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 amaryllis — chromatic bird.

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Amaryllis McClair
amaryllis — chromatic bird. Rangelem
Amaryllis McClair

Messages : 21
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amaryllis — chromatic bird. Vide
MessageSujet: amaryllis — chromatic bird.   amaryllis — chromatic bird. Icon_minitimeVen 12 Oct - 18:27

j'ai un peu l'impression de réservé toutes les fiches mais euh, c'est un cas de force majeur, eukay ?

You know my name.

.
I don't feel enough for you to cry.
amaryllis — chromatic bird. Txt9
✂ Surnom : Mary, Lys, Ama. L'Afrique, aussi.
✂ Age : 18.
✂ Année : Septième année.
✂ Année d'arrivée : Première année.
✂ Classe : N'importe.
Supernatural Superserious.

.
You lie, silent there before me.

Elle avait toujours le pressentiment qu’elle allait perdre quelque chose. Elle avait toujours ce sentiment, puissant et obsédant, que quelque chose de terrible et de silencieux allait se produire. C’était comme un murmure à l’arrière de sa tête qui lui susurrait de bien affreuses destinées, comme une fatalité incertaine dont elle ne pourrait se débarrasser. Elle était persuadée que quelque chose, quelque part, allait mal se passer. Battement de cœur. Battement de cils.

Ça l’angoissait.

Alors elle s’agitait, elle parlait fort, elle faisait voler ses mains, elle frémissait et agissait, un peu vainement, un peu bêtement, trop spontanément, sans jamais réfléchir assez. Amaryllis était à fleur de peau, à fleur de tout, à fleur de toi, et d’elle, et du reste du monde, comme si tout était exacerbé, comme si tout lui crevait le cœur. Ça tanguait sous ses pas, quand elle avançait dans la foule, ça faisait rouler ses hanches, sous la houle. Elle semblait hors du temps, comme envolée et vaporeuse, éthérée et floue. Les émotions qui la saisissaient étaient pourtant violentes et sans concessions, brutales, fatales. Ça tordait son corps fragile, ça la secouait jusqu’au fond. Ça brisait son cœur et ses os, ça la faisait exploser tout entière. Elle était une fille de rien, une fille de l’air, changeante et mouvante, qui ressentait toujours trop fort pour elle, qui faisait mine, pourtant, de s’en moquer. Elle était comme ça aussi, Mary, impassible et immuable, étrangement détachée. Les gens passaient et s’en allaient et elle restait là, sans bouger. Elle se disait que c’était sans importance, qu’ils étaient sans importance, que la vie continuait. Elle s’en persuadait. Pourtant, à chaque fois, c’était son cœur qui se désagrégeait, son cœur en morceaux, en lambeaux, qui se déchirait pour quelques mots. Ses relations étaient fugaces, intenses et douloureuses, des passions incertaines et désespérées. Elle s’y était habituée. Elle n’espérait plus, elle laissait faire, elle abandonnait. Elle regardait les gens vivre sans plus y prendre part. Elle était lâche, Amaryllis. Lâche de fuir sans oser, d’attendre, de provoquer, d’espérer un geste sans jamais commencer, sans jamais être significative. Qu’on lui plaise, ou qu’on ne lui plaise pas, elle ne se piquait jamais au jeu du hasard de lancer les hostilités et de se risquer à perdre.

