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 You're just somebody that I used to know • Leif.

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April L. Stratford
You're just somebody that I used to know • Leif. Rangpsy
April L. Stratford

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MessageSujet: You're just somebody that I used to know • Leif.   You're just somebody that I used to know • Leif. Icon_minitimeMer 4 Avr - 14:24

Spoiler:

You're just somebody that I used to know • Leif. 442165leifapril

I'm swimming in the smoke
of bridges I have burned.

.


Ce n'était pas une sensation de déjà-vu ; une sensation de déjà-vu était plus ténue, plus vague, plus imprécise. On désignait de cette façon une impression, un pressentiment, émergé lentement de la brume d'un rêve fait il y a un moment déjà. Pas un réel souvenir. Pas l'émotion que l'on ressentait malgré soit lorsque, en frôlant les branches de pins du bout des doigts, en écrasant sous ses pieds ses aiguilles qui, à cause de l'humidité du climat irlandais, ne se cassait pas en petits craquements caractéristiques, on retrouvait quelque chose du passé.
Je déteste la forêt. Je déteste le goutte-à-goutte de la pluie qui tombe par saccade des cîmes, et la mélodie de mon coeur qui se serre. Je ne veux pas revivre quoique ce soit. C'est peut-être l'endroit, mais ce n'est pas le moment.
Il était sans doute un peu tard pour réaliser que je n'aurais pas dû venir ici. Ce n'est pourtant pas une habitude chez toi, April, de se rendre compte de faits évidents avec un temps de retard, si ? Allons. Est-ce que j'ai les jambes qui tremblent ? Essouflée, je prends appui d'une main sur un tronc, passe une mèche de cheveux derrière mon oreille, respire à fond. Je dois prendre le temps de me calmer. A présent... où suis-je ?
J'esquisse un sourire amusé. Se perdre dans la forêt, manque cruel d'originalité. S'y rendre seule alors que l'on n'y va que pour la première fois depuis son arrivée au château irlandais, et que cette forêt s'appelle, à raison peut-être, il me tarde de le savoir, la forêt maudite ? Stupide.
S'y rendre ainsi sans avoir réfléchir auparavant à l'éventualité que cette petite visite ravive des choses enfouies qu'on préférerait voir rester enterrées ? Le comble de la bêtise. J'aurais dû prévoir ce type de détails, moindres, mais gênants. Agir systématiquement sur un coup de tête présente cet inconvénient majeur, songeais-je distraitement. Néanmoins, en aucun cas je ne fonctionnerais différemment du fait d'obstacles désagréables, facilement surmontables. L'expérience est un autre nom pour désigner l'accumulation d'erreurs au cours d'une vie. J'adore en faire, en empiler, en tresser le long de mes pas ; elles deviennent ribambelles, mots, bleus, étreintes. Rien de plus passionnant, de plus fascinant, de plus captivant qu'un faux pas. Toujours instructifs ; plus jamais fatals, aujourd'hui, April. De cette existence, rien n'est encore à redouter.
La main toujours accroché au tronc, comme une gamine s'amusant à jouer avec un poteau de circulation, je me sers du pilier à l'instar d'un pivot pour en faire le tour. Tout va bien. Le petit passage, nécessaire, de la découverte du lieu est passé. Terminée, la séquence apitoiement, mélancolie ou des mots du même acabie qui dénonce la vulnérabilité passagère. Je ne veux plus de cela. Je serais venue ici tôt ou tard de toute façon, le plus tôt étant le mieux, j'ai bien fait. Je ris, d'un rire silencieux et complice, de l'insignifiance de mes états d'âme. Détaillant le lieu, action à laquelle je n'avais pas osé me prêter auparavant, je constate brièvement la différence entre cette forêt et l'autre, celle d'Angleterre. Les arbres de celle d'Aisling sont plus hauts, l'atmosphère autrement plus inquiètante, certainement parce que le feuillage est plus dru, donc, la lumière plus rare et l'ambiance plus sombre. Ce n'est pas vraiment l'endroit adéquat pour une gentille jolie promenade champêtre.
Parfait. De toute manière, n'y a rien à craindre, ici. Du moins, je le crois. Il s'agit, certes, d'une forêt d'exécrable réputation mais je suis persuadée qu'il ne s'agit que de mythes d'étudiants destinés à faire courir sur leurs échines l'agréable frisson de l'excitation lié à toute frayeur. Ce qu'on en raconte, ce doit être le genre d'histoire que l'on raconte pour passer le temps, le soir, ou pour se rendre intéressant aux yeux de sa bande d'amis. A l'origine, ça n'a dû partir que de la volonté de fabulation d'un élève à l'esprit imaginitif, puis l'idée s'est répandue, chuchotements exaltés d'un oreille à l'autre, et tout le monde s'est mis à y croire - le mode d'élaboration de toute rumeur ou croyance qui se respecte. En outre, c'est un fait, la forêt est inquiétante, ce qui renforce l'envie de la populace de prêter attention à ces racontars. Je suis venue en connaissance de cause, pour constater la véracité de ces croyances païennes, évidemment non fondées.
Croire aux dryades, trolls, esprits maléfiques et autres bestioles aussi attrayantes que surnaturelles et, à en écouter les élucubrations sinistres de quelques bavards, dangereuses, n'est plus de mon âge. Ni de celui de la majorité des gens qui peuplent Aisling, cela va sans dire. Je crois que cela leur plaît, de ressasser des idées semblables. C'est agréable, de prêter à des contes de fées si grande importance, je n'en doute pas, et il ne peut être remis en cause l'existence de nos dons et de créatures peu communes telles que la fée du sucre, la Morrigan ou encore une certaine leprauchaun rousse. Seulement, très peu pour moi. Je ne suis pas à ce point naïve.
C'est pourquoi, sur la pointe des pieds, j'esquisse quelques pas sautillants et m'écrie, gloussant de façon nettement perceptible :

─ Il y a quelqu'un, ici ? HÉ, HO ? ... Même pas un petit monstre affamé, que sa méchante maman monstre a privé de quatre heure parce qu'il aura croqué un passant de trop ?

