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 { #AVIDITE ♠ Victoria.

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Victoria N. Donovan
{ #AVIDITE ♠ Victoria. Rangpsy
Victoria N. Donovan

Messages : 517
Date d'inscription : 19/11/2011
Age : 32


It's a kind of magic.
Age du personnage : 18 ans
Nationalité: anglaise
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{ #AVIDITE ♠ Victoria. Vide
MessageSujet: { #AVIDITE ♠ Victoria.   { #AVIDITE ♠ Victoria. Icon_minitimeSam 19 Nov - 0:29

Pardon de reposter mais cette fois j'ai vraiment le temps de finir Victoria et comme le compte avait été supprimé bah... me revolà o/
Edit L : Et je prends cette fiche, malgré mon récent manque d'activité.
♥♥♥
Nan, j'me sens pas du tout privilégiée du coup ~


Victoria N. Donovan

.
VIRGINITE. AVIDITE. DIGNITE.
{ #AVIDITE ♠ Victoria. 401279Icon7
• Surnom : Noctis. Voir même Nox. Victoria est une créature de la nuit, c'est là qu'on fait les meilleures rencontres...
• Age : 18 ans
• Année : Septième
• Année d'arrivée : Première année

• Classe : PSY
Gula. Fornicatio. Avaritia. Superbia. Acedia. Invidia. Ira.

.
V I C T O R I A.

Noctis ne vous aime pas. Partez de ce principe et vous ne serez jamais déçu : Noctis ne vous aime pas. Elle aimera le bonus charisme que vous lui apportez, votre intérêt pour elle et ce qu'elle peut en tirer. Elle aimera savoir tout ce que vous savez, mais elle ne vous aimera pas vous. Noctis est sociable. Elle viendra vous parler, elle parle à tout le monde. Sans ça, elle ne peut être sûre que vous ne lui serez d'aucune utilité. Elle vous sourira, charmeuse, et en dedans elle pensera « crève, pourriture ». Elle est de toutes les fêtes, de toutes les occasions. Elle s'immisce dans tous les clans. Elle fouine... Noctis est curieuse. Ou plutôt : Noctis connaît la valeur d'une bonne information. Elle connaît aussi les effets d'une rumeur. Et Noctis trouve toujours de bons informateurs... Elle les cajole, prend soin d'eux. Tuyautez la régulièrement et vous serez son ami pour la vie. En apparence seulement. Noctis est familière. Mais ce n'est qu'un numéro de charme. Elle peut se prétendre votre ami ou vous allumer ouvertement. Mais non, elle ne se souciera pas de votre anniversaire et ne vous suivra pas dans votre chambre. Noctis ne conclu pas. Noctis laisse en suspend. Elle ne va jamais jusqu'au bout... Noctis est sournoise. Elle sait toujours avec qui il faut être. Elle sait flatter l'ego des gens importants. Et elle a assez d'ego pour marcher à leurs côtés. Mais si vous tombez, ne vous méprenez pas : elle ne vous aidera pas à vous relevez. C'était à vous de ne pas trébucher. Noctis est orgueilleuse. On lui a appris à penser qu'elle valait mieux que les autres. Parce que sa famille vaut mieux que les autres. Même déshéritée par sa grand-mère, elle continue de tabler sur le prestige de ses ancêtres et sur la noblesse de son sang. Traitez là d'aristocrate déchue et elle vous giflera. Cette vérité est trop dure pour son orgueil. Noctis est cruelle. Si des gens souffrent au passage, c'est bien meilleur. Si elle lit dans vos yeux que vous vous sentez trahi, Noctis jubilera. Parce que ça voudra dire que vous ne l'avez pas vu venir. Qu'elle a trop bien su tenir son rôle. Et ça, ça lui fera drôlement plaisir... Noctis est manipulatrice. Il est très difficile de la prendre au dépourvu. Car Noctis saura faire illusion suffisamment longtemps pour vous désarçonner et reprendre les rênes. Si elle vient vous voir, c'est elle qui conduit, tenez le vous pour dit ! Mais ne vous fâchez pas, elle deviendrait mielleuse et vous vous englueriez dans ses mots doux... Noctis est déterminée. Elle sait comment obtenir ce qu'elle veut. Elle a recourt aux échanges de bons procédés et n'hésitera pas à passer sous la table si besoin est. Si ton tuyau vaut le coup, elle saura où te procurer ce que tu pourrais vouloir. Noctis connaît les bonnes personnes... Plus rarement, elle pourra vous mettre en relation avec qui vous voulez, elle connaît tout le monde à Aisling. Ou plutôt, tout le monde la connaît. Noctis est rusée. Mais dans la mesure du possible, elle préfèrera garder ses bonnes adresses pour elle. Pour que vous ayez encore besoin d'elle. Noctis sait se rendre indispensable... Néanmoins, ça ne vous inquiétera pas forcément. Elle infiltre votre quotidien avec langueur. Mais il est déjà trop tard : vous avez des dettes envers elle. Jusqu'à la fin de votre scolarité. Voir plus... Noctis a mauvaise réputation. Et bizarrement, c'est ce qui semble le plus attirer les gens à elle. On apprécie son sens des affaires, son intransigeance, ses sourires coquins. On la sait fausse mais on aime la regarder faire. Son regard magnétique et ses airs machiavéliques. Elle a de la vulgarité au fond des yeux et pourtant, elle te ferait croire n'importe quoi avec son sourire enjôleur. Noctis est populaire. Noctis a définitivement sa place dans la star system d'Aisling. Les gens importants voient en elle une source fiable et son savoir faire lui a forgé une place parmi eux. Place qui, si on le lui demande, lui revient de droit... Mais Noctis est humaine. Il y a des gens qu'elle ne veut pas voir souffrir, quoi qu'elle en dise. Il lui arrive de s'emmêler un peu, des fois, mais pas assez pour que quelqu'un le remarque. Parfois ses émotions la trahissent et elle agit à contre courant de son comportement habituel. Noctis déteste ça. Perdre le contrôle...

Elle veut tes infos. Elle veut tes œuvres. Elle veut bien ton rein, aussi. Histoire d'en avoir un en rab' si les siens lâchent. Elle profitera de tes connaissances, de tes talents, de ta confiance en elle. De ta vie. Noctis possède des sauvegardes. Des carnets. Des papiers officielles. Son trésor... Elle sait tout sur toi. Noctis sait où te joindre. Noctis sait quoi te demander. Noctis te fera signer en bas de page. Attention, n'oublie pas de parapher. Voilà. Tu viens de faire un pacte avec le Diable. Si Noctis a besoin de sang, c'est le tien qu'elle viendra pomper. Tu regrettes ? Trop tard. Tu as signé...
Emprise. Possession. Influence. Importance. Intérêt.

.
N E A.

• Don : Classement
• En détail : "Hey, ça t'intéresse de savoir si tu peux gagner au bras de fer contre Machin ? Ah, t'es sûr de gagner. Pauvre chose..." Et oui, le don de Victoria consiste à connaître le degré de capacité des gens les un par rapport aux autres dans tous les domaines possibles et imaginables ! Tu veux savoir si tu nages plus vite que Bidule, si Truc est plus populaire que toi, si Chose fait de meilleures composition florales que toi... Elle sait tout ça. Mais toi, tu es sûr de vouloir savoir ? En revanche, les pronostiques des prochains match de foot, ça, tu veux savoir... Et bien, à une certaine coupe du Monde, elle avait crié haut et fort que la France battrait l'Italie. Mais ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était les arbitres corrompus : et oui, tout n'est pas toujours une question de capacité, de nombreux autres facteurs entre en compte, dont celui que Victoria intègre assez mal puisqu'elle en a longtemps été dépourvue : la Chance.
• Maitrise : Pour commencer, elle n'a plus de soucis d'activation depuis longtemps, son don lui obéit sur commande, un point c'est tout. Enfin, lorsqu'elle est vraiment fatiguée, les résultats qu'elle en tire deviennent assez vagues... Le reste du temps, elle peut vous fournir plein d'informations utiles sur pas mal de choses... Les paris sportifs lui rapportent un peu d'argent, mais comme elle ne connaît qu'un des nombreux facteurs à prendre en compte, elle s'est calmé de ce côté là. Néanmoins, son contrôle n'est pas encore parfait puisqu'elle a du mal à distinguer les gens qui ont des niveaux trop similaires. [76%]
• Lui & les ELEM : Le Grand Amour. D'ailleurs, elle se sent parmi eux comme un poisson dans l'eau... Ils ont son snobisme, son orgueil, son pragmatisme. Ils savent ce qu'ils veulent, tout comme elle. Les ELEM la comprennent mieux que quiconque et l'ont déjà accepté dans leur cercle. Faut dire qu'elle les tuyautent à longueur de temps : les ELEM sont les meilleurs, oui, elle apporte à leur gloire chaque jour que Dieu fait.
• Lui & les SPE : Il servent à ri- hum. Bien sûr que si, tout le monde est utile ! A son niveau... Chez les SPE, il y a quelques personnes qui lui semblent très utiles, alors elle les garde sous le coude. Le reste du temps, il faut le dire, elle maudit leur flegme et leur paresse. Elle a souvent envie de les secouer... Donc niveau tempérament, elle a quand même du mal à pas perdre son calme avec eux.
• Lui et les PHY : Oh, tous ces jolis dons physiques qui peuvent la défendre en cas de danger ~ Oui, les PHY sont des dons sur pattes. Elle les drague quand elle a besoin de bodyguard. "Tiens Machin, j'ai du fric à réclamer à Truc, tu voudrais pas m'accompagner pour te transformer en tigre s'il se fache ? ♥ ... Ah, ton copain Bidule maîtrise la Paralysie ? Bah amène le aussi, on sait jamais ♥♥♥". Victoria milite "pour" eux : les PHY, ça sert à quelque chose, au moins.
• Lui et les PSY : Les PSY sont cool ~ Avec eux, elle se prend jamais la tête. Elle a pas à maintenir sa réputation, elle est déjà dans l'estime des ELEM. Elle adore les réunions-devoirs, elle adore les débats sur des théorèmes complexes: elle A-DORE étaler sa science. Chez les PSY, on est intelligent, c'est tout. Toi t'es pas PSY alors tu peux pas comprendre. Les PSY sont so utile aux gens, tu peux en dire autant ? Les PSY sont PSY... et ils le méritent grave.
Vicky Venin

