, et elle tourne, l'enfant tourne, les bras levés, un sourire sur ses lèvres pâles, les yeux clairs emplis de rêve et de féérie. Ses cheveux châtain clair se soulèvent dans son mouvement langoureux, et elle tourne, elle ne veut que tourner, et s'élever, et voler, son plus grand rêve, son plus beau fantasme, s'élever dans les airs, le cœur léger. À défaut elle sautille dans l'herbe dans sa petite robe blanche et délicate, elle sautille tout en joie, telle l'enfant qu'elle est et veut rester. Elle sautille, heureuse, avec la musique, dans la nature. Un casque léger sur les oreilles, et la musique est tantôt légère tantôt pleine de puissance, orchestrale et majestueuse. Elle donne envie de voler, de voler haut, de voler loin, de voler, voler, son plus grand rêve et cauchemar, son plus grand fantasme et dégoût, le vol, l'air frais sur sa peau pâle, les rafales délicieuses sur son visage.
Elle veut quitter le sol et ne plus jamais y retourner. Elle veut quitter ces gens qui lui ordonnent de grandir, elle veut quitter ce ciel qui pleure des larmes de perles tant d'heures par jour et tant de jours par semaine, elle veut quitter cette herbe qui lui donne des plaques sur sa peau fragile, elle veut quitter ces murs qui tous guettent ses secrets et répandent ses émotions, elle veut quitter ce monde auquel elle n'appartient pas. Comme un ange atterri dans un monde inconnu et cruel, elle veut remonter dans le ciel et ne plus jamais le quitter. Elle veut mourir puis renaître là-haut et ne plus jamais refaire l'erreur de descendre. Et surtout, surtout, elle ne veut jamais, jamais plus, et pour toujours ; elle ne veut plus jamais, au grand jamais, comme jamais on n'a jamais souhaité ; non, d'un éternel jamais elle ne veut connaître et reconnaître ce poison qui la prend de peur à la moindre lueur, qui la prend au cœur à la moindre odeur. De ce poison maléfique qui coule dans ses veines elle n'en veut plus.
Et elle tourne les mêmes pensées dans sa tête, tout en souriant, tout en dansant avec maladresse et manque d'équilibre, elle tourne avec la musique, elle tourne avec cette magie majestueuse, elle tourne en rond, refusant d'avancer, craignant de reculer, elle tourne et se fatigue, pauvre pâleur fragile. Elle fatigue, la fragile enfant, elle doit s'arrêter ou ses yeux lui sortiront de la tête et viendront éclabousser le contenu de son estomac. Elle doit s'arrêter ou elle va tomber, pitoyable fille, tomber le souffle court et le cœur à la gorge ; et tomber elle ne veut pas, tomber lui fait trop mal. Alors elle s'arrête et choisit de s'asseoir sur l'herbe. Sa tête est pleine de pensées, elle est pleine de poussière volante et de bactéries qui lui susurrent des dires vilains au-dessus de la musique. Alors elle retire son casque et éteint son baladeur.

Et elle respire. Elle respire ce vent qui souffle par douces rafales. Même sans voler, elle peut le sentir. Elle peut le sentir sur son visage, elle peut le sentir dans ses cheveux, elle peut le sentir avec un plaisir sans nom. Quand il est fort et sifflant, sa poitrine s'oppresse mais ce n'est pas de l'angoisse. Non, c'est une euphorie soudaine qui coupe le souffle et fait plisser les paupières – à moins que ce ne soient tout simplement les rafales trop violentes pour les yeux ? –, c'est une euphorie qui donne la tête qui tourne et rend sourd – à moins que les rafales soient trop bruyantes pour les oreilles ? –, c'est une euphorie merveilleuse. Et lorsque le vent retombe, l'enfant titube et a la gorge sèche. Elle a du mal à savoir ce qu'elle veut ou souhaite faire à l'instant, elle est juste sonnée pour quelque temps, pas longtemps qu'on s'en rassure.
Mais le vent aujourd'hui n'est pas violent, il est doux. Ces caresses sont douces, son sifflement est doux, sa fraîcheur est douce, tout en lui n'est que douceur, douceur et volupté. Il fait bouger les feuilles des arbres, alors l'enfant les entend bruire dans ce son si doux. Et elle sent s'élever de l'herbe un parfum si doux. Un odeur agréable qui donnerait presque envie de goûter à l'herbe, de croquer dedans, juste pour sentir si son goût est aussi doux que son odeur. Mais Robin préfère l'odeur des buissons sauvages des bois des alpes, et le cri lointain des loups protégés qu'elle écoutait quelquefois tard le soir, veillant afin de ne pas oublier ses rêves en fermant les yeux. Mais la fatigue finissait par la rattraper et, à minuit, elle s'endormait dans l'herbe. Des bras pleins d'amour la soulevaient alors pour l'emmener dans son lit et lui déposer un petit baiser dans un « Bonne nuit » plein de douceur. Et la fillette préfère l'obscurité à la lumière, quand il y a la nuit et que tout est éteint, soleil comme lueurs artificielles. Mais elle ne déteste pas pour autant la lumière, et le bruissement des feuilles, et l'odeur de l'herbe, et la douce sensation du vent sereine. Non, elle les aime aussi. Et elle s'allonge dans l'herbe, sereine comme le vent. La musique s'est tue, ne reste que le bruit de la nature. Calme. Calme parce qu'elle ne voit pas le merveilleux écosystème qui travaille sans relâche dans la terre sur laquelle elle s'est confortablement installée. Elle ne voit pas non plus l'araignée dans l'arbre d'à côté en train d'envelopper la petite mouche dans sa toile, petite mouche qui se bat et se débat dans l'espoir de pouvoir s'en sortir. Mais l'araignée est rusée, alors elle lui emprisonne d'abord le bout des pattes avant de vite s'en prendre à ses ailes. Une ou deux minutes plus tard, la mouche ne peut plus les secouer avec angoisse, elle ne peut plus tirer sur ses pattes, elle peut à peine regarde l'araignée qui approche ses crocs et l'achève tout en commençant à la manger. Pendant ce temps, l'enfant un peu plus bas a fermé les yeux, aussi sereine que la nature semble l'être, sans penser aux fourmis rouges qui portent des choses six fois plus lourdes qu'elles, sans penser à cette taupe qui creuse sa tanière à quelques mètres de là, sans penser à cette araignée qui se nourrit avec appétit ni à cette mouche qui a perdu la vie dans d'atroces souffrances. Elle n'entend que la vent serein et cela la détend. Elle a fermé les yeux et, doucement, elle s'en va...

