Nikolaï T. Lysander

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This is mankind's fate.

✂ Surnom : Nikoteen ✂ Age : 14 ans ✂ Année : Troisième. ✂ Année d'arrivée : Première. ✂ Classe : PSY

Supernatural Superserious.

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The thread of human hope is spun with the flax of sorrow.

▬ Nikoteen, t'as du feu ?

Vous voyez cet adolescent, appuyé contre le mur avec un air tranquille, avec ses cheveux blond platine un peu trop blancs, ses yeux bleus et sa chemise repassée. Mais si, ce gosse de quatorze ans qui vient de vider son paquet de cigarettes et qui donne l'impression de pouvoir encore enchaîner sur un autre.

▬ Da.

Il tendit son briquet à l'élève qui venait de l'interpeler par son surnom, avec un sourire machinal. Toujours aussi tranquille. Parce qu'il était comme ça, une sorte de gentil garçon, qui ne cherche pas les ennuis, qui essaie même souvent de les éviter, qui parle indifféremment avec tout le monde. Toujours avec ce sourire, ce sourire compatissant auquel on ne fait tout d'abord pas attention, que l'on prend pour de la sympathie, puis qui finit par agacer, mais agacer... Et bien ce garçon, c'est Nikolaï.

Nikolaï c'est une personnalité bizarre, un peu tordue. C'est encore un de ces nombreux acteurs, un de ces "il n'est pas ce que vous croyez". Sauf que même en sachant cela, le Nikolaï, on ne sait pas vraiment ce qu'il est en fin de compte. Nikolaï ne fuit pas le contact avec autrui, au contraire. Il confronte les personnes. Il est facile à approcher et va volontiers parler aux autres, il peut vous prêter ses affaires, vous rendre un petit service, vous donner son dessert à la cantine, et ça même s'il ne vous connaît pas. Ce que vous ne savez pas, c'est qu'au fond, tout cela ce n'est pas de la sympathie : en vérité, Nikolaï se fiche de ce qui pourrait vous arriver, de vos états d'âme, ou que vous ayez vraiment besoin de son aide. En fait, il n'en a juste rien à faire de vous. Il ne déteste personne, c'est vrai, mais il n'aime personne non plus. À ses yeux, vous n'êtes ni plus ni moins qu'un sujet d'expérience. D'ailleurs, bien qu'il connaisse votre nom (parce que Nikolaï n'oublie jamais un détail, et encore moins un nom), le russe préfèrera l'usage des surnoms. Quand il vous parle, il utilisera volontiers l'un de vos surnoms officiels (et, à défaut, votre prénom). Mais lorsqu'il se parle à lui-même, qu'il réfléchit ou qu'il écrit dans son journal, il a l'habitude de nommer les gens par des périphrases ou des surnoms qu'il inventera lui-même, et qui font généralement référence à quelque chose qu'il estime représentatif de la personne en question (une manie, un trait de caractère qu'il a découvert, une particularité physique…). Ça l'aide à mieux visualiser de qui il parle.