.
God save the Hentai Queen
{ #AVIDITE ♠ Victoria. 652571Icon1
• Age : Banane
• Sexe : Crocodile
• Avatar : Makise Kurisu - Steins;Gate
• Comment avez-vous connu le forum ? Dans la Bible.
• Pensez-vous demander un parrain/une marraine ? JE ME MARRAINE TU PEUX PAS TEST. Je me parraine aussi, tiens.
• Autre chose ? DC de Weawea. Elles sont les deux faces d'une même pièce : Noctis le côté face, Mist le côté pile... [d'ailleurs maintenant faut dire "je tire à Mist ou Nox"]


Dernière édition par Victoria N. Donovan le Mar 20 Déc - 17:04, édité 3 fois
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Victoria N. Donovan
{ #AVIDITE ♠ Victoria. Rangpsy
Victoria N. Donovan

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MessageSujet: Re: { #AVIDITE ♠ Victoria.   { #AVIDITE ♠ Victoria. Icon_minitimeMar 6 Déc - 2:57

Storia.

.
D O N O V A N.

Acte IAu hasard d'une décision

L'histoire de Victoria commence bien avant sa naissance...
James Victorien Donovan, troisième du nom, rencontre Lovisa Sandberg presque par hasard. Elle est en voyage d'étude en Angleterre et il drague tout ce qui passe, avec sa bande de copains peu fréquentables. Il pense la piéger mais c'est elle qui l'ensorcelle. Puis elle repart dans son pays, la Suède, d'où elle lui envoie de longues lettres. Il n'en rate pas une et y répond toujours sans délais. Trois ans plus tard, ils en ont vingt-cinq chacun. Elle a terminé ses études, revient le voir. Il a lâché ses copains libertins, n'a pas vu d'autres femmes. Ils en viennent aux gestes, aux mouvements. Elle tombe enceinte. Ils sont heureux, bien qu'un peu embarrassés. Ils ne sont pas mariés, mais elle s'en fiche. « Il faut être moderne », dit-elle. Il n'en pense pas moins mais semble inquiet. « Je dois te présenter à ma mère », répond-il. Elle lui sourit. Il soupire. Elle ne sait pas. Pas encore...

# # #

« Alors c'est elle ? »

Un sourcil narquois bien haut levé, la matriarche Donovan croise les mains sur ses genoux. Le dos droit dans son fauteuil capitonné, elle fixe intensément ce qui, elle le craint, risque de devenir sa belle-fille. La jeune impudente entrouvre les lèvres, mais son aînée la remet en place d'un claquement de langue et elle ne dit mot. La vieille dame, lasse, soupire.

« C'est pour cela que tu trahis ta famille ? »
« Maman... »
« Ne sois pas aussi familier devant une inconnue ! »
« Mais je la connais, voyons- »
« Et bien moi, je ne la connais pas. Ce qui fait d'elle une intruse dans ma maison. »
« Mère, je- »
« Et tu essais encore de te défendre ? »
« Ma décision est irrévocable. »
« Elle te perdra. »
« Tu comptes me déshériter ? »

Le jeune homme aborde enfin le sujet au centre de toutes les questions : l'héritage de la famille Donovan... Comme le régime du clan est matriarcale, c'est Madame Victoria Hortensia Donovan qui gère les biens accumulés par ses ancêtres, en tant qu'aînées du clan. Et Madame Donovan a justement un sérieux problème à ce sujet. C'est qu'en cinquante ans de mariage, elle n'a pas été fichue de pondre une fille. Pas d'héritière, donc... Quant à son fils aîné, il a déjà trois garçons. Comme si sa foutue bonne femme n'était programmée que pour engendrer des mâles. A croire qu'ils veulent fonder leur propre dynastie ! Son dernier espoir, c'est le petit James. Le petit James qui n'est plus si petit, debout devant elle, droit comme un i. Il paraît tellement confiant, malgré l'appréhension qu'il a de ces réactions maternelles qu'il craint tant... La vieille dame baisse la tête.

« Je pense te laisser une chance de me convaincre. »
Il sourit, regarde son amante qui lui rend son sourire, un peu crispé tout de même.
« Mais ce n'est pas sans condition. »
Les sourires s'éteignent.
« Laquelle ? »
Sa gorge est serrée, le mot est sorti un peu trop bas. Comme s'il ployait déjà sous la tempête...
« Tu as cinq ans, cinq ans et pas une année de plus pour offrir à la digne lignée Donovan l'héritière qu'elle mérite. »

# # #

« Oh, qu'elle est jolie... Vite, donne la moi, je veux la tenir ! »
« Tiens, doucement... Victoria, dis bonjour à grand-mère. »
« Tu as vu, elle m'a souri ! Quel joli sourire... Le sourire des Donovan, sans aucun doute. Comment vais-je t'appeler, jolie petite fée... »

Dans un coin de la pièce, une ombre frémit. James Donovan lui jette un regard douloureux. L'ombre s'avance. James secoue frénétiquement la tête de droite à gauche et articule en silence ''pas maintenant, pas maintenant''. Mais l'ombre n'écoute pas. Elle entre dans la lumière et s'approche du berceau. C'est Lovisa, la mère.

« Ma fille a déjà un nom. Elle s'appelle Victoria Nea Donovan. »

Avec autant de douceur que le lui permet sa colère froide, elle récupère son enfant des bras de la grand-mère qui reste interdite.

« Comment ça, ''déjà un nom''. C'est l'aïeule qui choisit le second prénom de la nouvelle héritière et ce depuis toujours. Je veux qu'on m'explique, que ce passe-t-il, James ? »

Mais James ne répond pas. Il pince les lèvres, esquisse un pas en arrière. Il n'a rien à répondre. Il n'a aucune réponse valable.

« Il se passe que ma fille a déjà un nom, voilà tout. »
« Lovisa... »
« Vous, je ne vous parle pas ! James, j'attends. »
« Mère, je... »
« Tu ? »
« Je suis désolé, crois le bien, mais il se trouve que- »
« James ! »

C'est bien elle qui a posé la question. Mais elle a changé d'avis. Elle ne veut plus entendre de réponse. Elle commence à comprendre ce qu'il se passe. La belle-mère fait face à la belle-fille et tend les bras.

« Rendez-moi cette enfant. »

Les traits de Lovisa se déforme tandis que la peur monte lentement en elle. La vieille femme la fixe, le mal au fond des yeux.

« Voyons, Madame, c'est à cause de votre tradition, je n'ai pas pu choisir le premier prénom de ma propre fille, alors... »
« Rendez-moi cette enfant ! »
« C'est ma fille ! »
« RENDEZ-LA MOI ! »
« VOUS NE L'AUREZ JAMAIS ! »

Lovisa, tout comme son mari avant elle, recule, en larmes. L'autre baisse les bras. Puis la tête. Puisqu'il en est ainsi...

« Sortez... »
« Mère... ? »
« Sortez d'ici. »
« S'il te plait, écoute nous juste un- »
« SORTEZ TOUT DE SUITE DE CHEZ MOI ! »

Tout se déroule très vite. James prend Lovisa par les épaules, la pousse vers la sortie et la suit sans tarder. Dans leur dos, des cris résonnent, parmi lesquels « nos traditions ! », « notre prestige ! », « nos ancêtres ! », suivit de « plus jamais ça dans ma maison ! ».

Lovisa pleure. James en a envie aussi, mais il se retient. La petite Victoria pleure aussi. Ce tout petit bébé au centre de toute cette confusion. A-t-elle faim ? A-t-elle soif ? Veut-elle qu'on la change ? Ou son esprit juvénile a-t-il perçu son implication dans le conflit qui vient de se dérouler ? Qui se déroule encore. Sur plusieurs années...