C’est pour cela qu’elle jouait. Funambule sur son mince fil d’indifférence mensongère, elle se montrait piquante et violente, elle agaçait, elle embrassait, elle titillait, se blottissait, elle frappait, aussi, pleine de rage et de frustration, comme montée sur un ressort, danseuse dans le vent. À tant souffler le chaud et le froid, elle nageait dans des eaux troubles, Amaryllis, et les gens qui l’approchaient peinaient à les percer. Et puis, parfois, il y avait quelqu’un. Ça pouvait venir d’un sourire, ça pouvait venir d’un regard. Et son visage s’illuminait. C’était comme un flash, c’était comme une illumination. Elle savait que c’était cette personne et uniquement celle-là qu’elle voulait dans son entourage. Personne d’autre. Et pour ces personnes-là Ama perdait la tête. Elle se transformait en preux chevalier et pouvait combattre dragons cracheur de feu et professeurs furieux juste pour leurs beaux yeux. Ce n’était pas de l’amour, non, pas à chaque fois — l’amour, elle vous dirait qu’elle n’y croyait pas — c’était juste un sens exacerbé de l’amitié. De l’amitié sur des critères flous, peut-être insensés, sans doute puérils, mais Lys y croyait, Lys y croyait fort. Elle s’en moquait bien qu’on se moque, elle se foutait bien qu’on la pense en tort. Elle relevait le menton, elle s’attachait à ses idées. Elle se battait pour chaque pouce de terrain qu’on avait pu lui accorder.

Parce qu’elle était trop fière, Amaryllis, que ça gonflait son cœur et son corps de moineau mouillé, que ça imbibait ses gestes, ses paroles, ses mots. Alors elle se jetait à la tête des gens comme on lancerait des assiettes, elle criait, elle tapait du pied. Elle relevait tous les défis. Et c’était là qu’il y avait une faille, c’était là que se fissure sa gangue de fille tranquille et sans histoire. C’était à ce moment-là. Lorsqu’elle balançait son pied dans la porte en criant, qu’elle balançait une droite à celui qui l’emmerdait et que, l’air menaçant et la langue acide, elle hurlait des mots tous plus violents les uns que les autres. Elle semblait toujours se balancer au-dessus de la faille, fildefériste experte qui jonglait avec le risque et vous lançait des clins d’œil avant de choir. Parce que c’était dans son caractère, de foncer dans le mur, de tourner en rond. Elle n’était pas idiote, non, seulement trop impulsive. Elle pensait, oui, mais après. Quand les dégâts étaient là, que tout étaient à réparer. Et pas seulement les murs, non, les cœurs aussi. Elle ne s’en rendait même pas compte, au fond, lorsqu’elle dépassait les limites et, excédée, commettait l’irréparable. Parce que c'est une passionnée qui se donnait tout entière, une fois attrapée. En attendant... En attendant, elle naviguait, bringuebalant, agrippée au bastingage par temps d’orage, secouée par les aléas d’une vie qui l’égratignait petit à petit.

Et c’était toujours un peu la tempête, dans la tête d’Amaryllis. Et ça soufflait, et les idées s’accumulaient, les mots qu’elle aurait voulu dire, ceux qu’elle aurait voulu retenir. Et les maux qu’on se voit infliger. Ça faisait des tas, ça empoussiérait. Ça recouvrait ses pensées d’un voile opaque. Alors elle s’embrouillait, elle assassinait, elle plaquait ses mots sur le papier, bouillie informe de sentiments, de vécu, de passé, de présent, de futur. Et l’on disait qu’elle écrivait bien. Mary se contentait d’en rire. Elle ne croyait pas aux mots, à ces petites phrases que l’on fredonnait. Elle ne croyait pas à la politesse illusoire aux « Bonjours », aux « Merci », aux « Au revoir ». Ça ne sert à rien, vous expliquait-elle, si je pars, je pars, c’est un adieu temporaire, nous n’avons pas de temps à perdre avec ça, je reviendrai. Je reviendrai. Peut-être pas toujours, toujours c’est si lointain. Mais je reviendrai. Un jour.