Vous voyez le petit hamster qui tourne en rond dans sa cage ? Ben ça, c'est vous. Et Nikolaï, c'est le gars un peu louche qui étudie le petit hamster, par simple curiosité. C'est cet enfant un peu cruel qui le regarde tourner en rond dans sa cage et qui le confronte à des situations variées pour voir comment le petit rongeur va réagir. Lui bloquer le passage, mettre de la nourriture sous son museau mais hors de portée, lui faire peur, lui donner à manger des tas de trucs… Aussi, quand le russe cherche à connaître votre plat préféré, ce n'est pas qu'il se soucie de vos goûts, mais plutôt pour satisfaire sa curiosité à l'égard de l'espèce humaine. En fait, Nikolaï se voit un peu comme le successeur de Balzac : il refait une Comédie Humaine à son échelle, et note soigneusement toutes ses observations de la journée dans un grand carnet, tous les soirs. D'ailleurs, à force, plusieurs carnets se sont empilés sous son lit. Il les garde précieusement, et il lui arrive même d'aller les relire, pour se remettre quelques détails en tête ; ou par simple gourmandise. Parce que l'adolescent aime cela, observer, analyser. La preuve est qu'il n'a jamais pris la peine de tisser des liens solides entre les autres et lui, et pourtant, il a appris à connaître bien des gens, jusqu'à leurs moindres manies, préférences ou habitudes. Et s'il n'entretient pas de liens profonds avec ces gens qu'il connaît pourtant si bien, c'est parce qu'il fait toujours passer ses expérimentations avant toute chose. Nikolaï possède un esprit vif et très logique. Dès qu'un question se pose à lui, la réponse lui apparaît sous forme de QCM : et le garçon choisit une réponse au hasard, ou plutôt, celle qui lui semble la plus intéressante. Il ne cherche pas à répondre le plus sincèrement possible, et parfois, il répond même tout à fait à côté de la plaque. Juste pour tester son interlocuteur. Pour pouvoir noter ses réactions, dans tout un tas de situations. Il vous sortira des propos qui vous feront réagir, vous placera dans des situations saugrenues, dessinera sur votre visage pendant que vous dormez pour voir les répercussions que votre image physique peut avoir sur votre vie sociale, inversera votre couteau et votre fourchette pour voir le temps que vous allez prendre à les remettre dans al bonne main au moment de couper votre viande… D'ailleurs, il est à noter qu'au cours de ses expérimentations, Nikolaï a parfois été amené à « emprunter » des affaires, pour voir comment leur propriétaire réagissait à leur disparition. Il se trouve qu'il également été amené à les revendre, et qu'il a comme qui dirait recommencé. Ainsi, le russe vole et revend les biens d'autrui, et l'argent sert à nourrir son hamster (oui, parce qu'il en a vraiment un, planqué dans sa chambre) et à lui payer de nouveaux habits (surtout des écharpes, parce qu'il aime les écharpes). Bref. Il analyse donc les gens, il les teste, il joue avec eux. C'est plus fort que lui. Ce n'est même pas méchant : Nikolaï n'a d'autres motivations que la curiosité, le goût de l'expérimentation, l'apprentissage. Depuis tout petit, il aime se poser des questions qui désarçonnaient même les adultes, qui ne savaient quoi répondre. Mais Nikolaï cherchait la réponse, demandait aux autres, lisait des livres ; jusqu'à la trouver. Et parmi tous les domaines dans lesquels il a cherché à se cultiver, Nikolaï s'est rendu compte qu'analyser les gens qui l'entouraient était une expérience particulièrement riche. Les humains sont si intéressants. Alors c'est devenu une habitude, il a le sens de l'observation et une bonne mémoire des détails. Et, comme tout bon scientifique, il n'oublie pas qu'il est lui-même un potentiel sujet d'expérience, et analyse également toutes ses réactions spontanées -lorsqu'il en a. Oui, Nikolaï est bien loin de la crise d'adolescence : il connaît son propre fonctionnement sur le bout des doigts.

Vous l'aurez compris : le russe en connaît un rayon sur la population d'Aisling. Et comme les informations qu'il récolte sont un peu des découvertes scientifiques qui servent l'étude du genre humain, à ses yeux, et qu'aucune arrière-pensée n'intervient dans l'entreprise, Nikolaï fait part de ses observations sans se poser de questions. Ce qui donne au garçon une dimension dont lui-même n'a pas réellement conscience (et dont il ignore en tout cas le côté péjoratif, puisqu'il ne se pose pas vraiment de questions morales et qu'il ne se demande pas si son indifférence à l'égard des gens et de leurs sentiments peut les blesser, pas plus que de révéler diverses données plus ou moins personnelles à leur sujet) : pour ceux qui ont compris le fonctionnement de Nikolaï à force de le côtoyer, le russe passe pour être l'un des plus fiables informateurs d'Aisling. Vous stalkez quelqu'un, vous voulez tout savoir sur votre amoureux, vous préparez une vengeance et cherchez à frapper là où c'est sensible, vous avez besoin d'un profil particulier pour organiser quelque chose… Allez demander à Nikolaï, et il vous livrera le tout avec le naturel de quelqu'un qui récite son passionnant cours de biologie. Le seul bémol est cette fameuse manie de ne répondre que ce qui lui plaît aux questions qu'on lui pose. Si vous ne savez pas faire la part du vrai et du faux, il risque bien de vous inventer un fracassant secret au sujet de votre pire ennemi, juste pour vous voir jubiler et pouvoir décrire votre expression le soir dans son fameux carnet. De ce fait, Nikolaï a tendance à répandre de nombreuses rumeurs, et ce, bien malgré lui.

