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 When I'm falling down, will you pick me up again? |Lakhdar|

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Edward A. Hopekins
When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Rangpsy
Edward A. Hopekins

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When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Vide
MessageSujet: When I'm falling down, will you pick me up again? |Lakhdar|   When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Icon_minitimeMar 28 Aoû - 3:57

When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Tumblr_m4t9669PN91r2kmljo1_500

« And now that I'm sitting here thinking it through
I've never been anywhere cold as you »


« Edward ?.... »

La chambre d’Edward n’avait pas changé depuis son emménagement, deux ans auparavant. Toujours ces mêmes grandes étagères bondées de livres. Ces grandes armoires abritant des costumes, des chemises, chaussures et pulls valant une fortune. Dans la chambre d’Edward, on y respire une odeur de savoir, de grandeur, un respect pour la connaissance, on y respire les pages d’anciens ouvrages conservés avec le plus grand soin. On y respire la propreté, on y respire la noblesse. La chambre d’Edward est facilement reconnaissable entre toutes, car elle est à l’image de son propriétaire. Aussi carrée et rangée, à l’allure sévère, qui vous parait non-accueillante et glaciale tandis qu’elle regorge de richesses et de savoirs méconnus de la population Aislingienne. Il faut juste entrer dedans, ce que peu de gens ont le courage de faire.

Sur le palier, la poignée de la porte entre les mains, Nathan Strauss soupira. Il adorait la chambre d’Edward. C’était un moyen de pénétrer dans les pensées de son propriétaire, d’accéder à ce que les autres ne pouvaient pas. Personne n’entrait dans la chambre d’Edward. C’était un privilège d’y avoir accès aussi facilement, et le cadet Strauss en était conscient. Cependant, aujourd’hui, il ne venait rien admirer. Il venait simplement tenter de tirer son ami du lit. Son ami qui ressemblait depuis quelques temps à une loque. L’ombre de lui-même. Tombé depuis sa hauteur inaccessible au genre humain dans les bas-fonds de la déprime, recroquevillé dans son lit, sur le côté, dos à la porte, les mains sur ses tibias repliés contre sa poitrine comme un fœtus dans le ventre de sa mère. Un génie possédant déjà trente ans d’âge mental réduit à l’état primitif. Edward Alexandre Hopekins n’était plus rien. L’être hautain qui avait un jour peuplé Aisling de sa démarche droite et de son regard perpétuellement méprisant n’était plus qu’un tas sur un lit. Un tas qui ne dormait pas, un tas qui ne se nourrissait que du minima imposé par Nathan. Un tas qui ne réagit même pas à la présence de l’ELEM dans sa chambre. Peu de temps auparavant, il aurait fait remarquer avec agacement qu’on n’entre pas dans sa chambre sans frapper à la porte et entendre le « entrez ».

Nathan Strauss regrettait amèrement cette époque.

« Edward… Tu devrais sortir un peu. J’te promets qu’ça te fera du bien. Tu manques aux gens. Bon, ok, pas beaucoup, mais… » Il rit. C’était un rire affreusement triste et amer. « Tu pourrais venir manger avec Lily et moi c’soir. Tu lui manques, elle sait pas avec qui elle peut discuter de Platon maintenant, haha. »

Ce rire se heurta au silence déprimant qui emplissait la pièce. Nathan redevint vite sérieux. Sa proposition ne trouva aucun écho. Edward ne bougea pas d’un seul millimètre, pas même pour se retourner et lui dire bonjour. La gorge du cadet Strauss se noua. Il fut tenté d’envoyer un sms à Lily pour annuler, afin de rester avec Edward, s’allonger sur le lit et l’enlacer toute la nuit pour montrer qu’il n’était pas seul. Qui sait, cela l’apaiserait peut-être assez pour qu’il s’endorme quelques heures ?

« Je ne veux pas te voir, Nathan. Sors. » La voix rauque, murmurante d’Edward cingla l’air, et acheva Nathan qui avait fait un pas à l’intérieur de la chambre. Ce dernier accusa le coup, soupira, pu regarda le dos de son ami. « D’accord. Essaie d’manger un morceau. Et dors… Je repasserai tout à l’heure. » Il n’eut en réponse que le silence. Alors, résolu, il ferma la porte, et maudit Lakhdar-Khaled Kharmaz sur tout le chemin du retour.

La nuit. Ecrasante de vérité. Edward avait dû se lever pour allumer la lumière dès qu’il avait vu le soleil décliner. Il ne s’était pas recouché. Cela faisait des heures qu’il scrutait d’un regard morne et absent le mur de sa chambre, assis en tailleur sur son lit. Des frissons le parcouraient, de temps en temps, quand il osait regarder par la fenêtre, simplement pour y découvrir l’obscurité. Ses yeux, grands ouverts, sous lesquels s’entassaient les poches de cernes. Encore en dessous, ses joues pâles où l’on pouvait voir sous un certain angle les sillons de ses dernières larmes silencieuses, celles qu’il ne prenait pas la peine d’essuyer. Ses pensées n’étaient que des morceaux entassés les uns sur les autres, sans aucune cohérence ou autre lien logique. Et toujours ce nom. Lakhdar. Encore et toujours, qui revenait. La cause de tout. L’homme dont il était malheureusement et exécrablement fou amoureux. Le professeur qui lui avait mis deux râteaux deux soirées d’affilée après avoir failli commettre l’irréparable. Edward pouvait encore s’en souvenir, de ses mains se baladant sur son corps, de ses lèvres sur les siennes, de son torse nu… Cela le rendait complètement dingue. Fou de tristesse, rempli de rage, de regrets, au bord du laisser-aller total.
Edward n’en pouvait plus. Edward pleurait tous les jours, dans sa chambre, Edward se tapait crises de nerfs sur crises de nerf quand il sentait l’obscurité envahir son esprit, quand il ne se sentait plus capable de la moindre réflexion. Beaucoup de gens ici avaient souhaité le voir un jour se remettre en question. Certains partiellement, d’autres totalement. Ceci en était le résultat. De longs jours et d’interminables nuits à chercher une solution au problème qui n’en était pas un. Edward, toujours à penser que la vie se règle comme on lui a appris.

Tout ça pour quoi ? Un enseignant. Un prof. Un mec qu’il avait pris pour un homme de ménage le jour de son arrivée. Une personne sans intérêt. Quelqu’un qui n’a pas le dixième de son savoir, le quinzième de sa culture littéraire. Un prolétaire parmi les autres. Une personne qui ne mérite pas autant de larmes versées, une personne qui ne mérite que le dédain et la haine. Alors pourquoi ?

Edward sentit les larmes pointer à nouveau à la pensée de son professeur, et son cœur s’accélérer. Une chaleur douce le prendre dans la cage thoracique mêlée à la plus lancinante des douleurs. « Ce ne sera jamais vrai. Lakhdar n’est pas amoureux de toi, Ed. Il ne le sera jamais. Arrête, arrête. Arrête de te faire du mal. Pense comme Lucas. Pense que Kharmaz n’est qu’un connard. Qu’il ne mérité rien d’autre que ton mépris. C’est tout ce que tu sais donner aux gens, Ed. C’est tout ce qu’ils voient. Même lui, il ne connait rien d’autre de toi que ça. Laisse tomber. Arrête ce massacre. Redeviens celui que tu étais. Sois la fierté de ta famille, de la noblesse. Venge-toi. »

Edward se leva brutalement, essuya le coin de ses yeux d’un geste rageur, prit le pull de Nathan et sortir sans plus attendre. Il était en chaussettes, vêtu d’un simple jean et d’un tee-shirt gris, par-dessus lequel il enfila le sweat noir aux motifs bleutés que le cadet Strauss lui avait offert pour son premier anniversaire à Aisling. Un objet considéré comme étant des plus précieux avec cette édition très ancienne de Les Misérables offerte par un inconnu le même jour. Edward ne s’arrêta pas. Il ne pensait plus correctement. L’épuisement et la rage avaient eu raison de sa personne. Il ne s’immobilisa qu’une fois arrivé devant la porte de la chambre de Kharmaz. Il n’avait aucune idée de l’heure qu’il était. Il s’en moquait éperdument. Et sans plus attendre, il toqua, fort, de manière à ce que la personne qu’il désirait tant voir puisse lui ouvrir.