Et tout aussi doucement, elle émerge. Elle ouvre les yeux, le ciel est un peu sombre. Le feuillage des arbres bruisse plus fort et l'araignée a vite terminé son repas depuis longtemps. Les fourmis se préparent à s'endormir et la taupe est épuisée. Au loin, on voit les lumières d'Aisling qui se sont allumées. C'est le crépuscule. Le crépuscule en plein été... il se fait tard, non ? L'enfant se redresse et s'assoit, portant sa main à son cou et en tire une petite chaîne délicate. Elle tire, elle tire, et voilà qu'une petite montre émerge de sous le tissu blanc. Ne l'aviez-vous pas vue, cette petite bosse au niveau de son ventre ? Elle appuie sur le bouton pour ouvrir sa montre à gousset – une mécanique comme les anciennes, couleur vieil or et gravé d'une paire d'ailes d'ange sur le capot tandis que derrière de discrètes ronces viennent s'enlacer pour combler le vide, et dedans est écrit son prénom bien à elle – et voit que vingt-deux heures sont bien passées, et même vingt-deux heures et demie, puisque l'aiguille élégante des minutes et à chemin entre le sept et le huit romains du cadran jaune. Il faut qu'elle retourne dans sa chambre au septième étage – pourquoi si haut quand le soir sa réserve d'énergie se trouve affaiblie par les heures passées sans dormir profondément ? – et qu'elle prépare son lit, il faut qu'elle nettoie son petit corps à l'eau chaude et qu'elle enfile une chemise de nuit, il faut qu'elle prépare son cartable pour demain et qu'elle ouvre la fenêtre pour aérer sa chambre pendant la nuit ; il faut qu'elle rentre dans sa chambre. Sa chambre ? Est-ce chez elle, sa chambre ? Les gens atterrissent parfois dans une chambre déjà occupée et très vite décident de changer pour se mettre avec leurs nouveaux amis. Elle, elle a atterrit dans un chambre très haut où il n'y avait personne, et personne n'a atterri avec elle pour ensuite l'abandonner. Elle a juste été toute seule dans une chambre dès le début, pour ne pas connaître de déception ou quelque chose d'équivalent. Elle a juste pu s'installer de tout son saoul, pousser le deuxième lit dans le couloir – elle a entendu des gens râler le lendemain, puis le lit a disparu. Peut-être est-il allé s'installer dans une autre chambre, peut-être a-t-il subi les affres d'une jeune fille de particulièrement mauvaise humeur ? – et étaler tous ses effets personnels dans sa chambre. Une couette blanche et immaculée sur son lit où reposent soigneusement alignés des peluches blotties dans les bras d'une poupée en mousse, des murs ornés d'étagères remplis de CD et de livres de toutes les tailles, quelques unes avec des objets décoratifs tels que des poupées en porcelaine, des boîtes à musiques ou des services à thé, une armoire remplie de vêtements pour la plupart très clairs, et un miroir dans la porte de cette armoire. Une épais tapis crème au pied de lit sur lequel s'allonger, et une clef rien qu'à elle pour verrouiller sa chambre quand elle y est ou quand elle n'y est pas : sa chambre lui appartient. Et ce soir, elle doit y retourner, et faire tout ce qu'elle doit faire avant de se glisser sous la couette, fenêtre ouverte, et de fermer les yeux, sereinement, toujours sereine, ignorant cette tristesse qui la suit nuits et jours sans faillir tandis qu'elle continue de sourire, un peu toute seule dans cet endroit hétéroclite et plein de monde qu'est Aisling. Elle est un peu timide, la petite fille, et elle n'est là que depuis une semaine, ou deux elle ne sait pas, mais ça ne fait pas longtemps en tout cas. Alors elle parle un peu à ses camarades, ceux de sa classe un peu étonnés de voir une si petite fille en septième année. Elle a quelques relations, mais rien d'encore très poussé. Alors oui, elle se sent un peu seule à Aisling, notamment car elle n'a encore personne à aimer très fort.