Acte IITon monde est beau

Victoria a cinq ans.
Ses parents s'aiment. Ils sont heureux, tous les trois. Surtout que demain, c'est son anniversaire. Alors, naturellement, Victoria est de très bonne humeur, ce matin. Maman aussi. Elle lui sourit, une tasse à la main, et l'invite à prendre son petit déjeuner. On est samedi aujourd'hui, il n'y a pas école. Et c'est tant mieux, Victoria n'aime pas trop l'école... Alors c'est vraiment une bonne journée. Mais pas pour tout le monde, semble-t-il. Car Papa revient de dehors avec une lettre à la main. Dans son autre main, une enveloppe à moitié déchiquetée, visiblement ouverte à la va-vite. Victoria s'en empare, curieuse. Papa ne réagit même pas, les sourcils froncés, le regard fixé sur les mots de ce papier qui, visiblement, ne lui plaisent pas. Victoria se détourne et ausculte l'enveloppe. Le papier est très épais, c'est différent des courriers ordinaires. Il est blanc crème et... oui, parfumé aussi. Victoria renifle vivement, jusqu'à ce que son père s'en aperçoive et lui arrache des mains.

« James... ? »
« Lovisa, je... Je crois qu'on a un problème. »
« Ca ne peut pas être aussi grave. »
« Elle veut qu'on lui amène la petite... »

Les mains de Lovisa tremble. Le café déborde de la tasse, se déverse sur le sol et éclabousse le plan de travail. Mais elle la pose vivement et se jette sur la lettre, la parcourant d'un œil anxieux.

« Tu es sûr que c'est elle ? Mais pourquoi, pourquoi seulement maintenant ? »
« Je ne suis pas certain... C'est parce qu'elle va avoir cinq ans, je crois. »
« Elle dit qu'elle veut tout lui expliquer... »
« J'imagine... qu'elle compte lui proposer d'intégrer le clan Donovan. »
Lovisa se laisse tomber sur la chaise la plus proche. Puis se relève d'un bond, chiffonnant la lettre.
« Lovisa ! »
« Non, James, c'est hors de question ! Elle n'ira pas, tu m'entends, elle n'ira pas chez cette vieille folle ! »
« Lovisa ! C'est ma mère quand même ! »
« Ta mère, ta mère... Tu trouves vraiment qu'elle se comporte comme une mère ? »
« Tu exagères, c'est à cause de Victoria, tu le sais bien... »
« J'ai fait quelque chose de mal ? »

Surpris, les deux adultes se taisent, se tournent vers la petite chose qui vient d'interrompre leur dispute. La mère se ressaisit, prend sa fille dans ses bras. Bien sûr que non, elle n'a rien fait de mal. Elle n'y est pour rien. C'est un problème entre Papa et Maman. Ne t'inquiète pas, ma chérie, va dans ta chambre. Papa et Maman vont régler leur problème ensemble. Tu n'as rien fait de mal...

Sinon naître.

# # #

Tout est si beau, tout est si grand. Victoria écarte les bras, tourne sur elle-même, tourne encore, manque de trébucher puis retrouve l'équilibre.

« Doucement, ma chérie ! Ne va pas te faire mal. »
« Oui Grand-Mère ! »

La vieille Dame derrière elle, c'est sa grand-mère. Et ici, c'est chez sa grand-mère. Tout est si majestueux, elle n'en revient pas. C'est une maison bien extraordinaire. Mais c'est parce que Grand-Mère aussi, est une personne extraordinaire. Victoria sait tout, maintenant. Il y avait des choses compliquées, mais elle est grande maintenant, elle a cinq ans, alors elle a compris quand même. Grand-Mère lui a tout dit. Elle a parlé des ancêtres. Que c'était des gens qui vivaient il y a très très longtemps et que c'est eux qui ont créé la famille. Et qu'on était là juste grâce à eux. Et qu'il fallait les respecter pour ça. Elle a expliqué que la première des ancêtres était une femme très importante. Qu'elle était une amie proche de la personne la plus importante du monde. Une personne qu'on appelait ''la Reine Victoria''. Oui, une reine, comme dans les contes, mais pour de vrai ! Elle a dit ensuite que c'est de là que venaient leurs prénoms. Que c'est la première ancêtre qui avait décidé ça. Que toutes les filles de la famille seraient des Victoria. Et que ça les rendait très importantes. Et que seules les Victoria pouvaient diriger la famille Donovan. Les Victoria ont le pouvoir de maîtriser plein de choses, comme l'argent ou la politique. Elle n'a pas bien compris ce mot, ''politique'', mais pour ne pas embêter Grand-Mère, elle n'en a rien dit... Puis elle a fini par apprendre à Victoria qu'un jour, ce serait elle qui s'occuperait de tout ça. De cette grande maison. De l'argent et de la ''politique''. « Vraiment ?! » a-t-elle répondu, éberluée. « Absolument. Tu es une Victoria, ne l'oublie jamais ! ».

Le tour du Manoir arrive à sa fin et elles reviennent au petit salon où les parents ont attendu. Papa et Maman semblent crispés. Victoria ne comprend pas comment on peut se sentir mal dans un endroit pareil. Ils sont vraiment bizarres, depuis hier. Elle veut courir vers eux, leur demander si tout va bien, mais une pince enserre son petit bras...

« Grand-mère... ? »
« Ma petite Victoria. Avant que tu retournes voir Papa et Maman, j'ai une question à te poser. Attention, c'est important ! Je tiens à ce que tu me répondes la vérité et seulement la vérité. »
« D'accord, Grand-Mère. Je dirais la vérité seulement la vérité. »
« Bien. Tu as vu à l'instant tout ce que possède cette belle maison. Je t'ai expliqué comme tu étais importante, ce que tu devrais faire plus tard. Mais ces choses sont compliquées, et plus tôt tu en prendras conscience, mieux tu accompliras ton devoir. C'est pour cela que je te le demande, Victoria : voudrais tu venir vivre ici, chez ta Grand-Mère Victoria ? »

Bruit de porcelaine brisée. Cette fois, Lovisa a échappé sa tasse. Sa fille lui adresse un regard inquiet mais elle se détourne, scrutant avec insistance la vue sur les jardins qu'offre la baie vitrée.

« J'attends ta réponse, Victoria. »
« Grand-Mère... Je dois dire seulement la vérité, n'est-ce pas ? »
« Tout à fait, ma chérie. »
« Et si je te dis que je ne veux pas quitter Papa et Maman, tu seras fâchée ? »

Grand-Mère sourit. Bien sûr que non, elle ne sera pas fâchée. Ce n'est pas grave, ma chérie. On en reparlera quand tu auras dix ans. C'est bon, maintenant. Va jouer dehors un moment, les grandes personnes doivent discuter...
Aussitôt, la petite court jusqu'à la porte où un domestique l'attend. L'idée de retourner jouer avec les papillons de la roseraie à totalement éclipsé le désir de rejoindre ses parents. Et ils la regarde partir, cette fois encore, anxieux, ne pouvant se défaire de l'image de ce dos qui se détourne si facilement d'eux...

Lovisa dirige alors un regard aigre vers sa belle-mère... qui choisit d'en faire cas.

« Inutile de me fixer ainsi, Lovisa, si les yeux pouvaient tuer, vous seriez encore loin du calibre nécessaire à mon éviction... »
« Ne me sous-estimez pas davantage. Que je sache, nous avons bien réussi à tenir la petite à l'écart de vos griffes, tout ce temps. »
« Faux. Il se trouve que j'ai temporairement renoncé, rien de plus. »

Lovisa sert les dents, James baisse la tête. Ce combat est perdu d'avance... Néanmoins, le désespoir parle pour ce père abattu et passe à travers ses lèvres ce mot bien pathétique, bien inutile, s''il en est, qui, plus qu'une réponse, n'apportera certainement qu'une mauvaise nouvelle supplémentaire : la révélation des convictions de cette guerrière inflexible incarnée dans sa vieille mère.

« Pourquoi ? »

A ce mot tremblant, désespéré, la vieille mère soupir et s'assoit.

« Je vieilli, James, je suis sur le déclin, je le sens. Et je ne voudrais pas partir sans essayer encore de sauver ce qu'il reste du clan Donovan. Tu n'es pas sans savoir que ton frère a eu deux nouveaux garçons, un comble ! Ah, comme il a l'air fin, le petit Clarence, avec ces cinq primates... Qui aurait cru que l'aîné des Donovan possède un sang à ce point altéré ? Certainement pas moi, je l'avoue honteusement. Néanmoins, une petite Donovan, une seule petite suffisait. Et cette petite, c'est toi qui nous l'a apporté, cher fils. »
« Victoria n'est pas à vous, c'est notre fille. »
« Taisez vos grands mots de mère indignée, les Victoria appartiennent au clan Donovan, rien ne sert de revendiquer l'enfantement d'une Victoria, la génétique est contre vous : toute entité féminine qui voit le jour nanti de l'ADN des miens est destinée à de trop grandes choses pour que votre petite cervelle d'étrangère nordique ne puisse en concevoir l'étendue. »
« Je ne vous permets pas ! »
« Et bien moi, je me le permets ! Votre venue dans le clan n'y a apporté que malheurs et déconvenues, je vous ai même laissé prendre en otage la seule héritière qu'il me reste et mon fils adoré en prime, vous n'étiez de toute évidence pas en mesure de faire face à tout ce qu'impliquait votre intégration au clan, et aujourd'hui encore vous vous comportez comme un greffon rebelle qui fuit un corps trop sain pour lui. Alors maintenant, rasseyez vous, personne ne me prend de haut sous mon propre toit ! »

Et Lovisa s'exécute. On ne lève pas la voix plus haut que la matriarche. On ne la contredit pas. On ne lui résiste pas. Et on la laisse gouverner sa propre vie en toute soumission...

