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 Jeed — n'oublie pas ton sourire, si tu sors ce soir.

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Nikola Jovanovic
Jeed — n'oublie pas ton sourire, si tu sors ce soir. Rangspepa
Nikola Jovanovic

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Jeed — n'oublie pas ton sourire, si tu sors ce soir. Vide
MessageSujet: Jeed — n'oublie pas ton sourire, si tu sors ce soir.   Jeed — n'oublie pas ton sourire, si tu sors ce soir. Icon_minitimeJeu 21 Juil - 20:46

Trompe la mort et tais-toi



Trois petits tours et puis s'en va
J'opère tes amygdales
Labyrinthiques, que dalle
Ne m'est plus rien égal
Je sais je n'ai offert que des bouquets de nerfs

Parfois je me demande, à quoi on joue, qu'est-ce que ça peut bien être que ce monde où on est juste une virgule au milieu d'une bible profane de cent mille milliards de pages. Parfois je me dis, est-ce qu'on sert à quelque chose, est-ce qu'on est juste nés pour rien. Souvent je me rappelle que je suis venu au monde pour grandir et pour mourir ; que chaque alignement de zéros sur mon réveil numérique est un nouveau pas vers la mort. Je sais pas si vous avez déjà essayé d'imaginer d'être mort. Moi, je pourrais me réfugier dans la facilité. Ce serait facile de croire comme tous ces abrutis que l'Eternel m'accueillera dans ses bras ; ou même qu'il me renverra à son Némésis, tout en bas. Mais, franchement, je peux pas. Je comprends qu'on ait besoin d'y croire parce qu'il faut bien quelque chose pour berner le temps qui s'écoule comme du sable, parce qu'on est impuissants, on ne peut rien faire. Moi, je suis juste un peu trop lucide pour ça ; mais mon coeur est crétin, c'est pour ça qu'il bat si fort quand les livres me parlent de cryogénie et de tout ça. C'est comme si on pouvait encore vivre après avoir arrêté. C'est absurde, mais c'est tellement bon, si savoureux sur la langue. Ça coule comme du miel avec la saveur d'une framboise mûre et ça te fait du bien. L'être humain veut vivre bien alors il se bande les yeux tous seuls. Au lieu de ça moi parfois, je me réfugie quelque part, et j'essaie d'imaginer. Je tente de sentir le vide, de ne rien sentir. Et je m'abîme dans mon propre corps. C'est comme si tout d'un coup je mourrais, et c'est tellement incompréhensible, si indescriptible.

Il arrive que je pense un peu trop et dans des moments comme ça je me fais des réflexions à moi-même. Par exemple, certaines personnes ne sont pas conscientes à quel point la vie c'est précieux en dépit de la fatalité qui s'en va au bout. Et puis ce genre de personnes, elles réalisent quand elles connaissent un accident présumé mortel que finalement, ça a un peu à faire. Moi j'aimerais bien pouvoir sourire comme tous ces gens qui se lèvent le matin et qui ne se font pas de soucis pour tout ça. J'aimerais bien pouvoir être un de ces petits farfadets sautillants que je croise parfois quand je traîne les pieds dans un couloir, parce qu'ils ont l'air si heureux. Je le suis aussi, c'est sûr, mais différemment. Le bonheur on y accède de différentes manières et je crois que finalement si on considère tout ça la joie c'est vraiment pourri. Parce qu'une serrure qui se fait ouvrir par plusieurs clés c'est une serrure de merde. Et moi c'est comme ça, avec ce genre de boulet de canon, que je me détruis un peu plus chaque jour. Je me fais du mal délibérément, et j'avoue que je suis un pauvre abruti pour ça, mais finalement je suis rien je suis là, et puis c'est tout.

Peut-être que j'aurais dû avoir une enfance tragique pour justifier tout ça.

Mon chien aurait du mourir, j'aurais dû me faire tabasser, être la risée de tout mon pays, mes parents auraient du divorcer et me laisser tout seul dans la rue, j'aurais dû être envoyé à la guerre à dix ans et pas assez de muscles pour tenir un flingue.