Une petite goutte de pluie s'écrase sur son nez. Elle referme sa petite montre à gousset et la glisse sous sa robe avant de se lever lentement. Elle n'a pas envie d'abîmer son casque et son lecteur de musique non plus à cause de l'eau. Elle se met à marcher vers les dortoirs, d'abord lentement, puis accélérant peu à peu. La pluie commence à se faire régulière, encore légère mais plus pour longtemps. Et la fillette n'a pas envie de finir trempée, elle n'a pas envie d'attraper un rhume ou une quelconque maladie parfaitement bénigne mais pourtant contraignante. Alors elle accélère le pas pour arriver avant que la pluie ne se fasse drue et insistante. Elle accélère et passe à temps la porte d'entrée des dortoirs, juste mouillée et quelques mèches de ses cheveux rebiquant sur sa tête. Penchée en avant, elle a pu suffisamment protéger ses petits appareils numériques. Arrivée devant l'escalier du dortoir des filles, elle soupire. Elle ne s'est pas encore faite à monter ces sept étages. Alors elle monte, lentement, elle monte les marches une par une. Au moins celles-là sont sans vie et pleines d'innocence, aucune ne la fera trébucher. Son esprit rêvasse tandis qu'elle accumule les pas machinalement sans plus y penser, son casque et son baladeur contre le ventre.

Un son soudain la fige. Un bruit de morceaux de verre se cognant entre eux. Ses yeux parcourent le couloir à sa droite : la seconde porte à gauche est entrouverte. Curieuse, elle tend l'oreille mais n'entend pas grand chose. Seulement un son qui ressemble à un soupir, mais il est est si faible et diffus qu'elle n'en est guère sûre. Sinon, c'est le silence le plus total. Alors l'enfant quitte l'escalier et commence à parcourir le couloir, mue par la curiosité. Arrivée à la hauteur de la porte, elle place un œil juste derrière le battant et jette un regard à l'intérieur de la pièce. Il n'y a pas qu'un bout de verre dans cette pièce mais de nombreux morceaux, les plus gros rappelant une bouteille en verre, sans doute d'alcool, violemment projetée contre le mur. Sinon il n'y a personne. Comme ce n'est pas bien poli de regarder ainsi, et que la fillette ne veut pas avoir d'ennui, elle penser à se détourner. Mais un détail attire son regard, une main gauche, paume ornée de lignes blanches vers le ciel, qui repose sur le sol sans le moindre mouvement. Fronçant les sourcils, elle pousse un peu la porte et passe la tête dans la chambre. La main est reliée par un bras à une jeune fille rousse inconsciente contre le mur. L'enfant l'a tout juste aperçue une fois dans les couloirs en sortant de cours, portant de longs gants délicats sur ses deux bras malgré la chaleur estivale de ce jour-là. Ne sont-ce pas des cicatrices sur cette main ? Si tel est le cas, on comprend mieux la présence de ces gants. Dans une telle position, difficile de penser que cette personne s'est sereinement assoupie, bien au contraire.
Vient maintenant l'instant de la réaction. L'enfant peut décider d'aller chercher quelqu'un pour aider cette personne par exemple. Mais avant... Elle rentre donc complètement dans la pièce et, sans la moindre hésitation, après avoir déposé à côté d'elle son baladeur et son casque, prend le pouls de la jeune fille inconsciente. Elle passe ses mains devant sa bouche pour sentir son souffle qui semble régulier, une main contre les soulèvements réguliers de son ventre le confirmant. Il n'y a nulle goutte du liquide impur à la couleur affolante, mais la trace d'une salive pas encore sèche ainsi que, peut-être, celui du contenu peu glorieux de ses narines qui se serait déversé sur ses lèvres et ses joues en se mélangeant à la salive. On sent aussi une forte odeur d'alcool ; la bouteille a dû être intégralement vidée avant d'embrasser le mur.
Et c'est tout. C'est tout ce que l'enfant peut constater, nullement experte dans l'observation ou les premiers soins. Elle ne voit pas que la jeune fille inconsciente a pleuré, ses yeux sont fermés et les indices trop discrets pour qu'elle les remarque. Elle ne voit pas grand chose, mais au moins ce n'est pas alarmant. Peut-être cette personne est-elle bien en train de dormir alors. Alors, du doigt, elle parcourt une des cicatrices de sa paume gauche. La main droite en possède quelques unes semblables. Robin la saisit doucement et le retourne pour constater que la paume est striée de marques plus ou moins épaisses. L'une d'elle remonte presque jusqu'au poignet et sa vue fait frissonner Robin qui repose délicatement la main paume vers le ciel pour cacher de ses yeux ce spectacle de la souffrance. Elle sait bien qu'aussi fort pourrait être sa peine, elle ne serait jamais capable de se faire cela. Elle n'en serait jamais capable, condamnée à vivre absurdement. Alors elle se demande s'il ne faut pas un minimum de force pour s'abîmer ainsi l'épiderme et trancher quelques veines malgré la douleur. Ou bien peut-être devenir fou de détresse. Elle n'en sait rien. Même folle de détresse elle ne serait pas capable d'une telle chose, trop faible pour. Elle frissonne à la simple image de l'inconnue devant elle en train de se mutiler une main avec un des nombreux bouts de verre éparpillés sur le sol, hors de sa portée. Elle fixe la gauche, celle qu'elle n'a pas retournée, celle d'où dépasse, elle ne l'avait pas vu, un petit filet de sang. Robin s'empresse de prendre un mouchoir en papier et de l'essuyer, fermant la bouche et coupant sa respiration.

