Parfois, on avait l'impression qu'il avait pris de la drogue. Surtout quand il était en plein dans ses crises monomaniaques à la con. Accro aux lubies, ses centres d’intérêt variaient au gré des émissions de télévisions. Il suffisait qu'il voit un type pratiquer la boxe dans une série qu'il aimait, et ni une, ni deux, il courrait s'inscrire au club de boxe de l’école. Puis, ensuite, il lâchait l'affaire tout aussi rapidement que l'idée lui était venue.
En fait, la seule chose qu'il aimait sincèrement, vraiment et ce depuis sa plus tendre enfance, c'était la mode. Il était toujours tiré à quatre épingles, même quand il affectait un look grunge, et ca faisait ricaner ses potes ça oui. Surtout qu'il aimait le rose ce con, et qu'il avait une tête d'attrape-pédé avec ses pulls bariolés. Mais il s'en tapait complètement. Il passait son temps à acheter ce qui lui tapait dans l'oeil et à vider ses placards dans sa chambre avant de les remplir à nouveau avec toutes ses nouvelles trouvailles. Il louait même un bout du placard de son camarade de chambre. Et si celui-ci avait le malheur d'emprunter une de ses affaires, Claudie piquait un scandale puis... entreprenait de le relooker. Autant préciser que son camarade de chambre ne s'y risquait plus.
Claudie était très agité, comme si des vers habitaient dans l'endroit de son anatomie que je voudrai pas nommer.Il courrait d'un endroit à l'autre, faisait des emplettes, allait en cours, envoyait cinq courriers par jour, tentait de se faire repérer comme grand styliste. Pas méchant, pas spécialement gentil non plus. Il était tout simplement innocemment égocentrique et entretenait l'illusion que le monde tournait autour de lui. Il était le héros de sa propre série télé, basé dans un univers appelé Aisling et où tout un chacun gravitait autour de lui sans le savoir. A dire vrai, c'était peut être pour ça qu'il avait l'air drogué.
Affairé comme une abeille selon lui, ce que les autres considéraient comme un simple loisir était pour lui l'oeuvre d'une vie. Mais quand une de ses idées de génie ne parvenait pas à se matérialiser entre ses doigts, Claudie devenait fou de rage et envoyait tout valser. Sa mauvaise humeur l'entourait comme une aura néfaste et le monde entier devenait son ennemi. Il pouvait passer des jours à ressasser son échec jusqu’à la prochaine illumination divine qui l'aiderait à régler son problème.