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 Edward v.2.0 - I tried to be perfect, it just wasn't worth it.

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Edward A. Hopekins
Edward v.2.0 - I tried to be perfect, it just wasn't worth it. Rangpsy
Edward A. Hopekins

Messages : 166
Date d'inscription : 06/12/2011
Age : 29


Edward v.2.0 - I tried to be perfect, it just wasn't worth it. Vide
MessageSujet: Edward v.2.0 - I tried to be perfect, it just wasn't worth it.   Edward v.2.0 - I tried to be perfect, it just wasn't worth it. Icon_minitimeMer 2 Jan - 3:42



EDWARD ALEXANDRE HOPEKINS.

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Edward v.2.0 - I tried to be perfect, it just wasn't worth it. Icon_e12
✂ Surnom : Aucun.
✂ Age : 17 ans.
✂ Année : 6ème année.
✂ Année d'arrivée : 4ème année.
✂ Classe : PSY.
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« Hé, Edward. Dis-moi ce qu’ils t’ont fait, les autres. Dis-moi pourquoi tu me regardes aussi mal. Dis-moi pourquoi tu les détestes tous. Hé, Edward, toi qui sais tout, sais-tu que tu n’es pas seul, là-haut ? »


Edward, c’est un puits. Un puits qui regorge d’un savoir infini. Il vous est profondément supérieur, quel que soit le sujet, la matière, le mot. Edward sait tout, parce qu’on lui a tout appris. Dans son éducation si parfaite, ces journées passées enfermé à travailler, à apprendre, à lire et à savoir toujours plus, depuis qu’il est né. Edward incarne l’idée du génie, de celui qui ne dit rien, de celui qui sait tout. Il parle quatre langues et en apprend une cinquième sans difficulté aucune. Les programmes destinés aux plus vieux étudiants faisaient partie de ses exercices, quand il avait douze ans. Parfois il est présent en cours, parfois il ne l’est pas. Quoiqu’il en soit, Edward est toujours silencieux.

Edward, c’est une montagne. C’est la faute à son éducation, vous savez, il n’y est pour rien. C’est son père, c’est sa mère, ce sont tous ces professeurs particuliers qui le répètent depuis qu’il est né qu’il a été façonné pour être supérieur aux autres. Edward est à part, et Edward est au-dessus. Une conception hiérarchique de l’existence déterminée de manière très simple : Dieu > Edward > Les autres. Alors il débarque, à quinze ans, et il rencontre les autres. Il prend peur. Non, il ne peut pas avoir peur, il est au-dessus, bien au-dessus. Alors, d’un regard glacial et hautain, d’un œil perçant, désobligeant, d’une démarche droite et ample, Edward passe à travers la foule de ces prolétaires infréquentables, de ces idiots qui ne méritent pas même son attention.

Edward, c’est un fossé. C’est le trou béant qui existe entre ce qu’il est, et ce qu’il parait. Sur sa carte d’identité, on a marqué dix-sept ans, l’adolescence que l’on doit croquer à pleines dents. Sur son visage et son corps, on a marqué vingt-cinq ans, et les traces du poids énorme de sa vie, comme s’il en avait déjà parcouru les trois-quarts se perçoivent entre ses cernes et ses dents serrées. Dans sa tête, on a marqué trente ans, peut-être même plus, parce qu’Edward ne sera jamais un adolescent, parce qu’il n’a jamais été un enfant. Et c’est dans son regard inhumain, dans sa parole acerbe d’un anglais soutenu qu’on imagine le fardeau des responsabilités qu’il porte. Edward ne se confie pas aux autres, il endure, silencieusement, sans qu’aucune émotion ne vienne perturber son visage sans imperfection mais déjà fatigué d’avoir vécu.

Edward, c’est un mur. C’est ce qui s’est construit quand il est entré au contact des autres. Avant Aisling, il n’avait jamais été scolarisé ni même avait côtoyé des personnes de sa génération. Devant lui se dresse à présent l’incompréhension, la terreur de sa vie à tout savoir et endurer. Edward n’envisage pas qu’il ne puisse pas comprendre, et pourtant il est confronté tous les jours à ce problème. Il a un savoir infini mais n’est doté d’aucun sens pratique. Jamais n’a-t-il tenu un téléphone ou un balai dans sa main, et il ne saurait s’en servir. De même, Edward n’a aucun sens des relations humaines. Alors, il est seul, terriblement seul dans son monde, avec ses bibliothèques et son savoir, et il vous regarde, vous, les autres, de l’autre côté du mur, vous amuser d’une telle manière qu’il ne puisse pas comprendre. Il regarde, dans un silence absolu, ne tourne jamais le dos, et affronte une réalité qui explose durement à son visage dont il se moque complètement. Il a toujours été seul.

Edward, c’est une fissure. Il est difficile de heurter Edward, mais il ne parvient pas à cacher ces rares émotions. Un Edward perdu, c’est comme un enfant. C’est un garçon qui regarde le monde sans le voir, qui sombre sans ses repères qu’on lui a inculqué plus jeune. Edward ne pose jamais un genou à terre, il a sa fierté, son immense orgueil démesuré, et cet esprit de contradiction qui s’insurge aux moments venus. Mais il existe ces précieux moments où Edward regarde cette glace, et se demande comment il pourrait passer de l’autre côté. Une remise en question d’un savoir acquis et c’est l’ébranlement de son être entier. Rien n’est mieux pour tuer Edward que de semer le doute dans son esprit, et ce n’est pas tâche aisé. Quelqu’un y est arrivé, et cette personne, Edward la regarde toujours de l’autre côté. Alors Edward pose sa main sur la vitre, suit de son doigt fin le sillon de la fissure, et rencontre son regard au même instant. Il l’attend.