Un jour, c’est si loin, lorsqu’on s’appelait Amaryllis et qu’on ne croyait ni aux « Jamais » ni aux « Toujours ». Un jour c’était perdu dans le lointain. Elle ne promettait jamais rien. Elle restait dans le flou, dans l’indistinct. Elle se mouvait sur ses cordes comme une valseuse sur le fil, elle s’épuisait à vivre au jour le jour, sans se projeter, sans jamais penser plus loin. Rire, danser, pleurer, rêver, elle faisait de chaque jour une éternité dans laquelle elle pouvait subsister sans craindre le temps passé et les occasions ratés, les remords et les regrets. Amaryllis voudrait pouvoir vivre mille vies, faire tous les choix, répondre oui et non à chacune des questions, ne renoncer à rien et vivre pleinement. Elle voudrait s’épanouir et grandir, ne jamais s’arrêter de courir, traverser toutes les couches de l’existence comme si elles n’étaient rien. Amaryllis voudrait exister sans plus jamais pleurer. Amaryllis voudrait vivre sans plus jamais souffrir, arrêter d’être simplement une écorchée vive, mettre un peu de peau sur le blanc de ses os. Elle voudrait qu’on la soigne et elle voudrait qu’on l’aime, arrêter de n’être que le substitut d’une autre, que l’image incertaine d’autres filles et d’autres temps. Elle voudrait être elle-même.

Battement de cœur. Battement de cil. Elle avait toujours le pressentiment qu’elle allait perdre quelque chose. Elle avait toujours ce sentiment, puissant et obsédant, que quelque chose de terrible et de silencieux allait se produire. C’était comme un murmure à l’arrière de sa tête qui lui susurrait de bien affreuses destinées, comme une fatalité incertaine dont elle ne pourrait se débarrasser. Elle était persuadée que quelque chose, quelque part, allait mal se passer. Elle avait raison.

Cependant, envers et contre tout,

elle survivait.
It's the end of the world as we know it.

.
♠ ♥ ♣ ♦

✎ Don : Aeromorphie.
✎ En détail : La jeune fille se transforme en courant d'air, insaisissable.
✎ Maitrise : Pour le moment, elle arrive assez bien à contrôler ses passages solides/aériens dans les deux sens, sur des portions de son corps. Par contre, il lui ait arrivé de rester bloqué à son stade aérien alors qu'elle tentait une transformation totale pour cause d'un manque de concentration, d'une fatigue intense.

✎ Lui & les ELEM : Il serait faux de dire qu'elle est attachée à sa classe. Elle les supporte.
✎ Lui & les SPE : Malgré la "haine" censée scinder leur deux classes, elle est intéressée par leurs dons.
✎ Lui et les PHY : Curieusement, c'est la classe qui l'attire le plus de par leur énergie.
✎ Lui et les PSY : Ils l'indiffèrent, pour la plupart.
Jolie petite histoire.

.
The love you never gave, I give to you.

Elle avait la tête pleine de courant d’air, d’échappées belles, de « J’exaspère ». Elle avait dans le corps toutes les fugues de Bach, les mélodies de violon qui s’entrelaçait entre ses os. Amaryllis avait toujours aimé la musique classique. Elle avait toujours aimé le bruit de l’archer sur les cordes, les doigts qui frappaient les touches d’ivoire du piano, le souffle infini et si limité qui courrait dans les cuivres. Elle avait toujours trouvé cette musique humaine et divine, savant mélange instinctif de prières et de miracles, comme si l’homme devenait Dieu et Dieu, simple mortel. Lorsque Cosmos jouait du violon, c’était toutes les strates du Paradis et des Enfers qui s’ouvraient sous ses pieds comme les plaies béantes d’une faute millénaire qu’ils auraient à assumer. Lorsque Cosmos jouait du violon, c’était des pardons qui s’élevaient, des milliers de pardon pour une absolution qu’on ne pouvait qu’imaginer. Amaryllis ne savait pas pour quoi elle s’excusait, visage tendu vers la lumière diffuse qui passait par la fenêtre sale. Amaryllis ne savait pas pourquoi, il le fallait, c’était comme ça. La robe blanche de Cosmos avait virevolté autour de ses cuisses pâles alors qu’elle se tournait vers Amaryllis, alors qu’elle riait aux éclats, alors que son rire se fendillait en milliers d’éclats d’air. Elle avait tendu les bras, elle s’était pelotonnée contre elle, elle l’avait nargué d’un sourire enfantin. Il y avait eu un baiser. Un baiser amer et aigre-doux, un baiser acide et plein de sucs et de biles. Il y avait eu ce baiser vénéneux. Dans la tête de Mary, on s’était laissé périr.