Pour terminer ce portrait, Nikolaï est un garçon très organisé. La logique de son esprit a déjà été évoquée, de même que la minutie avec laquelle il note tous les soirs chaque détail de sa journée. Et bien Arseni met le même zèle à ce que tout, absolument tout, soit parfaitement organisé dans sa vie. En-dehors de ses expérimentations, bien entendu, où il fait tout pour mettre les autres dans des situations surprenantes et jouer avec leurs nerfs en les regardant avec son habituel sourire compatissant. Mais lorsque ça le concerne lui, Nikoteen ne supporte pas de devoir faire face à l'imprévu : chaque soir, une fois le récit de la journée terminé, il établit un planning précis pour le lendemain. Il se fixe même quelques questions à poser, des situations à provoquer. Sa coin de chambre est toujours impeccablement rangé (il n'hésite pas à aller aussi ranger celui de son colocataire si besoin, d'ailleurs). Son apparence est toujours impeccable (même ses cheveux, trop fins pour ne pas s'ébouriffer, sont soigneusement arrangés en un désordre qui fait propre, étudié). Ses copies sont appréciées des professeurs car son écriture est propre et régulière, et parfaitement lisible. Il aime essayer de prévoir les différentes réactions possible des gens, en se basant sur ses observations, ne laisse jamais place au hasard. Et si quelque chose devait venir bouleverser sa vie, même un tout petit détail qui ne serait pas à sa place, Nikolaï risquerait de piquer une petite crise. L'arrivée d'un évènement imprévu qui contrarierait ses plans et ses prévisions provoque chez lui de terribles colères. Celles-ci sont en général très soudaines et surprennent son entourage, qui voient en lui un garçon amical et placide. Car, en-dehors de ces cas particuliers, Nikolaï ne s'énerve jamais, n'est pas agressif, pas susceptible, pas bruyant, pas provocateur. Oui, Nikolaï est ce que l'on pourrait appeler un gentil garçon.

It's the end of the world as we know it.