Mais Edward ne passera jamais de l’autre côté, il est déjà condamné à l’incompréhension de ceux qui sont différents de sa personne.





✎ Don : Contrôle du langage.
✎ En détail : "Contrôle du langage" était le meilleur don que Dieu pouvait faire à Edward, s'il fut forcé d'accorder un pouvoir à ce garçon. Il consiste à modifier les dires des autres personnes, comme leur tournure syntaxique, leur faire répéter des mots à chaque débuts ou fin de phrase. Il peut aussi faire changer le ton complet d'une conversation, passant du familier au soutenu. Edward a le pouvoir de vous reprendre sur votre langage, le pouvoir des mots quand ses oreilles saignent d'entendre sa belle langue massacrée.
✎ Maitrise : 80% Le don était la seule chose qu'Edward ne savait pas maîtriser en arrivant ici. De plus, il était en retard sur le reste de sa promotion de 4ème année où tous avaient déjà acquis les bases. Mais Edward est un génie, et il s'est entraîné pendant des jours et des nuits entières pour apprendre à maîtriser son don. Et quand il touchera enfin le but, il n'aura plus de raison de rester ici. C'est peut-être pour ça qu'il a fini par moins s’exercer.
✎ Lui & les ELEM : Si tout le monde pense qu'Edward aurait pu être ELEM, c'est que le monde entier est un gigantesque récipient d'abrutis. Les ELEM sont des gens hautains, dédaigneux, grandes gueules, mais ils ne sont pas forcément intelligents, au contraire. "La culture, c'est comme la confiture: moins on en a, plus on en étale." C'est le slogan propre aux ELEM pour Edward, un ramassis de gamins pourri-gâtés qui n'ont jamais appris la vraie valeur du travail.
✎ Lui & les SPE : C'est le groupe qui pose encore le moins de problème à Edward. Des gens calmes, rêveurs, peut-être pas intelligents mais qui font preuve d'une gentillesse qui déstabilise plus Edward qu'il n'y parait. Et parfois il les regarde lever leur regard vers les nuages, il les regarde se perdre dans les méandres de leur imagination, et il se demande pourquoi lui reste toujours à terre.
✎ Lui et les PHY : Ce sont ses sujets d'étude préférés. Edward les méprise complètement, pas parce qu'ils sont affublés d'un bandeau jaune, mais parce qu'ils sont tous insupportables. Des personnes grossières, familières qui massacrent la langue de Shakespeare, des gamins survoltés qui passent dans les couloirs en le bousculant. Ce sont sur eux qu'Edward utilise le plus son pouvoir, sans aucune pitié.
✎ Lui et les PSY : C'est sa classe, ce sont ses gens silencieux et fermés qu'il côtoie tous les jours. C'est peut-être les étudiants avec lesquels Edward est le plus apte à s'entendre, lui-même ne sait pas. Tout ce qu'il apprécie, c'est le calme qu'ils apportent pendant les cours ou à la bibliothèque. Et parfois, ces discussions sur la littérature avec certains plus cultivés que d'autres, qui ont le don de lui faire sentir qu'il n'est pas aussi seul qu'il le pense.
✎ Lui et les Adultes : Dans sa conception de hiérarchie, Edward se situe au-dessus de tous les adultes déjà. Dans sa conception de hiérarchie sociale, les professeurs et surveillants sont en-bas, très en bas, au même niveau que les ramasseurs de poubelles. Des gens incompétents -par rapport à l'enseignement qu'il a reçu auparavant-, des imbéciles pensant qu'ils peuvent lui apprendre quelque chose. Edward reste silencieux, où Edward sèche pour ne pas perdre son temps.




Edward est né en Amérique, et ce simple fait aurait du inquiéter ses parents quant à la poursuite de son avenir. Eux, étaient Alexandre Richard Hopekins et Susan Amanda Keynes. La famille Hopekins est l’une des familles nobles les plus anciennes d’Angleterre, et par conséquent une des plus riches. Le père d’Edward est l’ainé d’une génération de cinq enfants, et plus vieux que son frère jumeau d’environ une dizaine de minutes. Il avait déménagé quelques temps sur le nouveau continent pour exporter son entreprise en passe de devenir une multinationale. A la naissance d’Edward, ils décident de revenir en Angleterre, sur une terre plus saine et propice à l’éducation de leur garçon.

« I tried to be perfect but nothing was worth it
I don't believe it makes me real
I thought it'd be easy but no one believes me
I meant all the things I said »



« Edward, approche mon garçon. »

Edward acquiesce, silencieusement, et il s’avance dans le salon. Il s’arrête au centre des fauteuils et canapés, la posture droite, la tête relevée, et les mains derrière le dos. Son costume sombre Armani est parfaitement adapté à sa petite taille d’enfant de six ans et tranche avec son regard clair, déjà profondément hautain. Et silencieusement, tandis qu’il sent chaque regard se poser sur lui avec curiosité, il prend soin de les dévisager, tous autant qu’ils sont. Parce qu’il leur ai atrocement supérieur.