Quelquefois, dire des choses correspondant à un âge mental inférieur, en l'occurance à l'âge mental de ceux qui ont répandu ces sornettes s'avère approprié et détendant. Que voulez-vous, on se distrait comme on peut, de nos jours. Ceci dit, je ne devrais pas perdre davantage de mon temps ici. Ce n'est pas comme si j'avais une tonne d'occupations plus intéressantes les unes que les autres, mais commencer à chercher la sortie serait judicieux, semble-t-il, oh, sait-on jamais. Peut-être que je préférerais être sous ma couette à la tombée de la nuit... rectification, pas sous ma couette. Dessus, une manette plastique dans la main, un paquet de friandises près de l'autre. Voilà qui paraît une alternative plaisante à une nuit dans les bois, où je tenterais tant bien que mal de trouver un coin où dormir et grelotterait des heures durant malgré la couverture sommaire d'aiguilles de pins dont je me serais recouverte, faute de mieux.
A cet instant précis, où j'échauffais avec enthousiasme un plan pour tenter de survivre à une nuit dans ce lieu charmant, j'aperçus du coin de l'oeil une silhouette qui se déplaçait, à une vingtaine de mètres de moi tout au plus. En tâchant d'être la moindre bruyante possible, je glissais quelques pas dans sa direction, jusqu'à arriver derrière lui, un rictus joyeux d'anticipation accroché aux lèvres, qui s'agrandit quand je reconnu l'arrivant. Ah, n'est-ce pas ce cher Liffy ? Je le voyais mal désirer de sortir se dégourdir les jambes au cours d'une petite randonnée à la bordure de l'établissement, il n'empêche que c'était bel et bien lui. Pas d'erreur. Notre cher représentant, dans toute sa splendeur.
Leif et ses cravates. Leif et son blason, soigneusement entretenu. Leif et son uniforme qu'il arborait avec fierté. Leif avec ses airs, ses sourires jamais offerts, toujours calculés, Leif et ses ambitions qui me tiraient sans faute quelques railleries, Leif avec ses coups retors dont j'ai eu un écho flou, Leif et ses brimades, ses façades, Leif et ses lèvres qui s'étiraient d'une façon particulière, en un sourire presque cassé à force d'être revisité. Leif et ses lèvres, oui. Ses lèvres que j'ai embrassées à plusieurs reprises.
Prise en flagrant délit de sentimentalisme, me direz-vous ? Non. Pour moi, il ne signifie plus rien. Il n'a jamais signifié grand chose, d'ailleurs. Je décide pourtant de profiter de ce malencontreux hasard qui a mis en place cette situation plutôt opportune ; lui et moi, dans cette forêt, au même moment, apparemment seuls à des kilomètres à la ronde. Dommage, mon cher. Tu ne peux plus m'esquiver, maintenant, ou te dérober sous prétexte que tu as quelque chose sur le feu. Tss.
Je plaque mes mains sur ses yeux, mutine, et chantonne :

─ Devine qui c'est, Liffy ?

C'était trop tentant, voyez-vous. Je pince les lèvres pour retenir un éclat de rire, libère sa vision et bondis face à lui.

─ Bonjour. Toi aussi, tu t'es perdu, dis ?

A peine si je ne papillonne pas des cils d'un air ingénu. Il y a de grandes chances pour qu'il essaie de se dérober ; je lui rendrais la tâche difficile, juste parce que je n'ignore pas que, pire qu'une nuit solitaire au coeur d'une forêt hostile, nous pourrions être amenés à passer cette nuit en la compagnie de l'autre - sans arrière pensées aucune. Et je sais qu'il redoute cela. Hein, Liffy chéri ? Son trouble à cette pensée me réjouis déjà. Cependant, j'espère que cela ne va pas réellement arriver, parce que je finirais vite par m'ennuyer. Quelques heures en sa compagnie, d'accord ; une nuit entière avec mon ex, non merci.
Cela dit, le ciel s'assombrit.
Oh, formidable. N'est-ce pas ?
.

I'm losing what i don't deserve,
what I don't deserve.


Dernière édition par April L. Stratford le Mer 18 Avr - 10:43, édité 3 fois
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Leif Karlstrøm
MODO | You seem unhappy. I like that.
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MessageSujet: Re: You're just somebody that I used to know • Leif.   You're just somebody that I used to know • Leif. Icon_minitimeMar 17 Avr - 15:25

You're just somebody that I used to know • Leif. 496284tumblrlokbwlq7Uj1qkhrb2o1500

I picked you out, I shook you up and turned you around
Turned you into someone new
Now five years later on you’ve got the world at your feet
Success has been so easy for you

.