Depuis que Cosmos était morte, la musique avait changé d’air.
Tout avait semblé se saccader.

Il y avait ce rayon de soleil qui passait par les volets entrouverts, plongeant la pièce dans une pénombre moite, bercée par le murmure de l’été autour. Il y avait dans la pièce le suintement froid des vieilles pierres. Il y avait dans la pièce, une fille plus tout à fait elle-même et un souvenir, plus tout à fait mort. Il y avait dans l’air des larmes, dans les cœurs, des prières. Elles s’appelaient l’Absence de Cosmos et Amaryllis. Elles n’étaient pas tout à fait une, pas tout à fait deux. Elles étaient la Souffrance.

— Je ne peux pas te rendre heureuse, avait murmuré la voix rauque de la fille pâle, dans le noir de la chambre. Je ne peux pas. Ce n’est pas possible. Tu es morte. Va-t-en.

L’Absence de Cosmos avait eu un rictus colérique. L’Absence de Cosmos était vengeresse. L’Absence de Cosmos était douloureuse. Elle avait glissé jusqu’à Amaryllis, éthérée et magnifique, sublime et furieuse. Il y avait eu ses doigts froids sur la gorge blanche, l’éclat de terreur dans les pupilles d’alcool de Mary. Il y avait les pardons désordonnés, les murmures affolés, les larmes qu’on peinait à avaler. Mais l’illusion persistait, mais le fantôme glacé se fondait à sa peau, se glissait entre ses chairs, brûlant son âme, la laissant se dissoudre dans l’acide des remords. L’Absence de Cosmos était une douleur familière sur laquelle Amaryllis avait refermé son cœur ; c’était un double fantomatique, un souvenir qui s’estompe, l’ombre d’une cicatrice sur la peau blanche de la vie. L’Absence de Cosmos était partout et nulle part tout à la fois mais Amaryllis ne pouvait oublier.

Après tout, elle était coupable.
Elle ne pouvait rien y changer.

Il y avait ce flocon de neige qui dégringolait des nuages lourds qui se pressaient sur la ville, glissant sur le macadam irrégulier, annonciateur de l’arrivée des froidures hivernales. Il y avait ce petit garçon qui dessinait dans la neige en urinant dessus, cette petite fille qui l’acclamait, assise sur une barrière, hilare. C’était des années auparavant, des années avant la tempête, des années avant la Mort elle-même. Elle était posée là et souriait de toutes ses dents, en tendant la langue pour attraper les flocons, la tête renversée en arrière. La peinture blanche de la barrière s’effritait entre ses doigts et tirait les mailles de son collant rouge mais elle s’en moquait pas mal, trop occupée à son fou rire, les yeux brillants de malice. L’humidité avait taché sa robe d’été et elle avait précipitamment enfilé un épais pull en laine lorsqu’elle avait aperçu, au loin, la voiture de son père qui descendait la rue. William McClair était un homme énergique à l’imprévisibilité notoire. S’il semblait qu’il aimait sa fille, il n’en était pas moins de ceux qui élevaient leurs enfants à coup de cris et de colères plus que de pédagogie. Elle avait eu un frisson de nervosité lorsque la voiture était passée à côté d’eux. Zillah, le pantalon sur les chevilles, avait esquissé un grand sourire moqueur tout en tonnant un « Salut, Michel ! » qui eut tôt fait de plonger William dans une rage noire. William McClair n’était pas patient. Elle avait dégluti.

— Il va encore hurler.
— Tu t’en branles. Au pire tu t’envoles.

Nerveusement, elle avait fait tourner le bracelet qui ceignait son poignet droit avant de retrousser machinalement la manche trop lâche du pull. Elle n’aimait pas que Zillah en parle. Elle n’aimait pas ce que ça impliquait. Elle n’aimait pas savoir que, tôt ou tard, elle allait devoir s’en aller.