« Il est magnifique… »
« Je me demande d’où il tient ce regard… »
« Le futur chef de famille, sans aucun doute… »

C’est la première fois qu’Edward voit autant de monde dans le salon. C’est la première fois qu’il voit d’autres personnes autre que ses parents, ses professeurs particuliers et les médecins. Et aussi les servants, mais ce ne sont pas des personnes. Alors il devrait avoir peur, ressentir l’étouffement d’avoir une dizaine de personnes le fixer et murmurer entre elles. Mais non, Edward ressent juste le dédain pour ces gens. Certes, ce sont les membres de famille, on lui a enseigné qu’ils valaient mieux que d’autres, mais ils sont toujours en-dessous de lui. Et ces gens en savent surement à peine autant que lui en matière de connaissance et de culture.

« Why don't you teach your heart to feel, and give your love love,
Give your love love and give it all away;
Why don't you teach your heart to talk and give your love love. »


« Hé Hopekins ! Hopekins ! EDWARD ! »

Edward serre les dents, lève les yeux au ciel, s’arrête et se retourne prestement. C’est un regard meurtrier qu’il lance au garçon blond d’une dizaine d’années, et ce dernier lui retourne un immense sourire. Petit problème, il était en train de courir derrière lui, ne s’était pas attendu à ce que le brun s’arrête aussi subitement, et entre donc en collision avec ce dernier. Le petit blond recule de quelques pas, le visage grimaçant de douleur, et il pose sa main contre son front douloureux.

« Tu pourrais prévenir quand tu t’arrêtes. »

Edward sent une vague de profonde colère s’insuffler en lui pendant qu’il masse sa tempe douloureuse. Il aimerait bien que son harceleur blond arrête de lui tourner autour, tout le temps.

« Matthews, je te prierai d’arrêter de me suivre. De plus, j’aimerais aussi que tu cesses immédiatement d’utiliser mon prénom. »
« Wooho, on se calme Hopekins, c’était juste pour que tu t’arrêtes. » Pause. « Tu viens jouer avec moi à l’étang ? » Edward haussa les sourcils devant la demande. Il connait Anthony Matthews depuis plus d’un an, et c’est le seul garçon de son âge qu’il fréquente.
« Non. J’ai une leçon de piano à travailler. »
« Je t’ai entendu hier jouer. Elle est parfaitement au point ta leçon. Allez, viens ! Et puis t’as le droit, l’étang est dans ta demeure. »
« J’ai dit non. »

… Dix minutes plus tard, Anthony est en train de jouer dans l’étang et Edward est assis au bord, à la fois contrarié et plongé dans la lecture de son livre. Il jette des coups d’œil à son camarade de temps en temps, grogne fort quand ce dernier essaie de l’éclabousser, mais ne dit rien. C’est toujours comme ça, avec Anthony.

« Just stay where you are
Let your fear subside
Just stay where you are
If there's nothing too high. »


Edward ne dort pas. Edward ne dort plus. Il est quatre heures du matin bientôt et l’enfant d’une douzaine d’années lutte, prostré dans son lit, contre ses paupières qui se referment sur les pages de son livre. La lumière artificielle a envahi la grande pièce et aucun coin n’est laissé dans l’ombre, mais ça ne suffit pas. Le moindre craquement de parquet lui fait faire des bonds de cinquante centimètres dans son lit. Edward tend l’oreille. Il n’arrive plus à se concentrer, et vient de lire cinq fois la même réplique de Jean Valjean.

Il ferme son livre, sèchement, et le pose sur sa table de chevet. Il s’adosse contre le mur de sa chambre, qui lui donne le meilleur angle pour surveiller sa chambre, remonte ses couvertures jusqu’à son petit nez, et attend. Il sait qu’ils reviendront un jour, alors il veut les prendre par surprise. Deux semaines et toujours aucune nouvelle. Personne n’en a parlé dans les journaux, il se demande comment son père a fait. Finalement, peut-être qu’il préfère ne pas avoir la réponse. Ce serait une première. Et le silence, la parole qui a mis si longtemps à revenir. La peur, encore, toujours, mais le silence est plus fort. Edward ne peut en parler à personne. Edward a interdiction d’en parler.

Ses cernes sont déjà trop grandes pour son âge. Son corps ne supporte pas ce que son esprit lui inflige. Et ses paupières sont tellement lourdes, elles tombent sur son regard éteint, son regard presque apeuré et fatigué de vivre. Edward tente de résister, mais le sommeil l’emporte d’un coup violent.

Ce n’est pas un rêve, c’est un nouveau cauchemar semblable au dernier. Quand Edward se réveillera, il ne sera pas plus reposé. Il aura juste encore plus peur du noir.

« I bet you got pushed around,
Somebody made you cold,
But the cycle ends right now,
You can’t lead me down that road. »


« Monsieur, les invités sont arrivés, et votre mère requière votre présence. »

Edward ferme lentement Anna Karenine dans sa version bilingue russe/anglais et se lève de son fauteuil en cuir qui doit couter plus que votre entière garde-robe. Il se pose devant son miroir le temps d’ajuster le col de sa chemise et de la rentrer convenablement dans son pantalon, puisse passe sa veste de costume soigneusement rangé dans son armoire à côté. Un dernier regard dans la glace pour ce garçon de quatorze ans, et il sort prestement de sa chambre. Il descend avec grâce les escaliers, soupire une dernière fois, silencieusement puis entre dans le salon de réception, l’air dur, le visage fermé.