# # #

« On reverra bientôt Grand-Mère ? »

Personne ne répond. Lovisa sert fort la main de sa fille sur le chemin qui les ramène à la voiture. James s'y reprend à trois fois avant d'arriver à glisser la clé dans la serrure et laisse échapper un juron. La grand-mère est restée à l'intérieur. La petite a à peine eu le temps de lui dire au revoir. Maman et Papa ont dit qu'ils étaient pressés. Mais Victoria est pressée aussi. Elle veut jouer avec la poupée que lui a offerte Grand-Mère avant de partir. Elle est bien plus belle que celle offerte par Maman et Papa. Elle a l'air très chère... Car déjà, Victoria à l'œil. Elle distingue rapidement les choses précieuses des choses sans valeur. Elle a déjà remarqué que chez sa grand-mère, tout est précieux. Que chez ses parents, tout est sans valeur...

Bientôt, Victoria commence à prendre conscience qu'elle passe à côté de beaucoup de choses. Que sa douce vie dans le cocon parental n'est pas si douce, qu'il lui manque des choses, des choses que sa grand-mère pourrait sûrement lui obtenir. Victoria développe un goût prononcé pour le luxe... Un luxe que ses parents ne pouvaient se permettre d'intégrer à son éducation, mais que sa grand-mère lui a fait miroiter, ce fameux jour dans ce grand manoir.
Bientôt, elle érige se souvenir en objectif ultime. Elle aspire à cette vie que son aïeule lui a proposé. Elle grandit et apprend à ses dépends que le monde tourne bel et bien autour de l'argent. Celui-là même que sa grand-mère manipule par éventails, comme on joue aux cartes. Victoria commence à aimer sa grand-mère, vraiment beaucoup...

Quant à ses parents, ils cherchent encore à qui en imputer la faute. C'est James qui est trop docile. C'est Lovisa qui est trop rebelle. C'est le sang des Donovan qui rend la gamine corruptible. C'est cette matriarche implacablement tyrannique. Mais admettre qu'il n'y a aucun coupable serait admettre qu'il n'y a pas non plus d'échappatoire, ce qui est absolument inenvisageable. Soit, c'est la faute à quelqu'un. Reste encore à décider qui...
Ca cri de plus en plus fort, dans le cocon Donovan. Les parois s'effilochent comme de l'emmental fondu. Le tout retombe en flaque immonde et Victoria patauge comme elle peut. Quand Victoria rentre de l'école, elle met de nouveaux les pieds dans le plat. Et elle est attendue au tournant. Elle a mis trop de temps, qu'a-t-elle fait en chemin ? Et cette boue sur son manteau ? Elle ne peut donc pas faire attention ? Et quand l'autre parent est là, il reproche au premier de passer ses nerfs sur la gosse. Elle t'a rien fait la petite, il faut te calmer un peu ! Comment ça, je suis hystérique ? Tu t'es regardé ?
Et le prétexte à ce nouvel affrontement file en douce au premier où il s'étale sur son lit en soupirant. Elle n'a même pas envie de pleurer. Ca n'en vaut pas la peine. Ces adultes sont vraiment trop pitoyables. Ils ne savent pas se regarder en face. Et ces échanges de haine qui fusent au hasard n'atteignent jamais leur cible et vont se perdre jusqu'au premier, où la petite se bouche les oreilles pour tenter de les contrer.

Puis un jour, Papa rentre et ça cri plus fort que d'habitude. Victoria s'installe en haut de l'escalier et tente de capter de quoi il retourne. Ah. Papa n'a plus de travail. Il essaie de se justifier. Maman ne veut rien entendre. Il réplique qu'elle n'a qu'à travailler, elle. Elle hurle que sans elle, cette maison serait un taudis. Et la petite, il y pense, à la petite ? A partir de là, Victoria connaît la suite. Elle remonte dans sa chambre et retourne se boucher les oreilles...

# # #

« Pardonne moi, cher fils, mais aux vues des circonstances, je te déshérite. »

Le temps a passé, la dixième année est arrivée. Victoria a survécu. Elle a serré les dents. Parce qu'elle savait ce qu'il devait se produire. Elle a longtemps attendu ce moment, mais ça y est, enfin, elle y est...
Dans le petit salon d'il y a cinq ans, les Donovan prennent le thé. Il y a la Grand-Mère, installée dans le fauteuil le plus moelleux. Face à elle, alignés sur un divan pourpre, sa belle-fille, son fils, sa petite fille. La petite Victoria arbore un sourire assuré. Grand-Mère le lui avait bien dit : « on en reparlera quand tu auras dix ans ». Et c'est arrivé. D'un instant à l'autre, sa grand-mère chérie va lui proposer de venir vivre avec elle, de lâcher sa stupide et pauvre petite famille pour venir habiter au manoir, apprendre enfin ce qui fera d'elle une des grandes de ce monde et pouvoir s'offrir tout, absolument tout ce qui pourra lui faire envie...
Néanmoins, cette histoire commence à l'inquiéter. Grand-Mère vient d'annoncer à Papa qu'il était exclu de la famille. Pourvu que cela n'ait aucune influence sur l'appréhension de son fabuleux destin.

« Que dites-vous là, mère... ? »
« Ne te moques pas de moi. Tu as très bien entendu, James : je te dés-hé-rite. »
Échange de regards entre James et Lovisa. Les querelles sont oubliées : il s'agit de faire bloc contre un ennemi commun.
« Mais enfin, mère, vous n'êtes pas sérieuse... »
« On ne peut plus sérieuse, mon fils. J'ai voulu fermer les yeux sur l'évidente corruption de ton esprit pour perpétuer ma lignée, mais les choses sont allées trop loin. Vous avez définitivement déshonoré le clan. »
« Madame, je vous en prie... »
« Vous, je vois bien comme vous pariez sur ma mort, comme vous contiez sur cet argent ! Et bien j'ai décidé que vous ne le méritiez pas. Aucun de vous deux n'a de travail, vous avez été incapable de bâtir votre propre fortune et vous vivez dans une misère révoltante. Vous n'êtes même pas heureux en ménage, et peut-être même plus fidèles, pour ce que j'en devine... »

Un silence pesant s'installe. Une fois de plus, la matriarche a su faire mouche : trop de vérités dites à voix trop haute, et même la fougueuse Lovisa n'ose plus intervenir. Mais à côté de ces deux loques de parents, la petite Victoria a pâli. Les choses tournent vraiment trop mal et il est temps de s'assurer une bonne fois pour toutes que ses projets ne sont pas déjà contrariés...

« Et moi, Grand-Mère ? »

La vieille femme est surprise. Cette petite a du cran : elle réclame son du, manifestement. Elle boit une gorgée et pose calmement sa tasse. C'est dommage, vraiment, de devoir chasser de sa propre famille un esprit si fin, si volontaire...

« Et bien... J'ai toujours été partisane du proverbe qui dit que la pomme pourrie ne condamne pas l'arbre. En revanche, un arbre pourri ne produit que des pommes véreuses, chère enfant. »
« Grand-Mère, que dites-vous ? Je ne suis pas sûre de... »
« Oh si, ma petite, tu as bien compris. Tu m'en vois désolée mais, si tu as reçu une éducation de ses deux-là, je crains ne plus pouvoir faire grand chose pour toi. »
« Grand-Mère, je- »
« La jambe gangrenée doit être amputée, Victoria, c'est aussi simple que cela. »


Acte IIIQuand tout s'écroule

Victoria a onze ans.
C'était fini. Tout était fini. Son seul espoir de rémission, la seule chose au monde qui aurait pu secourir son existence, avait disparu. Car si Grand-Mère était toujours là, Victoria ne représentait plus rien à ses yeux. Elle s'y revoit encore, au bord du gouffre, sous le regard impassible de la matriarche... Dans la voiture, le trajet du retour s'était fait en silence. Mais Victoria savait. Une fois rendue à la maison, tout reprendrait exactement comme avant.

Tout avait repris, exactement tout. Même les cris. Comme si ses parents avaient craint de la perturber davantage en revenant à une vie paisible. Ce n'est que progressivement que les choses ont encore empiré... James faisait on ne sait quoi pour gagner un argent dont sa famille ne voyait jamais la couleur. Victoria avait un jour perçu depuis le palier du premier un exaspéré « des putes, c'est ça, hein ! t'es vraiment qu'un salaud... ». Ce soir là, étrangement, ça avait plus pleuré que crié. C'était rare. C'était peut-être même la première fois. Mais la jeune fille dû vite s'y faire. Les larmes devinrent de mise, toujours plus imprégnées des relents âcres de l'alcool dont les cadavres de bouteille traînaient sous le canapé du salon. L'alcool, c'était Maman. Papa avait déjà les putes, on ne peut pas tout avoir dans la vie...
Quant à Victoria, loin de tout avoir, loin de n'avoir rien, ne possédait que des choses encombrantes. Des parents socialement inadaptés, autodestructeurs, égoïstes. Une baraque puante, insalubre. Des vêtements miteux. Des fournitures d'occasion. Une frange trop longue, que personne ne se souciait de raccourcir. A force de véhiculer cette image de misère, elle s'attira les quolibets de ses camarades. Son monde devint si obscure que les jours passaient sans emprise aucune sur son esprit. Jusqu'à ce jour en particulier.