Ça s’était manifesté pour la première fois à peu près quand le premier fils de William, Tom, était venu s’installer chez eux. Elle avait cinq ans, à l’époque, et se souvenait encore de ce matin de mai, de l’odeur de l’herbe qu’on venait de couper, des nuages blancs qui se pressaient dans le ciel à la façon d’un paresseux troupeau de mouton. C’était une journée banale, une journée comme une autre, ça ne faisait aucun doute. Les pavés irréguliers de la terrasse derrière la maison chauffaient agréablement ses pieds nus alors qu’elle courrait à la recherche de son ballon, le nez au vent. Il y avait eu un courant d’air et elle s’était évaporée, comme emportée par lui. Personne ne l’avait vu. La terreur l’avait paralysée et elle s’était cognée, aérienne, à tous les murs, toutes les clôtures, incapable de maitriser quoi que ce soit, apeurée et tremblante de sanglots qu’elle ne pouvait verser. Elle ne sut jamais comment elle parvint à retrouver forme humaine mais sa mère, Jaswinder, l’avait retrouvée blottie derrière un arbre, pleurant tout ce qu’elle pouvait, prostrée.
Elle n’avait pas compris tout de suite. Personne n’avait compris.
Mary était restée silencieuse plusieurs jours. Ses meilleurs amis, Narcisse et Cosmos avaient cotisé leurs maigres argents de poches pour lui acheter des bonbons. Ça ne l’avait pas fait sourire. Il n’y avait que Zillah qui lui avait tiré des lèvres un semblant de sourire lorsqu’il s’était pointé, les mains dans les poches, comme une fleur, comme d’un rien. Elle ne lui avait rien dit — elle ne pouvait pas — mais il était resté et, lorsqu’il était parti, Amaryllis avait semblé apaisée.

On ne lui avoua la vérité que quelques jours après. Son père serrait entre ses doigts une lettre et le sourire qui s’étirait sur son visage semblait empli d’une satisfaction qui avait terrorisé Mary. Il lui avait semblé malsain, subitement, il lui avait semblé trop grand, trop fort, trop fier. Fier d’elle pour une raison qu’elle ne connaissait pas. Fier d’elle pour quelque chose qu’elle ne maitrisait. « Pouvoir », disait la lettre, et son père se rengorgeait de ce terme si élogieux. Amaryllis, elle, semblait décomposée.

Il allait falloir tout dire. Elle n’était pas sûre de pouvoir l’assumer.

Il y avait ce rayon de soleil qui passait par les volets entrouverts, plongeant la pièce dans une pénombre moite, bercée par le murmure de l’été autour. Assise sur les draps blancs, Amaryllis fixait Zillah de ses pupilles alcool. Ils étaient face à face, deux enfants, des opposés, la peau couleur de neige contre le teint de cuivre de l’autre. Il y avait eu un battement cœur dans le silence de la pièce alors que du haut de ses sept ans, elle tendait doucement les mains vers lui, comme pour lui montrer quelque chose. Elle avait peur qu’il la rejette. Elle avait peur qu’il s’en aille. Elle avait peur qu’il la déteste. Il était son cousin, son double, la personne dont elle était la plus proche, qui pouvait tout aussi bien la faire pleurer que la faire rire. Il le savait très bien. Il en jouait aussi. Elle ne lui épargnait rien.

Amaryllis était déjà une fille de l’air, sept ans à peine et des échappées belles plein le corps. Elle s’était évaporée toute entière, quelques jours auparavant, au barbecue organisé par ses parents. Elle s’était perdue en souffles d’air. Il avait eu l’air étonné — déçu, même — lorsque les mains de sa cousine s’étaient évaporés pour se glisser dans ses cheveux, brises fébriles qui l’effleuraient, ébouriffaient sa tignasse blonde d’enfant étrange. Il ne l’avait pas repoussé. Ça l’avait réchauffé un peu, Amaryllis, ça l’avait réconforté un peu aussi. Il était désappointé et en d’autre circonstance, la petite aurait ri aux éclats.

— C’est tout ? qu’il avait demandé.
— C’est tout.
— T’es nulle, l’Afrique.