L'enfant alors baisse le regard vers son baladeur de musique. Elle veut réveiller la jeune fille pour s'assurer que tout va bien, se dit-elle. Peut-être a-t-elle d'autres motifs en tête, mais elle les ignore. Alors elle allume son lecteur de musique. Elle est un peu lente avec les boutons, un peu maladroite avec son casque neuf. Elle est plus habituée à écouter la musique dans sa chambre, sur ses jolies enceintes de qualité. Elle n'aime pas trop ce casque qui lui appuie sur les oreilles quand elle le garde trop longtemps, mais c'est toutefois une belle invention pour avoir la musique partout avec elle, même si quelquefois elle n'en a même pas besoin. Quelquefois, la musique reste dans sa tête même quand toute source de mélodie est éteinte. Quelquefois, la musique est plus forte que le silence ou le bruit de la ville, plus forte que le travail du jour et le sommeil de la nuit. Quelquefois, la musique est plus forte que les sourires ou que les larmes. Elle peut griser un cœur heureux ou recolorer un malheureux. Et ce soir peut-être, la musique sera plus forte que la détresse de cette jeune fille. Juste un peu, juste pour un instant. Juste assez pour lui ouvrir les yeux, juste assez pour les faire briller furtivement. Peut-être, peut-être. Robin espère. Elle hésite parmi toutes ses musiques, prendre un classique ou quelque chose de plus récent ? Elle réfléchit à ce qu'elle espère pourvoir donner, et une musique lui vient en tête. Alors qu'elle se met à la chercher, une autre encore meilleure lui vient. Elle sourit, appuie plus fébrillement et fait une fausse manipulation. La situation est cocasse : une adolescente inconsciente contre un mur, sentant fort l'alcool, aux mains décousues et au visage désapé malgré l'inconscience ; et à côté, une petite fille qui en est presque à sautiller en pianotant son lecteur de musique. La situation est plutôt cocasse, en effet. Puis la petite fille brandit presque le casque et se penche pour le mettre sur les oreilles de la jeune fille, repoussant délicatement sa chevelure d'un roux vif et prenant soin de bien l'installer sur ses lobes de sorte de ne pas les abîmer. Alors elle se rassoit sur ses talons, mêlant ses mains et entremêlant ses doigts, juste l'espace d'un instant, avant de les détâcher pour aller chercher une ses mains de l'adolescente, la droite, celle qui n'a pas été malmenée ce soir, et la serrer en douceur entre les siennes.

Et si elle n'aime pas ce type de musique ? Robin n'y a même pas songé.







Dernière édition par Robin De Luca le Ven 31 Aoû - 14:35, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
▬▬▬▬▬▬▬
Weather Time
[ f a i l u r e ] • Robin Rangelem
Weather Time

Messages : 908
Date d'inscription : 16/03/2011
Age : 32


It's a kind of magic.
Age du personnage : 16 ans
Nationalité: Anglaise
Relationship:

[ f a i l u r e ] • Robin Vide
MessageSujet: Re: [ f a i l u r e ] • Robin   [ f a i l u r e ] • Robin Icon_minitimeVen 10 Fév - 2:08