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You are the same as I am. ♠

✎ Don : Échangeur de personnalité
✎ En détail : Un don qui fait rêver notre petit analyste, et qui fait trembler ses malheureuses victimes. En fait, ce don, c'est l'art de mettre le bazar partout sur son passage. Ce don permet d'échanger les personnalités de deux personnes. Par personnalité, cela implique essentiellement les attitudes, quelques éléments du comportement, les goûts, certains penchants. Les souvenir ou connaissances ne sont pas concernés : ils restent inchangés même si la personnalité de la cible devait changer radicalement. On suppose donc qu'à long terme, les souvenirs, et autres éléments sur lesquels se construit généralement la personnalité d'un individu, finiraient par entrer en conflit avec la "nouvelle personnalité" imposée à la cible, par la modifier petit à petit, pour rétablir peu à peu la personnalité d'origine, à quelques détails près. Néanmoins, Nikolaï est incapable d'effectuer un échange définitif, ni même assez long pour que de tels phénomènes se produisent (et on ne sait pas exactement si ce serait vraiment possible en pratique, même avec une maîtrise parfaite du don ; le débat est ouvert) : dans les faits, il s'agit donc d'échanger instantanément la personnalité de deux individus, pour une durée limitée. Ce qui est drôle, c'est que la cible n'a absolument pas conscience du changement sur le coup : sa nouvelle personnalité pourrait être radicalement différente de celle d'origine, mais elle lui serait toute aussi naturelle (elle peut éventuellement se laisser convaincre par son entourage, qui lui ferait comprendre la situation, mais ne s'en rendra jamais compte d'elle-même). C'est extrêmement perturbant pour son entourage, en revanche : imaginez votre meilleur ami, que vous connaissez sur le bout des doigts depuis qu'il a cinq ans, qui change du tout au tout en quelques minutes. C'est encore plus drôle lorsque la cible récupère sa personnalité d'origine, et qu'elle constate les dégâts. Vous ne vous rendez pas compte : ce don peut créer de terribles quiproquos, changer complètement l'image que l'on se faisait de quelqu'un... Dans cette société où chacun est jugé sur ses moindres mouvements, et tout principalement à Aisling, où les gens sont rapidement catalogués et où les rumeurs vont bon train, ce don risque de devenir votre pire cauchemar.
✎ Maitrise : en pourcentages, 35%.
Nikolaï contrôle parfaitement le déclenchement de son don : pas d'activation inopinée. Le don se déclenche que lorsque l'adolescent le décide, et à chaque fois qu'il le décide. De plus, Nikolaï est en mesure de choisir précisément ses cibles : la seule contrainte pour utiliser l'échangeur de personnalité est que le psychique doit avoir les deux personnes ciblées en visuel au moment de déclencher le don. Il peut échanger sa propre personnalité avec celle de quelqu'un d'autre (mais il évite, parce que ça l'inquiète un peu : en plus, sa nouvelle personnalité risquerait de lui faire oublier d'observer et d'analyser la situation, vous imaginez tout ce à côté de quoi il passerait ?), de même qu'il peut échanger les personnalités de deux autres personnes présentes dans son champ de vision, et rester en-dehors de tout cela. Là où ça coince, c'est que Nikolaï n'a pas de moyen d'annuler les effets du don. En principe, les effets durent pour une durée limitée, mais le russe ne contrôle pas assez son don pour définir cette durée. Et ça, Nikolaï a tendance à l'oublier... En fait, son don est l'un des rares éléments vis-à-vis desquels Nikolaï laisse ressortir un côté un peu gamin : tout excité à l'idée de jouer avec, et de pouvoir pousser plus loin ses observations des mœurs humaines, le garçon tend à oublier qu'il lui sera impossible de choisir quand les effets du don s'annuleront. Et lorsqu'il s'en rappelle – après-coup – ça l'agace au plus haut point. Car il n'a plus qu'à attendre sagement que les effets du don s'annulent d'eux-mêmes, et qu'il n'a pas la moindre idée du temps que ça prendra (la durée est très variable ; pour l'heure, les deux extrêmes expérimentés par Nikolaï ont été deux minutes et vingt-huit heures). Or, vous savez que Nikolaï déteste l'imprévu et l'incertain. Il peut donc devenir irritable lorsque les effets se prolongent trop – en fait, c'est qu'il angoisse – et se mettre à stalker les cibles jusqu'à ce que les effets se dissipent enfin. En solution de secours, Nikolaï peut aussi tenter de réunir à nouveau les deux personnes ciblées, et activer son don, afin d'échanger à nouveau les deux personnalités (et donc, chacun retrouve la sienne). Mais ce n'est pas toujours évident de retrouver les deux personnes et de les réunir, dans cette grande école.
Il est à noter qu'il arrive, malgré la grande rigueur et la grande concentration de Nikolaï, que le russe soit distrait au moment de déclencher son don, et qu'il se trompe donc de cible. C'est le genre d'accident qui le fait vraiment criser. Gare à celui qui sera jugé responsable de sa distraction.

Nikolaï est déjà bon élève à la base, mais il est particulièrement appliqué en EPS et surtout en PAD. Il trouve son don très intéressant, mais ce serait tout de même mieux s'il pouvait le maîtriser pour éviter les imprévus...