Ouais j'aurais dû tout ça et pourtant moi j'ai eu une famille, à manger, un pays, une maison, un don, une école, une voiture, des amis, des ennemis. Je devrais être le mec le plus heureux du monde. Mais je suis trop ingrat alors je tire la langue, et au final comment je peux argumenter ? Mes parents étaient juste un peu niais, mon frère juste un peu le cliché du frère.

Je suis pas fier de moi mais au moins j'ai la décence de me taire.

Si ça se trouve ce genre de trucs c'est ce que je devrais consigner dans un journal intime ; ça servirait à rien. Je comprends pas ; une de ces nombreuses choses encore. Alors soit je m'enfonce la tête dans les mains et je rumine soit j'allume l'ordi et je branche une manette dessus pour jouer. J'oublie tous mes soucis comme ça, dans les mondes où ils en ont encore plus que moi.

J'arrête au moment où je retrouve ce sourire absent.

Quand je m'en vais comme ça, je traîne de drôles de pensées. Je me dis que normalement je devrais décamper à la fin de l'année. Je me demande de quoi je me souviendrais de cinquante ans. Peut-être que je me souviendrais des chansons de Minze, des questions de Charlotte, des sourires de Peter, des histoires de James, des ambitions de Garance, des cheveux de Camélia, des encouragements de Camomille, des cadeaux de Taggart, des tricots de Leane, des morales de Sheva, des rubix-cube d'Amine, des monologues de Pearl, des colères de Scarlett, des regards de Belial, des jeux de Lucis, des furies de Tristan. Peut-être que j'oublierai tout comme j'oublie tous les jours tous ces mots anglais qu'on essaie de m'apprendre. Peut-être que je vivrai pas vieux, que je m'éteindrai jeune. Je sais même pas ce que veux. De toute façon, je vais pas partir à la fin de l'année. Moi et mes sourires on restera encore un an. Sûrement deux. Et puis j'emmènerai mes idées noires ailleurs.

Je m'enterrerai dans une ferme.

Quand je serai mort, je veux qu'on donne mes organes à la science pour faire progresser tous ces connards de putain d'abrutis incapables, et ensuite qu'on m'incinère. Après je veux qu'on donne mes cendres à bouffer aux oiseaux. Qu'ils se régalent, ces crétins, qu'ils chantent, ils sont encore vivants. Je me demande à qui je dois le dire. Ma mère me tuerait tout de suite, si je lui parlais de ça. Ce serait vite réglé, au moins. Ça aurait été ma dernière volonté. Ma mère ne peut pas ne pas respecter ma dernière volonté. Elle aime trop ses saletés de traditions. C'est bien, maman, continue comme ça.

Je me demande surtout pourquoi je pense à ça.

Nous les écorchés vifs
On en a des sévices
Les écorchés vifs
On les sent les vis

    ▬ Je voudrais bien taper jusqu'à ce mes poings en saignent. Jusqu'à ce que je meure.

Je sais même pas si je le pense vraiment.

Qu'est-ce que t'en penses, Jeed ? Je suis un crétin, c'est ça, un abruti fini. Je ferais mieux de commencer tout de suite à creuser ma tombe, au moins je servirais à l'humanité. Je me demande bien ton avis là dessus, parce que forcément, t'en as toujours un.

Moi je crève. Je crève de beaucoup de trucs à la fois. J'agonise d'envie de savoir ce que tu penses, je meurs de devoir m'éteindre sans rien pouvoir y faire. Parfois j'aimerais bien être dans ta tête, juste pour savoir comment tes yeux ils voient le monde. Juste histoire de voir. Parce qu'au fond ma vision à moi elle est un peu trop restrictive et surtout mille fois trop larges. Parce que mes pensées, elles s'égarent, elles se trompent de quai. Tu vois toute ma vie entière c'est la métaphore d'une voix ferrée. Moi aussi j'en ai des théories sur la vie, tu sais, des comparaisons qui paraissent être merdiques au monde entier mais que toi tu te comprends un peu trop bien. Parfois je me dis que je devrais en chialer en même temps que je songe à sourire parce que je suis soi disant cet homme le plus heureux du monde. Je suis un train qui prendrait deux voies à la fois.