Elle s’était répétée bien des fois ces mots par la suite, comme des talismans, des preuves de sa normalité. T’es nulle, l’Afrique, comme un c’est rien. T’es nulle, l’Afrique, parce que de fait, ce n’était rien. Zillah avait un don, lui aussi. Un don bien plus puissant. Un don bien plus effrayant. Elle n’avait pas pu lui dire « T’es nul, Hitler » avant qu’il ne parte. Elle n’avait pas pu. De toute façon, elle n’aurait pas osé.

Zillah n’était pas « nul ». Il ne l’avait jamais été. Il avait souvent été horrible, atroce, mesquin, de peu de foi. Mais nul, non, jamais.
Lorsqu’il déménagea à Calcutta l’année de leurs onze ans, Amaryllis eut la sensation que sa vie ne serait plus jamais pareille.
D’une certaine façon, elle avait raison.

Depuis que Zillah était parti régnait dans la tête de Mary un chaos sans nom. Amaryllis, riait-on. Fleurs fanées, sourires lointains. Elle était amoureuse. C’était comme ça, elle n’y pouvait rien. Elle était amoureuse et les mots lui faisaient peur, elle se rebiffait, elle s’exaspérait. Elle espérait un regard, avide, alors qu’elle se coulait dans le lit de Narcisse au prétexte d’un cauchemar. Il n’y croyait pas, il avait l’habitude, il refermait ses bras sur elle, enfouissait son visage dans tes cheveux. Il ne la regardait pas. Jamais. Il ne la regardait plus, depuis un moment, il ne la regardait plus, depuis l’accident. Dans le fond, il ne l’avait jamais regardée. Elle ne le savait que trop bien.

— Amaryllis ? lui demandait-il parfois. Ça ne va pas ?
— Si, répondait-elle invariablement. Si.

Elle était l’horrible pécheresse, la terrible traitresse. Elle était Judas. Elle avait vendu son âme pour un morceau de pomme et le fruit s’était pourri entre ses lèvres.
Elle n’avait que ce qu’elle avait mérité.

Elle se souvenait encore du sourire heureux de la Cosmos de douze ans qui jurait par tous les dieux que Narcisse était la personne qu’elle aimait le plus au monde et du regard pétillant de bonheur de Narcisse qui étreignait la petite fille blonde. Ils étaient jeunes, bien évidemment. Mais ils s’aimaient beau, ils s’aimaient grand. Elle aurait du être heureuse pour eux, elle aurait du sourire, elle aurait du les encourager. Mais le bonheur rongeait Amaryllis à la façon d’un acide puissant et la solitude n’était que plus grande, depuis que Zillah était parti. Même à Aisling, alors que Cosmos était seule avec elle, Amaryllis ressentait les violences âpres de la jalousie. Ça la dévorait de l’intérieure, ça la détruisait. Petit à petit, elle s’était mise à détester Cosmos. Petit à petit, elle avait voulu, elle avait désiré, elle avait souhaité Narcisse, ses lèvres et sa peau, la chaleur de son corps contre le sien.
Elle savait bien qu’elle ne pouvait rien avoir de tout ça et la seule personne à laquelle elle pouvait s’en confier était Zillah. Zillah qui était loin. Zillah à qui elle écrivait « Je suis amoureuse » comme on parle d’une maladie incurable et dans ses mots ne vivaient que la douleur. L’amour était les prémices d’une plaie béante, une affection qu’elle ne pouvait assumer.
Elle avait le sentiment qu’elle ne pourrait jamais y survivre. Et puis tout avait basculé. Il y avait eu l’accident.

Cosmos était morte.
Elle avait tout juste quinze ans.

Narcisse l’avait regardée. Il l’avait regardée avec un amour qu’il ne lui destinait pas. Il l’avait regardée comme si elle était Cosmos. Il l’avait aimée comme si elle était une autre.

Quelque chose en Amaryllis s’était brisé. Quelque chose que jamais elle ne parviendrait à réparer.