n . i . g . h . t . m . a . r . e






[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Des songes... Tous plus sombres les uns que les autres. Des ombres apparaissent puis disparaissent. Certaines sont familières... trop familières. Ton visage te démange. Tu grattes la couche sèche qui recouvre ta peau. Tu contemples les miettes pourpres logés sous tes ongles. Du sang... C'était donc ça. Des larmes de sang. C'est ton corps, qui pleure ainsi ? Les ombres. Il y a toujours les ombres. Elles ne te laisseront pas les oublier. Ne te regarde plus, regarde les. Regarde les créatures. Celle-ci n'a pas de visage. Celle-là non plus. Et là-bas, dans le coin... une qui n'a que ça. Un visage qui se frotte désespérément contre un pan de mur. Que cherche-t-il à faire ? Les autres marchent autour de toi, indifférents à ta présence. Tu n'as rien à faire là. Et ce morceau de mur, seul limite physique de cette étendue infinie. Tu t'approches. Tu ne devrais pas. Le visage émet un râle mais ses lèvres sont closes. Ce sont... ses yeux. Ses yeux se plissent en cadence avec les variations du son. Tu es si près, tu pourrais bientôt le toucher, presque... Mais alors que tu tends la main, sa bouche s'entrouvre finalement et un épais liquide jaunâtre en découle. Ta main recule... La viscosité atteint le sol et s'étend en flaque toujours plus vaste. La bouche a un sursaut, s'ouvre davantage, et la flaque approche dangereusement tes souliers vernis. Tes souliers de petite fille. De petite Alice. Prudente, tu t'esquives. Le jaune semble te poursuivre. La bouche s'ouvre alors en grand et une vague aux relents âcres foncent sur toi. Tu cours, à présent. Le souffle te manque, et tu manques tordre une de tes jolies chevilles. Elle danse une courbure traître mais ta jambe tient bon et tu accélères. Tu jettes un œil par dessus ton épaule. Le visage et son mur sont hors de portée de ta vue, mais la vague gagne du terrain. Les ombres autours ne s'en préoccupent guère. Tu fuis seule. Mais que fuis-tu, au juste ? Tu pourrais aussi bien t'arrêter, te laisser salir, te laisser couler, te laisser mourir. Tu pourrais bien arrêter de courir. Qui commande à ces jambes frêles, à ces chevilles fragiles, à ces pieds fatigués ? Tu ne voudrais plus courir, mais la peur te tire, t'arrache à cette issue probable, à cette fin possible. Tu cherches toujours une sortie. Oui, ce qu'il te faudrait, c'est une porte. Nouveau coup d’œil en arrière, et le retour vers l'avant s'accompagne de l'apparition d'une issue. Une porte simple, sans fioritures, juste là, juste comme ça, qui flotte dans la plus grande indifférence. Tout est indifférent à tout, ici. Personne ne te voit, mais toi tu vois tout. Est-ce que cette vague te voit ? Est-ce que cette porte te voit ? Il faut bien qu'elles soient conscientes de ta présence, pour se la disputer ainsi. Si la porte te happe, la vague aura perdue. Si la vague t'engloutit, la porte ne pourra gagner. Tu n'en sortirais pas. Quelque soit l'issue, elle sera définitive. La poignée est au bout de tes doigts. Tu la tourne, entre, et t'adosse violemment au battant pour te préserver de la déferlante. Le salue.
[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Dans un soupire de soulagement, tu observes finalement ce qui t'entoure. Un sol carrelé de blanc, des colonnes grecques, un plafond ouvert sur une coupole en verre qui inonde de lumière tout l'espace. Des treilles ornées de lierre, des oiseaux qui volettent ici et là. Tous d'un bleu extraordinairement vif. Comme dans un rêve... Tu veux un toucher un, mais à ton contact, il pousse un cri strident, s'enflamme et disparaît. Aussitôt, tous les autres subissent le même sort : la clarté bienveillante est remplacée par les flammes rougeoyantes de centaines de combustions. Le bleu devient rouge, le rouge devient néant. Le lierre se dessèche, se racorni, blesse les treilles par sa rugosité soudaine. La faïence au sol se fissure, le plafond se craquelle, la coupole s'ébrèche. Les colonnes sont bientôt lézardés de microfailles fatales... Puis tout s'arrête. Le temps se suspend. L'air lui-même semble vicié, chargé de toxines qu'aucun courant n'emporte.
[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Tu esquisses un pas dans ce décor apocalyptique. Tu te places sous la coupole, écarte les bras, tournes sur toi-même. Tu tournes et tournes encore, mais tes mouvements ne semblent pas pouvoir déplacer l'air d'une lourdeur incomparable. Non loin, un point d'eau croupie gît. Tu pourrais certainement t'y rafraîchir, mais une voix t'arrête.
▬ Soit la bienvenue, Weather Heather Feather Time. Ou peut-être devrais-je dire...
▬ STOP.
▬ … Mist ?
[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Elle se retourne, faisant face à son interlocuteur. C'est une petite créature. Comme un diablotin. Mais il porte un masque. Un masque qui ressemble étrangement au visage inséparable de son mur... Mais sur ce masque, rien ne bouge. Ni les yeux, ni la bouche. Ce n'est finalement qu'un masque. Son chapeau haut de forme est presque aussi grand que lui et ses gants blancs caressent amoureusement le pommeau cuivré d'une petite canne de bois précieux. Bien que son masque ne laisse paraître aucune émotion, sa posture et sa voix laisse entendre un intérêt poli. Il semble interloqué par l'interruption de la jeune fille.
▬ De quoi pouvais-tu bien craindre que je parle... Oh, de « ça », peut-être.
[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Ricanement menaçant.
▬ Je vous ai dit d'arrêter. Je ne veux pas...
▬ Pas quoi... savoir ? C'est vrai, voyons voyons, tu as « oublié », après tout. Cependant, es-tu sûre de ne pas vouloir te souvenir ?
[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Weather grimace.
▬ Certaine.
▬ Veux-tu te débarrasser de tout ça ? De ta mémoire ? De ton cerveau ? Voyons voyons, une petite fille sans cerveau, aussi petit soit-il... c'est laid, après tout.
▬ Ce n'est pas ce que j'ai-
▬ La laideur est dans l'ignorance, n'est-il pas ? Et les démons alors, les démons ? Et la voix, elle va disparaître seule, peut-être ? Tu ne veux plus la faire taire ?
▬ Non, mais pas comme ça, pas...
▬ Olala, voyons voyons, c'est tout ou rien, petite fille ! Pas de cerveau pas de voix, pas de voix pas de peur, pas de lutte, pas de domination... Rien, rien de tout ça, après tout !
▬ C'est... je peux me battre seule ! J'ai toujours réussi, jusque là j'ai toujours-
▬ Voyons voyons, tu trouves que c'est une vie, ça ? « Je peux me battre seule », écoutez comme elle est vaillante, la petite fille ! Ah ! Risible, tellement risible, après tout...
▬ Ne te moque pas ! Je t'interdis ! Je n'ai pas besoin de toi. Je n'ai besoin de personne...
▬ Oh, elle aime la solitude, alors. Mais même la solitude ne l'aime pas, cette vilaine petite fille. A moitié laide avec son demi-cerveau. Tout couper ! Il faut tout couper ! Voyons voyons, il faut savoir se montrer raisonnable, après tout.
▬ Laisse moi, tu ne me connais pas !
▬ Je ne te connais pas... ? Mais où crois-tu que l'on soit ? Et qui crois-tu que je sois ?
▬ Je... je ne suis pas sûre...
▬ Cherche bien et tu trouveras... Weather Ô Weather.
[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5La voix. C'était elle qui martelait son crâne. C'était elle qui l'incitait au pire, l'invitait au meilleur.
▬ Alors c'était toi, depuis le début... C'est toi ! Tout est de ta faute ! Tout ! Tu es à l'origine de tout.
▬ Que tu crois, Weather Ô Weather.
▬ Va-t-en ! Je... je veux partir !
▬ Eh bien, claque des talons, Dorothée ! Retrouve le lapin blanc, Alice ! Accepte la pomme, Blacnhe-Neige ! Saute à bas de ta tour, Rapunzel ! Frotte plus fort, Cendrillon ! Que le parquet dissout t'enveloppe d'une cave austère, ta demeure la dernière, cet écrin géant cercueil d'une belle enfant, hélas ! puisque tu le désir si ardemment...
▬ Arrêtes ça, tu es fou... Tu me fais trop de mal...
▬ Je suis fou ? Je te fais du mal ? Tu te parles d'une bien étrange manière. Tu te crois si importante, à mettre tant de distance ? Même toi tu ne peux t'approcher. Tu t'écartes de tout ce que tu représentes. Mais tu ne te changeras pas ainsi. Ne te fuis pas, Weather Ô Weather, ne te fuis plus !
▬ Tais toi...
▬ Regardes bien en face, regardes tout ce que je suis, regardes tout ce que tu es, regardes tout ce que nous sommes, que tu, que tu, que tu sommes et sommeil en toi... ça, ça, CA-
▬ CA FAIT MAL !
▬ … C'est ça qui est bien. Tu le sais aussi bien. Et pourquoi, pourquoi aimes tu autant souffrir ? Qu'est-ce qui est si bon ? Que fuis-tu ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
▬ PARCE QUE C'EST LE MOINS PIRE !


