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 salzmann — i don't complain, i won't complain

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Mohsen Ljubomir
salzmann — i don't complain, i won't complain Rangphy
Mohsen Ljubomir

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Date d'inscription : 01/04/2010
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It's a kind of magic.
Age du personnage : 17 ans
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MessageSujet: salzmann — i don't complain, i won't complain   salzmann — i don't complain, i won't complain Icon_minitimeLun 12 Nov - 3:28

salzmann — i don't complain, i won't complain Tumblr_mdc59usgGU1ree3uzo1_500


my mama said i must be a tough guy to live up there, i wanna know why my mama says you got to be bad or beware


Il y avait une anarchie permanente dans les mots de Mohsen, une sorte d’intempérance juvénile qui se faufilait au travers de ses sentences comme un mal insidieux, qu’elles fussent orales ou écrites. Quand elle parlait, sa bouche épaisse et brune avait des airs de cavités scabreuses dont s’écoulait un flot continu de déchets verbaux embourbés dans leur maladresse fétide, et quand bien même elle épargnait à ses auditeurs cet atroce supplice en déversant ses mots brouillons sur un malheureux bout de papier, les petites lettres pointues et entassées les unes sur les autres qu’elle dessinait du bout de son crayon se mutaient en canifs finement aiguisés, prêts à trancher la cornée de ses correspondants abominés. La conjugaison et la grammaire n’étaient que de vagues concepts dont l’indifférence qu’elle peinait à éprouver à leur égard avait atteint le sommet le plus suprême de l’emmerdement, et desquels elle ne s’encombrait pas. Elle écorchait vif, raturait, déguisait, disséquait ; transformait la langue de Shakespeare en un amalgame altéré de masses puantes et grises, une monstruosité abécédaire.

Pourtant, jamais Mohsen n’orthographia mal le nom d’Erez Salzmann. C’était instinctif, un impératif sous-jacent à la peur tapie dans les nervures en relief de ses ratures. Salzmann faisait parti de ces gens qu’on appelait Homme sans vraiment savoir pourquoi, puisqu’il s’accordait mieux à l’entité supérieure et despotique qu’au voisin pantouflard qu’on croisait à l’épicerie arabe du coin. Il n’y avait rien d’humain dans le métal hurlant de ses iris, juste le froid mordant de son âme abstraite. C’en était terrifiant, cet amas de chair musclée qui vous surplombait de toute sa puissance, ces yeux qui se cognaient contre vous dans une brutalité assourdissante, ces tatouages blancs qui vous confrontait à la mort dans son plus bel habillage : cette incapacité à le considérer autrement que comme un monstre de tyrannie et de sang. Les rumeurs qui se profilaient comme de la mauvaise herbe dans les couloirs d’Aisling ne l’aidaient en rien à calmer la crainte qui assaillait son être lorsque le délicieux nom du professeur glissait dans les méandres de son oreille ; tous s’accordaient à porter Erez en une créature sévère et insensible. L’esprit dégénéré de la blonde, gangréné par les échos morbides, avait muté l’homme en une psychose vivante. Mais de ce malaise infernal avait germé une de ces fleurs du mal que l’insolence des adolescents ne se résout à arracher sitôt fleurie. Il fallait qu’ils la nourrissent, qu’ils l’entretiennent durement, qu’ils la protègent, éternels Petits Princes maudits. La curiosité est un vilain défaut; ce n’en était qu’un de plus qu’elle ajoutait à sa collection. Il y avait quelque chose d’étrange dans Erez, camouflé sous ses muscles qui glissaient comme des serpents, dans l’émail un peu trop blanc de ses canines acérées, dans le calme secret qui suintait de ses pores serrés. Mohsen était tout autant terrifiée qu’inexorablement fascinée par l’insaisissabilité de cet étrange personnage qu’elle ne pouvait représenter que par une tâche grise et informe maculant la toile de sa mémoire. C’en était effrayant.

Ses pieds martelaient violemment le sol dans un bruit lourd et régulier tandis qu‘elle dévalait dans les couloirs d‘Aisling, bousculant les rares passants en invoquant une urgence divine pour excuse. Le cadran de sa montre jaune affichait vingt heures huit ; elle était en retard. Sa main droite serrait ferment un bout de papier chiffonné, sali par son étourderie récurrente : « je vous rappelle que vous êtes collée (dixième retenue accomplie sur vingt) ce mercredi, à la suite de dégradations répétées sur des biens appartenant à l'école, de vingt heures à vingt-deux heures, dans ma salle de PAD. ». On ne faisait pas attendre Salzmann, à moins que l'on fut idiot. Mohsen était une idiote. Une idiote qui courrait à sa perte. Elle s'arrêta soudainement dans sa course folle, haletante, face à une grande porte en bois sombre. Elle jaugea quelques secondes la poignée en or, l'idée de s'enfuir à grandes enjambées s'insinuant soudainement dans son esprit. Vingt heures dix. Elle porta trois coup à la porte et ce fut la peur au ventre qu'elle pénétra dans la salle de cours, un étrange goût aigre perdu au fond de sa bouche. Elle fit quelques pas, seulement, lourds et lents, avant de fermer la porte doucement sur son passage. Ses yeux ne décrochaient pas de ses pieds.

Je suis en retard, je sais elle respirait bruyamment j’ai trébuché sur Clydwyn en chemin. Enfin, plutôt sur un bout de son corps. Et c’était dégueulasse. Je vous raconte pas le flip de ma vie que je me suis tapée, zebi !

Elle essuya du bout du pouce une goutte de sueur qui glissait le long de ses tempes palpitantes, le souffle saccadé, esquissant un sourire embarrassé et un rire léger, un peu idiot. Son coeur cognait fort contre sa poitrine, et elle ne sut dire si ce fut à cause de l'effort ou de la nervosité qui l'assaillait soudainement. Elle n'aimait pas se retrouver seule avec Salzmann, le brouhaha permanent de l'école écrasé par le poids pesant du silence qui régnait en Roi dans la salle. C'était une fille de la cacophonie, elle préférait les bordels aux églises. Elle osa enfin confronter son regard céruléen aux pupilles noires de son professeur, puis baissa aussitôt les yeux. Elle les releva. C’était une grande fille, et pourtant soutenir le regard d’Erez était une de ces choses dont elle avait du mal à vaincre la difficulté.

Sans plus attendre, elle se faufila entre les rangées de tables, le cul bombé comme une petite pétasse, recouvrant de son insolence polissonne propre aux ignorants. Elle jeta son eastpack jaune fluo à terre, et s'assit bruyamment sur une des tables, face à Erez. Ses pieds se balançaient doucement dans le vide, gardant de sa superbe.

Enfin me voilà. je vous ai pas trop manqué ?

Ses mots d'enfant bêcheuse, cet orgueil naïf et vain, juraient avec la cadence déréglée de son palpitant, avec la boule noire qui parasitait son ventre. Ses doigts pianotaient nerveusement sur la table. Elle n'aimait pas Erez Salzmann, pour l'effroi qui dévalait son échine dorsale lorsque sa silhouette s'imprimait sur sa pupille.

The guy next door is such a whore


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