Ca avait commencé par quelque chose de banal. Il lui était venu à l'esprit, comme une évidence, que si Papa pouvait crier bien plus fort que Maman, il était clair que les coups de Maman étaient plus douloureux que ceux de Papa. Pourtant, il lui avait semblé jusque là que ses deux parents s'égalaient en nombre de décibels, et elle n'avait eu que rarement à subir de véritables attaques physiques. Mais peu importait, après tout, et elle ne prit pas cela au sérieux.
Le jour même, l'expérience se réitéra. Untel lui avait paru plus fort au bras de fer qu'un autre, sans qu'aucun des deux ne pratique cette activité sous ses yeux, ni ne possède de physionomie spécifique. Elle su rien qu'en les regardant qu'une fille était meilleure chanteuse que sa voisine de table. Elle décela que le jeune homme au premier rang avait de meilleures dispositions aux concours de nourriture que le cancre au fond de la classe. Et elle su que l'agitateur assis à sa droite était bien plus mauvais aux jeux vidéos que le pauvre binoclard auquel il jetait des boulettes de papier... Victoria laissa échapper un léger ricanement.

« C'est quoi, ton problème, la clocharde ? »
Manifestement, il s'était senti visé. A juste titre.
« Moi ? Oh, rien... rien de bien important. »
« Vas-y, je t'écoute. »
« Et bien... tu es jaloux, c'est tout. »
« Jaloux, moi ? Qu'est-ce qui te fait croire ça ? Et puis de qui, d'abord ? »
Victoria jeta un regard éloquent à la malheureuse victime qui rajustait ses lunettes d'un geste maladroit.
« Lui ? Tu te fous de moi ! »
« J'y peux rien. Tu dois savoir qu'il est meilleur que toi à n'importe quel jeu, sur n'importe quelle console. Donc forcément... »
« T'es folle ! Ce naze me battra jamais. »
La jeune fille tiqua. Si elle était au courant, lui, il devait bien savoir, non ? Quelque chose ne tournait pas rond...
« Mais si, tu le sais bien. Tu t'acharnes sur lui parce que tu sais que tu es plus mauvais. Ne nie pas. »
« Absolument pas ! Non mais pour qui tu te prends ! Et toi, tu te crois intouchable, peut-être, la sans-amie ? »
« Ce n'est pas le sujet, je disais juste que- »
« Je sais très bien, tu te fous de ma gueule ! »
Le jeune homme parlait à présent si fort que même le professeur avait interrompu le fil de son cours, surpris.
« Hein, toi, avec ta mère alcoolique ! »
« Je te conseille de te taire... »
« Oh ça va, on la sent venir à des kilomètres... Elle pue tellement que ma mère garde un rayon de distance entre elles, quand elle la croise au supermarché ! »
« La ferme... »
A présent, toute la classe avait les yeux rivés sur eux.
« Et puis ton père aussi, il va aux putes, à ce qu'il paraît. On le voit toujours passer avec une fille différente, il doit bien s'amuser... »
« LA FERME ! »
« Victoria, assis toi immédiatement ! »
Étrangement, le professeur semblait enfin retrouver ses esprits.
« Je ne compte pas en supporter davantage ! La lignée Donovan... »
« Dis, tu les vois souvent passer à la maison, les putes ? Elles t'apprennent le métier, peut-être... »
Le mot de trop. Comme mue par une volonté propre, les deux mains de Victoria vinrent se placer autour du cou haït et commencèrent à serrer.
« Personne n'est en position d'insulter le glorieux clan Donovan, et je vais faire en sorte que tu t'en souviennes ! »
« Lâche-le tout de suite ! »
« Gh... y'a que la vérité... qui blesse... »
Manifestement, cette gorge immonde pouvait encore débiter des horreurs. Il allait donc falloir qu'elle sert plus fort...
« LES DONOVAN SONT INFINIEMENT SUPERIEURS ! JE SUIS UNE VICTORIA ! TU N'ES RIEN ET JE SUIS TOUT ! »

Le jeune homme changait significativement de couleur quand le professeur se décida à intervenir efficacement. Empoignant la jeune fille, il arracha tant bien que mal ses mains du cou martyrisé et la traîna de force en dehors de la salle. Désormais silencieuse, la classe eu tout le loisir d'entendre les derniers cris qui s'éloignaient dans le couloir : « LES DONOVAN SONT TOUT ! GLOIRE AUX DONOVAN ! » ...

# # #

« … sans compter le... ''trouble narcissique de la personalité''. »
« Vous pouvez répéter ? Je ne suis pas sûre de... »
« Et bien, c'est le constat du psychologue scolaire. Encouragé par mon témoignage, je dois l'avouer. »
A ces mots, il sortit un petit papier de la poche intérieure de sa veste et lu à voix haute ce qui semblait être une sorte de note personnelle.
« ''Tu n'es rien et je suis tout'', ''les Donovan sont tout'', ''Gloire au Donovan''... et il ne s'agit là que d'échantillons. Elle s'est époumonée jusqu'au bureau du directeur. »
Lovisa ferme les yeux, soupire. Encore ce foutu clan. Il l'aura pourri jusqu'au bout...
« Et bien, je vous remercie, professeur. J'ai compris de quoi il retourne et j'agirais en conséquence. Sur ce, je ne voudrais pas vous faire perdre davantage votre temps. »
« Et je vous en remercie. Au plaisir... de ne plus avoir à m'imposer. »

La porte se referme et Victoria descend timidement l'escalier. Précaution inutile...
« Alors comme ça, tu ''étrangles'' tes camarades, maintenant ? »
« Etrangler, c'est un peu fort, il pouvait encore parler, je... n'avais pas assez de force. »
« Et encore heureux ! Il avait quand même des marques sur le cou, ton professeur m'a montré une photo ! Qu'est-ce qu'il t'avait fait, le pauvre garçon ? Il a critiqué ta coiffure, peut-être ? »
« Maintenant que tu en parles, pour ma frange... »
« Victoria ! »
« Oh, ça va ! C'est lui qui m'a insulté ! Il a dit des horreurs, il... »
« Rien, tu m'entends, RIEN, ne justifie qu'on étrangle quelqu'un ! Et il t'a insulté comme ça, je suppose, sans raison ? »
« Et bien, je lui ai juste dit un truc qui ne lui plaisait pas, mais c'était la vérité, alors... »
« Grand Dieu, c'est réellement de ta faute en plus ! C'est toi qui a commencé et tu penses encore pouvoir te justifier ! »
« Mais c'était à propos de toi et Papa, il a dit... »
« Je ne veux pas savoir, tais toi, je n'écouterais plus tes justifications absurdes. »
Alliant geste et parole, Lovisa quitte la pièce. Mais Victoria la suit, bien décidée à en découdre.
« Il a dit que tu étais alcoolique et que Papa allait aux putes et aussi... »
Brisée dans son élan, elle s'arrête. Sa mère s'est soudain immobilisée, dos à elle.
« Et alors, c'est si difficile d'accepter la vérité ? Moi j'y arrive, pourtant. »
Victoria reste coite, stupéfaite.
« Mais je dois te féliciter. Tu as réussi, Victoria. Tu es aussi odieuse que l'était ta grand-mère... »
S'en est trop. Elle n'en peut plus. Ca suffit. Il faut que ça cesse. Ca ne peut pas continuer. Elle ne le permettra pas.
« Grand-Mère était bien plus forte que toi. »
Pas de réaction.
« Et moi, je suis plus belle. Plus intelligente. »
« ''Trouble narcissique de la personnalité'', hein ? Ma pauvre fille... »
« Et j'aurais un bien meilleur avenir ! Je vais quitter cette baraque POURRIE ET TOI ET PAPA ET CETTE VIE MERDIQUE ET EN PLUS JE FAIS DE BIEN MEILLEURS GÂ... teaux. »
Mère et fille restent dubitatives.
« De meilleurs gâteaux ? De quoi tu me parles, au juste ? T'es définitivement folle. T'as qu'à partir, si tu y tiens tant que ça. Personne ne te retiens. »

Un pas en arrière, puis deux. Elle ne peut détacher son regard de ce visage indifférent. Cette expression... de la pitié. Sa propre mère, son épave de mère ose éprouver de la pitié pour elle. Le souffle coupé, elle se détourne finalement et court au premier se réfugier dans son lit, comme autrefois...

Victoria pleura longtemps. Elle ne comprit pas. Cette histoire de gâteau... d'où est-ce que ça pouvait bien sortir ? Elle fouilla sa mémoire... Il lui sembla alors se rappeler de quelque chose : lorsqu'elle hurlait, alors que la colère prenait le dessus, ça lui était simplement apparu comme une évidence. Ce simple fait c'était imposé à son esprit. Avec tellement d'évidence que ses lèvres l'avaient expulsé sans qu'elle ait eu le temps d'y penser réellement... Et le fait que son corps prenne ainsi des libertés ne lui plut guère. Elle réfléchit encore au phénomène. Elle souhaitait comprendre, comprendre et maîtriser. La maîtrise venait à bout du pire défaut, elle le savait par expérience, et pourtant, cette fois-là, c'était bien son expérience de la maîtrise qui lui avait fait défaut. Il lui fallait se rendre à l'évidence : quoi qu'elle fût, cette « chose » prenait le pas sur elle. C'était absolument inacceptable. Elle demeurait une Victoria. Perdre le contrôle était inimaginable. Et, fort heureusement, elle n'était pas la seule à penser ainsi...