...

[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Brutal. Le réveil. Brutal. Ses yeux s'écarquillent plus qu'ils ne s'ouvrent. Une mélodie au piano hante son esprit traumatisé, une entrave enserre son crâne. Elle arrache le casque de ses oreilles, bascule en avant, échappe au sol de justesse par deux mains farouches mal raccordées à des bras vacillants. Est-ce vraiment son corps ? La question secoue jusqu'à ses entrailles et elle vomi une petite flaque puante entre ses deux mains dont les ongles tentent de pénétrer le bois du parquet, comme des ancres chercheraient un point d'attache. Elle tousse, s'essuie la bouche avec un poignet tandis que l'autre vacille et manque de la laisser choir dans sa bile. Mais dans un sursaut trop violent, elle se propulse en arrière et sa tête heurte le mur.

▬ Aïe...

[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Des larmes se forment au coin de ses yeux. Ca fait mal. Dehors et dedans. Ca fait mal partout. Ca fait mal. Elle se sent bête. Si bête. Trop bête. Elle ne pourrait pas faire pire. Ni se sentir plus mal. Quoi que...

▬ Tu es... qui ?

[ f a i l u r e ] • Robin 2duyvt5Le regard douloureux, elle a finalement remarqué qu'elle n'était pas seule. Finalement, ça pouvait être pire. Il pouvait y avoir eu... un témoin.

Revenir en haut Aller en bas
▬▬▬▬▬▬▬
Robin De Luca
[ f a i l u r e ] • Robin Rangpsy
Robin De Luca

Messages : 39
Date d'inscription : 18/04/2011
Age : 31


[ f a i l u r e ] • Robin Vide
MessageSujet: Re: [ f a i l u r e ] • Robin   [ f a i l u r e ] • Robin Icon_minitimeSam 1 Sep - 1:24

Même cassé, le verre brille tout doucement.