Tu sais, toi je t'écoute vraiment quand tu parles, même si parfois je hoche la tête comme quand je suis déjà plus là. Mon regard il se plante ailleurs mais je réfléchis quand même à ce que tu dis. Et des fois je fais une escale à une petite gare, et j'essaie de penser comme toi. J'aimerai bien avoir cet aplomb que tu as ou que tu sembles avoir, mais finalement je peux pas. Et puis si on était pareils, ça serait un peu trop fade. Quelques points communs ça suffit. Juste assez pour avoir le choix entre s'aimer ou se détester. Quand même je voudrais savoir comment tu fais pour penser que tel ou tel et supérieur. Parfois je t'envie un peu.

Et puis au final je me contente de ce que j'aie.

Depuis le temps qu'on se connaît, quand même, tu dois savoir que je suis pas un mec violent. Si on reste objectif je suis même plutôt conciliant. J'accepte tes barre-toi et tout ça, je me résigne à rentrer et te retrouver bourré par terre. Je te laisse la chambre si t'en as besoin même si je veux pas savoir pourquoi. Les petits trucs que j'ai besoin de garder je les aligne en dessous de mon lit. Je regarde même pas ta couronne d'un air dédaigneux pas compréhensif. Peut-être que t'as été choqué quand j'ai proposé qu'on aille au défouloir ? moi je me suis étonné moi-même, mais je sais que j'en avais vraiment besoin.

Je me souviens plus de ce que tu m'as répondu.

J'ai oublié. Si ça se trouve on en a discuté longtemps. Mais mon cerveau il a utilisé ce souvenir là comme charbon pour faire tourner les vapeurs. Et puis je me rappelle quand on a passé la porte.

Je mets des gants, parce que c'est obligé. J'obéis, moi, parfois je me demande pourquoi. C'est pas grave, au fond. C'est juste comme ça. On peut rien y faire. Et puis, ils sont pas si mal, ces gants.

    ▬ J'ai cette sorte de violence au fond de moi.

Elle me tue pas ; elle me dévore.

Je te souris, Jeed. C'était même un sourire gentil, franc. Présent. Il était un peu fin, un peu rapide, mais il était là quand même. Je t'aime bien, tu sais ? Au fond si on était niais tous les deux peut-être qu'on serait meilleurs amis. Et ça serait envers et contre tout parce que normalement on devrait juste adversaires et se lancer des regards mitraillettes. Mais toi et moi on s'est pas coulés dans le moule, et ça a donné ça. C'est un peu drôle.

C'est pas si mal que ça.

Je te fais signe de venir. Les punching-balls, ils sont assez marrants. Pourquoi ils deviennent humains ? Tant pis, je taperai quand même. Ça me frustre tellement trop d'être cette petite fourmi impuissante qui coule avec les grains de sable dans le clepsydre du monde. Je suis un mec soûlé. Qu'est-ce qu'il est affligeant, ce monde.

    ▬ Tu crois que taper, ça peut aider à être heureux ?

Dis moi qu'est-ce que tu penses.

En attendant je lance un coup tout mou sur un des trucs fait pour. Ça me monte dans les veines. Un instant, je panique. Et puis je réalise que c'est bon, j'ai pas enlevé mon bracelet par erreur.

    ▬ Boxer ça aide pas à être moins impuissant mais ça soulage.

Qu'est-ce que t'en penses, Jeed ?
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Jeadly O'Jersley
Jeed — n'oublie pas ton sourire, si tu sors ce soir. Rangelem
Jeadly O'Jersley

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MessageSujet: Re: Jeed — n'oublie pas ton sourire, si tu sors ce soir.   Jeed — n'oublie pas ton sourire, si tu sors ce soir. Icon_minitimeVen 26 Aoû - 20:52


A la lettre b,
Mon regard est tombé
Sur un mot clé, bonheur.
Ce mot tout abîmé,
Celui qui fait soupirer tous les coeurs
On dirait qu'il nous fait peur.