« Edward, tu as grandi ! »

Le garçon se crispe de tout son être, il inspire pour se donner un peu de nerfs et fixe l’homme qui vient de se lever. Il sent venir l’embrassade, le contact, alors il tend la main, froide, inerte. Son oncle Jérémy s’arrête net, et la serre, avec un sourire forcé. Bien sûr, il connait Edward, il sait pertinemment qu’il ne peut pas le toucher, qu’il ne peut pas se permettre cette familiarité avec lui. Seuls ses parents le pourraient, et il semble qu’ils ne l’ont jamais fait. Maintenant, c’est trop tard.

« Bonsoir. »
« C’est fou ce que tu as poussé. Bientôt tu me dépasseras. Tu ne fais vraiment pas ton âge ! »

C’était une plaisanterie, Edward ne déride pas. Il se retient de se boucher les oreilles pour ne plus avoir à entendre l’horreur de l’accent américain. C’est un monstre, une tuerie, langue anglaise massacrée, arrachée à sa poésie, donnée aux chiens. Dire qu’il est né là-bas. Il en vomirait de dégout, presque.
Jérémy lui adresse un sourire compatissant, et une sorte de pitié envahit son regard. Edward ne méritait pas ça. Regardez-le, maintenant. Lui, quatorze ans ? Lui, un adolescent à peine sortir de l’enfance ? On lui en donne déjà vingt, et dans sa tête, quel âge a-t-il bon sang ? Mais comment ont-ils pu faire ça ? Et pourquoi, enfin pourquoi tuer dans l’œuf ce garçon brillant en le conditionnant autant. C’est l’impression d’avoir un monstre en face de soi, une chose inhumaine, presque robotique auquel on ne peut pas donner d’âge, qui ne ressent rien, qui sait tout. C’est comme ça que la famille Hopekins entière le traite. Il se considère comme supérieurs parce qu’eux le considèrent comme supérieurs, parce qu’à l’exception de lui et son autre frère Marcus, tout le monde se mettrait à genoux pour baiser les semelles d’Edward s’il le demandait.

Une famille de tarés. Cela le rend fou de rage et il est amplement satisfait d’avoir laissé ces attardés mentaux pour vivre en Amérique avec l’amour de sa vie, quel que soit sa condition sociale.

« Eddy ! »

Ben tiens, il aurait dû la voir venir, celle-là. Avant même qu’il n’ait le temps d’esquisser un geste, la jeune fille blonde se jette sur lui et l’entoure de ses bras. Elle l’enlace, toute contente, et lui se crispe brutalement, se tend sous le contact qu’il hait de tout son être. Tout comme il la hait, elle, Sally. Sa cousine ? Une pure honte pour cette famille. Une tare, elle ne devrait pas exister. Edward ne croira jamais qu’ils sont dotés du même sang dans leur veine. Et il continue de se demander comment ses parents peuvent laisser cette branche désœuvrée de la famille mettre les pieds dans leur manoir. Le patriarche a rayé Jérémy de son testament. Il n’a aucune affaire en Angleterre. Pourquoi l’hypocrisie. Pourquoi lui infliger ça. Lui, il veut juste ses études, ses livres.

Il ne veut pas voir les autres, ceux qui sont inférieurs. Il ne veut pas être à leur contact, ou avoir à leur adresser la parole. Jamais.

« We'll take you right back down to the Earth from the Motherland,
This is a first-class journey from the gods to the son of man.
You're at the gates of human evolution don't you understand? »


« Edward…Je peux entrer ? »

Edward se retourne et regarde sa mère, posée à l’encadrement de sa porte, l’inquiétude peinte sur son visage. Susan Amanda Hopekins anciennement Keynes a toujours été une femme forte et d’une grande autorité, qui ne lui a pas montré grande affection pour ne pas le détourner de la perfection qu’il devait atteindre. Mais là où elle se différencie de son mari, c’est qu’elle arrive encore à considérer Edward comme un simple enfant, son garçon qu’elle aimerait protéger contre le dehors. Elle ne pensait pas qu’elle aurait à le lâcher dans la nature aussi tôt. L’apparition de ce don n’était qu’une demi-bénédiction.
Edward ne leur avait pas dit ce qui était arrivé. Une altercation à Londres sur le chemin de son retour, tandis qu’il allait chercher de nouveaux ouvrages, avec des garçons ouvriers de son âge, moins fortunés, qui avaient jugé intéressant de foutre de la gueule de sa redingote de noble. Edward ne savait pas pourquoi il avait réagi, pourquoi il leur avait adressé la parole, il se souvenait juste de sa profonde haine envers ces êtres inférieurs, il se rappelait avoir pensé qu’ils devraient mourir, au lieu de prendre la peine de s’adresser à lui. Et d’un coup, les garçons s’étaient mis à bredouiller des excuses, s’étaient étonnés d’avoir prononcé de tels mots, et rouges de honte s’étaient enfuis. Le lendemain, une lettre était arrivée concernant la révélation d’un don. Edward avait dû leur parler de l’histoire. Et maintenant, il faisait ses valises pour l’Irlande. Ce désert.

« …Bien sûr, mère, entrez. »

Il en profite pour jeter un coup d’œil circulaire. Deux cartons énormes et remplis de livres ont déjà été envoyés là-bas, et il ne peut malheureusement pas prendre plus. Ses costumes sont déposés en temps et en heure. Sa valise, posée sur son grand lit, est presque complète. Demain, c’est le voyage, et demain soir, la découverte de son nouvel univers.