Je n'étais pas le genre de garçon que l'on voyait souvent seul. Ça avait toujours été dans mon intérêt de devoir m'afficher auprès de quelqu'un, pour les autres comme pour moi-même, je n'étais pas tout à fait expert en matière de solitude. Avoir passé ces quelques jours sur une île déserte moisie n'avait fait confirmer ce sentiment, m'enfermer à mon retour de même, et maintenant, de retour dans mes bains de foule, je me sentais comme un junkie en rechute. Pire qu'avant qu'on aurait dit. J'avais été ces dernières semaines comme une épave parmi les vivants, et pour redevenir ce que j'étais, il fallait commencer par retrouver ce qui me définissait ; si cela devait passer par la popularité avant tout, qu'il en soit ainsi. J'aimais la chaleur factice d'un groupe d'amis qui n'en étaient pas. Une bande de vagues inconnus qui n'en avaient souvent rien à faire. Je les préférais même à tout autre, de peur que certaines choses soient juste affichées sur mon front.

Je suis Leif Karlstrøm et j'aimerais qu'on m'aime.
La nausée.
Les idées qui me trottaient en tête étaient toutes à gerber, rien à faire pour m'en dégager. Elles étaient pires, une fois seules, elles dansaient entre mes neurones quand je n'avais rien d'autre à penser. Elles me posaient des questions le soir, me demandant qui j'étais encore ; si j'étais juste le petit roi d'une partie de l'école, un pauvre con en manque d'amour ou un taré empreint d'une colère sous-jacente. Si j'étais réellement apprécié, si j'en avais réellement quelque chose à foutre. Si j'étais pédé même, si j'allais peut-être finir ma vie seul – et si ça m'importait, si j'étais tout à fait stoïque et indépendant, ou qu'un abruti influençable ayant eu de la chance. Putain. Il y avait des milliers d'injures dans ma tête, jamais une sur mes lèvres, qu'est-ce que je devais y penser.

La plupart du temps : rien. Est-ce que quelqu'un pouvait sur cette planète de dingues se définir totalement, et si c'était le cas, à quoi ça l'avancerait. Je savais juste que je n'étais pas le genre de type fait pour se poser trop de questions sur lui-même. On saurait jamais les merdes qu'on y trouverait.
Alors oui, les gens. Toujours des gens, toujours du peuple qui t'entoure, mais comme une connerie de froid malgré tout. Comme une forêt, un ensembles d'arbres imposants, présents, ancrés, mais donc l'écorce glacée ne signifiait juste rien. C'était reposant.
Je ne suis pas le genre de garçon que l'on voyait souvent seul, et pourtant, se perdre dans les bois de la sorte n'était pas la chose la plus désagréable. Je n'avais pas envie de voir qui que ce soit, fut-il important à mes yeux ou pas. Les yeux levés vers les branchages denses, je devine à travers les feuilles le jour se décliner, lentement. Se perdre n'était pas tout à fait le plan initial. Hors donc, d'ici à peu près trois heures, rejoindre l'école serait recommandé.

Je pense aux gamins de première année qu'on envoie dans cette forêt pour les habituer aux choses sérieuses – pauvres âmes naïves – et que l'on berce aux histoires de troll, de dryades et autre bizarreries maléfiques pour leur mettre correctement les jetons lors d'une soirée d'apprentissage. Pour ce que j'en sais, ces bestioles là pourraient tout à fait exister. L'ectoplasme qui hante nos cachots représente déjà à elle-seule un phénomène pour le moins pas si normal. Autant que quoi que ce soit puisse l'être à Aisling.
En tout cas, si mes dires fabulés se trouvaient être vrais, il allait sans dire que je n'avais pas tant envie de les prouver ce soir. Pour l'heure j'avance simplement à travers les feuilles mortes, le nez la plupart du temps en l'air comme dans l'espoir de croiser quoi que ce soit sur les branches, jusqu'à, bien évidemment, entendre un bruit. Bien. Surtout, ne pas se la jouer premier année, ce n'est pas parce que cette forêt est potentiellement maudite qu'elle devrait forcément contenir ainsi la dose de danger qu'on lui attribuait. Auquel cas, j'avais aux dernières nouvelles un don qui pourrait peut-être m'aider.
Bien sûr, si avec un peu de chance j'aurais pu arracher des troncs, en aucun cas je n'aurais pu être préparé à l'attaque suivante. Tandis que j'étais aux aguets, de façon la plus décontractée possible évidemment, deux mains se posent sur mes yeux, et je ne saurais dire si c'est une fée ou créature maléfique qui chante dans mon dos :

▬ Devine qui c'est Liffy ?


Je soupçonne O'Brien d'avoir répandu ce surnom en mon absence. J'ajouterai ça à la liste des nombreuses choses que je devrais lui faire payer.

▬ Bonjour. Toi aussi tu t'es perdu, dis ?

Il m'aurait été plus facile en cet d'instant d'avoir à gérer l'apparition fortuite d'un troll des montagnes qu'une conversation normale avec cette fée des bois qu'était April. Elle me scrute, déjà, et je ne me force pas un sourire qu'elle ne croirait de toutes façons pas. L'un comme l'autre, à l'heure qu'il est, savons bien discerner le vrai du faux dans notre vis-à-vis, et pour cause.
Comme je l'ai dit, je n'étais pas le genre de garçon que l'on voyait souvent seul. Pour autant, je n'étais pas non plus le genre que l'on voyait réellement accompagné. Introduisons April Stratford, l'intime chanceuse qui eut le droit pendant quelques temps de se pendre à mon bras et de pouvoir se déclarer comme ma petite amie. Ce n'était pas rien, pour quelqu'un d'aussi versatile que moi – du moins, dans mon état de concubinage seulement, et la suite vous le dira. Je m'étais dit à l'époque qu'elle le valait bien, de sa taille fine à ses cheveux blonds, ses grands yeux bleus, de ses origines et même de son groupe, qui avait été pour moi un argument pour la séduire, par ailleurs. Il ne devait pas faire de mal à celui que l'on traitait de propriété publique de se poser un instant avec une fille comme April.
Une fille comme April. Je n'étais pas vraiment d'humeur à en rire.