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Lakhdar-Khaled Kharmaz
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Lakhdar-Khaled Kharmaz

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MessageSujet: Re: When I'm falling down, will you pick me up again? |Lakhdar|   When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Icon_minitimeMar 28 Aoû - 14:21

When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Captur11
I won't back down.

C’était une putain de journée comme les autres. Vide. Froide. Cruelle. Inattentive du monde et de moi même. Un long voyage dans un brouillard poisseux, sale, dégueulasse. C’était comme avancer au milieu d’une marre de chewim-gum. Une volonté forcée de tirer vers l’avant et qui se rabattait sans cesse vers l’arrière. Un pas vers le futur et douze vers le passé. L’instant présent m’échappait complétement. Je me fichais de mes cours, je me fichais de mes classes, quand même je tâchais vainement d’y trouver un plaisir qui m’aurait faire sortir de cette torpeur flegmatique, mais le cœur n’était pas là.

Une journée comme ça, où on est un peu lassé de tout.

Ca m’arrivait souvent, ces derniers temps. Quelque chose de malsain flottait constamment dans l’air autours de moi, comme pour me rappeler que j’asseyais tant bien que mal d’échapper à une situation qui ne me convenait pas du tout. Départager la raison des sentiments. Même ça, je ne pouvais pas comprendre. C’était un déni amer, ferme et certain qui ne souffrirait aucune remise en question. Edward occupait parfois mes pensées. Je lui avais fait du mal, certes, mais c’était un adolescent et il trouverait sans aucun doute le moyen de s’en remettre. Il le devait.

Et pourtant. Ce genre d’histoire ne m’était pas inconnue. J’en avais déjà vécu une ou deux dans le passé sans que ça grossisse à ce point. J’avais l’impression d’avoir manqué le moment où il fallait appliquer la médecine sur une bactérie un peu coriace qui s’était alors mise à grossir, grossir, grossir jusqu’à en devenir obèse. Et c’était alors trop tard. Alors je m’interrogeais, face à la fenêtre, une cigarette coincée aux coins des lèvres. Oui, j’avais de l’attirance pour Edward Hopekins. Qui n’en aurait pas ? Son regard était électrique. Ses gestes maniaques avec une couleur de perfection. Et quelque chose de mystérieux, un réel défi à l’humanité, une anormalité de la nature qu’on pouvait briser aussi facilement qu’une coquille de noix.

Que je pouvais briser.

Y avait il quelque chose au delà de la tension sexuelle ? J’en doutais. Et il n’était pas question pour moi de reposer un seul doigt sur lui. Mes erreurs étaient bien assez conséquentes. Alors comment ? Peut être aurais je du lui en parler. Peut être aurais je du lui imposer le problème frontalement. Lui expliquer que s’il me faisait envie cela n’irait certainement jamais plus loin et que franchir le pas seraient une destruction et pour lui, et pour moi. Notre relation devait vivre sans où elle n’existerait pas du tout. Parce qu’il me faisait certes envie mais que tout cela était impossible.

Absurde effleura mon esprit tandis que les ombres se découpaient dans le clair obscur d’une nuit d’encre. Ca me donnait envie de sortir, de courir au travers des arbres jusqu’à ne plus sentir mes muscles, sous la lune en croissant qui disparaissait convulsivement sous une chape de nuage trop lourde. Tout cela n’était pas absurde, non. Edward était sans doute animé du sentiment le plus pur qu’il m’ai été donné de voir et l’assumait très mal. Je comprenais que rien n’était normal pour lui dans tout ce qui lui était arrivé. Quelques mois plus tôt son éducation même l’empêcher totalement d’envisager que deux hommes puissent envisager de coucher ensembles. Ce n’était même pas de l’homophobie. Pour lui ce n’était tout simplement pas possible. Et je ne comprenais pas comment son père, sa mère, sa famille, avait pu à ce point le conditionner. C’était triste.

Et peut être que ça aussi, ça me poussait vers lui. Cette instabilité sociale, cette différence horriblement marquée. Edward était différent des autres. Edward était comme un petit garçon malade dont il faut prendre soin et expliquer les choses à longueur de journées. Buté. Mais il tentait de comprendre parfois, ça se sentait. Peut être cela le plongeait il dans un profond désespoir, par moment, de toujours fixer ce mur gigantesque sans jamais être capable d’en discerner la limite. Je désirais ardemment lui fournir les outils pour creuser un trou au creux de ce béton immonde de l’humanité mais il ne m’était plus permis de m’en soucier.

Plus jamais je ne devais être ambiguë avec Edward Hopekins.

Un grand coup agita la porte. Sans quitter la fenêtre des yeux, j’écrasais la cigarette dans un cendrier et me résolu avec un soupir à aller ouvrir. De la visite ne me ferait sans doute pas de mal, je cogitais beaucoup trop. Il ne me vint pas à l’esprit que ce put être quelqu’un d’autre que quelqu’un que j’avais envie de voir.

Edward se découpait contre la lumière aigue du couloir. La pénombre était omniprésente près de la porte, j’avais laissé deux lampes allumées auprès du canapé et je discernais mal son expression mais sa simple présence n’augurait rien de bon. Encore une discussion ? J’en étais fatigué.

Je m’étais promis d’être franc.

-… Tu devrais retourner dans ta chambre. »

Plus jamais.



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Edward A. Hopekins
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MessageSujet: Re: When I'm falling down, will you pick me up again? |Lakhdar|   When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Icon_minitimeMar 28 Aoû - 16:16

When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Tumblr_m4t9669PN91r2kmljo1_500

« One minute I held the key
Next the walls were closed on me
And I discovered that my castles stand
Upon pillars of salt and pillars of sand »


Cela faisait combien de temps qu’il ne l’avait pas vu ? Combien de temps qu’il n’était pas venu en cours d’histoire ? Parfois, Nathan débarquait le matin, le tirait de sa torpeur, lui jetait des fringues à la figure et lui ordonnait de bouger son cul jusqu’à la salle de classe la plus proche immédiatement. C’était peu commun, mais efficace, car Edward obéissait. Mais Edward n’allait jamais en cours d’histoire. Il avait atrocement peur. Peur de fondre en larmes devant son professeur, terrifié d’être paralysé devant son être, de baisser les yeux, la tête, de s’incliner comme jamais il ne l’avait fait. Edward vivait dans ce dégout constant de ce qu’il était devenu. Faible. Imbécile. Une honte pour la famille. Une honte pour ce qu’on lui avait enseigné avec tant de force. Edward ne se sentait plus à sa place, nulle part. Rejeté de ce qu’il avait appris, rejeté de ce qu’il tentait de comprendre, rejeté de la personne dont il était fou amoureux. Seul, atrocement seul dans son monde qui se décomposait lentement, qui devenait un désert de sentiments détruits, d’émotions laissées à l’abandon, de larmes.

Désespoir. Rage. Tristesse. Colère. Fatigue. Tous ses sentiments qui habitaient Edward, qui passaient à travers ses pupilles glaciales pour venir heurter Kharmaz. Sauf qu’il ne les voyait pas. Il ne voulait pas les voir. Lui, il s’en foutait. Tu aurais pu être en train de crever de malheur au fond d’un caniveau par sa faute, Edward, son expression totalement indifférente en te voyant si démuni face à lui n’aurait pas changé. Tu n’étais rien, strictement rien à ses yeux. Peut-être un gamin. Un gamin niais, amoureux, un garçon cloitré dans son mépris qui essayait désespérément de se rattacher à quelqu’un. Une amourette. Tu allais t’en remettre, Edward.

A cet instant. A l’instant où les mots de Kharmaz claquèrent dans l’air, Edward le haït de tout son cœur. Ce même cœur qui venait d’être transpercé par la plus froide lame d’indifférence, de dédain.