« …Comment te sens-tu ? »
« …Bien, mère. Je suis simplement déçu de ne pas pouvoir emporter plus de livres. »
« Ils ont une bibliothèque, tu y trouveras surement ton compte. »
« Comme si cela était possible. »

Haine, dédain, encore. Sa mère ferme les yeux, un bref instant, et s’approche de son garçon. Elle prend un temps pour admirer son visage, ses traits de tout jeune adulte alors qu’il n’a que quinze ans, et toute cette haine contenue dans son regard. Il ne veut pas partir. Il ne veut pas voir le bas du monde, ho il préférerait de loin rester ici, pour toujours, avec lui-même, car c’est la seule personne à son niveau. Il ne veut personne, il n’a besoin de personne.
Est-ce mieux de l’envoyer à la rencontre d’autrui pendant sa jeunesse, ou d’attendre qu’il atteigne le rang des adultes pour le confronter au choc culturel ? Susan ne sait pas. Peut-être qu’elle n’avait pas mesuré à quel point le fossé serait grand. A quel point Edward serait à part des autres, en incapacité totale de communiquer avec eux ou les comprendre, quel que soit son âge. L’envoyer là-bas, c’est l’envoyer à la guerre, au désespoir, à l’enfermement. Elle le sait. Et peut-être qu’elle regrette, pour la première fois de sa vie, d’avoir infligé ça à son fils.

« Edward… Écoute-moi bien. » Elle s’approche un peu, pose la main sur sa joue, caresse sa tempe et ses cheveux doucement. Edward se crispe par réflexe à son contact humain. Susan se heurte à la dure réalité. Elle a rarement montré ces gestes d’affection. « Il ne faut pas que tu sois haineux des autres. Il faut que tu te montres compréhensif à leur égard. Ils n’ont pas eu la chance d’être éduqués comme toi et d’avoir autant de culture. Tu dois comprendre leur désespoir, et te montrer patient. »
« …Suis-je vraiment contraint d’aller apprendre là-bas ? Je pourrais rester à la demeure et me doter d’un contrôle parfait de mon don seul. Ou nous pourrions faire venir un professeur. » Il n’a pas envie d’y aller. Il ne voit aucune raison de se faire inculquer des bases dans des classes remplies d’ignorants par des professeurs incompétents.
« …Tu dois y aller, parce que tu dois comprendre les autres. C’est juste ce qu’il te manque, et ça ne s’apprend pas dans les livres. Il te faut appréhender le monde extérieur. Tu en es capable, je le sais. Tu es bien trop intelligent pour échouer. »

Trop intelligent. C’est peut-être ça, le problème. Edward acquiesce, il ne dit plus rien. Sa nuque se courbe légèrement, il accepte cette sentence infernale. Il ne voulait pas y aller.

« If you believe it's in my soul
I'd say all the words that I know
Just to see if it wouldn't show
That I'm trying to let you know
That I'm better off on my own »


Il détestait cet endroit. Il détestait ces gens. Quelques semaines qu’il était ici et il avait envie de s’enfuir, de partir loin d’eux. Cette masse informe qui grouillait dans les couloirs et escaliers, ce bruit incessant. Ils parlent tout le temps, ils s’exclament, ils déforment les mots, et ils rient. C’est insupportable. C’est un univers complètement inconnu, et tellement étouffant. Un enfant qui a toujours vécu dans le calme le plus total, qui entendait les mouches voler dans sa chambre sans aucun problème, et qui se retrouve à faire des bouts de chemin avec des PHY. Sans parler des cours. Si les cours spécialement PSY se passent dans un calme assez sympathique, ceux mélangés sont une véritable horreur.

Edward déteste aller en cours. Alors, depuis le début de l’année, il a réaménagé son propre emploi du temps. Il avait rayé certains cours définitivement, comme le sport. D’autres, il n’allait que provisoirement. Certains, il se voyait contraint d’y assister, comme les mathématiques, car le professeur était un fou furieux. Il faisait attention à ne jamais rater une interrogation écrite, pour obtenir un excellent bulletin, mais il préférait rester dans sa chambre pour lire. Enfin, il préférait plutôt aller lire dans le parc ou la bibliothèque. Il était doté d’un camarade de chambre trop étrange et dérangeant qui venait perturber sa lecture.

« Edward… On peut parler deux minutes ? »

Le prénom. Ils n’avaient toujours pas compris dans ce foutu bahut, ces prolétaires insupportables et mal éduqués, ils n’avaient pas appris le respect ? Edward finit de ranger son cartable en inspirant, et se tourna vers son professeur d’Histoire-Géographie, Kharmaz. La salle était déserte.

« J’ai donné quatre dm. Tu n’en as fait aucun. Qu’est-ce que je dois comprendre ? »
« …Que je n’ai pas trouvé l’utilité de les faire. » Ces DM étaient une pure perte de temps. Tout était une perte de temps ici.
« Les DM font partie d’un contrat. »
« Je rends mes devoirs sur table. Je ne fais que ce que je conçois utile. Le reste est une perte de temps évidente. »
« On ne te demande pas de concevoir ni de juger ce qui te parait utile ou non. »

Edward eu un blanc. Un léger, un rare, un de ceux où il vous fixe sans ciller, et son cerveau carbure pour trouver une réponse. La réplique de son professeur l’a assommé. Il ne lui demande pas de penser.