  Tu es vraiment un cas désespéré, Niko. Toutes tes pensées te perdront, c'est ce que cela coûte d'être un humain doué de raison. Les idiots ne se soucient pas de savoir pourquoi ils existent, les idiots ne pensent pas à trop de questions philosophiques. Cela ne les empêche pas de dormir le soir, cela ne les empêche pas de manger comme il le faudrait. Ils se contentent de vivre tranquillement et joyeusement sans voir que tout ceci n'a aucun sens. Ce doit être mieux. J'aimerais bien être moi aussi ignorant et ne penser à rien. Je n'ai absolument pas besoin de comprendre quoique ce soit. Cela me donne simplement une sensation de puissance que j'apprécie grandement. Ma vie est une illusion que je renforce un peu plus à chaque minute qui s'écoule, à chaque battement de mon coeur de pierre, à chacun de mes souffles mal coordonnés. Le monde est une illusion créée par un dieu fictif dont l'existence a toujours été incertaine. Aurais-je été créé le mois dernier avec tous mes souvenirs, ma personnalité et mon don juste pour le plaisir de cette entité vicieuse ? Une pièce de théâtre dont il aurait écrit le scénario. Tout de passe selon le bon vouloir de cet horrible auteur tout-puissant.

  Il a prévu que tu m'emmènerais dans le défouloir. Il a prévu que je m'asseye dans un coin de la pièce en observant le plafond. Comme j'aimerais le tuer. Je lui réserverais le même sort qu'à Discord une fois son identité découverte. Et mon personnage étant devenu contrariant, il l'effacera de cette immense mascarade et je n'aurais alors jamais existé. Je n'aurais jamais pensé ces mots. Je n'aurais jamais regardé le sol du défouloir d'un regard plus vide que le cerveau de quelqu'un qui ne comprend rien, qui se contente de vivre en suivant des directives. Ce serait la fin du monde que plus aucun comédien de cette pièce ne plaise à cette ordure. Et tant mieux. Personne n'aurait jamais existé et surtout pas moi. Quelle belle fin que personne ne connaîtrait. Dommage. Je n'aurais plus aucun souvenir ni de Rose, ni de Niko, ni de personne. Finalement, cette vie me plaît. Aucun dieu n'existe, c'est le fruit de mon imagination tourmentée par des idées inventées par l'homme pour l'homme. On nait, on vit, on meurt. Aucune utilité. Même en inscrivant son nom dans l'histoire ou autre part, cela ne rime à rien une fois qu'on ne peut pas savoir à quel point notre nom est connu. Plus l'existence est courte, plus elle est précieuse me semblait-il. C'est bête.

  Le monde ne peut pas être rendu meilleur. La vision des choses peut être différente selon la personne, c'est tout. Être heureux n'est qu'un doux rêve inaccessible. Tout ne peut pas se passer bien, c'est impossible et même avec la plus grande chance du monde. Il ne faut pas aspirer à des choses impossibles, on est toujours déçu et blessé à la fin. Alors je ne vise pas le bonheur, l'argent ou l'amour. Je vis, tout simplement. J'essaie juste de ne pas trop blesser les gens qui s'en passeraient bien. Je m'en serais passé moi, d'avoir été blessé par l'absence de mes parents mais non. Ils étaient trop égoïstes pour penser que je pouvais avoir besoin de quelqu'un. C'est trop dangereux de dépendre des autres. Je refuse de dépendre de qui que ce soit. Cette personne finirait par me trahir et je souffrirais pour rien. Ce serait idiot et indigne de moi. Je préfère rester seul toute ma vie sans souffrir à cause de tous les défauts de cette horrible race humaine.