« Il en est hors de question, Kharmaz. »


Féroce. Agressif. Rempli de mépris et de haine. Voilà ce que contenait la réponse d’Edward, arrachée avec un grincement de dents et un regard rancunier, dénudée de toute politesse et réflexion. Ce n’était plus l’esprit qui parlait. L’esprit lui était gémissant, se tordant dans la douleur de ne plus comprendre, de ne plus savoir penser. C’était le cœur, le cœur lanciné et arraché, le cœur plongé dans le désespoir, le cœur noyé dans l’abîme de la peur.
Kharmaz était la peur. Le même Kharmaz qui se tenait sur le palier, une odeur de cigarette fraichement consommée l’entourant. La même tenue de corps, les mêmes habits. Rien n’avait changé chez lui, maintenant qu’Edward le scrutait. Toujours aussi beau, attirant. Le même visage durci par les années, la cicatrice sur l’œil, les cheveux rouges lui donnant ce côté désinvolte et immature. Edward se souvenait. Cet homme, le corps sur le sien, le renversant doucement sur le canapé de la boite de nuit, l’embrassant, parcourant son corps de ses grandes mains. Edward se rappelait de son odeur, de la forme de ses clavicules, du dos qu’il avait lui-même hanté, de cette chemise déboutonnée trop vite, de cette chaine en or qui avait glissé entre ses doigts fins. Edward se remémorait ce baiser totalement électrique, cette poussée de chaleur à l’intérieur de son corps, l’envie de le coller au sien, toujours plus, de se sentir proche, happé par lui jusqu’à ce qu’il le consume entièrement.

L’incompréhension. La claque. Le néant. Et la rage qui s’installait au creux de son ventre, l’animait de ce besoin irrépressible de lui faire payer. Tout était de sa faute. Sans lui, il ne serait pas en train de pleurer. Sans lui, il ne se sentirait pas aussi misérable. Réduit à l’état d’un enfant. L’enfant qui avait peur du noir. L’enfant qui avait peur de chaque craquement. Il n’en pouvait plus. Tout se mélangeait dans son esprit. Il dévisageait Kharmaz. Il n’hésitait pas plus. La rage et la tristesse avaient totalement pris le contrôle de son être, balayant d’un coup de bourrasque le peu de raison et de fierté qu’il avait tenté de conserver sous les pleurs et les gémissements nocturnes.

Tout ça, Edward, c’était de sa faute. A cet être immonde qui te détruisait complètement.
Bordel, il n’avait jamais été aussi beau, éclairé à contrejour par les deux lampes de sa chambre. Ton cœur était sur le point d’exploser dans ta poitrine. Tu n’en pouvais plus. Tu l’aimais beaucoup trop. Il était ton univers. Tu lui laissais faire tout et n’importe quoi de ton être. Tu aimais Lakhdar-Khaled Kharmaz si fort que tu sentais ton être entier se déchirer sous son regard. Toi qui n’avais jamais laissé une paire d’yeux t’atteindre.

« Je ne partirai pas tant que je n’aurais pas obtenu ce que je suis venu chercher. » Tu grondais, presque. Menaçant. Le dévisageant avec haine. Forçant ton regard à rester sur son visage. Non, tu ne baisserais pas les yeux, Edward. Tu t’apprêtais à commettre l’irréparable. Tu t’en moquais. Tu ne pensais plus. « Je vous ordonne, pour commencer, de ponctuer chacune de vos phrases par « Je te prie de m’excuser Edward, tout est de ma faute. Je réclame ton pardon à tes genoux. » »

Et Edward n’avait jamais eu l’air aussi sérieux que pendant l’activation de son don. Et cela n’était que le début. Le début de la fin pour l’adolescent mis au pied du mur, laissé à son désespoir absurde.
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Lakhdar-Khaled Kharmaz
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MessageSujet: Re: When I'm falling down, will you pick me up again? |Lakhdar|   When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Icon_minitimeMer 29 Aoû - 1:04

When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Captur11
I won't back down.

- Nous sommes aujourd’hui réunis pour rendre hommage à une personne haute en couleur qui nous a été cher à tous. »

C’était les premiers mots. Et ils se perdirent dans le silence. Une rangée de chaise, un assortiment de fleurs, et l’épanchement de la douleur. C’était tout. A la fois c’était énorme, à la fois ce n’était rien. Pour Lakhdar, c’était comme la fin de sa vie. Il avait le sentiment de vivre ses dernières minutes, plongé dans un rêve suffoquant. Hébété depuis des jours. Au delà de toute réalité. Il nageait dans un rêve, absent de tout, loin de tous, et lorsqu’il ouvrait les yeux, il ne voyait autours de lui qu’un paysage trouble, effervescente mixture de souffrance et de douleur repentante. Une fois ou deux, en s’éveillant brutalement, lorsque les souvenirs affluaient d’un coup, il avait dû se lever vivement pour aller vomir.

On lui avait arraché une partie de lui. Une énorme partie de lui. Si importante que l’amputation ne pouvait pas exister sans dommages. Alors Lakhdar saignait abondement sur l’éventail de ses souvenirs. Lorsqu’il était seul, de temps à autres, il pleurait comme un enfant, à genoux contre le lit quasi nuptiale et tenait entre ses mains un vêtement encore imprégné de son odeur. La nuit, il s’endormait avec le levée du soleil, le combiné du vieux téléphone contre l’oreille, écoutant inlassablement ces messages qu’il lui avait laissé et ce répondeur glacial, à nouveau, pour entendre une fois encore le son de sa voix.

S’avait été les pires jours de sa vie. Il s’était replongé dans un passé avec une douleur décuplée par l’attente et l’inacceptation totale de ce qui n’était plus une éventualité. Il l’avait regardé dépérir, il lui avait tenu la main jusqu’au bout. Il lui avait murmuré son amour sans savoir comment lui donner plus, en estimant que ce n’était jamais assez. Il lui semblait ne pas avoir été assez présent pourtant il n’avait pas raté ni un jour ni une nuit à ses côtés. Et lorsque son souffle s’était lentement effacé pour bientôt n’être plus qu’un long silence paisible, il lui parlait encore au creux de lui l’oreille en lui répétant inlassablement que où qu’il aille, il serait là.

A présent, il fixait ce large cercueil tapissé d’un magnifique satin, ces fleurs odoriférantes à l’aspect anodin, et il trouvait tout cela absurde. En quoi cela pouvait il guérir sa blessure ? Elle s’était déjà gangrénée et ne se refermerait jamais. Il fixait le cercueil, les yeux si secs qu’ils le brûlaient amèrement, et il se tournait vers la fille, et il disait : « Ils ne peuvent pas le laisser la dedans. Il a tellement peur du noir. »

Elle lui prenait la main comme à un grand père qu’elle aurait beaucoup aimé et lui adressait un sourire très doux. Alors il reprenait un peu de courage, et sans comprendre que la vie puisse être assez cruel pour qu’on lui ai enlevé cet homme, il se levait posément, se dirigeait vers le pupitre, sans cérémonie, simplement avec un naturel qui trahissait toute la cruauté de ce qu’il était en train de vivre. Il posa un œil sur l’assemblé. Dans son dos, il sentait sa présence. Il l’aurait senti où qu’il soit. Il était bien plus qu’une part de lui.

Un mince sourire teinté de douleur et les yeux qui ne rient plus.

- Notre histoire a presque vingt cinq ans. Ca a commencé très tôt, puis on s’est séparé. Ce n’était pas possible, pour diverses raisons. Il à rencontré Lise, et j’ai fais ma vie pendant quinze. Je pensais ne jamais le revoir et l’oublier complétement et puis un jour, par hasard, j’ai fais la connaissance de ses enfants qui m’ont conduit à lui. Nous pensions qu’il serait possible d’entretenir une relation amicale. Finalement nous nous sommes mariés. Je ne regrette presque rien. Sans cette séparation, Edward n’aurait jamais eu ses enfants qui sont aussi chers à mon cœur que toutes ces années que nous avons passé ensembles. » Pleins d’aplomb.. Il ravale ses larmes comme un soldat. « Ce que je regrette… C’est d’avoir dû attendre sa mort pour accepter que j’ai passé quinze ans à l’aimer sans le voir. Maintenant j’en suis certain, et c’est trop tard pour rattraper le temps perdu. Croyez moi, dix années sont beaucoup trop courtes pour toute la passion que nous gardions l’un pour l’autre. » Un souvenir, à présent, et c’est sans doute la partie la plus douloureuse, alors il sourit, hoche la tête, et son publique sourit avec lui. Il ouvre la bouche, amorce quelque chose, mais il est incapable de parler de lui vivant, d’eux. Il ne peut pas, pas encore. Alors il quitte l’estrade, se glisse derrière le rideau, s’assoit sur le canapé et fond en larmes.