Je veux me cacher comme un atome
Où sera mon royaume

Des larmes comme un acide
Dévorent son visage de petite fille

Au loin, trop haute est la montagne
Trop froide est l'eau pour la baignade

Goutte de pluie dans l'océan
Seraient tous les mots
Tous inutiles tous importants
Goutte de pluie dans l'océan

Goutte de Pluie - RoBERT








Robin, depuis toujours, a voulu s'adapter. Peut-être car son petit corps est fragile, peut-être car sa vie était un peu différente, peut-être car la tristesse des autres ne lui fait pas peur, pas vraiment, pas comme il faudrait. Depuis toujours, elle a voulu se lier d'amitié avec ses camarades, mais cela ne marche plus toujours, plus vraiment. Alors que les gens grandissent, elle a décidé de rester jeune, innocente et ignorante. Elle a décidé de rêver de faucons, de lapins blancs et de renards apprivoisés. Elle a décidé de rêver que les arbres l'observent et lui parlent, que ses cheveux qui frisent à la moindre humidité râlent quand l'eau pèsent sur eux. Elle court dans la cour et tourne jusqu'au tournis, les bras tendus, les pupilles bleues lancées dans le ciel. Mais quand la pluie lui tombe sur la tête, alourdit ses cheveux qui râlent, trempe ses vêtements qui se plissent et glacent ses pieds qui tremblent, elle éternue aussitôt, elle frissonne, elle a froid, elle est malade, elle est blessée. Elle doit se réfugier, se mettre au chaud, se blottir sous une couette ou dans des bras, et elle ferme les yeux. Elle doit se reposer. Cicatriser ses blessures. Guérir ses maladies. Alors elle rêve, encore, elle rêve, toujours, dans une fine pellicule de brouillard qui rend les formes plus vagues, si bien qu'elle peut les modifier tout à loisir et imaginer tout ce qu'elle veut.
Robin, depuis toujours, a voulu s'adapter aux gens sans s'adapter au monde. Alors que les fleurs sentent le pétrole et la vanille l'odeur de fauve, elle ferme les sens à l'environnement et sourit aux gens qui se présentent devant elle. Elle les observe d'un regard tendre et tente de les consoler de leurs petits soucis à défaut de s'occuper des siens un peu plus problématiques. Un peu plus, pas beaucoup, pas tellement, pas vraiment en fait. Et elle ne veut pas pleurer de ses petites peines, son papa qui l'a délaissée, sa maman qui ne l'a jamais acceptée – si, mais pas celle-là, une autre, un peu folle, un peu fragile, un peu artiste, un peu sourire – ses amis qui l'ont oubliée et ceux – tellement plus nombreux – qu'elle a oubliés, Aisling qu'elle ne connaît pas, Nadechiko la gentille infirmière qui est partie peu après son arrivée, ses petites frayeurs vis-à-vis de certaines personnes trop violentes, d'autres qui veulent porter atteinte à sa pureté si précieuse – papa croit qu'elle l'a perdue mais elle ne comprend pas pourquoi il pense ainsi car papa se trompe – et d'autres petits soucis de tous les jours auxquels elle ne pense pas vraiment car cela n'est pas utile de se lamenter sur soi-même. Non, c'est seulement égoïste et, surtout, cela fait mal, très mal, et elle veut pouvoir sourire.

Alors elle sourit à cette demoiselle en face d'elle, elle sourit à son visage délavé, à ses coins de lèvres maculés de taches presque transparentes, elle sourit à ses paupières closes par le chagrin, et à ses petites joues encore rondes par une adolescence en cours. Elle sourit, tout en serrant sa main droite dans les siennes, doucement, tendrement. Réveille-toi, jeune fille, réveille-toi. Laisse-toi vivifier par le piano, nourris-toi de son énergie, de la douceur de sa joie. Émerge lentement du brouillard du sommeil malheureux et ouvre les yeux vers la lumière. Telles sont ses pensées lorsque les paupières vibrent. Elle se penche, il lui semble voir des mouvements derrière, mais elle ne sait pas, elle n'est pas sûre... Réveille-toi, jeune fille, viens avec moi, je suis là pour toi, pour te réconforter, pour te sourire, adoucir tes peines et attendrir ton visage. Allez, réveille-toi, mais pas brusquement, surtout, pas brusquement...
Elle trésaille lorsque les yeux s'ouvrent soudain tout grand, augmentant tout brièvement la pression de ses mains sur la sienne qui lui échappe aussitôt après. La jeune fille arrache le casque de ses oreilles comme on se défait d'un bâillon serré et elle le jette presque à terre, à côté d'elle. L'inquiétude vis-à-vis de son casque neuf la traverse à peine, plutôt intriguée et soucieuse de l'état de la demoiselle qui lui fait face sans la voir. Non, elle bascule en avant comme une poupée désarticulée, se retenant sur ses bras pour ne pas se tordre en avant. Mais elle tousse, elle s'essuie, elle se rejette en arrière. Robin tend les bras puis arrête son mouvement, hésitante, un peu secouée par la succession rapide des expressions douloureuses de la fille en face d'elle. Finalement, elle prend son casque et le range dans sa petite sacoche tandis qu'elle entend enfin une question adressée directement à elle par l'adolescente. Levant les yeux, elle lui offre aussitôt un grand sourire tout en refermant son sac avant de le pousser un peu en arrière. À genoux, elle se penche en avant et dépose ses deux mains en avant pour se soulever et s'avancer d'une petite dizaine de centimètres dans un balancement léger. Une fois fait, elle repose ses fesses sur ses talons et ses mains sur ses genoux avant de pencher légèrement la tête sur le côté dans un sourire.
Je m'appelle Robin. Et toi ?
Petite voix douce et teintée d'innocence. Elle tend le bras pour ramener la sacoche à elle et sort un paquet de mouchoirs. Le geste suivant est prévisible : le bras tendu, la main qui tient un de ses petits papiers couleur nacrée soulevant une agréable odeur de mouchoir doux pour les peaux fragiles, elle lui sourit encore et l'invite à s'essuyer pleinement le visage avec autre chose que sa manche salie par un mouvement trop répété et peu efficace. La jeune fille a l'air d'avoir peur, de ne pas souhaiter sa présence, alors Robin est douce et ne se presse pas, elle ne l'oppresse pas, du moins elle fait tout pour.