Il était bien habillé, venait d'un lieu réputé. Juste pour l'y inviter. Dès qu'elle comprit de quoi il retournait, Victoria afficha un large sourire. Elle le savait bien, au fond, qu'elle était extra-ordinaire... Elle possédait ce qu'ils appelaient un don, qui, à la description de la jeune fille, sembla leur faire penser à celui de « Classement ». Elle décrivit ses mésaventures à l'homme en costume trois pièces, sous le regard éberlué de sa mère. Son père, coutumier des routines bien huilées, brillait par son absence. Ses yeux à elle étincelait d'une fierté non dissimulée. Enfin, le cauchemar prenait fin. La vie de plouc, la baraque puante, les parents encombrants, l'école de nazes. Pour la première fois, Victoria crut aux contes de fée. Elle était une princesse, une vraie. Et elle aspirait à devenir reine...


Dernière édition par Victoria N. Donovan le Dim 18 Déc - 23:55, édité 1 fois
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Victoria N. Donovan
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MessageSujet: Re: { #AVIDITE ♠ Victoria.   { #AVIDITE ♠ Victoria. Icon_minitimeDim 18 Déc - 23:53


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Acte IVAisling

Il sourit. De ce sourire idiot que tu aimes tant. Avec une pointe de sarcasme, là, juste dans le coin... Sa main effleure ta joue, l'air de rien. D'un doigt, il redessine le contour de ta mâchoire qui frémit d'émotion. Arrivé au menton, il s'en empare et le redresse, te forçant à le regarder dans les yeux. Son visage est de plus en plus près. Sans te lâcher il se rapproche, furtivement. Il prend tout son temps... Son nez effleure le tient tandis qu'il penche la tête sur le côté. Ses yeux sont toujours grands ouverts. Ca t'angoisse. Il scrute le fond de tes prunelles, calculateur. Puis enfin, tu sens son souffle qui se mêle au tient. Là alors, ses paupières capitulent, et...

DRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIING ~

« Que- Nan... NAAAAAAN. ENFOIREEEEE, ENFOIRE DE REVEIL DE MEEEERDE !! »

Haletante, Victoria cesse enfin de piétiner feu le radio-réveil. A la suite de quoi le son d'un craquement la fait se retourner vivement. Elle grimace... Dans l'encadrement de la porte de la salle de bain, se tient Katarina, l'air passablement surpris. Victoria reprend contenance à la vitesse de la lumière, affichant un air faussement nonchalant.

« Tu me connais. Je ne suis pas du matin. »

Katharina est sa colocataire. Elles vivent ensemble depuis fort longtemps, mais leurs rapports sont... intimement professionnels. Elles ne sont pas amie, non. Elles préfèrent s'adorer en toute discrétion. L'air de rien. Niant farouchement. Elles parlent beaucoup, Victoria a toujours des choses intéressantes à lui raconter. Confidence pour confidence, on dira ce qu'on veut de leur amitié...

Sans plus de cérémonie, Victoria écarte sa camarade de chambre et gagne la salle de bain, dont elle claque la porte avant de soupirer tout à son aise. Elle s'est encore donnée en spectacle... Et encore à cause de lui. Décidément, il est toujours lié de près ou de loin à la moindre de ses sautes d'humeur. Mais peu importe. Elle doit se ressaisir. Rien de tel qu'une bonne douche pour se débarrasser des affres de la nuit...

Cela fait déjà sept ans qu'elle est ici. Sept longues années que cette douche la voit passer tous les matins, que le miroir la contemple se déshabiller prestement. Elle pourrait évoluer dans ses lieux les yeux fermés. Elle en avait même déjà eu l'occasion la fois où une panne de courant l'avait surprise en pleine douche -à n'en point douter, Velmur devait encore avoir tenté une intrusion par le réseau électrique du dortoir féminin... manifestement avortée par le système de sécurité magique. Il lui arrivait encore de se rappeler avec nostalgie de ses premiers instants passés ici...
Elle était arrivée trois mois après la rentrée officielle, comme une nouvelle occasion de se faire remarquer. Elle avait, pour l'occasion, fait peau neuve : nouveaux vêtements, frange habillement retaillée, fournitures flambant neuves. Après tout, c'était bel et bien un nouveau départ, il ne fallait rien négliger. Elle apprit de suite à sourire. Néanmoins, ça ne lui coûta pas le moindre effort : tout ici l'émerveillait. La richesse des lieux lui rappelait le providentiel manoir Donovan, les uniformes aux coupes élégantes lui faisait oublier son collège miséreux. Les élèves bavardaient gaiement, tantôt studieux, tantôt vaguement dissipés. L'endroit emprunt de culture et d'histoire lui donna immédiatement l'impression d'avoir atteint une caste supérieure. Ce n'était, certes, qu'une école, mais pour la petite Victoria, cette école avait un goût de paradis...

Elle éteint l'eau, se sèche et s'habille, ressortant fraîche et pimpante de la salle de bain. Mais on a manifestement investit les lieux pendant son absence... Katharina est sortie, mais Béatrice en est encore à se servir dans son maquillage.

« Tu n'as presque plus de khôl. » se permet-elle de signaler.
« A qui la faute, d'après toi ? »

La jeune fille ne répond pas, se contentant de sourire. Mais ce n'est pas important, se dit Victoria, lorsqu'elle n'aura plus de khôl, elle ira chercher celui de son amie. Qui reviendra l'utiliser ici-même. D'ailleurs, ce doit être comme ça qu'elle a obtenu le premier. Dégageant l'importune d'un coup de hanche, elle prend place devant la petite coiffeuse, entreprenant à son tour d'appliquer la couche adéquate à une bonne mine de vingt-quatre heures...

Béatrice, c'est sûrement sa relation la plus proche d'une amitié franche et sincère. Elle ne lui cache que peu de choses, sinon rien. Elle ne sait plus trop comment ça a commencé. Par un emprunt, peut-être ? Peu importe. Depuis longtemps maintenant, il ne se passe pas une journée sans que les deux jeunes filles ne se côtoient. Mais il faut dire que chacune y trouve son compte...

Une promesse de déjeuner et trois potins du jour plus tard, Victoria s'est séparée de son amie pour rejoindre son premier cours. Et pas que le cours...

« Bonjour. »

Son ton courroucé nuance la notion primaire de politesse pourtant intégrée d'office à cette formule si répandue... Car oui, son dernier rêve en date lui est revenu en pleine face. La faute à sa face. Crétin.

« Mal dormi, on dirait. »
« Je ne te le fais pas dire. »

Il hausse un sourcil, la laisse entrer la première. C'est parfait ainsi. Il est galant, elle aime faire sa reine. Ce garçon, il est décidément juste fait pour elle... Ils saluent toute la clique, elle s'installe derrière lui. Pour pouvoir l'épier. Car il est son Lui. Son seul et unique. Leif Karlstrøm...

En ce qui concerne cet énergumène, elle garde un profond souvenir de leur première rencontre. Et elle se renfrogne à la seule idée que lui ne s'en souvient probablement plus...
Elle venait donc à peine de s'installer à Aisling. Son snobisme écarta préalablement les gens d'elle mais, paradoxalement, poussa d'autres personnes à venir lui parler. Naturellement, Lui n'en faisait pas parti. Non, il s'était contenté de la bousculer par erreur, d'apercevoir ses grands yeux bleus nantis d'une fierté à toute épreuve, et de s'excuser avec un sourire enjôleur. Cruel sourire... La pauvre Victoria s'était immédiatement sentie comme épinglée à un mur. Le temps qu'elle reprenne ses esprits, l'insolent avait déjà repris son chemin.
Par la suite, elle s'était débrouillée. Pour en savoir plus sur lui, d'abord. Puis pour se lier avec son cercle d'amis, l'air de rien. Quelques battements de cils, un balancement de cheveux et un discours assuré lui avaient frayé un chemin tout droit jusqu'au cœur du système. Elle savait qu'elle y arriverait. Sans même savoir ce qu'elle cherchait exactement à faire, ni même pourquoi elle le faisait... Jusqu'au jour où elle se retrouva de nouveau face à lui. Où, s'apprêtant à reproduire sa manœuvre d'approche habituelle, elle croisa son regard, aussitôt assorti d'un sourire. Quel détestable sourire... Là alors, elle su que la première fois n'était pas due au hasard. Que ce jeune homme sans atours particuliers avait tout bonnement des effets plus que particuliers sur elle. Il était là, face à elle, et elle ne se sentait physiquement plus la capacité de faire semblant. De sourire pour rien. De charmer à tout va. D'embobiner sur commande...
Victoria ne pouvait simplement plus mentir.
Furieuse de perdre ainsi tous ses moyens, elle décida de s'éloigner de lui, définitivement. Il était absolument hors de question de se retrouver de nouveau dépourvue de toute parure sociale. Mais, hélas, tout effort fût vain... La première semaine fût intenable, et elle comprit avec horreur que le jeune homme lui manquait. A la suite de quoi elle revint discrètement bavarder avec les gens de son cercle, le scrutant du coin de l'œil. Puis finalement, elle s'était habituée. A sa présence, à ses regards, à ses sourires. Néanmoins, curieusement, ça la fâchait toujours autant. Être dépendante de « ça » l'importunait au plus haut point. Mais elle s'était faite à l'idée qu'il lui serait impossible de lutter et qu'elle en avait pour plusieurs années à enrager devant lui, à tenter vainement de contenir ses velléités de dragueur, à prendre soin de lui sous couvert de prétextes chaque fois différents. Elle l'acceptait, car au fond, même si rien au monde ne pourrait le lui faire avouer, ou en considérant qu'elle n'en avait peut-être même pas tout à fait conscience, tout cela lui apportait malgré tout beaucoup de bonheur...