***


Je le dévisage sans savoir quoi dire ni quoi faire. Il est là, planté comme un piquet, de larges cernes sous ses yeux trop bleus. Il me fixe, il ne bougera pas et je n’ose pas lui fermer la porte au nez, pour une raison qui m’échappe. Peut être ce regard braqué sur moi, peut être ces mains tremblantes, peut être l’intensité de ce qui émane de lui, ce trop pleins de douleur, qui se mue en une haine déchirante qui me transperce brutalement. Elle me pointe du doigt, moi et mes fautes. Il a raison de me haïr, je ne lui en tiens pas rigueur. Il a raison. Ca me fait mal, parce que je l’apprécie malgré tout. J’ai du respect pour lui, malgré tout. J’aurais aimé m’accorder le droit de l’aider à grandir, malgré tout. Et il est là, avec ses yeux pleins de rage, de frustration, d’amour, de haine, de haine, de haine, et encore, et toujours.

« Je ne partirai pas tant que je n’aurais pas obtenu ce que je suis venu chercher. »


Et que veut-il, avec son air impérieux et sa voix brisée par trop de larmes ? Je fronce les sourcils, pince les lèvres. Lentement, je recule vers la chambre, avec un bref soupire, comme pour tenter de le chasser plus vite. Je ne veux pas qu’il reste planter là, parce qu’il n’aura jamais ce qu’il est venu chercher, et qu’il le sait pertinemment. Edward est un chevalier lancé dans une quête à l’aboutissement improbable. Il sait qu’il reviendra bredouille au palais du Roi et qu’il n’aura que ses yeux pour pleurer. Il le sait. Alors pourquoi s’obstine t-il ?

Je ne peux décemment plus rien pour lui.

- Il faudrait… »

Je commence ma phrase. Il faudrait que nous cessions définitivement de nous voir, toi et moi. Notre relation a eu suffisamment d’ambiguïté, maintenant il faut passer à autre chose. Il me coupe brutalement comme si je n’existais plus. Pendant un bref instant, il me rappelle ces chasseurs endurcis qui bravent le froid, ce type que j’avais rencontré à Detroit et qui avait dans l’épaule trois cicatrices laissaient par des balles, ce prisonnier à perpétuité qu’étais mon père et qui me fixait dans les yeux en me disant « fils, voilà ce que je veux de toi » avant de mourir. Et pendant un bref instant, j’eu peur de lui comme s’il eu incarné une autorité supérieure.

Son ordre claque et je le dévisage. Je manque d’exploser de rire, alors que ça n’a rien de drôle. Un rire froid. Un rire dégoûté. C’est trop facile.

- Retourne dans ta chambre, Edward. Ca suffit. » c’est un ton sans appel. Exactement le ton que je voulais.

Et le don se déclenche, vicieux. Je n’y croyais pas, en réalité.

- Je te prie de m’excuser Edward, tout est de ma faute. Je réclame ton pardon à tes genoux. » Je le dévisage et la rage se compose sur mon visage. Je voudrais lui hurler de sortir mais je sais que si je parle à nouveau, mon autorité sera sapée par ses désirs.

Et cette fichue porte que je n’ose toujours pas lui claquer au nez.




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Edward A. Hopekins
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MessageSujet: Re: When I'm falling down, will you pick me up again? |Lakhdar|   When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Icon_minitimeMer 29 Aoû - 11:38

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« This life of solitude
I guess that I'm out the door
And now I'm done with you. »


Aujourd’hui, je vais enterrer mon père.

Ces derniers jours ont été les pires de ma maigre vie d’adolescent. Du haut de mes dix-sept printemps, je contemple à présent le monde avec une amertume sans bornes. J’en ai vécu, pourtant. J’ai vu le divorce de mes parents. J’ai vu ce que je croyais l’amour de ma vie me planter pour partir avec une conne. Ces choses-là, parfois, je croyais ne jamais m’en remettre. Mais ils étaient toujours présents pour me soutenir. Papa et Lakhdar. Alors je m’en suis remis, à chaque fois. J’ai affronté la vie. Ce n’était pas si compliqué. Un peu de courage, on respire, on expire, et on avance.

Je sais que je n’avancerai plus avant longtemps, parce qu’il n’est plus là.

J’ai toujours tenté de ressembler à mon père. De tenter de l’imiter. C’était mon modèle. Non, c’était mon Dieu. Une religion entière centrée autour de lui, de cette perfection à laquelle je vouais un véritable culte. Mon père était parfait. Je cassais les couilles des gens, tout le temps, en l’affirmant. Mes rares amis de primaire et de collège me croyaient, et s’étalaient d’un silence respectueux pendant que je racontais à quel point il était formidable dans sa vie. Et puis, il y avait Lakhdar. Lakhdar qui haïssait que je me compare à lui. Lakhdar que je comprends parfaitement à présent. J’étais quelqu’un de normal. Mon père ne l’avait jamais été. Je ne pouvais espérer un jour lui ressembler pour cette simple raison. J’essayais. Avec mon petit copain, je m’étais cru au retour de ce qu’ils avaient vécu au lycée. Souvent je m’essayais à ressentir la même chose que mon père. C’était à la fois totalement inconscient et d’une forte volonté de pouvoir m’élever un jour à son niveau. Lakhdar m’a engueulé, plusieurs fois, réellement, en m’assénant que mon père n’était pas aussi parfait que je le pensais et que c’était exécrable de dire que je voulais la même vie que lui.

J’ai dû attendre sa mort pour comprendre pourquoi. Pour comprendre à quel point sa vie avait été pourrie. Pour comprendre que j’avais surement passé ces dix-sept années à l’insulter et le blesser sans qu’il ne puisse jamais m’ordonner d’arrêter mon petit manège. Une courte vie de souffrance et d’incompréhension dans un monde qui ne l’acceptait plus, parce qu’il s’y était engagé bien trop tard. Et où les meilleures années de sa vie avaient été plus courtes que les années à supporter l’exécrable intolérance et l’éducation inhumaine de parents cherchant à modeler un enfant exclusivement selon leurs désirs.

Je n’avais jamais vu Lakhdar pleurer. Peut-être une ou deux fois lorsque j’étais enfant, et que je lui parlais des problèmes de mon père en le considérant comme un confident. C’est ce qu’est Lakhdar pour moi. Mon meilleur ami, une sorte de deuxième père, quelqu’un qui est toujours fort pour les autres. Ces derniers jours, j’avais tout simplement vu le pilier de notre maison s’écraser contre le col. Anna tentait de prendre sa place, mais elle était aussi ravagée par la tristesse de voir cet homme au bord du gouffre, effondré, comme si on venait de lui arracher une partie de son cœur. Moi, au fond, je ne suis pas comme papa. Je ne suis pas comme Lakhdar, ni comme maman, ni comme Anna. J’essaie de contenir mes émotions, mais je suis trop sensible, et je finis par exploser en larmes à chaque fois. Et il suffisait de voir Lakhdar pleurer la disparition de son mari pour me faire éclater en sanglots sans pouvoir m’arrêter, continuant même quand mon beau-père avait séché les siennes.

« …Mon père… » Je ne peux pas. Je sens sa présence, derrière moi, encore. Je ne peux pas dire ça. Je sais que Lakhdar peut m’entendre. Je regarde Anna. Elle me sourit avec une tristesse infinie pour m’encourager. Elle a deux ans de moins que moi. « … J’ai toujours voulu ressembler à mon père. Vous savez, c’était un peu comme une montagne. J’avais toujours l’impression qu’il était au-dessus de moi, et qu’il fallait m’améliorer pour la grimper et la rejoindre. Puis, j’ai compris que ce n’était pas une impression quand j’ai rencontré Lakhdar. Qu’il était bien au-dessus de moi, comme au-dessus de tous les autres. Ça m’a rendu triste. Mais j’ai continué. » Une légère pause. Je sens les larmes dans mes yeux, je baisse légèrement le regard. Je tombe sur celui d’oncle Nathan. « Je sais…que mon père n’a pas eu la vie qu’il méritait. Il a perdu trop de temps à suivre un parcours qu’on lui avait prédestiné au lieu de se concentrer sur ce qu’il aimait vraiment. Peut-être que nous ne serions pas nés, Anna et moi. Mais… » Je sanglote doucement. Je ne tiendrai pas mon pari. « …Mais pour toutes ces années où il a souffert silencieusement… j’aurais aimé qu’il passe plus de temps avec celui qu’il aimait. » Et je fonds en larmes devant l’assemblée entière. Je sens quelqu’un m’attraper par les épaules, me serrer doucement contre lui, m’attirer hors de la vue des autres. Et moi je me souviens, je me souviens de quelque chose que mon père a un jour partagé avec moi. L’unique souvenir d’Aisling dont il m’a fait part sur toute cette part de sa vie dont il ne voulait pas parler. Je sens sa peine. Je pleure encore.