Car elle ne veut pas faire du mal à la demoiselle, elle ne veut pas la brusquer, elle ne veut pas la faire reculer voire la faire fuir. Elle veut juste se rapprocher d'elle, tout doucement. Elle veut la mettre en confiance, peut-être lui tendre une oreille et la faire un peu parler si cela peut la soulager, sinon lui parler de musique, de jolies fées ou des belles lueurs que le verre, même brisé, peut refléter. Elle veut voir la souffrance s'atténuer dans son regard et un sourire éclairer son visage. Ce serait un si beau cadeau... Elle se demande déjà si l'adolescente aime bien les câlins ou si les contacts la rebutent. Dans l'immédiat, elle ne veut pas prendre le risque. Même si elle aime les câlins, elle pourrait la repousser. Elle semble trop troublée, bouleversée, encore peu consciente de son environnement et à peine de la personne qu'elle découvre installée à genoux tout près d'elle en train de lui tendre un mouchoir. C'est ainsi qu'elle se soucie des autres, Robin, en cherchant un signe positif d'eux, quelque chose dont elle pourrait profiter après avoir offert tout son soutien, car Robin se sent seule, souvent, et lorsqu'elle n'arrive plus à rêver cela lui pèse, juste là, dans la poitrine, un petit peu... Comme un petit poids installé confortablement dans la cage thoracique, oppressant le cœur contre les barreaux, ce cœur qui voudrait bien avoir la place d'aimer. Robin veut juste un peu de compagnie, et peut-être que cette compagnie-là pourrait apprécier la sienne, et peut-être qu'elle pourrait lui sourire, la laisser prendre doucement ses mains sans faire attention aux cicatrices qu'elle cacher, ou bien accepter qu'elle lui tende ses gants, qu'elle lui embrasse le front en fermant les yeux pour inspirer l'odeur de sa peau, même si celle-ci est moite. Robin pense à tout cela, toutes ses petites marques d'affection qu'elle voudrait offrir à quelqu'un, toutes ses petites marques d'amour qu'elle voudrait recevoir en retour, jusqu'à ce qu'elle soit rassasiée et partir en paix avec toujours ce même sourire.

Mais ici, Robin est encore un peu nouvelle, un peu invisible. Elle a des amis mais ils ne sont pas très amis avec elle, pas vraiment, pas encore. Il faut un peu plus de temps et de choses partagées, des petites bêtises, des petits dessins, des petits oiseaux mal faits en papier, des petites fleurs, des petites roulades dans l'herbe qui lui gratte la peau moins d'une heure plus tard. Robin est un peu perdue, elle cherche encore des gens pour la serrer dans leurs bras, des enfants pour faire de même, d'autres pour courir avec eux jusqu'à sentir son petit cœur exploser dans sa poitrine exiguë et encombrée par ce petit poids qui sourit derrière les barreaux. Il est bien ici, dans cette cage qui contient tout ce dont il a besoin, tout ce dont il peut se nourrir. Oui, il est bien ce petit poids.

Robin voudrait bien que la jeune fille soit bien, aussi, avec elle. Elle voudrait bien, encore. Et elle y repense jusqu'à ce qu'elle puisse peut-être enfin entendre son prénom, jusqu'à ce qu'elle puisse sentir ses doigts tirer sur le mouchoir et peut-être effleurer les siens au passage, jusqu'à ce qu'elle puisse percevoir sa jolie voix, voir une petite lueur de vie dans ce regard trop terne. Elle veut la serrer fort dans ses bras.

Revenir en haut Aller en bas
▬▬▬▬▬▬▬
Contenu sponsorisé



[ f a i l u r e ] • Robin Vide
MessageSujet: Re: [ f a i l u r e ] • Robin   [ f a i l u r e ] • Robin Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

[ f a i l u r e ] • Robin

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: « CAMPUS. :: « Dortoirs. :: « Girls just wanna have fun.-
Créer un forum | ©phpBB | Forum gratuit d'entraide | Signaler un abus | Forum gratuit