« … Vous me demandez de ne pas réfléchir sur les motivations de mes actes. »
« Oui. Techniquement on le fait pour toi. »
« Comme si vous pouviez penser à ma place. » C’est une réplique acide, crachée avec tout le dédain et toute la complaisance dont Edward est capable.
« …Ecoute Edward. Tu es sur de ne pas vouloir faire un petit effort ? Je vais devoir te punir sinon»
« Donnez-moi un travail que je juge utile d’effectuer pour ma culture et mon éducation. » Un léger blanc traverse la salle. Kharmaz ouvre la bouche, la referme, déstabilisé un bref instant.
« Bon, qu’est-ce que tu fais ici ? »
« … Je viens apprendre à maitriser mon pouvoir. »
« Alors pourquoi tu viens en cours d’histoire ? »
« … Je ne viendrai plus. » C’est la seule chose qu’Edward trouve à répondre. Il voulait juste tenter de s’adapter, faire comme tous les autres. Il était venu ici pour comprendre ceux qui lui étaient inférieurs.
« Ecoute Edward. Si tu es dans cette école, tu en acceptes les règles. Donc tu viens en cours. Si tu viens en cours, tu acceptes le contrat et tu rends les devoirs qu’on te demande, même si tu considère ca idiot. »
« Vous ne pouvez pas consciemment me demander de faire une chose idiote. »
« Si je constate effectivement que c’est idiot, je m’ajusterai. »

Il n’y avait plus mot pour la discussion. Ou peut-être qu’Edward était déjà simplement fatigué d’être ici. Il n’avait pas l’habitude qu’on lui retourne son argumentation dans la face, qu’on lui pose des questions auxquelles il ne trouve pas réponse immédiate. Tout cela était trop nouveau, dérangeant, oppressant, et il se sentait acculé contre un mur. Il avait horreur de cette sensation.

« … Très bien. »

Sans un autre mot, il prend la feuille que Kharmaz lui tend avec un mot de remerciement et s’enfuit presque de cette pièce. Il revient, deux heures plus tard, un devoir parfait entre les mains. Edward ne comprenait pas pourquoi il avait à faire ses preuves. Pourquoi il fallait qu’il se justifie. Il essayait encore de bien faire, d’essayer de comprendre ce système qui lui interdisait toute réflexion.

« We don't have too much time here, and time it travels far too fast!
We're not too far we're too near, before they take it from our hands! »


« Edward, joyeux anniversaire ! »

Edward hausse un sourcil devant le tableau qui s’offre à lui. Déjà, il se demande comment ses deux énergumènes sont au courant de la date. Et de plus, comment ils ont réussi à faire effraction dans sa chambre. Il était persuadé d’avoir fermé à clé avant de partir à la bibliothèque.

« Strauss, je te prie d’enlever tes pieds de la table basse. Immédiatement. » Cette table doit couter plus que tout ce que les jumeaux portent sur eux comme fringues. Nathan s’exécute avec un rire, il se lève prestement du fauteuil pour s’approcher d’Edward, et lui tend un paquet mal empaqueté.
« Désolé pour le paquet, on est pas très doués en emballage. »

L’adolescent hausse un sourcil et prend le paquet. Il l’étudie minutieusement quelques instants, puis déchire délicatement l’emballage, sans un mot. Edward a toujours reçu un unique présent pour chaque anniversaire, de la part de la famille. A chaque fois quelque chose d’assez inestimable, comme une chaine en or, une gourmette, une chevalière, qui n’avaient aucune utilité en soi.
Il finit d’ouvrir le paquet et déplie le pull. Il reste quelques secondes silencieux, en train d’admirer le vêtement. Ce n’est pas un de ses énièmes pulls à col en V, ni même un petit sous-pull en cachemire et à col roulé. Non, c’est un sweat à capuche, noir, avec des bandes bleues électriques sur les manches, et des motifs de la même couleur sur le devant.

« Il est beau hein ? On a trouvé que le bleu allait trop bien ‘vec tes yeux. Essaye-le ! »

Nathan le pousse devant la grande glace accrochée à une porte de son armoire. Edward hésite, un instant, les regarde, puis soupire et enlève le pull qu’il portait, dévoilant un tee-shirt gris et un bout de son torse. Il passe ensuite délicatement son nouveau sweat, sans toujours être capable de prononcer la moindre parole. Il s’obverse dans la glace. Il a l’air de faire son âge, subitement.

« Oh, il est encore un peu grand, mais parfait sinon ! » C’est Lucas qui a parlé, complètement avachi sur le lit de son ami, un grand sourire sur le visage.
« ……………..Merci. » Son image dans le miroir le trouble plus qu’elle ne le devrait. Mais il aime ce sweat.
« Oh, on a un aut’ cadeau. » Lucas se lève avec un paquet de taille moyenne qui semble lourd. « ‘Fin, il est pas d’nous, mais la personne qui m’l’a donné veut pas qu’tu saches son identité. Donc ‘vla, cadeau surprise ! »

Edward hausse encore un sourcil et défait l’autre paquet. Il reste quelques secondes inerte devant la vision qui s’offre à lui. Chacun des livres est ancien et superbement décoré, avec des reliures dorées. L’adolescent tient entre ses mains une ancienne et inestimable édition de Les Misérables, dans sa langue originale, une de celles qu’il n’avait jamais pu dégoter.

« …Je lui dirai que ça t’a plu. » Lucas sourit. Il se demande pourquoi cela le fait autant rire. Et bizarrement, l’envie de tenir sa langue et de ne jamais lui dire qui est l’auteur de ce cadeau lui parait très amusante.