✎ Lui & les autres : Nikolaï prête attention à la guerre des classes, car il trouve particulièrement divertissant de voir des mentalités de groupe s'opposer, et de voir comment la personnalité individuelle d'une personne peut s'adapter à la mentalité du groupe auquel il appartient. Mais, personnellement, Nikoteen ne prend pas part à la guerre des groupes. Il partage de plusieurs traits de caractère avec les élèves de sa classe (l'organisation, l'intelligence, le goût des études, les bonnes notes, un faible pour les mathématiques et la biologie...) mais ça s'arrête là. Nikoteen n'a pas l'impression de faire partie d'un véritable ensemble. De toute façon, à ses yeux, les autres sont avant tout des sujets d'expérience, quels qu'ils soient. Pas de favoritisme, neutralité envers tout le monde, mes amis.

Jolie petite histoire.

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The fact that you have a place to return, home, will lead you to happiness.

Nikolaï est arrivé un jour à Moscou, alors que sa mère attendait depuis quelques années de pouvoir rejoindre son fiancé en Irlande. Et non, ce n'est pas une cigogne qui l'a miraculeusement apporté, bien emballé dans son petit paquet blanc, tout poussé. Oui, Nikolaï est le fruit d'une adultère. Du coup, la jeune maman, Tristan A. Lysander, du haut de ses vingt ans, a dû retarder de quelques mois son départ pour l'Irlande, et s'en alla faire une grande surprise à son cher et tendre fiancé. Le-dit fiancé, Richard O'Greaney, ne devait pas aimer les surprises, parce qu'il n'a pas trop apprécié celle-ci. Mais le jeune couple a survécu au drame, car la jeunesse a le temps de pardonner, et la petite famille a pu s'installer paisiblement en Irlande.

* * *

NIKOLAÏ, 2 ANS.

Soudain, dans l'humble et chaste alcôve maternelle,
Versant tout le matin qu'elle a dans sa prunelle,
Elle ouvre la paupière, étend un bras charmant,
Agite un pied, puis l'autre, et, si divinement
Que des fronts dans l'azur se penchent pour l'entendre,
Elle gazouille…

Beaucoup de choses avaient changé, à la maison. Nikolaï ne comprenait pas tout, mais la maison semblait plus joyeuse, et ses parents souriaient beaucoup. On lui avait dit qu'il allait avoir une petite soeur, mais Nikolaï ne comprenait pas vraiment ce que ça voulait dire. Puis, un jour, Maman disparut. Son père lui expliqua qu'elle était à l'hôpital, et ils allèrent la rejoindre tous les deux. C'est ce jour-là que Nikolaï vit sa petite soeur pour la première fois. Elle était toue petite, et elle criait beaucoup. Il vit l'affection dans les prunelles de ses parents, tandis qu'ils se penchaient sur le bébé. Sur le moment, l'enfant se sentit jaloux. Ce bébé qu'il ne connaissait pas lui volait ses parents, et leur amour. Et il ne semblait rien pouvoir faire pour les détourner de l'objet de leur affection. Nikolaï s'enfuit de la chambre en claquant la porte. Il fit la moue, fit des bêtises, tenta de bien se conduire. On le consolait, on le grondait, on le félicitait. Il se sentait fier d'avoir réussi à attirer leur attention. Mais, toujours, les deux adultes se retournaient ensuite vers le bébé. Cela dura presque un an. Un an pendant lequel Nikolaï venait faire des câlins à sa mère, tandis qu'elle berçait sa petite fille, un an pendant lequel il faisait des caprices rien que pour être sûr qu'elle le voyait encore. Puis, même s'il ne comprenait pas encore tout, Nikolaï comprit qu'il se fatiguait pour rien. Il laissa tomber son cinéma. Et commença à s'occuper de sa petite soeur.

* * *

NIKOLAÏ, 6 ANS.

Leur rêve,
C'est le grand. L'Océan les attire à sa grève,
Les berçant de son chant rauque, et les captivant
Par l'ombre, et par la fuite effrayante du vent ;
Ils aiment l'épouvante, il leur faut le prodige.