    "Je voudrais bien taper jusqu'à ce mes poings en saignent. Jusqu'à ce que je meure."


    "Eh bien. Tant de haine. C'est inhabituel chez toi."


  Alors c'est pour ça que tu m'as emmené ici. Tu n'aurais pas pu évacuer ta rage seul, non. Il fallait que tu me rappelles que mon corps est faible. Il fallait que tu me rappelles que je ne peux pas frapper un punching-ball humain jusqu'à ce que mes poings en saignent. Même avec toute la bonne volonté du monde, cela me serait impossible. Parce que je ne mange pas assez, parce que je suis en proie à de la fatigue régulièrement, parce que mon corps refuse purement et simplement d'encaisser de tels efforts physiques. Mais tout va bien, je suis encore vivant alors mon petit coeur va continuer à battre un long moment et je continuerai à vivre encore un bon moment. Je vais pouvoir pourrir ce monde jusqu'au bout et même après ma mort, mes os pollueront le sous-sol et je serais encore présent. Tu m'entends Niko, je suis pas encore enterré et je vais supporter tes sauts d'humeur, tes idées malsaines et le fait que tu me traines ici. Toi aussi tu vas devoir me supporter. Tu vas devoir déserter la chambre quand je te le demanderai, tu devras écouter mes dires et me voir boire du chocolat chaud même quand tu auras extrêmement soif. Tu devras veiller avec moi parce que tu n'auras pas le choix à cause du bruit insupportable d'un archet qui glisse mal sur des cordes et tout ceci volontairement, juste pour te rappeler que j'existe encore et que tu n'es toujours pas seul au monde.

  Et tu attrapes une paire de gants pour les enfiler. Gentille petite poupée qui obéit aux règles de cet endroit malsain, gentil pantin qui fait ce que l'on attend de lui. Mais moi, je ne le ferai pas. Moi, je n'obéis pas à des règles établies pour pouvoir frapper un punching-ball humain. Moi, je ne suis pas là pour cela, je suis ici uniquement parce que tu as voulu venir et comme je suis bon, j'ai accepté de te suivre dans cette petite aventure qui n'aura aucune issue. Une petite histoire dont seul le déroulement peut intéresser les spectateurs, la fin n'a pas vraiment d'importance. Malheureusement, il y a toujours des critiques qui auraient voulu une fin heureuse ou une autre plus dramatique mais rien ne se déroule ainsi dans la vraie vie. Le scénariste de ce vaste jeu doit avoir réellement mauvais goût ou être plus tordu que le plus fou de tous les fous de cette planète maudite. Rien n'est jamais bon ou mauvais, tout dépend du point de vue. Il est impossible de classer les actes et les personnes comme ils le sont dans ces films américains où il y a le camp des méchants et le camp des gentils. Ils s'affrontent l'un voulant détruire le monde et l'autre voulant le sauver mais rien n'est jamais réellement développé. Il faudrait en faire des romans pour que chacun comprenne le point de vue du méchant et celui du gentil et cela dénaturerait totalement le principe de division du monde en noir et en blanc.

    "J'ai cette sorte de violence au fond de moi. "


    "Rassure-toi, tu as juste été possédé par ce qui domine le reste du monde."


  Je suis lassé. Toute cette violence est terriblement futile mais omniprésente. Tu l'as certainement vu à la tête que je fais, à mon regard las et à mes soupirs incessants. Tu le sais que cette valse trop longue ne m'amuse plus. Il doit me falloir d'autres partenaires ou des musiques plus intéressantes. Dans un bal, je préfère nettement être l'un des musiciens et contrôler les mouvements de tout ce beau monde. Je suis maître de la danse de tous ces idiots, je dicte la vitesse de leurs pas. Ils sont tous obligés de suivre les mouvements trop gracieux de mon archet qui se promène patiemment sur les cordes. Je pourrais même arrêter de jouer et vous seriez tous comme des montres déréglées et ne suivant plus correctement le temps qui s'écoule. Je sais bien sûr danser mais la fatigue vient souvent interrompre mes pas et je me vois forcé d'abandonner ma compagne. Quelle impolitesse. Je refuse absolument que mon image soit dégradée à cause des désagréables caprices de mon pauvre corps que je ne cesse de maltraiter. Peut arrêterais-je un jour mais cela m'étonnerait grandement.