D'une lassitude sans pareil, Victoria soupire, fixant résolument le dos face à elle. Leif semble particulièrement concentré sur ses notes mais, si l'on prend en compte la nature du cours actuel -à savoir les mathématiques- il est fort probable qu'il soit en train de faire autre chose. Rien de bien motivant pour elle. Elle jette un œil à son portable. Deux messages... Le premier est un rappel, ou plutôt LE rappel habituel de Béatrice qui, manifestement, craignait que son amie la laisse en plan pour, disons... voguer vers d'autres horizons. Le second vient d'un PHY passionné de potins en tout genre qui lui assure détenir « l'info du siècle ». Mouais. La jeune fille n'avait pas une très haute opinion de celle du jeune homme, mais soit, elle irait à sa rencontre. Il lui arrivait tout de même de pouvoir se rendre utile, à ce Charles... Et finalement, alors qu'elle en était à se dire que la journée serait résolument calme, un petit origami, se glissant délicatement sous la porte, vient se poser sur sa table. Ah, elle aussi, alors. Rares étaient les personnes à la contacter ainsi -trop de risque d'interception- et Victoria se doutait fortement de l'expéditrice. Vivement, elle déplie le papier : « même heure même endroit, j'aimerais l'avoir aujourd'hui ». Et bien, chère Luce, le moins que l'on puisse dire, c'est que tu n'as pas peur de prendre au dépourvu... Fort heureusement, Victoria avait toujours un coup d'avance. La denrée commercialisable l'attendait bien sagement dans sa grande armoire, fermée à double tour par la clé qu'elle portait nuit et jour autour du cou. Luce faisait partie de ses collaborateurs. Elle fournissait de la marchandise à revendre en échange d'un paquet particulier... Jusque là, leur association s'était révélée plus que fructueuse, hors de question donc de lui faire faux bon. D'un geste expert, Victoria note ses deux nouveaux rendez-vous dans ce qui semble être un petit agenda déjà bien garni.

Mais le professeur remarque finalement son total désintérêt pour le cours.
« Et bien, Mademoiselle Donovan, je suppose que cette équation est indigne de votre attention. Vous n'avez rien à dire sur ce qui est inscrit au tableau ? »
Victoria scrute ledit tableau d'un air détaché. Puis elle déniche ce qu'elle cherchait...
« En fait, là-bas, ce ne devrait pas être un plus au lieu d'un moins ? Par hasard. »
Malheureusement pour le professeur, ce n'était pas particulièrement ce qu'il cherchait à mettre en valeur.
« Là-bas... ? Ah, euh, tout à fait. Bravo, je vois que vous êtes attentive. Vous avez su déceler l'erreur que j'ai volontairement glissé ici-même. Je déplore le peu de réaction du reste de cette classe. »
Toussotant, il décide alors qu'à l'avenir, il s'en tiendra à reprendre les PHY pour leur incompétence, avec eux au moins, c'était facile...

Tout de suite après cet épisode peu glorieux dans l'histoire du corps enseignant, la nuque face à elle pivote pour dévoiler en profil sournois, tout sourire dehors. Victoria hausse les sourcils, signe qu'elle n'avait rien fait de louable. Même si l'approbation de Leif ne pouvait qu'éclairer sa journée...

Son parcours scolaire ? Irréprochable. Cette nouvelle vie, elle comptait bien trop dessus pour la gâcher par des notes indigne d'elle. Rien ne viendrait entacher sa toute nouvelle réputation et personne ne devait être en mesure de douter de son intellect. On faisait décidément trop confiance aux gens intelligents... De la même manière, elle s'était appliquée à maîtriser son don à la perfection. Ses rares expériences passées le concernant s'étaient montrées fort douloureuses et il était impensable qu'elle laisse de nouveau cette « chose » diriger sa pensée : elle serait maîtresse de son don ou elle ne serait pas. Certes, elle n'en dégageait pas de grande puissance et il n'avait qu'une trop rare utilité, mais l'empêcher de prendre le dessus sur elle restait une priorité. Ainsi devint elle capable de distinguer à volonté les meilleurs des pires...

Vient l'heure du repas, celle de retrouver Béatrice. Au restaurant, elle aperçoit au loin Elizabeth McQueen et, procédurière, prend un moment pour lui présenter ses respects ainsi que lui souhaiter un bon appétit. A la suite de quoi elle rejoint sa table habituelle où l'attendent de nouvelles informations, Béatrice étant avant tout sa principale source. Les gens se confiaient aussi facilement à elle qu'à Victoria, et elle n'avait pas son pareil pour leur planter un couteau dans le dos. Il n'y a qu'entre elles que les jeunes filles jouaient francs jeux, d'une loyauté sans pareil. Il faut dire, tout de même, que Victoria savait la rémunérer à la hauteur de sa participation...

« C'est moi qui paye, aujourd'hui. J'ai enfin de quoi faire tomber cette cruche. Elle se prend vraiment trop au sérieux... »
« Tout à fait. Et je suis sûre de ce que j'avance. Je le tiens de ce type, tu vois, le ELEM dont je t'ai parlé l'autre fois. »
« Une source fiable, à n'en point douter. Au fait, j'ai un rendez-vous de dernière minute, tu pourrais faire quelque chose pour moi ? Luce reste une priorité, tu comprends, ses services lui valent largement de passer devant les autres... Je ne peux rien lui refuser. »
« Naturellement. Offre moi une glace et j'irais à ton autre transaction sans soucis. »
« Pfff, tu es dure en affaire... »

Victoria sourit. La jeune fille face à elle avait toujours été très enthousiaste quant à ces entreprises douteuses. Elle aimait décidément trop torpiller les gens... Une particularité qu'il faudrait suivre de près. Néanmoins, cette collègue à mi-temps lui était quelques fois d'un secours cruciale, et elles partageaient dorénavant tant l'une sur l'autre que leur amitié s'était installée d'elle-même. C'était sûrement pour ça que Victoria ne se souvenait pas vraiment des débuts de leur relation...

L'heure tourne, le repas touche à sa fin. Victoria prend un moment pour alpaguer Vivienne et lui passer une nouvelle commande de multiplication avant de se rendre au prochain cours. Elle a peut être un rythme scolaire à maintenir, mais en coulisse, le spectacle continu et Monsieur Loyal ne se repose jamais bien longtemps...

Finalement, les cours reprennent et se déroulent avec une lenteur assez désespérante. Néanmoins, lorsqu'elle se perd à fixer son cher et tendre, le flux du temps s'accélère sensiblement... jusqu'à la sonnerie finale. Devant elle, Leif s'étire. Passant à côté de lui, Victoria l'interpelle.

« Tu as quelque chose de prévu tout de suite ? »
« Hm ? »
« Alors vient, on va faire un tour. »

Sans trop se poser de question, il la suit à travers les couloirs puis dehors, jusqu'à la lisère de la forêt où ils s'installent sous un arbre. Ils échangent des propos sans intérêt véritable, le genre dont on raffole à cet âge-là. Puis un silence apaisé s'installe, pendant lequel elle se prend à fixer l'établissement dont ils se sont extraits. Il lui fallait décidément s'éloigner radicalement d'entre ses murs ainsi que de tous ses occupants pour avoir un échange à peu près normal avec celui qui hantait ses rêves les plus inavouables... Cependant, elle ne pouvait nier qu'Aisling lui avait apporté beaucoup. Aisling était à l'origine de tout ce qu'il y avait de bien dans sa vie, même si elle préférait en attribuer tout le mérite à son don, qui seul l'avait conduite ici.
C'est à Aisling qu'elle avait développé un talent de trafiquante, là qu'elle s'était enrichie, là qu'elle s'était forgée une réputation digne des plus grands, plus grands qu'elle fréquentait avec régularité. Encouragée par son intégration intéressée au cercle des populaires, elle était de toutes les fêtes, de toutes les occasions. C'est là qu'elle s'était rendu compte qu'à chacun d'entre eux, oui, absolument tous, il manquait quelque chose... Ce pouvait être un objet, plus ou moins légal. Un service, plus ou moins dégradant. Et, souvent, c'était une information. Ils souhaitaient tous savoir. Un secret, un détail, un sentiment. C'était tantôt infime, tantôt énorme, mais ça finissait toujours par devenir obsessionnel... Alors elle décida de miser là-dessus. De devenir leur épaule secourable à tous, de les obliger à elle. Elle commença à établir son réseau, sa réputation n'étant plus à faire. Elle gagna l'obscurité et entreprit de s'adjoindre les personnes aux capacités utiles... Bientôt, elle avait obtenu de chacun d'entre eux beaucoup plus qu'elle ne leur avait préalablement fourni à tous, et sa fortune s'établit enfin. Comme une tumeur maligne, elle étendait ses bras sur toute l'école, l'ombrageant en toute intimité... L'anonymat des clients était garantie, les bénéfices aussi. Mais il y avait un prix. Il était désormais de notoriété publique que Victoria N. Donovan, alias Noctis, la fille de la nuit, pouvait fournir n'importe quoi à n'importe qui, mais, naturellement, moyennant compensation... Le piège n'était pas caché. Ils signaient tous en parfaite connaissance de cause. Ils ne pouvaient simplement pas faire autrement. Ils avaient désormais besoin d'elle...