Haine. Souffrance.
Edward entra dans la pièce dès qu’il en vit l’ouverture. Kharmaz s’était reculé. De rage, de peur, d’abandon, il n’en savait rien et il s’en moquait éperdument. L’adolescent ferma silencieusement la porte sans cesser de la dévisager de son regard transperçant. Ses yeux perforaient Lakhdar avec toute la haine et la vengeance possible. Edward était désespéré, complètement désespéré. Il avait pété un plomb. Il ne pensait plus. Pas un instant dans son existence n’avait-il imaginé faire subir cela à son professeur. S’il retrouvait ses esprits dans l’immédiat, il aurait le visage défiguré par la terreur, bredouillant un simple pardon rempli de larmes amères de regret, et il partirait en courant sans plus attendre avec comme objectif de ne jamais revoir son professeur.

Edward n’écoutait pas. Le visage déformé par la souffrance, la terreur, les yeux trop secs d’avoir pleuré des nuits entières, ses traits fatigués et crispés au possible, ses dents serrées qui grincent de haine, son corps tendu, comme s’il était prêt à frapper. Edward n’entendait pas. Le monde lui semblait étrangement lointain. Même Lakhdar était loin. Encore plus loin que d’habitude. Un nouveau mur, un autre fossé, et l’histoire se répète encore et toujours. Le ton fermé de son professeur heurta ses oreilles. La colère surgit sur son visage, il se prépara à répliquer avec acidité. Puis il entendit ces mots. Ses mots. Cela l’apaisa, inconsciemment. Il se détendit légèrement. Il sentit à nouveau les larmes poindre dans ses yeux. Une lutte vaine. Une quête insensée pour un but qu’il n’aurait jamais. L’amour de Lakhdar-Khaled Kharmaz. Autant aller faire la manche et crever au fond d’un caniveau, plutôt. Pendant un instant, le temps sembla se suspendre aux yeux de l’adolescent qui prenait conscience de l’invraisemblance de ce qu’il demandait.

Ce fut le visage rempli de rage de Kharmaz, son expression troublée et colérique qui le rappela immédiatement.

L’Echec. Edward était un échec à cause de Kharmaz. Edward avait échoué une première fois dans la vie par sa faute, et il ne s’en remettait pas. Edward entendait la voix forte de son père lui hurler à quel point il était misérable. Un trait fugace de peur intense passant dans ses yeux bleus tandis qu’il fixait Kharmaz. Un appel à l’aide. Un appel à le sortir de ses souvenirs douloureux, de la rage incontrôlée de son géniteur qui allait encore sévir. Il serait enfermé, dans le noir.

« Vous ne savez rien, Kharmaz. » Une voix secouée de tremblements de haine. « Vous osez parler sans savoir. Vous ne comprenez rien. Vous essayez d’imaginer, peut-être. Arrêtez tout de suite. » Brutal. Suintant la rage. « Vous n’êtes rien, bordel. Rien du tout. Pour qui vous prenez vous pour oser m’infliger cela ? »

Tremblant de rage, il savait que son interrogation ne ferait face qu’au vide. Kharmaz n’allait pas répondre, car ce dernier ne voulait pas à nouveau avoir à reprendre la phrase de Hopekins. Une phrase qui ne suffisait pas à calmer sa colère, il le savait. Il lui fallait plus, bien plus, encore plus. Alors, Edward ferma le verrou de la porte et s’avança, menaçant, vers son professeur. Un seul pas réduisant la distance entre eux.

« Je vous déteste. Je vous déteste. » Il le répétait. Il tentait de se convaincre alors que la seule vue de cet homme faisait battre son cœur comme un fou. Le regard qui ne quittait pas Kharmaz, qui le transperçait de toute part. La douleur accrue de prononcer ses mots qu’il ne pensait pas un seul instant. « Dites-le. Dites que vous ne vouliez pas me renvoyer dans ma chambre. Dites que vous n’êtes qu’un ignare. Dites que vous m’êtes bien trop inférieur pour avoir le droit de m’infliger cela, Kharmaz. »

La cruauté presque naissante dans ses pupilles bleutées. Edward n’en avait pas fini. Il savait exactement ce qu’il lui restait à lui faire dire.
Le souvenir de cette nuit à jamais ancrée dans son esprit.
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Lakhdar-Khaled Kharmaz
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MessageSujet: Re: When I'm falling down, will you pick me up again? |Lakhdar|   When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Icon_minitimeDim 2 Sep - 1:03

When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Captur11
I won't back down.

Deux gouffres de haine et de frustration, armées comme deux mitraillettes et le doigté tendu au bout de la gâchette du désespoir. Et moi, je le dévisage du fond de la crevasse béante qu’il trace sous mes pieds, par surprise. Je le dévisage et il me rend mon regard et je suis gelé sur place. Je discerne près de lui un rocher monstrueux qu’il laisse dégringoler le long de la paroi. Le rocher crée une cave et m’emprisonne contre la roche asphyxiante. Je ne sais comment sortir de là. Je hurle mais rien ne sort de ma gorge étouffée des miasmes du granit qui me déchire les reins et la chaire. Du haut du gouffre, j’entends un rire cruel et je comprend que sa vengeance prend racine dans cette torture permanente qui ne prendra fin qu’à la mort.

J’ai entrevue cela lorsqu’Edward me dévisageait devant cette porte absurde, sur ce palier absurde, dans cette école absurde. Je crois avoir réalisé ce qu’il avait subit par ma faute les dernières semaines. Tellement choqué de toute cette douleur, suintante, que je n’ai pu que reculer pour lui laisser le passage. Le sang était glacé dans mes veines, comme si je venais d’assister à nouveau à quelque chose de tragique et grave, quelque chose d’inattendu et malsain que je n’aurais jamais soupçonné. C’était une énorme claque que me donnaient ces deux yeux glacés, froids, magnifiques.

Les mots fusent au travers de la pièce et je regrette amèrement cette hypocrisie extirpée de mon âme à force de manipulation. Je hais subitement ce don que je n’avais jamais soupçonné jusqu’alors, en connaissant l’existence mais estimant que jamais je n’aurais à en faire l’essai. Une honte, remugle de mes erreurs, me frappe à la poitrine. Je veux répliquer à son ton sans appel qui me trouble comme si j’en souffrais profondément dans ma chaire. Je ne comprends pas. Tout semble prendre une proportion gigantesque autours de moi. Une cage d’acier surgit du sol, une dame de fer, je ne sais plus.

Je n’ose pas répliquer de peur que cette foutue phrase, ces foutus mots ne traversent encore ma gorge, partis de je ne sais où, pour franchir sournoisement le barrage de mes lèvres et rompre encore cette ambiance étouffante, effrayante, qu’Edward Hopekins est en train de créer. C’est quelque chose de glauque et de malsain que je ne saurais définir. Ca me fait presque peur. Je le regarde se mouvoir, à la fois furieux, blessé et fébrile, comme si je m’attendais à le voir d’un instant à l’autre sauter par la fenêtre.

Et la fureur, ce sentiment d’injustice qui brûle de rétablir une vérité piétinée sans merci. Dois-je sans cesse être blâmé pour mes choix quand j’essais de faire au mieux ? Suis je a jamais condamné à une errance emplie de culpabilité, lorsque les fantômes de mon passé viendront à nouveau me visiter pour me dire que j’ai encore, encore et toujours tout fait foiré ? Que tout est de ma faute, continuellement. Kader. Alek. Spark. Oliwia. Lisa. … Edward. Je sert les dents.