▬ Apparemment la forêt n'est pas assez grande pour que tu te perdes loin d'ici.


Elle n'avait pas l'air d'avoir tellement changé. Toujours aussi mutine. Désirable. La vérité était que je connaissais suffisamment April Stratford pour ne plus être sûr de rien la concernant à présent. Essaierait-elle de m'imposer sa compagnie, me sortirait-elle sa moue boudeuse face à l'amertume que je lui offrais ?
J'avais tous les droits de la ressentir, qui plus est en sa compagnie. Il y avait des choses que personne à part nous, fussent-ils nos amis, fut-il son cousin même, personne ne savait. À propos de nous, de notre relation, et de notre rupture, même.

Pour l'ensemble d'Aisling, notre séparation sans explication ne pouvait en avoir qu'une : sans nulle doutes j'étais le fautif, mon habileté naturelle à être un véritable connard me prédisposant à porter le chapeau d'un faux pas. Le silence de la jolie blonde n'avait pu s'expliquer que par la honte, obligatoirement, d'avoir été trompée sans doutes, dupée il était certain.
Cette version m'allait, qu'importe la vision peu reluisante qu'elle donnait de moi. Tout simplement car la vérité l'était moins, mais ne m'était pas plus tolérable.

▬ Ça fait quelques temps qu'on ne s'est pas parlés dis-moi.


Le temps confirmait qu'on s'en passait plutôt bien. Pourtant, il y en avait eu, je crois me souvenir, où l'on se sentait bien. Quelques temps où j'avais presque eu la faiblesse de me sentir simple et bien dans ses bras, quelques moments fugaces et stupides où j'avais des envies de replacer une mèche blonde derrière son oreille. Des moments abrutis qui ne me ressemblaient pas pour ce que j'en savais, d'une certaine tendresse que j’exécrais habituellement.
Je déteste cette impression là. Elle me flanque de ces boules noires dans le ventre et dans la gorge, crispe chaque muscle de mon épaule ; la proximité est une chose, la tendresse en est une autre qui n'est pas faite pour moi. Elle m'effraie parfois comme si elle paraissait être fausse, comme si elle n'était que le présage de quelque chose à venir. Je devais encore bosser sur la confiance que j'accordais aux gens.
Mais il y avait des personnes comme April pour me ramener à la réalité.

▬ Comment va ma merveilleuse petite catin ?

Je lui donne le sourire que je lui donnais alors en l'écoutant minauder sur tout et rien. Cette grimace agréable que je lui offrais quand je n'y pensais pas toujours, quand la simplicité me prenait par surprise.
Jusqu'à ce qu'un beau matin, elle prouve son inconsistance. Jusqu'à ce que le mauvais rôle soit donné à la belle, qui butine auprès d'autres quand elle n'était pas à mon bras. Ce qu'Aisling ne savait pas, c'est que dans notre histoire, elle était bien celle à avoir trompé quelqu'un comme moi.

.

But don’t forget, it’s me who put you where you are now
And I can put you back down too
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April L. Stratford
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MessageSujet: Re: You're just somebody that I used to know • Leif.   You're just somebody that I used to know • Leif. Icon_minitimeMer 11 Juil - 8:17

Spoiler:

You're just somebody that I used to know • Leif. 4919245451379574fd37217bdbzlarge

That's OK, lets see how you do it, put up your dukes, let's get down to it.

.