« You, with your words like knives
And swords and weapons that you use against me,
You, have knocked me off my feet again,
Got me feeling like I’m nothing. »


« Edward… Edward, viens là… »

Edward se laisse enlacer par une paire de bras. Il pose sa tête contre son épaule, ferme les yeux. Son corps tremble, secoué par des sanglots silencieux. Il a juste mal, tellement mal, et ses yeux n’en peuvent plus de pleurer. Il se sent bercé doucement, il entend des mots murmurés à son oreille, mais il ne les écoute pas. Edward préfère entendre le battement déstructuré de son cœur. C’est le premier échec de sa vie, il est amer, atroce, blessant.

Il n’aurait jamais dû venir ici. Il n’avait pas compris. Tout était arrivé si vite, et pourtant il gardait cette impression dérangeante qu’il n’avait fait que mettre un terme à une foulée de sentiments malsains étriqués à l’intérieur de son abdomen depuis le début. La première fois qu’il avait rencontré Lakhdar-Khaled Kharmaz avait été la pire, car il l’avait pris pour moins que ce qu’il était. Mais, homme de ménage ou professeur, cela ne faisait pas grande différence pour Edward.
Edward était toujours à batailler avec les autres, avec ce monde inconnu. Un an et demi qu’il était ici, et il avait finalement compris qu’il ne pourrait jamais s’adapter. Il s’était enfermé, et avait regardé les personnes défiler. Parfois, il s’était attaché à des élèves, un peu en dehors, comme lui. Mais plus que tout, Edward avait appris ce qu’était la solitude. Et parfois, il s’était senti vraiment terriblement seul, sans personne à qui se rattacher. Il n’avait jamais eu personne pour le faire, comme il n’avait jamais eu personne pour montrer qu’il était fier de lui.

Edward ne savait pas, cela le tuait. Comment c’était arrivé. Dans toutes ses fréquentes altercations avec Kharmaz, il s’était senti au calme. A l’abri, peut-être parce qu’il avait toujours l’impression de Kharmaz essayait de l’aider, ou du moins lui accordait une partie du respect qu’il méritait. Non, il ne savait définitivement pas. Tout ce qu’il avait en tête, c’était son visage, ses yeux, ses mains, son corps, c’étaient ses expressions, cet agacement fréquent dans ses pupilles, ou l’air de profonde consternation. C’était son ton magistral pendant les cours.

C’était malsain, dérangeant, Edward s’en était bien rendu compte. Il ne comprenait pas pourquoi son cœur battait si vite, pourquoi il se sentait profondément mal à l’aise, pourquoi il avait toujours envie d’être plus proche de son professeur qu’il était censé détester. C’étaient Nathan et Lucas qui lui avaient ouvert les yeux. Il était simplement amoureux, d’un homme. Une chose qu’il n’aurait jamais pu concevoir avant. C’est vrai, deux hommes ensemble, c’était impossible. Purement, et simplement impossible.
Il avait tenté. Il s’était déclaré. Il s’était pris un râteau, en bonne et due forme. Edward était un bon soldat. Il savait pertinemment qu’il échouerait, mais il était parti, le cœur battant et l’âme d’un guerrier en peine qui ne peut plus lutter contre la force des sentiments. Mais peut-être n’était-ce qu’une bataille de plus perdue dans l’immense champ de guerre qu’était Aisling. Après tout, Edward se battait contre les autres depuis son arrivée.

Mais il pleure sur l’épaule d’Anthony, parce qu’il aurait réellement aimé gagner cette bataille. Parce qu’il espérait au fond de lui, inconsciemment, que Kharmaz pourrait dire oui. Edward a l’impression qu’une plaie béante s’est ouvert dans son torse. Il se demande comment un simple homme peut en valoir la peine. Encore une fois, il ne trouve pas de réponse, seulement la peine qui se répand un peu plus dans son esprit et tue sa raison.

« Why are we pretending this is nothing?
I'd tell you I miss you but I don't know how
I've never heard silence quite this loud. »


« …Edward ? »

Edward lève les yeux du sol pour les poser sur Lakhdar. Il s’arrête, fronce les sourcils et regarde autour de lui. Il est dans les couloirs illuminés d’Aisling, à environ trois heures du matin, et il doutait de pouvoir croiser quelqu’un à cette heure. Perdu dans ses esprits, le regard dans le vide et les pensées divagantes à cause des derniers jours, et du manque du sommeil.

« …Vous devriez dormir. » C’est un fait. Edward ne comprend d’ailleurs pas ce que fait Kharmaz ici.
« Toi aussi. »
« …Je n’ai plus de médicaments, pour dormir. » Au moment le plus fatidique. Edward n’a pas besoin d’expliquer plus, car il sait que Kharmaz sait. Ils se sont expliqués là-dessus, plus d’un an auparavant.
« Ha… Oui. J’en ai si tu veux. »
« …Je ne veux pas vous déranger. »
« Non, c’est bon…Je ne sais pas si je dois t’en donner en fait. »
« Vous savez que je ne peux pas dormir sans. »
« Oui…oui…bon je fais quoi… »
« …Ecoutez, laissez, je vais me débrouiller. » Il a mal au crâne, il est fatigué, épuisé par les événements, et voir Lakhdar n’était pas dans ses plans ce soir. Il pensait juste aller lui dire au revoir demain, ou avoir une dernière discussion s’il n’en avait pas le courage.
« Non c’est bon, je vais t’en donner. »

Sans un mot, Kharmaz l’entraine tranquillement dans sa chambre, et va fouiller dans son armoire à pharmacie. Edward est trop perdu dans ses pensées, dans les mots qui s’entremêlent pour prendre le temps de s’accorder qu’il est dans la chambre de son professeur, une nouvelle fois. Il se sent mal-à-l’aise, et égare son regard dans les méandres de la pièce assez bien rangée. Il remarque le livre ouvert sur le lit.