- TOI pour qui te prends tu !? Je me suis mis à ta place. Je ne peux pas imaginer ce que tu vis. Comment pourrais-je. Arrête de me demander d’être toi, de te plaindre, de te comprendre, je fais ce que je peux mais ça n’est pas POSSIBLE même si je le voulais ce n’est PAS POSSIBLE ! » Je crois que j’ai peur de quelque chose que je n’arrive pas à comprendre. La fatigue, le débarquement subit d’Edward. Son état et son âme ravagé, les mots qu’il me jettent au visage, sa haine, sa haine, toujours sa haine, la sienne et celle de ceux qui m’en veulent de lui faire du mal. Oui. Moi aussi, j’ai des états d’âme. Et alors ? Que suis je censé faire ? Coucher avec lui ? Pour aller où ? J’en ai subitement plus qu’assez qu’on me reproche une conduite que toute la société considère comme la meilleure. Il a mal. Moi aussi.

Je n’ai pas à me laisser écraser par ses sentiments. Moi aussi, j’en ai surmonté, des déprimes. Des dépressions, même. J’étais plus jeune, et pour des raisons plus dures. Je trouve ses mots injustes, tellement injustes.

Je ne me fiche pas de te faire du mal, Edward. Je n’en dors pas. Que veux tu que je fasse ?

Je vous déteste. Ca fait mal. Je vous déteste. Ce n’est qu’un élève, Lakhdar. J’avais fantasmé une relation qui éclorait sur quelque chose. Une bienveillance partagée. Je voulais l’aider. Je voulais le sortir de là. Je voulais le comprendre. Comme j’ai voulu comprendre Alek et Spark. Mais ils étaient de ma trempe, eux. Edward est un étranger. Et peut être a-t-il raison. Peut être que je ne peux rien pour lui.

Je vous déteste. C’est dur, dans sa bouche.

- Je te pris de m’excuser, Edward. Tout est de ma faute, je réclame ton pardon à tes genoux, MERDE ! » Un grand coup sur la table et cette porte inutilement clause, l’obscurité dehors et les ombres dedans et cette douleur lancinante qu’Edward crée autours de lui, ce piège sombre qui pue le renfermé et la moisissure et moi qui ne sais comment me sortir de là. Où est ma carapace, où ais je laissé tombé mon armure ? « Arrête, Edward ! Tu vas le regretter. Tu sais que tu vas le regretter. Ne fais pas ça. Ca n’a pas de sens je… Je ne voulais pas te renvoyer dans ta chambre. Je ne suis qu’un ignare. Je suis bien trop inférieur pour avoir le droit de t’infliger cela. Arrête… » Ca sonne comme une supplique. Je ne peux me résoudre à faire un geste dans sa direction.

J’ai presque envie de pleurer.
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Edward A. Hopekins
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MessageSujet: Re: When I'm falling down, will you pick me up again? |Lakhdar|   When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Icon_minitimeDim 2 Sep - 11:08

When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Tumblr_m4tofreJt41qhcp3eo1_400

« Just stay where you are
Let your fear subside
Just stay where you are
If there's nothing too high. »


Le contrôle. Le pouvoir. Edward le tenait, au creux de ses mains. Une existence passée à dominer ce qu’on lui donnait, à lui insuffler l’envie de pouvoir, de contrôler sur les esprits inférieurs. Une vie complète qui se donne devant ses yeux. La force de faire céder les autres avec les mots, avec le savoir. Un gouffre de souvenirs qui resurgit alors, qui engloutit l’adolescent jusque dans les confins de sa mémoire. Sa foutue mémoire, cette petite catin qui se charge avec joie de garder absolument tout. A quarante ans, Edward pourra encore avec certitude rejouer la scène qui se déroule sous ses yeux. Il verra Kharmaz, impuissant, suppliant presque à ses genoux comme il lui fait dire. Un air presque apeuré sur le visage, le questionnement dans ses yeux. Oui, vous avez fait ça. Vous avez créé ce monstre terrifié et désespéré par cette vie qu’il exclue de ses pensées car elle ne convient pas à ce qu’on lui prédisait. Vous l’avez poussé à la haine, à la rage et à la colère alors qu’il était doté de l’esprit le plus pur et le plus honnête de l’établissement. C’est de votre faute Kharmaz, toujours de votre faute, et vous n’avez rien pour vous racheter. Inclinez-vous devant lui. Suppliez-le de mettre un terme à votre calvaire. Au fond, cela ne changera rien. Il est détruit.

En fait, vous n’y êtes pour rien. Ce qu’est Edward Alexandre Hopekins est le résultat d’une vie menée à croire que le monde lui était dû, où il est persuadé d’être une entité supérieure aux autres. C’est à présent le cas. Ou du moins, si Edward n’est pas supérieur, il est complètement à part dans son existence dans laquelle il n’est qu’un petit enfant traumatisé. Les souvenirs encore et toujours de cette nuit. La peur, la haine, la rage, ces sentiments qu’il a vu naitre dans ses instants, petit animal désespéré tapi au fond d’une cave attendant sa sentence avec un effroi que personne dans ce monde ne peut imaginer. Il est devenu fou. Une haine féroce contre ceux qui osaient lui faire subir de tels dommages, une rage contre lui-même de ne pas être assez intelligent comme l’aimerait surement son père pour avoir pu s’échapper, une peur pour sa vie. Et l’attente, l’attente insoutenable qui l’asphyxie, petit être recroquevillé sur lui-même, qui ferme les yeux pour ne pas voir le noir. Le noir. Le noir.

Kharmaz n’a pas créé un monstre. La folie d’Edward tapie au fond de son être, cet élan de désespoir qui lui faisait totalement perdre l’esprit, existait déjà de cette nuit. Kharmaz a juste éteint l’interrupteur. Il était assez puissant pour le faire. Il était bien plus puissant que les autres. Au regard d’Edward, Kharmaz est au-dessus, sans être au même niveau que lui. Il l’aime. Il le rend complètement dingue. Il lui a laissé montrer assez de faiblesses pour que l’adulte puisse éteindre la lumière de son esprit. Et après des jours entiers de peur, comme cette nuit passée à craindre, des sentiments plus forts resurgissent de ses entrailles.
Mais cette fois, Edward contrôle la situation. Il en sourirait presque, cruel, si son visage n’était pas autant déformé par le désespoir qui prend encore toute la place de son cœur. Ce n’est pas assez. Kharmaz ne subit pas assez. Il doit le supplier à genoux. Il ne s’arrêtera pas tant qu’il n’aura pas eu ce plaisir. Une sorte de rancœur cachée au plus profond pour cette nuit où il aurait aimé leur faire subir le même sort. Et il les voit. Il les voit à la place de Kharmaz. Ils vont mourir. Vous n’aviez pas le droit. Pas le droit. Pas le droit… Qu’est-ce que vous m’avez fait ?

Que quelqu’un l’aide. Il fait trop noir, dans ce trou.

« TAISEZ-VOUS ! » Il a hurlé. Il ne veut plus entendre Kharmaz. Cela le rend trop faible. Cela le fait vaciller. Il recule, se détache, une peur soudaine dans son ventre. Ses dents se serrent. Non, il doit se venger. Pour tout le mal qu’ils ont fait. « C’est de votre faute ! De votre faute ! VOUS ENTENDEZ ? DE VOTRE FAUTE ! »

Il est tremblant, tout tremblotant de rage, et de peine. Car il sait que ce ne sont pas ces pourritures qu’il a en face de lui. C’est juste Kharmaz. Juste le professeur dont il est éperdument amoureux, cet homme qui le fixe sans comprendre ce qu’il lui arrive. Personne ne sait. Kharmaz. Il l’aime. Il aimerait lui dire, encore une fois. Les mots restent coincés dans sa gorge. A la place, c’est un sanglot. Edward le fixe, et il pleure. Il passe une main devant sa bouche pour contenir le flot d’angoisse qui le prend aux tripes, essaie de rattraper ses larmes fugaces qui sont déjà sur ses joues. Mais il ne baisse pas les yeux, il continue de fixer Kharmaz dans cet immense désespoir, en se rendant compte qu’il ne pourra jamais leur faire payer, à eux, de l’avoir mis dans cet état.

Il se recule, encore, jusqu’à ce que son dos vienne se plaquer contre le mur de la chambre. Il ne sait plus quoi faire. Il entend les mots, les doux mots qu’il aime faire répéter à Kharmaz. Cela n’atténue pas la douleur, cela ne le rend pas plus fort. Ce pouvoir n’est rien. Au fond, il n’entend même plus Kharmaz. La porte se referme, l’obscurité grandit, son esprit s’envole. Il essaie vainement de se raccrocher à la voix presque suppliante de son professeur pour sortir d’ici. Il n’y arrive pas.

