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 car mon sourire s'appelle ─ pavel

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Lennie P. Johnson
car mon sourire s'appelle ─ pavel Rangspepa
Lennie P. Johnson

Messages : 96
Date d'inscription : 01/08/2012
Age : 27


It's a kind of magic.
Age du personnage : 14ans
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car mon sourire s'appelle ─ pavel Vide
MessageSujet: car mon sourire s'appelle ─ pavel   car mon sourire s'appelle ─ pavel Icon_minitimeVen 14 Sep - 9:18


there are angels in your angles,
there's a low moon caught in your tangles.
.


Du sable sur les cuisses, dans les cheveux ; les lèvres sèches, le visage fouettés d'embruns, Lennie marchait, de l'eau tiède clapotant au niveau des chevilles. Ce simple contact la remplissait de félicité. Elle relevait le bas de sa robe pour ne pas avoir à la tremper, enfouissait ses orteils sous le sable sur lequel elle se penchait de temps en temps pour en sentir le contact de la paume. Elle creusait un peu, faisait des petits dessins au pied des vagues, des petites boulettes de sables qui se défaisaient quelques secondes après qu'elle les ait fabriquées, et qu'elle regardait consciencieusement lui couler entre les doigts ou sur les orteils.
Elle savourait l'impression d'être hors du monde, loin d'aisling, sur les rivages lors d'un simple après-midi d'été dont la rumeur décousue bourdonnait dans son crâne assailli par le soleil. Cet air l'emplissait, se substituait à elle, et, pour quelques minutes, quelques heures, Lennie n'était plus que chaleur, que peau caressée par l'eau, le sable, le vent qui lui faisait plisser les yeux. Elle inspira, se dit qu'elle respirait, que son corps était ouvert au monde, tandis que son âme vagabondait à coups d'ailes au dessus des flots. Elle effleurait la crête des vagues, embrassait cette voûte bleue, trop bleue, tranchant avec le doré du fruit luisant là-haut. Éblouie, Lennie ferma les yeux, les rouvrit, les frotta du dos de la main ; tenta d'englober l'instant en serrant contre elle toutes ces perceptions, bric-à-brac de sensations, sourire qui éclate au milieu des cris de mouettes invisibles. La mer, la mer, la mer. Elle n'a pas besoin de la réinventer, juste de s'en remémorer l'ensemble, certes un peu romancé en son fort intérieur ; tâche impossible, elle s'astreint pourtant à emprisonner cette féerie palpable, l'une des seules, à sa connaissance, quelque part au niveau de l'horizon. Dans ce camaïeu de bleu, elle se sent qui renverse sous ses paupières à nouveau closes. Même en dessous, les vagues dansent encore.
Et puis, le sol crisse, elle se retourne, s'illumine. Pavel.
Elle t'attendait. Elle alla jusqu'à songer, se sentant soudain comblée, ne faire toujours que cela. Cela paraissait si naturel, de te voir tout près, que cela devait être normal, qu'il ne pouvait pas en être autrement sans que quelque chose ne brille par son absence. Pavel était là, les choses acquéraient une nouvelle saveur. Pavel était là, aucune autre raison ne lui était nécessaire pour se sentir bien. Elle lui offrit un gigantesque sourire, s’élança de la pointe des pieds pour plaquer un baiser salé sur sa joue, se recoiffa rapidement d'une main tremblante. Celle-ci rejoignit l'autre pour crier, Pavel !
Ce prénom là, elle aimerait le sentir glisser sur sa langue, se frotter contre ses dents, ricocher partout, pour l'y faire exister, Pavel. Pour le retrouver. Pour qu'il soit avec elle, qu'elle le susurre, le murmure, le sanglote, le hurle, Pavel sur tous les tons. Lennie voudrait en faire retentir les sonorités, le nicher dans une bourrasque, puis entre ses mains, comme un secret. Comme un bout de lui, qui lui appartiendrait.
Au lieu de cela, elle se penche, attrape une feuille, prend son temps pour tracer doucement, Pavel, . Et s'arrête tout à coup.
Elle lève la tête, aussi rouge qu'une pivoine, triture une mèche de cheveux collée par l'eau salée, baisse les yeux, submergée. C'est son coeur qui dérape, ses émotions qui débordent ; elle se demande distraitement, est-ce qu'on peut mourir d'un trop plein de vie ? Elle a tellement de mots coincés dans la gorge, tellement de choses à lui dire, qu'elle ne sait pas où commencer et que ça lui fait mal. Ça bourgeonne en elle, ça fleurit, à l'intérieur. Mais sa cage thoracique ne suffit pas à contenir tout ça, alors ça tambourine, ça retentit, fort. Elle n'entend que cela - et le fantôme des mots qu'elle ne dira pas. Du coup, son prénom reste seul sur la page, et l'inachevé le rend plus beau qu'il ne l'est déjà.

Elle pourrait écrire ; Pavel, quand tu es là, rien n'a le même éclat. Pavel, je t'aime beaucoup, moi. Pavel, tes joues, on dirait des pêches, c'est tout doux et les pêches, c'est bon, j'ai envie de laisser ma main sur ta joue, mais c'est à cause de ça, tu comprends, des fruits sous tes joues. Pavel, dessine moi un mouton, une armée de moutons, et des montgolfières, des crocodiles qui sont gentils et qui pleurent, même, des fois, des poissons pour repeupler les océans, des teintes d'espoir les jours gris. Pavel, je te retiens pas, Pavel, t'en vas pas, Pavel, tu sais pas, j'ai quelque chose de coincé, qui me détraque, là, comme un caillou dans la chaussure mais là, Pavel, tu crois qu'on peut avoir un caillou dans le coeur ? C'est pas grave si c'est toi, je t'en veux pas, ça ira, emmène-moi.
Et tant d'autres choses.

Lennie repose son stylo, Lennie rosit, soupire, se redresse. Lennie sourit, pour raconter à Pavel tout ça. Dans ce sourire-là, il y a tout ce qu'elle aimerait qu'il voit, tout ce qui la rend légère et si petite à la fois. Pavel, tu vois ?
Lentement, elle rassemble son courage, étend son bras. Sa main est tout près. Une question tremblote dans les yeux de Lennie. Est-ce qu'il l'attrapera ?

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