Tout était calme à la maison. C'était une après-midi comme une autre, et toute la petite famille était à la maison. Parfois, Nikolaï et Miloslava se disputaient un peu, mais ce n'était pas bien méchant, ça tenait plus d'un problème de communication que d'autre chose, vu leur âge. Tristan, qui faisait des études pour devenir professeur de russe, travaillait ses cours dans le salon, tandis que Richard regardait les jeux olympiques à la télévision. Sur une étagère trônait une photographie du couple, en habits de mariés : le mariage avait eu lieu deux ans plus tôt. Les parents entendirent alors des pas précipités. Nikolaï, sans doute lassé de prendre ses jouets à sa petite soeur, accourut dans le salon en piétinant la moquette et en criant « MAMAN MAMAAAAN » par principe, comme pour annoncer son arrivée. La mère, habituée, ne releva pas même la tête, se contentant d'acquiescer. MAMAAAN, répéta l'enfant, désireux de s'accaparer l'attention de sa mère. Il enchaînait avec un nouvel appel lorsque son cri s'interrompit au milieu du mot : la télévision venait de capter son attention. C'était le début d'une épreuve de natation. Il venait de voir huit nageurs plonger dans un grand bassin bleu, et suivait la course avec des yeux émerveillés. Quelle puissance, quelle vitesse ! Ils donnaient l'impression que l'exercice ne nécessitait pas d'effort, tant leur crawl était fluide. Un déclic se fit dans la tête du petit garçon. Du haut de ses six ans, il se tourna vers son père, et déclara, très sérieux :

▬ Un jour, je ferai comme eux.

Puis il alla s'asseoir à côté de Richard, qui lui ébouriffa les cheveux, et regarda les épreuves en silence.
La semaine suivante, il commençait la natation.

* * *

NIKOLAÏ, 11 ANS.

Enfant, je ne sais point, dans l'ouragan qui passe
Et confond tout, le bien, le mal, héros, bandits,
Ce qui dans ce combat te poussait, mais je dis
Que ton âme ignorante est une âme sublime.

Elle s'appelait Aileen. C'était une petite tête blonde, avec un serre-tête ou bien des nattes, elle était toujours bien habillée, toujours propre, et un peu hautaine. Mais ça, Nikolaï s'en fichait, il trouvait que ça lui allait bien. Elle était jolie, et puis elle avait quelque chose de frais et d'élégant. Un peu comme les poupée que Miloslava chérissait. Elle aimait les trucs de fille, le genre de trucs dont il se moquait toujours vis-à-vis de Miloslava, pour la chercher un peu. Il ne comprenait pas l'attrait du rose ni des bijoux, mais qu'importe, ça allait bien à Aileen. Tout lui allait bien. Mais Nikolaï est un peu crétin, parfois. Et, comme beaucoup de garçons, il n'y comprend rien aux filles. Aileen, c'était son premier amour. Et, du haut de ses onze ans, le petit bonhomme a candidement décidé d'appliquer la tactique du « qui aime bien châtie bien ». Parce qu'au fond, petit, Nikolaï c'était un peu une petite peste. D'ailleurs, il a toujours gardé un petit côté chieur. Alors il tirait ses nattes sans rien dire, le visage inexpressif. Ou bien il écrivait sur ses feuilles, tirait sa robe, lui lançait des feuilles dans les cheveux. Il faisait des blagues pas drôles, aussi. Et un jour, elle a dû en avoir marre, et la jolie petite Aileen a riposté : un coup de pied bien placé, avant de tourner les talons et de s'en aller. Nikolaï a pleuré comme un bébé, parce que derrière son visage inexpressif, en fait, il est un peu douillet le Nikolaï, et il pleure facilement ; alors vous imaginez, pour une fois que ça faisait vraiment mal… Et, déçu, il a décidé de ne plus retenter l'expérience. Les filles, c'est bizarre, et l'amour, ça fait mal. Ce jour-là, il se dit que Richard devait être sacrément costaud, quand même, parce que Maman elle faisait vachement peur parfois.

Enfants, dans vos yeux éclatants
Je crois voir l'empyrée éclore ;
Vous riez comme le printemps
Et vous pleurez comme l'aurore.

* * *

NIKOLAÏ, 12 ANS.