A son côté, Leif frissonne, la ramenant au présent.

« Il commence à faire froid, on devrait rentrer. »
« Non. On est très bien ici. »
« Il n'y a personne. »
« Justement. »
« On ne fait rien de particulier. »
« Tu as quelque chose en tête ? »
« D'ici peu, il fera nuit. »
« Tu as vraiment quelque chose en tête... »
« Rien qui puisse te plaire. »
« Je suppose, oui. »
Il soupire.
« J'ai froid. Je rentre. Fais comme tu veux. »
« Hé ! Non... attends ! Je rentre aussi... »

Deux pas devant, il s'arrête et l'accueille avec ce sourire narquois qui sied tant à son visage. Victoria plisse les yeux en un regard mauvais et il se détourne, signe qu'il a obtenu la réaction souhaitée. Quel crétin...

Il fait nuit, Victoria se prépare. Katharina chantonne dans la salle de bain, Béatrice passe en revu sa garde-robe. Ce soir comme beaucoup d'autres, elles vont s'amuser un peu. C'est l'effervescence dans le couloir : on s'emprunte du maquillage, on quémande des opinions sur une tenue, on réactive la machine à rumeur. La plupart des chambres sont ouvertes, histoire de faciliter la circulation. Europe, une jeune ELEM, vient passer la tête dans l'entrebâillement. Elle scrute d'un œil observateur la penderie de Victoria avant d'afficher un sourire méprisant assorti d'un regard hautain. La trafiquante soupire.

« Tu as quelque chose à dire, peut-être ? Un commentaire, une suggestion ? »
« Hm ? Oh, non, rien. Tu t'habilles comme tu le souhaites, après tout... »

Et elle repart comme elle est venue. Petit démon...

La soirée bat son plein. Il ne manque personne. Du moins, personne d'important... Victoria s'avance, prend acte des présents. Et, sans crier gare, un jeune homme vient l'enlacer.

« Noctis, jolie Noctis... des infos pour moi ? »
« Pour toi, toujours. Moyennant compensation, bien sûr... »
Il la serre plus fort.
« Tu sais bien comme je peux compenser, depuis le temps que je te le propose... »
Elle sourit, sarcastique.
« Navrée... Tu devrais savoir que ça ne m'intéresse pas, depuis le temps que tu me le proposes. »

Avec un rire léger, elle se dégage de l'étreinte et va chercher un gobelet remplis de Dieu sait quel alcool. Cette soirée se déroule parfaitement bien. Un peu plus tard, il reviendra la voir pour lui proposer quelque chose de plus intéressant, elle le sait... Néanmoins, son sourire satisfait fond bien vite. Au loin, elle aperçoit Leif, une fille assise sur ses genoux, les bras étroitement serrés autour de son cou. Ni une ni deux, elle fonce droit vers sa cible et lui vide son gobelet sur la tête. La pauvre fille pousse un cri... de fille. Victoria lui prie de pardonner sa maladresse, un sourire d'excuse aux lèvres. L'autre courre se nettoyer en bougonnant. Mais Leif n'est pas dupe. Il faut dire qu'il a l'habitude, à force...

« C'était délibéré. »
« Et alors ? »
« T'as tâché mon jean. »
« On dirait bien... »
« Hm. »

Et il se détourne d'elle, passablement fâché. Mais elle s'en moque royalement. Ca lui passera, comme toujours. Et elle n'a pas l'intention pour autant de gâcher sa soirée... S'éloignant, elle croise Nearheart, manifestement en chemin vers le boudeur. Elle lui lance un preste regard haineux. Celui-là, en d'autres circonstances, elle aurait probablement pu s'entendre avec. Ou peut-être pas... Toujours est-il qu'il lui semblait parfois déceler une étrange proximité entre les deux garçons. Il y avait Leif et Leif avec Near. De la même façon qu'elle changeait de personnalité en sa présence... Plutôt inquiétant comme phénomène. Mais peu importe. Elle ne pouvait humainement pas lutter contre tout ce qui s'approchait de sa propriété auto-proclamée -et ce n'était pourtant pas l'envie qui manquait.

Elle déambule, son air monarchique comme carte de visite. On l'approche, on l'aborde, discute avec elle. Elle rit un peu, sourit beaucoup. Elle s'agrippe à des épaules, effleure des hanches, caresse des mains. On se penche sur elle, chuchote à son oreille. Ses yeux se plissent de satisfaction. A la voir comme ça, elle semble prendre du bon temps, n'est-ce pas ? Et bien non, elle travaille. Elle s'applique, même. Pour ne pas tordre de poignet à chaque main aux fesses. Pour ne pas gifler à chaque proposition indécente. Pour rire de bon cœur quand elle voudrait se moquer. Car le jeu en vaut la chandelle. Ce soir encore, ses petites oreilles ont recueillit bien des choses. Il y a des bêtises, bien sûr, il y en a toujours. Mais il y a aussi des confidences, des données, des renseignements. Toutes ces petites choses comme autant d'armes bientôt redistribuées aux plus offrants...

Elle boit peu, mais garde toujours un verre à la main. Elle n'hésite pas à parler un peu plus fort, à tituber de temps à autre. Elle joue son rôle. En soirée, Victoria se laisse vite aller, dit-on. Elle n'est plus très attentive, guillerette et enjouée. Que nenni, c'est bel et bien ce qu'elle veut vous faire croire, mais vous semblez tout de même particulièrement crédule... Victoria ne perd jamais le contrôle. Ne lâche jamais les rênes. Elle vous fera croire que vous la conduisez, mais c'est elle qui mène la danse. Elle choisit le tempo et vous obtempérez naïvement, comme divinement inspiré par un murmure dans votre cou, comme un songe dans la pénombre et dans l'alcool... Elle s'écarte un peu, juste pour vous montrer ses yeux. Mais rien de ce que vous pourrez y voir n'est vrai. Tout n'est qu'illusion, influence. Elle se joue de vous. Mais au fond, vous le savez, n'est-ce pas ? Vous connaissez la mélodie, les pas sont toujours les mêmes. Vous évoluez en connaissance de cause, au moins un peu. Parce qu'après tout, c'est là qu'elle est la plus jolie. Dans l'exercice de ses fonctions. Ses bras se ressert et votre volonté s'étrangle. Parce qu'après tout, c'est là qu'on la voit vraiment. Le masque glisse un peu, une prunelle étincelante s'en échappe, fugueuse. En réalité, elle brûle de vous en montrer plus. Elle voudrait vous dévorer tout entier. Vous lui êtes tout entier disponible et elle retient sa gloutonnerie. Il ne faut pas abuser des bonnes choses...
Alors, finalement, ses bras vous quittent. La chanson est terminée. La danse aussi. Vous avez échangé des mots soufflés. Elle vous a gratifié de certains gestes. Mais c'est fini. Votre main tente de la retenir, par habitude, par automatisme. Elle s'en dégage habillement, comme toujours, avec un sourire. Ou même un rire, si elle vous sent trop épris...
Le conte prend fin.

Devant sa petite coiffeuse, Victoria se démaquille. Elle est partie la dernière, comme souvent. Elle a regardé partir Leif, Nearheart le suivant de près. Béatrice est venue la saluer en baillant. Katharina l'a devancé de peu. Elle a pris un dernier verre, échangé quelques mots avec Erick. Puis elle a docilement regagné sa chambre.

C'est à ça que ressemble sa vie, maintenant. De l'ombre et de l'ivresse. Tout est une histoire d'affaire, ou presque. Il y aura toujours des exceptions. Comme Lui, qu'elle finira par haïr tant elle a besoin de son existence. Mais aujourd'hui, elle peut le dire, elle possède des choses. Elle n'a ni tout, ni rien, mais s'est au moins débarrassée des choses encombrantes. Elle s'est délestée de son passé, elle n'a plus considéré aucune entrave. Elle est désormais maîtresse de sa vie, de son don, d'elle-même. Cela fait longtemps qu'elle s'est débarrassée de ses airs de princesse... Victoria est une reine, une vraie.
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Leif Karlstrøm
MODO | You seem unhappy. I like that.
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MessageSujet: Re: { #AVIDITE ♠ Victoria.   { #AVIDITE ♠ Victoria. Icon_minitimeMer 21 Déc - 2:14

Helooo-ooo.
Juste pour dire avant de partir que euh, oh, tiens, tu es validée. Merci d'avoir fait apparaître Leif dans toute sa superbe - ou pas. Au plaisir d'en reparler~
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MessageSujet: Re: { #AVIDITE ♠ Victoria.   { #AVIDITE ♠ Victoria. Icon_minitime

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