« S’il vous plait…Laissez-moi sortir… »
Une voix brisée par les larmes qui continuent de s’épancher sur ses joues, chuchotant. Il veut sortir d’ici. Il ne veut plus du noir omniprésent. Il confond son esprit et la réalité. Il ne veut pas être enfermé. Il regarde Kharmaz, complètement désespéré, apeuré, se recroqueville sur lui-même sans y prêter attention. Le fixe. Demande à l’aide. « Dites-moi… » Les « arrête » de son professeur presque à genoux l’ont fait vaciller. Il en est hors de question. C’est sa porte de sortie. Une dernière tentative pour échapper à l’obscurité. Il fronce les sourcils, prend une voix plus assurée. La sentence tombe. « Dites-moi que vous m’aimez, Kharmaz. »

Ils ont éteint la lumière.
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Lakhdar-Khaled Kharmaz
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MessageSujet: Re: When I'm falling down, will you pick me up again? |Lakhdar|   When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Icon_minitimeSam 22 Sep - 1:05

When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Captur11
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Scène grandiose, tragédie à la pureté de l’âme, un frisson de dramatisme, un zeste d’apocalypse entre les lèvres, du désir sous le manteau inutile de l’ardeur féroce emplie de cruauté. Un regard, un simple regard, et une décharge électrique comme un coup subit, implanté au bas des reins, foisonnante dans la colonne vertébrale. C’est ça. Un désir tacite. Le sexe dissimulé sous la charpente épaisse des codes sociaux rigoureux, respectés à la lettre, comme une carte, un guide sur le chemin de la vie. Peut être faudrait il s’en détacher un peu, oublier les devoirs, la morale, se saisir de ce corps frêle agités des milles tremblements de la souffrance, délesté de son bonheur, de sa pureté, de sa simplicité naïve, le saisir et le serrer fort pour l’aider à ne plus trembler. L’aimer peut être un peu, lui donner une étreinte, joindre ses lèvres radieuses qui ne retiennent plus que la haine. Joindre ses lèvres avec férocité, sauvagerie, le faire taire, le faire taire à tout jamais, ne plus entendre ses reproches, ses ordres. Couper court à la torture fictive.

Mais je ne peux m’y résoudre, la question lancinante tourne dans mon crâne et je ne peux cesser de penser. Une attirance charnelle, palpable, là, toujours là, comme un fil tendu entre deux corps qui se rétrécirait si rapidement… Mais ce sera non. Pas pour moi, je ne céderais pas à un appel sans sentiments sur un être aussi faible, égaré, perdu dans l’obscurité d’une nuit qui ne prend jamais fin. Edward s’y enfonce inexorablement avec la certitude du désespoir. C’est parfois si bon, de se laisser aller. Quand il n’a plus la force de combattre. Lui donner ce qu’il veut, répondre à l’appelle de mes besoins, ceux qui peuvent être satisfaits sans faire de mal, ne serait rien d’autre qu’une blessure de plus, une crevasse sanglante perchée sur le salut de son âme, la certitude qu’il ne s’en tirera jamais plus. Edward n’est plus simple spectateur de son drame, il en est devenu acteur, et le pire acteur qui soit, le Baron rouge, l’immonde tyran au nez crochu. Il se flagelle à coups de verbes trop bien manipulés. Il sait ce qu’il veut entendre, toute cette masse informe de terre et de boue à tellement tourner dans son crâne, des jours et des nuits passées à ne penser qu’à ça, qu’a lui, qu’à moi. Je sais ce que ça fait, cette comptine lancinante qui prend des accents glauques sur les vers et qui répète incessamment combien lui tu le désires lui tu le veux lui tu veux le voir le toucher lui parler écouter sa voix sentir son odeur caresser sa peau ses cheveux encore encore et encore et ça ne prend jamais fin.

Sauf quand on éteins tout, clac, le noir complet, l’obscurité, les Ténèbres. On ne pense plus à rien, c’est la fin, et puis finalement on voit à nouveau une petite clarté là-bas au loin, c’est si simple, si simple et si difficile à la fois. On trouve en soit la force de s’en saisir et on renaît avec le soulagement intense d’être en vie à nouveau et de pouvoir en profiter. Mais Edward à trop peur du noir, surement, pour pouvoir faire le vide dans son esprit, y cueillir l’obscurité réparatrice, le repos mérité, penser à autre chose. Il ne peut pas, lui. Ses souvenirs sont bloqués sur ce qui le touche trop fort, sur l’immense cicatrice qui perce son flanc, il ne sent que la douleur et le sang qui s’écoule. Il ne sait plus comment faire face, ni vers qui se tourner. Edward Hopekins confronté à l’échec, Edward Hopekins et son premier chagrin d’amour. Edward Hopekins à la fois si mature et pourtant terriblement frêle dans son appréhension du monde et des sentiments. Mais regardez le. Il a l’air d’avoir vingt ans. Non, plus, toujours plus, au moins vingt cinq, à trente ans il en paraîtra quarante et aura déjà un peu de neige saupoudré parmi ses si jolies mèches.

Ferme la, Hopekins. Pourquoi faut il que tu sois si différent ? Pourquoi faut il tout ce savoir dans tes yeux au reflet d’adulte ? Pourquoi faut il que ton visage soit à ce point tiré, vieux, trop vieux, pourquoi faut il que tout en toi soit un appelle, comme pour me dire de céder ? Je voudrais t’aider, Edward, je voudrais te donner ce que tu veux, parce qu’elle est là, cette tension, elle plane, vicieuse, elle s’insinue au creux du ventre, et parfois je pense à tes lèvres, à tes yeux, tes yeux bon sang. Mais ce n’est que du désir, tout ça. Une tension sexuelle. Elle apparaît quand tu es là, et disparaît aussi vite lorsque tu l’emportes avec toi en sortant d’une pièce. Et face à ça, ma curiosité pour ton caractère, tes manières, ta pensée trop complexe, ton éducation trop obsolète. Tes « vous », tes « Kharmaz » ton « respect ». J’ai de l’admiration pour tous les efforts que tu fais pour comprendre un monde auquel tu es inadapté, ça me rappelle moi. Et je hais cette tension de rendre tout ambiguë alors que je suis très au clair avec moi même. Je veux être celui qui te donnera ce petit coup dans le dos pour te projeter vers l’avant. Qui te tendra la main pour te tirer de l’autre côté du mur, qui t’indiquera le chemin pour passer de notre côté.

Notre côté, lequel ? Le mien. Je ne sais pas.

Je veux t’aider, juste t’aider, j’ai de l’affection mais je ne peux pas te donner autours d’amour que tu en voudrais. Même si tu avais mon âge. Tu es beau, Edward, tu es désirable et fascinant, mais ton charme ne me donne pas l’amour. C’est juste une attirance mal placée.

Et j’ai éteins la lumière. Mais pas pour la bonne raison. L’imprévisible dans le hasard de la vie.

Au delà des mots, dans ses yeux sublimes… Je ne sais plus comment supporter ses yeux, ils sont flamboyants. Puissants. Ils reflètent autre chose, ils regardent au delà de moi. Pendant un bref instant, j’ai conscience qu’il ne s’adresse plus à Lakhdar Kharmaz. La cruauté de la situation m’échappe, je ne fais plus partie de la scène qui se joue.

Alors je ne dis rien. Je pourrais lui hurler dessus aussi. Je hurlerais bien plus fort que lui. Je pourrais me transformer. Le mettre à la porte. Et je reste là à l’écouter pousser ses cris désespérés. Je sais que demain, quand j’aurais dormis, cette scène m’apparaîtra comme un rêve, que j’y trouverais tout le recul nécessaire pour tenter à nouveau d’y apporter une solution. Mais pour le moment, c’est comme toujours avec Edward, comme toujours que cette empathie sortie de nul part me frappe et m’oblige à absorber les sentiments trop forts du garçon.

Je déteste ce qu’on est en train de vivre.