Quels furent les termes exacts de sa déchéance, déjà ? Ah... vient ensuite, Leif Karlstrøm, notre cher Cavil. Qui aurait cru que le souhait le plus cher du psychique était d'être aimé ?
J'ai toujours été persuadée d'une chose : ce que l'on énonce a souvent autant d'importance que la manière dont on le fait. Parfois même, c'est la manière qui importe le plus. Beaucoup ne cessent d'éructer encore et encore une pensée prémâchée avec condescendance, s'appropriant les mots d'un autre qui ne trouvent généralement aucun réel écho - que ce soit en l'esprit de celui qui les prononce ou de celui qui fait semblant de les assimiler. C'est bien connu. Les proverbes, ces petites phrases horripilantes et parfois erronnées, en sont un exemple flagrant. On épargne aux gens d'avoir à réfléchir en leur offrant du surgelé, conditionné, prêt à réchauffer. Trop aimable.
Ainsi, les mots deviennent creux. On en perd des yeux l'évidence. Prenons notre cher Leif, par exemple.
Contrairement à la majeure partie de la population étudiante, ce jour fatidique où la petite annonce de notre psychopathe local s'est trouvée aux vues de tous, je n'ai fais qu'esquisser un sourire amusé en découvrant cette soit-disant grande révélation sur la véritable nature de l'un d'entre nous. Détrompez-vous, ce n'est pas le fait lui-même que je trouve grotesque. Aux dernières nouvelles, qui ne souhaite pas être aimé pour ce qu'il est ? Je parierais que le plus obscur des psychopathes ne peut prendre un plaisir durable et sincère à voir les gens apprécier un assemblage de faux-semblants, même savamment élaborés. Il peut être fier du succès de sa petite entreprise, faire joujou un moment, d'accord. N'empêche qu'il ne sera jamais pleinement satisfait, n'importe qui n'a pas besoin de réfléchir longtemps pour conclure que cela ne fera qu'entretenir sa frustration et à l'inciter à pire. Ce n'est pas le fait de vouloir être aimer qui est une faiblesse, à mes yeux. Je ne reprocherais à notre précieux représentant que d'avoir nié, caché une envie aussi grossière et prévisible qu'universelle. En cela, me suis-je dit, réside sa vraie perte.
Allons bon, il désire être aimé. Honteusement - l'adverbe faisant toute la différence, voyez. Parce que, qui aurait osé s'en moquer s'il l'avait affichée avec le sourire narquois qu'on lui connait si bien ? N'aurait-il pas été moins blessé de voir cela exposé au grand jour ?
Que dis-je, ne rêvons pas. Seuls ceux qui exposent tout, et surtout ce qu'ils tendent à dissimuler, échapperont à l'emprise de Discord. Certes, cela requière un courage et une sincérité bien considérables. Autant dire que les gens prêts à ça ne sont pas foule, ici ou ailleurs. On n'est donc pas près de se débarrasser de cette enflure.
Bien. C'était la pensée réconfortante du jour. Sans compter que nous parlons de Leif, en l'occurence, chez qui comme chez la majorité de la population de ce bahut et de cette planète, tout est une histoire d'orgueil et d'apparences - dire que j'ai failli l'oublier, l'espace d'une seconde. Il n'est pas assez fin pour tirer son épingle du jeu et regarder au delà, il n'a voulu que rester ce gars terne, insensible, détaché, voire quasi-inexistant que tous voyaient en lui depuis toujours, au point de ne pas réclamer davantage de l'éternel con sans surprise qu'était Leif. Ils en étaient ravis, ces ignares, d'arriver à le réduire à cette seule notion, ce seul label. Il lui ont tamponné sur le front, et il les y a aidé. Dire qu'il s'étonne ensuite de les entendre lui hurler leur surprise sur fond de ricanements obscènes. Ils sont offusqués. Lui ? Eprouver ? Ressentir ? Vouloir ? Aimer ? Comment, c'est qu'il ose se révéler, il ose déchirer le masque du connard pour revêtir celui, complexe et incertain malgré ce qu'on en dit, de l'humain ? Il s'avère qu'il revêt une facette, qu'il existe une minuscule dimension de lui que l'opinion publique n'a pas su déceler, on en fait un scandale. Qu'aurait-t-il préféré ? Qu'on clame partout, de sa naissance à sa mort, voici, mesdames et messieurs, un individu dépourvu de relief, d'imprévus, de piquant, un personnage de papier mâché que vous vous délecterez à cerner en quelques mots ?
Ils sont radicaux et imbéciles dans des jugements vite acquis. Ce n'est pas entièrement faux, ni entièrement vrai. Il ne se résume pas à ce qu'on savait jusqu'à ce que Discord s'en mêle ; ce n'est pas pour autant qu'il devient d'un seul coup un passionnant étranger à cette définition.
Quand bien même, je n'y trouverais rien à redire, notez ; après tout, ça n'est rien de moins que la raison qui m'a poussée à accepter, voire à encourager, notre proximité passée. Parce que, qu'il est pratique, simple, rassurant de n'avoir à se soucier que de petites attentions sans prétentions pour m'afficher au bras de quelqu'un comme lui, quelqu'un qui jamais n'ira jeter son regard là où il serait gênant de l'y trouver, ou, plutôt, est juste assez malin pour soupçonner sans toutefois comprendre. Il n'a jamais énormément exigé de moi, et réciproquement, ce qui nous allait très bien je dois dire.
Leif était le spécimen parfait. Assez désireux de se mettre en avant pour sortir avec moi, assez bassement matériel pour comprendre qu'il ne s'agissait que d'une histoire d'intérêts où je n'étais pas la seule à y trouver mon compte, assez prévenant et attentif pour que sa compagnie soit aussi satisfaisante que nécessaire, assez réaliste et flou pour que j'en vienne même parfois à l'apprécier un peu. Juste assez, et je donnais en retour précisément ce qu'il fallait, ni plus ni moins. Tout cela paraissait calculé au millimètre près. Aucune réelle contrainte. Des avantages, pour lui comme pour moi ; seulement cela.
A quoi s'attendait-il ? Une telle sécurité, un tel calme, je ne m'y tiens pas longtemps. Je voulais l'ardeur, je voulais un brasier, je voulais l'incontrôlable, le déraisonnable. Ces choses-là même qui m'avaient tant heurtées me manquaient ; stupidement sans doute, il n'empêche que c'était là, pichenette à la base de notre chapiteau de carte, ce voeu primaire, animal, de s'émouvoir sincèrement ne serait-ce qu'une fois encore. Ou, à la rigueur - n'exagérons pas non plus - de trouver plaisir et distraction là où l'ennui et la lassitude n'ont pas tardées à me griffer l'épiderme. Sa main sur ma joue ne laissait dans mes yeux qu'une froideur minérale. Une déception, infime et passagère, semblable à toute celle que j'ai vécue dans ma vie lorsque j'acceptais une présence à peine gratifiante, dont l'importance à mes côtés ne cessait de diminuer de jour en jour. Le peu d'arguments qui faisaient autrefois pencher la balance en sa faveur - donc en la nôtre - ne semblaient absolument pas judicieux, à présent qu'ils étaient pesés ainsi. A froid. Pourtant, je m'interroge ; de quoi pouvais-je être déçue ?
De quoi l'a-t-il été ?