  J'ai levé les yeux et mon regard s'est heurté à ton sourire trop franc. Je ne comprends pas mais c'est normal, tu es incompréhensible. Seul toi peut te comprendre. Et on se ressemble pour cela. Bien au-delà des différents qui séparent les classes, les personnalités diffèrent beaucoup trop d'un individu à l'autre. On ne peut pas réellement tous nous mettre dans une classe à laquelle nous correspondront parfaitement, c'est impossible. Il faudrait une classe pour chacun des élèves de cet asile de fous. Queen aurait une classe pour elle toute seule tout comme moi ou toi, cher Niko. Non pas que tu me sois cher même si cela n'est pas faux, tu ne le sauras pas. Il faudra que tu devines que j'apprécie ta présence dans ma chambre. Il faudra que tu devines que j'aime bien quand nous mêlons les notes de notre instruments pour donner un mélange un peu trop étrange. Ce qui est tout à fait normal puisque nous sommes aussi étrange l'un que l'autre même si je ne suis pas moi aussi chez les spéciaux.

    "Tu crois que taper, ça peut aider à être heureux ?"


    "Non. Être heureux est un choix conscient ou inconscient. Chez certains, ce choix est automatique. Je préfère ne pas choisir d'être heureux, je risquerais de trop me soucier du bonheur des autres et pas assez du mien."


  Un petit coup mou dans l'un de ces gros tas de mousse. Es-tu réellement venu pour donner des coups si faibles ? Tiens-tu vraiment à me faire soupirer un peu plus ? Tu ne veux vraiment pas me montrer comme tu es plus fort que moi alors que nous sommes égaux ? Tu es bien l'une des rares personnes à qui j'offre le droit de m'être égal et tu ne te sens absolument pas privilégié. C'est réellement rageant. Sois honoré de m'être semblable et frappe ce punching-ball humain assez fort pour avoir mal aux mains après. Je ne l'ai pas vu mais tu as paniqué quelques instants et tu t'es assuré que ton bracelet est bien accroché à ton poignet. Rassure-toi, s'il tombe, je veillerais à te le remettre rapidement pour éviter d'être téléporté à un endroit dont tu n'as absolument aucune idée.

    "Boxer ça aide pas à être moins impuissant mais ça soulage."


  C'est possible. Cela m'arrive trop rarement pour que je puisse l'affirmer avec autant de certitude que toi mais tu veux mon avis. Demande à un unijambiste s'il aime faire de la course à pied. Demande à un aveugle s'il aime regarder des films. Demande à un sourd s'il aime ta musique. Tes questions sont réellement ridicules et tu ne t'en rends pas compte. Mais tu ne m'as pas posé de question, ton regard a juste interrogé le mien sans aucun mot. Tu as fait une grosse erreur, me parler du bonheur tout comme lorsque l'oncle d'Antigone, pour lui faire comprendre que cette mort n'est pas une solution, lui parle du bonheur qu'elle aurait pu vivre avec son bien aimé. Je n'y crois pas. Je n'ai pas décidé d'être heureux. Je n'ai pas décidé de faire partie de ces gens comme Verdun qui sourient plus que nécessaire. Je ne pourrais pas sourire autant qu'eux, je ne pourrais pas dévoiler mon coeur ainsi et le protéger contre tout mal. Il me serait impossible de choisir réellement de vivre heureux. Ce que je suis en ce moment refuse de tout balayer d'un geste pour la main, d'un assemblage de mots, d'un petit souhait formulé un soir d'été à une étoile filante. Ce que je suis refuse d'accepter un bonheur trop évident après un malheur trop profond. Je finirais fatalement par changer d'avis à cause d'elle. Elle saura me convertir au désir de vivre heureux et peut être qu'au fond, c'est bien la seule chose que j'attends. Je ne sais pas. Il faudrait demander à mon subconscient ce qu'il en pense puisqu'il a lui aussi son mot à dire. En attendant, je me lève et je vais examiner ces gants que l'on est censé mettre. Peut être pourrais-je accepter d'obéir à cette loi trop bête.