C'était la première année de Nikolaï à Aisling. Son don s'était déclaré très tôt, et il était donc rentré à Aisling à douze ans, comme prévu. Il avait bien évidemment pris option russe, et ne se gênait pas pour appeler Tristant « maman » pendant les cours, rien que pour le plaisir de l'embêter. Il est comme ça, Nikolaï, avec la famille : c'est sacré, c'est plus fort que tout. S'il y a un problème, il peut devenir très sérieux. Mais faut pas rêver, le plus drôle avec la famille, c'est bien de l'embêter. D'ailleurs, les membres de sa famille furent ses premiers sujets d'expérience : il les taquinait, les provoquait, testait différents trucs, juste pour s'amuser de leurs réactions. Puis, en arrivant à Aisling, il s'est dit qu'on pouvait peut-être s'amuser encore plus. Alors Nikolaï s'est mis à tester ses petits camarades. Il a trouvé ça très drôle. Il lui arrive même d'utiliser son don sur eux (alors qu'avant, les échanges de personnalité étaient généralement réservés à Miloslava). Et même que c'est très drôle, et drôlement intéressant.

Et là, c'est le drame.

Richard s'en va. Avec une petite jeune de 25 ans. C'est le procès. Nikolaï a suivi les procédures de loin, mais il était suffisamment grand pour comprendre clairement la situation. Là, Richard a demandé la garde de Miloslava. Elle, seulement. Nikolaï connaissait ses véritables origines depuis longtemps, mais il avait toujours considéré Richard comme son père, même s'il lui était arrivé de lui crier des choses comme le fameux « DE TOUTE FAÇON T'ES PAS MON VRAI PÈRE », au cours de quelques disputes, mais il n'y avait jamais attaché trop d'importance. Et là, sur le coup, ça lui a fait un peu mal. Quand Richard a quitté la famille, en répliquant à Tristan, indignée, que c'était même pas son fils, un lien s'est brisé entre eux. Nikolaï voit encore Richard un week-end sur deux, lorsqu'il vient chercher Miloslava, ou bien lorsqu'il passe une journée seul avec les deux enfants, à l'occasion. Nikolaï ne déteste pas Richard, et il ne lui en veut pas vraiment non plus. Mais c'est devenu quelqu'un d'extérieur à sa famille et, tout en veillant à rester poli, l'adolescent est devenu plus froid avec lui.

Miloslava a été plus affectée par le divorce que son frère. Il faut dire qu'elle était plus jeune, et, peut-être était-elle un peu plus proche de Richard. Elle, c'est son vrai père. Mais celle qui l'a le moins bien vécu, c'est Tristan. Elle a sombré dans l'alcool, elle est devenue plus aigrie. Elle en a conçu un mépris universel pour les hommes. Et elle s'est senti vieille, aussi, sur le coup. Miloslava, sans doute un peu effrayée par la façon dont tournait sa mère, a préféré rester un peu éloignée de tout cela. Mais Nikolaï, lui, fait ce qu'il peut pour soutenir sa mère, à sa façon. Il s'est montré très mature pour son âge, et il faisait preuves de petites attentions de temps en temps pour soutenir Tristan dans sa période de dépression, sans se formaliser de son mauvais caractère les lendemains de cuite. Il a une chambre dans le dortoir, mais il voit régulièrement sa mère sur le campus, et rentre souvent chez lui. Il n'hésite pas à débarquer à trois heures du matin dans les appartements des adultes pour vérifier que sa mère s'est bien couchée, et qu'elle ne gît pas quelque part par terre, vaincue par l'alcool. Il s'amuse parfois à lui faire la morale.

Alcyone

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Dans la vie, il y a des cactus.

✔ Age : 18 ans ✔ Sexe : Féminin ✔ Avatar : Nagisa Kaworu, Evangelion ✔ Comment avez-vous connu le forum ? DC de Sully E. O'Connor ✔ Pensez-vous demander un parrain/une marraine ? Nope. ✔ Autre chose ? Cacahuète. Powaa.

Citations des titres, Neon Genesis Evangelion. + Dutronc pour la dernière.
Citations de l'histoire, Victor Hugo.