─ Apparemment la forêt n'est pas assez grande pour que tu te perdes loin d'ici.

Fataliste et grincheux. Bon sang, qu'il est adorable.

─ Quelle chance. On va pouvoir discuter.

─ Ça fait quelques temps qu'on ne s'est pas parlés dis-moi.
── Oui, quel dommage. Heureusement qu'il n'est jamais trop tard, articulais-je doucement.

Il n'y a pas grand chose à dire, sûrement, ce qui n'empêche pas que te torturer un peu ne soit l'une des seules options qui se présentent actuellement à moi dans cette forêt dénuée d'attraits. N'oublions pas aussi qu'il vaut mieux être deux, quand on est perdu, pour que quelqu'un puisse aller chercher les secours si l'un de nous est victime d'un malencontreux accident, par exemple. Je suis certaine que Leif n'est pas dingue non plus de cette perspective.
Encore moins de celle qui le placerait, grimaçant douloureusement, obligé d'attendre le lendemain pour se faire soigner sans savoir personne à qui se raccrocher. L'idée qu'il pourrait en revanche prendre du plaisir à me voir dans une situation de ce type me traverse l'esprit. M'en veux-t-il à ce point ? J'ai du mal à juger l'étendu de son ressentiment.
Et puis, tiens, il y a beaucoup à en dire finalement.
Nous étions sur la même longueur d'onde dès le départ - c'est du moins ce qu'il m'a semblé. Bien que nous n'en avons jamais vraiment discuté, il était clair que rien de tout ça n'était sérieux, que nous n'avons fait que consentir à un arrangement mutuel qui nous convenait en tous points. Une histoire de paraître, et ça s'arrêtait là. Il suffisait de nous afficher de temps à autre, d'entretenir un peu ce joli vernis.
Personne n'aurait jamais su que j'en étais venue à me détourner de toi. Reposer dans les bras d'un autre ne revêtait aucun sens - ce n'était rien. Il s'avère que l'occasion s'est présentée et je n'ait pas vu d'inconvénient à quelques coups d'un soir sans lendemain. Je me suis laissée entraîner par mes caprices du moment, comme d'habitude.
Me le reprocher est absurde à partir du moment où notre relation était creuse depuis le début. Un vide qui n'a fait que s'approfondir. Il est impossible que j'ai été la seule à le remarquer ; même si tu n'avais pas finit par découvrir ce qu'il s'était passé, nous aurions finit par nous résoudre à nous séparer devant l'inconsistance de ce lien de pacotille. Il n'est pas question d'estime, de respect envers toi, ce que tu n'as de toute évidence pas compris.
Je ne te trompais pas, parce qu'il n'y avait pas réellement lieu de le faire.
A moins que tu m'en veuille, Leif, de ne pas y avoir mis plus de coeur ? Dis, c'est cela, ton reproche ? Ne pas être arrivée à t'aimer, ne serait-ce qu'un peu, conformément à ce que tu espères de chacun ? M'as-tu aimé, toi ?
Alors, voilà où réside le problème, peut-être. Ne pas être arrivé à s'être fait suffisamment apprécier.
Sauf que notre objectif de départ n'était pas de construire quelque chose de fort ou de vrai. Tu vois, ton amertume n'est basée que sur du vent. Ne me fais pas l'outrage de me faire croire que je t'ai blessé, par pitié. Dépasse-cela, oublie s'il s'avère que quelque chose est à oublier. Accorde-moi juste le bénéfice des écorchures de ton orgueil, dont je peux presque apprécier l'existence. Elles ne peuvent que te pousser à répliquer et placent la situation sur un plan délicieusement impersonnel.

─ Comment va ma merveilleuse petite catin ?

Eh bien ! Joli début. Tu vois que tu en es capable, quand tu veux. Je suppose que c'est plus ou moins le mieux que tu puisses faire, mais enfin ! C'est déjà ça. Ce n'est pas comme si j'avais des espoirs ou des attentes te concernant. Je n'en ai eu d'autre, depuis le premier jour, que celle de te voir m'offrir une relation accomodante dans laquelle nous finissions par nous enliser l'un comme l'autre. Le côté positif de cette situation, je suppose, c'est que nous ne pouvons donc que parvenir à quelque chose de positif, maintenant. Je passerai outre les accès de mollesse, les répliques qui tombent douloureusement à plat. Tu vois, je serais patiente. Je n'ai rien d'autre à faire, après tout, que de chercher avec une précision chirurgical à t'extirper quelques éclats. Car ce genre de provocation fais pétiller brièvement un étincelle fugace de plaisir joueur au fond d'un regard qui te toise avec plus d'ardeur que jamais. Je t'accorde mon entière attention, sois-en digne, ne me tourne pas le dos. Demeure. Allez, Leif. Il ne suffit pas d'essayer. Il faut s'y donner corps et âme. Les hésitations, la retenue, les incertitudes quant à la manière dont l'autre réagira, laisse ça derrière toi. Vite, élude et entre dans la danse.

─ Venant de toi, est-ce qu'il s'agit d'une insulte ? Les catins, tu ne leur dis pas non, aux dernières nouvelles. Ne viens pas jouer les prudes devant moi après avoir fait tomber l'infortunée McQueen dans tes filets. Il paraît qu'en faire ta catin, lui mentir et l'avilir tendrement ne t'as pas semblé déplaisant.
Progressivement, je m'approche de toi, souriant plus que jamais, et offre l'ombre d'une caresse à ton menton sous lequel ma main vient de se glisser. Ne t'inquiète pas, même si c'est le cas, je n'en tiendrais pas rigueur. Je ne retiens que le merveilleuse. J'esquisse un semblant de révérence. C'est un honneur si j'ai pu laisser une telle impression. Des regrets, peut-être ?