Des larmes fugaces, reflets perlés de son triste malheur. Ho, bon sang, toute cette situation est tellement absurde, et tellement intense. Du romantisme grandiloquent à l’état pur, ce n’est pas mon domaine, et pourtant j’y suis plongé plus sûrement que si… Que si quoi. Je suis en train de le vivre. Je ne peux faire autrement. C’est dur de causer autant de douleur à quelqu’un qu’on aime, quoi que ce mot puisse signifier.

Laissez moi sortir. Qui sont-ils, Edward ? Est ce bien vers moi que tu diriges ces suppliques ? Est ce bien moi qui doit te sortir de là ? Je le dévisage sans ouvrir la bouche, je sais bien ce qu’il adviendra si je tente de lui expliquer encore que ce n’est pas possible. Je sens qu’il m’en veut, mais qu’il en veut aussi à d’autres. Et son appelle à l’aide me frappe si fort. J’esquisse un geste.

Et je le sers contre moi.

La trop courte distance entre ce corps frêle et moi à disparut sans que je le réalise. Et je le sers contre moi. Contre ma poitrine. J’emprisonne son visage plein de larmes au creux de mon épaule. Ma joue caresse ces cheveux qui seront bientôt couverts de neige. Je le sers contre moi, je le berce comme un enfant. Parce que sa demi assurance, celle qui a traversé son visage quelques courtes secondes n’y changera rien.

- Tout va bien, Edward. Bien sur que je t’aime. Pas comme tu le voudrais. Je suis désolé. Mais je t’aime. » Un discourt absurde et pourtant tellement sincère.



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Edward A. Hopekins
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MessageSujet: Re: When I'm falling down, will you pick me up again? |Lakhdar|   When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Icon_minitimeDim 23 Sep - 1:25

When I'm falling down, will you pick me up again?     |Lakhdar| Tumblr_lmsvciKug71qeswz4o1_500

« This night is sparkling, don't you let it go
I'll spend forever wondering if you knew
I was enchanted to meet you. »


Il tremblait, il tremblait de tout son corps. Quelle idée, de venir, ici, en pleine nuit. Edward commençait peu à peu à recouvrir ses esprits, ou du moins une partie, la partie lancinante du regret, de la peur et de la douleur. A l’instant où il entendit les mots quitter sa gorge, cet ordre impulsif, il se rendit compte qu’il n’aurait pas dû être ici. Qu’au fond, il était bien mieux dans sa chambre, à chouiner comme un enfant, seul, sans déranger personne. Et maintenant, il voyait Kharmaz sans le voir, au travers de ses larmes qu’il n’arrivait plus à contrôler. Pathétique. Insupportable. Il toucha sa joue, regarda le liquide lacrymal déposé sur son doigt. Un choc pour une, un retour brutal dans cette réalité étouffante. Il ne savait plus où il était, ni même qui il était. Et tout le décor autour de lui devint si sombre, si noir, qu’il n’arrivait plus à distinguer l’éclat de la lampe de chevet de son professeur. Une hallucination, un rêve, et la folie qui s’emparait de lui.

Il y eut Kharmaz pour le soutenir, lui qui avait compris cet appel à l’aide désespéré. Edward enfouit sa tête dans son épaule, et se remit en sangloter, plus fort cette fois. Tremblant comme une branche d’arbre subissant les lois de l’orage grondant, il s’accrochait à sa chemise, à ses bras, les yeux fermés, recroquevillé. Edward avait à peine conscience d’être dans les bras de son professeur. Des larmes, des gémissements plus forts que les autres et la peine qui s’épanche, libérée, qui dévale les courbes des joues si parfaites de son visage. Il se sentait si faible, médiocre, une tâche dans l’univers pour se montrer ainsi avec un autre, qui qu’il soit donc. Edward Alexandre Hopekins réduit à néant, à jamais.

Il les entendit, les mots de Kharmaz. Au travers de l’obscurité grandissante, au travers les murs épais et noirâtres dans lesquels il était enfermé. Les mots couvraient même les voix au dehors, les rires, les insultes qui s’éloignèrent. Non, ne me laissez pas seul. S’il vous plait, sortez-moi d’ici. Heureusement, il y avait ces mots. Edward s’y raccroche éperdument. Enfant recroquevillé sur lui-même, il se lève après des heures terré contre le mur à trembler, et cherche les mots avec désespoir. Il pleure, encore, il sanglote, il appelle à l’aide. Il hurle. Personne ne l’entend. Les rires continuent. Alors il se tait. Les mots ont disparu. Il se rassoit, plaque ses mains sur ses oreilles, ferme les yeux, et fait abstraction de tout. Et cela, pendant des heures, et des heures. Et Edward ne dormira plus jamais dans le noir. Et Edward ne pourra plus jamais être dans le noir complet. Ils l’ont tué, quand il était petit. Tous autant qu’ils sont, même son père qui n’a rien fait pour le soigner, qui lui a juste dit d’oublier. Si Edward les retrouvait aujourd’hui, il les tuerait, après les avoir fait souffrir dans les conditions les plus inhumaines. Il serait alors devenu totalement fou.

« J-Je… Je suis désolé… » C’était sa première fois. Sa toute première fois qu’Edward disait ces mots à une autre personne que les membres de sa famille, ou ses professeurs particuliers. Un nouveau sanglot, plus puissant le traverse, il hoquète et s’accroche un peu plus à la chemise, désespéré. « Je ne voulais pas… Je vous promets que je ne voulais pas… » Mais ceux-là, tu les as déjà prononcés, tu t’en rappelles. Tu vois ton père. Tu te crispes d’un coup, tournes la tête de droite à gauche comme pour réfuter l’hallucination qui perce ton esprit. « Ce n’est pas ma faute… Ce sont eux… Je vous promets… »

Il montait dans les aigus, il paniquait soudainement. Les souvenirs bien trop ressassés pendant toutes ces nuits montraient encore le bout de leur nez. Il s’agita entre les bras de Lakhdar. Sortir, sortir. S’échapper à jamais de cette cage. Ses sanglots redoublèrent sans qu’il puisse les arrêter, toute tentation était vaine. Il ne faisait que souffler des « je suis désolé » dans l’épaule de son professeur, à peine audible pour lui, et se serrait entre ses bras pour chercher à se rassurer. Il aurait aimé que Kharmaz comprenne. Qu’il les voit aussi, ces hommes. Qu’il voit aussi cette obscurité étouffante. A cet instant, l’adolescent passait surement pour un fou, un traumatisé, un garçon qui ne savait plus où épancher la peine d’un chagrin d’amour. C’était ça, à l’origine, sa haine contre Kharmaz, contre celui qui l’avait fait devenir comme ça. Alors, il tapa du poing, faiblement, surement trop faiblement pour être ressenti par l’adulte, contre son épaule.

Il aimait Lakhdar-Khaled Kharmaz. Il l’aimait éperdument, et il était persuadé de continuer à l’aimer jusqu’à la fin de son existence malgré tout. Les gens ne comprendraient jamais, cette obsession. A Aisling, les personnes au courant penseront tous que ce n’est qu’une amourette, un chagrin qui passerait aussi vite qu’un coup de vent. L’amour d’Edward durera jusqu’à ce qu’on le mette dans un cercueil, et même après. Elle ne connaitra jamais de limites. C’est ainsi. Et entendre Lakhdar lui murmurer qu’il l’aimait, même si ce n’était pas de la manière dont il aurait voulu, ça n’avait pas de prix. Edward aurait été le garçon le plus heureux du monde, s’il n’avait pas été actuellement en crise d’angoisse. Ils étaient toujours là pour gâcher ses rares moments de bonheur.

Edward n’avait jamais connu le repos.

« Ils vont venir… » Il ouvrit les yeux, rencontra l’épaule de Kharmaz, et la lumière. Cela ne le calma pas. Il s’agitait de plus en plus entre ses bras, avait cessé ses sanglots pour laisser place à une expression apeurée au possible. Il se détacha de ses bras, ses mains toujours accrochées à sa chemise, pour le regarder. « Ne les laissez pas… S’il vous plait… Laissez-moi sortir… Ils vont venir… Je vous en supplie… Je ferai n’importe quoi... Mais je ne veux pas qu’ils viennent. »

Il recommença à sangloter, fixant Kharmaz d’un air désespéré, le secouant légèrement au rythme de ses tremblements intempestifs. Edward avait terriblement peur. Il hurlait. Il allait hurler, bientôt, si quelqu’un ne l’aidait pas à sortir de ce trou.
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