C’est dans cet état que Zillah l’avait trouvée, en rentrant en Angleterre quelques semaines plus tard. Coincée dans une relation qui la meurtrissait et l’écrasait consciencieusement, à chercher un peu d’air, à étouffer dans sa culpabilité. Elle aurait voulu qu’il la tire de là. Elle aurait voulu qu’il la serre fort contre lui. Au lieu de quoi, quand elle avait avoué, il avait parlé.

— J’ai tué Cosmos, lui avait-elle murmuré dans la pénombre de sa chambre.
— Tu racontes n’importe quoi, Mary.
— Je l’ai tuée. Elle est passée sous une voiture pour éviter que ce ne soit moi qui passe en-dessous.
— Tu conduisais la voiture ? Non. Alors secoue-toi, l’Afrique, c’est cette nana qui a agi de façon complètement stupide.

Elle avait fondu en larmes, quand les mots l’avaient percutée. Elle avait pleuré comme jamais elle ne l’avait fait. Et puis Zillah avait parlé de Narcisse. Et puis Zillah avait mis à découvert combien ses sentiments s’étaient étiolés, combien elle se sentait mal et combien elle en souffrait, combien cette situation ne pouvait durer.

Elle avait quitté Narcisse. Elle avait retrouvé Zillah.

Fébrilement, la vie avait repris son cours, ni tout à fait la même, ni tout à fait changé. Elle avait un poids en moins sur le cœur, une culpabilité latente encore au coin de l’esprit mais, plus jamais, elle n’en avait parlé.

Les années avaient passé. Il y avait eu des rires, des pleurs, des cris. Il y avait eu d’autres douleurs, d’autres espoirs, d’autres sentiments.

Il y avait eu la vie, simplement.
Nynh.

.
BLAOURG.
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Dernière édition par Amaryllis McClair le Sam 17 Nov - 3:49, édité 5 fois
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Camélia Walter
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MessageSujet: Re: amaryllis — chromatic bird.   amaryllis — chromatic bird. Icon_minitimeVen 12 Oct - 18:56

Fu, bienvenue ? u.u

J'ai besoin de dire que j'aime toujours autant Mary ? Du coup je te repropose AEROMORPHIE mais je te propose aussi au cas ouMÉTAMORPHOSE HUMAINE pour être un peu tout le monde, jamais personne. Voilaaa ♥
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Amaryllis McClair
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MessageSujet: Re: amaryllis — chromatic bird.   amaryllis — chromatic bird. Icon_minitimeVen 12 Oct - 18:59

Bon sans surprise du coup je reprends l'aeromorphie parce que ce pouvoir, voilà.
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Pavel Němec
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MessageSujet: Re: amaryllis — chromatic bird.   amaryllis — chromatic bird. Icon_minitimeLun 22 Oct - 19:25

Bonjour, des nouvelles de la fiche ? Toujours des soucis ? Besoin de mettre en attente ?
Vous avez 7 jours pour vous manifester.
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Amaryllis McClair
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MessageSujet: Re: amaryllis — chromatic bird.   amaryllis — chromatic bird. Icon_minitimeLun 22 Oct - 19:27

J'ai toujours des problèmes de box mais ça arrive, ça arrive, promis ! Pas besoin de la mettre en attente, donc !
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MessageSujet: Re: amaryllis — chromatic bird.   amaryllis — chromatic bird. Icon_minitimeVen 2 Nov - 8:52

Bonjour, des nouvelles de la fiche ?
Vous avez 7 jours pour vous manifester.
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MessageSujet: Re: amaryllis — chromatic bird.   amaryllis — chromatic bird. Icon_minitimeSam 17 Nov - 3:49

C'est enfin fini ! ♥
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MessageSujet: Re: amaryllis — chromatic bird.   amaryllis — chromatic bird. Icon_minitimeLun 19 Nov - 20:28

désolé du retard x__x

Je valide fufufu. Et non je ne groupiterais pas.
ziofhecsdqkjvnc
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MessageSujet: Re: amaryllis — chromatic bird.   amaryllis — chromatic bird. Icon_minitime

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