J'ose.
Regrettes-tu de ne pas avoir plongé ton regard dans le mien si loin que je ne pourrais plus le poser sur aucun autre ? De ne pas m'avoir serrée contre toi assez fort pour m'en briser l'âme ? De ne pas m'avoir caressée de sorte à ce que mon échine s'en souvienne ? De ne pas m'avoir fait plus de mal et de bien à la fois ? De n'avoir pas fait de moi une catin rien qu'à toi ?
Ne cille pas, Liffy. Ce ne sont que quelques amorces. Montre-moi jusqu'où tu peux m'atteindre. Et surtout, n'oublie pas.
Si tu as quelque chose à dire, crie-le.
.

Hit me with your best shot, why don't you hit me with your best shot ?
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Leif Karlstrøm
MODO | You seem unhappy. I like that.
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You're just somebody that I used to know • Leif. Vide
MessageSujet: Re: You're just somebody that I used to know • Leif.   You're just somebody that I used to know • Leif. Icon_minitimeLun 6 Aoû - 0:55

Warning : Leif au comble de sa weirdittude et en mode je-te-pourris-ton-groove.

You're just somebody that I used to know • Leif. Scaled.php?server=600&filename=leifapril
You're just somebody that I used to know • Leif. Scaled.php?server=267&filename=aprileif

hearts do break and I must admit
I got a better set of chords, so I might have been faking it
I think I really only cried just once

.



▬ Ne t'inquiète pas, même si c'est le cas, je n'en tiendrais pas rigueur. Je ne retiens que le merveilleuse. C'est un honneur si j'ai pu laisser une telle impression. Des regrets, peut-être ?

Les grands yeux bleus de April ont quelque chose qui essaierait de me transpercer. Subversivement, presque en secret. Comme toute chose que ma petite blonde faisait. Son regard me tendait les bras, mutin, et m'invite comme d'un commun accord à lui asséner les meilleurs de mes coups. Parce qu'elle me connaît, April, malgré tout, malgré les erreurs et les révélations, elle savait qu'il restait peut-être quelque part un peu plus chez Leif que ce qu'on racontait dans les couloirs ; un peu plus que ce qu'on lisaot sur mon visage minable. Ses pupilles sont pleines de défi, toutes prêtes à ne rien trahir, et cette intangibilité me toucha comme prévu, titilla quelque chose dans mon échine, et j'ouvris la bouche pour lui rendre le venin qu'elle attendait, qu'elle connaissait, qu'elle appréhendaot peut-être mais dont elle se délectait sans doutes, celui qui la ferait entrer dans le jeu. Mes lèvres forment une première syllabe silencieuse.

Puis j'éclate de rire.

Ce genre de ce choses – si j'en croyais les dires – était plus incontrôlable qu'autre chose, et plus il gagnait en longueur, plus il semait de sens sur le chemin. À dire vrai, je n'avais pas la moindre idée de cet éclat soudain, cet écroulement de façade au beau milieu de rien. Chaque brisure m'échappait distinctement, éraflant ce petit jeu à peine entamé. Tout ceci était tout bravement ridicule. Nous étions deux adolescents perdus dans une forêt, et l'idée de devoir entamer un nouveau chapitre théâtrale dans ces conditions me paraissait hors de propos. Hors sujet. Tout comme tout le reste.
J'étais un garçon théâtrale et tout à fait hors sujet.
Le mimétisme qu'avait engagé April ne la rendait pas plus consistante, à défaut de tout à fait délicieuse. Je devais bien avouer la force et la ruse que je pouvais d'ores et déjà lire en elle comme dans chaque Stratford, mais quelque chose dans la forme de ses cheveux, dans le bout de son nez retroussé, dans ce geste de la main qui ressemblait à un des miens, avait quelque chose d'irresistible et irrésistiblement drôle.

Je l'aurais bien embrassée si ça ne m'avait pas tué.
April est parfaite. Le jeu qu'elle me joue est parfait. Son don n'a rien d'ironique, j'ai l'impression de reconnaître en elle la force de tous les autres, un peu de la mienne même. Mais alors une chose vient confirmer la vérité : j'ai approché April, l'ai touchée, ai pu me perdre par une ou deux – trois, quatre – fois dans ses yeux, ne prenant pas garde où je mettais les pieds, j'ai cru la connaître alors, j'ai pensé deviner lesquels de ses sourires m'étaient réellement adressé, avant de me rendre compte de ma désillusion. C'était un fait. Mais à l'heure actuelle, je ne savais pas plus à son propos que le subterfuge qu'elle mettait en place, et si je pensais qu'il devait en être de même de son côté, j'avais tort. Car peut-être que ma passée douce et tendre en savait suffisamment pour savoir que rien ne comptait plus pour moi que ces jeux-là, et que prendre les coups ne la dérangerait pas, ne l'affecterait pas tant qu'elle eut pu me ramener un peu à moi-même.
Ceci partait bien sûr de l'humble supposition qu'il y eut un cœur derrière cette parfaite paire de seins, ce qui restait à ce jour encore à prouver.