« …Tiens. » Lakhdar le sort de sa contemplation en lui tendant les médicaments.
« …Merci. » Il les prend, mais ne bouge pas. C’est peut-être sa dernière chance. Edward a horreur des regrets. « Je sais que ce n’est pas l’heure pour cette question, mais avez-vous réfléchi à ma proposition ? »
« …Laquelle ? »
« …Celle que je vous ai faite plus jeune, de sortir avec moi. »
« …C’est non, Edward. » L’adolescent continue de se penser immunisé. Cela fait plus d’un an qui n’en ont pas parlé. Il vient tout juste d’avoir dix-neuf ans, et ça le blesse, encore.
« …Mais j’ai grandi. Et je quitterai bientôt le lycée. » C’est presque ironique. Demain à cette heure-là, il sera à nouveau dans le manoir familial.
« Ecoute Edward. Tu es attirant. Tu es intelligent. Mais on aura toujours vingt ans d’écart et franchement… Ni pour toi ni pour moi ce ne sera saint. Vraiment. »

Edward ouvre la bouche pour répliquer. Il va dire qu’il est majeur, qu’il fait bien plus vieux que son âge, et qu’il ne sera bientôt plus son élève. Il veut le dire, il veut le convaincre, mais c’est vain, parce que demain il ne sera plus là. C’est une autre bataille perdue, c’est une guerre où il est vaincu.

« This night is sparkling, don't you let it go
I'll spend forever wondering if you knew
I was enchanted to meet you. »


« …Edward ? Je peux entrer ? »

Pourquoi les gens l’appellent-ils tous Edward ? Ah, parce que c’est son prénom. Tant de gens différents l’ont prononcé…

Edward se retourne et voit sa mère dans l’encadrement de la porte. Cela ne fait que quatre ans, mais les rides se sont creusées sur son visage. Et même s’il revenait à chaque Noël et Eté, il avait l’impression aujourd’hui d’être un étranger. La maison, quant à elle, ne lui avait jamais paru aussi vide. Aujourd’hui, ils n’étaient que deux.

« Oui, mère. Entrez. »

Sa valise est à moitié défaite, sur le lit. Edward a attendu de rentrer de l’enterrement pour l’ouvrir. Intimement, au fond de lui, caché, il avait le sentiment qu’il n’aurait pas besoin de la défaire, car il repartirait. Son regard se perd sur l’édition de Les Misérables soigneusement empaqueté dans un coin, à côté de ce sweat noir et bleu. Il ne prête aucune attention à sa mère qui l’observe attentivement. Elle soupire. Qu’est-ce qu’ils lui ont fait, là-bas ?

« Nous allons rendre visite à ton grand-père demain. Il faut régler tous les papiers de succession. La secrétaire de ton défunt père t’introduira dans les locaux lundi. »
« Virez-là. J’en choisirai une nouvelle quand j’aurais le temps. »

Il ne peut pas repartir. C’est maintenant qu’il se rend compte qu’il n’a dit au revoir à personne. Même les Strauss, les seuls au courant, et pas même Lakhdar. Ils se sont quittés sur un refus, un autre. Edward est étrangement fatigué, il n’a pas encore commencé à travailler.

« Edward, il faut que tu te reprennes. » La voix de sa mère claque fermement dans l’air, et Edward hausse la tête. Son enfance vient le rattraper au galop. « Tu ne peux pas te montrer déstabilisé maintenant. Tous tes associés et adversaires vont te juger, et si tu ne te montres pas à la hauteur de ton père, la société s’écroulera. »
« Ne vous inquiétez pas. Je serai meilleur que père. » Il ne peut pas repartir. Il doit tirer un trait, et simplement penser à la vie qui l’attend.
« …Tu n’auras plus à fréquenter ces gens. C’est fini, Edward. » Pour elle, Edward est un combattant revenu profondément meurtri de la guerre. Elle savait, pourtant, qu’elle l’envoyait au front sans armes, sans protection, sans rien pour se garder des blessures infligées par les autres.

Edward acquiesce. Il ne peut rien dire d’autre. Oui, c’est fini.



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MessageSujet: Re: Edward v.2.0 - I tried to be perfect, it just wasn't worth it.   Edward v.2.0 - I tried to be perfect, it just wasn't worth it. Icon_minitimeSam 5 Jan - 16:44

Double-post delamortquitue pour dire:

HA CA Y EST J'AI FINI.
Vous n'êtes pas forcé de lire l'histoire qui mesure 3KM DE LONG JE CONCOURE POUR L'HISTOIRE LA PLUS LONGUE YOUUUHOUU. (le format de page n'aide pas. Mais elle est vraiment vraaaaiment longue.)

MAINTENANT JE N'Y TOUCHE PLUS HAHAH NEVER AGAAAAAAIN.
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It's a kind of magic.
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MessageSujet: Re: Edward v.2.0 - I tried to be perfect, it just wasn't worth it.   Edward v.2.0 - I tried to be perfect, it just wasn't worth it. Icon_minitimeSam 5 Jan - 17:37

Et sans surprise, je valide, bien sûr.
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MessageSujet: Re: Edward v.2.0 - I tried to be perfect, it just wasn't worth it.   Edward v.2.0 - I tried to be perfect, it just wasn't worth it. Icon_minitime

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