    "Quels gants grossiers. Un roi ne devrait pas s'abaisser ainsi. Non, en réalité, un roi devrait faire comme bon lui semble et n'être limité par rien. Un roi peut faire ce qu'il veut. Un roi peut très bien enfiler deux gants comme tout le monde et frapper dans un tas de mousse comme tout le monde tout en gardant sa grandeur. Un roi devrait pouvoir faire mieux que tous les autres et nous allons bien voir si je suis un roi."


  Mais oui. Le propre d'un roi est d'être sublime en toute occasion, même en enfilant ces gants moisis comme tout être humain normal. Quelle sensation inhabituelle de sentir cette matière étrange coller à ma peau si belle et si fine. Et je referme un peu mes doigts sur mes paumes pour être sûr qu'ils peuvent encore bouger serrés dans ces horribles gants. Comment devrais-je frapper dans cet humain de mousse ? Peut être pourrais-je donner un coup par en-dessous. Peut être devrais-je lui envoyer mon poing dans son visage inexpressif pour voir si sa tête se décolle. Et j'essaie ces deux coups juste pour voir quel effet ça lui fait et quel effet cela me fait de frapper dans un joli petit mannequin prévu à cet effet. Un rire fou a pu se faire entendre. Oui, je suis fou mais je trouve cela réellement jouissif. Imaginer Wolle à la place de cet objet créé pour que les élèves se défoulent, voir comment il réagit en frappant par dessous, par dessus, tout un tas d'expérience extrêmement amusantes. Et j'essaie avec des coups de pied et je suis trop rapidement essoufflé alors je m'arrête en me baissant, me maintenant debout en m'appuyant sur mes genoux même avec mes mains emprisonnées.

  Et je continue, je frappe encore et encore jusqu'à ne plus pouvoir tenir debout. Mais je ne m'effondre pas, un roi ne s'effondre pas. Je retire juste les gants plein de sueur et découvre des mains trop moites. Ils s'en vont voler dans un autre coin de la pièce et je reviens vers toi, tout sourire comme si j'avais frapper toutes mes grimaces et toute ma mauvaise humeur, comme si je l'avais exterminé pendant que je donnais des coups dans cette mousse humaine. Mon corps est épuisé mais mon esprit travaille. Et mon esprit t'appelle, travailler tout seul et penser tout seul ce n'est pas amusant. Tout est toujours plus agréable à plusieurs alors je retourne à mon poste d'observation du plafond. Je vais certainement finir par recracher mes poumons à force de respirer si fort, on croirait que j'ai couru un marathon mais moi il en faut peu pour m'épuiser. Est-ce cela d'être heureux ? D'avoir l'impression de recracher tout son contenu et de sourire à pleines dents ? D'avoir envie de garder ce visage niais pour toujours et de le partager avec le reste du monde ? Je ne sais pas. Du bonheur, je ne connais que ce mot à la lettre b dans le dictionnaire de riche que l'on a payé pour moi.

    "Et toi, te laisserais-tu aller à chercher le bonheur aux côtés d'une belle demoiselle ? Pourrais-tu oublier que tu n'es qu'un vermisseau dans ce vaste monde ? Pourrais-tu oublier que l'humanité est désespérante ? Pourrais-tu oublier le dégoût profond que t'inspirent les camions ?"


  Tu n'y penses sûrement pas. Tu n'es pas si souciant de ton avenir. Tu voudrais peut être penser un peu plus ou un peu moins. Je ne sais pas alors éclaire-moi.
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Jeed — n'oublie pas ton sourire, si tu sors ce soir.

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