Le bas de mon pantalon est trempé par l'humidité ambiante de ce trou perdu, tout comme le coin de mes yeux j'en ai peur, affecté par cette véritable secousse sismique sans précédent. Rire à un tel point m'avait presque était douloureux et était une expérience que, autant que possible, j'aimerais ne pas réitérer – il aurait fallu pour ça que je me rende moins souvent compte de l'absurdité totale dans laquelle nous vivions, et ce n'était pas à Aisling que je risquais de progresser dans cette voie.
Appuyé contre un arbre, je lui accorde finalement l'attention qu'elle mérite.

▬ Ne me regarde pas comme ça, ça me rappelle ton cousin. Ça m'excite.

Si me voir rire de bon cœur était quelque peu déroutant, me voir rire à mes propres railleries était juste tout à fait minable, de quoi permettre à April de se remettre de ses émotions. Encore une fois, si émotions elle avait – oh, arrêtez moi.
L'envie d'être perfide, si ce n'était l'habitude, semblait simplement s'éloigner de moi une fois calmé, remplacée bien vite par une fatigue morale si prenante qu'elle m'engourdit tous les membres à tel point que je me laissai glisser contre ce même arbre pour atterrir sur le sol moite. Nous aurions des échanges acerbes, quelques répliques pour se mettre en valeur, puis finalement je n'aurais juste pas pu m'empêcher de lui voler un baiser contre un arbre anonyme, et en y réfléchissant, rien ne m'indiquait si cela m'aurait rendu gagnant ou perdant de cette joute. Mes propres effets m'ennuyaient. J'avais une terrible envie de renouveler mon répertoire, mais bon sang, qu'est-ce qu'April Startford était belle et rendait mon final inéluctable et répétitif.

Depuis ma place ici-bas, je ne cache pas mon regard lorsqu'il remonte le long de ses jambes, avant de caresser ses mains et mordre son cou et sa poitrine. Ces regards masculins incisifs et répugnants, rabaissants parfois.
Je me redressais une fois mon rythme cardiaque revenu à un tempo raisonnable, passant mes mains sur mon jean, pour y retirer les quelques feuilles mortes qui s'y seraient logées. L'instant d'après, et sans prévenir, d'une impulsion qui ne pouvait être bonne – l'impulsion chez moi n'était jamais bonne, m'avait conduit à frapper une fille et m'en retrouver exilé ou me perdre dans de troublantes activités avec mon « valet » - je la pris dans mes bras sans lui demander son reste. Comme une véritable embrassade. Me semblait-il. Mes bras passèrent confortablement par dessus ses épaules, serrant sa tête blonde contre ma clavicule, la laissant sans doutes entendre mon soupir bien-heureux, comme un arrière-goût de ce rire peu commun.

▬ Bien sûr que j'ai des regrets, April.

Je ne comptais pas la laisser s'extirper de mon embrassade si par hasard elle en eut l'idée. Fermement quoique tendrement encerclée, elle devait recevoir chaque mot de ma réponse depuis mes lèvres à l'arrière de son crâne jaune.

▬ Je donnerais beaucoup pour remonter le temps tu sais. T'avoir de nouveau ; je ne referais pas les mêmes erreurs tu sais.


Son parfum, même atténué par l'air humide de la forêt me parvenait directement par effluves minces et entêtants. En voulant les rechercher plus intensément, je me rapprochai doucement de la raie de ses cheveux parfaitement ondulés, et déposai évasivement un baiser non loin sur le haut de sa tête, comme si le geste eut été naturel. Incontrôlé. Même en romançant tous mes souvenirs les plus agréables avec elle, je ne me souvenais pas de mémoire avoir été si tendre à quelque moment. Ma voix n'est juste plus qu'un murmure.

▬ Cette fois-ci je prendrais soin que tu aies tout les sentiments du monde pour moi avant d'être celui même qui briserait ton petit cœur.

Les mots venaient de mes tripes, doucement, comme une litanie romantique pourtant, et me tordent l'estomac d'une façon exquise, comme s'il s'était contracté jusque là dans l'attente que j'extirpe ces maux de ma trachée. Dire que j'étais amoureux d'April quand elle me plantait un canif dans le dos aurait été exagéré, elle-même le savait tout à fait, je n'avais pas gardé autant de rancœur à son sujet ; pourtant j'éprouvais le besoin de la voir brûler comme d'autres, tout d'abord une première fois pour moi, puis se consumer d'eux-mêmes.
Les gens savaient à présent à quel point j'avais besoin de leur amour, de leur passion et obsessions. Plutôt que de me reclure des jours durant, je remarquais grâce à Dieu, grâce à ma petite catin comme je l'appelais, qu'il devait être temps que je grandisse et assume mon secret aux yeux de tous. Ma faiblesse. Pour qu'enfin elle n'en soit plus et que personne ne puisse l'utiliser contre moi.
Je n'avais terriblement aucune idée de l'amour, si ce n'était qu'il devait être du plus puissant des calibres ; rien ne te faisait monter plus haut que cette chose-là pour s'écraser aussi brusquement, d'une chute terrifiante. Il prenait avidement et se taillait avec les lots, te laissant serrer le vide de tes mains perdues.
Pour l'heure les miennes demeurèrent dans le dos d'April, près de sa nuque, la caressant d'une manière à peine perceptible. Après mes mots, je pouvais m'attendre à sentir cette dernière se crisper contre ma paume, mais de mon côté, je faisais l'expérience d'un calme affreusement reposant, comme si tout prenait enfin un sens au moment où la vérité était dite et qu'elle était plus satisfaisante que tous mes petites mises en scène. Après tout je ne trompais plus énormément de monde. À commencer par la jeune fille que je serrais dans mes bras.

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so come on love ; I will not let you go
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